5h00. L'alarme que j'avais programmée la veille au soir venait de sonner. Réveil difficile, l'excitation de découvrir autre chose que de la magie, la technologie m'avait maintenue éveillée une bonne partie de la nuit... mille et une question tourbillonnant dans ma tête laissant mon cerveau en ébullition.

5h10. Il est temps. Sortir du lit, faire son lit, filer difficilement sous la douche et ça y est être opérationnel et terriblement excité! Prenant quand même mon temps pour me préparer, mais pas trop. Profitant de l'eau pour démêler ma chevelure sauvage, un peu de crème et c'est partie.

5h30. Dans la grande salle, il faut bien manger avant de partir en expédition, le petit déjeuner est le repas le plus important nous dis-t-on! Alors c'est avec plaisir que je mangeais mon porridge en sirotant la meilleure boisson du matin, un thé au lait avec une petite touche de sucre, parfait!

5h50. Retour dans la salle commune de ma maison. Brossage de dent rapide. Sac préparé la veille au soir sur l'épaule. Et on attend l'heure.

6H00. La directrice est là! Enfin! J'ai si hâte! Lorsque je regarde autour de moi, je vois que nous sommes quand même assez nombreux à partir, c'est bien! La connaissance doit se faire partout et à tout moment! Mme Peony, vérifie que tout le monde à respecter la règle de pas de baguette. Vite! Vite! Je suis si impatiente! Bien! Parfait! Tout le monde a fait ce qu'il fallait et nous voilà partie!

7h00. Nous sommes tous installé dans le train, l'excitation et à son comble, mais, il nous fallait quand même ce petit rappel sur la magie! Nous allons dans le monde moldu, et même si j'ai pour habitude d'y aller avec mon grand-père, ce sera ma première fois dans un Parc
d'Attraction! Hochant gravement la tête aux consignes donner, ne pas faire de sottise où on décevra toute notre maison! Poudlard même! Et pire que tout notre famille. Alors l'excitation oui mais on se contient! Bien qu'un petit sourire de ravissement flotte sur mes lèvres.

Je suis en pleine forme ce matin. Il paraît que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, et je suis entièrement d'accord avec ce concept. Pourquoi perdre du temps à dormir, alors qu'on peut faire plein de choses fascinantes pour devenir une véritable célébrité ? Aujourd'hui, c'est le jour de la sortie scolaire au parc d'attraction technologique. Normalement, on devrait apprendre plein de choses sur les moldus, et j'ai vraiment hâte de voir ça. Je ne tiens pas du tout en place. Déjà, dans la salle commune. Je fais les cent pas, de long en large et en travers, sautant de temps en temps sur un fauteuil pour y faire un poirier, essayant même d'en faire un sur le dossier mais ne parvenant qu'à faire tomber le meuble en évitant de me faire mal in extremis.

C'est pas de ma faute, il paraît que je suis hyperactif. Et ça, ça veut dire que je déborde toujours d'énergie et de créativité. Bref, ça me rend encore plus parfait, quoi que difficile à suivre pour tous les gens lambdas qui me servent de camarades. Peu importe, leur avis me passe complètement au-dessus. Seuls les gens un peu intéressants méritent mon attention, et ils ne sont pas beaucoup dans ce château - ou alors ils se cachent bien.

Le petit speech de notre directrice rentre par une oreille et ressort par l'autre. Tout ce que j'ai retenu, c'est qu'il n'y avait aucune règle si ce n'est de ne pas divulguer le Secret Magique. Et nous voilà partis en train. Autant dire que je suis trop impatient pour m'asseoir. Alors je passe de compartiment en compartiment, de wagon en wagon, m'accrochant aux barres des portes bagages pour faire quelques tractions avant de m'essayer à quelques saltos dans le couloir, juste pour voir si le train avance sans moi lorsque je suis dan les airs.

