Les sombres ruelles de l'allée des Embrumes

PV - Isceliot Circoile

Tout était voilé de noirceur. Ses membres anesthésiés, ses sens endormis, tout était presque mort. Veneria se sentait disparaître. Jusqu'à sa conscience, tout était progressivement aspiré à l'extérieur d'elle-même. Son index toujours tendu se recroquevilla tout juste, noircissant à son bout. Lentement, toute la peau de la main perdit sa teinte laiteuse, pour apparaître grisâtre. Le silence se fit dans sa gorge, qui délivrait auparavant quelques râles étranglés et plusieurs supplications indéchiffrables. Ses yeux perdirent leur éclat, à leur tour, la laissant presque aveugle. Dans un étrange élan de lucidité, cependant que son âme n'avait pas encore complètement disparu, la sorcière pétrifiée se dévissa le cou pour chercher un signe. Quelle vision horrifiante elle devait être à présent, momifiée par une magie inconnue et lugubre...

Soudain, sa gorge se serra et elle sentit ses muscles se raidir, provoquant une douleur plus lancinante encore que toutes celles qu'elle avait déjà connues. Mais elle garda son silence, imposé par ce sinistre tableau. Ses épaules se voûtèrent. Ses chairs étaient glacées, sa peau s'asséchait. L'on aurait pu croire à une attaque de Détraqueurs, tristement célèbres pour leur funestes ravages. Une fine couche de glace mordante sembla couvrir le haut de sa tête, figeant de nouveau son corps dans un écrin mystique et dangereux. Puis elle fondit presque aussitôt, couvrant les deux joues creuses de cascades imperceptibles.

Dans une lumière qui lui parût aveuglante, bien qu'elle eût déjà perdu l'usage de ses yeux, Veneria sentit la chaleur rentrer à nouveau dans sa poitrine, et dut inspirer de toutes ses forces, comme si l'on venait de l'étrangler, et de la relâcher subitement. Le processus se fit dans le sens inverse, plus rapidement, et son énergie fut à nouveau scellée en elle, avec une telle force que la sorcière chancela.

- Éloignez-nous, souffla l'étrangère au visiteur qu'elle soupçonnait d'être resté. S'il vous plaît.

Derechef, son bras, retombé à plat contre sa hanche, se souleva, vers lui, et plus maladroitement. L'idée d'un contact involontaire lui était déplaisante, aussi bien de sa propre perspective que de la sienne. Le choc passé, elle aurait préféré sortir sans aide, mais ses sens ne lui étaient pas revenus.

- Je suis aveugle, précisa-t-elle pour sa défense. Votre aide me serait précieuse.

Son calme olympien était signe que la magie noire l'avait finalement quittée, par une chance incroyable. Elle n'en avait rien vu ; peut-être était-ce une intervention du sorcier qui l'avait accompagnée jusque là. Mais l'important résidait dans le retour de ses capacités.

Veneria craignait qu'en ne s'exposant davantage, son handicap devînt définitif. Aussi, elle était paralysée par l'angoisse de ce qu'elle venait d'affronter, et toutefois beaucoup trop fière pour avouer sa peur.

Rp avec Veneria Mortir

Isceliot avait assisté à l'évolution du phénomène frappant Veneria avec le calme froid et méthodique d'un homme habitué aux précipices nébuleux que recelait la compagnie de certains objets de pouvoir.
La branche dans laquelle il évoluait n'offrait guère de sécurité si l'on prenait la peine d'en explorer les plus mystérieux aspects ; nombre de ses confrères avaient subi des expériences aux conséquences redoutables, et si lui-même s'en était jusque là prémuni, c'était principalement dû à un subtil mélange de chance, de talent et de prudence.
C'est pourquoi le sorcier avait immédiatement dompté le sentiment d'urgence qu'il sentait enfler en lui pour opérer avec célérité, mais sans hâte. L'Arcanum Videre s'était échappé d'entre ses lèvres comme un murmure, le plongeant dans un univers où ondulaient comme des serpents les filaments de la magie qu'il allait essayer d'influencer.

