[Habitation] Tearing Souls Apart

T'as jamais été aussi stressé au cours d'un repas. D'ailleurs, t'as probablement jamais été aussi stressé tout court. T'as pas l'impression d'être à ta place ici. Bien au contraire. Tu te sens... De trop. Pourtant, lorsque James te propose de te faire visiter, et de faire en sorte que vous appreniez à vous connaître un peu davantage, tu n'hésites pas. T'es rapidement debout, prêt à le suivre. De toute façon, à sa façon de proposer, tu t'es douté que t'avais pas trop le choix et qu'il valait mieux pour toi accepter. Mais t'étais heureux de pouvoir échapper à tout ça. Alors tu ne t'es pas vraiment posé de question. Tu n'as pas remis en doute ses intentions. Parce que tu n'avais aucune raison de le faire. T'as même esquissé un léger sourire, comme pour le remercier de te permettre de sortir enfin de cette salle dans laquelle tu avais l'impression d'étouffer.

Tu l'as donc suivi, en t'autorisant à relâcher un peu toute la pression. Tu préfères avoir affaire avec les nouveaux membres de ta famille un par un que tous ensemble. Au moins, t'as pas l'impression d'être le centre de l'attention, d'être la bête de foire qu'on dévisage. D'être l'intrus qui n'est pas vraiment le bienvenu, puisque sa place n'a jamais été là. Il s'est arrêté devant une porte, te faisant signe de l'ouvrir. Apparemment, la visite des lieux commencerait ici. Tu ne te fais pas prier pour actionner la poignée. Et tu t'es retrouvé devant un escalier de pierre, qui semblait s'enfoncer dans les profondeurs de l'habitation. Léger froncement de sourcils de ta part. C'est pas un peu étrange de commencer la visite par le sous sol ?

Mais après tout, ils l'ont peut être aménagé, et une bonne surprise t'attend en bas des escaliers. Tu ne peux pas te douter de ce qui t'attend réellement. Alors tu descends quelques marches en répondant, légèrement gêné.

- Euh... Je sais pas si j'vais venir très souvent... J'ai pas envie de déranger...

Et le bruit de la porte qui se claque te fait légèrement sursauter. Tu passes ta main dans tes cheveux nerveusement, en lançant un regard à James, qui semble vouloir que tu continues la descente. Ce que tu fais, tandis que quelques questions te traversent tout de même l'esprit. La principale concerne sans aucun doute ce qui t'attends en bas des escaliers. Mais tu te rends compte que l'obscurité autour de vous ne fait que grandir. Et lorsque tu tâtonnes tes poches de pantalon pour trouver ta baguette afin d'éclairer un peu tout ça, tu te rends compte qu'elle est restée dans la poche de ta veste, elle même accrochée dans le hall d'entrée du chalet. L'appréhension se fait plus pressante dans le creux de ton ventre. T'as l'impression que tout ça n'est finalement pas une si bonne idée. Tu finis par demander, tout en continuant à avancer, afin de ne pas le bloquer derrière toi, et de ne pas montrer que tu commences légèrement à flipper :

- Y'a quoi en bas ?

Ouais, c'est bizarre tout ça. La visite d'une maison, ça se fait en commençant par les salles de vie, du style le salon, les chambres, les salles de bains... Pas les caves. Parce que vu l'odeur d'humidité qui règne ici, tu doutes de plus en plus de tomber sur une salle magnifiquement bien aménagée en sous sol. Mais t'essaies quand même de te convaincre que tout va bien. Après tout, c'est ton grand frère, tu peux avoir confiance en lui, pas vrai ? Et les escaliers se terminent enfin. Pour te laisser devant une cave qui ressemble étrangement à des cachots. Et pas à des cachots aussi sympas que ceux de Poudlard. Non, plus dans le genre cachots de films d'horreur. Cette fois-ci, la panique prend le dessus. Tu te tournes vers James, prêt à remonter les escaliers.

- Laisse tomber la visite, j'me sens pas hyper bien ici... J'préfère l'air libre, j'vais remonter. Désolé.

L.A. d'Azaël

Les facultés humaines avaient d'extraordinaire leur capacité à appréhender le danger lorsque celui-ci, bien que masqué de maintes politesses exquises, semblait détourner une situation de son but initial. James, de son naturel, avait appris à noter cet infime moment de doute dans le regard de ses interlocuteurs. Les voir fondre sous une terreur qu'ils n'arrivaient à nommer le faisait jubiler à sa manière. Rire coquin et ravalé, caché dans sa barbe.

- Avance donc, se contenta-t-il de rétorquer aux paroles du jeune homme, sur un ton très doux, presque feutré.

Azaël ouvrait donc la route, droit vers cette obscurité destructrice de consciences. Au devant s'ouvrait la voie des possibles. Ceux que le môme ne soupçonnait pas. Bien qu'un certain frisson devait lui parcourir l'échine, il n'imaginait pas ce dont James était capable. Encore moins lorsqu'il s'agissait de sa famille.
Il ne le connaissait pas, ne pouvait comprendre ce qui ponctuait son passé de douleurs ravalées, peut-être pas de regrets. Il n'arrivait plus vraiment à les distinguer. A comprendre ce qui faisait de lui un monstre. Ou un homme tout simplement. La frontière entre ces deux entités n'était pas assez nette.

Il aurait pu faire semblant de le rassurer. Poser une main sur son épaule en le poussant à avancer, et réfréner un fou rire sous la bonne blague à venir. Il aurait pu tout simplement être cet homme-là. Un substitut de grand-frère. Un pilier contre lequel se reposer.
- Une pièce en plus, tout simplement, se contenta-t-il de répondre, un froid sourire aux lèvres le berçant dans sa descente.
Bienvenue dans mon enfer.

