Elle m'offre son premier sourire et me donne quelques éléments dont, comme elle semble s'en douter, j'ai déjà connaissance. Elle décrasse son gobelet de la moitié de son contenu et attends patiemment que je reprenne la parole. Réticente à parler de sa vie privée peut-être ? Après tout elle ne me connait pas alors pourquoi se livrerait-elle sans détour ? Toutefois une question me taraude. « C'est un choix ... particulier que de partir grossir les rangs de l'armée moldu. Une expérience humaine enrichissante, je n'en doute pas, mais pourquoi avoir fait ce choix ? » Même parmi les fervent défenseurs du monde moldu, je n'en connais aucun qui a fait le choix volontaire de s'engager dans l'armée ou dans tout autre corps de métier aussi prenant que celui-là.

J'écoute attentivement sa réponse avant de l'analyser et de rapprocher ses propos et la petite scène que nous avons partagé dans la salle d'entrainement. Si cette expérience lui a apporté beaucoup en terme d'endurance, de force brute et de respect de la hiérarchie, cette dernière est un peu trop ... poussée à mon goût. Je ne veux pas d'un robot qui exécute les ordres sans réfléchir, je ne veux pas d'un agent qui applique la loi à la lettre sans adapter cette dernière à la situation. Un juge vous dirait que l'interpréter c'est la corrompre, le sage lui rétorquerait que les lois n'ont de force que lorsqu'elles sont appuyées sur la morale. Voilà pourquoi ce test, cette façon de l'éprouver, était à mon sens utile et révélatrice.

« Revenons à cette petite séance auto-guidée. Lorsque j'ai vu ton dossier arriver et que j'ai lu entre deux lignes que tu avais intégré les forces régulières, je me suis naturellement douté de la notion que tu devais te faire de l'autorité et de la hiérarchie. Dans l'armée, on demande aux soldats d'agir en fonction des ordres, d'agir sans remettre en question les ordres et d'appliquer les ordres quels qu'ils soient. Ici c'est différent. » Je reprends une gorgée de cette infâme mixture avant de reprendre calmement. « Que les choses soient claires, je ne t'encourage à pas désobéir ou à remettre en doute chacun des ordres qui te seront donnés. Je veux simplement que tu prennes le temps de considérer chaque chose, d'agir en ton âme et conscience pour que tu puisses toujours t'observer dans un miroir et clamer haut et fort que tu as agit avec justesse et bienveillance. Tu comprends ? »

J'avais besoin d'être encadrée. J'avais besoin qu'on m'indique ce qu'il y avait à faire et ce n'était pas un choix en pleine conscience. Un besoin de cadre, de repère, voilà qui pourrait lui poser problème pour la question suivante. Un choix en pleine conscience hein ? Avait-elle était placée dans l'armée par ses parents ou par un proche ? Avait-elle rejoint l'armée alors qu'elle n'était pas en pleine possession de ses capacités de réflexion ? En réalité peut importe, ce qui m’intéresse maintenant c'est de savoir si C'est une expérience que tu regrettes ? Un choix que l'on ne prends pas peut tout de même nous être profitable, alors comment avait-elle vécu ce passage dans les troupes régulières ?

Elle termine son gobelet lorsque je lui demande de toujours remettre en cause les ordres qui lui sont donnés. Elle semble absorbée par ses réflexions et je lui laisse le temps de formuler ses pensées. J'avale en deux lampées le reste de l'infect breuvage avant de joindre les mains sur la table en attendant son argumentaire. Je comprends. Éviter l'action qui ne semble pas faire majoritairement du juste. Éviter les actes mauvais. Mais un ordre venant de vous n'est-il pas toujours justifié ? et par extension juste ? Retour de bâton et question dans ta face ! Je lui adresse un sourire et avance mes arguments.