Lorsque la jeune femme reprit conscience de sa chair, quelques instants plus tard, Isceliot murmurait encore tout bas des paroles inaudibles, les yeux mi-clos, sa baguette décrivant de lentes arabesques entre eux deux tandis que sa main libre, la gauche, bougeait avec la même patience non loin du visage de la victime.
Il réalisa qu'elle s'était arrachée à l'emprise du tableau lorsqu'il lui fut demandé de se reculer. Il obtempéra aussitôt, se déplaçant d'un pas et cessant de toucher aux vrilles magiques qui flottaient encore devant eux, sans pour autant se délester de la baguette qui occupait toujours ses doigts de pianiste, pointée vers le sol.

« Ce devrait être temporaire. » lui rétorqua-t-il immédiatement d'un ton maîtrisé et formel, autant pour la rassurer qu'afin d'exprimer une conviction bâtie sur ses propres expériences. Constatant qu'elle souhait s'éloigner de la toile, il prit doucement sa main dans la sienne, posa son autre main dans le dos de Veneria avec un soucis évident de ne pas se montrer grossier par un contact trop appuyé ou mal logé, et l'invita à à le suivre pas à pas jusqu'à l'extérieur de la galerie, la soustrayant à l'influence mystérieuse du tableaux aux ailes de papillons. « Votre imperturbabilité mérite le respect, mademoiselle. » Était-ce un soupçon d'admiration qu'elle distinguait ou cherchait-il seulement à souligner son courage pour dissiper l'angoisse qu'il croyait deviner chez elle ?

« Je vais vous guider jusqu'au Chemin de Traverse. Il serait même plus prudent que vous me laissiez vous conduire jusqu'à l'hôpital Ste Mangouste. »

S'il ne lui demandait pas explicitement son autorisation et s'exprimait d'un ton décisif, il semblait cependant prêt à la laisser seule maîtresse de son sort et de la démarche à suivre, pour peu qu'elle lui oppose des arguments qu'il considère valides.

« Que s'est-il passé exactement ? » Isceliot jugeait lui avoir laissé suffisamment de temps pour organiser ses idées. Il avait besoin de plus d'informations.

PV - Isceliot Circoile

La sorcière était désireuse d'en apprendre plus sur cette toile qui avait failli la tuer. La magie noire dont elle ruisselait était sûrement le berceau de plus d'un secret qu'elle aurait aimé percer à jour. Sa récente cécité l'en empêchait toutefois, car si elle avait déjà subi bien des dommages en s'imprégnant de pouvoirs occultes, jamais elle n'avait été ainsi privée de ses sens, qui lui étaient vitaux dans une telle quête. Pouvait-elle seulement se fier à ce qui l'entourait ? Cette sempiternelle obscurité n'était pas la plus désagréable. La dépendance qu'elle engendrait était plus contraignante, à titre d'exemple. Cet inconnu était-il réellement si bon qu'il le laissait croire ? N'allait-il pas la jeter au fond de la Tamise, au bout du compte ? Veneria ne put cependant se soustraire à sa présence, qui la rassurait, bien qu'elle ne voulût pas même se l'avouer.

Il est dit que de grands mages de l'ancien temps étaient capables de ressentir la magie et de se déplacer grâce à elle, de jauger leur environnement sans avoir recours aux basses facultés de l'être humain. L'étrangère enviait ce talent, préférable à cette emprise involontaire du meneur sur le suiveur. Mais avait-elle le choix ? Il sembla que non. Elle dut s'en accommoder, tout de même satisfaite de pouvoir marcher sans craindre la chute.

-Je devrais recouvrer la vue dans quelques jours, tout au plus. Inutile de s'alarmer.

C'était pourtant ce qu'elle faisait en ce moment ; s'alarmer. Tout son corps était comme alourdi par la terreur, n'esquissant un geste que lorsqu'il était initié de l'extérieur. Une partie d'elle-même lui hurlait de fuir à toutes jambes et de disparaître, l'autre était bouleversée et déjà évanouie.

- Votre imperturbabilité mérite le respect, mademoiselle, souffla son accompagnateur dans ce qui paraissait être une tentative bienveillante.

Mais ces quelques mots déclenchèrent chez la jeune femme un fou rire nerveux qu'elle peina à apaiser.

- Je vous prie de bien vouloir m'excuser, reprit Veneria en se raclant la gorge, visiblement gênée. Cette sensation est assez déroutante, il me faut l'admettre.

