Le docteur Peterson semblait surpris par ma demande. Mais moi je pouvais pas le laisser comme ça. Et puis après tout il m’avait demandé de parler avec lui, comme moi j’avais parlé avec Rémi. Et si c’était une manière de le faire sortir de son problème hein ? Est-ce qu’il avait vraiment besoin de rester enfermé, alors même qu’il semblait enfermé dans sa tête ?

« Je suis désolé Hugh, mais je ne crois pas que ce soit possible… »

Mon visage s’affaissa en entendant sa réponse et je me retournais vers le petit être perdu qui regardait le gobelet devant lui. Il n’avait pas le droit de me dire non. Il ne pouvait pas me faire venir ici, me faire parler avec lui, et me refuser de lui donner sa chance.

« Docteur Peterson, moi j’ai un boulot. Moi j’ai eu droit à une chance par Mike. Grâce à vous, j’ai un nouveau travail et j’ai le droit de revenir dans la vie normale. Moi aussi j’veux faire ça pour lui. J’connais les lieux, j’peux l’amener. J’sais qu’il doit prendre des médocs, j’sais pas trop pourquoi mais j’me fiche. J’peux le surveiller ! »

Mon enthousiasme revenait petit à petit. Je devais bien réussir à le convaincre. Mais c’était lui qui prenait la décision. C’était lui qui mettait son nom à la fin sur le papier.

« Il n’est pas prêt à sortir. Il ne prend même pas son eau ! »

Je fronçais les sourcils… C’était pas une bonne excuse. T’façon chez moi, y avait que de l’eau, il serait obligé d’en boire et il aurait pas le droit à l’alcool. Je comptais ben veiller sur lui moi…

« Et étant donné ton passé… »

« PARDON !? Qu’est-ce que vous dites sur mon passé !? C’est pour quoi que je suis venu ici pendant plus de quatre ans !? Pour qu’on me balance qu’étant donné mon passé je peux pas aider quelqu’un !? Pour quelle raison j’ai pris vos médicaments ? Pourquoi maintenant je suis en phase de réinsertion ? J’ai pas progressé !? C’est quoi ce que vous me dites sur mon progrès si vous me collez ça en pleine face juste après ? »

Manifestement il avait fait une erreur car il se mordait la lèvre, devant moi. C’était un truc qu’il faisait jamais. Il l’avait fait que quand j’étais arrivé et qu’il avait su ce que j’avais fait. Je me rapprochais de James. Je connaissais pas son nom de famille, je savais pas quel âge il avait. Je savais juste qu’il était paumé et qu’il avait besoin d’aide. Et moi j’aurais bien aimé avoir besoin d’aide quand j’en avais besoin. Pour une fois, je pouvais bien faire un truc de bien non !? Je posais presque violemment une main sur son épaule tout en pointant le docteur du doigt.

« Quoi que vous pensiez j’veux pouvoir l’aider ! Et j’peux pas venir lui parler tous les jours. C’est vous qui voulez que je m’en occupe non ? Pis j’risque pas d’le toucher, t’façon on est surveillé constamment et vous le savez ! Alors !? C’est quoi votre réponse ? »

« Hugh, tu devrais te calmer… Si… Si je vous laisse cette chance, au moindre débordément je dois vous réinterner tous les deux, tu le sais ça ? »

« Oui, et j’ai aucune envie de revenir ici, vous le savez. Tu viens James ? »

« Attends ! Attends ! Tu… Tu connais son prénom ? Il te l’a dit ? »

« Bah oui ! Je l’ai pas deviné hein ! Je suis pas fort à ce point là quand même »

Le docteur Peterson ouvrit grand les yeux et regarda James longuement en se touchant le menton. Il réfléchissait. Il pensait sans doute à la grosse bêtise qu’il allait faire s’il nous laissait partir mais je m’en fichais. Je voulais rester avec lui, parce qu’il était bizarre, et parce que je me voyais en lui. J’avais besoin de ça pour pouvoir me sentir mieux. Pis ça me sortirait sans doute un peu de mon quotidien aux Trois Balais…

« James… Tu peux faire tes affaires. MAIS ! J’ai besoin de le voir une journée par semaine ! Et on va rapprocher nos rendez-vous, Hugh, pour que je puisse vous surveiller de plus près. »

Je sautais littéralement de joie et je me tournais vers James. Je pensais pas repartir avec un petit humain de compagnie avec moi en venant ici, mais c’était une bonne nouvelle je trouvais !

