Forcement avoir la baguette à portée de main c'était quand même bien plus utile que ranger dans un coin perdu de son sac ou dans sa poche inaccessible de robe de sorcier. Elhiya remercia la brunette pour sa réactivité qui lui permettra de ne pas s'enrhumer pendant qu'elles se baladaient dans le parc. Le sortilège du sèche linge était vraiment agréable, les vêtement devenaient tout chaud et tout doux en une seconde, laissant loin derrière l'impression de sortir de la touche tout habillée. Pour peu, la blonde en oubliait presque qu'elle était remontée contre Ulysse qui l'avait aspergée d'eau gelée.

Comme Aria s'était agrippée à son bras pour l'embarquer dehors, Elhiya pouffa de rire devant tant d’enthousiasme.

"Aaaaah, mollo, on a tout le temps."

Tant pis pour les cheveux ruisselants encore, elle verrait ça quand la brune aurait fini sa course vers le parc. Au pire ça lui rafraichissait la nuque, elle n'en mourrerai pas, surtout qu'il faisait encore assez chaud, et que le soleil ne se couchait pas de suite. Et bien, la question du pourquoi du comment arriva directement. Pas droit à un "comment vas tu?", "comment va Muffin?", "t'as prit tes affaires"? Non directement un questionnement sur son arrivée trempée. Bon..; autant l'avouer en situation inverse, Elhiya aurait certainement fait pareil, du coup, avec un sourire en coin un peu vexé, elle prit la parole

"C'est un blaireau de Rouge & or..." Coup d'oeil rapide à la petite lionne qui portait les même couleurs, suivit d'un petit sourire désolée "Hum, pardon.. un gars de ta maison, on s'est croisé dans les couloirs, on s'est dit bonjour, rien de plus..."

D'accord, leur façon de se saluer n'était pas très conventionnel, mais visiblement, cela écorchait les deux adolescents de faire autre chose que se balancer des sortilèges à la tête quand ils se voyaient. Pour une fois ça avait été gentillet d'ailleurs, le blond devait se ramollir, à moins que prit de surprise, comme elle, il n'avait rien trouvé de mieux à lui lancer. Regardant le parc qui s'offrait à elles, Elhiya posa les yeux sur la brunette en souriant

"Et puis de toute façon, tout ce qui était dans son sac et sauf, donc c'est pas bien important. Tu veux aller quelque part précieusement ou tu t'en fiche? car les hautes herbes c'est assez sympa, la luminosité varie sans cesse au grés du vent, du coup, j'aime bien, ca ouvre plusieurs choix d'ombres à reproduire."

Elhiya n'avait pas oublié qu'elles partaient pour une séance de dessin, et que depuis l'arrivée l'arrivée de Dey, la possibilité de gribouiller ne s'était pas vraiment lontré. Du coup elle était ravie de pouvoir partager ce moment à sa petite Rose

Ses cheveux encore tout trempés, elle m’explique que c’est un « blaireau de Rouge et Or » qui lui avait fait ça. En se rendant compte de ce qu’elle venait de dire, elle s’excuse et reprend un autre terme pour désigner ce garçon. Je pouffe de rire. On aurait dit moi il y a un peu plus d’un mois. Je me souviens encore de ce moment où j’étais sortie du cours de botanique, c’était la première fois que j’avais vu Jace. Elhiya m’avait attendue pour qu’on aille déjeuner ensemble et nous avions discuté. Dans la conversation, je lui avouais ne pas trop aimer les serpents. Je souris me rappelant être toute gênée en faisant le rapprochement avec sa maison et comme j’avais essayé de me rattraper. Je la laisse continuer ses explications. Je fronce les sourcils lorsqu’elle m’informe qu’ils se sont juste dit bonjour. Assez curieuse comme façon de se saluer. Elle me demande ensuite s’il y a un endroit en particulier où je souhaiterais aller. Je lui réponds :

- Non, conduis-moi où tu as l’habitude d’aller. Je te suis.

Pendant que nous marchons, je reprends :

- Avec ce Gryffondor, c’est tout de même une façon bizarre de se saluer, tu ne trouves pas ? Les gens normaux se disent « bonjour » ou « salut », ou se font une accolade ou encore une bise. Ils n’ont pas trop l’habitude de s’arroser.