La pièce s'éclaire rapidement, orchestrée par James.
Son regard percuta rapidement celui du garçon, qui céda d'un coup à la panique, préférant s'excuser que de rester plus longtemps ici.
- Ce n'est pas poli de refuser quelque chose à son grand frère, répliqua-t-il, dents serrées, avant de ligoter solidement le jeune homme d'un Incarcerem.

En voyant sa face, James rigola de bon coeur.
- Si tu voyais ta tête... Je crois que tu n'as pas bronché un seul sourire depuis que tu es là.
La blague cependant était terminée. La grimace de l'homme s'effaça rapidement alors qu'il avançait vers sa proie.
- Tu réalises tout ce que ta soeur fait pour toi, en t'intégrant à notre famille ainsi ? Tu réalises la chance que tu as ? siffla-t-il alors que le bout de sa baguette s'avançait vers le jeune visage, encore peu altéré par le passage du temps, des émotions, des blessures. Le bout de l'arme magique s'arrêta sur un coin de la bouche sans douceur aucune, sans contenir la rudesse du geste.
- Tu pourrais sourire au moins un peu.
Voilà, le geste s'abattait, forçait un sourire alors que le pouce agrippait l'autre côté du joli minois. Souris, répétaient les dents serrés, allez, souris, encore un peu.

D'un coup, tout stoppa, James recula, les yeux durs façon icebergs et jaugea le jeune homme dont les marques autour de la mâchoire témoignaient d'une certaine lutte. La peau rouge exprimait suffisamment la douleur.
- On ne peut prétendre être un Peverell si on ne sait sourire pour mieux attaquer.

James refuse que tu remontes. Son ton ne laisse aucun doute là-dessus, tout comme ses paroles et le sort qui suit. Tu te retrouves entravé, les bras collés le long du corps par quelques tours de cordes. Tu recules de quelques pas par réflexe. Tu ne comprends pas sa réaction. T'as tout fait pour essayer de te faire le plus petit possible, ce qui n'est pas dans tes habitudes. Alors pourquoi semble-t-il t'en vouloir ? Son rire ne te rassure pas des masses. Et le voilà qui te reproche de ne pas sourire assez. En même temps, t'aimerais bien l'y voir toi, à débarquer dans une famille comme ça, sous prétexte de quelques liens du sang, alors même que t'as jamais entendu parler d'eux avant ! Tu ne trouves rien d'autres à répondre qu'un timide "Désolé" tandis que tu recules davantage.

Son sourire n'a rien d'avenant. Il ressemble davantage à une grimace forcée. Et il s'approche de toi. Un mur froid se fait sentir dans ton dos. Tu ne peux plus reculer. Les paroles de l'homme se plantent alors en toi. T'as rien demandé toi. Rien de tout ça. Pourtant, t'as l'impression qu'il te reproche ta présence ici. Ou peut être même ta simple existence ? Le fait que le même sang coule dans vos veines ? C'est pas à toi de prendre pour ça. Alhena t'a amené ici, alors même que tu ne savais pas que tu rencontrerais toute une fratrie. Alors si James a du mal à encaisser ta présence dans les lieux, il n'est pas le seul. Mâchoires serrées, tu ne lui réponds même pas. Tu te contentes de plonger ton regard dans le sien. Plus de peur. Plus de gêne. Juste de la colère.

Tu déglutis difficilement lorsque le bout de sa baguette tire sur le coin de tes lèvres. Tu ne le sens pas du tout ce type. Dire que t'as toujours voulu avoir un grand frère, te voilà servi. Il tire sur tes lèvres, de chaque côté, te force à les étirer. Tu ne bronches pas. Tu te contentes de soutenir son regard, passant outre la légère douleur ressentie. Finalement, tu feras des efforts pour paraître bien gentil bien sage une autre fois. Il est hors de question de te laisser faire aussi facilement. Tu finis par lui adresser le sourire tant demander. Sourire provocateur.

- Dans ce cas je suis sans doute davantage un Peverell que toi. C'est pas parce que tu te tords la bouche dans une grimace que ça ressemble à un sourire, frangin.

Dernier mot appuyé avec dédain. C'est peut être une erreur de lui répondre de la sorte. Peut être pas. Tu ne le connais pas. T'es incapable de prévoir ses réactions. Tout ce qui est sûr, c'est que tu n'es plus celui que tu as montré au repas. Le masque est remis. Tu dois essayer de reprendre le contrôle. Le contrôle de toi-même, c'est fait. En revanche, t'es loin d'avoir celui de la situation.

- Détache-moi.

Peut-être qu'il y avait de la colère. Peut-être que ça bouillonnait en James. Peut-être que tout bouillonnait depuis trop longtemps en lui.
Mais tout semblait si facile, à cet instant. Tout semblait si simple. Si tristement tragique. Il suffisait d'ajouter une pierre à cet édifice. Cette comédie de famille si charmante.
Il suffisait, à ses yeux, de défigurer le marmot. Non, James, non, il ne suffisait plus.
Il fallait.
Il fallait coller sur ce visage un sourire. Au moins une émotion. Il ne supportait plus tous ces reflets lisses ou désintéressés. Il ne supportait plus tous ces masques autour de lui.

Azaël lui souriait. Provoquait cette étincelle. Le môme était en colère, ça se sentait à sa mâchoire qui se contractait, auparavant, encore plus à ce calme qu'il voulait trompeur désormais. Il ne comprenait pas. Pourquoi lui ?
Il n'avait rien demandé, n'est-ce pas ?

