Nom d'un p'tit balais ! (En cours)

Année scolaire 31/32 - Octobre - Ft Suzy Woods & qui voudra
La échangés avec Suzy

Ah que c'est chouette de s'y remettre !

Malgré le froid, malgré la grisaille, malgré le crachin, me mettre en selle sur mon balais c'est toujours un moment génial. Après des mois de "pause", la saison du Quid reprend enfin ! Je vole, je cabriole, je pirouette dans les airs, heureuse de sentir de nouveau le vent et les gouttes sur mon visage. (Oui oui, même la pluie. Sérieusement, je suis anglaise. Ce tout petit crachin qui mouille mon pull en surface n'est même pas digne d'être appelé "pluie").

Mon équipe, les pikas, va avoir fort à faire cette année pour compenser le départ de Castielle, qui était une sacrée batteuse. Des recrutements vont devoir avoir lieu ... on manque d'un bon attrapeur, d'autres poursuiveurs réguliers, de batteurs ... Bref, on manque de tout ! Et beaucoup de Pouffys semblent trop pantouflards pour trouver exaltant de venir affronter les éléments ici sur le terrain pour la beauté du sport et la gloire de la maison. D'autres sortent une excuse bidon du genre "gnagna, ca prend trop de temps, je dois me concentrer sur mes exams, gnagnagna". De mauvais prétextes tout ça !

Mais qu'importe. J'ai entrainement prévu aujourd'hui avec le reste des Pikas. On s'y prend tôt dans la saison cette année, pour pas se laisser distancer par les autres équipes. Et moi, motivée comme je suis, je m'y prend ENCORE PLUS à l'avance puisque je suis là sur le terrain, une heure avant, en train de tester les performances du balais que j'ai pu faire retaper cet été. Le vieux, l'antique Nimbus 3000 de mon papy qui d'un coups se met à cracher des étincelles depuis que ses sortilèges ont été retravaillés. Le moins que je puisse dire c'est qu'il envoie du pâté ce balais ! En plus d'avoir un look rétro qui me plait carrément.

J’enchaîne donc depuis quelques minutes les tours de stade, réalisant chandelles, looping, descentes en piqué. Quand j'apercois du coin de l'oeil une petite silhouette là en bas sur les gradins. Est-ce qu'il s'agit de monsieur Clogg, le fameux fantôme du Quidditch que je connais depuis ma première année ? Ah non tiens, c'est une petite lionne que je reconnais.

Un sourire naît sur mes lèvres alors que d'une infime pression sur l 'étrier de mon balais je fais tourner le balais dans sa direction et le laisse lentement descendre vers elle pour finalement l'immobiliser quelques mètres à peine devant le gradin où elle se trouve.

Je souris et me redresse sur mon balais. Je suis vêtue de mon équipement de quidditch complet. C'est à dire un grand pantalon blanc, mes protections persos, une paire de bottes montantes et mon vieux pull en laine jaune et noir (traité à l' #impervius, évidement !). J'ai également enfilé mon maillot de sécurité en prévision des cabrioles vraiment dangereuses que j'envisageais de tenter par la suite. Je relève mes lunettes de protection et lance joyeusement.

-Hey salut Sue ! Ça roule ? Qu'est-ce que tu fais ici, tu es venue espionner ? Mon ton est taquin. Je sais que l'espionnage se pratique activement dans le Quidditch et que beaucoup seraient tentés d'envoyer une petite première année pour prendre des infos sur l'équipe adverse. Mais d'une part, je suis persuadée qu'il est encore trop tôt dans la saison pour que les Griffons en soient à tenter la manoeuvre. De l'autre, je me fiche pas mal que quelqu'un me voit en train de voler ... Pas comme si c'était secret que j'étais une poursuiveuse de l'équipe et que je volais sur une antiquité. A la rigueur seul le fait que mon nimbus venait d'être retapé pourrait être une info valable pour le capitaine des Lions. Mais whatever .. ca finirait de toutes façons par fuiter tôt ou tard.

Suzy se moucha sans ménagement dans son mouchoir, faisant sonner son nez en éternelle clarinette. Après un mois de séjour, l’avait fallu qu’elle chope la crève. Elle entendit presque le mouron de Maman chanter comme une vieille rengaine, grésillant comme la membrane vibrante à travers les sillons d’un phonographe. Interdiction d’assumer qu’oublier son écharpe fusse une mauvaise idée. Donner du crédit aux décisions maternelles serait du suicide, à son échelle. Maman ne cesserait de caqueter pour se vêtir du beau rôle, tandis qu’elle prendrait l’habit du bourreau. En bref, ne jamais mettre en joie cette femme, quitte à en perdre son honneur.

En parlant d’honneur, la coupe des quatre maisons reprenait du galon pour investir ses meilleurs joueurs au Quidditch. Si Suzy ne voyait aucun intérêt à gagner un solde commun via la réussite scolaire, elle suivait avec appétit les dernières nouvelles du jeu qu’elle admirait depuis l’enfance. Fervente partisane et supportrice des Harpies, elle collectionne encore l’intégralité de leurs cartes de Chocogrenouilles gravées à leur effigie dans un classeur top secret, scellé à double tour. Si quelqu’un tente un Alohomora, elle lui fait bouffer ses poings. Elle connait leur nom, leurs exploits, et suit encore les actualités, pour s’enquérir de leurs devenirs. Un vrai petit fan prêt à prendre la relève. Quoi que pour l’instant, les occasions manquaient, malgré une motivation à profusion. Aussi, les Premières Années ne pouvait s’affranchir d’aucun poste officiel, entre les murs de l’école. L’accès ne se réservait qu’après onze ans révolus. Suzy fît grincer cette pensée nauséabonde sous des dents, tandis qu’elle écrasait un parterre de feuilles mortes avant de rejoindre les gradins.