Puis, en rigolant, je reprends :

- Après, si tu préfères cette façon de se saluer, je peux m’adapter.

Je m’imagine mal lui lancer un Aguamenti… Quoique… il y a quelques jours, j’étais prête à lui lancer un Gastronauseus… mais bon, je pensais qu’elle sortait avec Jace alors que finalement, ils ne sont que cousins. Je me revois avec Dey au moment où nous les avions découverts ensemble. Mon frère de cœur avait reçu lui aussi un choc en voyant les deux Serpentard ensemble. Etant curieuse, je me permets de la questionner :

- Est-ce qu’il se passe quelque chose de particulier avec ce garçon qui t’a arrosé ?  Tout va bien avec Dey ?

Alors que nous continuons de marcher, mon pied se pose sur une pierre et je manque de tomber. Mais heureusement, par réflexe, je me rattrape au bras d’Elhiya. Eclatant de rire, je lui dis « C’était moins une… » J’aurais eu l’air un peu bête, étalée par terre avec tous les biscuits de ma mère éparpillés au sol.

Aller dans les hautes herbes! C'était parfait, en plus sans Muffin pour sauter partout après n'importe quoi, ou plutot n'importe qui, la perspective ne pouvait être qu'agréable. Elhiya avait acquiescé d'un signe de tête en souriant, guidant la brunette vers son coin favoris, malgré la marche à effectuer. Au moins, ses cheveux auraient le temps de sécher un peu vu le trajet, enfin un peu. Essorant ses mèches de cheveux pour enlever le surplus d'eau, elle écouta l'étonnement d'aria qui lui précisait qu'en temps normal il suffisait de se dire bonjour quand on voulait saluer quelqu'un. Oui, ca elle le savait, mais visiblement le blond, lui ne le savait pas, ou alors l'avait oublié, ou lui en voulait pour ce qu'elle lui avait fait subir. Ca aurait justifié en même temps. Mais expliquer le pourquoi du comment aurait été un peu long, et puis discuter d'Ulysse n’intéressait absolument pas Elhiya, moins elle le croisait, mieux elle se portait. Aussi, se contenta t elle de pouffer de rire doucement.

"Non, non t’inquiètes pas, je sais dire bonjour normalement, pas besoin de te mettre aussi à me tremper dès que tu me vois. Je vais finir malade toute l'année à ce rythme là!"

[i]Et ca passerait jamais en fait, il fallait être réaliste. Par contre la réelle raison de son animosité envers ce garçon lui était totalement inconnu. Surement car il ne s'entendait pas de base avec son petit-copain, ou car il avait des idées arrêtées sur les Serpentard, ou juste car il avait une tête qui lui revenait pas quand il lui adressait un de ses sourires empli d'une fiertés mal placée. Et puis... au final, la raison n'avait que peu d'importance, c'était limite devenu une habitude de se prendre le nez en se croisant, pas besoin de chercher plus loin. Mais Aria semblait insister sans que la blonde ne comprenne vraiment le sens à sa question. Surprise, elle adressa un regard des plus dubitatif quand la brune manqua de s'étaler sur le sol en trébuchant sur un cailloux. par réflexe, Elhiya avait serré sa main sur le bras qui s'était agrippé au sien en rigolant doucement

"Et bah, si je te ramène avec une bosse au prés de Jace il va mal le prendre! Mais au moins on est pas au bord du lac, t'as échappé à l'eau glacée!"

Manquerait plus que les deux filles rentrent au château trempées et enrhumé suite à un mauvais enchainement de situation, ca leur vaudrait sans nul doute une flopé de questions stupides de la part des deux garçons. Elle sourit doucement à cette idée et continua à guider Aria vers son spot de dessin habituelle, gardant sa main sur son bras.

"C'est bon je te tiens, comme ca si te viens l'idée encore de trébucher y'a moins de risque... sauf si je tombe avec toi.."

ah oui, c n’était pas forcément judicieux comme plan.. mais bon pour le coup, la blonde ne voyait pas ce qui était le plus préjudiciable, du coup elle reprit sur un ton amusé pour répondre à son amie

"Sinon pour l'autre rouge, t'entends quoi par particulier? Si ce n'est que j'ai toujours envie de le jeter du haut des escaliers quand je le croise, je vois pas ce qu'il y'a de particulier. Dey à du mal à lui dire bonjour normalement d'ailleurs, et je crois que je suis quand même la moins pire de nous deux si on réfléchi bien. Mais sinon, oui ca va avec Dey pourquoi cette question?"