Ses yeux bien plus lugubres désormais s'étaient renfermés, bien au creux de ses arcades sourcilières. Le tout donnait au visage un relief menaçant. James ne rigolait plus vraiment, et pourtant...
- Tais-toi, siffla-t-il en laissant suivre un Electrocorpus, sec et brutal.

Le jeu ne faisait que commencer.
- Te donner ce nom alors que tu n'es rien.
Le rire éclata bruyamment contre toutes les parois de la pièce et James s'approcha à nouveau du môme, gardant ce miasme éloquent façon sourire. Un peu plus malsain cependant.
- Davantage un Peverell que moi. C'est presque touchant.

Après quelques secondes de contemplation, presque bucolique tant l'éclat de ses yeux demeurait terne, James agrippa brutalement le menton du jeune homme. Ses doigts puissants s'enfoncèrent dans la peau en l'amenant à lui.
- Bienvenue dans la famille dans ce cas, susurra l'homme dans un sourire carnassier.
La brûlure évoquait plus la lave que la fine chaleur d'un soleil pesant. Pourtant la baguette s'abattit sur le bras et son torrent ardent se contenta de ronger la chair peu à peu.
Le sortilège informulé allait, comme toutes ces douleurs passées, laisser sa marque.

La colère de James est palpable. Il est effrayant. T'as l'impression de te retrouver une fois de plus face à l'homme qui te servait de père. Le même besoin de punition, la même rage, le même visage déformé par la haine et la volonté de blesser l'autre. Pourtant, tu refuses de céder. Tu t'es promis de ne plus montrer de faiblesse à ceux qui te veulent du mal. Le sort est violent. Le choc électrique parcourt ton corps dans un soubresaut et un cri incontrôlés. Tu tiens pourtant toujours sur tes jambes. Et ton regard ne le quitte pas. Tu continues de le défier en silence. De nouvelles paroles tombent. Tu n'es rien. Ce n'est pas la première fois que tu entends cela. Mais il ne te connait pas, alors tu refuses que ses mots te touchent aussi violemment que ceux d'autres avant lui.

Le jeu de regard continue. Tu passes outre la douleur. Outre la colère. Outre le fait que le type devant toi est ton frère. Car tu sais pertinemment que vous ne serez jamais une famille. Tu ne veux plus de son approbation. Tu ne veux plus rien avoir à faire avec lui. Tu veux simplement te barrer de là. Ou le faire souffrir tout autant. Mais t'es immobilisé par cette foutue corde. Et tu n'as pas ta baguette. T'es juste... Impuissant. Une fois de plus. Tu ne peux que subir, et attendre la suite en espérant qu'il se calme. Ou qu'au contraire il aille trop loin.

Il se saisit de ton menton. T'arrache une nouvelle grimace. Mais tu ne desserres pas les mâchoires. Son bienvenue sonne davantage comme une sentence. Qui s'applique aussitôt sur ton bras dans une langue de feu qui te tire un nouveau cri de douleur. La chair est rongée par la brûlure. L'odeur qui en ressort est immonde. Et la douleur se diffuse rapidement, dans tout ton bras, comme si rien ne pouvait la stopper. Ta respiration se saccade tandis que le cri s'éteint. Tu ne veux pas rester ici. Tu veux t'enfuir. Dans ton esprit, comme tu le faisais avant. Comme tu l'as toujours fait. C'est tellement plus simple, de prendre du recul, de s'éloigner. De faire comme si ce corps empli de douleur n'est pas le tien. Mais cette fois-ci, tu te forces à rester. Parce que tu veux changer.

Ton regard se plante à nouveau dans le sien. Ta gorge se racle. Et tu lui craches à la figure. Avec tout le mépris dont tu es capable. Et tu essaies d'oublier cette brûlure tandis que tu articules quelques mots. La haine que tu ressens n'est plus cachée.

- Va te faire foutre. T'es qu'un lâche. Et un taré. Tu portes sans doute très bien ce nom dont tu es si fier finalement.

Une provocation supplémentaire. T'as pas l'intention de lui laisser croire que tu es faible. Alors tant que tu en seras capable, tu continueras ainsi. Même si ce n'est probablement pas le truc le plus malin à faire face à un psychopathe de son genre qui n'espère rien d'autre que prouver sa supériorité en écrasant les autres. Au moins, ça t'évite d'avoir des regrets par la suite. Si tu t'en sors du moins.

LA d'Azaël

On ne pouvait ôter une chose au môme : sa répartie était proche de son impolitesse. Et ça avait le don de plaire à James.
Certes, le crachat n'était pas obligatoire, mais la réaction du jeune homme voulait tout dire. Caractéristique de son manque de considération, de son mépris marqué pour la gratuité. Quelque part, il y avait quelque chose à en tirer. L'idée était bien cachée, certes, mais elle demeurait.
Il passe sa manche sur son visage, au moins pour ôter les résidus d'Azaël. Bien sûr, il était dans une colère noire. Le môme n'allait sûrement pas s'en sortir en lui crachant à la figure ; ou alors il serait le premier. Mais une satisfaction, une émotion proche de la jubilation fourmillait en lui.
C'était toujours plus drôle quand la victime des aléas de ses humeurs se débattait. On trouvait toujours plus de plaisir à se savoir maître tout entier d'une situation délicate.
- Eh bien... Au moins, tu sais cracher ton venin. Y a quelque chose à en tirer, finalement, du petit frère.
Un rire sinistre. Les liens désagrégèrent pour laisser Azaël retomber sur le sol. Il ne laissa que trop peu de répit au jeune homme, satisfait de le savoir totalement désarmé. James faisait cependant moyennement confiance à la colère que ressentait le jeune homme. Certes, il n'avait pas peur qu'il prenne l'avantage dans la situation. Mais on ne savait jamais de quoi était capable un ado en rogne.
- Plaginit, lança James sur la blessure d'Azaël, créée par le précédent sortilège.
Il était plus question de laisser une trace qu'autre chose. Un souvenir cuisant.
La douleur méritait son nom d'insupportable, même si James ne se satisfaisait pas entièrement des effets qu'elle pouvait avoir. Dans tous les cas, on en garderait un souvenir quelque peu physique.
Il l'espérait.

