A l'ombre mouvante du Saule Cogneur

Elizabeth examina la jeune femme à l'écharpe verte et argent. Cette dernière la toisait, l'air tant fatiguée que de mauvaise humeur. Elle devait se dire que son interlocutrice serait une personne idéale pour passer sa colère. Suffisamment faible pour mériter d’essuyer ses sautes d’humeur. Hautaine, elle s'exclama :

-Tiens, une Pouffy... Comme si j'avais besoin de ça en ce moment...

Lizzie roula les yeux. *Pitié, pas une nouvelle Miss-je-suis-supérieure-aux-autres.* C'était précisément le genre d'individu, pleins de préjugés quant aux maisons, pleins d’auto-suffisance d’une ignoble exubérance, qu'elle ne saurait supporter.

-Oh, une peste. Si t'es pas contente, casse-toi.

Après tout, elle n'avait pas la moindre raison de partir. Et si cette Serpentard se croyait si géniale, qu'elle aille ailleurs. Elle n'était pas celle à qui l'on pompait l'air.
Beth la regardait avec un mélange de mépris et d'indifférence.

Sitôt après que la Serpy ait prononcé sa phrase, elle vit les yeux de la Pouffy rouler dans leurs orbites d'une façon assez comique. Elle ne put s’empêcher de sourire, et se jura à elle même d'essayer de reproduire ce mouvement une fois rentrée au dortoir. Car oui, elle allait rentrer, et ce dans un futur assez proche. Elle ne voulait pas s'éterniser avec la fille qui se tenait devant elle. D'ailleurs, elle se fichait complètement de cette Pouffy, elle voulait juste embêter quelqu'un, quel qu'il soit, comme pour se dire qu'elle n'était pas la seule sur cette terre à en avoir marre...

"Oh, une peste. Si t'es pas contente, casse-toi."
Super !!! Cette petite avait du caractère ! C'était mieux que ce que la jeune fille espérait ! Elle n'aurait pas supporté d'avoir affaire à quelqu'un de faible, qui se serait écrasé devant elle en voyant son insigne verte et argent, ou son regard méchant, ou quoi que ce soit d'autre. Elle en avait plus que marre des gens qui ne possédaient aucune personnalité. Tout bien réfléchi, elle ne supportait pas non plus ceux qui en avaient trop. En bref, comme je l'ai déjà dit, c'était une de ces journées où la Serpy ne supportait absolument personne. Il n'y en avait pas beaucoup, des journées comme ça, où sa vie se résumait à une vaste série de ras-le-bol, mais quand ça commençait mal, alors il ne fallait pas s'attendre à ce que ça finisse bien...

Haussant les sourcils d'un air narquois, Kim s'entendit dire :
"Tiens tiens... Et comment s'appelle Miss J'ai-une-répartie-de-ouf ? Même si je n'accorde aucune importance à ce que tu vas me répondre, je voudrais quand même savoir si ton nom me revient, ce qui rattraperait un peu l'effet que produit ta tête..."

Elle ne savait pas pourquoi elle avait dit ça. La jeune fille en face d'elle était loin d'être moche, mais c'était un jour sans, que voulez vous...

- Tiens tiens... Et comment s'appelle Miss J'ai-une-répartie-de-ouf ? Même si je n'accorde aucune importance à ce que tu vas me répondre, je voudrais quand même savoir si ton nom me revient, ce qui rattraperait un peu l'effet que produit ta tête...

Haussant les épaules, Lizzie toisait la verte et argent. Tant de mépris dans un seul regard. C'en était affligeant.
Tout ça pourquoi ? Elle était de mauvais poil et avait besoin d'un défouloir ? Qu'elle tente avec Elizabeth Bennet, et elle serait servie en péripéties ne pouvant qu'égailler sa journée et l'emplir de piment. La jaune et noire, en vérité, n'avait rien d'un Bisounours et ne saurait tolérer d'être vue comme une victime aléatoire d'un ras-le-bol individuel. A chacun ses peines, à chacun de savoir rester un tant soit peu civil - sans quoi Poudlard n'aurait de cesse de retentir de hurlements. C'est ce qu'on appelle le respect, voyez-vous. Mais certains ne connaissaient pas cette notion ou du moins n'y accordaient pas le moindre crédit, ce qui horripilait la jeune femme. Parmi ces gens comptaient, dans trois cas sur quatre en vérité, des Sangs-Purs de l'acabit de Kim R. Gordon, septième année à l'illimité fierté. Aussi Beth répondit-elle sans hésiter :

- Donne-moi une seule raison de t'en donner la réponse, Kim Gordon. Il n'y a rien qu'une pétasse comme toi puisse m'apporter.

