Grande soirée de Gala

Malheureusement, Azénor ne m'entend pas. Bon. Tant pis pour la boisson ; commençons par un brin de nostalgie. Laisser la magie de l'endroit m'enivrer ; ne plus penser à rien, ou plutôt, penser à tout, l'oeil clos. Imaginer des mondes infinis sous ces palmes de neige ; refaire l'univers à coup de flocon et de coeurs de braise.

Je vois battre le mien, quelque part sous la glace, et réalise alors que je me trouve moi-même trois pieds sous elle. C'est pour ça que j'ai si froid. Aux pieds. Aux mains. Aux cheveux même. Est-il possible d'avoir ainsi des frissons à l'intérieur de la tignasse ? Et tout ce corps qui vibre, qui transpire de mal-être. Des sueurs froides de tristesse. Ce n'est pas raisonnable ; je ne voulais que visiter autrement ce lieu de rêve qu'ils nous ont tissé… pourtant, ce n'est pas sain, d'être si absent à soi.

Il me faut revenir à eux, à cette foule dont je ne me soucie guère, à l'éveil de mes enfants à ces frivoles mondanités. Plissant l'oeil valide, je braque mon regard sur les jumeaux, déjà disparus entre les couples et les couverts, avant de les retrouver, pris dans un cache-cache sous la table d'un buffet improvisé. Bon. Mode opérationnel activé ; il est temps d'alimenter la bête. Ce doit être l'hypoglycémie qui parle. Après tout, de quand date mon dernier repas correct ? Sans doute du dernier passé à Poudlard, et comme je n'y passe que pour les cours…

Je suis tirée de mes pensées par des spots violents et un cri. "Veuillez accueillir la grande Lizzie Bennet!" Par réflexe, comme quand on appelle notre nom à l'école, je lève la tête. Ah, ici le monde avait continué de tourner. Un peu déboussolée, je tente une sorte de salut en enroulant un chapeau imaginaire. Il faut du panache pour effacer la trace de la douleur.

Les annonces se poursuivent, et j'apprends tôt après la présence de Jacob. J'en profite pour découvrir l'intégralité de son nom : Gordon Kenway. Amusant, que le staff l'appelle ainsi, quand on respecte encore l'appellation par mon surnom ici. Un nom composé sans doute… cela parait à rallonge quand même.

D'une rose de cristal, il joue les gentlemen. Franchement, on croirait retrouver les aristocrates du XIXe poussés à leur extrême… Enfin, cette caricature arrive à me plaire, tout de même. Il s'amuse de mon cache oeil et je pivote vers lui, joueuse.
— Oui, comme tout le monde. Il est des couleurs qu'on ne peut percevoir à l'oeil nu.

On s'éloigne du podium, et les danses prennent place. Je vois mes enfants qui m'applaudissent, fiers, et hésite à les rejoindre. Il ne part pas, pourtant, et je l'examine, comme on analyserait un met fin. De gourmandes senteurs émanent de son invitation, et sans y prendre garde, j'accepte. A condition qu'il ne retienne rien. Je ne veux pas de sa clémence, pas maintenant. Je veux pas de pitié, je veux une intensité qui réponde à ma douleur.

— A condition que tu me fasses mal.
Blesse-moi Jake, blesse-moi encore et encore pour que je me souvienne du goût de la vie. J'veux ton sang sur mes dents et mes talons à la fois. Alors, valsons, avec la même lenteur que la viande du kebab moldu. Ensemble, cuisons.

— Tu penses quoi de cette musique ?
Alerte question qui fâche.

[LA de Lolly]

Tout se passait à la perfection. Valsant avec son amour, le français n'avait pas entendu la fin de la valse. Velux tira sur son pantalon avec insistance.

Déjà? Vite vite là haut!

CRAC le couple se retrouvait au sommet des marches et Dragomir ressortit sa baguette pour un sonorus.

-Mesdames et messieurs! Nous voilà de retour pour décerner les prix de cette formidable soirée!

Une lettre dorée voleta dans les main de Lorelaï qui l'ouvrit et tendit le papier à Dragomir.

-Le troisième prix de ce concours est décerné à... Linwë Felagund! Qui repart avec un disque vinyl au choix et un couple de farfadet apprivoisé ! Linwë votre prestation nous à énormément plu. Souhaitez vous dire quelques mots? Je vous en pris.

Velux alla chercher la cage de farfadets et un bon doré pour un disque vinyle pour les tendre au jeune garçon.

-Continuons si vous le voulez bien! Le deuxième prix est décerné à... Jacob J Kenway! Ce cher monsieur repart avec un bon pour un kit musique composé de trois vinyl de son choix et un crane de boutefeu chinois ! Bravo à vous vous pouvez venir dire quelques mots!

Velux alla tendre le bon à Jacob mais regarda avec découragement l'énorme crane à déplacer avant de se résigner à mettre une simple pancarte "Objet gagné" dessus.

Nous vous laissons encore quelques instants avant de dévoiler l'heureux gagnant du premier prix! Amusez vous!

