Le Blaireau se sentait presque de sourire. Mais seul un rictus dégoûté parvint à modifier un peu la structure de son visage. Il était déçu de ne pas pouvoir observer le visage de son interlocuteur, même s'il se doutait que dans tous les cas il n'aurait pas pu, les Mangemorts ne sortaient que rarement à visage découvert. Mais un geste de la part de l'autre, un mouvement de recul, aurait juste suffit à sa satisfaction. L'autoritaire reprit la parole. Morgan avait l'impression d'être traité comme un objet. Un simple légume qu'il fallait évider de ses graines.

Une sensation de bien-être s'insinua en lui. Il se sentait mieux. Son visage était apaisé malgré la cicatrice qui allait maintenant lui couronner la joue pour de longues années. Enfin, s'il survivait à cette soirée. Des mains le touchaient. L'ancien Jaune et noir était totalement impuissant. Amorphe, il ne réagit pas. Il se laissait faire, comme un enfant qu'on déshabillait pour aller le mettre au bain. Il ne voyait rien, il ne sentait plus que l'odeur immonde des fleurs, son ouïe ne lui était d'aucune utilisé à part entendre les questions de son ravisseur. Ca devait d'ailleurs être le seul à être ravi, mais passons. Alors il resta là. Sans piper mot. Ca aurait pu être agréable, le Phénix était quelqu'un de tactile. Mais dans l'état actuel des choses, le mot agréable était loin d'être le bon. Un nouveau souffle de vie l'empli par surprise. Ainsi les Mangemorts voulaient le soigner pour mieux le torturer. C'était cruel. Mais bon, ils n'étaient pas connus pour faire dans la dentelle.

Le contenu de sa baguette fut dévoiler et Morgan eut un pincement au coeur. Une larme de phénix était dans sa baguette. Le seul côté positif c'est que les Masqués ne pourraient jamais l'utiliser pour soigner totalement le captif et le tourmenter ensuite. Il entendait sans vraiment écouter, parce qu'au final, il savait déjà ce qui allait se passer et ce qu'on attendait de lui. Pour autant, il ne comptait pas se laisser faire. Il était torse nu, mais il ne ressentait pas le froid. En fait, il ne ressentait pas grand chose. Enfin si. Un truc vraiment froid et pointu qui le brûla. Un cri de surprise s'échappa de sa gorge avant de se muer en douleur. C'était douloureux, mais supportable. Enfin presque. Il ne savait pas ce que l'autre lui faisait, mais il avait l'air de s'appliquer. Même lorsque ce qui semblait être une lame fut enfin enlevée de sa poitrine, une douleur languissante l'élançait tandis qu'un liquide chaud dégoulinait. Il avait les larmes aux yeux et se mordait les lèvres. Rien ne sortirait de sa bouche si ce n'est des cris. Peut-être que quelqu'un aux alentours finirait par l'entendre ?

Et tandis qu'il souffrait en silence, ses larmes et son souffle furent balayés par quelque chose de froide qui percuta son visage. Surpris, il ouvrit la bouche mais le liquide, parce que c'était liquide, entra à l'intérieur et Morgan manqua de s'étouffer. Il ne respirait plus, mais au moins le froid apaisa la brûlure de son visage et lava le sang qui dégoulinait sur sa poitrine. S'il survivait à ça, il aurait sûrement un bon gros rhume après. Mais c'était le cadet de ses soucis. Ses poumons criaient à l'aide, des milliers d'aiguilles venaient s'y loger tandis que le captif était incapable de reprendre son souffle sans se noyer. Il détourna le visage, cherchant de l'air à tout prix. L'autre semblait avoir compris et stoppa son jet. Le liquide dégoulinait toujours sur son visage et le lycanthrope s'ébroua pour en retirer un peu. Enfin, il fit un vague "non" tandis qu'il respirait comme un bœuf. Il ne voyait toujours rien à cause de bandeau qu'il avait sur les yeux, mais il devait sûrement être un spectacle pitoyable : du sang, un liquide inconnu qui dégoulinait de partout sur lui, le visage brûlé, simplement vêtu d'un pantalon. Enfin, il espérait. La position dans laquelle il se trouvait empêchait l'irrigation correcte de ses jambes et il ne sentait pas grand chose à part des fourmis. Qu'avait-il à répondre à son agresseur ? D'aller se faire f**tre ? C'était violent et ce qu'il pensait, mais pas de son style.

