Les nouvelles ne sont pas très bonnes. Castielle a du mal à détacher les yeux de son écran, ne réalisant pas du tout l'aspect impoli que son comportement peut avoir. Pour elle, c'est normal et tant qu'on est dans la conversation où est le problème ? De plus, qui sait ce qui peut se trouver sur l'ultranet de plus important que de savoir qui du Ministère ou des Mangemorts sont les plus forts. Des annonces de vente, des review du nouveau film de SF sorti mercredi passé, des avis de recherches de gens désespérés,... et des gifs d'Amélie Sky, pleiiin de gifs d'Amélie Sky ! Voilà à quoi ressemble le fil d'actu de la sorcière tandis qu'on lui pose une question piège.

La fête foraine ? Elle y était même pas, alors qu'est-ce qu'elle en sait ? C'était en été et, en général, Castielle passe ses vacances avec ses parents ; du côté moldu du monde. Quand elle n'est pas carrément en mer, coupée du monde.

Photo d'un petit robot sur mars.
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Elle réfléchit. Non, vraiment, elle ne se souvient pas de cette affaire. Dans ces conditions difficile de trancher mais notre sorcière n'étant pas du genre à faire dans la demi-mesure, elle trancha quand même : « J'sais pas. Ceux-là, les autres, tous les mêmes question efficacité. »

Photo d'un garçon perdu depuis trois mois.
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Quand on y pense cinq minute, brûler un stand de fête foraine n'a aucun sens. Que ce soit l'oeuvre du Ministère, des Phénixs ou des Mangemorts, la cible était si insignifiante que rien de bon ne peut en être retiré.
Si c'était les "gentils" pour montrer qu'ils savaient faire en cas de pépin : c'était raté.
Si c'était les "méchants" pour montrer qu'ils pouvaient foutre le bordel : c'était raté.
Dans tous les cas c'était stupide et Castielle n'imaginait pas d'autres moyens possibles de tourner un tel événement à son avantage. Toute sa vie on lui avait appris à être un bon petit soldat et exécuter les ordres comme il faut. Des initiatives ? Oui bien sûr qu'elle pouvait en prendre, mais en tant que soldat, commandant, capitaine, pas stratège de tête. Et c'était là toute la subtilité de l'histoire qui échappait à notre jeune héroïne. Pour elle, si ce n'était pas une démonstration de force, alors ce n'était rien.

Vidéo d'une manifestation, quelque part (sans doute en France, question d'habitude) pour quelque chose qui lui échappe.
La foule repousse les forces de l'ordre.

Castielle range son smartphone dans sa poche, remonte ses lunettes sur son nez et plisse les yeux. Elle est quand même spéciale cette dame. Si la Poufsouffle se mettait en tête de savoir de quel côté elle est, elle n'y arriverait sans doute pas. Mais elle n'y pense même pas.
« Dans tous les cas, brûler un bête stand sans importance c'est stupide, peu importe le camp qui fout le feu. »

Cette conversation dérive au fil du courant et ça commence à irriter Castielle. Non pas qu'elle ait l'impression de perdre son temps, de toute manière elle était sortie pour changer d'air, mais les deux femmes s'engageaient sur une pente que la plus jeune d'entre elle n'était pas sûre de vouloir dévaler. La dernière fois elle s'était prise la tête avec son interlocuteur et en était presque venue aux mains. Par agacement plus que par conviction politique, il faut l'avouer, mais quand même.

Izsa se demandait pourquoi elle avait autant de patience avec la jeune fille. Mais ça, elle avait déjà sa petite idée de pourquoi. Elle se reconnaissait bien trop en elle. La vrai question, c'était pourquoi l'étudiante avait autant de patience avec Izsa. Parce qu'elle avait beau faire autre chose en même temps, elle était toujours plantée là, devant-elle. Toujours aussi... hem... adolescente.

« J'sais pas. Ceux-là, les autres, tous les mêmes question efficacité. »

Voilà donc relou. C'est ça. Le genre de je-m'en-foutisme qui faisait toute l'essence des gens entre 13 et 17 ans. Izsa ne répondit pas, attendant de voir si elle avait tout de même plus de choses à dire. Un peu, oui, mais pas mieux.

« Dans tous les cas, brûler un bête stand sans importance c'est stupide, peu importe le camp qui fout le feu. »

Cette fois-ci, la Hilswood soupira bruyamment, excédée. Son interlocutrice se pensait si intelligente. Si éclairée. S'en était ridicule. Et lourd, toujours aussi lourd. Qui avait eu la mauvaise idée d'inventer l'adolescence.

- Bravo. Quel cerveau galactique. Tu ne réagis pas du tout exactement de la manière dont les auteurs du feu le souhaitent.

Ça s'appelle une campagne de décrédibilisation. Bienvenue dans le monde réel. Honnêtement, elle espérait que c'était juste elle qui était un cas particulier. Elle ne donnait pas cher du futur de la communauté magique si tout le monde pensait ainsi.

- T'as déjà pris plus de vingt secondes de réflexion avant de faire ce genre de jugement hâtif ? Si tu veux devenir quelqu'un qui protège la communauté sorcière, tu ferais bien de savoir dans quel camp tu te bats.

A défaut de pouvoir l'attraper par les épaules et la secouer violemment, elle se contentait d'utiliser ses mots. Comment elle avait dit, déjà ? Ah oui, elle "tirait à balles réelles". Et ben maintenant, elle tirait droit sur elle. Et ça n'était pas des balles de foot.

Du coup c'est moi qui t'ai fait attendre, désolée !

Et voilà, pente glissante égale dégringolade et là c'est la chute. Le peu d'intérêt que portait Castielle à cette conversation venait de voler en éclat sous l'insulte. Elle n'avait peut-être pas un cerveau galactique, mais ça, elle le comprenait, que c'en était une. Et la jeune femme est du genre à compenser ça avec de l'ego et une fierté mal placée. Pas qu'elle s'offusque si on ne la confond pas avec une Serdaigle, loin de là ! mais c'est autre chose que de se faire ainsi dénigrer. Si les auteurs du feu voulaient qu'elle les trouve stupide d'avoir cramé un stand, quels qu'ils soient, alors ce sont d'encore plus gros abrutis que ce qu'elle pensait ! Et y a pas besoin d'être Einstein pour ça ! Mais non, apparemment c'est elle qui manque de réflexion et d'intelligence. Quel foutage de gueule !

Du feu évoqué dans la conversation, c'est sur ses montures de lunettes que la couleur des flammes se colle, à défaut de colorer ses joues. Castielle n'avait même pas la colère rouge, elle l'avait d'un autre style. Un style qui dit clairement à l'autre d'aller se faire f*****. Pas de respect pour une agente du Ministère mais c'est elle qui a commencé (c'est ce qu'elle dira au juge, si jamais) !
« Ouais c'est ça, bah je me bats pour le camp des gens qui pètent pas plus haut que leur cul déjà. »

C'est sur ces poétiques paroles et sans un ciao que la sorcière tourna les talons. Ça va bien cinq minutes son délire à l'autre là, Castielle rumine. Vivement qu'elle remonte ses notes, prennent son billet de portoloin et se barre de ce pays pour six mois. Ça lui fera des vacances. Et comme ça les gens pourront bien se prendre le chou sur des histoires de stands cramés, ce sera plus son problème et madame lumière là pourra faire sa maligne autant qu'elle le voudra.

Elle, elle sera au bord de la mer noir.
La paix rêvée.
Sans se douter que l'eau est parfois le meilleur terreau pour faire germer des idées auxquelles on n'aurait pas pensé ailleurs...