Par Merlin, dans deux mois consécutifs, elle l'aura bouffée sa onzième année. Mais non, on lui attribuerait encore le titre de gamine pour les six prochains mois à venir. Ça se résumait à quel genre d’injustice, ça ? Poudlard ne tenait compte que du mois de l’année de naissance pour donner le pass d’entrée VIP dans la cour des grands. Elle n’osait même plus se remémorer son amertume lorsqu’on lui apprit qu’aucun train ne desservait Poudlard, en plein Décembre le jour de ses onze ans.

La gamine grommelait encore lorsqu’elle s’assit sur les bancs, à hauteur de terrain. Son fessier plongea en plein dans une pataugeoire de fortune, dont l’eau stagnait depuis des jours dans son réceptacle en plastique. Hmph. Evasive, Suzy se contenta de tirer sur son ciré rose bonbon, pour couvrir son arrière-train. Un vieux crachin d’Octobre pleurait des gouttelettes froides et piquantes sur son visage rougi. Ses cheveux gonflés de bruine semblaient sur le point d’exploser, et ses bottes mouillées glissaient sur l’armature du dossier avant sur lesquelles elles reposaient. Pourtant Boucle-D’or en bataille ne pouvait quitter des yeux les loopings aériens qu’effectuait ce balai fougueux habillé en jaune caneton. C’était fou. La vitesse induisait des sillons invisibles, que seules les arabesques vertigineuses se promettait de poursuivre.

Soudain, le balai argua une descente déchirante, à la perpendiculaire. A quelques mètres du sol, deux petites mains farouches tirent sur le manchon du perchoir, pour le rehausser et achever cette descente en piqué potentiellement mortelle. Ca déchirait de ouf son truc, raison de plus pour essayer. En la voyant se rameuter en sa direction, Suzy s’éjecta de son siège, avant que la fille ne l’apostrophe. Ses lunettes d’aviatrice lui saillaient à ravir.

- Hey salut Sue ! Ça roule ? Qu'est-ce que tu fais ici, tu es venue espionner ?
- P’têt ! Elle lui fit un clin d’œil de bonne foi, pour répondre à sa boutade. En tout cas, une seule chose à dire Wellington : Wow. Est-ce que t’as maté un peu ce renversement de situation à la fin ? Genre t’es presque par terre, pis biiim, tu remontes à la surface ! C’était méga géant ton truc, on apprend vraiment ça au Quid ?

Ses yeux pétillaient d’admiration pour elle, si bien qu’elle n’avait pas su contenir son flot. Quoi que ce fût bon pour ceux qui ne savaient pas nager. Elle se balançait d’avant en arrière, oscillant contre siège, prête à balancer une seconde fournée de questions.

Elle est mignonne la Sue, avec son petit imper rose et sa frimousse rouge de froid. Une vraie petite poupée.
Sa réponse me fait rire. "ptêtre ?". C'est pas toutes les premières années qui osent répondre ça. En général les "grands" intimident.

-En tout cas, une seule chose à dire Wellington : Wow. Est-ce que t’as maté un peu ce renversement de situation à la fin ? Genre t’es presque par terre, pis biiim, tu remontes à la surface ! C’était méga géant ton truc, on apprend vraiment ça au Quid ?

J'ai un rire en voyant l'excitation de la cadette. Elle s'extasie pour quelques figures simples ... j'aurais envie de lui répondre "non, t'as encore rien vu" mais ce serait ... zarb de dire ça. Alors je me contente de lui répondre avec bienveillance.

-Haha. Ouais on apprend ca en cours de Vol. Et puis on perfectionne en s’entraînant. T'as du commencer les tiens, non ? Tu peux m'appeler Day. Ou Daisy.

Je bouge un peu sur mon balais. Le modèle que j'utilise a l’inconvénient d'avoir un très mauvais coussinage. Rester stationnaire comme ça finit par me donner des crampes ... à un endroit que je ne vous décrirai pas. Je me décide à retirer la pointe de ma botte de l'étrier et passer le pied par dessus le manche. Je plie la jambe et pose ma semelle sur le bois vernis de mon instrument de vol, qui reste peu ou prou immobile. Je laisse mon autre jambe pendre dans le vide. Ce sera plus confortable pour discuter. (Même si on a connu mieux hein).

-T'as l'air au taquet en tout cas. T'aimes ça le Quid ... ? Ou tu viens te planquer ici pour échapper à des harceleurs ? J'ai quelques potes baraqués chez les griffons si tu veux. Je connais Matt aussi.

Une fois encore ... je plaisante, et ca s'entend. La petite Suzy a pas l'air d'être le genre de fille à se faire bully. J'espère secrètement qu'elle répétera la vanne à mon pote Matt, ca débouchera sur quelque chose de comique.

- Haha. Ouais on apprend ca en cours de Vol. Et puis on perfectionne en s’entraînant. T'as du commencer les tiens, non ? Tu peux m'appeler Day. Ou Daisy.
- Ouaip, mais tu parles, on fait pas grand-chose pour l’instant, se plaignit-elle, en basculant sa tête en arrière. Entre ceux qui ne parviennent pas encore à ordonner à un balai de se tenir debout, et ceux qu’on peur de grimper sur une selle, c’pas aujourd’hui qu’on va décoller, hein !

Tirant sur le dossier qui la devançait, Suzy se redressa à la perpendiculaire, croisant les yeux de sa voisine. Celle-ci eût pris le temps de s’asseoir dans une position qui lui convint. Le jour où Suzy parviendrait à poser une demi-fesse sur un siège en cuir, les pieds exclus des étriers pour n’en laisser qu’un seul dans les airs, elle s’associerait expressément à quelqu’un de « cool ». Pour l’heure, elle se suffit à tendre une main noueuse à sa voisine, pour lui donner l’accolade.