Quoi c'était juste un nom... . Non mais sérieusement, il suffisait d'un nom pour que le médicomage le laisse partir avec un inconnu ? Pardon, avec Hugh ? Et bien oui, il fallait juste un nom, un prénom même. Le sien. Son bien le plus précieux remit entre les mains d'un homme qu'il ne connaissait pas une heure auparavant. Le docteur Peterson qui avait de prime abord refusé une telle idée s'était retrouvé tout penaud face à l'affirmation du visiteur, pour qui cela semblait plus que normal de connaître son nom.

Quand le Docteur lui adressa la parole, James quitta le gobelet des yeux et reporta son attention sur celui qui détenait le pouvoir de sa libération. C'était justement à ce propos qu'il l'avait appelé. Une question hébétée à Hugh, une requête, presque un ordre pour James. Ce dernier ne suivait pas trop la conversation mais quand le Docteur Peterson lui demanda de rassembler ses affaires, il abandonna sa table et se dirigea prestement vers la porte de la salle de repos. Là, un des mammouth qui l'avait amené jusqu'ici le suivit jusqu'à sa chambre où il entra sans regarder derrière lui. Il reprit ce qu'il lui restait, à savoir un livre de cours et quelques vieux devoirs qu'il avait recopié des centaines de fois, si ce n'était plus. Il quitta la chambre sans un regard pour l'autre occupant qui était d'ailleurs plus intéressé par le ruissellement d'eau sur la vitre que par le déménagement de son camarade.

Toujours accompagné par son mastodonte, James se dirigea machinalement vers le couloir qui menait à la sortie ; c'était le même qui longeait la salle de repos et duquel à travers les murs vitrés on voyait le Docteur Perterson et Hugh qui le suivaient du regard. James se planta devant la porte grillagée qui empêchait toute sortie des patients et attendit ici sans lâcher le grillage tressé des yeux. Il serrait fort ses cours contre lui. Il allait enfin pouvoir sortir et retourner à Poudlard ! C'était pour lui une chance inespéré. De recommencer à zéro. Ou simplement de poursuivre ce qui a été laissé de côté trop longtemps.

à moins que tu ne veules rebondir encore, je pense qu'on peut s'arrêter après ta réponse

James fut escorté par de gros médecins qui ressemblaient plus à des gorilles ou à des videurs de boîte de nuit qu’à des médecins. Et moi je devais partir avec le docteur Peterson. Il était en train de soupirer et de se tenir la tête. Je pense qu’il se disait qu’il avait fait une bêtise. Et moi je sautillais derrière lui, à la manière d’un schtroumpf en furie, et je faisais un joli « Lalala schtroumpf lala… ». MA-GNI-FI-QUE !

Dans le bureau plein de vitres du docteur Peterson je me sentais vachement plus libéré. Et j’étais surtout intenable. Lui, il était en train de remplir des papiers, et moi je regardais pour voir s’il arrivait. C’était mon nouveau copain le James ! Et t’façon il avait intérêt à bien s’entendre avec moi parce qu’on allait vivre ensemble alors…

« Si lui il fait trop de bêtises, je peux vous le ramener ? »

« Oui Hugh, tu dois même me le ramener le plus vite possible… » dit-il sans lever le nez de ses papiers.

Pour j’avais le nez collé à la vitre et j’attendais. Pis je le voyais passer, avec ses affaires, et là je sautais dans tous les sens en faisant des « Il arrive ! Il arrive ! ». Le docteur Peterson levait le nez, le suivait des yeux lui aussi, et attendait qu’il arrive dans le bureau. Lorsqu’enfin mon nouveau copain passa la porte, il se leva, nous tendit deux papiers et nous dévisagea longuement.