[i]Décidement, en ce moment, tout le monde lui posait des questions dont elle avait du mal à saisir le sens profond. Pourquoi ça irait pas avec Dey? car il avait des opinions bien tranchées et totalement différente d'elle? Car il trouvait logique de copiner avec Aoi, la seule et unique fille avec qui il ne devait pas copiner d'ailleurs? C'était juste des détails et ça ne la génait pas plus que ça.... sauf pour l'aiglone, qu'elle allait finir également réellement par pendre par les pieds à une fenêtre.

Du quoi lui adressant un sourire interrogateur, Elhiya scrutait Aria(/i]

Elle me tient le bras pour m’éviter de tomber et dans le ton de la plaisanterie, me dit que Jace risque de ne pas être ravi de me voir égratignée de partout. Effectivement, je ne pense pas que ça lui plairait. Mais comme elle me l’a dit aussi, c’était mieux ça que l’eau glacée. J’aurais été dans le même état qu’elle il y a quelques minutes plus tôt sauf que j’aurais été congelée en plus. Je frissonne rien que d’y penser. Avec un air plus amusé, elle m’explique ce qu’elle ressent en voyant ce Gryffondor dans les parages et à l’entendre, ce n’est pas de l’amour. J’ai l’impression qu’au fur et à mesure de son dialogue, sa voix change pour être un peu plus irritée. Apparemment, ce n’est pas trop le sujet à aborder. Et je comprends vite pourquoi. Quand elle me parle de Dey et de sa réaction face à ce garçon, je ferme les yeux et soupire. Je lui dis :

- Ah mais ok… je vois de qui tu me parles…  Ulysse c’est ça ?

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, j’enchaîne aussitôt.

- Je ne le connais pas personnellement mais si c’est bien de lui que tu me parles, j’ai entendu parler de plusieurs altercations entre Dey et lui. D’ailleurs, c'est un point que je dois aborder avec Dey.

L’ambiance commence à être un peu pesante dans la salle commune, certains voulant prendre parti pour l’un et d’autres pour l’autre… Cette situation commence à être difficile à vivre. Je me suis déjà dit que la prochaine fois que je le verrais, je lui en parlerais. Histoire de connaître déjà la vraie raison et ensuite, de savoir s’il n’y aurait pas quelque chose à faire pour calmer les choses. Mais ça, c’était quelque chose que je voulais parler avec Dey et non avec Elhiya. Non pas que ça ne m’intéresse pas, non. Mais plutôt parce que je vois bien que ce rouge et or l’énerve et surtout parce que j’ai envie qu’on passe toutes les deux un moment agréable. Je décide donc de changer de sujet et reprends :

- Enfin… oublie le pour le moment. Là, on est toutes les deux, et on va se détendre un peu. Tu as pris tes affaires de dessins alors ? J’espère que tes affaires ne sont pas mouillées… ça ne serait pas trop pratique de dessiner du coup…

Il n’y avait plus l’air d’avoir de pierres sur notre route, je retire donc mon bras de sa main et ouvre ma boite pour lui proposer un biscuit :

- Tiens, ce sont des cookies de ma maman. Elle adore faire toutes sortes de biscuits et de gâteaux. Comme tu peux le voir, elle a fait trois sortes de cookies : les blancs sont au chocolat blanc ; les marrons, au chocolat au lait et les plus foncés, ils sont aux raisins secs. Moi, personnellement je préfère les classiques, ceux au chocolat au lait. Ils sont tellement bons !

Et c’est vrai, je ne dis pas ça parce qu’ils viennent de ma mère… Quoique si, peut-être un peu en fait mais moi, je les adore. J’en prends donc un, croque un morceau et tend la boite à Elhiya en lui disant :

- Hummmm, trop bon ! Sers-toi !

Tendant la boite vers elle, je continue de déguster mon cookie.

Elle prend un gâteau et me dit qu’il est trop bon. Simple politesse ou était-ce sincère ? De toute façon, même si elle ne les aime pas, ce n’est pas grave, moi je les adore. Elle m’annonce qu’on est presque arrivé et j’aperçois des hautes herbes un peu plus loin. Pendant que je finis mon cookie, je me remémore de la première fois où j’en ai fait :

- En tout cas, ces cookies sont meilleurs par rapport à la première fois que je les avais fait.

