Saison 29 et 30 ~ Hiver




Sale journée. Les températures ne cessent de chuter alors que les feuilles du calendrier mènent de plus en plus vite vers le début du printemps. Il commence quand d'ailleurs ? Mars ? Avril ? Mai ? Castielle ne sait pas, elle a toujours eu du mal avec les dates comme celles-ci. Non pas qu'elles ne soient pas importantes, juste que la plupart du temps elle s'en fiche car rien de spécial ne se passe à ce moment-là. Sauf que maintenant, la jeune fille compte les trimestres avec intérêt.
Après plusieurs discussions autour de son projet de partir à l'aventure via le programme MORGANE, tout n'était plus qu'une question de chiffre.
Les notes et les jours.
Pour les notes, c'est un travail de tout instant. Pour les jours, ils ont le mérite de passer tous seuls comme des grands.

Et passer le temps, c'est bien quelque chose que Castielle prend plaisir à faire. Après s'être arraché les cheveux sur des stupides listes de potions à retenir par coeur, elle avait besoin de prendre l'air. De fil en aiguille et de boutique en boutique, là voilà au centre de Londres. Les grands buildings aux milles et un bureaux open space empêchent de voir le ciel. Le vent s'engouffrent dans les couloirs des rues comme des damnés cherchant la sortie d'un labyrinthe, entraînant parfois sur son passage des restes de vie citadine. Castielle préférerait être en mer, le champs de vision libre et infini, du bleu-gris sous, autour et au-dessus d'elle, le vent salé en plus d'être froid et -
Les yeux noisettes sont attirés par une feuille laissée aux humeurs du vent. La foule piétine, fonce, sans se soucier de rien, pressée de rejoindre tel ou tel endroit le plus vite possible. Alors il faut qu'elle joue des coudes, à cette heure de la journée, pour se frayer un chemin. Quelle idée de passer par le centre aussi ! Mais bon, elle n'y avait pas vraiment réfléchi.
Chiffonnée et déchirée, c'est une affiche.
Et pas n'importe quelle affiche : le logo arrondi, un grand M au milieu, n'est pas difficile à reconnaître.
*Que fout une affiche du ministère en plein boulevard moldu ?*
Bonne question !
Sa réponse ne l'empêchera pas de dormir mais, bonne question quand même !

De la propagande, diraient les uns.
De la pub, diraient les autres.
Castielle, elle, ne voit qu'une affiche incitant au recrutement de la part d'une institution qui bat de l'aile. Elle ne fait pas trop attention aux infos tant qu'elles ne sont pas vitales mais le moins que l'on puisse dire c'est que le Ministère a le don de faire la une des journaux, et pas à son avantage. Beaucoup de scandales, de morts, de destitutions,... C'en est presque plus difficile à suivre qu'une télénovela tellement il y a de rebondissements !
Le coeur de la poufsouffle se pince tout de même en pensant à son ancien camarade Arnaud Meula, qui avait trouvé sa voie au Ministère, justement, et qui en avait payé le prix lui aussi...
Non vraiment, avec tout ça, ce n'est pas quelques affiches placardées dans la ville qui arrangeront quoi que ce soit.

Roulée en boule et jetée dans la poubelle la plus proche. M'enfin ça non plus ça ne changera pas grand-chose à l'affaire : il y en a plein le mur d'à côté d'affiches semblables. Qui est l'abruti qui s'est dit que ce serait une bonne idée d'en mettre 30 toutes au même endroit et collées les unes aux autres ? C'est illisible et un peu du gâchis de papier honnêtement...
Soupir de la part de la jeune sorcière face à tout ça.

L'une des choses appréciables, quand on était des Mystères, c'était que les horaires de boulot n'avaient pas grand chose de fixe. On pouvait presque aussi bien travailler chez soi qu'au Ministère, de fait rien ne l'obligeait à y être dès 9h du matin. Izsa était donc en train de se rendre sur son "lieu de travail", alors que la plupart des employés y étaient depuis déjà de bonnes heures.

Elle aimait bien passer par le Londres moldus, marchant tranquillement plutôt que de transplaner juste devant l'entrée des employés. Elle aimait bien se rappeler que la magie ne faisait pas tout, qu'il y avait une vie au delà de la sienne. Cela lui permettait de mieux réfléchir, de prendre du recul. Beaucoup de sorciers étaient incapables de voir au delà du bout de leur nez, d'utiliser les sorts autrement que ce pourquoi ils avaient été créés. Y comprit les Sangs-Purs, surtout eux, en fait.

En fait, c'était les moldus qui lui donnaient la plupart de ses idées. On avait pas le luxe d'être fainéant intellectuellement parlant, quand on ne pouvait pas régler ses problèmes d'un claquement de doigts, ou d'un tour de baguette.

Du coup, elle prenait le métro. Si le lien logique entre tous cela ne fait pas sens à vos yeux, au moins aux siens cela en faisait.