« Ceci est votre bon de sortie. A la moindre erreur, vous revenez tous les deux. Les rendez-vous sont le mardi, toute la journée, pour vous deux, et si jamais j’ai besoin de vous voir plus souvent, vous aurez obligation de venir plus. C’est bien compris ? »

« Oui docteur Petersoooon ! »

Je ressemblais à un gamin à qui on venait de donner une sucette… C’était presque ça ! Un petit bonbon tout doux que je ramenais avec moi. D’ailleurs là, on allait jusqu’à la sortie, et je sautillais encore de joie. C’était rigolo de sautiller partout. Les colosses de médecin nous entraînaient dehors, et bientôt, nous fûmes tout seul, tous les deux.

« Allez viens, on va sur le Chemin de Traverse ! C’est là que j’habite ! »

10
précédemment

Ambiance musicale: clic !

Doucement, tout doucement, le voile du songe s'estompa pour laisser place à la conscience dans l'esprit d'Oliver. Il se sentait bien, sans ressentir le besoin de bouger ou ne serai-ce que d'ouvrir les yeux. Il se concentra pour sentir l'air passer dans ses poumons, remonter le long de sa trachée pour expirer doucement par les narines. Sans savoir pourquoi, il avait la sensation de pouvoir sentir son sang couler dans ses veines et cette sensation avait quelque chose de grisant, juste satisfaisant, comme si rien d'autre n'avait d'importance.
Peu à peu et toujours sans ouvrir les yeux, il se mit à bouger subrepticement chaque extrémité de son corps. D'abord un doigt, puis un orteil; il contracta une fesse, une cuisse un mollet... prenant plaisir à constater que toutes les parties de son corps répondait à l'appel. Puis avant d'ouvrir les yeux, il prit une dernière bouffée d'air, une grande et longue inspiration pour se donner courage.

Il savait au moment où il laissa le halo lumineux de la pièce l'éblouir que sa liberté n'était plus, il en avait lui même prit la décision pour sauvegarder sa vie. Les épreuves qui l'attendait à présent n'était plus de son ressort et si la fatalité peut être un réconfort, dans son cas, il savait que cela lui serait difficile de l'accepter.

-Enfin, vous voilà réveillé !

Son premier réflexe fut de tenter de transplaner mais en vain, l'endroit devait être protéger à l'instar de Poudlard. Il tourna alors la tête pour apercevoir une infirmière au sourire bienveillant. Il tenta de se redresser mais des liens entravait le moindre de ses mouvements. Ce qui visiblement ne plaisait pas au personnel soignant qui perdit son sourire à la vue de son patient qui relâcha toute tension musculaire, s’abandonnant au confort du matelas dans lequel il se trouvait.

-Je...suis navré mais c'est une mesure obligatoire dans le cadre d'une affaire dirigé par le bureau des Aurors.

Purple tenta un sourire qu'il savait pertinemment ressembler à une grimace vu la situation actuelle.

-C'est une phrase bien compliquée pour un homme qui se réveil, je ne crois pas avoir demander le service de qui que soit.

Tandis que l'enchanteur constatait alentour une chambre d'hôpital typique, mûrs blancs, mobilier simple et le tout sur roulette. Deux portes, sans doute une de sortie et une pour la salle de bain. Et une fenêtre, qu'il identifia rapidement comme un enchantement, c'était en fait un mûr.

*Même les aurors ne sont pas assez bêtes pour me donner accès à une fenêtre...*

L'infimière semblait quand à elle de plus en plus mal à l'aise. Se tenant les mains et frottant ses doigts de manière frénétique, le regard vers le sol comme si la culpabilité la tenaillait.

-Vous savez, c'est la procédure... Le mal qui vous rongeait... On avait jamais vu cela. Le ministère se devait d'être au courant. C'était... suspect.

Oliver la fixa d'un air qui se voulait doux, jusqu'à ce qu'elle relève la tête.

-Je vous taquinais, je sais bien à quoi je devait m'attendre lorsque j'ai pénétré ici, mais comment...
-On vous a sauvé ?
-Oui...
-Cela à demandé beaucoup d'effort, je ne sais pas ce que vous avez fait pour vous infliger cela, et je ne veux pas le savoir, mais il ne faut pas le refaire... Vos organes internes... Ils...
-Ils... ?

La jeune femme avait le regard vide, comme si elle se repassait la scène de l'opération dans sa tête. Un regard ou transpirait horreur et stupéfaction.