Pourquoi ne pas plutôt se murer dans le silence ? Qu'est-ce qui pourrait être pire après tout ? S'il l'envoyait paître ça serait pire. Il pouvait tout aussi bien se couper la langue pour ne pas avoir à répondre. Mais l'ancien Jaune et Noir n'aurait jamais le courage nécessaire de ce la mordre jusqu'à que le muscle cède. C'était peut-être gentil comme torture pour le moment. Il pouvait tout aussi bien en profiter pour balancer quelque truc, peut-être que l'autre serait plus clément ? Et puis quoi encore ! Il était Phénix bordel, on l'avait choisit parce qu'on lui faisait confiance, Morgan n'allait pas dénoncer sa famille comme ça. Si son ravisseur désire vraiment avoir des noms, il n'a qu'à aller les chercher ailleurs, le lycanthrope ne dirait rien. Pour le moment.

En fait, il se contenta juste de cracher devant lui le surplus d'eau avant de s'écrouler sur le côté avant de reprendre une respiration bruyante et saccadée. Le choc raviva la douleur qu'il avait sur la poitrine. Il était toujours conscient, mais ses jambes ne supportait plus la position. Au moins maintenant son sang circulait à nouveau. Il n'était plus assis mais allongé sur le côté, attendait que le supplice continu. On pouvait lui couper les ailes, mais jamais sa flamme ne s'éteindrait. C'était un Phénix, et il allait prouver qu'il était digne d'être dans leur rang, quoi qu'il en coûte.

La respiration du Blaireau commença à devenir irrégulière. Ses yeux se mirent à regarder de gauche à droite, paniqués, tandis que son cœur s'emballait. Il cherchait un visage connu, quelqu'un qui pourrait l'aider. Mais rien ne vint, aussi la panique arriva bien plus vite. Tout se mettait à tourner dans sa tête. Il avait un ballon dans la gorge et c'était comme si des milliers de fourmis commençaient à le dévorer de toute part. Il se mit à crier. Des larmes coulaient le long de ses joues et se mélangeaient aux gouttes d'eau qui s'y trouvaient encore. Il cherchait à défaire ses liens en se tordant dans tous les sens, mais cela ne faisait que frotter contre sa peau, lui brûlant les poignets avant de les entailler légèrement. La douleur était désagréable et se rajoutait à son état de panique. Ses hurlements étaient rauques et disgracieux, irréguliers.

Pour sûr que le spectacle était pitoyable. Et pourtant rien ne calmait le blaireau, il paniquait de plus en plus, cherchant désespérément une issue pour survivre à ce chaos psychologique. Il chercha alors un souvenir, un quelque chose de rassurant. Il se remémora alors là d'où il venait, des volcans de Clermont-Ferrand, du Château de Beauxbâtons, les balades au pied de la Cathédrale Notre-Dame de l'Assomption...

-En France... Nous sommes.. En France... Articula-t-il entre deux sanglots. Ou peut-être en Suisse... Tout se bousculait dans sa tête tandis que les fourmis continuaient de le grignoter de l'intérieur. Manerium flammae aeternales... souffla-t-il les dents serrés tandis qu'une vision du manoir brûlant se propageait dans son esprit affaibli. Il entendait les cris de détresse et de douleur. Il sentait l'odeur fétide de la chair carbonisée et de la cendre. Il ressentait l'infâme chaleur du feu de joie se répandre sur sa peau. Il roula un peu plus par terre, enfonçant sa tête dans ses épaules, les yeux fermés pour chasser ces images horribles de sa tête. Il ne savait plus où il était, ce qu'il devait faire, ce qui lui était arrivé. Le captif ne ressentait plus que la douleur des différentes tortures, la tristesse du répit avant sa mort prochaine...