Elle sortit de la bouche du métro londonien, avançant sans vraiment prêter attention à ce qui l'entourait. Jusqu'à ce que... Elle dépassa une jeune fille, dans une rue perpendiculaire. S'arrêta. Repensa aux affiches qu'elle venait d'apercevoir en une demie-seconde et processa l'information. Fit trois pas en arrière, pour revenir au niveau de la rue.

Oui, c'était bien des affiches de recrutement pour le Ministère. Une sorcière ? Elle lança, amusée :

- Alors, on trouve un plan pour sa future carrière ?

Puis, elle remarqua l'air mécontent peint sur le visage de la jeune fille qu'elle venait d'interpeller. Elle ajouta, pince sans rire :

- Ou pas.

Une petite brune entre en scène. "Petite" parce qu'elle n'est pas beaucoup plus grande que la sorcière, qui elle même doit se mettre sur la pointe des pieds pour atteindre la dernière planche des étagères standards. Son ton enjoué disparaît vite, il faut dire qu'elle n'a pas l'air commode la Castielle, avec les sourcils froncés.
Faire carrière au Ministère ? Et puis quoi encore ! Avec son carnet de correspondance long comme le bras, c'est clairement pas une fille comme elle qui allait être le porte étendard de l'ordre et le justice. Enfin bon, on vit dans l'univers où Artemis Wildsmith a été Auror, donc tout est possible, mais quand même.
Le Ministère c'est tout ce qu'elle est censée ne pas aimer. Le modèle de "bon côté", les "flics", ceux qui décident de ce qui est bien ou mal, ceux qui s'arroge le droit de distribuer les bons et les mauvais points selon leurs critères. Comment réagirait Dad si elle revenait à la maison avec l'insigne du Ministère sur la poitrine ? Il péterait un câble. Clairement.

" Non c'est pas trop au programme, effectivement "

La dame faisait adulte, contrairement à Castielle en tenue de civil. Vu sa remarque elle travaillait peut-être là-bas. Dans un effort surhumain la jeune fille tenta de se remémorer ce qu'elle savait des gens travaillant sous la terre de Londres, et les résultats furent maigres. En réalité tout ce dont elle se souvient ce sont les commentaires de Osvald à la suite de la convocation générale organisée il y quelque temps et qu'elle avait pas le moins du monde honteusement séché. Attendez qui voudrait perdre son temps à écouter des vieux parler de leur travail de bureau alors qu'on a son après-midi de libre ? Evidemment qu'elle en avait profiter à sa façon !

" Vous êtes de la maison ? Nan parce que faudra m'expliquer l'intérêt d'en avoir 45 au mètre carré, de ces trucs-là ", geste du pouce en direction des affiches, " Niveau efficacité c'est zéro pointé, y'vous faut de meilleurs stagiaires, clairement ! "

Ah. Izsa venait de se rappeler pourquoi elle n'avait pas beaucoup d'amis à Poudlard. Les étudiants pensant se rebeller contre le système, si sûrs d'eux, persuadés d'être au-dessus de la masse... Oh là, elle n'avait pas aimé ça quand elle était jeune, elle n'aimait pas ça maintenant. Non pas qu'elle ai été la meilleure élève, ou qu'elle respectait les règlements à la lettre, ça non. Simplement, elle avait toujours fait ce qui lui plaisait en sachant que le monde ne tournait pas autour d'elle.
Vivre et laisser vivre, et surtout ne pas casser les c*uilles des gens.

"Vous êtes de la maison ? Nan parce que faudra m'expliquer l'intérêt d'en avoir 45 au mètre carré, de ces trucs-là. Niveau efficacité c'est zéro pointé, y'vous faut de meilleurs stagiaires, clairement ! "

Respire, Izsa, respire. Essaye de ne pas expérimenter sur elle ce nouveau sort de transformation humaine que tu es en train de mettre au point...
La jeune femme pince ses lèvres. Rentrer dans la confrontation directe ne l'avancerait à rien. Surtout, elle obtiendrait beaucoup plus de satisfaction en partant sur un ton beaucoup plus ironique. Tentant d'avoir l'air sincère, elle répondit.

- C'est ça, oui. Je prend bonne note de vos commentaires oh combien éclairés et je m'assurerai de faire remonter cela jusqu'au Ministre en personne. En suite, nous vous offrirons une place de choix dans l'équipe des ressources humaines en tant que conseillère spécialisée pour nos stagiaires. Milles mercis.

Il y avait plus d'une chose qui l'avait mise de travers, cependant. Elle abandonna sa façade doucereuse, qui de toute manière ne bernait personne, et ajouta :

- Et on ne dit pas "de la maison" quand on y est pas soi-même. N'utilisez pas des expressions qui vous font passer pour plus bête que vous ne l'êtes.

Était-elle en train de lui faire un compliment ? Meh, probablement pas. Mais bon, les adolescents, ils faisaient parfois exprès de ne pas utiliser leur cerveau. Quand celui-ci se mettait à tourner, on était souvent surpris par une intelligence jusqu'alors insoupçonnée, car demandant de connecter deux/trois neurones entre eux.