- Okay, Daisy ou Day, ravie de te rencontrer ! A la suite de sa supplique, un petit sourire joyeux vînt parer ses deux petites joues rebondies d'allégresse. Si son nez n’avait pas coulé pour solliciter un reniflement des moins subtils, Suzy aurait pu se considérer comme égale à cette fille qui pétait le feu, dans les airs.
- T'as l'air au taquet en tout cas. T'aimes ça le Quid ... ? Ou tu viens te planquer ici pour échapper à des harceleurs ? J'ai quelques potes baraqués chez les griffons si tu veux. Je connais Matt aussi.

Malheureusement, Suzy n’écouta que d’une oreille, maudissant son rhume carabiné qui la forçait à se détourner pour se vider les sinus. On aurait pu dire qu’à chaque déflagration de clarinette et de morve, Suzy acquiesçai. Oui, elle était au taquet. Oui, elle aimait le Quid, mais surtout les Harpies. Enfin, Elle finit de s’essuyer la moustache irritée par l’énième passage sur tissu, encore très imbibé. Beuark.

Cela dit, il semblait que Suzy, riait à cet instant.

- Des potes baraqués ? Ses commissures se pincèrent. Faudra que tu me les présentes, haha ! Fallait dire qu’en termes de muscles, les Gryffondors en paraissaient fermement carencés. Et Matt ? Tu veux parler de Deliers ? Demanda-t-elle en mimant une petite crête à la hauteur de ses yeux. T’es folle ! Il fait ma taille !

Soudain, Suzy pouffa d'un rire généreux. En s’exclamant, boucles d’or s’était éloignée de la balustrade pour signifier sa propre petite taille. Sur elle, ballottait ce vieil imperméable, toujours au goût du jour pour supporter la pluie diluvienne qui s’abattait sur l’armature écossaise.

- T’imagine-s’il portait ce truc ? Fit-elle en désignant un pan du ciré rose, prise d'auto-dérision. Par ailleurs, celui-ci grinça sous ses doigts, comme s’il désapprouvait.

-Ouaip. Le Deliers. Himself.

Un petit sourire amusé orne le coin de mes lèvres. Avant que lentement mon sourcil se lève en entendant qu'elle le tacle aussi. Roh la vache. Il prenait copieux le pauvre Matt. Je lui ferai un câlin le moment venu. J'ai de nouveau un léger rire en la voyant faire sa pitrerie.

-Je suis sûre que ça lui irait. Mais que lui aurait pensé à sortir avec écharpe et bonnet en plus.

Hihi, quelle blagueuse je fais. Je souris d'avance en imaginant mini-sue gonfler ses petites joues en entendant ça.

-Tu peux pas trouver plus fiable que lui. Mais attention, il pourrait vouloir accrocher au porte manteau les petites premières années insolentes.

True fact. A notre toute première rencontre le lionceau et moi, il m'a plaquée contre un mur et menacée. J'étais en première année. Souvenirs souvenirs. Je l'observe un moment. J'avoue elle me plait plutôt cette "petite".

J'affecte un ton détaché, lève les bras au dessus de la tête et m'étire comme un chat. Le geste provoque un léger changement dans la répartition du poids sur mon balais et affecte alors son assiette. Mon siège flottant penche alors légèrement vers l'arrière sans que ça paraisse me perturber.

-Dommage que tu ais pas l'air en forme. Tu avais l'air de quelqu'un qui aurait pu avoir envie de grimper sur un balais pour essayer. Faudra passer à l'infirmerie prendre de la pimentine, hein ?

Je ne retiens qu'à grand peine un petit sourire qui me viendrait au coin des lèvres. Mordra, mordra pas ... ?

-J'imagine que je vais devoir y aller. Les autres pikas devraient être là d'ici .. une demi-heure max.

Les deux fillettes se marrent bien, ensemble. Susy l’aime bien, cette fille avec son air dégagé et ses petites piques de dérision bien placées. On sent qu’elle n’a rien de méchant. Pourtant, ça ne l’empêche pas de prendre la confiance avec elle, et lui rétorquer son manque de bon sens quant à son oubli d’écharpe et de bonnet, par l’intermédiaire du Deliers. Et Toc, mademoiselle ! Malgré elle, Suzy se sent toujours un peu frustrée d’avoir perdu à ce jeu-là. Souvent elle subit l’envers de son propre piège. Ne fait pas aux autres ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse, disait l’adage. Et Daisy, venait de lui en apprendre les rites. Ainsi, ses petits sourcils s’étaient déjà réunis pour marquer ses rides d’irritation, au gré d’une plissure frontale comme pour se lier. Ses joues se gonflèrent d’amertumes, les bras croisés et épaules recroquevillés pour dissimuler la honte qui l’appesantissait.

- Ça va, t’as gagné, grommela-t-elle dans ses cheveux emmêlés. Pour l’instant du moins, héhé.

Heureusement, Day’ continua à prôner la fiabilité de son ami au détour d’un discours plein d’éloges, bien que nuancé par les risques et périls auxquels on se confrontait, si l’on s’y frottait un peu trop. Mais, une lueur de défi éclaira les prunelles de Suzy ; si Deliers voulait l’attraper pour la hisser aux porte-mentaux par la capuche, il devra courir vite. La petite ne manquait guère de souffle à épuiser, lorsqu’il s’agissait de titiller les plus grands.

- Qu’il essaie, haha !

Tandis que Suzy se morfondait dans ses mouchoirs, Daisy semblait gigoter sur son balai, comme prise dans un filet de crampes noueuses. Soucieuse, Suzy alla lui proposer de prendre place à ses côtés pour continuer leur petit conciliabule animé. Seulement, Day la stoppa dans son élan pour l’apostropher, d’une énième boutade. Du haut de son perchoir, la Poufsouffle l’avait espionné en contrebas, évaluant le piteux état de ses narines. En connaissance de cause, elle lui fit remarquer son état, peu adéquat aux envolées dans les hauteurs du ciel d’Automne. Suzy posa une main franche sur l’épaule de sa voisine.