HRP:

LA Dragomir

La musique, elle ne l'entendait plus.
Il n'y avait que lui.
Ses yeux ambrés.
Sa main, douce sur sa hanche.
Son odeur.
La douceur de son regard.
Sa douceur.

Elle en avait tout oublié.
La douleur qui envahissait doucement dans ses pieds dans ses talons.
La foule qui s'aventurait à leurs côtés sur la piste.
La tristesse qui s'était installée dans son cœur à l'approche de ce jour.
Et la peur.
Il n'y avait plus que lui.
Elle lui souriait.
Elle voulait l'aimer.
Elle l'aimait.
Elle se laissait l'aimer.
Elle voulait sentir cette attache. Celle qu'elle s'était interdite si longtemps. Elle voulait se la faire sienne. Et la lui donner.

Puis il y eut Velux qui les fit atterrir.
Il était question de remettre des prix.
Elle détacha sa main du français et attrapa celle de la créature, qui les envoya directement sur la scène.

Une lettre se dépose entre les longs doigts de la jeune fille qui l'apporta à Dragomir.
Tandis qu'il parlait, elle essayait de regarder le public, mais elle ne pouvait détacher ses yeux de celui qui faisait vibrer son cœur.
Elle n'attendait que de retrouver leur bulle.
Et cet accent qui ne faisait qu'accentuer son impatience.
Soudain, Lorelaï s’aperçut de la chance qu'elle avait d'avoir Dragomir dans sa vie.
Ses yeux se mouillèrent un peu. Surprise, elle tenta de rester de marbre, applaudissant les heureux gagnants.
Elle avait été prise par l'émotion.
Elle qui avait commencé la soirée en se demandant comment paraître bien. Comment faire comme si... comme si tout allait bien.
Il avait suffit d'une ou deux valses.
Il avait suffit d'une étreinte.
Et elle allait bien. Simplement.

Quand Dragomir eut terminé, l'orchestre s'anima, se lançant dans une danse en écho avec les émotions de la blonde qui en profita pour agripper la main de son français.
Allez viens !

Une fois sur la piste, elle ne le ménagea pas.
Tournoyant autour de lui, lascive au rythme de l'accordéon, sautillante au gré de la musique.
Elle riait, et s'enivrait de ce moment où son esprit se libérait.
Elle pouvait tout oublier.

Le dialogue entre Ester et Isolde se poursuivait tandis que la musique, annoncée par le maître de cérémonie, avait visiblement donné à Leanne l'envie de se déhancher.
— Quel poste tu vises ? interrogea l'ancienne Serpentard au sujet de l'équipe de quidditch que la future troisième année rêvait d'intégrer.
— J'sais pas vraiment. Je pense qu'en gardienne je m'ennuierais parce qu'on bouge moins. Après ça m'est égal. J'aimerais bien tout essayer avant de me décider.

Bien que la rouge et or n'appréciât pas l'école, elle n'avait hâte d'y retourner que pour une seule et unique raison : tenter sa chance dans l'équipe de ce sport qu'elle avait découvert lors de sa première année. Les cours de potions, d'enchantements, d'histoire et l'ensemble des disciplines dispensées à Poudlard ne la passionnaient guère. Elle devait reconnaître que l'enseignement visait à développer les connaissances pratiques des élèves, ce qui rendait les cours plus vivants, mais il n'y avait rien de mieux que de voler sur un balai, sentir le vent contre ses joues et exécuter des figures sophistiquées dans le but de feinter l'adversaire. Certes, Isolde privilégiait davantage les sports individuels car sa relative asociabilité la rendait moins performante lors des activités collectives, mais les joueurs de quidditch ayant un rôle bien défini, avec des balles assignées, le sport préféré des sorciers avait aussi une dimension moins collective que l'on pouvait le croire au premier abord.

La jeune femme tira Isolde de ses pensées :
— Tu sais quoi, j'suis sûre que tu t'es attiré des ennuis. Raconte-moi un peu ce que c'est d'être une jeune élève dans ce monde de fous.

La petite sorcière haussa les épaules. Sa deuxième année avait été désespérément ennuyeuse. Sa rencontre avec la directrice de Serdaigle, Ariana Hastings, n'avait rien d'extraordinaire : la jeune rebelle avait été prise sur le fait en train d'essayer d'accéder en pleine nuit aux cuisines de l'école.
— Les aurors sont venus faire un atelier une fois, se rappela-t-elle soudain. C'était n'importe quoi ! On se lançait des sorts dans tous les sens, un mec de Serdaigle s'est fait ensorceler et m'a fait un joli plaquage. J'ai paumé ma baguette plein de fois, pis elle sa fini par se casser. Ah, et je me suis fait mal au poignet, aussi.

C'était une démonstration d'enthousiasme à laquelle peu de gens étaient habitués. D'ordinaire neutre et peu loquace, Isolde livrait là une facette différente de sa personnalité.
— Comment tu te la pètes, la taquina une voix derrière elle.