Après avoir fait un tour derrière la volière, avoir planté une flèche dans le cœur d’un jeune homme et être parti en courant, Cupidelfe se retrouvait tout penaud au milieu du Parc de Poudlard. Il cherchait l’endroit où il pouvait se rendre le plus utile. Autour de lui, tout n’était qu’amour. Le quatorze février était un jour saint pour Cupidelfe et il voulait réellement voir des petits cœurs voler dans les airs.

Il souhaitait que chaque élève de Poudlard ait en lui ce merveilleux sentiment, celui de planer, d’être sur son nuage, de ne voir que les yeux de l’autre et de vouloir lui faire plaisir. Cupidelfe, invisible aux yeux de tous, ne pouvait s’empêcher de décoller du sol tant cela le réjouissait. Et pourtant, au loin, une image troubla celle belle vision qu’il avait de la vie.

Un arbre se découpait sur le ciel nuageux de cette mi-février. Il ne bougeait pas, il était statique, complètement dépourvu de feuilles, mais fort et fier. Les deux jeunes femmes prononçaient des mots aussi piquants que les branches de l’arbre, et leur cœur était fait d’une pierre aussi dure que le bois du Saule. Cupidelfe ne supportait pas tant de violence dans les propos.

Profitant de son invisibilité, il se dirigea vers celle portant un écusson vert afin de lui arracher un cheveu. Le mélangeant à la potion d’Amortentia qu’il avait sur lui, il en versa un peu sur le bout de sa flèche et visa l’autre, avec un écusson de couleur jaune. Il ne savait pas pourquoi mais il pensait qu’une seule flèche suffirait. Il était persuadé qu’en touchant la poufsouffle, l’autre verrait à quel point il était inutile d’aller si loin dans les mots. Le reste viendrait de lui-même. La manifestation de l’amour serait plus forte que tout le reste. Cupidelfe prit sa flèche, banda son arc, tira et BAM ! La flèche toucha la main de Lizzie et disparut aussitôt.

Spoiler:

"Donne-moi une seule raison de t'en donner la réponse, Kim Gordon. Il n'y a rien qu'une pétasse comme toi puisse m'apporter."

*Attend, comment elle connaît mon nom celle là !!??*, pensa d'emblée la jeune fille... C'est vrai quoi, elle ne l'avait jamais vu, jamais croisée, même jamais aperçue, encore moins parlé, alors comment se faisait-il qu'elle l'avait appelée par son prénom ET son nom de famille ?? Ça n'était pas logique, mais alors pas du tout !!

La Verte et Argent baissa les yeux vers sa poitrine, qui se soulevait doucement, suivant le rythme de sa respiration. Non, pas de badge, pas de nom affiché, rien d'autre que les pans de son écharpe, et son épais manteau noir. Relevant les yeux, et ressassant toujours les mêmes interrogations sans réponses dans sa tête, elle regarda plus attentivement la Pouffy qui se trouvait devant elle... Une peau très pâle, qui était en harmonie complète avec la neige au sol, des cheveux châtains qui retombaient mollement sur ses épaules, comme fatigués de leur journée, et des yeux marrons, qui pétillaient, probablement de rage...

Puis, Kim comprit que la gamine devant elle venait de la traiter de pétasse... Et elle n'avait pas, mais alors pas DU TOUT apprécié ça !!! Elle serra les poings, comme un réflexe, fronça les sourcils dans un mouvement saccadé, et ses yeux devinrent gris clairs, et se mirent à briller, comme à chaque fois qu'une rage féroce montait en elle... Elle ouvrit la bouche, se préparant à répondre assez violemment à cette injure, quand elle sentit une douleur, légère mais vive, juste à l'arrière de son crâne. Elle referma aussitôt la bouche, non sans avoir auparavant lâché un petit cri de surprise, et porta ses deux mains, désormais ouvertes, à l'endroit de la piqure. Un cheveux. On lui avait arraché un cheveux. Elle en était sûre, elle reconnaissait très bien ce type de douleur, pour s'être arraché au moins un million de cheveux depuis sa naissance, ou du moins, depuis qu'elle avait des cheveux...