- Merci, Maman. Mais t’en fais pas, ce n’est pas un p’tit rhume qui va m’arrêter ! Elle appuya ses propos d’une œillade déterminée. Elle adorait les défis, et d’autant plus celui-là. Je peux m’entrainer avec vous, pas vrai ? Son sourire fût étiré jusqu’à ses lobes d’oreilles. Plus intrusive quelle, ça n'existait pas !

Une fois encore je ris de bon cœur. Vraiment j'aime bien cette fille, elle va pas se laisser marcher sur les pieds, c'est évident ! Si elle est déjà comme ça en première année, qu'est ce que ca va donner d'ici peu ? Elle va en casser plus d'un, ca en est presque effrayant. Pfouhlala.

-Ca va pas être possible de t’entraîner avec "nous", j'en ai bien peur. Même si on va y aller mollo sur le premier entrainement, c'est quand même important qu'on se retrouve entre Pikas et qu'on se réorganise après le départ de notre batteuse.

Je fais mine de réajuster mes gants et les lanières de mes protections d'avant-bras, laissant quelques secondes de silence s'écouler. Quelques secondes où évidemment, elle ne peut que ressentir de la déception. Je compte ces secondes défiler. Un ... deux ... trois ...

-Mais ...

Ah le petit mot qui rallume soudain une étincelle dans les yeux de la petite. Je m'amuse, je joue avec elle comme un chat avec une pelote de laine. C'est pas très gentil dans un sens.

- ... j'imagine que j'ai une petite demi-heure pour te trouver un balais et t'apprendre suffisamment les bases pour nous aider à jouer les ramasseuses de balle. Ça te tente ?

Vous pensez que c'est ingrat comme proposition ? Détrompez-vous. Moi j'ai commencé le quidditch comme ça. A voler aux pieds de mes aînés en attendant que les balles tombent, pour aller les chercher et les relancer. L'exercice est bien assez difficile comme ça pour commencer, je me souviens que je me prenais gamelles sur gamelles et finissais couverte de boue. En plus ... c'est clairement une faveur qu'on lui fait puisqu'elle n'appartient pas à la maison. Des gens moins indulgents (Cassie ?) auraient refusé, de peur d'introduire une taupe au milieu de nos entraînements.

Mais on est des Poufsouffles, pas des Serpentards. Le Quidditch c'est avant tout du partage , plus qu'une question de compétition.

Sans vraiment attendre sa réponse que j'anticipe positive, je file vers les vestiaires et je met pied à terre juste devant la porte. La semelle de mes bottes montantes claquent sur le pavé alors que j'entre dans les vestiaires. J'en ressors quelques instants plus tard avec du vieux matériel d'entrainement. Une robe-maillot portant le blason de l'école, des protections, un harnais antichute. Sans oublier le vieux balais Brossdur d'un modèle indéterminé, sans doutes antique. Parfait pour débuter puisque qu'il est très stable et a des accélération que quelqu'un de gentil qualifierait de "douces".

Et je me tourne donc vers la petite lionne avec un simple sourire.

-Suit-up lady !

Gné ? Comment ça, ce n’est pas possible que Suzy s’entraine avec elles ? Elle est en première année, et novice de surcroit. Quel plaidoyer mettrait à mal leur entrainement ? Que craignaient-ils, au juste ? Qu’elle aille rapporter leur tactique aux entraineurs adverses ? Suzy croisa fermement les bras, sa déception se muant en véhémence résolue. Ce qui était sûr, c’est qu’elle ne serait jamais une poucave, et ne manquerait aucunement de le leur rabattre le caquet. A l’évidence, cette ingratitude les tenait en mésestime chez la gamine, déjà prompte à en découdre. Elle se moquait pas mal de la manufacture jaune ; elle voulait voler, rien de moins, rien de plus. Heureusement, la peine fût vite révolue ; Suzy savait que Day’ était une chic fille. Pas du genre à bavasser pour rien, à lui promettre des cadeaux vains. La blondinette laissa sa phrase en suspens, comme pour prétendre à une promesse plus juteuse, avant de s’élancer. Suzy tambourinait l’air de ses petits points, surexcitée. En effet, elle jubilait des offres, quel que soit leurs acabits.

- ... j'imagine que j'ai une petite demi-heure pour te trouver un balais et t'apprendre suffisamment les bases pour nous aider à jouer les ramasseuses de balle. Ça te tente ?

- Sérieux ?! Pas sûre qu’elle ait écouté l’entièreté de la supplique. L’alternative subsistant à l’élever dans les airs suffisait à sceller le pacte, orgueil au placard ! Woah, c’est le plus beau jour de ma vie !

Un instant plus tard, Suzy sautait à grands bonds, les bras happant le ciel à grandes goulées de joies. Elle faillit sauter dans les bras de Day dans le mouvement, pour la couvrir de gratitude. Elle en faisait des caisses, mais pour elle glaner l’accord d’un grand, égalait à celle d’une victoire sans répit. Ses parents jouaient au poker avec la confiance qui lui vouaient, bluffant avec le chantage pour qu’elle taise ses émotions. Leur hypocrisie flirtait avec la crainte d’être jugé par autrui, et motivait à mettre au silence les besoins de leur petite fille. Poudlard était comme un cadeau, une nouvelle aire de jeu, cour des expérimentations, et confiance à blanchir. La proposition de Day constituait une mise à l’essai, par laquelle elle demandait implicitement de faire ses preuves. Encore une fois, Suzy ne devait guère échouer.