Sur ces paroles d'une sincérité surprenante pour ses habitudes calculées, la grande brune se tut, se laissant aller aux trajectoires qui lui étaient imposées. Combien de temps sinuèrent-ils le long des allées, la sorcière ne saurait l'estimer. À mesure que les minutes passaient, toujours inflexibles, elle prenait finalement la pleine mesure de l'importance de ses sens. Toute notion du temps était brouillée, lorsqu'elle était ainsi mêlée aux affres de la cécité.

- Je vais vous guider jusqu'au Chemin de Traverse. Il serait même plus prudent que vous me laissiez vous conduire jusqu'à l'hôpital Ste Mangouste.

- Voyons, non, protesta-t-elle en tirant légèrement sur la main qui guidait docilement ses gestes. Nul besoin de fréquenter Ste Mangouste pour de telles futilités.

Convaincue de l'effet de sa grève temporaire, Veneria aurait, si elle avait su où regarder, planté son regard ombrageux dans celui de son impudent opposant. Elle se contenta, se fiant au mouvement de ses yeux sous ses paupières, de fixer un point inconnu, droit devant elle.

- Que s'est-il passé exactement ? finit par demander le guide aux mains tièdes.

- Elle m'a appelée... La toile. Elle a murmuré mon nom, et elle a chanté. Elle a chanté pour moi.

Cet aveu échappé d'entre ses lèvres la fit frissonner. La sorcière se dégagea alors pour rompre un contact qui avait trop duré, seule à nouveau dans l'obscurité infinie et pesante, et, dans un réflexe bien naturel, elle couvrit son buste en croix, de ses bras frémissants de honte et de crainte réveillées.

- Avez-vous déjà été attaqué par un Détraqueur ? poursuivit-elle sans chercher sa présence. Ils aspirent tout ce qu'il peut y avoir de positif en vous, avant de vous laisser vide de toute joie, de toute chaleur. Quasiment mort. Au contact d'un Détraqueur, l'on ressent un profond malaise, l'on est persuadé de ne plus jamais sourire à l'avenir. Ils sont l'incarnation même du cauchemar.

Veneria ponctua ce discours fébrile d'un long silence.

- ... Cette toile a été un cauchemar. J'ai senti mon corps durcir jusqu'à devenir la plus solide des pierres. Je l'ai senti se voûter et se crisper, perclus de douleurs inimaginables. Pendant une seconde, à peine, j'ai pensé que j'allais mourir.

Là se termina son récit, auquel elle n'ajouta aucun autre détail. Elle n'évoqua pas l'angoisse qu'elle avait éprouvée en se sentant quitter le monde des vivants, ni le soulagement qui envahit son corps en même temps que l'air était revenu dans ses poumons ; sa voix irrégulière devait être suffisamment explicite...

Rp avec Veneria Mortir

Inutile de s'alarmer. Vraiment ?

Était-elle en train de plaisanter ? Ne réalisait-elle donc pas la gravité de son cas ? Conserver ainsi son sang-froid était tout à fait admirable et forçait chez le sorcier un respect qu'il n'accordait qu'à peu de monde, mais traiter avec autant de légèreté la disparition d'un sens par le medium d'un objet ensorcelé consternait Isceliot au plus haut point ; il envisageait qu'il s'agisse en réalité de sottise.
Veneria sentit le jeune homme se raidir légèrement.

« Mademoiselle, vous me voyez navré d'insister, mais à moins que vous ayez à votre disposition quelque information qui me fait défaut, nous ignorons tous deux la nature exacte du maléfice qui vous a frappée. »

S'il n'était pas de nature à paniquer, il était cependant prudent, faisant preuve d'un sérieux implacable lorsqu'il s'agissait de son domaine de compétence. La magie n'était pas à prendre à la légère lorsqu'il s'agissait d'objets de pouvoir, plus encore quand l'objet susmentionné avait de fortes chances d'être imprégné de magie noire. Faisait-elle donc si peu de cas de sa santé ?

« Je me permets de réitérer ma suggestion. Il serait plus prudent de vous amener à Ste Mangouste. Ils sauront diagnostiquer la nature de ce qui vous afflige. » lui disait-il d'une voix paisible alors qu'il l'escortait, glissant leurs deux silhouettes entre les encorbellements, les terrasses anormalement basses et les passants douteux qui croisaient leurs chemins comme des ombres. « S'il y a de fortes chances que vous ne soyez que temporairement victime de cécité, il existe cependant le risque que cela soit pérenne, et que vous n'en soyez pas délivrée sans une intervention extérieure. » Il ne souhaitait pas l'inquiéter, ce qui motivait sa remarque précédente, minimisant la gravité de la situation. Mais l'entendre parler de "futilités" trahissait manifestement une certaine forme d'irresponsabilité qui, il le craignait, pouvait s'avérer désastreuse.