Sourcil haussé. Le droit, c'est-à-dire le seul qu'elle est capable de soulever comme ça. Et oui, on peut pas être douée en tout, que voulez-vous. Si le ton sarcastique de la dame l'avait prise de court, s'attendant plus à de l’agressivité et du mépris comme les adultes adorent en jouer face aux plus jeunes, c'est sa dernière réflexion qui fait cogiter Castielle.
Comment ça, ça se dit pas ? Pourtant elle est sûre de l'avoir entendu utilisé de la même manière par plein d'autres gens... Bien sûr, une personne avisée se poserait ensuite la question de : est-ce que si plein de gens se trompent, ça n'en fait pas forcément une vérité. Mais Castielle n'était pas de ce genre-là, avisée, elle était plutôt... euhm... enfin pas avisée, ça c'est sûr.

Le doute brumeux dans la tête, la jeune sorcière se contente de hausser les épaules puis de lever les mains en signe de reddition universelle : " Soit. Un point pour vous. ". Tout est une question de match avec les Colt, c'est terrible. Un jour elle se mettra dans de beaux draps à cause de ça. C'est déjà arrivé par le passé et la brune a du mal à apprendre de ses erreurs tant qu'elles ne sont pas colossales.

Pour le coup, Castielle pris le temps de détailler la personne qu'elle avait en face d'elle. " Mais du coup, vous en êtes... ". Elle était un peu plus grande qu'elle, un air sérieux mais quand même l'air d'être jeune. Jeune comme "je suis sortie de l'école il y a 3 ans max". Si elle devait parier, son argent n'irait pas sur la case Auror. Elle ne pense pas l'avoir vu dans le journal où cette proclamée élite faisait souvent les unes. Si ça se trouve c'était une juge ? Ou une secrétaire ? En vrai, elle ne saurait pas dire. Déjà à cause d'une méconnaissance de son sujet mais surtout parce que Castielle Colt n'était vraiment pas une Sherlock Holmes en herbe. Si son interlocutrice avait porté un badge avec son nom et son département marqué dessus elle aurait été capable de ne pas le remarquer ! " Vous êtes de quel service ? " Curiosité quand tu nous tiens.

Moralité : la jeune fille n'était donc pas aussi stupide qu'elle en avait l'air au premier abord. Franchement, Izsa était presque surprise, mais pas mécontente. Détester les gens, c'était pas sa passion dans la vie, loin de là. Elle préférait souvent se barrer plutôt que de rentrer dans une discussion antagoniste avec n'importe qui. Son temps était trop précieux pour qu'elle se prenne la tête.

D'ailleurs, c'est ce qu'elle aurait fait, si la jeune fille avait continué sur sa lignée initiale. Au lieu de cela, elle avait (un peu) reconnu son tort, et statua :

"Mais du coup, vous en êtes..."

Hochement de tête.

"Vous êtes de quel service ?"

Izsa prit une seconde avant de répondre, un peu hésitante. Elle n'était pas de la branche la plus connue du Ministère, d'ailleurs c'était bien le principe. Faire ses trucs dans son coin, et ne pas révéler la moindre information pouvant potentiellement s’avérer sensible sur le long terme. Un peu comme une agente secrète, mais avec moins de gadgets, autant de paperasse et plus de pause repas. Le risque de mourir en service, lui, était à peu prêt équivalent.

Mais en soi, dire qu'on était Langue-de-Plomb n'était pas un problème. Elle avait même fait une interview pour la Gazette, une fois. Les Mystères, c'était bien beau, mais c'était pas la peine de les faire passer pour plus exceptionnels qu'ils ne l'étaient. On pouvait en parler sans entrer dans les détails.

- Département des Mystères.

Elle voulu ajouter quelque chose. Peut-être parce que, au fond, elle n'avait pas été si loin de la jeune fille quand elle avait son âge. Fallait reconnaître qu'elle ne portait pas non plus le Ministère dans son cœur, quand elle était jeune. Elle s'était même dit "tout sauf ça !" Izsa n'avait pas été moins stupide que n'importe qui à cet âge, mais bon la vie était pleine de contradiction et si elle devait analyser la part d'haine auto-centrée et l'arrogance qui l'empêchait en même temps de trop se désavouer elle-même, elle n'était pas sortie. La preuve, elle venait à peine de formuler l'idée que la phrase s'était perdue en plusieurs lignes, tellement qu'elle avait perdu le fil.

Ah oui, le Ministère.

- Vous savez, le Ministère de la Magie est une grande institution. C'est impossible d'aimer tout ses aspects. Mais il y a plein de bonnes raisons d'y travailler, et pleins de choses différentes qui peuvent y être accomplie.