Ainsi, elle rattrapa en quelques foulées aux attraits de biche, la Pousfouffle qui lui indiquait le sillage à poursuivre. Son aînée s’engouffre dans le cabanon que constituait les vestiaires féminins, avant de trifouiller dans le débarras. Au seuil de la porte, Suzy convoquait ses sens auditifs comme visuels, pour attester à l’épreuve, et ne pas en perdre une miette. Sitôt ressortie, sa coéquipière fût emmitouflée sous une couche épaisse de vêtements et de breloques. Dubitative, Suzy devina sans peine l’attirail propre à un entrainement adéquat, bien que celui semblait porter sur lui les marques de ceux qui lui ont fait honneur. Aussi, un Brosse-Dur mythique trônait comme une antiquité digne d’un musée, à ses côtés. Elle le chipa sitôt qu’il eût agrippé son regard, soucieuse d’en être soustraite. Avec une incitation à la motivation, Day’ l’enjoignit à se vêtir avant de lui délester son fardeau qui encombrait encore ses bras.

- Chef, oui, chef ! Clama Suzy, mimant la stature militaire, faisant claquer ses talons entre eux.

Tandis qu’elle enfilait son armature, tournant et retournant le harnais de protection entre ses doigts malhabiles, elle se demanda à quoi ce machin pouvait servir. Elle n’était pas sotte au point de tomber !

- T’es sûre que j’aurais besoin d’ce truc ? Demanda-t-elle avec un soupçon de dérision, pour le semblant de haillon qu’elle pinçait du pouce.

En plus les coudières et les genouillères étaient collantes de transpiration. On aurait dit une parodie de ses premiers retours à bord de patins à roulettes moldus. Dans un grognement, elle obtempéra avant d’enfiler les lianes disparates du harnais dont la largeur dégoulinait sur ses frêles épaules. Elle tira d’un coup sec sur la ceinture, jusqu’à l’étouffer. Franchement, c’était une véritable catastrophe.

- C’est bon comme ça ? argua-t-elle, en montrant bras ballants son estomac congestionné, comme mise en bouteille entre un tissu dru triple épaisseur, et une ceinture aussi rêche que les poils de papa. Dis ? Tu vas m’apprendre quoi en premier ? Paraît le plus dur c’est d’éviter les cognards !

Ah ben le moins qu'on puisse dire c'est que ça a l'air de lui faire plaisir à la Sue. Je ne me souviens pas d'un jour avoir sauté comme ça partout. Pourtant j'ai jamais été du genre introvertie.

-Bien sûr que t'as besoin de ça ... première leçon, bien t'habiller Dis-je tout en rajustant sa tenue et ses protections. Je veille surtout à bien attacher son maillot anti-chute parce que tomber fait partie de l'apprentissage. Je devine qu'avec son caractère elle va vouloir tenter de faire plus qu'elle ne sait faire et finir désarçonnée.

On a tous l'arrogance de croire qu'on peut se passer de ce genre de sécurité, qu'on "vole safe" et qu'on "maîtrise" alors ça va. Je suis allée suffisamment de fois à l'infirmerie pour maintenant savoir que c'est faux.

-Le maillot ... se passe comme ça. Sinon il gênera tes mouvements. Les lanières se serrent ici et ici ... Je joins le geste à la parole. Je n'imagine pas qu'elle retiendra tout du premier coups mais au moins ce sera vu une fois. Je finis en remettant le casque bien en place sur sa tête. Je rajuste la sangle sous le menton et finit avec une gentille tappe sur le dessus du casque.

Je fais un pas ou deux en arrière et avise du résultat. Et je lève les deux pouces avec mes mains gantées.

-Ni-ckel ! Maintenant, deuxième leçon. Non on va pas libérer les cognards, on va déjà voir si tu sais décoller. T'as déjà appris sur un balais jouet ? Ou en cours de Vol ? Tu te places a côté de ton balais et tu cries "Debout" en tendant la main. Je montre comment faire, bras tendu, paume ouverte vers le bas.

-Debout !

Mon balais me saute dans la main. Mes doigts se referment sur le manche en bois vernis. Mais je ne compte pas l'enfourcher de suite, j'attend de voir comment Suzy s'en sort. J'imagine que l'opération ne posera pas de problèmes.

Daisy resserre les sangles convenablement, affublant un air contrit à Suzy, qui pensait naïvement s’en être sortie du premier coup. Hélas, on ne peut pas tout avoir. Aussitôt, son aînée achève le processus en lui tapotant le casque d’un geste fraternel. Suzy sourit, au bruit sourd que prononce le capot de sa protection, assommé sous le joug de la bourrade.

- Ni-ckel ! Maintenant, deuxième leçon. Non on va pas libérer les cognards, on va déjà voir si tu sais décoller.
- O.K ! Acquiesce la blondinette, déjà d’attaque pour commencer.
- T'as déjà appris sur un balais jouet ? Ou en cours de Vol ? Tu te places à côté de ton balais et tu cries "Debout" en tendant la main.

Sa camarade lie le geste à la parole, pour faire office d’exemple. Son bras se tend avec une exactitude professionnelle devant le balai, avant de lui intimer de se lever avec un aplomb que Suzy ne lui aurait guère soupçonné. Ok, il allait falloir réunir toute sa force pour quémander la servitude du perchoir de fortune. Ces machins volants pouvait-ils être têtus ? Aussitôt, le manche obéit à la missive, en se lovant au creux du crochet des mais de sa maitresse. A, ton tour Suzy !