Tout ce qui sortait un tant soit peu de l'ordinaire plaisait à Aysha, qui était secouée d'une étonnante envie de nouveauté depuis quelques mois. Elle saisissait chaque occasion de faire des découvertes, des expériences, de rencontrer de nouvelles personnes, bref, de sortit de sa zone de confort, comme si elle avait voulu rattraper le temps qu'elle avait perdu en menant sa petite existence d'adolescente réservée, calme et respectueuse du règlement. Même si une sortie dans un parc d'attraction moldu n'était pas l'expérience la plus ennivrante qui soit, elle se réveilla avec une certaine impatience. Elle était surtout heureuse à la perspective de partager une journée différente avec les camarades de sa maison et espérait se forger ainsi de jolis souvenirs.

Elle était assez familière avec la technologie moldue, puisque sa mère en était une et qu'elle n'était jamais parvenue à se débarrasser de tous ses gadgets, même lorsqu'elle avait épousé son père, puis son beaux-père, sorciers. Aysha avait donc toujours baigné de cet univers mêlé de technologie et de magie, bien qu'elle-même n'eût jamais été très à l'aise avec tout ce qui n'était pas du monde sorcier. En fait, elle trouvait la magie toujours bien plus pratique et facile à utiliser. Cette sortie serait donc probablement riche en apprentissages tout de même. L'heure était tout de fois matinale et Aysha avait encore la mâchoire contractée en un bâillement lorsque la directrice de la maison, Lorelaï Peony, se présenta à eux dans la salle commune. Ils étaient à peine une dizaine à se joindre à l'excursion, ce qui surprenait la préfète. Certains préféraient-ils donc assister aux cours, comme chaque sempiternel jour de l'année ?

Ils furent priés de laisser leurs baguettes dans leur dortoir. La bleue se sentait un peu nue sans cette compagne qui était devenue indispensable. Ils prirent la direction du parc et retrouvèrent le professeur Turner devant la porte, qui était de toute évidence leur second accompagnateur. Aysha balaya rapidement les visages des participants du regard. Bien sûr, il y avait Sue, qu'elle connaissait surtout pour être la seconde préfète de sa maison, et qu'elle appréciait. Il y avait également Jennifer, qu'elle connaissait depuis peu pour l'avoir aidée à maîtriser son balai un matin, dans le parc. Elle fit un signe de la main à Isaac, pour qui elle était toujours eu beaucoup d'affection. Les autres visages lui étaient familiers mais elle ne leur avait jamais réellement parlé. Voilà qui serait l'occasion.

Elle n'avait jamais traversé Pré-Au-Lard à pareille heure et le chemin lui sembla plus long que d'habitude. Ses paupières étaient lourdes et elle dût réprimer un bâillement. Elle détestait l'atmosphère froide et hors du temps que se dégageait de tout, le matin. Ils prirent place dans le train et Aysha se pelotonna dans un siège, jetant des coups d'oeil à ses camarades histoire de voir qui lui tiendrait compagnie pendant ce trajet dont elle ne connaissait pas la durée. Lorelaï leur indiqua les règles à respecter, qui étaient assez évidentes, et la préfète coula un regard en coin à Benedict, qui n'avait visiblement aucune envie de s'asseoir, et qui ne semblait pas écouter un mot de ce que disait la directrice. Elle sentait déjà qu'il ne tiendrait pas en place, comme à son habitude, ce qui risquait de rendre l'excursion plus pénible que prévue. Ou bien peut-être parviendrait-elle à lâcher suffisamment prise pour trouver son comportement amusant. Avec un peu de chance.

Aujourd’hui, on a une sortie. Dans un endroit inconnu, avec que des inconnus, enfin ça je n’en suis pas trop sûre parce que je ne sais pas qui y va mais comme je ne connais pas beaucoup de monde il risque d’y en avoir beaucoup. Mais je crois qu’on ne sera pas trop nombreux, après tout c’est organisé par la directrice des Serdaigles et elle ne peut pas surveiller tout pleins d’élèves en même temps même si elle est accompagnée, je sais plus si elle est accompagnée ou pas, d’ailleurs il n’y aura que des Serdaigles ! Déjà, ça réduit le nombre d’inconnus possible. On s’en va tôt, sept heures du matin mais six dans la Salle Commune, et on rentre tard, j’ai oublié quelle heure parce que ce n’était pas important. Après tout, ce sont les adultes qui doivent surveiller l’heure de retour pour décider quand rentrer ! Et les élèves se doivent de surveiller l’heure du matin pour ne pas rater le départ. Alors depuis hier soir je m’inquiète à l’idée d’être en retard, de rater ce départ tant attendu, de finalement ne pas pouvoir aller à cette sortie synonymes de grandes, immenses, gigantesques découvertes… Donc je me suis réveillée tôt, très tôt, mais comme il fallait. Comme si le cerveau avait une horloge intégré ! En tout cas c’est pratique, je peux aller prendre le petit-déjeuner sans trop d’inquiétude. De toute façon je ne reste jamais longtemps dans cette Salle qui porte bien son nom, les élèves font trop de bruit, alors généralement, et aujourd’hui aussi, je mange un petit quelque chose rapidement pour accompagner mon chocolat chaud et puis c’est vite finit.