Lorsqu'elle décida de rompre leur contact, le mage se recula respectueusement d'un pas, désireux de lui laisser un espace vital satisfaisant. Sa baguette toujours discrètement glissée entre ses doigts, Isceliot tâta rapidement les alentours du regard tout en prêtant une oreille distraite au récit. Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres du Chemin de Traverse, comme en témoignait le changement subtil qui s'était opéré dans le volume sonore.
Une fois convaincu qu'ils ne risquaient rien, il se montra plus attentif aux ressentis qui lui étaient narrés.

« Ce devrait être... très particulier. »

Quelque chose dans la voix chaude du sorcier avait semblé tressaillir un instant, un mot rapidement ravalé pour que d'autres le remplacent. L'espace d'une seconde, il avait failli trahir l'intérêt tout professionnel qu'il portait à cette toile ; son admiration pour l’œuvre en tant qu'objet magique de grande qualité s'était presque faite perceptible, et il n'était pas bien certain d'avoir correctement masqué la fascination dans sa voix pourtant calme.
Quelles matières l'auteur avait-il utilisées ? Quels enchantements hantaient ces ailes bigarrées ? Un piège aussi délicat, capable de discriminer ses éventuelles victimes, avait sans doute nécessité une approche très fine, le soucis d'un équilibre exquis au sujet duquel Isceliot nourrissait de plus en plus d'interrogations. Cependant... le moment n'était pas approprié. Il chassa ces pensées de son esprit, et revint au moment présent.

« Je n'ai jamais croisé de Détraqueur, non. Mais ce que j'en apprends ne me donne guère envie de croiser leur chemin. » admit-il avec un sourire audible. « En ce qui concerne Ste Mangouste... vous ai-je convaincue ? »

PV - Isceliot Circoile

Désolée pour cet horrible retard.

Alors que le souvenir du premier Détraqueur qu'elle avait rencontré la faisait frissonner, Veneria reconsidéra la proposition de son guide. À vrai dire, malgré tout, elle trouvait judicieux de se rendre à Ste Mangouste. Mais pouvait-elle vraiment faire confiance à cet inconnu ? Certains ont toujours un intérêt à se jouer des autres... Il était peut-être de ceux-là... Déboussolée par cette réflexion soudaine déjà bien amorcée, la sorcière aveugle entreprit quelques pas en solitaire pour prendre conscience de leur environnement. Si elle se débrouillait bien, elle pourrait y aller seule. Être ainsi diminuée en présence d'étrangers était terriblement gênant, alors qu'une poignée de minutes auparavant, elle était encore capable de marcher sans se prendre les pieds dans un pavé qui dépassait légèrement.

Ses jambes frêles se raffermissaient. Elle ne tremblait plus. Elle glissa alors les doigts contre sa hanche pour se rassurer au contact de sa baguette, qui était toujours là, par un heureux hasard. N'importe qui aurait pu la lui prendre... Pendant qu'elle ne regardait pas.

- Vous pouvez reprendre tranquillement votre vie, fanfaronna l'autrichienne avec une fierté enfantine. Je vais survivre, je crois.

Avoir besoin d'aide, dépendre de quelqu'un ; cette condition ne plaisait pas à Veneria. Quitte à se blesser, à s'obstiner de façon ridicule, elle voulait... Être seule ? Retrouver le contrôle de son corps était primordial. Ainsi privée de sa vue, elle se sentait vulnérable, faible, dépossédée. Elle aurait tant voulu trouver des bras familiers, en cet instant. Toutes ses craintes resurgissaient brutalement, faisaient à nouveau surface avec une telle ardeur qu'elles lui arrachèrent un hoquet d'angoisse. Et si elle restait aveugle toute sa vie ? Bientôt, tout son visage se mit à brûler, à picoter. Au prix de grands efforts, elle ravala les quelques larmes naissantes qui perlaient aux coins de ses yeux. Sa fierté lui interdisait de se montrer si... Humaine. Au regard des autres, elle devait être froide, distante, et droite. Elle le devait. Sinon, que lui restait-il ? Allait-elle brusquement fondre en larmes, sans retenue, au milieu d'une rue passante ? N'avait-elle donc aucun honneur ?