La blondinette décoche un regard dubitatif à l’intention du Brossedur, folâtrant avec les ondulations verdoyantes de la pelouse. Jusqu’à présent, elle avait été une fervente partisane d’une pensée cartésienne, où les objets servent ceux qui les manipulent. Mais suite à la démonstration qu’eût effectuée Daisy, à l’instant, Suzy eût l’impression paradoxale qu’un objet pouvait s’affranchir d’un apanage d’émotions. Son nez se fronce, excédée. Franchement, qui abandonnerait maintenant ? Ça n’allait pas être un vulgaire balais préhistorique qui allait faillir à son contrôle. Suzy renifle avec insolence, avant d’enchaîner le mouvement protocolaire.

- Debout, ordonne-t-elle avec une once de défiance dans son timbre.
Le vent du solstice lui répond d’une bourrasque violente. Le balai, ne pipe pas un mot.

- Debout ! réitère-t-elle, en raidissant son bras.

Le balai se prononce. Il tourne sur lui-même, comme pour se moquer. Finalement, il semblerait qu’il faille un certain mérite pour accéder au trône volatile, et sillonner les airs. Suzy quant à elle, comment à s’agacer, comme ne cesse d’indiquer l’impulsion de ses membres antérieurs. Son pied bat déjà la mesure avec une impatience révolue.

- Allez, Debout ! Quémande-t-elle. Un peu de pitié quoi. Elle est sympa, non ?

Le balai sursaute, le temps qu’un mirage d’espoir n’anime les prunelles ternes de la première année, avant de s’affaisser au sol.

- Sérieux, tu viens de me feinter, là ? Grommèle-t-elle, arquant un sourcil blasé. Sa bouche se tord avec une amertume qui se retient de jurer contre cette foutue vieillerie. De son côté, le Brossedur jubile.

Stop les bêtises. Stop l’orgueil. Suzy déteste la défaite. Et dépeindre sur son aînée un regard bouffi de jugements, elle s’y refuse. Ses nerfs pulsent dans muscles, tendant à la perpendiculaire son petit bras au-dessus du manche. Pas question de se liquéfier. Même ses doigts se crochètent comme les serres d’un rapace, prompt à l’attraper a la moindre convulsion. Derrière elle, les tentacules symboliques avides de s’emparer de sa honte au moindre signe de faiblesse, commencent à desserrer leur étreinte.

- De-bout ! Articule Suzy, farouche. Elle tente d’oublier son appréhension, malgré elle.

« poc ! ». La blondinette cligne des yeux, un peu bête. Elle s’attendait à un retournement de situation, où le manchon aurait failli à sa servitude, lui accolant une énième fourberie à son échec. Pourtant, il se tenait là, prêt à faire équipe, fermement empoigné entre ses phalanges. Mais preuve de sa raillerie, Suzy finit par se gratouiller l’arrière de la tête, décontenancée en détournant vers sa voisine, pour lui montrer son trésor.

- Bah mince alors, tu as vu ? J’ai réussi !

Je regarde ses tentatives avec un amusement certain. C'est en la voyant galérer que je me rend compte que j'en ai fait des progrès depuis mes tout débuts.

Suzy finit par réussir à faire dresser son balais après moults essais.

- Bah mince alors, tu as vu ? J’ai réussi ! Une joie simple et contagieuse émane d'elle. C'est fou comme des choses maintenant banales pour moi peuvent faire le bonheur chez quelqu'un d'autre.

- Bien joué. Je lève le pouce et accompagne ma réponse d'un sourire.

-Il bougeait pas parce que t'y croyais pas assez. Comment tu veux qu'il t’obéisse si t'arrives pas à te convaincre toi même ? Instant philosophie à deux noises. Je crois que beaucoup de joueurs de Quid sont un peu superstitieux. A force de passer du temps avec nos balais, nos engins magiques finissent par avoir une personnalité à nos yeux. Une existence propre. On leur imagine un caractère. On s'imagine avoir une "relation spéciale" eux. Alors que pour l'immense majorité des gens, il ne s'agit que de bouts de bois enchantés ...

Si on ne parlait pas d'un objet magique on dirait presque qu'un balais n'a "rien de sorcier". Et pourtant ... Dans le fond c'est un peu un lien analogue qui unit un sorcier avec sa baguette. Quelque chose de fusionnel.

-Prête à décoller alors ... ? Tu l'as vu en cours de vol j'imagine. Tu enfourches ton balais. Je joins le geste à la parole encore une fois. Je me positionne à côté d'elle et glisse le balais entre mes jambes. Tu te tiens campée sur tes deux pieds et donne une petite impulsion vers le haut en levant légèrement le manche. Nouvelle démonstration, mon balais se surélève de quelques centimètres, juste ce qu'il me faut pour que mes pieds quittent le sol. En temps normal j'aurais replié mes jambes sous le manche et glissé la pointe de mes bottes dans les étriers prévus à cet effet mais je sais que ce n'est pas la position conseillée pour les débutants. Garder les jambes écartées permet à ceux incertains de leur équilibre de conserver un peu de leur assurance.

Ainsi immobile à côté d'elle, je regarde comment elle s'en sort, prête à intervenir en cas de besoin. Même en cas de départ incontrôlé je ne m'en fais pas. Mon balais est bien plus rapide et agile que le vieux brossedur ... il me faudra bien peu de peine pour la rattraper et l'aider à se stabiliser. Et au pire ... le gilet de sécurité est là. Zéro danger.

Daisy donne une accolade, à laquelle Suzy répond d’un sourire. Incessamment la blondinette cherche à justifier ses multiples défaites, par un manque d’assurance de sa part. Elle ne croyait pas assez au lien qui puisse se forger entre un balai et celui qui l’enfourche. Un peu comme la ritournelle mythique avec laquelle paradait le feu Ollivander, augurant que la baguette choisissait son sorcier. Encore dubitative, Suzy ne chercha cependant guère à contredire son aînée. Après tout, les preuves avaient prêché le vrai. Si elle s’était renfrognée un plus tôt, se dépeçant de toute détermination superflue, le balai se morfondrait encore au sol. A l’évidence, Suzy croyait plus à la pratique qu’à la théorie. Etrange pour une enfant née au fin fond des contrées sorcières, dont l’éducation fût accoutumée aux rites et coutumes de la communauté magique. Depuis son arrivée à Poudlard, tout semblait l’impressionner, à défaut d’en connaître pourtant déjà les usages. La vie devenait plus vibrante, et pourtant, il perdurait un déséquilibre entre son esprit et le monde qu’elle observait.