Qu’est-ce qu’il faut pour une sortie ? J’ai déjà fait mon sac, mais je préfère vérifier, pour être sûre. L’autorisation de sortie signée par papa et maman est déjà chez la directrice de ma maison, j’imagine qu’il ne faut pas grand-chose d’autre. Mon sac paraît ainsi bien vide, avec seulement le carnet et le crayon. Mais ça sert à rien de prendre des trucs inutiles qui feront mal au dos, alors après cette vérification rapide je termine de me préparer rapidement puis je retourne dans la Salle Commune, à une place habituelle, une fenêtre. Il y a cet élève qui fait l’idiot dans la Salle, c’est épuisant à regarder à force, heureusement la directrice arrive rapidement, alors on l’écoute tous, plus ou moins bien. On est nombreux finalement, mais ça devrait aller. Je connais, au moins de tête, la plupart des élèves présents pour notre sortie. L’adulte vérifie qu’on n’a pas pris avec nous baguette, évidemment je ne l’ai pas je n’y ais même pas pensé depuis hier soir, c’est pas très gentil pour elle. Il paraît que les baguettes sont un peu comme vivantes… J’irais m’excuser plus tard. Pour l’instant, on écoute la dame, et on la suit bien surtout, ce serait très embêtant de se perdre ! On descend les marches, un jour je les compterai quand j’aurai le temps, et devant la porte de l’école on rejoint un autre adulte. Le professeur de Sortilèges ! Il vient avec nous ? Apparemment, oui.

On s’en va, petit groupe d’élèves et d’adultes, à la gare, on va prendre le train, et je suis contente parce que j’aime bien prendre le train. On ne le prend pas souvent, mais pour venir à Poudlard on l’a pris, et c’était génial ! Ça va super vite, on voit un arbre et pouf ! Il disparaît, sans vraiment disparaître, très rapidement. Dans le train, on a un wagon pour nous, et j’espère que les élèves ne seront pas trop bruyants pour le trajet. La directrice donne des consignes et des explications, même si ce sont des explications étranges. La technologie, magie utilisée par les moldus ? Y a rien de magique à la maison, c’est la vérité ! La technologie, c’est pas de la magie. Mais je préfère ne rien dire, après tout c’est peut-être un moyen d’expliquer aux Sorciers ce qu’est la technologie ? J’écoute la suite, rien de très compliqué en fait, on fait pas de magie et on n’en parle pas. De toute façon on n’a pas nos baguettes, et au pire les gens nous prendront pour des fous si on parle de magie, c’est tout. C’est pour certains que ça va être compliqué, n’est-ce pas plusieurs-prénoms ? Il a l’air occupé à bouger partout lui. Alors je me serre sur le côté contre une fenêtre pour voir le paysage défiler, et j’attends qu’on arrive à destination. J’y suis jamais allée à ce parc d’attraction de technologie moldue, mais ça promet d’être génial ! Tant qu’on reste calme, sage et attentif.

Je hausse un sourcil en voyant la Dirlo débarquer avec un Elfe de Maison alors que je viens tout juste de finir un magnifique salto arrière des plus réussis. Qu'est-ce qu'elle me veut ? Pourquoi elle me dit que mon comportement n'est pas acceptable ? Elle n'a jamais dit que faire des saltos était interdit, je devais le deviner ? Je ne gène personne, si quelqu'un veut passer, je m'arrête le temps qu'il passe, je salue même les inconnus comme l'enfant très poli que je suis. Pourquoi elle me fait ça à moi ? Je dois rentrer avec l'Elfe de Maison, privé de sortie, et je gagne un rendez-vous avec elle en plus.