-Ils ont mutés... Ils étaient dégradés à la fois... Comme rongé par de l'acide et...
-Muté ?
-Oui, la moitié de votre foie était composé d'écaille de dragon, lui enlevant toute élasticité d'où votre suffocation... Comment quelqu'un peut-il s'infliger de tel supplice ?

Un silence lourd de signification s'installa mais ne dura pas.

-Vous avez de la chance que l'équipe de garde qui était là soit parmi les plus compétentes, personne n'aurait pensé pouvoir faire ce qu'il ont fait.

Elle avait à présent un air dur et professionnel sur le visage.

-Les parties rongés sont en rémission totales et nous avons put à l'aide de greffes enlever partiellement les parties écaillées mais certaines étaient trop profondes. Si vous persistez dans ce que vous avez commencé, la progression recommencera et cela vous tuera à coup sûr.  

Oliver laissa transparaître sa deception sur son visage avant de le fermer comme replier en lui-même.

*Ne plus le refaire... Dix ans... Un savoir millénaire... Dix ans... Je ne peux, c'est pas... Je dois trouver un moyen... Dix ans de ma vie... Nan...Light !*

L'esprit embrouillé, la dernière phrase de sa bienfaitrice avait l'effet d'un sort de confusion. Il ne pouvait concevoir abandonner ses recherches après tout les sacrifices qu'il avait fait pour celà. C'était le leg de Light, il devait aller au bout, mais comment faire...

-Je... comprend.

L'infirmière le regarda, le sondant du regard quelques instant tout en remplissant un verre d'eau à l'aide de sa baguette.

-Un auror attend votre réveil dehors, mon devoir est de l'informer de la situation...

Dit-elle versant lentement le contenue du verre dans le gosier sec du sorcier étendu, plus que ravi de sentir le liquide coulant le long de sa gorge. Elle posa ensuite le récipient vidé sur la table de chevet tout en se tournant pour se diriger vers la porte de sortie.

-Attendez...

Elle se tourna, un regard désolé et accusateur à la fois.

-Quoi que vous vouliez je ne p...
-Merci... pour tout.

Elle ferma alors sa bouche restée entrouverte pour lui sourire une dernière fois avant d'ajouter

-J'espère ne plus vous revoir ici.

Et la porte s'ouvrit et se referma en silence. Bizarrement Oliver n'eut pas d'autre visite aujourd'hui si ce n'est la venue d'un elfe de maison par deux fois, apportant un plateau chargé de mets qui à son grand étonnement étaient succulent. Purple ne se plaignit ni de l'absence de visite, ni des repas, savourant ce sursit inattendu tant qu'il le pouvait.

- Tu te rappelles du moment où tu as agressé Luia ?
- Oui, je m'en rappelle, abruti.

C'était un idiot ce gars là, d'ailleurs comment il savait ça ? Je fumais ma cigarette dehors alors que je venais de déposer des fleurs dans la chambre de Luia. Chose que je faisais tous les jours, jusqu'à ce qu'elle allais se réveiller. D'ailleurs, j'avais bien spécifié sur un petit bout de papier au dessus des fleurs "Akize T. Xiraz" pour qu'elle sache que ça venait de moi.

J'avais été immonde ce jour là, mais alors totalement. Cela faisait plusieurs jours que Luia dormait paisiblement, du moins je l'espérais. je fut vite déconcentré par un cri provenant d'une chambre en haut. Regardant de loin, grâce à mon bon sens de l'écoute, je compris que ça venait de la chambre de Luia, qui semblait pleurer aussi.

Les cris résonnèrent fort dans l'hôpital, je m'approcha de plus en plus de la chambre. Elle était en pleurs. Je me mis à pleurer aussi de ce que j'avais fait, c'était immonde pour un frère sur qui elle comptait. Je m'approcha d'elle de plus en plus, et la serra fort dans mes bras. Ses quelques secondes me fit chagriner de joie. J'étais content qu'elle était vivante, mais j'étais aussi déçu de mon comportement.

- Luia, tu es vivante. Je suis tellement désolé, tellement... Je m'en veux tellement tu sais, désolé, désolé, désolé, désolé, répétais-je sans cesse.