LA de mon propre PNJ, merci bien
Merci à toi Aya ♥

Rien

Le coeur battant, elle referme doucement la porte. Elle reste perplexe devant le silence qui ronge les murs. Il y a quelque chose qui l'angoisse, elle n'arrive pas à en démordre de ce sentiment. Elle est loin d'être ce genre de personne, au troisième oeil qui connaisse les événements à venir mais là, c'était différent.
Cela n'avait aucun rapport avec Azaël étrangement, mais plutôt avec James. Elle le connaissait, bien trop, pour ne pas savoir à l'avance ce qu'il était capable de faire. Une stupide idée, qui démange les lèvres. Elle a envie de gueuler dans toute la maison, mais elle se retient.
Elle ferme les yeux, visualise ce chalet. Elle le connaît par coeur, alors où n'est-elle pas allée ?

Doucement, baguette en main, elle sait. Rythme cardiaque accéléré, elle redescend. Elle jette un oeil à la porte d'entrée qui s'ouvre, ses enfants sont rentrés avec sa soeur. Elle fait signe à sa jumelle de rester ici avec les enfants. Le bruit des cris, des sorts, si ça devait se produire, ne devait pas être écouté.

_Un nouveau monde se fait entendre

La porte grince, le bois crie aux visiteurs qu'il vaut mieux faire demi-tour. Une mèche de cheveux se colle à ses lèvres, ses émeraudes brillent dans le noir. Elle entend des bruits, le coeur serré, elle avance. Elle n'a pas spécialement envie d'y croire. Elle déglutit, elle sait qu'il y a quelque chose de si détruit en eux. Mais elle ne veut pas y faire face, elle n'est pas encore prête pour voir la vérité en face.
Lentement, elle arrive au plus proche. Elle se fige en entendant l'horreur qui joue en spectacle. Ses doigts se referment sur sa fine branche d'arbre de sureau. Elle ouvre la porte.

_Son regard croise celui de son frère ainé, il y a de la douleur dans cet être

Le #Repulso file droit vers James. Elle le regarde se faire projeter en arrière, la baguette du bourreau tombe sur le sol dans un silence absolu. Elle enchaine avec un #Aranea Telam, l'immobilisant définitivement contre un mur.
Elle se mord la lèvre inférieure, elle n'est pas certaine de comprendre les événements. Doucement, elle s'avance et marche sur le bout de bois. Un crac significatif, qui détruit les années du passé. Alhena avait un temps, possédée celle de leur mère, James celle de leur père.

Je me demande encore, ce que t'ont fait ces moldus pour que tu deviennes comme ça. Si détruit, si rongé par la haine que même ceux de ta famille ne sont plus les bienvenus.

Encore un pas.

Pour quelqu'un qui a été renié des Peverell, je trouve que tu donnes une bien drôle de leçon à notre frère.

Quelques autres. La gifle part et le bruit résonne dans le chalet. La souffrance aussi. Et le silence reprend sa place, elle ne dit plus rien alors que la rage le consume. Elle sait appuyer où ça fait le plus mal. Doucement elle se tourne vers le benjamin de la fratrie, délicatement, elle passe une main sur son visage. Son bras glisse vers sa taille, elle l'aide à se relever pour sortir d'ici.

Elle referme la porte derrière eux, un cri venant des entrailles s'échappe. Tu n'avais pas le droit ! Elle ferme les yeux et emmène Azaël à l'étage.
La brune regarde alors Elladora, qui les attend et chose étrange, elle lui fait signe de descendre.
Dans cette fratrie, Alhena n'a jamais été la plus cruelle dans les punitions.

Tu ne lâches pas James du regard. T'es prêt à assumer les conséquences de tes actes et de tes paroles. Tu refuses de fuir. De lui faire ce plaisir. Tu préfères amplement qu'il voie toute la haine que tu peux ressentir à son égard. Dire que tu voulais faire des efforts. Pour avoir une vraie famille. Tous tes espoirs se sont envolés à cause de lui. Tu n'as pas besoin d'un frère pareil. Tu n'as pas besoin de lui. Ni d'aucun des autres Peverell d'ailleurs. T'as juste besoin de te venger. De lui faire comprendre qu'il ne peut pas s'en tirer si facilement. Mais tu ne comprends pas ses paroles. Comme s'il était content que tu réagisses de la sorte. Nouveau rire de sa part tandis que tu te dis qu'il est sûrement encore plus cinglé que prévu.

Et tandis que les liens disparaissent, tu sens tes jambes se dérober sous toi. La douleur dans ton bras est toujours bien trop présente. Et la peur t'empêche de te relever comme tu le voudrais. C'est pas faute d'essayer. Mais James est le plus rapide. Nouveau sort. La plaie sur ton bras brûle davantage encore tout en se refermant dans une boursouflure immonde. Et un nouveau cri enroué sort de ta gorge. Tes yeux se ferment tandis que ta main se referme sur ton bras. Comme si le serrer pouvait atténuer la douleur de la brûlure. T'as l'impression que ton avant bras a été chauffé à blanc dans le sens de la longueur. Ce qui est en fait le cas. Tu te recroquevilles un peu sur toi même. Essaie de reprendre un rythme de respiration normal, pour lui faire face. Pour le faire payer.