Dit la membre de l'Ordre du Phénix qui se sert de son boulot pour réunir un maximum d'informations sur tout, n'importe quoi et n'importe qui. C'était une très bonne raison d'y entrer, si vous vouliez son avis. En plus, il y avait du bon café.

Département des Mystères ? En voilà une jolie réponse amenant une multitude d'autres questions sur le bout de la langue de Castielle. Quel genre de mystères ? Est-ce que ce n'était pas un peu pompeux, comme titre ? Oh elle ne leur jette pas la pierre, si elle faisait partie d'un tel département, elle se la péterait aussi avec un titre pareil. Est-ce que c'était l'équivalent des services secrets, travaillant main dans la main avec les Aurors ? Si c'était le cas, on ne peut pas dire qu'ils soient très efficace, mais cette réflexion-là aussi, Castielle la garda pour elle.
En réalité, ses questionnements face à cette profession met en lumière son ignorance la plus totale du sujet. À part les Aurors, qu'est-ce qu'elle y connaissait ? Il y avait bien le département qui s'occupe des bestioles magiques, qu'elle connait vaguement via les babillages sans intérêts de Osvald, mais sans plus. Celui de la justice, avec les tribunaux. Et puis celui de... la communication ? Ils devaient bien y avoir des publicitaires et des gestionnaire de com' dans la fourmilière, l'image publique c'est important.
Non, clairement, tout ça tenait à peine sur un post-it. Pas de quoi flamber à Question pour un Sorcier, si ce jeu existait vraiment, ce dont la narratrice doute fortement.

" Mh. ", moue dubitative. Mais comme son interlocutrice est honnête en admettant que son lieu de travail n'est pas le plus parfait du monde ( ce qu'aurait fait quelqu'un cherchant à la convaincre à tout prix, sans se soucier de la véracité des faits ), elle se laisse aller dans son sens. Y aurait-il du bon à prendre au Ministère ? Castielle demande à voir ! " Comme quoi ? À part les Aurors, c'est essentiellement de la paperasse et du travail de bureau, non ? "

La sorcière a grandi avec un père petit avocat. Elle sait ce que c'est que de passer ses journées entre quatre murs, à trier des dossiers, des fardes, enchaîner les réunions et les visites. Elle n'a jamais compris comment son paternel pouvait supporter ça : vivre dans une boite, ranger des boites, classer des boites,... à l'infini. À l'opposé de cette vie, il y avait Dad, toujours dehors en train de faire quelque chose. Il n'était pas enfermé et le temps qu'il consacrait à la maison était celui qui était nécessaire et choisi, pas une contrainte donc.
Castielle, clairement, se sentait plus proche d'un de ses parents que de l'autre, sur cet aspect-là de sa vie.

Izsa s'interrogeait toujours sur ses propres capacités de communication. Elle n'était pas ce qu'on pourrait qualifier de "parangon de charisme naturel", et elle se demandait toujours si elle ne se plantait pas totalement dans ce qu'elle tentait d'exprimer. Bien sûr, elle n’excluait pas qu'en réalité tout le monde était maladroit en société, et qu'un dialogue était un échange entre deux personnes balançant des mots comme un archer tirait des flèches vers une cible les yeux bandés.

Bizarrement, pourtant, quand elle essayait de convaincre quelqu'un, ou juste de l'aider en utilisant une base d'empathie 1.0, elle se débrouillait pas trop mal. A croire que ses insécurités étaient plutôt mal fondées, et qu'elle possédait bien une capacité expression de niveau fonctionnel. Comme quoi.

Ainsi, elle était en train de parler Ministère à quelqu'un qui, quelques minutes plus tôt, n'était clairement pas dans l'état d'esprit pour. Non seulement ça, mais en plus c'était elle qui demandait plus de détails, maintenant ! Izsa se serait bien jeté des lauriers si elle n'était pas aussi concentrée sur ce qu'elle s'apprêtait à dire. Il ne faudrait pas tout foutre en l'air à cause d'une phrase mal formulée, n'est-ce pas ?

- Alors les Aurors en on aussi, de la paperasse, et heureusement. Ils doivent rendre des comptes après tout, ils n'ont pas à être au-dessus des lois. Même si une partie des lois étaient stupides. Genre le fait que cette unité d'élite soit également payée pour s'en prendre à l'Ordre du Phénix. Et non, il n'y a pas qu'eux qui font autre chose que passer son temps dans un bureau. Moi, par exemple, je passe beaucoup de temps à rencontrer des experts dans de nombreux domaines. Je voyage beaucoup, aussi. C'est un peu pareil pour les gens de la Régulation des Créatures Magiques, avec des contrôles sur le terrain, en plus. Dans la Justice Magique, aussi, y a pleins d'autres agents de terrains que les Aurors. A vrai dire, c'est plutôt eux qui sont utiles, dans la vie de tout les jours. Car oui, on ne rencontrait pas un mage noir tout les quatre matins. Brigade Magique, Service des usages abusifs, tout ça... C'est eux qui interviennent dans la vie quotidienne des sorciers.