Je pouffe de rire et reprends :

- Quand j’avais sept ans et mon frère onze, on a eu l’idée de faire une petite surprise à nos parents en leur faisant des cookies. Mon frère avait sorti le livre des recettes et il lisait ce qu’il fallait faire. Moi, je pesais les ingrédients et les versais dans un récipient. Mon frère a ensuite tout mélangé. Ensemble, on a essayé de faire de petites boules pour les disposer sur la grille. Et hop, on a tout mis au four. Une fois la cuisson finie, mon frère a retiré les cookies du four… enfin… disons plutôt le cookie parce que toute la pâte avait fusionné entre elle en ne formant ainsi qu’un seul gros morceau. Bon bah du coup, je t’avoue qu’on était déçu mais mon frère l’a retiré et l’a mis dans une grosse assiette.

Je souris en me rappelant de l’énorme cookie puis de la tête de mes parents quand ils sont arrivés. Je reprends :

- Par contre, on avait fait un sacré chantier dans la cuisine. Il y avait de la farine un peu partout, des coquilles d’œufs, les miettes du cookie… bref, on avait bien tout sali. Quand mes parents sont rentrés du travail, on les a accueillis dans la cuisine avec l’assiette dans la main. Je me souviens encore de la réaction de mon père, j’ai cru qu’il allait nous disputer. En tout cas, il était bien parti pour mais heureusement, ma mère est vite intervenue. Elle s’est accroupie pour se mettre à notre hauteur, nous a souri. Elle a coupé un morceau du cookie et l’a mangé en nous disant qu’il était délicieux. Bon, ce n’était pas vrai hein, il était tout dur, à moitié cramé mais elle n’a pas voulu nous décevoir. Après, elle nous a aidés à nettoyer la cuisine.

Je souris à ce petit souvenir où Matthew et moi étions encore des enfants. J’aimais bien ces moments entre lui et moi. Et puis, je suis rentrée à Poudlard et lui, a commencé à avoir de mauvaises fréquentations et à mal tourné. Il s'est ensuite passé ce qui s’est passé. Même s’il va mieux aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de me demander si je ne suis pas en quelque sorte responsable de ce qui lui est arrivé. Peut-être que si je n’avais pas été une sorcière et que j’étais restée à Camberley, il se serait senti obligé de s’occuper de sa petite sœur et aurait donc voulu me donner le bon exemple à suivre ?

Elhiya s’arrête et je l’imite. Je m’apprête à lui demander si nous nous installons ici lorsque deux premières années se mettent à courir l’un après l’autre en se jetant des Aguamenti. Je ne sais pas ou s’ils ne m’ont pas vu ou si tout simplement ils l’ont fait exprès mais quoiqu’il en soit, la seconde d’après, je me suis retrouvée toute mouillée ! D’abord surprise puis énervée, je leur hurle dessus :

- NON MAIS ÇA VA PAS ???

S’il faisait chaud, ça aurait été plutôt agréable, mais là, ce n’était pas trop le cas. Les garçons se sont excusés puis sont partis en éclatant de rire. Je lève les yeux au ciel et regarde Elhiya en lui disant :

- Bon bah… chacun son tour

Une anecdote sur une première tentative de cuisine qui arracha à la blonde un pouffement de rire amusé. Les cookies, elle, elle préférait les manger que les faire, et sa mère adorant testé de nouvelles recettes et de nouvelles saveurs, Elhiya n’avait jamais tenté d’essayer. C’était peut etre un tort, mais même dans les cuisines de Poudlard, tout était à disposition, et ne la poussait pas à apprendre à les faire elle-même.

Arrivées toute deux sur le spot préféré pour le dessin, deux jeunes gamins s’amusaient à se jeter des sorts, éclaboussant Aria part la même occasion. Impossible de retenir un éclat de rire en la voyant trempée de la tête au pied à son tour. Pas de bol quand même, à croire que la rouge était malchanceuse aujourd’hui, d’abord elle trébuchait et maintenant l’aguamenti, c’était quoi la suite ? Le calamar géant allait sortir exprès pour la câliner ?