Elle se retourna, gardant ses mains posées sur sa tête, mais ne vit personne derrière elle. Rien que de la neige, et la lumière du château au loin. Elle lâcha un juron, car elle avait vraiment mal au crâne (elle avait toujours été sensible de la tête), et se détourna vers la jeune Pouffy, qui était toujours là, et s'attendait sûrement à se faire injurier...

Mais ce ne fut pas le cas. Pas du tout. La petite lueur dans les yeux de la Pouffy s'était intensifiée, mais ce n'était plus de la rage. Non. C'était quelque chose de plus bizarre, et de BEAUCOUP plus effrayant...

Lizzie porta soudain son regard sur sa main droite. Elle aurait juré qu'une bestiole venait de la piquer. Rien de visible, pourtant.
La douleur avait quelque chose de lancinant et d'envoûtant à la fois... C'en était effrayant. La sensation ne tarda pas à s'estomper, mais elle se frotta la main pour se rassurer.

Par Merlin, elle devait passer pour une folle. Elle se redressa pour défier Gordon du regard et rester droite, fière.
C'est alors qu'elle comprit.
La vérité (ou plutôt le désir) l'aveugla.

Elle savait pourquoi elle détestait cette fille. Elle était tout sauf une pétasse, en vérité. Son arrogance lui allait a ravir. Si elle la haïssait, c'est surtout parce qu'elle était terriblement séduisante, et que même elle, représentante de la gent féminine, ne pouvait qu'être attirée... Cela lui faisait peur, remettant en question ses certitudes concernant son orientation sexuelle, mais après tout, elle s'en moquait.

Oui, elle, Elizabeth Bennet, mourrait d'envie de goûter ses lèvres pulpeuses, de caresser chaque parcelle de la peau douce et laiteuse de la Serpentard, de...
Sans même s'en rendre compte, elle s'était rapprochée de la jeune femme à qui elle susurra d'une voix sensuelle :
-A part du plaisir, peut-être.

Une lueur folle allumait son regard. Un frémissement de désir la parcourut - elle en trembla presque. Elle posa délicatement une main sur la joue rosie par le froid de celle qu'elle avait toujours vue comme une ennemie. Merlin... Le froid mettait en valeur ses grands yeux bleus pétillants, et un coup de vent, faisant virevolter l'écharpe de la verte et argent, dévoila son cou d'une blancheur immaculée. Ne pouvant tenir plus longtemps, Lizzie laissa sa main glisser contre la nuque de la Serpentard qui frissonna *de froid, ou de désir ?*. Sa caresse ne pouvait laisser de doute à Kim quant à ses intentions, et elle attendit que l'élève lui réponde avant de poursuivre plus avant.

La jeune Pouffy commençait à devenir sérieusement flippante avec son regard brillant et son sourire malicieux. La Serpy reculait à mesure qu'elle avançait. Car oui, elle avançait, et même plutôt vite, trop vite pour Kim, qui ne comprenait strictement rien à ce qui était en train de se passer. Une petite douleur à l’arrière de la tête, sûrement un cheveu arraché, et hop, transformation immédiate de la Pouffy en monstre bizarre avec des yeux flippants. Super...

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la brunette s'était retrouvée juste en face de Kim. Cette dernière pouvait sentir son haleine sur sa joue, pouvait sentir ses cheveux sur son épaule, et ne comprenait toujours pas ce qui lui arrivait. Bon sang, cette lueur dans ses yeux faisait carrément peur ! Une petite voix (sûrement la voix de la raison), lui criait de courir, loin loin loin, mais la curiosité (ou le froid, ou autre chose, elle n'en savait rien), la clouait sur place. La Jaune et Noire chuchota d'une voix sensuelle :
"A part du plaisir, peut-être..."

Kim laissa échapper un petit cri de stupeur, et un frisson la parcourut. Une seule pensée habitait son esprit, pensée plutôt simple, mais qui occupait toute la place disponible : *Aaaaaaaaaaahhhhhhhhh !!!!*
Elle ne comprenait rien, rien du tout. Elle était juste venu chercher une personne sur laquelle faire passer son énervement, pas une stupide petite Pouffy qui voudrait... Qui voudrait... Qui voudrait quoi exactement ?