Mais un bruit se fait entendre. Alhena apparaît. Le désarme. L'immobilise. Et brise la baguette. Le sang bat à toute vitesse dans tes tempes. Tellement que tu as du mal à comprendre ce qu'elle dit à James. De toute manière, tu t'en tapes royalement. Tu saurais bien incapable de dire qui de la colère ou de la peur l'emporte en toi à cet instant. Tout est mélangé. Tout se bouscule. Parce qu'au final, tu n'as toujours pas compris. Tu ne sais pas pourquoi la situation en est arrivée là. Lorsqu'elle se dirige vers toi, et que tu vois sa main s'approcher de ton visage, tu as un mouvement de recul. Tu ne lui fais pas confiance non plus. Qui sait ce qu'elle pourrait faire. Pourtant, la douceur de son geste est aussi agréable que surprenante. Elle t'aide à te lever. Tu la suis, sans un mot. Juste un dernier regard assassin vers James.

Une fois à l'étage, ton regard croise celui de la jumelle d'Alhena. Qui descend à son tour. Toi, tu te diriges directement vers ta veste. Chaque mouvement de ton bras te tire une grimace de douleur. La marque laissée est rouge, gonflée, boursouflée. Mais tu passes outre. Ta main plonge dans la poche de la veste pour se refermer sur ta baguette. Tu ne dis toujours pas un mot lorsque tu repasses devant Alhena. Mais ta main libre se pose sur la poignée de la porte de la cave pour l'actionner. Tu as bien l'intention de faire regretter ses actes à James. Tu vas te venger. Lui montrer ce qu'il en coûte de s'en prendre à toi.

Elle a le coeur serré, les mots restent coincés dans sa gorge. Elle tente d'effacer les cris invisibles qui résonnent dans les regards. Elle se surprend même à penser que les choses venaient définitivement de changer.
_Alors que non
C'est quelque chose qui a toujours été là, en lui. Qu'elle n'a pas voulu voir dans ses paroles, cette haine, cette colère qui bouillonne, qui ne cherche qu'à détruire le premier venu. Qui grandit en silence depuis l'enfance, poussé à bout lors de son exil.

Ses longs doigts fins prennent possession du poignet du gamin, elle le stoppe dans son élan. Elle lui jette un regard et ses bras l'entourent. Elle le sait figé, elle sait que ce n'était pas le moment. Mais elle n'avait aucune autre idée de comment agir, de comment tenter de le protéger d'une vérité, d'un monde dans lequel il devait entrer malgré lui.
_Parce que ça coule dans tes veines, et que t'as pas le choix

Ne fais pas ça... Laisse-moi te protéger, laisse-moi être là pour toi. Laisse-moi être... ce qu'il a été avec moi pendant des années face à nos parents. L'ainé qui doit te sauver.

Elle a les mains engourdies, les yeux fatigués, les lèvres crevées par les dents blanches, par l'angoisse qui ronge cette atmosphère. Pourtant, autour d'eux, l'odeur des pins, la chaleur d'un feu, un monde incertain, isolé qui au premier regard, puait le bonheur.
Lentement, elle se détache de lui. Elle s'écarte et l'invite à le suivre dans le salon. Là-bas, ils s'assoient en silence où elle commence à le soigner. Elle tente d'apaiser la douleur physique et mentale de cet événement. Parce que oui, elle est garante de lui, mais aussi de celui qui réside aujourd'hui dans la cave. C'est elle qui doit coudre un lien entre les deux, malgré le sang versé.

Ce n'est pas ta faute... Ce n'est pas la sienne non plus tu sais. C'est la mienne... Il, il voulait seulement vivre, aimer. Et on l'a empêché, je l'ai empêché, ils l'ont empêché de respirer pendant des jours. Le vrai James t'aurait aimé, il t'aurait protégé contre le monde et je suis persuadée qu'un jour... Il sera de nouveau comme avant, et que tu sauras pardonner cette folie qui l'empêchait de voir clair. Parce que dans la famille, c'est ce qu'on est. Des humains bouffés et chacun tente de s'en sortir à sa manière.

Elle ne disait pas tout, elle n'arrivait pas à tout dire. Les mots restaient bloqués dans la gorge, il fallait qu'elle lui explique, qu'il comprenne à quel point James était important dans cette famille malgré les derniers événements. Qu'elle croyait encore en ce cadre, en cette photo aux sourires complices. Elle croyait en un avenir meilleur, où tout redeviendrait à la normale.

Elle voulait arracher des sourires

Tu n'as pas le temps d'ouvrir la porte. Une main t'en empêche. Puis deux bras qui t'entourent. Tu ne bouges plus. Tu retiens même ta respiration. Tu sens sa chaleur t'envelopper. Sa douceur aussi, comme pour t'apaiser, te calmer. Comme ta mère avait l'habitude de le faire quand tu avais peur. Quand elle était encore là. La douleur de ton bras passe au second plan. T'es juste un peu plus paumé encore si c'est possible. Tu ne comprends pas pourquoi elle t'empêche de faire ce que te dictent tes tripes. Pourquoi tu devrais accepter la souffrance sans rien dire ? Elle dit qu'elle veut te protéger. Mais elle est sans doute arrivée trop tard. Et elle ne pourra pas toujours être là.