J'espérais tellement qu'elle allait me pardonner, mais je ne pensais pas du tout. Mon erreur est impardonnable.

Luia, ne voyant personne arriver,s'était rallongée sur son lit et commençait à se demander si quelqu’un passerait d'ici le soir. Elle venait de se réveiller et aucun Médicomage n'était encore passé et personne ne lui avait encore rendu visite. Elle ne se remit pas à pleurer et crier mais plutôt à attendre.

Tout à coup, alors que Luia allait se remettre à désespérer, quelqu'un arriva, s'approcha et se mit à la serrer fort dans ses bras. La jeune Aigle n'avait pas plus voir qui c'était, tout c'était passé vite, mais elle espérait que ce soit son père ou son demi-frère. Luia entendit alors une voix lui dire:

- Luia, tu es vivante. Je suis tellement désolé, tellement... Je m'en veux tellement tu sais, désolé, désolé, désolé, désolé

Luia reconnut évidemment la voix d'Akize et se mit à sourire mais à pleurer en même temps.Que répondre à ça? C'était son demi-frère et elle l'aimait beaucoup certes... Mais il lui avait fait beaucoup de mal et ça se ressentait encore dans tout son corps et elle garderait peut-être des séquelles à vie de cette agression.

Après avoir arrêté de pleurer, elle se détacha tant bien que mal de lui et lui regarda répéter encore et encore la même phrase. Si avec ça, elle ne lui pardonnait pas... Elle réfléchit et se dit qu'elle devait savoir pourquoi il avait fait ça avant de lui pardonner et de lui expliquer qu'ils seraient toujours frères et soeurs mais que leur relation serait peut-être légèrement différente.

Avant de parler, elle prit une longue respiration (non sans difficulté).

-Ecoute-moi bien, s'il te plait. Je compte te pardonner mais avant, j'aimerais savoir pourquoi tu as fait ça. Je ne t'avais rien fait. Avais-tu appris une mauvaise nouvelle? Je tiens à te dire que, même si je te pardonne, notre relation ne sera plus jamais la même. Je continuerais à t'aimer mais j'aurais toujours peur de tes réactions.

Madeleine s'affairait dans une salle de soins. Un médicomage, qui venait d'y effectuer une consultation, l'avait prié de tout nettoyer pour le patient suivant. Comme si c'était son rôle, à elle, de faire le ménage. Non, elle était infirmière, pas sorcière d'entretien, il y en avait d'autres pour faire ça ! Mais le guérisseur et sa douzaine d'années d'études ne semblaient pas faire la différence entre infirmière et sorcière d'entretien. « On'va lui met' une ménagère pour s'occuper d'ses patients tien, y verra bien la différence, là ! », bougonnait Madeleine tout en agitant sa baguette.
La sexagénaire ne savait pas quel avait été l'objet de la consultation, mais la salle était presque entièrement recouverte d'une substance violacée et gluante. Un liquide magique, sans nul doute, car il résistait bien aux quelques sorts rudimentaires de nettoyage qu'elle connaissait.
Après quinze minutes de travail, une bonne partie de la crasse avait été éliminé. Maldeleine s'essuya le fond, d'un revers de la manche, en marmonnant que les sorcières d'entretien se débrouilleraient pour la fin. Un dernier coup de baguette et les draps du lit se retrouvèrent dans ses bras, direction la laverie.

Son chemin fut presque immédiatement interrompu par un jeune garçon qui déambulait dans les couloirs. Mais que faisait-il ici celui-là ? Encore un hurluberlu qui ne savait pas lire les panneaux. Ici, c'était les salles de consultation, pas les chambres pour les visites.
- Z'êtes perdu ?, demanda Madeleine de son habituel ton brusque.
Tout comme sa voix, l'infirmière n'avait rien de sympathique. Elle avait un visage bourru avec de petits yeux gris éteints et de fines lèvres d'un rose fané. Sa peau était marquée par le temps et son expression en permanence renfrognée la faisait paraître plus âgée qu'elle ne l'était réellement. Ses cheveux gris étaient remontés en un chignon bâclé d'où s'échappaient plusieurs mèches. Elles pendaient tristement sur l'uniforme vert de l'hôpital. Pour finir, Madeleine souffrait d'un fort embonpoint, dont elle n'avait jamais réussi à se débarrasser, et qui lui avait valu nombre de moqueries durant sa jeunesse.