Kim était en train de se poser cette question, pour le moins essentielle, lorsqu’elle sentit un truc non-identifié sur sa joue. Le froid, qui engourdissait très sérieusement son visage, et la stupeur, qui engourdissait très sérieusement son esprit, l'empêchèrent de réfléchir à ce que c'était, et pour s'en assurer, elle l'attrapa. Lorsqu'elle se rendit compte de la nature de cette chose, elle resta paralysée de surprise. C'était la main de la folle. Elle avait posé sa MAIN sur sa JOUE !! Mais à quoi jouait-elle bon sang ?

La situation était tellement insolite et bizarre, que Kim fut prise d'une envie de rire incontrôlable. Jugeant que ce n'était sûrement pas le moment approprié pour un fou-rire, elle se contenta de laisser échapper un petit rire discret, tout en lâchant la main de la Pouffy, avant de sortir cette phrase pour le moins grandiose :
"Oh punaise il t'arrive quoi toi ??"

Et en attendant la réponse de celle qu'elle prenait maintenant pour folle à lier, elle recula de quelques pas, cette proximité ne lui convenant guère...

La main de la Serpentard vint à la rencontre de celle de Lizzie qui en roucoula presque. Des doigts si fins, une peau si douce...
La verte et argent eut pourtant vite fait de la faire déchanter. Elle recula brusquement, lui rit au nez. Méprisante. Merlin, même moqueuse, elle était sublime. Ce côté hautain lui seyait pour le mieux, et son rire cristallin était un enchantement.

"Oh punaise il t'arrive quoi toi ?"
*Ce qu'il m'arrive ? Tu me demande ce qu'il m'arrive ? Oh, il m'arrive que je comprends enfin pourquoi je n'ai jamais su te supporter, Gordon... Parce que je te désirais trop pour cela.*
Vous connaissez le dicton, "fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis'' ? Il est pour le moins exact. Sentir la divine beauté de l'élève lui échapper ranimait ses sens. Elle ne pouvait la laisser partir.
-A toi de me le dire. Tu es responsable de l'état dans lequel tu me vois.

Kim reculait encore, et Ellie, comme hypnotisée, la suivait. Son regard fiévreux ne quittait la Serpentard au joli minois et aux formes généreuses. Jusqu'à ce qu'un cri lui échappe.
-Aïe !
Kim, habile, l'avait entraînée plus près du saule. Liz, toute transie qu'elle l'était, n'y avait pas pris garde. Et en payait à présent les frais. Le coup pris en pleine tête lui fit perdre pied. Elle s'écroula, et perdit connaissance.

Autorisation ?:

Autorisation !:

"A toi de me le dire. Tu es responsable de l'état dans lequel tu me vois."
Ah bah me*de alors... Voilà qu'il n'y avait plus de doute possible sur les intentions de la Pouffy: elle désirait littéralement Kim. En l'espace de deux petites minutes, un cheveu arraché et une piqure à la main, sa rage et son désaccord légitime face au fait de se prendre la tête avec une Serpentard hautaine et énervée s'était mué en un désir fou et injustifié pour cette même Serpentard hautaine et énervée. C'était à n'y rien comprendre... Et, bien évidemment, Kim n'y comprenait rien. Elle regrettait de ne pas être partie en courant, au moment où elle avait senti que quelque chose n'était pas normal. Maintenant, elle se retrouvait avec une petite Pouffy bizarre et fébrile qui ne voulait qu'une seule chose...

Soudain, la jeune blonde eut une idée. Pas très glorieuse, pas très gentille, pas super honnête, mais une idée quand même. Regardant la Pouffy droit dans les yeux, dans ces yeux marrons qui continuaient à luire d'une manière un peu spéciale, elle afficha un petit sourire sur son visage, et se mit à reculer. Lentement, mais sûrement. Lorsqu’elle s’aperçut que la Poufsouffle la suivait, son sourire se fit plus profond... Aller, un tout petit coup sur la tête, ça ne pouvait que lui remettre les idées en place, non ?

Tous ses sens étaient en éveils, et elle sentait très nettement les mouvements du Saule Cogneur derrière son dos. Celui-ci devait les sentir s'approcher, ou les voir, elle n'en savait rien, toujours est-il que cela ne devait pas lui plaire. Il s'agitait très nettement, et, sans détacher son regard de celui de la brunette, Kim priait intérieurement pour que le Saule choisisse bien sa cible... *La brune, pas la blonde, d'accord ? Tu seras un gentil arbre !*

Par chance, l'arbre violent semblait avoir fait preuve d'intelligence, et entendu ses prières silencieuses. Kim vit très nettement la branche se placer doucement au dessus de la tête de la Pouffy, et elle entendit les feuilles craquer, telles des phalanges. Le tout donnait un effet plutôt effrayant... Sa belle motivation faillit l'abandonner, et elle songea très sérieusement à crier à la jeune fille en face d'elle qu'un danger plutôt imminent et douloureux pendait au dessus de sa tête, mais elle se ravisa au dernier moment... Non, il fallait que la Pouffy se fasse remettre les idées en place, d'une manière ou d'une autre... Ça ne pouvait pas continuer comme ça, c'était trop...bizarre !