Elle haussa les épaules avant de continuer sa tirade qui tendait vers le monologue involontaire.

- Et ça n'est que ce que je peux dire comme ça, de mémoire, alors ça n'est pas très exhaustif. Il y a sans aucun doute bien plus de choses que ça.

Au vu des petites réflexions distillées çà et là dans ses explications, l'employée du département des mystères n'a pas l'air d'apprécier outre mesure ses collègues Aurors. Castielle plisse légèrement les yeux en l'écoutant énumérer les différents postes et services qu'elle connait. Plus elle parle et plus la jeune fille se rend compte qu'elle n'y connait vraiment rien question Ministère et compagnie. Pour elle, c'était plus comme une de ces tour de la city de Londres, building tout en vitre ou chaque mètre carré est utilisé pour des bureaux open-space soit disant modernes et soucieux du bien-être de ses employés. Il faut croire qu'elle s'était légèrement trompée dans cette comparaison et que la version sorcière d'une organisation moldue ennuyante comme la pluie, est un chouïa plus intéressante. Mais juste ça, un chouïa. On a beau voyager partout, ça reste du travail bureaucratique non ? Son éducation à la dure, bercées de toutes ces histoires sur les fonctionnaires chouchoutés et incompétents, l'empêche de considérer un poste de fonctionnaire comme quelque chose d'enviable. Certes ils avaient une belle assurance de carrière mais niveau épanouissement personnel. C'était pas trop le délire visé par Castielle. Bien qu'à côté de ça, elle ne sache pas du tout vers quel avenir tendre de toute manière.

Après l'exercice de mémoire terminé pour son interlocutrice, Castielle hoche juste la tête, accompagné d'un " Ok je vois. " un peu pensif. Si ça ne tenait qu'à elle, tout ça, elle s'en ficherait pas mal. Sauf que le temps passe, passe, passe et beaucoup de choses ont changé. Qui aurait pu imaginer que le temps serait si vite écoulé. Bientôt les portes de Poudlard ne s'ouvriront plus pour elle et la sorcière devra se faire une place dans ce monde qu'elle n'apprécie que par intermittence. Ses parents lui redemanderont bientôt quels sont ses plans pour l'année prochaine. Et elle ne pourra pas continuer de leur répondre qu'elle n'en sait rien mais qu'elle allait trouver, qu'il fallait pas s'inquiéter. Ah si seulement elle pouvait gagner sa vie en naviguant ! Mais non, paraît que ça, c'est un loisir, pas un métier. Dommage. Alors quitte à ne pas savoir, autant rebondir sur le deux noms qui peuvent être intéressants à ses yeux, dans les explications qu'on vient de lui faire.
" Brigade magique, c'est comme les militaires moldus ? " Est-ce qu'il y avait un service militaire sorcier ? Ce serait génial pour Castielle ! Si ça, ça existe, elle s'engage direct comme sergent !

Et là, se fut le drame :

- Brigade magique, c'est comme les militaires moldus ?

Parce que, voyez-vous, la brigade magique ça n'était pas du tout comme les militaires moldus, et la jeune fille avait l'air beaucoup trop emballée par cette fausse perspective. Izsa détestait l'idée briser ses rêves, mais elle allait devoir le faire tout de même. Elle avait l'impression d'être ce parent qui allait devoir apprendre à son enfant myope qu'il ne pourrait jamais devenir pilote de chasse.

- Non, il n'y a pas d'armée sorcière en Angleterre.

Si vous demandiez à Izsa, c'était tant mieux. Certains sorciers trouvaient qu'il était de leur devoir de s'engager pour leur nation, et essayer de protéger un maximum de moldus possible. Izsa n'était pas la plus fervente protectrice du secret magique, mais elle serait toujours contre l'implication des sorciers dans les guerres. Il n'y avait pas de conflit propre, et la magie sur un champ de bataille ne ferait qu'empirer la situation. Et l'idée d'un conflit exclusivement entre sorciers de pays différents lui paraissait totalement absurde. La sauvegarde du Code International du Secret Magique était bien trop importante pour que le moindre gouvernement se risque à faire tomber cette épée de Damoclès.

- Les brigadiers magiques travaillent exclusivement sur le sol britannique. Ce sont... des policiers, pour ainsi dire. Ils arrêtent ceux qui ne respectent pas les lois. Izsa n'était pas sûr que sa comparaison était bonne. Elle n'était pas la dernière des imbéciles quand il s'agissait de connaitre le monde moldus, mais elle ne saurait certainement pas dire les tenant et aboutissant du métier de policiers. D'ailleurs son interlocutrice devait bien mieux s'y connaitre qu'elle... Mais si tu veux faire des missions à l'étranger, tu devrais te renseigner auprès du Département de la Coopération Magique International. Le travail en ambassade est primordial pour maintenir la paix dans le monde magique... Je ne garanti pas le niveau en terme d'action et d'adrénaline, par contre.