Elle n’avait jamais été une gamine prise tête, or, ce charabia ne cessait de grignoter ses pensées. Ça l’agaçait assez, par ailleurs. Elle secoua sa masse bouclée, pour revenir alerte au goût du jour.

- Prête à décoller alors ... ?
- Chef, oui, chef !
- Tu l'as vu en cours de vol j'imagine. Tu enfourches ton balai.

Cette fois-ci, pas le temps de se laisser impressionner ; Suzy suivra les instructions en direct. Ainsi, pour donner suite à la démonstration de Day’, la gamine se presse à enjamber le perchoir qu’elle tient à bout de bras. A cloche-patte, indisposée par sa petite taille, Suzy peina à mettre pied à l’étrier. A sa dernière tentative, en cours de vol, Mrs Cojocarru dût venir à rescousse pour éviter une chute précoce, et encore à terre, de surcroit. Quelle honte, Suzy ne désirait aucunement réitérer l’expérience, surtout avec une plus grande. Ça serait échouer. Heureusement, ses deux jambes finissent en parallèle l’une de l’autre, à califourchon sur un manche boisé sur lequel repose une Suzy en extase. Tandis que Day continue son palabre, Suzy préfère observer sa technique, pour mieux l’imiter.

Ses deux bottes alourdies par l’armature, bardées d’entrelacs de Noeux compliqués des lacets, soudaient ses deux jambes au sol, comme deux rocs stables. Pour sûr, son maintient fût assuré, tant qu’elle s’assurait de rester cramponnée à son manche. Arf, peu importe. Elle plisse les genoux, le fond en avant, toisant le ciel avec insolence. Un. Deux. Trois. Impulsion faite, ses mains s’agrippent au pommeau du manche, pour se surélever. Ses guiboles se balancent dans les airs, au gré de la bruine, qui chatouille ses joues rouges de froid.

Avec un sourire triomphant, Suzy regarde sa partenaire, cherchant dans ses yeux ses félicitations.

- On peut aller plus haut ?

Je hoche la tête avec un sourire et lève le pouce quand la petite miss relève ses yeux vers moi. Voire sa mine me fait légèrement rire. Et oui, quand on débute, rien que monter sur un balais, c'est un exploit. Elle s'en sort bien jusque là.

-On peut aller plus haut ouais. Si tu veux.

La hauteur ne changera rien à son vol. Avec son gilet elle est protégée de la même façon qu'elle chute de deux mètres ou de trente ... La seule différence c'est qu'en volant haut, on apprend à contrôler petit à petit sa peur du vide.

... Ok ... On va voir comment tu te débrouilles avec des manoeuvres simples, ok ? On va commencer par faire un tour du terrain, tranquilles. Mets toi à la hauteur que tu veux. Tu tires le manches pour monter, tu l'abaisses pour descendre. Attention à bien répartir le poids de ton corps pour pas basculer.

Si déjà avec ca elle panique pas et perd pas l'équilibre, ce sera bien. Elle en est vraiment à ses tout tout débuts la pauvre ... Elle est encore bien loin de pouvoir espérer "jouer au quidditch" mais bon ... tout vient à point à qui sait attendre. Toujours rangée à côté d'elle, je compte l'accompagner. Au besoin, je poserai la main sur le manche de son engin pour le stabiliser ou corriger légèrement une trajectoire au besoin.

- On peut aller plus haut ouais. Si tu veux.
- Ouais !! S’exclame Suzy, avec euphorie.

Sans attendre, Suzy file vers les hauteurs. Son élan lui fait percuter les mailles du vent, s’entremêlant dans sa tornade de boucles. Gravir l’altitude lui donne un sentiment de puissance qui engorge son estime d’elle-même. Elle se sent inatteignable par-delà les nuages. Promis, elle enverrait une missive à Violette et Orion -ses cadets- pour leur transmettre son expérience. A défaut d’avoir l’âge adéquat pour intégrer l’école, ils rataient vraiment quelque chose. Depuis son point de vue, elle décelait au-dessus des anneaux, la forêt interdite, dense et dentelée, dont les crocs acérés jouent avec la brume gorgée d’eau. Plus friande des fortes chaleurs éclairées par un soleil d’été, ça n’empêchait pas Suzy d’apprécier la vue inédite qu’offrait le paysage aux attraits lugubres. En plus, la forêt interdite, c’est aussi flippant que classe. Pourquoi ? Parce-que l’interdit requérait un certain courage à prouver ! Il Fallait qu’un jour, elle organise un plan invasif, afin de pouvoir y pénétrer sans trop d’encombres.
Soudain, un petit soleil éclaire son esprit embrumé dans ses futures manigances tordues.

- Ok ... On va voir comment tu te débrouilles avec des manœuvres simples, ok ? On va commencer par faire un tour du terrain, tranquilles. Mets-toi à la hauteur que tu veux. Tu tires le manche pour monter, tu l'abaisses pour descendre. Attention à bien répartir le poids de ton corps pour pas basculer.

Suzy zieutait la mine inquiète de Day’, avec un air mauvais. Ce qui en soit, n’engageait rien de bon. A l’entendre, on aurait pu croire à de l’infantilisation de première catégorie. Chose qui insupportait Suzy, plus que tout. Chez elle, elle demeurait la cadette de la famille, et pourtant, Maman portait toujours sur elle ce regard accusateur, que l’on attitre à cet enfant indigne et immature pour son âge. Hélas, elle avait cru que son passage à Poudlard, lui permettrait d’y tisser un nid confortable, une place qu’on lui accorderait de gré ou de droit, sans remettre en cause son inexpérience juvénile.

