Cara ignora royalement la proposition de T., qui s’en fichait éperdument aussi de son côté. Les deux jeunes femmes ne s’entendaient absolument pas, mais elles s’en étaient sorties, et relativement bien qui plus est. La brunette était assez amusée par l’état dans lequel l’autre Serpentarde s’était mise pour un simple troll qui les aurait volontiers tuées si C. n’avait pas eu de bons réflexes, mais peu importe. Le trajet jusqu’au château fut on ne peut plus silencieux. Il fallait qu’elles rentrent, certes, mais rien ne les obligeait à s’adresser la parole. La vert et argent n’avait aucune envie d’argumenter, hormis peut-être pour enfoncer sa partenaire, qui se contentait de ne pas répondre. Aucun intérêt, donc.

Malgré l’heure tardive, il faisait encore partiellement chaud. Disons qu’une petite brise venait rafraichir l’atmosphère de temps en temps, mais qu’il ne faisait pas trop frisquet. La preuve, Tara était encore en t-shirt, et elle n’avait pas froid. Elle était juste bien. Lorsque Cara fit un détour par l’arrière du château sans prendre la peine de la concerter, T. décida, quand à elle, d’emprunter l’un des nombreux passages secrets qu’elle avait découvert avec Axelle. Elle se dirigea donc vers l’entrée principale et, non loin de la grande porte, elle donna deux coups sec, puis un coup un peu plus long sur l’une des briques, qui révéla une porte secrète dissimulée par les briques, qui se désagrégèrent devant ses yeux. Lorsqu’elle fut passée de l’autre côté, celle-ci se reforma, et aucune trace de passage n’était visible.

Le passage débouchait directement à l’entrée des cachots. T. jeta un bref coup d’œil au hall, qui semblait totalement désert. Visiblement, Cara n’était pas encore passée par ici. Sans perdre une minute, et loin d’avoir envie de l’attendre, elle déboucha dans les cachots, puis dans sa salle commune. Là, elle s’assit sur un fauteuil, prête à bondir sur sa proie lorsqu’elle referait son apparition. De longues minutes plus tard, celle-ci était de retour. T. se retourna, et vit effectivement C. pointer le bout de son nez.

Tara – Bah lors, tu t’étais perdue ?

Elle avait toujours cette voix à la fois pragmatique et sarcastique, horripilante pour quiconque à qui ses paroles seraient adressées, mais c'était le but.

T. sourit à la remarque de sa camarade. Touché. Même si elle doutait fort que la jeune femme se soit perdue, étant donné qu’elle avait l’air de savoir très précisément où elle allait malgré la noirceur, la vert et argent avait retrouvé sa salle commune bien plus rapidement, et tout le petit stratagème que l’autre fillette avait mis au point pour rentrer sans se faire prendre la faisait bien marrer. C. soupira bien fort, histoire de prouver son mécontentement à la brunette, qui ne s’en trouva que plus amusée. Elle s’assit ensuite à ses côtés, puis ferma les yeux, profitant de la chaleur dégagée par le feu pour se réchauffer.

La jeune femme haussa un sourcil à la question de son ennemie jurée. Pourquoi lui demandait-elle ça ? Aurait-elle préféré qu’elles deviennent amies ? Ou en avait-elle simplement marre de toutes ses remarques désobligeantes et essayait-elle de mettre un terme à tout ça ? En tout cas, quoi qu’il en soit, la réponse de Tara risquait de ne pas être à la hauteur des espérances de son interlocutrice. Au moins, elle admettait que c’était de sa faute, la petite Leadies.

Tara – On en serait peut-être pas là, mais on ne serait certainement pas devenues amies, si c’est ta question. Premièrement parce que j’ai vraiment du mal avec ton caractère, et deuxièmement parce que je me fais rarement des ‘copains’.

Elle se demanda quelques instants si elle devait aller au bout de sa pensée ou non, puis opta pour la sincérité. De toute façon, elle n’avait rien à perdre en avouant tout ça.

Tara – A part certaines exceptions, je trouve les gens bien insignifiants.. Un pic et ils montent sur leurs grands chevaux, tous préoccupés par les mecs (ou les filles selon de qui il s’agit), les fringues ou ce genre de bricoles futiles.. En bref, on peut rien en tirer.

Voilà. Elle avait dit ce qu’elle avait sur le cœur. Si C. se sentait visée, tant pis. Si elle comprenait un peu mieux pourquoi leur relation était aussi pourrie, tant mieux. La jeune femme suivie sa camarade du regard. Celle-ci s’était dirigé vers une petite table et s’était servi du jus de citrouille. Tara n’avait plus rien à faire ici. Elle avait sommeil, et tout ce qu’elle désirait, c’était dormir. C’est pourquoi elle se tourna vers l’autre protagoniste.

Tara – Bon, je vais m’coucher. A la prochaine.

Sur ces belles paroles, elle monta jusqu'à son dortoir, enfila rapidement ce qui ressemblait à un pyjama (mais dans le noir, allez savoir si c'était bien ça), puis se glissa sous ses couvertures, et sombra rapidement dans les bras de Morphée.