Lorsque la branche s’abattit sur son crâne, la Jaune et Noire laissa échapper un "Aïe" strident, avant de s'écrouler au sol, sans connaissance. Ne tenant pas à se faire assommer elle aussi, Kim attrapa rapidement la jeune fille inconsciente par les pieds, et la traina tant bien que mal dans la neige vers un endroit où elles seraient toutes les deux en sécurité. Se souvenant des bases de secourisme que son père lui avait enseignées, elle appuya les jambes de la blessée à la verticale contre un arbre, et lui mit de la neige froide enveloppée dans un mouchoir sur le front. Elle ne voulait pas avoir recours à la magie pour la réanimer, elle préférait laisser la nature suivre son cours, et puis, tant que la jeune fille était "endormie", elle pouvait réfléchir, ce qui n'était pas du luxe...

Elle commença par fouiller les poches du manteau de la jeune fille, en quête d'un indice qui pourrait lui révéler son identité. Bingo. Dans la poche droite, elle tomba sur une carte d'identité moldue, qui lui révéla ceci : la jeune fille s'appelait Élisabeth Bennet, était âgée de 16 ans, et était de nationalité britannique. Super. Au moins n'était-elle plus une illustre inconnue un peu tarée...
Kim remit la carte là où elle l'avait trouvée, et s'assit au côté de la jeune fille, en attendant qu'elle se réveille...

Elizabeth avait un sacré mal de crâne. Du genre de ceux qui ne vous donnent pas du tout envie de vous lever le matin, mais plutôt de rester cloué au lit. Un filet humide coulait le long de son front. *De la sueur ? Aaaaah dégueulasse ! C'est pas possible !* Elle s'essuya du revers de la main. *Beurk.* Elle n'avait pas le moindre désir d'aller en cours, et aurait donné cher pour rester dans son lit douillet...

Sa main glissa sur ce qu'elle pensait être un drap. Elle rencontra à la place une matière poudreuse et froide que sa paume transperça. *Ok, quelque chose m'échappe, là.* Perplexe, elle ouvrit un oeil, puis l'autre. D'abord éblouie par une lumière trop naturelle pour être celle de sa chambre, elle reconnut ensuite le ciel.
Et autre chose.
Un visage.
Celui d'une Serpentard.
Toujours aussi sûre d'elle, un minois d'ange gâché par un sourire plein d'autosuffisance.

- Aaaarg qu'est-ce que tu fous là Gordon ?hurla Lizzie.
Elle se redressa d'un coup, avec une mimique de dégoût. Son mouvement brusque ranima la douleur qui la lancinait. Elle porta la main à son front au moment précis où en tombait un mouchoir rempli de neige à moitié fondue. *Ce n'était pas de la sueur, donc.* Qu'est-ce qu'il faisait sur sa tête ? Gordon l'avait-elle frappée avec un mouchoir gelé ? Peu probable. Alors quoi ? Oh, elle avait voulu lui faire attraper la mort avec de la neige après l'avoir blessée ! Mais alors, pourquoi ne pas l'avoir pétrifiée ?

-Explique-moi ce qu'il se passe, là.
La jaune et noire s'assit, enroula ses jambes de ses bras frigorifiés. Ses lèvres étaient bleues et son corps tremblait légèrement. Elle détestait cette situation. Elle se sentait vulnérable face à l'odieuse verte et argent qui était assise à ses côtés et ne la regardait même pas.