- Je me demande combien coûtait cette toile... éluda la sorcière après avoir difficilement dégluti. Vous devriez y retourner, si elle vous intéresse. Elle doit avoir une grande valeur.

Malgré sa perdition psychique, Veneria avait relevé quelques variations pétillantes dans la voix chaude qui l'accompagnait. C'était-là un avantage particulier de la cécité. C'était une maigre consolation, considérant qu'elle était trop bouleversée pour faire véritablement attention, mais... Il fallait bien se raccrocher à quelque chose. Si ce mage désormais sans visage était attiré par ce tableau, qu'il courût pour se l'accaparer n'était pas un problème. Il n'avait pas perdu son sens majeur à son contact, lui.

Si elle ne pouvait plus les voir, l'étrangère pouvait encore se remémorer les teintes irisées qu'elle avait aperçues dans le cadre de bois verni. Elle visualisa à nouveau les reflets bleutés qui avaient immédiatement aspiré sa contemplation... Sa vue... Et une partie de son âme, pendant une seconde qui avait semblé durer une éternité.

RP avec Veneria Mortir

Une telle situation n'était pas inédite pour Isceliot. Plus d'une fois, il s'était trouvé sollicité par des amis, par des connaissances, parfois même par des inconnus, pour venir en aide à un pauvre malheureux que le sort avait décidé de malmener.
Si le sorcier s'était parfois rendu utile à ses débuts, ses capacités avaient rapidement montré leurs limites. Concevoir un artefact, le réparer, comprendre son fonctionnement, tout cela pouvait parfois s'avérer d'une profonde inanité lorsqu'il fallait défaire ce qu'un objet avait provoqué ; les méthodes étaient complètement différentes.
Alors le mage aux yeux gris s'était penché sur la magie thérapeutique ; les livres sur ses étagères s'étaient diversifiés, et leurs titres juste là très abstraits s'étaient vu renforcés de termes propres au domaine médical magique.
Il s'était découvert un talent certain pour cette branche de la magie, bien qu'il y goûta avec un plaisir nettement moins évident qu'à la fabrication d'objets de pouvoir, et cela l'avait amené à rentrer en contact avec certains des intervenants de Ste Mangouste, et avec leurs patients.
La cécité magique n'était pas un sujet anodin, elle témoignait parfois d'une atteinte réellement grave et dont les symptômes affectant la vue n'étaient que les plus évidents. Les yeux sont les fenêtres de l'âme, dit-on, Isceliot avait appris à quel point cela était véridique.

« Mademoiselle, vous ne... » Sa voix mourut. Qui était-il après tout pour s'appesantir ainsi ? Il était certes compétent pour soigner, mais il n'était pas pour autant médicomage. Cette personne qui lui faisait face, aussi désemparée soit-elle, avait éconduit chacune de ses suggestions avec une volonté évidente de s'occuper d'elle-même. Fronçant les sourcils sous la réflexion, l'Anglais réalisa que la jeune femme avait à plusieurs reprises suggéré qu'il s'en aille, ce dont il ne s'était pas aperçu ; il en arriva donc à la conclusion qu'il était temps qu'il cesse d'importuner son interlocutrice.

« Soit. Votre santé est de votre ressort, non du mien. Vous m'avez clairement manifesté votre désir d'être laissée tranquille, et cela à plusieurs reprises. » Il y avait dans sa voix comme une excuse dissimulée entre les mots, le regret de s'être montré trop insistant. « Le Chemin de Traverse se trouve ici, à quelques mètres, comme vous pouvez l'entendre. Si jamais vous souhaitez me contacter, je me nomme Isceliot Circoile. » Veneria sentit que l'individu à la voix chaude glissait délicatement un petit carton de papier dans sa main. « Voici ma carte. Une fois votre vue récupérée, vous saurez comment me joindre si le désir vous en prend. Si ce n'est pas le cas, elle devait fournir un excellent début de feu de cheminée. »

Il recula de quelques pas qui résonnèrent dans la ruelle obscure.