N’être pour l’instant qu’un passif observateur : l’information a été transmise, comprise, serré en le sein des connaissances et des promesses hâtives. Quelque chose se cache, quelque chose se trame. Mais la jeunesse et la nouveauté du matricule seraient bien incapable de dire quoi, de dire comment. 9&1 sont là, dans leur prestance de Guignol. Le Maître est horrifiant de splendeur, dans le découpage de la chair. Minutieux, attentif, et son cœur bat au rythme des essoufflements du captif. Son corps sous tension est fébrile d’une envie… D’un désir, provoqué par ce voyeurisme participatif. Un désir de voir s’écouler un liquide en abondance, un liquide corporel. Quelque chose qui relevait de l’intime le plus bouillonnant, de plus frémissant, de plus vital et essentiel afin que la vie soit… Quelque chose de contraint, enfermé dans une enveloppe…
Il y avait dans l’air quelque chose relevant de l’excitation. Peut-être l’envie de faire ses preuves ? C’était la faute à 9&1 ça. D’ailleurs, pourquoi sont-ils aussi statiques ? Les connaître plus enthousiaste. Sous l’argile, les sourcils se tricotent. Une affaire qui sent… Le sapin. Oui, comme la baguette en « H », délaissé.

Le Maître se retire, questionne, profère et injecte dans l’esprit, une torture bien plus insidieuse. Quelque chose de contraignant, de terrifiant, qui faisait toujours frémir ses particules quand les souvenirs d’un traitement similaire revenaient en tête.
Peut-être qu’ainsi, le roi fondu aurait la décence de réagir.

Et c’est ce qu’il fit, ne lea décevant nullement. Sa réponse bien que succincte et difficilement compréhensible à cause de son articulation en hurlements restaient néanmoins compréhensible. « Manerium flammae aeternales » ? C’était quoi ce nom prétentieux pour une baraque ? Ils pouvaient pas faire dans la simplicité non ? C’était bien les phénix ça : à se donner des grands airs de « moi je brûle et je guéris, je suis bon, je suis la lumière », et de n’être pas mieux fagotés que ce qu’ils dénoncent.
Restait qu’un petit voyage en France devrait s’imposer… Ou en Suisse. Pourquoi n’était-il pas plus précis ?

Les sourcils sont froncés, et dans l’air, quelque chose qui échappe à ses perceptions. Dommage qu’il n’y ait pas la possibilité de faire du veritaserum : il faudrait pour cela attendre la prochaine lunaison, le cycle étant déjà passé. Pis ce matricule doutait qu’ils en aient dans leurs réserves… Aaah… Décidément, ne pas être préparé à ce genre de situation.
Frustration.

S’avancer alors, de cette haute stature, grave et austère, caractéristique de sa personne masquée d’argile. S’avancer et, d’un coup de pied, frapper le visage directement du prisonnier, histoire de lui donner un coup de fouet. S’accroupir, enfin, lui tenant les cheveux : « - Sois plus précis. Presque des sifflements en litanie. Manerium flammae aeternales, manerium flammae aeternales, manerium flammae aeternales… Comment y accéder ? Qui garde l’endroit ? »

Regard à 9&1 sur le côté, presque comme un défi voilé.
C’était à celui qui en tirerait le plus, de cet ennemi qui, décidemment, ne voulait pas vaciller.

Morgan cracha une giclée de sang après qu'un pied eut percuté son visage. Cela le sortit légèrement de sa torpeur mais il se sentait encore pétrifié de stupeur. Ses mâchoires serrées... Il en avait trop dit. Mais ce n'était pas volontaire. Il avait juste décrit ce qu'il avait vu. Enfin, ce qu'il pensait avoir vu. Il n'était jamais allé là bas, il connaissait juste le manoir. Des questions, toujours des questions, encore des questions, qui trottaient en attente de réponses.