Après un long moment, Kim perçut un mouvement furtif chez la Pouffy, ce qui la fit sursauter. Elle s'endormait presque, dans cette ambiance feutrée d'hiver, à côté de la jeune fille immobile, et ce mouvement soudain avait fait légèrement augmenter son rythme cardiaque, pour ne pas dire qu'elle avait carrément flippé.... Tentant de reprendre le contrôle sur sa respiration, la Serpent fixa son regard sur le petit visage d’Élisabeth. Celle-ci essuya son front avec le dos de sa main, là où la neige avait commencé à couler, mais ses yeux restaient clos. Elle devait vraiment avoir mal à la tête, après le coup qu'elle s'était pris... Kim voyait très nettement la bosse qui commençait à se former sous la couche de neige, désormais presque fondue... Cette pensée réussit à faire culpabiliser la jeune fille, et elle détourna aussitôt le regard... Bah... Tout ce qu'elle voulait, c'était que la Jaune et Noire retrouve ses idées normales, ça commençait à devenir trop bizarre là...

"Aaaarg qu'est-ce que tu fous là Gordon ?"
Le hurlement déchira littéralement les tympans de Kim, qui hurla à son tour. Elle laissa échapper un juron, puis répliqua :
"Hé ho, t'es malade ou quoi ? T'as failli me tuer, je suis fragile en vrai !!!"
Tentant, encore une fois, de reprendre le contrôle de sa respiration, la jeune fille observa du coin de l’œil Élisabeth qui se redressait, avec une expression très nette de mécontentement et d'incompréhension sur le visage. Elle porta la main à son front en accentuant, sûrement inconsciemment, la grimace qui déformait son sourire. Kim la laissa reprendre ses idées, pas la peine d'intervenir. Même si la Pouffy ne paraissait rien comprendre à ce qui lui arrivait, ce qui était plutôt normal dans la mesure où elle venait de se faire assommer par une branche, Kim choisit de se taire, et de la laisser se souvenir, si elle y parvenait.

Elle fixa son regard sur un bout de bois qui dépassait de la fine couche de neige, puis, elle l'attrapa, et entreprit de dessiner des formes au sol pour patienter.
"Explique-moi ce qu'il se passe, là."
Kim se tourna vers sa camarade. Ses lèvres étaient bleues, elle était roulée en boule, adossée au tronc de l'arbre, et elle tremblait. Elle paraissait tout simplement frigorifiée. Ôtant son blouson et le déposant sur les épaules frêles d’Élisabeth, elle tenta de s'expliquer.
"Bon... Disons qu'on était en train de euh...parler, et que d'un seul coup, t'es devenue trop bizarre, je sais pas du tout pourquoi, mais en l'espace de deux secondes, t'as commencé à..enfin...à vouloir... Comment dire... A vouloir des choses auxquelles tu n'aurais même pas pensé si t'avais été dans ton état normal... Alors du coup, tu t'es pris un bon coup sur la tête, par le Saule hein, pas par moi... Après t'es tombée dans les pommes, et après... Ben c'est tout !"
L'histoire paraissait tout juste crédible, et elle espérait que la jeune fille retrouve ses souvenirs... Elle ne voulait pas l'avoir rendue totalement sénile...

La Serpentard ne répondit pas immédiatement. Elle ôta son blouson et le posa avec une étrange délicatesse sur les épaules d'Elizabeth qui s'empressa de donner un petit coup d'épaules dans le vide pour s'en défaire. *Hors de question que je touche une seule affaire de c'te Gordon. Elle a cru qu'on était amies ?*

"Bon... Disons qu'on était en train de euh...parler, et que d'un seul coup, t'es devenue trop bizarre, je sais pas du tout pourquoi, mais en l'espace de deux secondes, t'as commencé à..enfin...à vouloir... Comment dire... A vouloir des choses auxquelles tu n'aurais même pas pensé si t'avais été dans ton état normal... Alors du coup, tu t'es pris un bon coup sur la tête, par le Saule hein, pas par moi... Après t'es tombée dans les pommes, et après... Ben c'est tout !"

Lizzie croyait rêver. Elle se réveillait, blessée, frigorifiée, et voilà que l'autre pétasse la tenait responsable de son sort ? Alors qu'elle, Kim Gordon, avait l'air purement et simplement suspecte ? Et quel genre de pensées elle avait bien pu avoir face à cette peau de vache ? Si cela avait à voir avec une façon de la mettre... "hors d'état de nuire" comme on dit, cela n'avait rien de surprenant. Oh, peut-être que cela avait étonnée Madame-la-Princesse qui dans sa prétention avait oublié qu'elle n'était pas tout à fait aimée de tous ?

