Je me mettais le doigt dans l'oeil si je pensais que cela allait s'arrêter ainsi, sur mes paroles et qu'on allait continuer nos glissades comme si cette discussion n'avait jamais eu lieu. C'était mal connaître Arty que j'avais vu de loin laisser glisser sa luge sans y avoir posé ses fesses. Il était contrarié, peut-être un peu blessé, mais son transplanage à mes côtés me laisser sous-entendre que ce n'était pas si grave que cela. Pourtant, le ton était sarcastique, ce qui ne présageait rien de bon. Les petits noms tout doux étaient synonymes de moquerie et d'ironie dans notre couple et ce, depuis le début. Et ce n'est pas tant les mots qu'il sort qui me plongent dans une colère qui, cette fois, colorise mes cheveux de la même couleurs que les iris, mais bien les flocons de neige glacés qui, envoyés de cette manière, était humiliant et clairement désagréable pour une peau déjà rougie pas le froid glacial. pu*ain tu fais ch*er ! Oui les mots doux faisaient partie intégrante de notre couple, on adorait ça. Rien de mieux pour pimenter une relation déjà bien piquante.

D'un geste vif, le regard noir, j'attrape ma baguette pour la pointer sur le Poufsouffle. Un #Accio Luge juste avant qu'il termine sa descente afin de provoquer une légère secousse, mais surtout parce que le voir terminer sa course sur les fesses avaient quelque chose de satisfaisant. Pourtant, il m'avait coupé l'envie de m'amuser et c'est en transplanant que je le rejoins, la luge posée brutalement au sol tandis que je m'accroupis pour lui faire face. Il n'a pas qu'écarté mes cuisses, lui, c'est grâce à lui si je suis encore en vie aujourd'hui. Quand tu m'as laissée pour morte, c'est lui qui est venu me chercher. Comme quoi, les histoires se rejoignent tout de même. J'attrape une poignée de neige dans ma main avant d'ajouter, tu n'serais pas là s'il n'avait pas fait tout ça ! Tu devrais d'ailleurs le remercier. Et c'est avec perfection que la boule de neige atterrit à la figure du Poufsouffle. Je ne sais pas vraiment s'il s'agissait d'un jeu ou d'un réel désir de vengeance. Une compétition de celui qui arrivera à mettre l'autre K.O en premier. Un jeu dangereux, je le savais, mais je n'aimais pas être traitée ainsi, comme un bout de viande qui ne sait qu'écarter les cuisses. Sa jalousie allait toujours trop loin. Et dire que tout était partie d'une simple information : la conclusion étant que oui, j'avais déjà skié.

En réalité, j'avais regretté mes paroles et mon geste à la seconde même où je m'étais attardée sur ses réactions. J'avais touché un point sensible, une histoire dont on parlait peu, mais qui avait pourtant bel et bien existé. Cette histoire était loin et pourtant elle faisait partie intégrante de nos vies. Elle avait été le commencement de tout, sans elle, est-ce-qu'on en serait là tous les deux ? Alors, évidemment que mes paroles avaient été exagérées, dans le seul but de me venger de ces mots utilisés, de cette jalousie mal-placée dès que j'avais le malheur de prononcer son nom. Mais ce n'est pas exactement sa jalousie qui me fait écarquiller les yeux de surprise, mais bien cette précipitation de partir, là maintenant, tout de suite. Non non ! Je regarde l'Elfe de Maison avec insistance, tu ne prépares rien du tout, on ne quitte pas l'Islande tout de suite. Je n'aimais pas hausser le ton sur les Elfes de Maison, une habitude que j'avais conservé du temps où je travaillais à la Boutique d'Animaux Magiques. Pardon pour le dérangement. Un peu déboussolé, il finit par acquiescer et disparaître. Difficile de devoir obéir à deux personnes souvent en désaccord sur les choses. Il se fiait toujours à celui qui décidait d'avoir le dernier mot. Ça devait être long, parfois.

Ma tête se tourne alors vers Arty. On n'ira pas aux Etats-Unis, tu ne te présenteras pas à lui parce que c'est notre pu*ain de voyage de Noces. Une Loredana en colère n'était pas toujours beau à voir, surtout quand les cheveux prenaient une couleur si vive comme actuellement, de même que les yeux. Si je n'avais pas dit avec qui j'avais déjà skié, tu aurais pété une crise en pensant que je te cache des trucs, j'enchaîne, impossible de m'arrêter, si je te l'avais dit en rentrant dans les détails, tu aurais pété une crise parce que c'était mieux avec lui ! Je ris nerveusement, l'impression derrière le front qu'il commençait à déteindre sur moi, et même quand je choisis le juste milieu en espérant que ça équilibre les choses, tu pètes QUAND MÊME une crise ! J'aurais pu dire non et lui mentir, mais à quoi cela aurait servi ? Puisqu'il n'y avait eu absolument aucune once de nostalgie dans ma voix, dans ma tête, nulle part. Mon histoire avec lui, l'agression c'est loin mais teeellement loin maintenant ! J'y pense même plus sauf quand, je m'arrête quelques instants, le temps d'essayer de trouver les mots justes, sauf quand tu fais ça. Non il n'y avait pas vraiment de mots, je pose mes mains sur ses épaules pour avoir toute son attention, tu vaux mille fois mieux que lui, parce qu'il ne connaissait peut-être pas la façon dont cette relation m'avait étouffée, alors désolée si je suis allée trop loin mais bordel fais-moi confiance ! Une petite secousse des bras pour le réveiller, pas trop fort juste le temps de remettre ses esprits au bon endroit.
Pensait-il vraiment que je l'aurais épousé si j'en avais attendu un autre ? Dans tous les cas, c'est un long soupire qui sort ma bouche, comme une manière de signaler que je n'avais plus rien en poche pour me défendre.