- T’inquiètes, je me débrouille ! Assure-t-elle en lançant un pouce en l’air à sa camarade. Le ton est plein d’entrain, mais elle espère qu’il saura couvrir son amertume. En soit, Daisy n’est aucunement fautive. Seulement, ses mots font sens retors pour Suzy. Elle a toujours cette impression, de devoir faire valoir son dû. Go ! Admire l’artiste, héhé !

Suzy fronce ses deux arcs de sourcils. Elle fonce droit devant, sans penser à manœuvrer. Visiblement « tranquille » ne faisait pas parti de son vocabulaire. A ses quelques mètres de hauteurs augurait le premier pilon doré des buts, droit comme la fierté qu’accuse une victoire. Objectif : devenir un souffle humain. Soudain, elle resserre son étau autour du manche pour amorcer une montée, droit en direction des cerceaux, sans jamais penser au guidon. Sous elle, ses jambes dansaient comme des vers hors de leur motte de terre. Son équilibre demeurait encore aléatoire ; tenir sur un tube de bois circulaire de dix centimètres de diamètres, se révélât plus corsé qu’il n’y paru ! Soudain, le cercle grossit de plus en plus, s’imposant à elle, comme une vérité : elle est un souaffle humain. Elle s’empresse de s’engager dans un virage presque trop ample, pour viser dans le cerceau d’or. Elle frôla de près les ornements, si bien qu’elle hurla sa joie sitôt passée :

- ET 10 POINTS POUR GRYFFONDOR ! HAHA !

Eh attendez avant de vous moquer ; elle s’assurait une mort certaine !

Elle continua sa traversée à vive allure, plus à l’aise, désormais. Son cœur menaçait moins la crise cardiaque. Suzy s’était martelé l’esprit à parvenir à passer chacun des quatre buts consécutifs du terrain. Pour chacun des passages, elle chanterait l’éloge de chaque Maison prévalue à Poudlard. Patriotiste, elle ? A peine. Si seulement, elle contrôlait son allure. Son projet se renversa au gré de sa chute en contrebas. En effet, tandis qu’elle cheminait en direction des poteaux suivant, elle n’eût guère intercepté au bon moment, le galbe du cerceau, qui crocheta son manche l’y déloger. Mais sa surprise fût telle lorsqu’à défaut de tomber, elle flotta dans les airs. Oui, oui, vous m’avez bien comprise : flottait. Le maillot gonflait à mesure qu’elle scindait l’air, le tout ramifié au balai par un élastique, déjà distendu. Qu’allait-il se passer maintenant ? Fallait-il s’attendre à un retour à l’envoyeur ? Pour l’instant, Suzy alternait déglutition difficile, et rebonds aléatoires. Mais comment remonter sur le ballais désormais ?

J'ai un léger rire.

Une petite fière cette lionne, hein ... ? Elle essaye de se la jouer "je fonce et ca passera" (typique gryffondor, non ?). Comme prévu, je n'ai aucun mal à la suivre. J'ai plus d'expérience et un bien meilleur balais ... Ses accélérations "fulgurantes" à ses yeux restent poussives. Je reste positionnée non loin d'elle.

Elle avance tout droit comme une bourrinne, aucune manœuvre, aucun changement de vitesse, ca ne fait même pas un bon entrainement à la poursuite pour moi. J'avoue j'ai quand même un instant d'inquiétude quand je la vois approcher des poteaux a grande vitesse. Malgrès ses protections, un choc frontal ca ne peut pas lui faire du bien ... Mais non ... par chance ( ou par talent ?) elle ne s'emplafonne pas dans le poteau. Tant mieux, ca m'aurait contrariée d'avoir à l'amener à l'infirmerie ...Et de devoir expliqué pourquoi je l'ai laissée monter sur un balais sans être prof.

A force de faire la mariolle, elle finit quand même désarçonnée. La voilà qui se retrouve suspendue par son harnais, son balais parti se perdre un peu plus loin. Une situation inconfortable et qui lui chatouille sûrement l'égo. Je ne suis pas loin de la miss quand ca arrive ... et je m'approche alors tranquillement d'elle, sans aucune panique. C'est désagréable mais elle ne court aucun danger !

-Heyy l'artiste. Première chute, ca se fête. Dis-je avec un petit sourire et un ton de gentille dérision. Je taquine mais n'insiste pas plus, ce n'est pas le but de l'humilier.

Je mène mon balais en dessous d'elle pour venir lui permettre de se poser sur le manche de mon balais, derrière moi. Je tend la main pour l'attraper par le bras et je l'aide à se positionner dans mon dos. Je sens le poids de la première année changer l'équilibre de mon engin, je change subtilement ma position pour contrebalancer sa présence.

-Si ca peut te rassurer, c'est pas la dernière fois que ca t'arrivera ! S’entraîner, c'est se vautrer. En permanence.

Eeeeh oui ... apprendre à accepter la chute ... c'est une leçon d'humilité qu'on a toutes prises à nos débuts. Peut-être que ca va inciter notre petite impatiente à aller un peu moins vite la prochaine fois ? Je me souviens que je passais mon temps le nez dans la boue à mes tout débuts ... Je volais à quelques mètres de hauteur à peine et j'étais désarçonnée toutes les 5 minutes.

-Tiens cramponnes-toi, on va chercher ton balais. Tu te sens de retenter ... ? Essayes de ralentir un peu quand tu abordes un virage et de te pencher un peu sur le côté vers lequel tu tournes. Pas trop ... sinon tu chutes.