- Tu te fous de moi j'espère ? Dis donc, t'avais l'air un peu attardée, mais je pensais pas que c'était au point d'inventer des histoires à dormir debout. Tu m'as frappée, puis un préfet t'a chopée, et tu étais surveillée jusqu'à ce que je reprenne conscience ? C'est pas plutôt ça, la réalité ?

Dimanche matin. Une journée pleine de promesses et de libertés s’offrait aux élèves de Poudlard. Alice avait tellement de choses à faire et voilà qu’elle se retrouvait là, à l’ombre de ce saule cogneur capricieux. La jeune fille gardait néanmoins une distance raisonnable afin de rester en un seul morceau pour terminer à peu près bien le weekend.

En effet, elle ne pouvait pas vraiment dire que le Samedi avait été une franche réussite…

Dans ses bonnes résolutions de dernière année, Alice s’était promis de s’ouvrir un peu plus aux autres, ou du moins de leur faire croire qu’elle s’ouvrait à eux afin de créer des liens qui pourraient lui être utiles dans un futur proche. Et quoi de mieux qu’une fête pour nouer des liens ?
Seulement voilà, Alice était plutôt le genre de personne à être plutôt solitaire et se retrouver au milieu de tous ses camarades de classe gesticulant sur une sorte de bruit musical fut pour elle une épreuve plus que douloureuse.
Elle avait très mal dormi et s’était promis d’éviter désormais les fêtes de plus de dix personnes. Au grand maximum.
Au final, elle était restée appuyée contre un mur à analyser tous ces bras et toutes ces jambes gigotant dans tous les sens, à lever les yeux au ciel en essayant de supporter cette agression auditive et à se dire qu’elle ne venait vraiment pas de la même planète que la plupart des jeunes de son âge. Elle préférait largement un bon match de Quidditch, un bon footing en forêt, un bon vol en balais, rien de tel pour évacuer le stress et se défouler.

Mais ça, ça, non, plus jamais. Il n’y a pas moyen. Non négociable.

Quoi qu’il en soit, elle avait plus que jamais besoin de se retrouver seule et de respirer un bon bol d’air avant la reprise des cours le lendemain. Cette nouvelle semaine devait être productive et ce n’était pas son envie actuelle de s’arracher les oreilles pour stopper ce bourdonnement incessant qui allait l’aider à bien assimiler ses leçons.
Constatant qu’aucune information ne voulait rester dans son cerveau, Alice ferma bruyamment son livre et le rangea dans sa besace. Elle entreprit une petite séance de méditation et ferme les yeux. Assise en tailleur, bras écartés, elle tenta désespérément de vider ce qui lui restait d’esprit.

Le silence l’apaisa et la sérénité pointa à nouveau le bout de son nez.

Ce lendemain de soirée était particulièrement dur. Charli avait passé une bonne soirée, ça oui. Les élèves n'étaient plus vraiment comme à son époque mais ça restait plutôt convenable, du moment qu'il y avait quelques filles et de quoi se mettre une mine. Il en avait bien profité et pour cause, il n'était même plus certain de pouvoir se rappeler de tout ce dont il s'était passé. Mais, maintenant, il avait certaines obligations. Ce n'était plus un vulgaire étudiant qui se permettait quelques déboires et pouvait profiter de son lit le dimanche matin. Non. Au lieu de ça, il devait veiller à ce que les grilles du château restent fermées et à ce qu'aucun étranger ne vagabonde comme dans un vulgaire moulin dans l'enceinte du château.

Voilà pourquoi il était là, un dimanche matin, à contempler le parc de Poudlard qui était quasiment vide. Quelques élèves sérieux et lève-tôt en profitaient pour faire un petit jogging ou pour profiter d'un petit moment de solitude. Il était vrai que c'était agréable de traîner à cette heure matinale, loin du brouhaha ambiant des élèves.

Une jeune fille était assise en tailleur, en plein milieu de nul part. Elle avait l'air pensive et dans un monde totalement à part. Généralement, Charli ne faisait pas attention à ce genre d'élève. Il trouvait qu'ils ne méritaient pas son attention. Mais, la jeune fille avait quelque chose de particulier. Il se souvenait d'elle à la fête. Elle était restée en plan, avachie contre un mur comme si elle avait eut peur qu'il s'écroule. Le gardien avait voulu aller la voir mais il avait été bien trop occupée. Il ne savait pas vraiment ce qu'il lui avait trouvé, peut-être son style plutôt rock qui la mettait à part des autres élèves ou le fait qu'elle ne voulait pas se mêler à la foule, la rendant tout de suite un peu différente ?

- Bah alors, on est tombée du lit ?

Malgré le fait qu’elle ait les yeux fermés, Alice sentait une présence s’approcher d’elle. La jeune femme savait que seules ses capacités mentales ne suffiraient pas à faire d’elle une sorcière d’exception. La forme physique comptait tout autant et l’utilisation de tous ses sens devait être optimale. Elle jonglait donc avec ses bouquins, sa baguette, ses baskets, son balais, son tapis de yoga. Elle était végétarienne par amour pour les animaux mais également pour sa propre santé. Manger sainement était une priorité, même si elle n’était pas encore prête à renoncer à quelques douceurs bien méritées.

Sa petite taille était un complexe, auparavant, mais désormais elle en faisait une force. Lorsqu’on la regardait, on ne soupçonnait pas forcément la force qui pourrait se cacher derrière une jeune fille aussi petite. Discrète, elle pouvait se dissimuler de partout et se faufiler dans des endroits inaccessibles aux autres. Elle faisait également d’elle quelqu’un d’attachant. Beaucoup de personnes pouvaient la prendre sous leurs ailes sans se douter du danger qu’elle représente. Alice était très maligne et un brin manipulatrice, avouons-le.

Ce matin-là, quelqu’un avait donc décidé que la jeune Serdaigle n’avait pas été suffisamment entourée la veille. Alice entrouvrit les yeux et esquissa un léger sourire satisfait. Elle avait reconnu le séduisant gardien de Poudlard, un peu plus âgé qu’elle. Il lui semblait même qu’elle l’avait déjà repéré lors de la fête, se murmurant intérieurement que le personnel du château était décidément bien proche de ses élèves.

*Ah, quelle merveilleuse époque nous vivons* pensa secrètement Alice

L’homme s’adressa à elle et elle daigna ouvrir enfin les yeux et se tourner vers son interlocuteur pour lui répondre.

« Sachez que je tombe du lit tous les jours à la même heure. Dormir jusqu’à midi ne me serait pas très utile pour mon avenir professionnel, vous ne croyez pas ?»

Oui, Alice le vouvoyait. C’était un principe que ses parents lui avaient appris. Les gens plus âgés ou les inconnus devaient être vouvoyés, on ne fricote pas avec le premier venu, on met de la distance pour se préserver, on reste classe et poli, on ne fait pas d’effusion en public, et tout un tas d’autres principes qu’elle respectait plus ou moins, quand ça l’arrangeait.
Ceci dit, fricoter avec le personnel de Poudlard ne faisait pas forcément partie de ses propres principes à elle non plus.

« Vous vous êtes bien remis de la soirée d’hier ? Vous y étiez, n’est-ce pas ? Il me semble vous avoir aperçu furtivement, entre deux verres et une bouteille…Vous vous êtes bien amusé ? »

Alice agrandit son petit sourire malicieux tout en s’adressant au gardien dont elle ne connaissait même pas encore le prénom.

Message unique.

Juillet approchait avec une vitesse indécente. Les examens de fins d'années avaient été obtenu par les plus méritant et il leur fallait poursuivre leurs études. Pour les dernière année, c'était autre chose. Il leur fallait choisir une filière et le choix était vaste. Lionel, qui en rien n'avait brillé, soulait dire qu'il voulait intégrer le bureau des aurors mais ses professeur lui avait longuement répété qu'il ne pouvait se permettre de "Mettre toutes les feux de salamandre dans le même foyer."
Arriva le dernier jours d'école et le jeune garçon n'était pas du genre à rester sagement assis dans la grande salle alors qu'il ne reverrai certainement plus le château avant longtemps. Après quelques minutes de marche dans le parc, Lionel assèna un "imobilis" sur le saul cogneur qui devint aussitôt inoffensif. Les branchages de l'arbre, auparavant inoffensifs, semblait, alors, seulement agités par une brise inexistante. Le tronc de taille respectable offrait une ombre agréable à celui qui, dans la chaleur du sud du printemps, cherchait un endroit où se rafraîchir.
De l'autre côté d'un petit ravin, Poudlard se revêtait lentement des première lumière qui traversaient les fenêtres. Comme il devait être agréable de savoir que l'on passera encore six ans à s'ennuyer devant un pupitre. Lionel, lui, n'en était plus là...

Ce menu message marque le départ de Lionel Fudge de Poudlard.