Après, il ne fallait pas vivre dans un monde de bisounours non plus : la communauté sorcières internationales n'était pas faite de barbapapa et chamallow. Des conflits, il y en avait. On les réglait juste plus avec des discussions de couloir et agents déplacé-non-ce-ne-sont-pas-des-espions-bien-sûr-que-non-des-missions-juste-sur-le-sol-britannique-oui-oui que avec des échanges musclés de sortilèges.

- En tout cas, si tu as besoin de savoir quelles BUSEs et ASPICs sont requis et pour quels postes, je pourrais me renseigner pour toi.

Pas d'armée chez les Sorciers ? Cette info sonne aux oreilles de Castielle aussi faux qu'une fausse note soufflé dans un harmonica de la bouche d'un gamin shooté au sucre. Oui c'est une comparaison ultra spécifique, parce que la narratrice a souffert d'une situation telle que décrite et franchement elle ne souhait ça à personne : n'offrez pas d'harmonica aux enfants, pitié. Mais revenons-en aux pensées de la Poufsouffle : pas d'armée. Pour une société aussi active, puissante et clivée dans ses idées politiques c'est étonnant qu'il n'y ait pas d'armée ! Les guerres et conflits passés n'ont donc pas appris aux Sorciers à s'organiser correctement ? Contre Voldemort ce sont des gamins de son âge qui avaient dû monter leur propre milice pour lutter contre la montée des forces des ténèbres. Voilà, le mot est lancé, milice, quel vilain mot aux oreilles des Européens ! Ici mieux vaut subir et ensuite aviser plutôt que de prendre les devants. Tout ça fait naître en Castielle un sentiment étrange, une sorte de colère couvée par de l'inquiétude et de l'incompréhension. On vit aujourd'hui les pressions de groupuscules armés et prêts à en découdre, tels que l'ont montré les Mangemorts comme les Phénix, et pourtant on n'a pas d'armée. Juste des Aurors pas efficaces, de la bureaucratie, des missions diplomatiques et des policiers de terrain. Waw, elle est belle l'organisation du Ministère !
Stupide.
Oui, c'était stupide.

Mais avec tout ça, sa source d'information continue de parler et elle peine à rattraper le fil. Elle lui demande si Castielle désire plus de renseignements et ça doit se lire sur le visage de la jeune fille qu'elle y réfléchit profondément avant de répondre. En même temps ce n'est pas compliqué à remarquer, quand elle est plongée dans ses réflexions la sorcière plissent les yeux et a le regard qui part vers le droite. Comme si elle suspectait que quelqu'un allait surgir de derrière ce coin-là de son champ de vision. Mais surtout, ses lunettes changent d'une couleur bien définie à une sorte de flou artistique étrange. « OK. Enfin je vise des ASPICs précis pour autre chose mais si jamais ça coïncide c'est toujours ça de pris. Puis je viendrais peut-être faire un tour aux portes ouvertes ou je sais pas quoi, juste pour voir. »
Les forces de polices... Elle ne sait pas comment ça se passe du côté magique de la force mais du côté moldu, c'est par cette voie-là qu'on peut aboutir à une vision plus large de la fonction. Peut-être que la - la quoi déjà ? Département des Mystère c'est pas un métier en fait, elle ne savait toujours pas quel est le réel boulot de cette femme avec qui elle parle depuis tout à l'heure ! - bref cette personne ne sait peut-être pas tout et que quelqu'un de l'intérieur de ce service pourra mieux l'aiguiller.

« OK. Enfin je vise des ASPICs précis pour autre chose mais si jamais ça coïncide c'est toujours ça de pris. Puis je viendrais peut-être faire un tour aux portes ouvertes ou je sais pas quoi, juste pour voir. »

Aloooors... Izsa revenait sur tout ce qu'elle avait dit par le passé. Ses capacités en communication ? Son pouvoir de faire désescalader les choses par la conversation ? Zéro, nada, nul. Non pas que la situation était bien pire après sa réponse mais... en fait Izsa n'avait pas la moindre idée de ce qu'était la situation à présent. D'où ses très mauvaises capacités en communication. Genre, elle était... énervée ? C'était du sarcasme, non ? Le sarcasme c'est un peu la valeur refuge de tout bon anglais qui se respectait. C'était juste elle, ou elle était en train de dire que Izsa ne servait à rien ?

Vous voyez, le problème n'était pas qu'Izsa se sente insultée. Elle ne se sentait jamais insultée, c'était impossible - ou presque - qu'elle prennent quelque chose personnellement. Le problème, c'était qu'elle ne savait pas si elle était sensée se sentir insultée. Sur quel registre devait-elle répondre ? Si elle donnait dans le sarcasme et que ça n'en était pas, ça allait être interprété au premier degré, ou pas ?

Izsa soupira. Trop compliqué pour elle. Et de toute manière :

- De toute manière si tu veux vraiment faire une différence, c'est pas vers le Ministère qu'il faut se tourner. Ils sont plutôt clair sur la politique qu'ils comptent suivre, alors autant chercher autre part. C'est pas eux qui arrêteront la crise.

