[Animation] Chasse aux trésors [Terminé]

La Ko-équipière elle aime pas la copine à l'Artyste. C'est un fait. Elias il note les faits, parce que des fois ça sert dans la vie, de savoir qui aime qui, quoi, quand, comment, pourquoi. Là il sait juste qu'elle l'aime pas. Et c'est marrant de la voir énervée parce que pour lui c'est rare, très rare. Insolite. Il va dans son sens, évidemment. Il la connait pas l'autre après tout. En plus Kohane elle doit avoir de bonnes raisons pour pas l'aimer. Peut-être pas une allergie, faudrait pas pousser mémé dans les orties - pis la Mokeuse elle a pas le bras rouge il va pas mentir pour son bon plaisir -, mais il voit bien qu'elle a les nerfs en pelote.

Fort heureusement la boisson aidant, les esprits peuvent s'apaiser tandis que la chasse s'ouvre aux Trois-Balais. Y a bien un oublié que la Kohanne lui pointe du doigt a un moment, mais si personne sait ça a que peu d'importance. Pis la patronne elle a la solution a tout, alors l'Elias il sait qu'elle trouvera quelque chose de bon à en faire. Alors que chacune s'empresse pour les derniers trésors, il se déplace derrière le bar pour choper le Gramophone et préparer les premiers sons à envoyer. Il entend sa Mokeuse qui livre l'ultime bon à la malchanceuse jeune femme n'ayant rien déniché au sein du fabuleux troquet - c'était pourtant pas faute d'y avoir mis du coeur-. Il admirait cette capacité que sa chère colocataire avait pour atténuer toute tension et rendre le sourire à son prochain. Elle avait un don, pour sûr. A moins que ça ne relevât de magie ?

Elias, tu t'occupes de la musiiiiqueuh ? Il plaça une main sur sa tempe et salua sa Ko-équipière avec entrain, un sourire large sur les lèvres c'est partiiii. D'une main sûre, il libéra les premières notes avant de remonter ses manches pour un service des plus efficace. L'Artyste semblait gérer le conflit Koredanesque avec brio. Enfin de loin ça y ressemblait. En plus de ça le type était multitâche au possible, vu qu'il servait ces dames à une cadence sèche tout en faisant les yeux doux à sa chère et tendre. Il entendit une tendre voix réclamer un HAKUNA BANANA ! Ça a l'air bon oui oui oui ! avec la délicatesse d'une tasse en porcelaine scotchée plusieurs fois pour cacher les morceaux ébréchés et offrit à Kohane un sourire appuyé je m'en occupe !. Comme ça elle pouvait continuer de veiller au grain, faire la discussion, tout ça.

Il était moins à l'aise avec les mondanités qu'il ne l'avait été avant l'incident, et préférait se vider l'esprit dans le travail. Enfin. Ça n'incluait pas qu'il se déhancherait pas sur la musique un peu plus tard dans la soirée. Empoignant la bouteille de rhum, il décida de se servir en même temps que la jeune femme histoire de pimenter un peu tout ça. Hakuna Banana, on a qu'une vie comme on dit. L'essence de vanille imprégna l'air avant de plonger dans le verre, rapidement rejointe par la liqueur de banane écoulée d'une main experte. Elias agrémenta les deux cocktails d'épices spéciales à l'abri des regards - y avait des secrets qu'étaient plus beaux s'ils étaient vraiment très secret -, et déposa sur le comptoir sa préparation tadaaaaaa ! Il trinqua avec sa propre boisson à cette fabuleuse chasse ! et bu d'une traite un bon tiers du cocktail.

J'ai un réel problème avec le temps. Lui et moi ont ne s'entend pas. Il part sans moi et je dois courir pour le rattraper. C'est tout le temps comme ça. On vit en décalage. Oui, j'ai un réel problème avec le temps. Aujourd'hui n'échappe pas à la règle. Je suis en retard. Pas un peu en retard, je sens sérieusement en retard. Une sieste improvisée qui a davantage ressemblé à une petite nuit. Je sais que la chasse au trésor qu'organisait les Trois Balais est sans doute terminée à l'heure qu'il est, la soirée, quant à elle, est bien entamée. J'espère de tout coeur que mon arrivée passera inaperçue. Pourquoi donc ai-je accepté cette invitation ? Peut-être parce que je suis incapable de dire non aux yeux doux d'Arty ? Mais je ne suis pas dupe. L'irrésistible idée de revoir Kohane a joué pour beaucoup dans ces quelques secondes de réflexion, je ne peux pas le nier. Difficile de résister. Je n'ai pas besoin d'aller lui parler, juste la déshabiller du regard suffira à me combler.

Je ne pouvais pas y aller en basket. Non, j'avais envie d'être jolie, d'être séduisante, d'être fière. Une robe légère que je ne sors que pour de rares occasions. Mais là, maintenant, tout de suite, je regrette mes baskets. Il fait froid et je n'arrive pas à courir avec ces chaussures beaucoup trop fragiles. Je ne suis même pas encore arrivée que je suis déjà à bout de souffle. Il ne me reste plus que quelques mètres, j'aperçois les fenêtres illuminées. Une fois devant la lourde porte, je prends quelques instants pour retrouver une respiration normale et m'engouffre à l'intérieur du bar.