Si elle pense que je vais me pointer à son rendez-vous ridicule le lendemain, elle se plante. Elle ne sait pas à qui elle a à faire. Je vais en parler à ma marraine, elle saura tout, et cette façon totalement injuste qu'elle a de me traiter n'en restera pas là ! Je plante mon regard dans le sien. Elle ne veut pas que je fasse d'histoire, très bien. Je ne suis pas là pour en faire, elle les crée seule.

- Ne m'attendez pas demain, je ne viendrais pas. Bon voyage !

Les deux derniers mots sont adressés très fort, pour tous mes autres camarades qui eux vont avoir la chance de participer à cette sortie que j'attendais pourtant avec excitation. Cette poisse. Faut prévenir quand les saltos sont interdits. L'Elfe, que je commence à bien connaître puisque c'est lui qui a soigné ma plaie lorsque je me suis enfoncé le coupe papier dans le bide, m'emmène dans la foulée pour un retour au château. Direction ma salle commune, histoire de rédiger une jolie lettre à ma marraine.

Un train, ça va vite. Quand on est dehors et qu’on le voit passer, on le sent qu’il est rapide. Pourtant quand on est dedans, on n’a même pas l’impression de bouger, assis sur un fauteuil. On regarde par la fenêtre, et on a plutôt l’impression que c’est le paysage qui change de lui-même. Ce serait rigolo si c’était le cas, voir des arbres bouger tout seul n’est pas courant. Ou peut-être qu’avec la magie, ça peut arriver, certaines plantes magiques sont super bizarres, et puis si la Mandragore peut crier pourquoi l’Arbre ne pourrait-il pas marcher ? Des racines, ça peut être utile si elles veulent bien sortir de la terre. C’est presque sûr qu’en se regroupant, elles auraient assez de force pour déplacer l’Arbre là où il voudrait… Ça pourrait faire un joli dessin. Un arbre debout sur ses racines, avec des yeux aussi ? Pour voir où il va. Ou alors il pourrait se servir d’ultrasons et d’écholocalisation, comme la chauve-souris. C’est mignon les chauve-souris, j’aime bien.

Sauf que non, ce n’est pas l’heure de dessiner. La voix de la dame qui nous accompagne se fait entendre, alors je délaisse la fenêtre pour poser les yeux sur elle. La directrice est très gentille d’avoir proposé cette sortie, c’est une bonne idée. Qui n’aime pas découvrir des choses ? Puis une sortie, ça intéresse forcément du monde. Heureusement qu’il n’y a pas trop d’élèves quand même, sinon j’aurais pas aimé. Mais pourquoi multi-noms est parti au château ? Il n’a finalement pas voulu participer ? Ou alors il a fait n’importe quoi, c’est bien plus probable. Je me demande bien comment il a fait pour partir du train, enfin ce n’est pas l’heure de se questionner et puis ce n’est pas plus mal : il n’embêtera personne à faire du bruit et à bouger partout comme ça ! Madame Peony se met à nous expliquer qu’on doit être sage et exemplaire même si les Moldus ne connaissent pas notre école, et que pour la plupart ils ne la connaîtront jamais. C’est pourtant évident, il n’y a rien de difficile à comprendre que l’on doit rester calme pendant une sortie…

Je ne sais pas si ça fait longtemps qu’on a démarré, ni s’il reste beaucoup de temps avant notre arrivée, mais la dame n’a pas envie de nous le dire lorsqu’elle regarde l’heure. Tant pis, de toute façon le temps passe vite et puis c’est chouette le train. Sauf qu’en fait, après le train le voyage ne sera pas terminé. La directrice de notre maison parle de métro dont elle donne la définition, mais qui ne sait pas ce qu’est un métro ? Les Sorciers exagèrent, c’est un moyen de transport très connu chez les Moldus ! Beaucoup l’utilisent. Je l’ai déjà pris aussi quelques fois en Espagne, mais j’aime pas ça. Il y a du monde, pleins d’inconnus et souvent des bousculades. Du coup, on a appris à utiliser autre chose, la voiture ou juste les pieds, je préfère largement marcher. Sauf que là, j’ai pas le choix, alors je prends un ticket que nous distribue l’adulte en lui faisant un sourire poli avant de le ranger dans mon sac. Il ne faudrait pas risquer de le perdre ni de le faire tomber !

