Horizons de neige mielés [En cours]

Horizons de neige mielés

Saison XXXI - Fin de l'automne - Avec Loredana Wildsmith

Juste avant de saisir le parapluie portoloin, il avait emmitouflé Loredana d’une épaisse doudoune colorée et d’un bonnet doublé de tissu épais tout doux. Il a bien fait, car une fois la tourbillonneuse chaleur dissipée, c’est un air glacial qui vient brutalement leur picorer le bout du nez – sans compter l’épaisse couche de neige dans laquelle ils avaient mis les pieds. Non non non ! Arty se jette presque sur l’Amoureuse pour l’empêcher de se défaire de l’écharpe lui cachant les yeux – la vue n’était pas encore tout à fait prête.
Vivement, il s’empare des hanches de la jeune femme pour la faire marcher un peu, tournoyer – pas trop, après le transport elle allait vomir – l’avancer et la mettre face au paysage qu’il voulait qu’elle saisisse dès les premiers instants. T’es prête ? Qu’il chuchote à son oreille au chaud sous le bonnet. Il a hâte de contempler sa réaction lorsque ses paupières s’ouvriraient et c’est doucement tout doucement extrêmement doucement, à l’opposé du rythme endiablé du cœur, qu’il retire le cache-yeux de la Gryffondor : tadaaaa ! En désignant d’un bras joyeux le devant.

Un ravissant chalet de bois, dont la neige écrabouillait largement le toit, se dressait devant eux, seulement entouré d’une vaste plaine blanche et silencieuse. Quelques montagnes, là, pas très loin semblaient les surveiller avec bienveillance. Un horizon immaculé, étincelé par le soleil à peine levé. Le Wildsmith veut se jeter dans la neige pour s’y rouler, rouler encore mais d’abord, il faudrait sûrement s’installer.
Quoi que pas vraiment, les valises devaient déjà être en train de se prélasser devant le feu de la cheminée allumée, c’était les consignes qu’il avait données à Biggleswade avant de débarquer. Qu’ils n’aient à se préoccuper de rien à part profiter, ça te plaît ? Lui, c’était tout ce qu’il désirait, une parenthèse froide pour quelques jours, avec Elle. Cela a quelque chose de leur séjour en Écosse – en mieux. L’Islande était plus belle encore, et regorgeait d’un charme lunaire, neigeux qui berçait tendrement les cœurs ; amoureux d’autant plus.
Il retient les mots les questions les dizaines de paroles de trop affluer derrière son sourire ; il veut laisser la Métamorphomage digérer, admirer, comprendre la surprise qu’il lui avait faite. Comme quoi, il n’était pas composé seulement d’impulsives bêtises.

Il faisait froid, je le sentais du bout de mon nez. Pourtant, c’était les zygomatiques qui souffraient tant je ne parvenais pas à me débarrasser de ce sourire sur mes lèvres. Il y avait quelque chose de doux, de romantique et si ce n’était pas vraiment une qualité que je possédais, j’appréciais lorsqu’Arty mettait cette faculté en œuvre pour me faire plaisir, me surprendre, c’est qu’il pouvait être un adorable louveteau. C’était magnifique, absolument grandiose, je ne parvenais même pas à décrocher un mot tant le chalet me rappelait celui de notre tout premier séjour. Celui qui nous avait permis de nous connaître, de nous disputer, de nous aimer en même temps. Un véritable capharnaüm émotionnel qui s’était pourtant terminé dans la certitude que notre couple était fait pour durer. Près de deux ans après, nous étions mariés après avoir traversé une rupture qui nous avait empêché de respirer correctement, après avoir eu des doutes, des colères, nous avions fini par sceller cette relation, la rendre officielle aux yeux de tous, du Ministère. Ce sourire signifiait tout cela en même temps, le souvenir du passé et la volonté de profiter à fond de l’instant présent, bien trop heureuse de l’avoir rien que pour moi. Égoïste pensée.

C’est…la voix se perd, magnifique. Un simple murmure tandis que je me tourne vers lui pour le prendre dans mes bras et déposer sur ses lèvres un doux baiser glacé, mais qui réchauffait le temps de quelques secondes. Où est-ce qu’on est ? Une réelle question. La Finlande peut-être ? Je n’avais jamais eu de réelles occasions de voyager et même si aujourd’hui cette envie était bien plus présente, mon travail me bloquait la plupart du temps. Pourtant, je me trouvais là, en compagnie de la seule personne avec qui je souhaitais me retrouver en ce moment. Il y avait comme un besoin insatiable de l’avoir près de moi, parce qu’il effaçait toute trace d’anxiété. Il n’était uniquement un pro en paroles blessantes, il savait également se montrer doux et n’hésitez pas à se creuser la cervelle pour faire plaisir.

Je me détache de lui pour lui prendre la main afin de nous diriger à l’intérieur du chalet. S’installer calmement, reposer les mâchoires crispées et enfin, partir à l’aventure. J’avais hâte, hâte de tout faire, souhaitant que les journées durent et durent encore, dormir ne serait pas vraiment au programme ou alors juste le nécessaire pour reprendre en pleine forme.
Arrivée devant la porte fermée, je me retourne vers le Poufsouffle, barrant l’entrée tout en le regardant, un sourire enfantin. Mot de passe ? Comme une impression agréable de déjà-vu. Faire remonter les souvenirs de nos débuts ensemble, montrer que certaines choses ne s’effaçaient pas.