Au son de sa voix, le garçon se tourna brusquement vers Madeleine. Il était jeune, une quinzaine d'années, un physique assez banal. Il lui rappelait vaguement Gauthier, un garçon d'un an son aîné dont elle avait été follement amoureuse. Un idiot qui s'était joué d'elle.
- Oui, enfin… non !, répondit le garçon, Je reviens de la chambre de mon ami, Lee Carter, mais il n’y est pas. Plus. Bref, il a du changer de chambre, mais on ne m’a pas dit où, vous pouvez m’aider, s’il vous plait ?
L'infirmière haussa les sourcilles face à cette demande. Est-ce qu'il y avait marqué "accueil" sur son badge de fonction ? Non, il était bien noté "infirmière".
- Comm' si j'connaissais par coeur toutes les affectations ! Pourquoi t'vas pas d'mander à la réception comm' tout l'mond' ?

Les gens étaient vraiment des incapables, il fallait tout leur servir sur un plateau. Mais Madeleine ne se laissait plus avoir. Elle savait que si elle essayait de combler le moindre désir des patients et des visiteurs, elle n'arriverait jamais à faire son travail à elle, ce qui la contraindrait à des heures supplémentaires. Et ça, c'était hors de question, les horaires c'était les horaires, elle ne fessait ni plus, ni moins.
- Une minute ! Carter tu dis ? Lee ? Ah oui, c'était l'dangé d'la chambre 85 ? L'est mort la veille. J'suis contente d'pas avoir été d'service, il a blessé deux infirmières et un médicomage pendant sa crise. T'verrais l'état d'la salle ...
Par chance, Madeleine n'avait pas été chargé de la remettre en état. Elle avait déjà bien assez à faire comme ça.

Le garçon sembla se décomposer sous les yeux de Madeleine. Il se mit à pleurer, en même temps qu'il riait. Deux réactions contradictoires qui surprirent l'infirmière. Venait-on de lui jeter un sort ? Elle n'avait pas envie de perdre son temps à l'emmener en pathologie des sortilèges.
- Mort vous dîtes ? Je reviendrai demain alors. Demain il sera là.
Était-il idiot ?! elle venait de lui dire qu'il était décédé, il ne servait à rien de revenir le lendemain. Ce devait-être le sortilège de confusion qui le faisait délirer. Elle ne voyait pas qui avait pu le lui lancer, le couloir était désert, mais c'était forcément cela. Après plus de trente ans passés dans un hôpital, elle savait bien reconnaître les différents symptômes. Madeleine sortit sa baguette de sa poche pour arrêter le sortilège avec un simple "finite" mais le garçon se mit en mouvement. Même sa démarche était étrange. Elle ne pouvait pas le laisser sortir dans cet état. Quoi que, ce n'était pas son problème en fait.

À mis chemin, le garçon s'arrêta et vomit dans une poubelle. Madeleine allait de surprises en étonnements. Peut-être était-ce plus grave qu'un simple sort de confusion ?
- …vais attendre là un peu, si ça dérange pas.
Bien sur que si que ça dérangeait, il gênait le passage. Si un médicomage arrivait pour une consultation, elle allait se faire taper sur les doigts !
- Non, t'peux pas rester là, gronda l'infirmière en s'avançant vers le garçon, sa baguette toujours prête à l'emploi. Tu gènes. Si tu t'sens pas bien, faut aller au quatrième, service d'pathologie des sortilèges. Ou au deuxième, service des virus et microbes magiques.
Mais bon sang, pourquoi lui expliquait-elle cela ?! Ce n'était pas son rôle. Elle devrait le renvoyer au hall d'entrée pour qu'il soit redirigé par la sorcière d'accueil.
- Allez, debout !

A une heure avancée de l'après-midi, juste après sa ronde journalière, Antoni s'aventura dans le centre de la capitale londonienne, d'une démarche pressée. Arpentant ainsi les rues de la métropole anglaise une demi-dizaine de minutes durant, l'Auror déboucha sur une longue avenue commerçante, et se planta devant un imposant magasin de vêtement. Dialoguant avec l'un des mannequins qui se trouvait derrière la vitrine comme s'il s'agissait d'une connaissance lambda, il franchit par la suite la vitrine après avoir exposé la raison de sa venue.