La chaleur de la pièce me caresse le visage. Douce chaleur. Et bien, on ne peut pas dire qu'il n'y a pas d'ambiance. Je jette un rapide coup d'oeil aux invités présents. Je reconnais la plupart des têtes. Des élèves de Poudlard ou des rencontres hasardeuses, chacun son histoire. J'aperçois Arty qui discute avec une jeune fille que je ne reconnais pas à première vue. Loredana traîne sans doute dans le coin. Jamais l'un sans l'autre ces deux-là. Mon coeur s'arrête un instant quand mes yeux se pose sur Ange. Elle n'a pas changé. Kohane sourit. Kohane est belle dans sa robe pourpre. Kohane sera toujours belle. Kohane est loin, beaucoup trop loin. Je ne peux pas l'atteindre et je ne pourrai jamais l'atteindre. Je me suis faite à l'idée maintenant. Je lui lance un sourire timide et me force à m'arracher de ses yeux pétillants. Arty, Arty, aller voir Arty. Salut toi ! Tu m'avais caché que ton collègue était si mim's. Je le coupe dans sa conversation avec la jeune? fille. Un peu trop jeune pour lui, non ? Qui suis-je pour juger après tout ? Désolée de vous interrompre... je me tourne vers le Poufsouffle, et archi désolée d'être en retard. C'est pas de ma faute, je te jure. À peine. Qu'est-ce que j'ai raté ?

« Nuit de folie, c’est pas fini. »

Avec ceux présents pour l’occasion

Saison 30
Hiver

Pommettes hautes. Sourcils réhaussés. Le rire qui s’échappe de mes lèvres est un fin filet de hoquet. La jeune femme est maintenant loin et pourtant le regard du serveur ne la quitte que par nécessité, l’envie soudaine qui se lit sur ses traits en est presque indisposante. Mais je le comprends. La chance d’aimer une personne si fort, que même des petits grains de sables dans la machine ne suffiraient pas à stopper... C’est curieux et à la fois énervant.

Même s’ils ne se jettent pas l’amour à la figure, je le sens déborder dans ses paroles et ses gestes. Elle est prise, d’accord, d’accord. Je n’avais rien dit dans l’intention de le provoquer, j’espérais juste voir à quel point deux personnes pouvaient se rejeter tout en éprouvant l’intime besoin de se posséder. Le serveur avait bien réagi. C’était encourageant.

Je repose mes émeraudes sur mon verre, cachant mon sourire satisfait derrière mon visage légèrement incliné. « Ne te pose pas trop de questions, j’aime juste constater les belles choses... » Elles sont si rares en ce moment, que d’en voir, me donne envie d’espérer. J’avais trop luté contre moi-même, trop résorbé mes propres émotions. J’avais fini par devenir le puit dans lequel je jetais tous les sentiments. Les miens et les leurs. J’acceptais difficilement l’attention, quoique quelque part je la recherchais hypocritement. Je ne savais simplement pas comment la gagner honnêtement.

À la confession qu’il me fait, je lève mon verre. « Félicitations ! » Je crois que je suis contente pour lui, quand bien même il s’agit d’un parfait inconnu. Peut-être aussi s’agit-il de mon cocktail, qui visiblement entre en action et me fait ronronner de plus belle. Ce qui sort ensuite de sa bouche, en revanche, m’enchante beaucoup moins. « Poudlard part en vrille, mais est-ce vraiment une nouveauté ? Y’a eu un suicide y’a pas si longtemps. Une poufsouffle, il me semble. » Je lui dis ça légèrement, sûrement trop, mais je n’arrive pas à le raconter autrement. Être euphorique ça craint pour parler de ce genre de m*rde.

Me concernant, il y aurait sans doute eu des choses à dire, mais je préfère taire l’essentiel pour ne pas entacher la soirée. « Quant à moi, et bien, je suis là, seule, ce soir... Mais ça me convient très bien comme ça ! », je m’empresse d’ajouter. Je décoche un sourire de circonstance, rajustant mes manches sur mes poignets par la même occasion. Mes yeux, eux, ne quittent pas le serveur, les empêchant ainsi de regarder ce que je venais de cacher. Ma main vient ensuite à la rencontre de la sienne : « Riley Callaghan. » Je serre doucement mes doigts, priant pour qu’il en fasse de même. Mes phalanges ne s’étaient pas encore remises complètement de leur choc contre un miroir. « Dis moi Arty, raconte moi quelque chose... Mais attention, pas quelque chose de triste et qui fait chialer ! Tiens, parle moi de cet endroit. Je suis sûre qu’Aux Trois Balais, les histoires ne manquent pas. » Une envie soudaine d’être distraite, de penser plus léger et surtout s’éloigner des mauvais souvenirs.

Une jeune femme vient interrompre à nouveau notre conversation, qui commence légèrement à se transformer en gruyère. Mais, soit. Je m’efforce de garder ma bonne humeur, parce qu’après tout il n’y a rien d’étonnant à apostropher un serveur. Et puis, elle s’excuse, c’est déjà un bon début.