Les dents dévoilées rayonnent de satisfaction – Loredana était heureuse. Il le voyait à son air surpris/conquis, ses yeux pailletés. Héhé ! Ravi d’avoir fait chavirer son Amoureuse par ce cadeau secret, nous sommes en Islande, Madame Wildsmith ! Presque comme la Finlande, mais pas tout à fait quand même. Sur le pas de la porte, il saisit quelques instants pour contempler la jeune femme. Se dire que maintenant était un de ces précieux moments dans lesquels il aimerait se replonger, des souvenirs douillets. De ses mains, il prend le visage de la Métamorphomage et l’embrasse. Ce n’était pas le mot de passe, évidemment, mais l’arrivée au cœur de ce paysage enneigé nécessitait un festif baiser. Papplewick, qu’il chuchote doucement en se reculant. Il n’a pas oublié – ne l’oublierait jamais. Étrange comment ce mot biscornu faisait tourbillonner délicatement l’intérieur.
L’accumulation de vêtements et de manteaux ne l’empêcha pas de saisir Loredana afin de la porter, passer le seuil du chalet qui ne serait qu’à eux durant les prochains jours. C’était une tradition maritale que de pénétrer dans une maison, l’Épousée entre les bras. Certes, l’idée d’immédiatement se précipiter dans les draps frais de la chambre pour l’inaugurer lui fit trembloter les boucles, mais il déposa doucement l’Amoureuse.

Un intérieur simplicime et ravissant, traditionnelle demeure qui respirait le confortable dans chaque fissure, chaque interstice. La décoration boisée ornait la pièce de vie, flattée par les fauteuils et coussins moelleux. Aaaah, alors que le Fripon ôte les chauds vêtements, Biggleswade a allumé la cheminée ! Cela illuminait les murs d’ombres délicates, affectueuses. Il s’y poste devant pour y réchauffer, frotter les mains. Tu veux faire quoi ? Tandis que ses méninges font défiler dans le cerveau la liste d’activités qu’il avait concoctée, mais il se laisserait complètement porter par les envies de l’Aimée, ils avaient une quelque ribambelle de journées devant eux. On peut faire un truc tranquille, proposition qu’il scande en se jetant sur le canapé rebondi ; ou alors quelque chose de plus … intense. Éclat de rire taquin – comme si la pièce avait besoin d’être davantage réchauffée.
Ah ! qu’il s’exclame soudainement en se précipitant dans un recoin de la pièce où l’elfe de maison, fidèle et obéissant, avait déposé les valises préalablement préparées. Il fouille, soulève, enlève, remet, fait valser les vêtements polaires prévus pour le séjour, c’est où c’est où c’est où, jusqu’à se relever vivement, les mains derrière le dos, bouille souriante. J’ai des cadeaux pour toi. Vraiment, depuis qu’ils avait frôlé la neige islandaise, Artemis était un amoureux presque parfait.

Alors c’était donc ça l’Islande ? Les paysages enneigés, le froid et le côté romantique du Chalet ? Probablement une idée du Poufsouffle qui ne se lassait jamais d’utiliser tous les moyens possibles pour rendre l’endroit le plus chaleureux, le plus romantique possible. C’était ce qui me plaisait chez lui. Ses deux personnalités opposées : il pouvait être un véritable démon et se transformer en chamallow tout mou la seconde d’après. Mon sourire s’élargit davantage en l’entendant prononcer le bon mot de passe, celui qui nous suivait depuis le début de notre relation. Tandis qu’il me porte jusqu’à l’intérieur de notre maison pour ces quelques jours, je me montre fière, je suis contente que tu t’en souviennes. Après tout, cela pouvait tout à fait n’être qu’un détail pour lui, un mot parmi tant d’autre, mais qui avait pourtant été prononcé pour la première fois lors de notre premier séjour en amoureux, puis lors de notre mariage et maintenant ici. Il avait, sans que l’on s’en rende réellement compte, pris une signification particulière. Et puis, ça sonnait tellement bien. Cela resterait probablement le nom de code que l’on donnera à chaque fois, celui dont on serait les seuls à connaître. J’aime bien cette idée.

L’intérieur était tout à fait sublime, réchauffant, contrastant avec le froid glacial de l’extérieur. Une fois sur mes pieds, je me rends compte que la couche de vêtements était rapidement devenue inconfortable ; alors je m’en débarrasse avant de m’avancer vers la cheminée, attirée par les doux crépitements agréables. Je reste quelques secondes ainsi, debout, à contempler les flammes, réfléchissant à une éventuelle activité. N’y avait-il pas pensé ? Que pourrait-il faire ici ? Je n’en avais aucune idée. Il y avait tout de même une chose dont j’étais certaine, intense. Oui oui quelque chose d’intense. Il n’était pas sans savoir que j’aimais les sensations fortes, n’avais peur de rien, ou presque rien. Je n’avais pas peur de la vitesse, ni du vide, je ne craignais pas les choses dangereuses. L’avait-il pris en compte ? Ou, au contraire, avait-il opté pour quelque chose de calme, posé, bien romantique pour éviter toute prise de risque inutile qui le pousserait à me sauver – encore une fois – la vie ?