La sorcière avait désavoué son employeur avec la plus grande nonchalance aux monde. Non, pire que de la nonchalance : elle était profondément ennuyée. A croire que quand elle n'était pas capable de savoir sur quel ton répondre, sa ligne de base était accordée sur "Je hais tout le monde et je m'en fous".

A ce point là, Izsa ne se rendait de toute évidence pas compte qu'elle sonnait autant comme une partisane des Mangemorts qu'une de l'Ordre du Phénix. Les deux étant pourchassés par le Ministère, elle signait pour Azkaban dans un cas comme dans l'autre. Ou alors, elle sonnait comme une bénévole dans une association caritative. Au choix.

Après être passée de celle qui ne veut rien entendre à celle qui envisage de mettre un orteil au Ministère, Castielle se rend compte que la femme d'en face semble avoir fait le chemin inverse dans le même temps : de défenseuse de son institution elle est passée en mode lynchage public ! Avec le ton blasé et les yeux bas qui vont avec ! C'en était aussi inattendu que drôle et pour le coup Castielle ne retient pas son éclat de rire. What a twist ! comme on dirait sur l'utranet. Remarque, avec ses précédents sous-entendus sur les Aurors, quelqu'un de plus fute-fute que Castielle aurait peut-être vu ça venir. Notre Poufsouffle ne se pose donc pas plus de question et renchérit de bon coeur :
« Aha tu tires à balles réelles toi ah ! »

De sa part c'était un compliment, bien qu'elle ne pense pas une seconde que cette expression puisse être mal interprétée de la part d'une non-moldue. Enfin, c'est pas comme si tous les moldus la comprenaient non plus.
Dans la foulée le tutoiement s'était imposé sans pression.

« Non mais, - la jeune fille tente de reprendre une expression un peu sérieuse mais n'arrive pas à se départir de son sourire complice - c'pas moi qui vais te contredire sur ça. Puis, perso, sur terre comme en mer, je ne compte que sur moi, c'est plus simple. »
Plus simple. Et plus sûr.
Sur terre, parce qu'on vit à une époque ou on ne peut faire confiance à personne.
Sur mer, parce qu'on ne peut compter que sur soi-même pour savoir si une corde est bien tendue.
La différence étant que, pour le deuxième scénario, Castielle sait que dans le pire des cas elle peut balancer qui fait n'importe quoi pas dessus-bord. Elle l'avait déjà fait et il s'était bien gardé d'être à nouveau dans ses pattes pour le reste du voyage. Simple, sûr, efficace.
Dans le premier scénario, en revanche, c'est plus sûrement elle qui se ferait éjecter hors course sans pouvoir y faire grand-chose. On en revient donc au problème initial : l'absence totale de sécurité ici-bas, que même les employés du Ministère ne se cachent (de toute évidence) pas d'approuver ! Les affiches collées sur tout le mur à leur côté en devient encore plus ridicule, si c'était seulement possible.

Dans la poche de la Poufsouffle, ça vibre et détourne son attention de la conversation. Son smartphone sous les yeux, elle soupire et se débarrasse d'une notification inintéressante venant d'une appli qu'elle était pourtant persuadée d'avoir mis en veille. Tout en faisant défiler son fil d'actualité d'un mouvement répétitif du pouce, Castielle enfonce un clou resté trop longtemps la tête en l'air : « Mais bon la concurrence est pas plus reluisante, pas de bol. »

Comme elle s'en doutait un peu, la remarque incisive d'Izsa fit son petit effet.

« Aha tu tires à balles réelles toi ah ! »

- Hm, merci ?

Non, parce qu'elle n'avait pas la moindre idée de ce que cela voulait dire. C'était au ton et aussi au contexte qu'elle avait comprit qu'elle avait eu de l'impact. Mais de quelles balles parlait-t-on ? Celle de football pour marquer un but ? Pourtant il n'y avait pas d'expression comme ça pour le Quidditch... Tant qu'Izsa n'avait pas provoqué une violente rage chez son interlocutrice, elle le prenait comme un compliment.

« Non mais, c'pas moi qui vais te contredire sur ça. Puis, perso, sur terre comme en mer, je ne compte que sur moi, c'est plus simple. »

Ah, voilà une jeune femme qui avait les idées bien en place. Izsa hocha la tête, aussi adepte de la philosophie de vie "on est jamais mieux servit que par soi-même". Comme quoi elle avait déjà du plomb dans la tête, ça n'était pas juste une adolescente rebelle. On ne devait pas s'en faire pour ce qu'on ne pouvait pas contrôler. Mais si on pouvait, alors... Il fallait agir.