-'Sais pas. Jamais allé. Articula-t-il entre deux sanglots. Un gigolo lui faisait des trucs bizarres mais le lycanthrope ne sentait rien. Son corps n'était que tout leur, il n'était pas une seule de ces cellules qui ne hurlaient pas à l'apoptose. Ses membres le brûlaient, son visage aussi. Ses muscles étaient endoloris à force de rester dans une position aussi peu confortables. L'autre s'en alla. De toute façon, le sorcier ne réussirait jamais à s'enfuir. Ses liens étaient trop solides, son corps trop faible, ses ennemis trop fort. Il allait mourir, il en était certain. C'étaient ses deniers instants sur Terre et il ne pouvait même pas les passer avec ceux qu'il aimait. Même Gabriel, dans l'haut delà ne voudrait sûrement pas l'accueillir maintenant que Morgan était maudit. A quoi bon lutter ? Ca ne faisait que le fatiguer un peu plus. Il était déjà assez las de ce qu'il vivait actuellement. Autant se laisser emporter. Au moins, il n'aurait plus mal. Il n'allait pas s'en sortir de toute façon. Ses yeux se rivèrent vers son portefeuille, fixant la dernière petite trace de bonheur qui avait pu l'habiter. Et encore. La photo de son frère ne fit que lui rappeler que celui-ci était mort, tué par les mêmes personnes qui allaient le tuer.

-Gabriel... Murmura-t-il dans un soupir de tristesse. C'était seulement son deuxième prénom et peu de gens l'appelaient comme ça. Il s'appelait en réalité Noa Delaube, mais le Blaireau avait toujours trouvé que Gabriel lui allait mieux. Plus il se ressassait son frère, plus il se dit qu'il n'arriverait pas à mourir l'esprit tranquille ; son fardeau lupin représentant un trop gros obstacle avec celui qui partageait le même sang. Le captif en était sûr : il allait finir en fantôme. Pas de repos éternelle pour lui, juste une non-mort qui le forcerait à rester bloqué dans un lieu pour l'éternité.

Un reste de terreur le reprit soudain, le faisant hurler de surprise. Il vit des élèves de Poudlard courir de partout. Poudlard se faisait attaqué. Un élève semblait bloqué et il s'approchait. Il se voyait s'approcher et lui dire :
-Artemis O'Toole. L'Ordre te surveille. Viens, sois mon alliée.
C'était stupide, jamais le Jaune et Noir ne dirait ça. Il délirait et il s'en rendait compte, c'était ça le pire. La douleur vous faisait faire des choses... Un haut-le-coeur le ramena à la réalité. Il vomit une nouvelle fois, exposant en spectacle la production de son foie à tous. Il sentait encore l'odeur de la bile qui venait de sortir de sa bouche. Pour combien de temps en était-il encore capable ?

Qu'avait-il fait ? Pourquoi n'avait-il pas le courage de se mordre la langue jusqu'à la couper pour ne plus avoir à parler ? Morgan s'était rendu compte de son erreur trop tard. Entre le pauvre Artemis, cet élève de Poudlard dont il ne savait rien hormis son âge et son allégeance, et son frère qui était maintenant sur le tapis. Surtout que Gabriel semblait étrangement les intéresser. Après tous, ils avaient tellement fait de mal qu'ils ne devaient certainement pas se souvenir de toutes les personnes qu'ils ont agressés. Un rictus mauvais apparut sur ce qu'il restait de normal sur son visage, c'est à dire pas grand chose. Le souvenir de son défunt frère était loin d'être plaisant, surtout dans cette situation. Un élan d'adrénaline -encore un ?- lui permit d'articuler :