Et je me retourne vers la fenêtre et le paysage extérieur en mouvement, mais je n’ai pas beaucoup de temps pour ça car madame Peony se remet à parler. Ça parle beaucoup un adulte… Mais en même temps, il faut bien donner les consignes ! Alors j’écoute, et pour bien écouter, il faut regarder. Ce sont des questions en fait, pas des consignes. C’est rigolo, parce qu’au final ça ressemble un peu aux questions qu’un adulte de chez les Moldus poserait à sa classe lors d’une sortie scolaire. "Avez-vous déjà pris le métro ?" ou encore "Êtes-vous déjà allé là ?". Comme quoi les Sorciers et les Moldus peuvent se ressembler autant qu’ils sont différents. Bref, il faut répondre. Pour dire quoi ? Qu’en tant que née-moldue, j’ai l’habitude ? On va éviter de dire ça de cette manière, mais c’est que ça va donner. Est-ce qu’il faut aussi lever la main ? Elle n’a précisé. Alors au cas où, je lève un peu la main avant d’expliquer «Moi j’ai déjà pris le métro. Ça va très vite et y a du monde, mais au moins on est vite arrivé.» Et oui, c’est le point positif de ce transport… Mais bon, il faut bien prévenir les gens !

Si Aysha savait que nulle entorse au règlement ne pouvait être tolérée dès lors que l'on passait les murs de Poudlard, elle n'avait pas pensé que Miss Peony ferait preuve d’intransigeance aussi peu de temps après le départ du train. Un salto avait envoyé l'élève perturbateur sur le chemin du retour, en plein milieu du voyage en train. Après son départ - non moins théâtral - la directrice de la maison les informa du chemin qu'ils devraient prendre pour se rendre au parc d'attraction. Aysha avait déjà pris le métro, mais cela faisait bien longtemps qu'elle n'y avait pas mis les pieds, et il lui semblait se souvenir que ce n'était pas un endroit très rassurant, ni même très agréable à fréquenter. Pendant la période de quelques années, entre ses trois et ses six ans, où son père était déjà parti et son beau-père pas encore connu, la bleue avait été forcée de vivre "à la moldue" comme elle aimait le dire. Sa mère s'était toujours bien accoutumée aux coutumes sorcières - au point d'épouser deux sorciers - mais bien sûr, lorsqu'elle avait été célibataire, elle n'avait pu profiter de ces pouvoirs et s'était retrouvée contrainte de revenir à un mode de vie plus normal pour elle. N'ayant évidemment pas encore pu développer ses pouvoirs à cet âge, Aysha l'avait suivie. Elle connaissait donc plutôt bien le monde moldu. Elle en voyait encore de nombreuses représentations dans le quotidien de sa mère, mais aussi et surtout de ses grands-parents maternels, qu'elle allait voir fréquemment en Tunisie, et qui n'était pas au courant de ses pouvoirs et du mariage de leur fille.

C'était un monde qu'elle aimait bien mais qu'elle trouvait mille fois moins pratique que le monde magique, et surtout rempli de temps perdu. Le métro en était une manifestation très visible : attendre dix minutes au bord d'un quai bondé, enfermé, à l'odeur souvent désagréable, puis attendre encore plus longtemps dans un wagon encore plus bondé, où l'odeur d’égouts laissait place à l'odeur de transpiration... Alors qu'on pouvait transplaner. Franchement. S'il y avait des inventions qu'elle trouvait pleine de potentiel, comme le fameux téléphone portable, l'ordinateur et bien plus, il y en avait certaines qui n'égalaient en rien les pouvoirs magiques, le métro en tête de liste. Elle n'était pas mécontente cependant d'avoir l'occasion de s'immerger un peu dans le monde moldu ce jour-là. Elle en était totalement coupée à Poudlard, ce qui rendait chaque sortie divertissante. Elida avait pris le métro elle aussi, et qualifiait ce moyen de transport de rapide, ce qui n'était pas vraiment le mot qu'aurait employé Aysha. Rapide pour des moldus, peut-être...