Sourire aux lèvres, Elhiya attendait que les deux petits monstres s’excusent et s’installa dans les hautes herbes en regardant Aria encore un peu dépitée avec ses cheveux qui lui collait au visage. Pour peu, si quelqu’un les croisait maintenant, il aurait juré que les deux filles sortaient du baignade rafraichissante, pourtant, il n’en était rien. La blonde fini son cookie et adressa à son amie un regard amusé

« Et bien, aujourd’hui c’est pas notre veine on dirait. Heureusement qu’on a les cookies de ta maman pour nous réconforter un peu ! »

Assise en tailleur par terre, la blonde vida son sac de cours, extirpa son bloc de dessin, sa trousse et les affaires pour Aria qu’elle lui disposait à coté, tout en continuant sur le sujet des pâtisseries

« J’ai jamais su les faire moi-même, c’est dejà bien que tu ais recu à faire un cookie géant avec ton frère ! Moi j’en serais incapable je suis sure ! Tu vas voir que l’année prochaine je vais devoir squatter chez mes parents pour piquer des biscuits fait maison ! Tiens je t’ai ramené ca, si jamais tu veux t’essayer »

La brunette lui avait déjà dit ne pas savoir dessiner, mais c’était en pratiquant que le coup de crayon venait petit à petit. Aussi, elle lui avait tendu le petit bloc de dessin et deux rayons de papier à l’intensité différente. Représenter la nature était plus simple aux yeux d’Elhiya, et vu qu’elles étaient en face du lac, peut etre que ça pourrait éveiller un semblant d’intérêt chez la petite Gryffondor. Fouinant dans son sac à la recherche de son chiffon pour éviter de salir sa chemise blanche par la suite, la blonde réalisa qu’Aria avait parlé d’un frère. Jusqu’à lors, elle ignorait tout de la famille de la brune. D’un doux sourire et récupérant ses feuilles de dessin sur les genoux, la verte se laissa aller à sa curiosité.
« Tu as un frère ? Il est à Poudlard aussi ? T’en as jamais parlé jusqu’à présent, il a peut être fini sa scolarité en fait, non ? Moi j’en ai pas, pas de sœur non plus d’ailleurs, du coup, ca limite les possibilités de pourrir la cuisine de ma mère. Ça aurait été drôle je suppose d’avoir un complice avec qui faire des bêtises sans sortir de la maison. »

Elhiya ne se plaignait pas de son statut de fille unique, loin de là, ca lui avait permis beaucoup plus de caprice que dans une famille nombreuse, et elle en avait bien conscience. Et puis elle avait au final toujours trainée avec son amie d’enfance moldue Lucy, du coup c’était un peu la même chose. Quant à son arrivée à Poudlard, ca avait été compliqué, mais y’avait Luna dont elle était inséparable, puis l’année d’après Eurydice, aussi, la blonde n’avait jamais été jalouse des relations freres-sœurs que pouvaient entretenir certains élèves. Tournant les pages de son bloc pour s’arreter sur une page vierge, elle releva le nez vers Aria sans se défaire de son sourire chaleureux

« Il s’appelle comment ? D’ailleurs ? »

Curiosité toute innocente. Quand Elhiya appréciait quelqu’un avait tendance à poser très naturellement des questions. Chose qu’elle se refusait de faire en temps normal. Question de confiance et de respect, très certainement. Avoir une flopée d’amie n’avait jamais intéressé la verte, elle préférait nettement avoir de rare copines et être toujours présentes pour elle que connaitre une popularité superficielle. Aria était rentrée dans le cercle étroit des personnes qu’elle chérissait, bien qu’elle ignorait pourquoi.

Trempée, Elhiya me sourit. Je la regarde me demandant si elle allait me donner un coup de main pour me sécher. La réponse est non puisqu’elle s’installe sur les hautes herbes. Je sais très bien que le temps qu’elle cherche sa baguette, je me serais déjà séchée au moins cinq fois, mais j’avais envie de la taquiner. Je lui lance donc en rigolant :

- Ah mais… tu ne m’aiderais même pas à me sécher ! C’est chacun pour soi c’est ça ? Je tâcherais de m’en rappeler pour la dernière fois !