-Tu veux savoir qui est Gabriel ? Demande à ta pouffe de collègue qui l'a attaqué alors qu'il était sans défense. Le Blaireau se surprit lui-même dans la haine avec laquelle il avait balancé cette phrase. Son souffle commençait enfin à se calmer. Mais ses blessures étaient toujours là, et risquaient de ne plus jamais le quitter. Le visage de son frère apparut une nouvelle fois dans son esprit. Il le vit clairement, doux et souriant, arborant fièrement les armoiries de Gryffondor. C'était pour lui signe d'un renouveau, d'une nouvelle vie. Ils étaient allés à Poudlard car son frère avait eu des problèmes d'harcèlement à Beauxbâtons. Et pour Gabriel, cela avait été une libération. Morgan n'avait jamais vu son frère aussi heureux et épanoui qu'à Poudlard. Le cadet Delaube avait même réussi à trouver une petite amie, Jasmine Vagneur. Mais un jour il avait été retrouvé ensanglanté au milieu d'une ruelle de l'allée des embrumes, attaquée par une Mangemort. Elle n'avait pas caché son allégeance et Gabriel avait clairement pu indiquer que l'attaquer venait du groupuscule. Enfin, lorsqu'il fut guérit. Il était resté trois jours à Sainte-Mangouste, le temps de refermer toutes les plaies et qu'il retrouve assez d'énergie pour pouvoir se lever. Et quelques années plus tard, c'était mort qu'il avait été trouvé. L'ancien Jaune et Noir soupçonnait fortement les masqués d'avoir fait ça. Mais il n'avait aucune preuve, hormis que c'était de la magie noire qui avait tué son frère.

Et tandis qu'il revoyait le cadavre de son frère, une panique le prit aux tripes tandis que le macchabé se relevait d'entre les morts. Morgan hurla. Il connaissait par coeur son épouvantard, c'était La Chose ; un inférius, représentant la mort. Alors voir son frère en tant que mort-vivant était la pire des terreurs qu'on pouvait lui affliger. Son esprit quittait peu à peu son esprit tandis qu'il continuait de hurler à la mort. Ses cordes vocales étaient sur le point de rompre, tout comme son esprit qui allait bientôt lâcher. Il ne sentait plus aucuns membres de son corps. Et d'un coup tout bascula. La peur avait tellement abaissé la barrière mentale que le captif avait mit longtemps à forger, que La Bête pu s'échapper et prendre la lumière. Alors le cri devint hurlement lupin, et l'absence devint douleur. Ses membres se brisèrent, son regard passa de la détresse à la détermination. Autant Morgan pouvait parfois manquer de courage, autant La Bête, elle, ne reculait devant rien. Ses jambes s'allongèrent et prirent une courbure lupine. Son torse s'épaissit, déchirant habits et liens tandis qu'un duvet de poils brun commença à le recouvrir de la tête aux pieds. Sa bouche s'allongea et s'ouvrit pour laisser dépasser des crocs à faire pâlir des couteaux de boucher. Ses ongles devinrent des griffes qui laissèrent des traces sur le sol.

Le lycanthrope roula sur le côté et se releva d'un bond, faisant face à la cohorte de sorciers, crocs et griffes en avant. Il les menaça d'un regard tandis que des grognements alarmant s'échappait de sa gorge. La Bête était lâchée, et Morgan était incapable de la maîtriser, pour le meilleur comme pour le pire.

Informations qui se bousculent dans la cervelle d’ombre de sa jeunesse masquée. N’avoir que bien peu d’années, comparé aux deux autres. Etre moins expériment.é. Avoir, certes, la fougue et la fébrilité, la loyauté et le sens du devoir moral. Quelque chose de kantien sous la pulpe. Quelque chose qui n’a rien d’instinctif. Avoir en tête un nom de baraque, ne pas trop savoir où elle pourrait se trouver géographiquement parlant, un Gabriel inconnu sur la photo… Oui, la photo aiderait… L’autre en face, au visage inconnu… Sa baguette… 91, faudra regarder le registre… S’ils regardent le registre, s’ils en ont la possibilité… Potion vive-loup, faudra faire un tour du côté des recensements mais vu qu’il joue avec l’illégalité, pas certain que le grand brûlé sois pro-Ministère. Qui pouvait encore être pro-Ministère de toute façon, mis à part les Horreurs ? Et puis, Artemis O’Toole, sympathisant… Intéressant, temps de se pencher du côté des recrutements, approfondir plus certainement…