Tu la suis cependant. Toujours muet. T'arrives pas à dire quoi que ce soit. T'as l'impression de ne faire qu'obéir. Comme un automate. Comme si ce n'était plus toi qui contrôlait ton corps. A présent que tu n'as plus rien à prouver à James, tu t'es enfin détaché. Tu t'assois sur le canapé, à ses côtés. Tout en évitant soigneusement tout contact supplémentaire avec elle. Tu la laisses simplement s'occuper de ton bras. Parce que tu préfères éviter de conserver cette cicatrice ainsi. Tu te doutes que la marque restera. Mais t'es pas obligé de conserver la chair brûlée et l'odeur qui va avec. Tout comme la boursouflure de la brûlure. Sauf que vu ton niveau en sorts de soin, mieux vaut que ce soit elle qui gère.

Tu écoutes ses paroles. Mais tu refuses d'y croire. T'as déjà trop de fois espéré dans ta vie que les autres changent. T'as déjà trop pardonné, sous prétexte que c'est la famille. Tu cherchais désespérément l'approbation de ton père. Il faut voir où ça t'a mené. Tu ne peux plus faire ça. Tu dois penser à te protéger toi-même. T'as pas besoin de James. T'as pas besoin de ce grand frère qui ne veut pas de toi. Tu n'as pas la force nécessaire pour lutter. Tu plonges ton regard dans celui d'Alhena. Elle veut que les choses s'arrangent. Elle le désire plus que tout. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Et t'as pas envie de détruire tous ses espoirs. Mais tu ne peux pas lui mentir non plus.

- Compte pas sur moi pour lui pardonner.

Peu importe ce qu'il a vécu. Peu importe ce qui a fait qu'il est devenu ainsi. Tu n'y es pour rien. Tu ne lui as rien fait. Tu voulais simplement être accepté dans la famille Peverell. Et il t'a bien fait comprendre que tu pouvais toujours rêver. T'en as assez d'essayer d'être ce que les autres veulent que tu sois. T'en es pas capable. Ca n'a jamais fonctionné. Alors il est peut être temps d'arrêter. Cette brûlure sur ton bras sera la seule et unique douleur que James t'aura infligée. Il n'aura plus jamais l'occasion de recommencer. Tu doutes d'ailleurs de pouvoir simplement de trouver dans la même pièce que lui sans vouloir lui infliger la même chose.

Elle le regarde, elle observe les traits. Elle scrute la blessure, la chair et la cicatrice. Un instant elle ferme les yeux, il y a la chaleur qui envahit son être. La douceur des odeurs de la maison, les murmures en fond, les respirations saccadées. Elle sent son corps entier vivre, se réveiller face à cette réalité.
_Oui c'est arrivé et c'est difficile de l'admettre

Lentement, elle se lève pour aller près de la cheminée. Elle continue à le surveiller, ne le lâche pas des yeux. La fumée s'enclenche, elle sent la mort respirer dans ses poumons.

Je ne t'obligerai jamais à le faire. J'espère juste, même si cela représente l'impossible à tes yeux... Nous n'avons pas la même approche des histoires. Toi, tu te remplis d'une haine qui te consume, comme celle avec ton père par volonté de vengeance. Moi, j'ai appris à aimer mes bourreaux, pour ne pas me laisser ronger.

Peut-être que le gamin n'avait pas envie d'entendre ça, mais elle s'en fichait. Elle ne lui laissait pas trop le choix de toute manière, que d'avoir une telle discussion. Ils avaient besoin de parler, de dire les choses sur certains faits pour tisser les liens de cette famille. Parce qu'ils le veuillent ou non, ils n'étaient pas que d'eux. Et apprendre à partager, apprendre à pardonner devait être les premières leçons à comprendre.

Soudainement, alors que le silence venait de tomber. Une voix, un cri masculin, déchirant, venant des entrailles de la maison parvient jusqu'à leurs oreilles. Elle ne dit rien, elle savait ce que c'était, pourquoi ça l'était. La peur qui se jouait dans les yeux d'un être, le plaisir que ça devait être pour remettre les choses en ordre. Le sommeil ensuite.
_Les risques à prendre

On devrait l'interner,
Non jamais

Elle déglutit, une boule dans la gorge. Elle n'a rien d'autre à dire sur cette histoire, tellement elle paraît banale. Oui, ça en devient banal. La souffrance, la torture, les problèmes psychologiques. Une sorte de fantôme qui souffle dans les oreilles de tous les habitants de la terre. Certains en profite pour que ça les mette en avant, d'autres préfèrent oublier, et d'autres en abusent pour soigner leur propre douleur.
_La mode de la souffrance, qui en devient pathétique

Un verre ?

Histoire d'oublier

T'aimes pas la façon dont elle te regarde. Comme pour te surveiller. T'aimes pas qu'on te fixe de manière générale. Alors tu regardes ailleurs. Ses mots volent jusqu'à toi. Elle ne te forcera pas. Elle se contente d'espérer. Tu préfères ne rien ajouter. T'as pas envie de la blesser pour rien. Pas envie de lui faire perdre tout espoir. Elle le connaît depuis bien plus longtemps que toi. Tu n'es rien ni personne pour lui demander de choisir entre lui et toi. D'ailleurs ça n'aurait aucun sens. Ce n'est pas à elle que tu en veux. Sauf peut être pour t'avoir amené ici. T'aurais préféré que ce soit juste vous deux. Pour toujours. C'est déjà bien assez compliqué pour ça sans rajouter une soeur, un frère cinglé et trois neveux. Mais c'est ainsi. Tu dois t'y faire. Ou simplement tout ignorer. Tout lâcher. Faire comme si rien de tout cela n'a eu lieu.