Oui et non ... même si m'efforce d'être juste, je reste un être humain soumis à l'erreur comme n'importe quel autre. C'est pour cette raison que je t'invite à venir discuter si toutefois l'un de mes ordres te semble injuste ou illogique. Même si la loi fait foi, je reste ouverts aux argumentaires et n'ai pas pour habitude de rester sur mes positions si les arguments avancées me paraissent justes et justifiés. ça, et puis dans notre boulot il faut apprendre à se méfier de l'autre. Si demain je venais à être soumis à l'Impero ou si quelqu'un venait à prendre mon apparence, l'instruction aujourd'hui donnée fait foi et pourrait mener mes hommes à la vérité.

Une aventure, une expérience, qui l'a poussé jusque dans nos bureaux. Les hasards sont sources de bien des carrières auxquelles nous n'aurions pas forcement pensé. Je ne pousse pas plus loin mon question là-dessus pour le moment, elle semble elle aussi avoir des questions et c'est bien normal. Débarquer dans un service déjà en place n'est pas chose aisée. Alors je vais m'essayer à lui faire un petit résumé de comment l'on fonctionne et des règles qui régissent nos actes au sein du bureau.

Bien que nous soyons amenés à travailler tous ensemble, nous ne serons que très rarement réunis en groupe complet. Le bureau des Aurors compte aujourd'hui 33 membres titulaires et 2 membres en formation. Les membres du bureau forment des escadrons de huit membres chacun. Nous avons donc quatre escadrons complets et un escadrons en formation à ce jour. Toi, comme Arty, faites partis de l'escadron Alpha : le miens. Nous travaillerons donc en trinôme jusqu'à ce que de nouvelles recrues viennent grossir nos rangs. C'est simple en pratique, mais bien compliqué à décrire à l'orale je vous assure ! Au sein de chaque escadron tu trouveras un chef d'escadron qui mène ses troupes selon les ordres qui lui sont donnés. Les membres d'un même escadrons se réunissent chaque jour afin de faire le point et les chef d'escadrons se réunissent entre eux une fois semaine pour obtenir de nouveaux ordres en fonction de l'avancement des dossiers.

Tu me suit jusque là ?J'suis pas sûr que tout soit clair, mais il faut que ce principe soit compris ... c'est la base de l'organisation de notre bureau. Les membres d'un escadron ne s'occupent jamais des dossiers attribués à un autre escadron. Ils transmettent les informations qu'ils pourraient avoir, mais ça en reste là. Les informations sont toujours transmises de façon verbales, pas de papier, pas de matériel, que du destructible. De vive voix dans l'idéal ou un patronus si c'est une urgence ... pas question que nos informations puissent être interceptées. Compris ?

Elle acquiesce calmement tandis que son regard se perds dans la salle revenant sur moi de temps en temps. Elle semble sûre d'elle et c'est un point qui est bien ressortir lors de la petite mise en scène effectuée avec Arty. Elle semble droite et intègre et assimile visiblement les choses de manière tout à fait naturelle. Je suis sûr qu'avec un peu de terrain et d'entrainement elle fera un excellent élément. Elle pourrait même avoir une influence positive sur le gamin si son caractère est bien tel que je l'imagine.

Y a-t-il des locaux pour passer la nuit ? Juste au cas où, s'il y a besoin s'il y a embrouilles... Sourcils doucement froncés, je ne saisit pas bien la question, est-ce qu'elle parle de problèmes d'ordre professionnels ou personnels ? Quoi qu'il en  soit la réponse est la même, quelque soit le motif : Nous avons quelques planques à droite à gauche qui nous servent essentiellement à des fins de surveillance. Elles nous servent également en cas de mission longues auquel cas l'agent reste sur place et peuvent éventuellement être mis à disposition en cas de problème plus ... spécifique à l'agent. Auquel cas il suffit de venir m'en faire part et nous trouvons un local libre pour quelques jours.

Tous nos logements sont équipés et rattachés directement au bureau des aurors aussi je sais n'avoir de comptes à rendre à personne quant à leur utilisation. J'attends patiemment qu'elle réagisse, laissant cette petite ouverture afin qu'elle puisse se confier si elle en ressent l'envie ou le besoin...