Sauf que son interlocutrice semblait ne plus en avoir grand chose à faire de la conversation. Elle était en train de regarder son téléphone. Izsa savait que ce qu'était un téléphone moldu, merci bien, même si elle ne savait pas de quel plan de la réalité venait les balles, elle n'était pas la dernière des imbéciles non plus. Quand elle prenait le métro - oui elle prenait le métro de temps en temps - elle les voyait toujours sur leur petit appareil. C'était toujours le signal qu'ils n'en avaient rien à faire de vous, ce qui était généralement une excellente chose pour une sorcière à l'air toujours un peu perdue. Mais là, on ne parlait pas d'un trajet dans le métro. La jeune femme était en train de l'ignorer, en plein milieu d'une conversation.

« Mais bon la concurrence est pas plus reluisante, pas de bol. »

Ah ? Apparemment on pouvait parler et être sur son téléphone en même temps. Qui l'aurait cru ?

- La concurrence ? s'enquit Izsa, insistant bien sur le la. Je ne sais pas. Tu parles de ceux qui ont brulé le stand de WaddiWasi à la fête foraine ?

Ça c'était le thermomètre improvisé d'Izsa pour savoir où elle se plaçait politiquement. Et aussi pour savoir à quel point la communauté sorcière se faisait manipulée par les Mangemorts. Ils avaient changé leur mode opératoire : les seules attaques qui provoquaient étaient en false flag, faisait porter le chapeau à l'Ordre du Phénix. L'Ordre n'aurait jamais fait ça, évidemment. Izsa aurait aimé croire qu'il fallait être complètement c*n pour se faire avoir, mais elle était un peu biaisée. Alors elle demandait à voir un peu la main de son interlocutrice, avant de révéler la sienne.

Les nouvelles ne sont pas très bonnes. Castielle a du mal à détacher les yeux de son écran, ne réalisant pas du tout l'aspect impoli que son comportement peut avoir. Pour elle, c'est normal et tant qu'on est dans la conversation où est le problème ? De plus, qui sait ce qui peut se trouver sur l'ultranet de plus important que de savoir qui du Ministère ou des Mangemorts sont les plus forts. Des annonces de vente, des review du nouveau film de SF sorti mercredi passé, des avis de recherches de gens désespérés,... et des gifs d'Amélie Sky, pleiiin de gifs d'Amélie Sky ! Voilà à quoi ressemble le fil d'actu de la sorcière tandis qu'on lui pose une question piège.

La fête foraine ? Elle y était même pas, alors qu'est-ce qu'elle en sait ? C'était en été et, en général, Castielle passe ses vacances avec ses parents ; du côté moldu du monde. Quand elle n'est pas carrément en mer, coupée du monde.

Photo d'un petit robot sur mars.
Scroll.

Elle réfléchit. Non, vraiment, elle ne se souvient pas de cette affaire. Dans ces conditions difficile de trancher mais notre sorcière n'étant pas du genre à faire dans la demi-mesure, elle trancha quand même : « J'sais pas. Ceux-là, les autres, tous les mêmes question efficacité. »

Photo d'un garçon perdu depuis trois mois.
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Quand on y pense cinq minute, brûler un stand de fête foraine n'a aucun sens. Que ce soit l'oeuvre du Ministère, des Phénixs ou des Mangemorts, la cible était si insignifiante que rien de bon ne peut en être retiré.
Si c'était les "gentils" pour montrer qu'ils savaient faire en cas de pépin : c'était raté.
Si c'était les "méchants" pour montrer qu'ils pouvaient foutre le bordel : c'était raté.
Dans tous les cas c'était stupide et Castielle n'imaginait pas d'autres moyens possibles de tourner un tel événement à son avantage. Toute sa vie on lui avait appris à être un bon petit soldat et exécuter les ordres comme il faut. Des initiatives ? Oui bien sûr qu'elle pouvait en prendre, mais en tant que soldat, commandant, capitaine, pas stratège de tête. Et c'était là toute la subtilité de l'histoire qui échappait à notre jeune héroïne. Pour elle, si ce n'était pas une démonstration de force, alors ce n'était rien.

Vidéo d'une manifestation, quelque part (sans doute en France, question d'habitude) pour quelque chose qui lui échappe.
La foule repousse les forces de l'ordre.

Castielle range son smartphone dans sa poche, remonte ses lunettes sur son nez et plisse les yeux. Elle est quand même spéciale cette dame. Si la Poufsouffle se mettait en tête de savoir de quel côté elle est, elle n'y arriverait sans doute pas. Mais elle n'y pense même pas.
« Dans tous les cas, brûler un bête stand sans importance c'est stupide, peu importe le camp qui fout le feu. »

Cette conversation dérive au fil du courant et ça commence à irriter Castielle. Non pas qu'elle ait l'impression de perdre son temps, de toute manière elle était sortie pour changer d'air, mais les deux femmes s'engageaient sur une pente que la plus jeune d'entre elle n'était pas sûre de vouloir dévaler. La dernière fois elle s'était prise la tête avec son interlocuteur et en était presque venue aux mains. Par agacement plus que par conviction politique, il faut l'avouer, mais quand même.