Même si tu sais très bien que c'est impossible. T'aimes pas les mots qui suivent. Comme si elle t'avait déjà cerné. Mais elle a raison. Tu transformes ta colère en haine. T'es bouffé par l'envie et le besoin de te venger. T'en as marre d'être le seul à souffrir. Tu veux toujours leur faire payer. Rien que l'évocation de ton père te donne à nouveau envie de hurler. De te lever, d'aller t'occuper de James. Pourtant tu ne le fais pas. Parce qu'elle est là. Qu'elle surveille et que tu le sais. Elle dit qu'elle a appris à aimer ses bourreaux. C'est quelque chose que tu connais aussi. Mais l'idée te débecte. C'est déjà trop arrivé. Tu commences à voir ça comme une faiblesse supplémentaire. Et surtout...

- J'sais pas c'qui est le plus malsain.

Ton sarcastique. Bien plus que ce que tu ne pensais. Peut être qu'au fond tu lui en veux. De ne pas te laisser faire ce que tu veux. C'est comme si elle le protégeait lui davantage que toi. Mais le cri qui s'échappe des profondeur du chalet te glace le sang. Il faut croire qu'il est puni malgré tout. Tu n'es juste pas le bourreau. Maigre consolation. Tu n'y ressens aucun plaisir. Aucune joie. Il aurait fallu que ce soit toi. Tu prends ta tête dans tes mains, fermes les yeux un instant. Comme pour mieux assimiler la situation. Tu ne les rouvres qu'à sa question. Hochement de tête.

- Il en faudra plusieurs.

Pour tenter d'oublier. Ou simplement passer à autre chose. Tenir le coup. En attendant la fin des vacances avec impatience. T'es pas sûr de vouloir d'une famille finalement. Visiblement, ça apporte plus de problèmes qu'autre chose. Surtout quand ça porte le nom de Peverell.

Fin du RP

RP Unique
LA d'Alhena

Crevure grelottait. Les bouts de tissus qui couvraient son maigre corps ne le protégeaient pas suffisamment contre la brise glaciale nordique. La grêle heurtait sa peau avec violence tandis que le vent s'engouffrait sous ses vêtements, l'empêchant parfois d'avancer. Les bouts de ses doigts étaient presque bleus, il ne parvenait plus à les bouger correctement. Ils restaient là, inertes, agrippés au paquet qu'il devait livrer. Sa pénible avancée était ponctuée de jurons à l'égard de son maître. Il n'aurait jamais dû accepter cette mission, le sorcier se serait sans aucun doute débrouillé autrement. Et il aurait aussi dû prêter plus attention à l'adresse, ça lui aurait évité cette éprouvante marche.

Bientôt, à travers les sapins enneigés, l'elfe de maison vit la silhouette d'un chalet se dessiner. Ce n’était pas trop tôt. Il resserra sa prise autour de son fardeau et pressa le pas. Plus vite la livraison serait effectuée, plus vite il pourrait retourner se prélasser dans un coin du manoir.

Une fois parvenu à hauteur de la maisonnette, Crevure pesta une dernière fois dans son inexistante barbe puis épousseta sa tenue et toqua à la porte. Il patienta quelques petites minutes, puis une jeune femme à la chevelure sombre se présenta. La créature vérifia qu'il avait bien affaire à la dénommée Alhena Peverell puis reprit la parole.

- Mon Maitre m’a demandé de vous remettre ces paquets ainsi que cette carte.

L’elfe, qui ne souhaitait pas passer un instant de plus dans cette forêt hostile et glaciale, n’attendit pas de réponse et tendit aussitôt le morceau de parchemin à la sorcière. Sur celui-ci, quelques mots étaient inscrits d’une écriture soignée.

« Un paquet pour chacun de nos enfants.
Joyeux Noël ! »

L’indocile créature ne s’embêta pas à remettre en main propre lesdits paquets. Ces doigts étaient bien trop engourdis et la jeune femme, n’étant pas aveugle, les avait très bien vus. Trois balais, ça ne passait pas inaperçu. Elle n’aurait qu’à se baisser pour les ramasser.

Il fit un signe de tête à la jeune femme et disparut du paysage.

Note : Les balais en question sont des Étincelles Filantes.

RP 67

Un avenir plongé dans le noir

Les cendres s'estompaient dans l'air, comme un dangereux nuage qui étouffait l'atmosphère. Lentement, la belle faisait tourner son masque entre ses doigts. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne l'avait pas ressorti, trop peut-être. Était-ce d'ailleurs son erreur ?

Soupirant, elle restait là, assise dans son fauteuil avec un verre de vin. Le chalet était plongé dans le noir, et seules les silhouettes créées par le clair de lune dansaient dans l'obscurité. Il n'y avait pas de bruit hormis son inlassable respiration. Fermant les yeux, elle attendait le retour de son ancien maître. Peut-être l'était-il toujours un peu d'une certaine façon ? Il y a de cela quelque temps, à sa manière, Alhena avait mis fin à la carrière de 33 en un seul souffle. Il n'avait suffi que d'un unique long et acerbe silence.
Glissant une main dans ses cheveux, la brune prit une grande respiration afin d'être plus sereine. En réalité, elle était un peu inquiète. De par sa position au Ministère, mais surtout de son abandon soudain de l'ordre. Après de multiples doutes, Peverell avait préféré assurer la sécurité de ses enfants, plutôt que la poursuite de ses convictions ou de sa folie. Il était donc fort probable que 67 allait lui en vouloir, peut-être même qu'il serait en colère vis-à-vis de son choix.