M'avait-il réellement entendue ? Pas sûr. Je suis malgré tout soulagée qu'il n'insiste pas davantage. Qu'est-ce qu'on aurait fait une fois là-bas ? Et surtout, où fallait-il se rendre ? Les États-Unis, c'est vaste comme endroit. Peut-être qu'il n'y était même plus. Je ne cherche pas à lui résister, me laisse basculer dans la neige, bien trop contente que cette histoire ne soit pas allée trop loin. Nous n'étions pas sans savoir que l'on pouvait exploser à partir de rien. Gâcher tout un moment, une soirée, un séjour avec un seul mot ou geste déplacé. Mais les disputes étaient inévitables chez nous, il était impensable que cela se passe sans accrocs. Alors, simplement se rattraper lorsque cela était possible, s'incruster dans ce magnifique décors, admirer le contraste de rouge et de blanc et s'embrasser. Ne jamais oublier que malgré les défauts de l'un ou de l'autre, aussi nombreux soient-ils, il y avait toujours ce fil solide, incassable qui nous accrochait l'un à l'autre. On aurait beau tout faire pour le tirer, le détendre, l'endommager, il finirait toujours par triompher. Et de toute évidence, se marier après toutes ces épreuves avait été une preuve que la vie l'un sans l'autre serait aussi monotone que le bruit des tic-tac d'une horloge.

Le sourire sur les lèvres, j'aurais aimé pouvoir justifier mes paroles, pourquoi valait-il mieux que lui ? Il y avait plusieurs bonnes réponses à cette question. Arty m'a toujours laissé vivre ma vie malgré la peur qui doit l'habiter de temps à autre, il a compris que je ne voyais pas le monde comme les autres et l'a toujours accepté. On est loin de cette autre personne qui souhaitait que je me range, ne fasse pas de choses dangereuses et règle tout par la parole. Je ne savais pas encore que j'étais Bipolaire à l'époque et cette sensation de bouillonnement intérieur m'avait fait exploser à de nombreuses reprises. Mais ils se ressemblaient tous les deux sur au moins un point : Ils essayaient toujours de trouver les mots qui blessent lors de disputes. Ce qui, au final, ne semblait pas m'avoir dérangée la première fois puisque j'en redemandais encore aujourd'hui - de façon involontaire je suppose. Mais malgré tout, évidemment que tu es mon préféré, je m'étais marié avec l'un d'eux, celui qui m'avait fait le plus de mal, mais aussi celui qui me faisait ressentir des milliers de choses en même temps. Et j'en devenais bavarde, ce besoin constant de justifier les choses, raconter des choses, c'était son truc à lui, un truc qui déteignait sur moi au fil des mois, des années. Je n'avais jamais beaucoup utilisé les mots. L'action était bien plus excitante. Effectivement, c'est une technique pour que tu m'embrasses oui, c'était faux, mais peut-être pas tout à fait.

Je m'installe à ses côtés, retirant la neige qui s'était emmêlée dans mes ondulations de feu. Ces dernières reprennent rapidement leur couleur naturelle, la colère ayant disparu après les baisers du Poufsouffle. La conversation prenait une autre tournure, je savais qu'il y avait des sujets encore délicats sur lesquels il était moins en confiance. Comme si nous étions constamment deux funambules sur un fil qui pouvait lâcher à tout moment si certains sujets étaient abordés. On ne pourra jamais changer ça, c'était la vérité aussi triste soit-elle, c'était ainsi que tout avait commencé. Sans ça, on ne se serait probablement jamais parlé, jamais croisé, on a été à Poudlard la même année et jamais on s'est intéressés l'un à l'autre, bon il n'aimait peut-être pas vraiment le fait de ne pas avoir attiré mon attention. Je n'avais jamais fait partie de son public lors de ses pitreries avec Azaël. Mais j'regrette rien parce que j'aime les histoires originales. On est une histoire originale, un haussement d'épaules avant de passer mes deux bras autour de son cou suivi d'un baiser sur sa joue. Quoique je regrette qu'on ne soit pas tombés amoureux à Poudlard, un brin de malice dans le regard, baptiser ainsi tous les endroits de l'école, ça aurait été cool quand même.
Légèrement nostalgique, je finis par me relever avant de tendre la main aux moufles d'Arty, plus d'ex fantôme, plus d'États-Unis, juste l'Islande, cette luge et cette gigantesque pente là-bas, je pointe du doigt une montagne enneigée légèrement plus élevée. Qu'on fête ce mariage comme il se doit, mais avant embrasser encore un peu les lèvres de l'amoureux, le mieux du mieux serait de pouvoir voir des aurores boréales. Ce phénomène magique qui n'avait pas été créé par des sorciers.