Amusée, je me jette le sortilège du sèche-linge. Immédiatement, mes vêtements sont secs et chauds. Qu’est-ce que c’est agréable ! Je pose ensuite mes mains sur mes cheveux et commence à les assembler, comme si j’allais faire une queue de cheval. Me penchant vers l’avant, je les tords pour retirer l’eau puis me redresse en les remettant en arrière.

Elle vide son sac et y retire ses affaires de dessins. Tout en me tendant un petit bloc de dessin et deux crayons de papier, elle me propose aussi d’essayer de dessiner. Je fais une petite grimace sachant pertinemment que le résultat ne sera pas du tout super mais bon, autant lui montrer ce que je sais faire… ou plutôt ce que je ne sais pas faire. Je la remercie néanmoins et m’installe à côté d’elle en posant mon sac et ma baguette par terre. Je prends ensuite le matériel de dessin qu’elle me tend et le garde dans mes mains. Elle m’informe alors être fille unique puis me questionne sur mon frère. La Serpentard paraissait bien curieuse d’un coup. Je souris. Cette intrusion dans ma vie ne me gênait absolument pas. Il faut dire que je suis moi-même curieuse, donc de ce point-là, je ne pouvais reprocher à personne de l’être également. Et puis, je dois avouer que j’aime bien parler avec Elhiya, il y a quelque chose chez elle qui fait que j’aime sa compagnie. Peut-être est-ce dû à sa spontanéité, sa façon de ne pas se gêner de dire les choses qu’elle pense ? Ou le fait qu’elle adore me taquiner, m’amuser ? Ou tout simplement peut-être que depuis le début, elle s’est immédiatement comportée comme une amie avec moi ? Quoiqu’il en soit, je l’apprécie et je suis contente que Dey ait trouvé une fille comme elle. Je la regarde tourner les pages de son bloc et elle me pose ses dernières questions. Je lui réponds :

- Oui, j’ai un frère. Il s’appelle Matthew et il a quatre ans de plus que moi. Tu ne risques pas de le croiser à Poudlard… il est moldu.

Je m’interromps et me dis que tout aurait pu être différent s’il avait été lui aussi un sorcier. Il n’aurait certainement pas eu de mauvaises fréquentations, ne serait pas tombé si bas et n’aurait pas fait de tentative de suicide. Au fond, je me sens coupable. J’ai l’impression que tout à commencer quand je suis partie, quand je l’ai laissé. Je soupire, je ne devrais pas penser à ça maintenant. Aujourd’hui il va mieux, et c’est l’essentiel. Je reprends :

- Et puis, vu qu’il a dix-huit ans, tu ne l’aurais pas croisé non plus de toute façon. Mais un jour, je pourrais peut-être te le présenter si tu es curieuse de voir à quoi il ressemble.

Je lui donne un petit coup de coude en prononçant la dernière phrase et enchaîne :

- Donc tu es fille unique toi. Tu n’as donc pas connu les taquineries de la part d’un frère ou d’une sœur ou les fois où Monsieur faisait une bêtise et qu’il t’accusait toi pour que tu te fasses disputer. Parfois, il se cachait dans mon placard et quand j’entrais dans ma chambre, il sortait en criant « Bouh » pour me faire peur. Sur le moment, je peux te dire que tu ne trouves pas ça drôle du tout !

Je pouffe de rire me rappelant de la fois où il avait fait tomber le vase qui était sur la table du salon et qu’il a essayé de faire croire à maman que c’était moi mais elle ne l’avait pas cru. D’ailleurs, je ne sais pas comment elle fait, mais elle arrive toujours à savoir quand l’un de nous deux ment. Je continue :

- Bon, c’est vrai qu’on a fait beaucoup de bêtises ensemble, c’était assez marrant, je l’avoue. Comme la fois où on a fait une farce à nos parents et où on avait mis de la mayonnaise dans le tube de dentifrice.

J’éclate de rire revoyant encore la tête de mon père avec le tube de dentifrice dans la bouche.

- En fait, tu as dû t’ennuyer toute seule, non ?