Les douleurs mentales vont bon train, son souffle s’est apaisé, le cœur ne bat plus à un rythme effréné. Simplement une tension normale, habituelle.

Mais pas le cas… Pas le cas pour l’autre…
Trop de pression, de retranchement derrière des barrières mentales qui petit à petit finissent par céder avec violence. Barrage qui ne peut plus contenir le déferlement d’une vague de colère, de haine, envers qui, quoi ? Eux, très certainement. Responsables. Ah. Gabriel, mort, tué par des anciens de l’Ordre ? Susceptibilité. Pas son problème. Jamais. Mais maintenant si. La peau se déchire, se disloque, se distend. Il y a quelque chose qui tient de l’animalité, de la perte d’humanité. Un râle guttural, un recul vivace de son côté. La peur qui afflue dans les veines et la sueur froide qui coule entre la conscience et les vêtements. Des signaux d’alerte se mettent à papillonner sous des odeurs de néons rouges devant ses yeux.
Yeux exorbités, recul, encore, prendre le bras du Maître, le presser, fort. Danger.

« - Il faut partir ! »

Pas de rationnel. Peur aux tripes. La fuite a toujours été une solution de son côté, mais, être tiraillé par le sens du devoir et du sacrifice pour le Maître. Mais partir, il faut, maintenant. La Bête va attaquer, et ne pas être en mesure d’y résister.

La fureur qui s'emparait du Loup-Garou finit par se tasser. Il était seul, dans cette forêt qu'il avait rendu déchiqueté en griffant les arbres et réduisant en bouilli les rares animaux qui s'étaient dressé sur son chemin. La bête sentait que Morgan reprenait la lumière, et il poussa un hurlement lupin qui devint douloureux lorsqu'un craquement retentit, suivit d'un autre. Ses os se brisaient une nouvelle fois. Il ouvrit deux grands yeux révulsés et s'écroula en convulsant. Ses griffes lacéraient le sol, reprenant peu à peu l'aspect de main, et ses ongles finirent de rayer des roches sur le sol en y lassant des traces sanglantes. Morgan haletait, à demi-conscient de ce qui lui arrivait. La Bête avait fait son travail, et l'avait sauvé d'une mort certaine. C'était bien la première fois qu'il était heureux de sa malédiction. Que se serait-il passé s'il n'avait pas été un lycanthrope ou qu'une transformation inattendue ne s'était pas produit ? Il serait sans doute mort. Il aurait souffert bien au delà de ce qu'il avait déjà subit.

Il devait une fière chandelle à la Bête. Lui qui la portait, qui faisait tout pour la contrôler, la mettre en cage. Mais il est des poids qu'on ne peut pas toujours porter. Les barreaux s'étaient effondré, libérant un fléau qu'un corps humain ne peut pas supporter. Et le Blaireau en payant maintenant le prix. Son cœur en tachycardie ne voulait se reposer, son cerveau à l'inverse se la coulait douce. Ses muscles le brûlaient comme les feux des Enfers. Tantale à côté pouvait toujours courir après son festin, alors que l'ancien Jaune et Noir n'avait presque plus la force de bouger les lèvres. Le contact du sol enneigé, froid, était la seule sensation agréable qu'il avait. Ses yeux étaient clos mais lui faisait un mal de chien, comme si quelqu'un les poussait par derrière pour les faire sortir de leurs orbites. Ce n'était plus qu'un amas de chair douloureuse qui bougeait au rythme de sa respiration saccadée. Chaque souffle était comme mille aiguilles chauffées à blanc qu'on lui enfonçait dans les poumons.