Avant que je ne puisse préciser ma réponse, le Loup qui ne tenait jamais en place, s’était précipité vers les affaires correctement préparées par Biggleswade – probablement. Il semble chercher quelque chose et c’est avec des yeux interrogateurs et curieux que je tente de savoir ce qu’il voulait absolument.
Des cadeaux. Il avait apporté des cadeaux. Je secoue la tête avec un sourire sincère, il ne finirait jamais de me surprendre. Sérieusement ? En plus du voyage ? J’étais presque émue en réalité avant même de savoir ce qu’il cachait. Peut-être voulait-il simplement me faire une blague, mais tant pis, parfois les émotions devenaient incontrôlables. Qu’est-ce que c’est ? J’étais curieuse de voir ce qu’il cachait derrière son dos, bien que tout cela suffisait largement à me combler. Bien décidé à créer de nouveaux souvenirs, de bons souvenirs. Que l’on ait des histoires à nos enfants plus tard.

Les moments entre les deux étaient rares, Arty s’engouffrait soit dans la méchanceté incontrôlée, soit dans le rôle de l’amoureux charmant. Au centre, il n’y avait pour lui que l’ennui, passer d’un extrême à l’autre était bien plus distrayant, apportait des lumières pétillantes au quotidien. Quoi que s’il pouvait mettre la méchanceté en sourdine, sa routine se révèlerait certainement moins chaotique. Mais le Poufsouffle en a conscience – presque absolument – et c’est exactement pour cette raison précise que son sourire ne cessait de s’élargir alors qu’il dissimilait les présents derrière son dos. Il aurait voulu recouvrir Loredana d’amour chaque jour, chaque instant, quitte à être considéré comme un canard gnan-gnan et romantique ; il s’en fichait. Faire scintiller l’Aimée demeurait sa priorité, et à l’instant, rien ne pouvait assombrir le coquet tableau offert par le chalet douillet.

C’était une cascade de moments pailletés qu’il avait listée dans son esprit malicieux, de quoi ravir la Métamorphomage et la convaincre de ne pas cesser de l’aimer – garder la flamme allumée comme diraient certains. Les mains encombrées, ah-ah ! il finit par déposer à ses pieds le plus gros des paquets pour se concentrer sur le plus petit. Je sais, je sais, que j’ai pas été – que j’suis pas – le mec idéal. C’est un euphémisme mais sur lequel il ne s’attarde pas, alors j’sais pas, j’ai eu envie d’t’offrir des trucs. C’était peu souvent, régulièrement il lui faisait plutôt cadeau de ses sautes d’humeur et ses crises de colère/jalousie/possessivité. Oui, vraiment, l’Islande représenterait une belle et grande parenthèse respirée. Il ouvre alors délicatement l’étui de cuir afin de faire chatoyer le joli bracelet que les Halles avait fabriqué à sa demande. Le bijou resplendissait, il avait tout pour émerveiller, de l’or blanc, des miettes de zircon jaune décorant les petites feuilles de chêne façonnées. Il savait que Loredana aimait les couleurs, espérait que le bracelet lui plairait. Sans attendre, il en habille le poignet de l’Épouse.

Peut-être que les boucles craignaient une déception de la part du visage de la Gryffondor, vivement elles se détournent donc pour se saisir de l’autre paquet, plus volumineux. Et ça, c’est … Disons que le bracelet contentait le côté sentimental du Fripon, et que ce qu’il s’apprêtait désormais à offrir pourrait satisfaire l’avidité adrénalitique de Loredana.
Oui, parce qu’il avait doucement pouffé lorsque, sans surprise, elle avait évoqué l’envie d’une activité intense plutôt que tranquille. Il commençait sérieusement à la connaître, elle qui ne pouvait s’éloigner que momentanément du danger, elle préférait largement le cultiver – au grand dam d’Arty. Mais il ne pouvait rien dire – il l’aimait pour ça. Alors, il dévoile doucement la paire de patins magiques. Avec ça aux pieds, on peut voler jusqu’à, les sourcils recherchent l’information planquée quelque part dans l’esprit trop rempli, quatre-vingt mètres de hauteur ! Ce sera comme patiner sur les nuages ! S’il parvenait à ne surtout pas vomir de vertige. J’ai une paire aussi pour moi, qu’il précise, rigolote activité entre amoureux.
Il ne prolonge pas l’instant, ne pense pas vraiment mériter quelconques remerciements parce que c’était là tout simplement une façon de se rattraper, d’essayer de gommer tout à fait les erreurs du passé afin qu’elles ne surviennent plus jamais. Ainsi, en sautillant tout pressé, il remet son écharpe et son bonnet, on va les essayer ?

Il y avait là quelque chose de romantique, chose qui parfois me faisait lever les yeux au ciel, mais pas aujourd’hui. En réalité, il y avait comme un besoin au fond de moi d’être le centre de son attention. Une envie d’être rassurée, d’être convaincue que le temps ne changeait pas ses sentiments à mon égard. Notre vie quotidienne était mouvementée à cause de nos deux caractères explosifs, je ne pouvais donc pas ne pas donner de l’importance à ces moments-là où il n’y avait que lui et moi, sans personne pour se mettre à travers. J’avais toujours eu la pensée égoïste de nous voir partir sans personne, parce que ces moments à deux étaient ceux que je voulais étirer encore et encore. Le genre de moments qui me faisaient oublier tout doucement toutes les douleurs passées. Un jour, il sera entièrement pardonné de ce soir-là au restaurant. Un jour je n’y penserai même plus. En attendant, je me contente d’admirer le bracelet qui venait d’habiller mon poignet. Cacher quelques cicatrices avec des couleurs, le premier bijou qu’il m’offrait en dehors des bagues qui avaient servi à nous unir. Je ne comptais pas le collier qu’il m’avait offert le jour de la Saint Valentin et que j’avais refusé. Je ne me souvenais même plus de ce à quoi il ressemblait.