Elle me parle de son amie enfance et je souris en l’entendant parler d’elle. Si elles étaient tout le temps ensemble, elles devaient être comme des sœurs et finalement, Elhiya n’était pas fille unique. Parfois, les liens du cœur peuvent être aussi forts que les liens du sang. Je m’en étais bien rendue compte avec Mered et Dey. Fouillant ensuite dans son sac, elle me dit avoir une photo de son amie. Dans un cahier, elle retire la photo, la regarde quelques instants et me la tend. Je perçois dans le regard de la verte de la tristesse et de la nostalgie. Mes yeux se posent alors sur le cliché : deux filles blondes aux yeux bleus. Elles auraient effectivement pu être sœur toutes les deux ce que je m’empresse de lui dire :

- Vous vous ressemblez toutes les deux et vous être trop mignonnes sur cette photo même si j’avoue que tu fais une tête bizarre dessus. Mais bon, les manèges à sensation, ça ne pardonne pas.

Je peux très bien comprendre la réaction d'Elhiya parce que j'aurais très certainement eu la même tête qu'elle. Puis d'un coup, ça me vient. La photo du lac ! Mais oui, j'y suis avec ma famille. D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi je n’ai pas pensé à le lui montrer puisque normalement, je l’ai toujours avec moi. Peut-être me suis-je dis que ça ne l’intéresserait pas ? Quoiqu’il en soit, je lui dis : « Attends, moi aussi j’ai une photo ». Je la retire alors de la poche intérieure de ma veste et la lui montre en pointant mon index dessus, allant de gauche vers la droite :

- Alors, là, c’est mon père et ma mère. Là, Mammy-Li ma grand-mère et là, celui qui a un bras autour de moi, c’est mon frère Matthew.

Nous étions tous joyeux et souriants sur cette photo qui était très récente. Elle avait été prise une semaine avant la rentrée. Nous avions été nous promener tous les cinq près d’un lac. Je soupire, ces moments deviennent de plus en plus rare maintenant.

Je retire ensuite mon doigt de sur mon frère et repense à ce qu’elle m’a dit un peu plus tôt. Avec un air de taquinerie, je lui lance :

- Alors, mignon ou pas mignon ?

Pour moi, il s’agit d’un beau garçon, assez charmant et séducteur. Mais je ne peux pas être objective. Il s’agit de mon frère après tout.

Dey ? Je la regarde, perplexe, puis comprends ce qu’elle veut dire. Taquinerie de nouveau. Tandis qu’elle prend un nouveau biscuit, je lui réponds, amusée :

- Ah mais non non, jamais je ne ferais ça à Dey, tu me prends pour qui ? Et puis t’as raison, niveau cuisine, c’est pas le top, sauf si tu aimes les plats cramés.

La vision d’une omelette d’apparence toute noire me vient tout de suite en tête et je rigole. Il avait impossible de la manger et du coup, mon père avait commandé des pizzas ! Heureusement que Matthew ne s'est pas orienté dans la cuisine ! Prenant moi aussi un cookie, celui-ci au raisin sec, je le croque à pleine dent. Il est délicieux. Au moins, s'il y avait une chose dont j'étais sûre, c'est que c'est bien ma mère qui avait fait ces biscuits, et non mon frère.

Mes yeux se posent ensuite sur le carnet de croquis qu’elle m’avait donné. Je le feuillette et me rends compte qu’il est vierge. Il n’y a que des pages blanches. Bon… je suppose que ça va être à moi de le compléter alors… ou du moins, essayer de le compléter. Qu’est-ce que je suis censée faire alors ? Je prends un crayon et réfléchis. Je dois faire des traits et des courbes, c'est ça ? Par quoi commencer ? Je soupire, tourne la tête vers la Serpentard et lui demande :

- On commence notre séance dessin ? Tu m’expliques comment faire ? A moins que tu préfères que je te fasse des gribouillis ?

C’est d’ailleurs ce qui risquait d’arriver. Je ne suis pas vraiment douée pour ce genre de truc. Espérons qu’elle ait quelques tuyaux à me filer, ça déclenchera peut-être des talents de dessinateur cachés au fond de moi ? Ou pas…

J’écoute attentivement ses explications, en la regardant faire différents traits sur sa feuille. Une longue explication pour me dire qu’il n’y avait pas de recette à suivre mais juste du ressenti et de l’observation. Elle ajoute que l’herbe est vivante et qu’aucun brun ne se ressemble, un peu comme nous les humains. Elle me tend ensuite son bloc et je reste sans voix devant le résultat. A l’entendre et en la voyant faire, ça parait tellement simple. Pas trop convaincue par ce qu’elle me demande de faire, je lui réponds seulement : « ok ».