Mais Alhena avait un moyen de lui redonner le sourire. Aujourd'hui la brune allait revenir de toute sa splendeur. Pas dans l'ordre, bien évidemment mais à visage découvert cette fois. Elle allait faire tomber petit à petit chacune des barrières qui l'éloignaient de son véritable but. Et certaines des actions qu'elle allait mettre en place pour sa guérilla personnelle, allaient parfaitement servir les projets de ses anciens collègues masqués.

Je ne défie pas la loi, mais la morale de ce monde

Écrasant sa tueuse préférée, elle se lève et époussète son pantalon de soi blanc. Le morceau de son passé est sur la table et brille de mille feux. Lentement, elle s'éloigne vers une commode où elle en sort un autre verre. Elle avait fait signe au seigneur des ténèbres afin d'avoir une discussion. Mais ça ne voulait pas dire que la rencontre ne pouvait pas être des plus confortables. Après tout, ils se connaissaient bien et parler affaires était toujours une chose un peu stressante. Autant en profiter pour boire quelque chose et apprécier le calme environnemental.
Ce n'est pas pour rien après tout, qu'elle avait choisi cet endroit en Norvège. C'était loin de tous les regards possibles, là où personne ne pouvait penser à les trouver. C'était parfait.

Le monde est sur le point de changer comme vous ne l'avez jamais vu auparavant... Et vous n'aurez aucun endroit où vous cacher après cela. Pauvres humains.

Un murmure, une phrase, un souvenir d'une personne qui berçait depuis longtemps ses pensées. Quelque chose qui lui arrachait un sourire pur et profond. Une phrase qui n'annonçait véritablement rien de bon pour personne.
C'était comme tenir dans le creux de sa paume, l'avenir d'une planète. Il ne suffirait que d'un souffle pour faire basculer chaque côté de cette balance si fragile.
Et il était enfin temps de le faire.

Renouer avec les âmes du passé, s'assurer d'en enrôler des nouvelles mais aussi de la fidélité des anciennes. Bientôt la mobilisation serait lancée mais il était important de s'assurer que tous répondraient à l'appel.

Retrouver celles et ceux qui m'avaient servi n'était pas toujours une tâche aisée. Mais je pouvais compter sur la petite créature aux yeux globuleux pour passer les défenses mises en place autour des demeures même les plus secrètes. La Magie des elfes de maison était toujours méconnue mais bien pratique. Il fallait autant en profiter que s'en méfier.

Ce fut donc en transplanage d'escorte que je me rendis chez Alhena. La jeune femme en qui j'avais placé beaucoup d'espoir lorsqu'elle rejoignit les rangs des Ténèbres, quelle ne fût pas déception lorsque je pris connaissance de son départ.

Mais elle œuvrait toujours, peut-être qu'ainsi, visage connu de tous, était-ce la manière qui lui convenait le mieux. Mais il était important qu'elle n'oublie pas à qui elle avait juré fidélité.

Baguette sortie, se défendre au cas où, une intrusion lorsque l'on a sa vie n'est pas à exclure et il s'agit rarement d'amis en général. Brutus suivant mes pas d'assez prêt, je m'arrêtai devant la porte et frappa deux coups secs.

Lorsque la fin d'un chapitre d'une vie arrive, on redoute toujours ce qui peut se produire ensuite. On se demande ce qui va se passer. On a peur de l'inconnu. On est en proie aux questionnements les plus irrationnels. Ce n'est jamais facile d'aborder le futur en étant pleinement confiant, même si on est entouré, même si le chemin tracé est en très bonne main. Il peut toujours y avoir une épingle au milieu du parcours. Rien n'est prédit d'avance, et c'est là qu'Alhena n'est pas sereine.
Changer tout un monde, faire passer de nouvelles lois, anéantir les secrets en créant des nouveaux. S'appuyer sur la bêtise humaine pour la faire évoluer. Il était temps de sacrifier les plus démunis de bonne nature, pour faire un monde meilleur. La sélection naturelle, pas si naturelle que ça au final. C'était décider de l'avenir de plusieurs personnes, simplement parce qu'il le fallait. Par nécessité pour une science inexacte qu'est la vie.

La brune s'avance et ouvre la porte. Elle fait face à 67, homme, ami, seigneur, maître ? Elle ne sait plus trop comment elle doit le considérer. Elle a juré allégeance, mais ce n'est pas pour autant qu'elle fera tout pour lui. Il fallait qu'elle soit maître de ses propres pensées, ses propres actes. La seule chose qu'elle pourra lui dire, c'est qu'elle ne trahira pas.
Il avait fallu faire des choix. Prendre la meilleure décision pour faire avancer les autres, ses proches et elle-même. Il valait mieux mettre de côté de vieilles blessures et se concentrer sur ce qui fallait. Là où Peverell était désormais, était pour le mieux. Les Mangemorts allaient comprendre qu'elle ne faisait pas ça que pour elle-même.

Bonsoir

Elle s'efface pour le laisser rentrer. Elle s'enfonce ensuite dans la pièce, qui n'est pas très éclairée. Ses mains prennent le temps de faire un chignon avec ses cheveux. Elle reste la même, un peur désordonnée derrière des apparences rigides, presque glacée. Il y a un côté maladroit, parce qu'elle ne cherche pas toujours à être distante. C'est simplement dans sa nature, parce qu'elle a du mal à comprendre comment on doit se comporter avec les gens qu'elle apprécie.

Est-ce que tu désires boire ou manger quelque chose ? Je sais qu'on n'est pas là pour ça, mais je n'en oublie pas les bonnes manières pour autant. Surtout que peut-être, ton voyage n'a pas été des plus simples.

Et sur une gorgée, elle s'assoit.