J’adore c’est magnifique. Il avait visé juste, me connaissait assez pour savoir ce qui me plaisait. Mais ce n’était pas tout. Le gros paquet venait à son tour d’être déballé. Une paire de patins qui me fait sourire, un sourire qui s’agrandit en entendant les explications du Poufsouffle. Mais c’est gé-nial ! Les yeux pétillent pendant que les pensées divaguent vers un éventuel patinage aérien. Mais…c’est stable ou on va se retrouver la tête en bas ? Non pas que cela me déplairait, mais la question pouvait se poser. Ce n’est pas cela qui m’arrêterait. Aussi, je voulais étirer les secondes encore quelques instants, le remercier, mais lui semble pressé puisqu’il a déjà enfilé ses affaires pour sortir. Je l’arrête dans son élan pour le prendre dans mes bras, le serrer fort, absolument ravie par tout ça. Le voyage, le bracelet, les patins…tout était absolument parfait. Alors, tandis que je dépose quelques baisers sur ses lèvres, je murmure un merci tout simple, mais sachant très bien qu’il serait conscient que cela signifiait beaucoup. Il pourrait l’entendre aux battements de mon cœur qui s’était emballé. Allons les essayer !

Sans plus attendre, je me rhabille chaudement avant de sortir, patins en main et de me diriger presque en courant vers une surface assez large pour ne pas que l’on soit embêtés par de nombreux obstacles. Je ne regarde pas Arty derrière moi, bien trop concentrée à enfiler les patins en faisant attention à ne pas tomber. C’est à ce moment-là que je me retourne vers lui, un grand sourire aux lèvres, sentant une sensation étrange. Regardant mes pieds de plus près, je me rends compte que je suis en légère lévitation, ce qui me permet de patiner même sur cette herbe enneigée. C’est trop bizarre ! Ma voix excitée raisonne, je suis comme un enfant testant un cadeau de Noël. Et comment j’atteins quatre-vingt mètres ? Je tente plusieurs techniques : je lève les bras en l’air, je sautille, mais rien ne se passe. Ça marche pas ? L’impatience d’une jeune femme en manque d’adrénaline. Je fixe Arty en espérant qu’il ait une réponse.

Un sourire bienheureux face au bonheur de son Amoureuse, si seulement il ne pouvait y avoir que des instants comme celui-là. Eux, au bout du monde, sans aucune autre présence déplaisante. Les autres, les situations extérieures avaient cette fâcheuse manie de faire ressortir chez eux les désastreux défauts, ceux qui allumaient inopinément les feux du conflit.
Là, ils étaient bien.
Tant qu’ils n’avaient pas la tête en bas. Arty avait légèrement grimacé face à cette sacripante perspective, pas du tout amusante. S’il appréciait les situations extrêmes, celles qui réveillaient doucement de courtes et intenses doses d’adrénaline, il n’était pas non plus pour une mise en danger volontaire. Il regarde ses patins, subitement, il y voit là comme des objets de la mort. Quelle idée d’avoir acheté ça. Mais il sort à la suite de la jeune femme, déjà bien trop enthousiaste et flottant à quelques centimètres de la neige. Il rit en la voyant gesticuler étrangement afin de faire décoller davantage ses pieds. On ne va pas tout de suite aller à quatre-vingt mètres si ? Arty prudent ? Quelle drôle de scène. Le temps de se gratter les boucles sous le bonnet douillet, faire remonter les consignes qu’il avait lues, ah ! faut monter des escaliers ! Ça n’était pas très clair, mais le voici en train de monter des marches invisibles : héhéhé ! Le sourire gigote, content de voir qu’il s’élevait doucement mais sûrement dans les airs.

Les bras perpendiculaires, s’assurer un bien incertain équilibre alors qu’il s’arrête soudainement au bout d’une dizaine de mètres de hauteur, c’est suffisant là ? Oui, oui, il tait son inquiétude. C’est étrange, jamais il n’avait connu cette angoisse, il n’avait pas le vertige, ne rechignait jamais à grimper aux arbres, sauter des falaises ou danser sur les toits. Mais là, il y avait une différence de taille : rien pour s’accrocher. Il était comme un ouistiti dépourvu de tout appui, il n’y avait que le vide glacial & lui - et ça le turlupinait grandement. En plus, j’ai oublié Odette III, grognement dans son écharpe Poufsoufflesque.
J’ai p’tet trop mangé au p’tit dej ! C’était toujours le cas, d’ailleurs, quotidiennement, mais présentement, son estomac lui faisait savoir qu’il était entièrement prêt à déborder. Ne pas regarder en bas, surtout surtout. Et parce qu’il avait de la fierté bien trop mal placée dans son cœur arrogant, jamais il ne prendrait la main de Loredana pour s’assurer pas tomber. Non, il fallait commencer à patiner, sinon ses jambes se transformeraient rapidement en stalactites tremblotantes.

Un petit peu de courage dans chaque pied, et c’est avec une large timidité qu’il se met à glisser sur l'air. S’éloigner de l’Aimée pour qu’elle ne décèle pas son embarras – bien que ça se sentait à des kilomètres à la ronde. Doucement, doucement, doucement, les yeux finissent par heurter la neige en contre-bas, il se demande si le coussin blanc l’empêcherait de se rompre la nuque en cas de chute. Hiiiii, pas du tout sexy ce petit cri de panique alors que le temps d’une seconde, il perd légèrement l’équilibre.
C’est fort pratique, parfois, la lycanthropie, l’instinct animal qui lui attrape les membres pour qu’il se tienne debout, fait fuir toute maladresse gestuelle. Il soupire, calme le cœur turbulent.

Monter des escaliers ? Un peu ridicule comme concept. Si ma technique de gigoter n’avait rien de sexy, monter des escaliers invisibles n’était pas guère mieux. Je regarde Arty grimper de quelques mètres seulement avant de le rejoindre, légèrement déçue de ne pas aller plus haut. Je garde ma remarque pour plus tard, je n’étais pas dupe, je pouvais très bien ressentir qu’il ne semblait pas vraiment à l’aise, à se chercher maintes excuses pour dissiper son mal-être. Il savait très bien, me connaissait assez bien pour savoir que cela ne me conviendrait pas très longtemps. Il ne pouvait pas me parler de quatre-vingt mètres et me demander de me contenter de dix, non non non non certainement pas. Je le regarde s’éloigner, prête à le suivre avant de l’entendre pousser un cri alors qu’il semble perdre légèrement l’équilibre. Évidemment, je ris légèrement avant de la situation avant de le rejoindre toujours à sa hauteur. Je ne suis pas très stable non plus, mais j’aime la sensation de défier la gravité. Ça a quelque chose de satisfaisant, comme si la terre ne pouvait plus rien contrôler, une indépendance totale.

Je lui prends les mains pour nous stabiliser et aussi peut-être pour enregistrer ce moment quelque part dans ma tête. Un sourire sur les lèvres, je m’aide de ses bras pour me rapprocher, avant de frotter nos deux nez rougis puis de l’embrasser amoureusement, passionnément, me rappelant d’une chose essentielle : Notre premier baiser aussi a eu lieu dans les airs. Original, inédit, la première fois qu’on avait enfin cassé ce mur entre-nous était dans un dirigeable. Un baiser qui s’était rapidement transformé en un échange torride alors que nous étions entourés d’invités. Le souvenir de ce moment me fait sourire davantage. Je l’embrasse encore une fois avant de me reculer lorsque je sens que les choses vont dégénérer. Je lui sourire et monte l’escalier invisible encore et encore et encore jusqu’à ce que je ne puisse plus. Ouuuuuuh, le cri de joie résonne au loin, c’est trop bien, viens jusque là c’est trop trop beau ! La vue sur les montagnes était magnifique. Sans attendre de réponse, je file en sens inverse, loin loin loin, là où mes pieds me mènent. Je voulais prendre de la vitesse, sentir le vent glacé faire danser mes cheveux qui me chatouillaient le visage. Je m’arrête pour brusquement me retourner avant de me rendre compte qu’Arty n’était plus dans mon champ de vision.

Je n’ai pas le temps de l’appeler que me voici déséquilibrée à nouveau à cause de ce demi-tour peut-être un peu trop rapide pour une débutante. Mon corps tout entier se renverse tandis que je pousse un cri de surprise. Me voici la tête en bas, les pieds en l’air, coincée, bien trop occupée à rire pour essayer de me redresser. Imaginer la scène d’un point de vue extérieur rendait le tout très hilarant malgré tout. Je n’avais pas ri ainsi depuis bien longtemps ! Comme quoi, il n’y avait rien de plus excitant que de sortir de la routine, se créer une petite parenthèse le temps de quelques jours.

Quelques secondes de répit où ses moufles s’emparent des gants de Loredana, un équilibre appréciable, ponctué de frais légers baisers – plus que ça même. Un chauffage intérieur lui réchauffe soudainement les organes en même temps que les images de leur première soirée ensemble. Mimétique, ses lèvres amusées éclatent d’un sourire, brièvement il pense au fait de faire l’amour ici, à des mètres de hauteur – serait-ce possible ? sûrement pas, mais essayer le réjouirait. Pourtant, le visage de l’Amoureuse s’enfuit brutalement, laissant la bouche du Fripon encore fort affamée, il soupire avant de crier dans le vent : tu peux pas m’embrasser comme ça et t’échapper ! Il aurait tapé du pied si lever la patte ne le faisait pas quelque peu paniquer de perdre l’équilibre de nouveau. C’est peine perdue, la Métamorphomage s’était déjà élevée davantage, frôlant les limites des patins aériens. Arty soupire en la voyant glisser plus loin que ses cils ne puissent la discerner mais encouragé par ses cris surexcités, c’est avec une pointe de réticence qu’il grimpe à son tour.

Le chalet n’était plus qu’une petite bille boisée sur le sol immaculé. Une grande inspiration tandis qu’il emprunte le chemin invisible de l’Épouse pour la rejoindre. Il suffisait de s’habituer en réalité, de se remémorer les moments passés avec ses parents lors de leurs voyages, en Alaska notamment, les soirées patinages artistiques avec son Père, ce n’était pas si différent. Si on oubliait totalement que sous la lame s’étalait un gouffre faramineux. Autre chose vient lui faire oublier la hauteur colossale, les gloussements d’une Loredana complètement retournée.
Abyssal réflexe protecteur, Arty se précipite aux côtés de la jeune femme, s’assurer qu’elle n’avait rien, dérapage superbe et surtout pas prévu, il finit par rejoindre le rire de la Métamorphomage. Elle avait bel air comme ça, le corps complètement chaviré, tu vas perdre ton bonnet ! Et gare aux oreilles gelées à cette altitude, il faudrait peut-être les lui couper. Mais parce que le ridicule avait ce pétillement bougrement cocasse, le Malicieux en profite : bah allez ! fais travailler tes abdos ! Redresse toi ! Quasiment impossible de se hausser de cette façon sans les muscles compétents.

Alors évidemment, le Poufsouffle en profite pour faire l’idiot, tournicoter avec ses patins à peine apprivoisés, il se lance dans un petit saut, s’imaginant déjà patineur professionnel devant les yeux à l’envers de l’Aimée. Mais le paysage se renverse à son tour, les montagnes enneigées semblent rire de son orgueil tandis qu’il finit aussi tête en bas, juste à côté de la Gryffondor.
Chuter ainsi sans s’écrabouiller des mètres et des mètres plus bas rassure immédiatement un cœur affolé. Le Fripon attrape le pompon de son bonnet avant qu’il ne s’envole, contrairement aux fragments de son rire se répercutant sur les sommets islandais.

Quelques secondes et il était déjà là, d’abord à vérifier que tout aller bien, puis à rire avec moi de la situation. Vu de loin, cela devait être encore plus hilarant. Si la tête commençait à me faire mal, je trouvais la situation agréable, le rire étant quelque chose qui me faisait me sentir bien, à ma place, partout où lui se trouvait au final. Les deux mains sur le bonnet pour le remettre à sa place et l’empêcher de glisser. Le froid était glacial et je ne tenais pas à devenir un glaçon vivant. Lui rigolait avec moi, une situation légère et agréable, même si je préférerais avoir mon corps à l’endroit. Alors évidemment, je tente de me redresser en contractant mes abdos mais le rire s’intensifie et m’empêche d’user de toute ma force pour me remettre debout.

Un rire qui augmente encore lorsqu’Arty, jusque-là en train de faire le malin, se retrouve dans la même situation. Je peine à retrouver ma respiration et me lance dans des inspirations bruyantes que je ne retiens pas afin d’éviter de m’étouffer. Le visage rougit, les larmes coulent – à l’envers -, bref c’est un véritable fou-rire que, je crois, je n’avais encore jamais partagé avec lui, pas autant en tout cas. Je tente de m’accrocher à lui pour me relever, mais en vain. Je me laisse doucement flotter dans les airs à la recherche d’une solution, toujours le rire accroché aux lèvres. Pendant ce temps de réflexion, le Poufsouffle s’était redressé sans grande difficulté. Mais c’est pas juste, t’as pas une force humaine toi ! À ce moment-là, la patience commençait tout doucement à s’estomper – mais pas ma bonne humeur heureusement – alors je gigote, relève la tête, bouge les bras… impossible. Tu m’aides ? Je lui tends la main, s’il-te-plait ? La politesse pourrait fonctionner, je le connaissais assez bien pour savoir qu’il était capable de me laisser en plan juste pour m’embêter. Je vais devenir toute bleu, c’est pas bon de rester la tête en bas, je peux mourir, puis j’essaie de le prendre pas les sentiments, tu veux que je meure, Artemis ? Je me pince les lèvres pour retenir un gloussement qui s’échappe tout de même. Dans l’attente d’une action de sa part, je me lance dans une chorégraphie aérienne, ouvrant les jambes avant de les resserrer, les plier, les tendre, tente de tourner sur moi-même. C’était presque gracieux, avec un peu d’entrainement, je pourrais vite devenir une professionnelle.

Pas juste, pas juste, tout était une question de perspective. Alors que le Poufsouffle se remet sur ses patins, brinquebalant d’éclats de rire, tu sais qu’j’ai vraiment failli mourir moi, pour avoir cette force, vrai que ce n’avait pas tout à fait été une partie de plaisir, entre morsure, effroi, maladie et état critique, son corps de gringalet avait bien failli y passer ; pas comme toi qui fais ta chochotte pour un peu de sang dans le cerveau. Il se moque, lui qui faisait moins le malin il y a de ça quelques instants avec ses patins tremblants - cette mauvaise foi. Mais son sourire contredit ses paroles mordantes, qui se perdent d’ailleurs dans la chorégraphie hasardeuse de la jeune femme, kestufais ? Son ricanement moqueur fait écho dans le paysage blanc devant la danse ridicule de Loredana. Tu devrais pas te trémousser comme ça, ni m’appeler comme ça d’ailleurs, ça m’donne des idées après. Des idées accrochées sur un front bien trop débauché, qui ne pouvait s’empêcher de penser lubricité. Allez, viens, alors qu’il s’accroupit pour aider l’Amoureuse à se remettre aussi sur pieds, sans une seule blague méchante et gratuite sur le poids qu’elle pesait. Non, au lieu de ça, il reçoit entre ses bras la silhouette rieuse de Loredana, et se dépêche d’embrasser ses lèvres refroidies. Pas question de la laisser repartir patiner de suite, récolter encore les bienfaits de sa force de lycanthrope pour coincer là la Gryffondor, c’est qu’il préférait largement les baisers aux intrépides glissades.

Oh, il en profite tout de même pour faire tournoyer la Métamorphomage dans les airs, joli ballet aérien, dommage qu’il n’ait pas embarqué son gramophone portatif pour accompagner cette magnifique occasion. Retrouver le baiser esquimaux des nez qui se frottaillent, chaque respiration se cristallise entre leurs deux visages, un souffle froid qui n’atténue en rien la chaleureuse espièglerie du Wildsmith. Au fait, tu jouirais pas un peu trop de ton privilège de m’appeler Artemis ? Dans la bouche de l’Épouse, l’entièreté de son prénom résonnait toujours avec autant de chatoiement taquin, excepté qu'après tout, selon lui, il ne s'appelait pas comme ça.
Ses moufles desserrent finalement leur prise autour de la taille de la jeune femme, seulement après cette dernière et importante interrogation : j’ai le droit à une récompense pour le sauvetage d’une demoiselle en détresse ? Ça le fait rire encore, Loredana avait l’air de tout sauf d’une princesse en haut d’une tour qu’il s’agirait absolument de sauver afin de cueillir gloire et honneur – et amour.

L’effet comique était réussi, la danse ridicule avait déclenché un rire chez le Poufsouffle, ignorant totalement ses paroles sur la mort. J’avais souvent eu à l’affronter, avait même eu envie de la faire venir à moi, de négocier. Mais aujourd’hui, elle se tenait loin de moi, je n’avais pas envie d’y penser, ni même de prendre le risque de l’appeler. Ce n’était probablement qu’une question de temps, mais rire ainsi me faisait oublier les choses négatives, je ne pensais qu’au présent et le présent, c’était Arty et ses allusions, même dans les airs, il ne manquait jamais une occasion. Je tente un clin d’œil – difficile la tête en bas – et je finis finalement par reprendre ma position initiale grâce à son aide. La tête tourne légèrement, mais j’accueille le baiser d’Arty avec joie, les lèvres froides tremblaient et avaient besoin d’être réchauffées par sa chaleur à lui. Je pourrais m’habituer aux baisers aériens, ça avait quelque chose de différent, ça nous éloignait encore un peu plus de la réalité. Nombreux moldus rêveraient d’être capable de faire une telle chose.

Alors évidemment, je ne refuse pas la petite danse aérienne, après tout j’avais déjà pu m’échauffer la tête en bas. Je laisse un léger silence après les dernières questions du Poufsouffle, un sourire malicieux sur les lèvres tandis que je le ramène vers moi, un sourcil haussé pour signaler que le mode séduction était activé. Après tout, c’était notre voyage de noces, il n’y avait aucune limite à avoir. Parce que tu m’as toujours dit que tu aimais lorsque je t’appelais par ton nom en entier, je replace ses mains autour de ma taille, et répète d’une manière insolente et séductrice, Artemis avec un accent italien avant de le rapprocher encore un peu plus de moi, la bouche à quelques centimètres. Je ne suis pas une Demoiselle en détresse, ah la fierté, en revanche, n’était pas restée sur la terre ferme, mais je t’offre ce que tu veux pour ne pas avoir profité de la situation. Mes lèvres touchent les siennes tandis que le corps se réchauffe, puis je me recule en l’entraînant avec moi, sans le lâcher des yeux, pour patiner, profiter de ce cadeau qu’il venait de m’offrir. Si un concours de air dance – sport que je viens d’inventer – avait lieu ici, je suis sûre qu’on serait champion. Pourtant, nos mouvements étaient hésitants, incertains, mais c’était ainsi, j’en étais persuadée.

Une pincée de lèvres face à l’effronterie de Loredana, le Ar-te-mis articulé lentement avec séduction, oui il aimait ça, dans certaines exactes et précises situations. Celles qui réchauffaient doucement le creux du pantalon. Alors effectivement, il tombe complètement dans le regard charmant et amoureux de la jeune femme ; surtout lorsqu’elle lui offrait ce qu’il voulait. Amusante perspective qui illumine la frimousse d’Arty, ce que je veux… d’un air pensif alors que ses pieds étaient concentrés à patiner. Ses méninges échauffées voient débarquer de bien luxurieuses pensées, mais elles sont interrompues par un rire sincèrement moqueur, ouuuuii bien sûr ! Champions de air-dance, on aura vraiment tout entendu. Toutefois, il ne contredit pas d’avantage la Métamorphomage, pas tellement le moment de lui rappeler que pratiquement à chaque fois qu’ils avaient dansé, ils avaient trébuché – par sa faute à elle, précisons-le ! Ainsi, ne pas titiller la fierté de Loredana, c’est qu’il réfléchissait encore à ce qu’elle pourrait bien lui offrir.
Ils prenaient de la vitesse, de l’élan, de l’assurance aussi. Les pas se faisaient plus longs, assurés, le Fripon en oubliait presque les dizaines de mètres subsistant sous ses patins. L’aplomb croit encore, et alors qu’il prévient la Gryffondor : tiens-toi droite ! il la prend par les hanches pour la soulever, tout en continuant d’avancer. Quelle romantique chorégraphie, quoi qu’un peu trop balancée, difficile de trouver un équilibre parfait avec entre ses bras le corps maladroit de Loredana. Contraint par le fait qu’ils étaient de grands débutants, il la repose bien bien vite, attrape ses lèvres à la volée. C’était ça qu’il pourrait faire perpétuellement : l’embrasser.

Si le cerveau mouvementé n’était pas constamment perturbé par un fourmillement d’autres choses, oh regarde ! comme à cet instant par exemple. La moufle désigne ce qui semble être un cours d’eau, Arty se penche, froisse les paupières pour discerner le paysage, oui oui ! il parle seul mais est absolument presque certain qu’en contre-bas se trouvait une rivière, et probablement une source d’eau chaude.
Viens viens viens ! Impatients, ses pieds descendent les marches de l’escalier imaginaire trois marches par trois, lorsqu’il avait une idée sous le bonnet, les craintes s’effaçaient tout à fait. Rapidement, les lames crissent sur la neige tandis qu’il plonge sa main dans l’eau claire, yes ! exclamation de victoire, c’est qu’il est fort content le Fripon. Une légère fumée exhalait du courant, et sans un regard vers les alentours sûrement déserts, le Wildsmith se déshabille. La nudité, jamais un problème pour le Loup-garou qui arpentait les nuits de pleine lune entièrement nu, il saute rapidement dans l’eau curieusement très chaude, effaçant la chair de poule sur sa peau. Wooooow, c’est bizarre ! cette différence de température, de pouvoir se baigner avec la neige juste à côté. Il se retourne alors vers Loredana, ce fameux sourire polisson sur sa bouille gourmande, ce que je veux hein ?