Isolde se retourna. Elle ignorait depuis quand sa petite sœur écoutait leur conversation.
— N'importe quoi ! bougonna-t-elle en réponse avant de s'adresser à nouveau à son amie. C'est ma sœur, Leanne. Toujours en train d'embêter les autres.

L'intéressée adressa un clin d'œil complice à Ester avant de la saluer d'un signe de main. L'échange fut interrompu par l'animateur qui proclama les résultats – du moins pour les troisième et deuxième places. La personne en haut du podium demeurerait secrète encore un moment. Pas mauvaise perdante, Isolde applaudit Lïnwe et le pingouin, lequel reçut en cadeau un… crâne. Un vrai crâne de tête. Avec des os. Et une mine vraiment pas sympathique. La jeune sorcière leva un sourcil.
— Ils sont sérieux ?
— Vous êtes vraiment bizarres, vous les sorciers, commenta la petite moldue.
— C'est à Ester que je parlais, rétorqua l'aînée sur un ton si ambigu que l'on ne sut dire si c'était de l'humour ou du mépris.

On ne devait pas retourner sur scène ?
La sorcière haussa les épaules en suivant les applaudissements. Elle aurait bien aimé voir de quoi chacun était capable, cela aurait été bien de voir ou d'entendre les prestations des participants. Mais il fallait croire qu'elle devrait se contenter de savoir qu'elle n'était ni deuxième ni troisième. Aucune chance d'ailleurs qu'elle soit première, elle n'avait pas vraiment de talent. Juste l'ennuie qu'elle cherchait sans cesse à tuer. Ou ses cauchemars ?

Ester adressa un petit sourire complice à la petite qu'elle identifia plus tard comme une moldu. Vraiment ? Isolde était-elle inconsciente ou révolutionnaire ? Pour laisser ainsi sa sœur se balader avec elle en ces temps obscures ? Non pas que son statut la mettait réellement en danger, mais... Rachel n'aurait pas prit ce risque en tout cas.

- C'est un bel objet de collection. Vous en aviez déjà vu un vous ?

Même si oui, c'était particulier comme décoration pour son salon. La sorcière lança alors un nouveau sourire aux deux jeunes filles avant d'entamer une marche lente vers le podium.

- On devrait y retourner.

[LA de Lolly]

Une danse endiablée, encore une. Malgré la douleur de son genou qui commençait à se faire sentir, Dragomir ne pouvait s’arrêter. La Danse Hongroise l’étreignait et Lorelaï le dévorait des yeux. Sa main en bois dans sa main en satin, jamais ils n'aurait pensé être un jour ainsi au paroxysme du bonheur.

Au moment du porté il lança un regard d'excuse à sa chère et tendre. Il pouvait danser sans sa canne mais la porter... pas encore du moins. Lorsque la musique s’arrêta, Velux les porta de nouveau en haut de l'estrade.

-Et maintenant le moment que vous attendez tous! Nous allons décerner la première place de ce concours musicale !

Lorelaï lui tendit l'enveloppe dorée qu'il ouvrit avec élégance.

-Et la gagnante de ce concours n'est autre que la jeune Isolde Hawke! Félicitation!

L'orchestre s'était emballé, les paillettes voletèrent dans la foule et des colombes sortirent des rideaux dans un magnifique Deus et Machina.

-Félicitation mademoiselle vous pouvez venir nous rejoindre sur l'estrade! Votre oeuvre nous à tout simplement bouleversés! Alliant modernité et nostalgie!

Mesdames et messieurs la soirée vas dès à présent se poursuivre, profitez en bien!

Velux apporta un coupon à la jeune fille avec le balai de la grande Ginny lévitant au dessus de sa tête.

-Que la fête continue! Musique!

HRP:

LA de l'équipe (dont Velux).

La soirée battait son plein.
Ils avaient dansé, main dans la main, elle avait oublié, le temps d'un instant le poids qu'elle portait sur ses épaules, la peur qui l'enveloppait.
Elle s'était plongée dans ses yeux et s'était laissée oublier l'espace de quelques pas de danse et de quelques sourires.

La musique ralentie, elle termina dans ses bras, la tête posée contre sur son épaule, tout contre son visage.
Elle le sentit la serrer tout contre lui.
Elle sourit avant de se diriger vers l'estrade encore une fois, en le suivant du haut de ses talons.

Dans son élégance naturelle, il déclama les noms des gagnants.
Ils applaudirent.
Distribuèrent les prix.
Et dans une nouvelle étreinte, ils terminèrent la soirée.

Le grand-père de Dragomir savait donner vie à un Gala.
La musique traversait les corps et les esprits.
L'amour traversait la jeune femme.
Son sourire ne la quitta plus.
Même à la fin de la nuit, au petit matin quand ils dirent au revoir à leurs clients et qu'ils rangèrent une partie de la boutique afin de lui redonner son aspect initial.

Avant de quitter les lieux, elle déposa un long baiser sur les lèvres de son ami.
A demain, dit-elle avant de disparaître dans un tourbillon.

Lorelaï transplane avec Velux, l'elfe de la boutique.

Le mot de la fin: