Elle s'inquiétait encore pour le coup qu'il avait reçu au torse par le Saule Cogneur. Seung-Jin se demandait alors qu'est-ce qui pouvait bien la déranger au point d'être aussi anxieuse. Aller à l'infirmerie n'était qu'une option pour lui et la menace de l'y emmener de force lui fit esquisser un sourire narquois. Elle le trainerait de force s'il le fallait, voilà une idée intéressante, il comptait bien voir par quel tour de magie (et c'était le cas de le dire) elle allait l'obliger à se rendre à l'infirmerie... Sans le mutiler volontairement bien sûr.

- Tout va bien je te dis, ce n'est pas une simple branche qui va me perforer un poumon. Tu ne devrais pas sous-estimer le squelette humain.

Elle répondit ensuite qu'elle était en cinquième année. De ce fait, cela faisait de Seung-Jin l'aîné entre eux deux. Après tout, ce n'était pas si étonnant pour lui, les élèves en dernière année à Poudlard avait toujours l'impression d'être des vieux. Sept années, c'était long. Lorsqu'on arrivait à l'école de sorciers, on sortait tout juste de l'enfance puis, lorsqu'on en ressort, on était déjà de jeunes adultes qui n'avaient plus qu'à parfaire leurs compétences pour servir la société. Seung-Jin était déjà prêt à quitter l'école. Il voulait vivre des choses nouvelles, il voulait entreprendre ses projets et atteindre ses objectifs. C'était vraiment difficile de suivre le même mode de vie depuis sept longues années où il passait son temps à suivre des cours parfois ennuyeux. Il lui fallait maintenant du neuf.

- En cinquième année ? Je suppose que tu vas passer tes B.U.S.E à la fin de cette année. Ne stresse pas trop, ça viendra tout seul si tu restes optimiste ; et puis, s'il y a des domaines qui t'intéressent, mise tout là-dessus.

Le sorcier inspira profondément et ferma doucement les yeux. Le Saule Cogneur ne bougeant plus, il était plutôt étonnant de se rendre compte à quel point le sol pouvait être doux et confortable lorsqu'il ne tremblait pas sous le pillonnage du végétal magique.

Soudain, tandis qu'il laissait la brise caresser sa joue, il sentit une douleur au niveau du thorax. Néanmoins, il s'empêcha de pousser un léger grognement de douleur et se redressa, fronçant les sourcils.

- Tout compte fait, tu n'auras pas besoin de m'y forcer, petite Gryffondor.

Il se releva comme si de rien n'était, tout en se massant au niveau du cœur. Ce n'était pas une douleur cardiaque, non. En examinant par le bout de ses doigts, il lui semblait qu'il avait dû se fêler une côte. Cependant, l'absence de douleur aiguë était étrange. Quoi qu'il en soit, il était judicieux de faire un tour à l'infirmerie pour éviter que ce coup de branche n'ait des conséquences trop graves.

- Il semblerait que je t'aie sous-estimé... Ou que je me suis surestimé. murmura-t-il au Saule Cogneur qui ne bougeait plus, comme pour le narguer.

Seung-Jin poussa un soupir de lassitude.

- Et ce n'est pas comme si j'aurais pu y arriver, si ?

Seung-Jin fut légèrement amusé par ces paroles.

- Ca dépend de comment tu comptes procéder.

Vu son état actuel et vu que sa baguette magique était rangée dans son sac, il pouvait difficilement contrer un quelconque sortilège de la part de la Gryffondor. Enfin, il n'y avait aucune raison pour qu'elle l'ensorcelle. Elle se contenta donc d'approuver son choix de se rendre à l'infirmerie puis elle se leva à son tour, enlevant les quelques brindilles qui s'étaient accrochées à ses vêtements. Seung-Jin la remercia lorsqu'elle lui donna son sac puis elle annonça qu'elle allait partir à son tour... A moins qu'il ne souhaitait qu'elle l'accompagne ? Ces mots furent prononcés alors que le Serdaigle était déjà en train d'amorcer son départ. Il se retourna, afficha une expression qui montrait clairement sa curiosité, puis il esquissa un sourire en se rapprochant d'Ellie.

- Hmm... Voyons voir... Être accompagné à l'infirmerie par une charmante demoiselle serait un plaisir. Je ne voudrais pas prendre de ton temps mais si tu le souhaites, tu peux venir avec moi. On pourra toujours discuter.

Et cela serait beaucoup moins ennuyant pour le Serdaigle. Il ressentit à nouveau quelques picottements au niveau du thorax et retint sa respiration, comme s'il étouffait. Sa respiration reprit son rythme régulier la seconde d'après. Il était difficile de croire qu'un de ses poumons a pu être perforé par on ne sait quel os. Il était bien plus raisonnable et logique de penser que sa cage thoracique avait été quelque peu comprimé par le choc.

En tout cas, l'infirmière allait lui passer un savon. Il se demandait même comment il allait expliquer la raison de sa venue alors qu'il avait un cours prévu à ce même moment.

[HRP : Je te laisse finir le RP.]

C'était une matinée superbe, l'astre du jour scintillant dans le ciel bleu dépourvu de nuages. J'étais assise sur les marches de pierre menant aux grandes portes du château, chauffées par le soleil. Je n'avais qu'une envie: me prélasser sans rien faire, me laisser tenter par une glace au Trois Balais... Comble du malheur, nous étions submergés par les devoirs, que j'aurais bien laissé tomber si je n'avais pas hérité d'une partenaire pour cela. Cette idée ne me déplaisait pas, car si faire un devoir ennuyeux était vraiment déplorable, autant le faire à plusieurs, ce qui rendait la tâche plus légère. Et, qui sait, j'apprendrais à mieux connaître ma camarade. Kyara était une jeune femme d'un an de plus que moi, que je croisais régulièrement dans notre salle commune. Pourtant, nous nous étions jamais vraiment adressé la parole.

Décidant qu'il ne fallait pas plus être en retard que maintenant, je me levais et épousseta ma jupe de cours. Je balaya d'un regard le parc de l'école, n'ayant eu pour point de rendez-vous rien de plus précis. Je la vis bientôt, allongée dans l'herbe près du Saule Cogneur, et j'eu peine à la déranger. Je m'assis à ses côtés, posant mes affaires dans l'herbe. Les rayons de soleil léchaient ma peau et j'eu envie de finir ces devoirs au plus vite pour avoir le temps de faire trempette dans le lac dont l'eau limpide semblait nous narguer. Tout comme les nombreux nageurs dont les exclamations joviales nous parvenaient. Je décidais de signaler ma présence à Kyara.

" Hey Kyara. Comment tu vas? "

- Bon, on commence par quoi ?

Ma gêne de l'avoir dérangée ne s'estompant pas, je dirigea toute mon attention à sortir le manuel "Potions courantes... Ou pas" d'Adya Cistenin, ma plume d'aigle et un rouleau de parchemin de mon sac. Nous devions préparer un philtre de confusion pour le cours de potion, une décoction pas bien compliquée et peu longue par rapport aux autres, mais tout de même assez pour nous gâcher le week-end. Le ciel découvert nous laissait apercevoir parfois un oiseau voletant avec légèreté, et le soleil dardait sur nous sa douce brûlure. Je soupirais à nouveau d'envie devant les élèves riant dans le sillage du calmar géant, s'éclaboussant avec joie. Maudissant notre professeur, j'ouvris le bouquin à la bonne page et le posa dans l'herbe tendre.


On nous avait déjà fournis tout les ingrédients nécessaires, excepté l'eau, ce qui nous réduisait la tâche de moitié. Je n'avais nullement envie de courir à droite à gauche pour dégoter toutes ces petites plantes et plumes, fouinant de ci, de là pour satisfaire un prof. Sous cette chaleur, en plus. Sans bouger, c'était agréable, mais si je me mettais à retourner le château et la Forêt Interdite pour trouver ce dont nous avions besoin... Je me demandais si Kyara accepterais d'allumer un feu dans le parc pour le chaudron, car je ne souhaitais même pas l'idée de me lever. Je m'allongea à mon tour dans la verdure, étendis les bras au-dessus de moi et ferma les yeux. La douce caresse d'un vent frais vint me lécher le visage et je pris le temps d'apprécier ce moment. Je tournais la tête et comme je croisais le regard de ma camarade, une question franchit mes lèvres:

- Comment se fait-il qu'on ne se soit jamais parlé avant? Enfin, pas vraiment quoi.

C'était vrai. On se voyait régulièrement sans vraiment prendre le temps d'apprendre à faire connaissance. Ce devoir allait peut être se révéler intéressant - si on retirait le devoir lui-même de cette journée.

- Mmm, je n'ai jamais vraiment été sociable et puis on est pas dans la même année, mais c'est une bonne question. Autant apprendre à se connaitre maintenant non ?! Tu viens d'où ?

Je réfléchis un instant à ma réponse et lança:

- Je suis née en France. C'est de là que viens mon père, mais nous avons déménagés en Angleterre pour que je puisse aller à Poudlard.

La France. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu ces paysages campagnards ou urbains, pas si différends de ceux d'ici mais avec leur petite touche personnelle. Je me pris à repenser à mon père, ce Moldu qui avait abandonné sa famille pour son travail. Ma mère n'ayant pas été longtemps troublée par son départ, je ne lui en voulais pas tellement. Ca aurait pu être pire. Avec étonnement, je me rendis compte que je ne l'avais plus revu depuis le jour où on avait changé de pays.

- Et toi, d'où viens-tu?

J'étais à présent curieuse d'en apprendre un peu plus sur la Serpent, qui fixait le ciel. Je tourna la tête vers les cieux bleus, où deux oiseaux semblaient danser une valse entrainante et joyeuse. Mes yeux suivirent les volatiles jusqu'à ce qu'ils disparaissent à l'horizon. J'avais eu une chouette, petite. Une petite chouette brune et crème, ma peluche favorite. Qui n'aimait pas trop mes tentatives affectueuses de l'avoir toujours dans mes bras. Ce souvenir étira mes lèvres en un sourire. J'avais complètement sorti de mes pensées le devoir à faire. Après tout, cette discussion se révélait bien plus intéressante, et personne ne pourrait m'en blâmer.