- Il faudra surtout faire attention où vous mettez les pieds, ajouta-t-elle, finalement contente pour lui que le gamin au salto ait été renvoyé. Il y a énormément de monde dans le métro, et on a vite fait de se perdre, de trébucher ou de tomber du quai. Enfin... ça reste amusant, hein.

Elle avait ajouté cela pour tempérer un peu son discours : ce n'était pas la peine de faire peur aux Serdaigle qui ne connaissaient rien au monde moldu, même si même pour un-e habitué-e, le métro pouvait être un peu... déstabilisant.

Moi, le métro, j’aime pas trop. Mais pour une sortie, promis je ferais des efforts pour ne pas râler. Il suffira juste qu’on ne me pousse pas, qu’on ne me dise pas de me tenir, que je puisse m’asseoir sur un siège si possible sinon tant pis je m’assois par terre, et qu’on me dise quand descendre aussi parce que je fais souvent le voyage les yeux fermés. Si j’ai les yeux ouverts, je vois le noir, le noir et encore le noir des murs et du tunnel, avec la lumière de l’intérieur de la machine et les gens qui bousculent tout le temps. Et comme les gens n’aiment pas qu’on les regarde avec un air pas content, je ferme les yeux. Ou je regarde par terre mais c’est souvent pas très joli des chaussures, ça dépend des gens. Bref, je ferais un effort si les autres en font aussi. Ce qui est sûr, c’est que c’est un transport rapide.

Une des préfètes parlent après que j’ai parlé du métro rapide, et elle dit de regarder là où on met les pieds. Pourquoi, je sais pas trop, peut-être parce que c’est sale par terre ou parce que les gens n’aiment pas qu’on leur marche dessus ? Eux, ils ne font pas d’efforts. Mais la grande parle du monde, de se perdre, de trébucher, de tomber du quai. Il faut vraiment être idiot pour tomber du quai… Multi-noms toujours en mouvement aurait certainement risqué de tomber du quai, lui. Donc le métro c’est dangereux, mais la préfète trouve ça rigolo. Moi non, je suis pas d’accord, mais je dis rien, après tout chacun a son avis. Peut-être qu’elle aime quand il y a du monde, il y a des gens comme ça qui ont des goûts bizarre à aimer la ville, les transports en commun et les magasins. Le monde, les gens, les bousculades, le bruit.

Et puis il y a un autre élève qui parle. Un grand, il y a beaucoup de grands ici. Il a l’air particulièrement content d’être en sortie et de pouvoir parler du métro, sauf qu’il se met à dire n’importe quoi. Enfin, au début c’est pas n’importe quoi puisqu’il dit comme la préfète qu’il y a tout plein de monde et que c’est simple de se perdre ou de perdre des gens. Ce qui revient au même puisqu’à partir du moment où un élève se trouve écarté du groupe, on sera tous perdu car il faudra le retrouver. Mais après, c’est des bêtises, d’abord il dit qu’il ne faut pas s’inquiéter car les Moldus sont civilisés et gentils, alors civilisés oui mais ça on s’en doutait, par contre gentils ça dépend desquels et c’est comme pour les Sorciers. La plus grosse bêtise qu’il dit, c’est de leur demander le chemin pour Poudlard et qu’ils seront contents de nous accompagner !

Cet élève est un idiot. Un peu comme l’autre, multi-noms, il dit n’importe quoi. Alors même s’il dit qu’il rigole, au final il l’a dit pour de vrai et c’est très dangereux. Imaginez que quelqu’un fasse comme ce qu’il vient de dire ? C’est du n’importe quoi. Alors «T’es vraiment très bête de dire ça.» je lui lance avec sérieux «Les Moldus ne savent pas où c’est Poudlard, ni même ce que c’est, puisqu’ils ne savent pas que la magie existe, donc ils ne vont pas pouvoir nous aider. Et puis, il ne faut pas parler de la magie aux Moldus ! En plus c’est facile de ne pas se perdre, il suffit de regarder les adultes et puis voilà.» Et puis voilà, comme j’ai dit c’est facile. Les grands manquent clairement d’intelligence, c’est de plus en plus évident.