« Faut voir au-delà du mot Herbe » m’a-t-elle dit. Bon bah, regardons au-delà alors… Je lève les yeux et fixe droit devant moi en me redressant. Je place mes jambes en tailleur et après avoir pris une grande inspiration, je commence à dessiner des traits partant un peu dans tous les sens sur la feuille de mon bloc. Je relève la tête pour regarder de nouveau l’herbe et hop, j’essaie de reproduire ce que je vois en tentant de suivre son conseil pour faire des brins d’herbes de différentes tailles. Je reproduis ces gestes pendant une petite minute puis regarde le résultat. J’éclate alors de rire et lui lance en lui tendant mon bloc : « Voilà mon œuvre, ressemblant n’est-ce pas ? »

Je le savais déjà, il n’y a rien à faire, je ne suis vraiment pas douée pour le dessin. Autant s’il y avait une recette, comme une pour les cuisines ou bien comme pour celle des potions, ce serait simple, il n’y aurait qu’à suivre les différentes étapes, comme par exemple, ajouter une pincée de sel ou laisser mijoter pendant dix minutes. Ok, ça c’était simple. Mais là, reproduire ce que mon œil voit m’est complètement impossible. Je n’ai pas du tout de talent dans ce domaine.

Je regarde Elhiya en continuant de rire et lui dis : « Tu peux dire que c’est moche, je ne t’en voudrais pas ! »

Comme je m’y attendais, elle s’était moquée de moi. Je le sais de toute façon que je ne suis pas du tout douée avec le dessin. Sans être vexée, je rigole avec elle et constate en effet que j’avais dessinée des épis de blés. D’ailleurs pourquoi donc ? Je regarde l’herbe devant moi, je n’en vois aucun pourtant. Pendant que je m’interroge sur l’existence des épis de blés sur ma feuille, Elhiya sort de son sac une trousse contenant des crayons de couleurs différentes. Ils me font penser aux Crayola que j’avais quand j’étais petite. C’était Mammy-Li qui me les avait offert il me semble.

La Serpentard me conseille d’essayer autre chose. J’ai l’impression qu’elle veut absolument me convertir au dessin. De toute façon, j’aime bien apprendre donc autant essayer une autre méthode. Après avoir rapproché la boite de cookies auprès d’elle pour qu’elle se serve, j’attrape sa trousse et prend un crayon. Je tourne une feuille de mon carnet et m’apprête à y mettre un peu de bleu foncé lorsque nous sommes interrompues par le ventre d’Elhiya qui gargouille. Je souris et lui dis :

- Je te l’avais bien dit qu’ils étaient trop bons. Sers-toi ! Je demanderais à ma mère de m’envoyer une petite boite rien que pour toi mais sans les raisins secs. Ceux-là, je les garderais pour moi.

Je regarde ensuite ma feuille blanche et me motive en disant tout bas : « Allez, je vais tenter. Voyons ce que ça donne. »

J’oriente mon carnet en paysage et regarde devant moi. Devant moi, des herbes hautes et au loin, le lac. Mon crayon à la main, je commence à mettre du bleu foncé en haut de ma feuille. J’avoue que je me sens plus à l’aise avec ces crayons que les précédents. J’ai envie de jouer sur les différentes teintes de bleus. Je fouille donc dans la trousse d’Elhiya et y retire différents crayons. Puis, je commence à remplir mon lac de diverses nuances de bleu.

J’attaque ensuite les herbes. Piochant de nouveau dans la trousse, je prends quelques crayons  de couleurs vertes que je pose sur moi. Commençant par le vert plus foncé, je dessine des traits de tailles différentes sur les deux tiers restant de ma feuille. J’alterne ensuite ses traits avec d’autres nuances de verts. Une fois ma feuille remplie, je m’arrête et admire mon travail. Je dois avouer que ça me plait pas mal. J’aime bien ce que j’ai fait. Dernier coup de crayon pour accentuer une herbe au premier plan, puis je tends mon bloc à Elhiya en lui disant :

« Tiens regarde. T’en pense quoi ? »

Moi j’aime bien, je suis assez fière du rendu de mon dessin. J’espère maintenant qu’elle ne va pas trouver ça nul.