- De France moi aussi ! Le monde est petit. Tu as des frères où des soeurs à Poudlard où en dehors ?

Tient donc. Elle aussi! Cela me surprit beaucoup, étrangement. Ca aurait été drôle de la croiser alors et de la retrouver ici, mais j'étais sans doute trop jeune à cette époque pour me rappeler ce genre de coïncidences. Je fis ensuite attention à sa question. Oui, j'avais une soeur. Je n'avais jamais été très proche d'elle, cette petite écervelée toujours dans mes pattes. Je ne lui ressemblais absolument pas, en physique comme en caractère. A part peut être une once de courage. Peut être.

- J'ai une petite soeur. A Gryffondor.

Autant pour la Maison aussi. Ce n'est pas que je ne l'aimais pas, mais elle et moi... C'était compliqué. Je regardais le ciel, en quête de réponses à mes questions. Pourquoi n'avais-je jamais essayé de me rapprocher de cette soeur si inconnue encore pour moi? Pourquoi n'avais-je pas tenté d'entrer en confidence avec elle? C'était ma soeur, après tout. Mais souvent je ne voyais en elle qu'une jeune blonde toujours joyeuse et sensible. Avec malgré tout son caractère et son courage, qui l'avaient amenés chez les Gryffons.

- Je n'ai jamais été très proche d'elle. Et toi?

Je ne savais pas pourquoi je lui sortais ça, sans même me méfier de Kyara. Peut être inspirait-elle naturellement confiance. Toujours est-il que j'étais curieuse de connaître sa réponse à elle.

- J'ai quatre grands frères. Je suis la dernière de la famille et la seule fille du lot !

La seule fille! Je me demandais bien ce que ça pourrait être, un grand frère. Souvent, je rêvais d'en avoir un, bien que beaucoup s'en plaignait. Au moins, j'aurais un sentiment de sécurité, d'être protégée, de passer sur un chemin déjà franchit par un aîné. Mais non, j'étais seule, avec une soeur à qui montrer le chemin, une aînée qui devait inspirer confiance et force. Puis je m'en voulu. Le grand frère que j'aurais voulu avoir n'aurait-il pas pensé tout comme moi? Je me demandais ce que pensait Kyara de sa famille à elle.

- Comment s'appelle ta soeur ? Pourquoi ça ne va pas entre vous ?

Je me figea, mon regard posé sur le ciel bleu et immobile. Je n'étais pas sûre de connaître la réponse, ni de vouloir en parler à qui que ce soit. Mais ma camarade inspirait confiance, c'était étrange. Bien que je ne la connaisse pas vraiment, j'avais le sentiment qu'elle était digne de savoir. Même pour quelque chose d'aussi insignifiant.

- Elle s'appelle Nicky. J'aurais préféré ne pas être la plus âgée, soupirai-je. Je ne souhaitais pas être un modèle. Quand elle est venue au monde... Eh bien, je n'ai jamais manifesté grand enthousiasme. En plus, elle n'était pas du genre meneuse, mais plutôt fragile, quelqu'un qu'on doit sans cesse rassurer. Ce n'était pas mon rôle. A cause de cela, même avant sa naissance, je ne l'appréciais pas beaucoup. C'est ma soeur, bien sûr, mais c'est toujours un peu... Tendu.

J'espérais qu'elle comprendrais, qu'elle ne me prendrait pas pour une sans coeur.

Kyara se raidit et pinça les lèvres. Je dut attendre un instant avant qu'elle ne me réponde.

- Je vois ... et tu ne regrettes pas le fait de ne pas être ... plus proche ?

Bien sûr que si. Mais je n'avais jamais été assez intelligente pour lui montrer que je l'aimais tout de même, que malgré nos différents, elle resterait à jamais dans mon coeur. Je n'étais pas du genre à exprimer librement mes émotions, ou, en tout cas, mes émotions positives. Oui, pour être froide, arrogante et méprisante, j'étais forte. Je ne suis pas un monstre sans pitié, mais ça était toujours difficile pour moi de montrer aux autres que je suis ravie, heureuse. Par peur, peut être. C'était sans doute ça. J'étais une petite parano qui pense que quoiqu'on dise, cela ne nous apportera que du mal. Bien que ce soit l'inverse.

- Si. Souvent, elle me manque. Je n'ai jamais bien réussi à le lui montrer.

Je soupira et froissa l'herbe de mes mains, par frustation. J'aurais aimé faire comprendre à la Serpent que j'étais un quelqu'un de renfermé, le plus souvent, et que ma vie ne faisait rien pour arranger cela. Ma soeur était l'une des personnes que j'avais touché. Pour mon plus grand malheur. Je changea brusquement de sujet.

- Et toi, tu t'entend bien avec tes frères, je suppose? Ils ne sont plus à Poudlard, si tu es la plus jeune.