Le hall d'entrée de Ste-Mangouste était peu occupé à ce moment-là, aussi Londubat ne dut pas patienter bien longtemps avant de se présenter à l'accueil. Voilà quelques années qu'il n'était plus venu ici. La dernière fois, il était venu rendre visite à Hayley après sa petite mésaventure sur l'Allée des Embrumes. Aujourd'hui, la raison était tout autre. Il s'agissait de la missive qui se trouvait dans l'une de ses poches et qu'il avait complété l'heure d'avant, durant son tour de garde à Loutry.

« Excusez-moi, où pourrais-je trouver Mlle July Swann ? Demanda l'Auror en s'appuyant sur le comptoir.
- Quatrième étage m'sieur, service de pathologie des sortilèges. » Répondit une femme au teint aigre, d'une voix horriblement accentuée.

Sur un hochement de tête, il s'éloigna et s'engouffra dans l'un des ascenseur. Quatre niveaux plus haut, il jeta un coup d'oeil dans chacune des chambres jusqu'à trouver celle qu'il cherchait. A vrai dire, il ne gardait qu'un vague souvenir du visage lunaire de la Médicomage, mais assez pour pouvoir la reconnaître d'un coup d'oeil. Antoni s'avança alors, sortit le parchemin enroulé de sa poche et le lui tendit.

« Voilà pour vous. »

Et il quitta l'hôpital sans attendre une quelconque réponse, tout en s'assurant qu'il n'était pas suivi.

La femme les entraîna rapidement dans une ruelle et transplana avec elles. Eiyline ressentit à peine la sensation désagréable que suscitait ce type de voyage. Elles arrivèrent à Ste Mangouste, aux milieu d'un chaos d'aller et venues, de cris et de larmes!
Eiyline serra les dents, et s'éloigna rapidement de la femme qui les avait aidés. Quelqu'un vint rapidement les prendre en charge, elle expliqua ce qu'il s'était passé dans les grandes lignes offrant un regard peu amène à son interlocuteur. Pourquoi se perdre en discussions inutiles? Ils étaient là pour faire en sorte que la rousse vivent et bien il serait peut être temps qu'ils bougent!
Enfin, ils partirent après qu'elle les ait rassuré sur son état à elle.
Eiyline attendait debout dans le couloir, le visage impassible ne trahissant plus une parcelle de son inquiétude. Son regard restait cependant sombre, Violaine était en mauvais état.
Les deux rouges et or étaient parties sans prévenir personne. Eiyline soupira en se souvenant de ce détail, bien qu'elle déteste avoir à rendre des comptes, pour le coup il fallait qu'elle prévienne la directrice. Elle détestait devoir jouer pour deux, lorsqu'elle était seule, elle pouvait faire ce que bon lui semblait mais là les conséquences ne retomberaient seulement sur elle, elle ne pouvait pas se le permettre.

Elle se décida à sortir sa baguette, et murmura doucement Spero Patronum. Son patronus de la forme d'une panthère se matérialisa devant elle:

"Je suis à Ste-Mangouste avec Violaine, en attente de nouvelles. Nous étions à Londres durant l'attaque des Mangemort et nous sommes retrouvés victime de l'effrondrement d'un bâtiment. Je me suis dis qu'il serait de bon gout de prévenir sur ce à bientôt!

La panthère partit en vitesse en direction de Poudlard selon les instructions de la jeune femme.
Eiyline attendit plusieurs heures debout à attendre des nouvelles, avant qu'on ne lui indique le numéro de chambre de son amie. Alerte, la lionne mit en mouvement ses muscles endolories et entra dans la chambre impersonnelle de l’hôpital. Elle s'approcha du lit, Violaine avait les yeux fermés, couché, le teint blafard. Elle semblait tellement fragile. Eiyline se glissa près de la fenêtre et l'ouvrit. Elle revint vers la rousse et la vit remuer légèrement:

Violaine...

La jeune femme entrouvrit difficilement les yeux et se retourna vers elle.