Alors il se laissa sombrer. C'était la faiblesse humaine : dès que c'est trop, on s'échappe, on abandonne, trop facilement. C'était plus simple, beaucoup plus simple, de tout oublier et laisser tomber plutôt que de se battre sans relâche contre un ennemi trop fort. Morgan était humain après tout. Il ne pouvait se soustraire aux lois de l'univers. Dans un dernier souffle, un dernier éclair de conscience, un nom traversa ses lèvres :

-Percevaaaal... Lâcha-t-il dans un souffle tandis que son corps se détendait, révélant de nouvelles zones douloureuses dont le Blaireau ne connaissait même pas l'existence jusqu'à maintenant. Tout devient noir.


_____


Perceval était occupé à ses tâches ménagères. Il pensait à son amant, son Mollard, qui vivait l'étage en dessous. Sa promesse de mariage était toujours de mise, et il avait hâte que ce jour arrive et que son maître lui accorde sa bénédiction. Il avait déjà tout prévu ! Il porterait son habituel habit, surmonté d'une longue traîne prêtée par son maître. Mollard lui, aurait le droit à un noeud papillon. Qu'est-ce qu'il était séduisant, dans son esprit ! Percy essuya une assiette avant de la déposer là où elles sont rangées. Il était déjà tôt ce matin, environ 7h. Perceval aimait bien quand tout était en ordre, et ceux dès le début de la journée de son maître. Il n'était pas rentré cette nuit. Peut-être avait-il fini dans le lit de quelqu'un ou qu'il était allé à sa ferme ? C'était un endroit agréable, plus que le taudis que représentait le Rainbow Troublemakers, avec son désordre ambiant et ses portes qui ne s'ouvrent pas totalement. L'elfe n'aimait pas trop cet endroit. Pour lui, si on ouvre un dictionnaire et qu'on va à la définition de "Insalubre", il y avait forcément une photo du duplex. Mais bon, son maître s'y plaisait. Perceval beaucoup moins, surtout depuis que l'ami du Maître, Bébénezer, avait décidé de le capturer. Heureusement, l'elfe de maison était beaucoup plus malin que lui et évitait aisément ses pièges, surtout que la plupart était désamorcé par Maître Morgan. Maître Morgan qui ne revenait toujours pas. Pourtant il ne travaillait pas aujourd'hui. Etait-il encore avec miss.ter Keats ? Est-ce que Perceval avait le droit, en l'absence de Morgan, de rendre visite à Mollard ? Oh ça serait tellement bien ! Mais pour ça, il allait devoir se dépêcher de finir son ménage. Vite il attrapa le balai et se mit à dépoussiérer le sol.

Il s'arrêta net face à la table basse dont les restes de nourritures qui y trônaient étaient si anciens que même les mouches n'en voulaient pas. Percy aurait presque râlé que son maître allait lui faire prendre du retard sur son ménage, mais quelque chose le stoppa. Un instinct, une petite voix le somma. Une voix faible, presque mourante... Celle de son maître. Il lâcha son balai et transplana sans se poser de questions. Il découvrit un lieu totalement inconnu. Il n'était sûrement plus en Angleterre, pour sûr. L'endroit était totalement enneigé. Il y avait des tâches rouges un peu partout et une odeur de vomi et de rose. Sur le sol gisait un homme ravagé, couvert de sang et de vomi. Il ne bougeait pas, du moins presque plus comme le trahissait ses épaules qui se soulevaient douloureusement. Perceval ne savait pas quoi faire. Il s'approcha de lui, le bouscula doucement pour essayer de le réveiller. Mais ça ne marchait pas. Il commença à paniquer, puis pris une grande respiration. Il savait où aller, où trouver quelqu'un pour l'aider. Il attrapa son maître part un bras et transplana jusqu'au Q.G. de l'Ordre du Phénix.