La chorégraphie improvisée n’était pas si mal finalement, quoiqu’un peu maladroite, mais ce n’était pas si grave. En peu de temps, on se débrouillait déjà plutôt pas mal alors avec un peu d’entraînement, il ne serait pas difficile pour nous de devenir de vrais professionnels. C’était une évidence, nous étions toujours parfaitement synchronisés, le duo parfait pour un concours de danse, tout le monde tomberait sous le charme de notre couple parfait en apparence – si ceux que l’on connaissait se demandaient toujours pourquoi l’on était ensemble, les inconnus, eux, avaient un regard plus objectif. Un énième baiser et le voici de nouveau attiré par quelque chose qui se trouvait au loin. Je suis son regard, aperçoit une simple rivière, mais rien d’extraordinaire qui enchanterait à ce point le Poufsouffle. Mais après tout, il avait dû se renseigner sur les endroits à visiter, les rivières étaient peut-être rares dans ce pays qu’est-ce que j’en savais ?

Je reste silencieuse et intriguée tout en descendant à mon tour l’escalier invisible pour retrouver la terre ferme. La sensation est bizarre, les pieds ayant été libres durant plusieurs minutes, je sens comme la terre s’imprégner à nouveau de mon corps, comme si ce dernier avait besoin d’un temps d’adaptation. Malgré tout, je n’ai pas vraiment le temps de m’attarder sur les sensations avec une pile électrique à mes côtés. Je l’imite touche l’eau, la chaleur provoque des frissons dans tout le corps. Mais c’est chaud !! Je me tourne vers lui, surprise de le voir sans ses vêtements. Je le regarde entrer dans l’eau sans la moindre hésitation, je peux presque ressentir la sensation que ça lui procurait. Je lui rends son sourire polisson avant de me déshabiller à mon tour, totalement, me dépêchant ensuite de le rejoindre. Ohlalalala mais c’est tellement bien ! Se baigner dans de l’eau chaude en ayant une vue sur les paysages enneigés, c’est tellement parfait. Immédiatement, je me reproche de lui, l’enlaçant de mes bras pour mêler également la chaleur de nos deux corps. Alors ? Quelle idée avez-vous en tête Monsieur Wildsmith ? Les nez se rejoignent une nouvelle fois, le cœur entouré d’un ruban doré, complètement comblée par ce séjour qui nous attendait. Pas encore de nuages à l’horizon. Je voulais que ça reste ainsi, au moins le temps de notre voyage de Noces.

L’éclatant ravissement de Loredana continuait de s’accrocher aux traits d’Arty, peut-être même plus que la vision des vêtements de la jeune femme glissant sur le sol blanchi. Lorsqu’elle pénètre dans l’eau, le sourire fripon du Poufsouffle se répète, une flopée de sensuelles idées derrière la tête. Les bras de l’Amoureuse rejoignent le décor de la charmante scène, attisent l’agréable chaleur du ventre qui se diffuse, rayonne – carillon d’une cage thoracique ravie. De mains chenapantes, il encourage les jambes de la Métamorphomage à s’enrouler autour de lui, l’approcher davantage. Elle sentirait son ardeur serpentant dans ses mots coquins : j’en ai plein des idées. La gourmandise ne dormait jamais chez le Wildsmith. Éternelle envie de croquer qu’il satisfait en embrassant la Gryffondor. Mais pas de ces courts baisers trop vite envolés, non, non, l’important était de s’attarder, de transmettre sur les lèvres embrassées un pétillant mélange de fougue et de langoureux. Y faufiler une langue plaisantine, amoureuse, jusqu’à en oublier de respirer.

C’est le cœur martelant que le museau se recule, à peine. Quelques secondes de silence au rythme des battements effrénés du palpitant. Autre chose a pris la place de l'excitation tandis que les iris clairs agrippent ceux de l'Autre. Je t’aime. Ces mots qui pouvaient sembler bien dérisoires, tant et tant répétés qu’ils formaient un bourdonnement lointain, un bruit de fond toujours présent dans la relation. Pourtant, aujourd’hui éclairés d’une certaine frustration – il n’avait pas de mots pour exprimer à quel point il l’aimait. Un bref temps où la langue s’acharne dans la concoction d’une amoureuse déclaration, Arty se rétracte, l’Épouse savait ce qu’il ressentait. C’est ça que j’veux, ces parenthétiques moments intimes où les chances de querelles se réduisaient grandement. Toi.
Devant ce bataillon de sincères sentiments, le Loup rougit, légèrement, on dira que c’était la froide température de l’air. Bien trop conscient qu’être si fou d’Elle le rendait vulnérable, il l’acceptait – presque. Alors, afin d’écrabouiller cette curieuse et soudaine gêne, rapidement, il se détache pour appuyer sur le crâne de Loredana. Qu’elle s’enfonce avec surprise dans l’eau chaude, complètement. Il rit de sa fourberie tout en s’éloignant, éviter les représailles – les boucles paniquent face à l’éventualité d’être immergées.