« Si vous le voulez bien, je m'éclipserai une fois que vous aurai atteint le Chemin de Traverse. Sans vouloir me montrer alarmiste, cette ruelle n'est pas très sûre, et je m'en voudrais que quiconque abuse de votre cécité pour vous subtiliser vos biens. » Ou pire, ce qu'il se garda bien de mentionner.

PV Luia Luminos.

Enfin une petite journée de libre pendant laquelle j'avais décidée de me balader dans le chemin de traverse pour faire quelques achats. J'avais passée tout mon temps à réviser lors de mes semaines précédentes et il fallait que je fasse une pause. Trop de travail, tue le travail ! C'est pareil pour les révisions ! Trop de révisions, tue les révisions ! Tranquillement installée sur une terrasse en dégustant une savoureuse glace à la vanille, je scrutais les horizons, me demandant laquelle de toutes ses boutiques serait la suivante à dévaliser. Bon, c'était un grand mot. Je n'étais pas riche au point de dévaliser tous les magasins du chemin de traverse, loin de là. Payant les quelques pièces de cette fabuleuse et délicieuse glace, vêtue d'un long manteau en fourrure blanc avec des bottines assorties pour me protéger du froid qui arrivait à se faufiler dans les moindres recoins pour me donner des frissons, je m'arrêtais quelques instants devant la boutique d'animaux magiques. Beaucoup d'entre eux étaient trop craquants, mais je ne voulais pas prendre la responsabilité d'un animal de compagnie tant que je me trouverai à Poudlard. Soupirant doucement, je me redressais avant de tourner la tête à droite, puis à gauche, remarquant un petit chat dans un petit coin qui semblait frigorifié.

Sans réfléchir une seule seconde, je m'approchais de cette petite boule de poil avant de m'agenouiller à ses côtés sans pour autant faire de gestes brusques. Je ne voulais pas qu'il s'enfuit. Approchant doucement ma main vers lui pour lui faire comprendre que je n'étais pas une menace, ce dernier renifla quelques instants ma main avant de fuir la queue entre les jambes. Je ne sens pas bon ? L'observant, je remarquais son boitement. Fronçant les sourcils et sans prendre la peine de regarder où j'allais, je le suivis en espérant le rattraper. Il n'allait pas très bien vite, mais il restait un chat et s'il décidait de me fausser compagnie, il n'aurait aucun mal. Après une petite minute à le suivre, quelqu'un me bouscula violemment me faisant tomber à terre. Me redressant, mes mains ainsi que mon magnifique manteau étaient désormais noirs. Fronçant le sourcil, je regardais assez méchamment la personne en question. Mauvaise idée... Un sourire avec des dents jaunâtres complètement immondes. L'allée des embrumes... Quelle idiote ! Lui tournant le dos pour partir sans me préoccuper de ces êtres infâmes qui traînaient dans un tel endroit, je me mis en quête de retrouver mon chemin.

Néanmoins, tout ne se passa pas comme je le voulais. Il m'attrapa l'épaule pour me retenir en me demandant si j'avais besoin d'aide. Lui rétorquant gentiment que je me passerai de son aide avec plaisir, voyant qu'il n'était pas décidé à lâcher son emprise sur mon épaule, ma main vint rencontrer sa gifle dans un bruit magistral qui résonna dans la sombre ruelle, mes jambes commencèrent à courir vers une direction inconnue. Il fallait que je retrouve mon chemin au plus vite, sinon je ne rentrerai pas en un seul morceau. Peut-être que je ne rentrerai pas du tout... J'allais sûrement trouver quelqu'un de normal qui vient faire quelques emplettes dans l'allée des embrumes, non ? Non... Qui de normal viendrait dans cet endroit ? Personne. Pourquoi ? Pourquoi avais-je suivie ce chat pour lui venir en aide. Ma bonté me perdra un jour, mais ce n'est pas pour autant que j'arrêterai d'être aussi généreuse. Bon, oublions ce chat pour le moment ! Lui était en sûreté, moi pas du tout. Je pouvais crier, mais c'était suicidaire. J'avais plus de chances d'être retrouvée par des fous avec mes cris que par une personne sainte d'esprit... Prions... Prions pour que je retrouve mon chemin. Prions pour que quelqu'un me trouve... Prions que je ne rentre au château ! Ça m'apprendra à vouloir faire quelques virées. La prochaine fois, je m'abstiendrai tiens.

Luia était Auror depuis pas mal de temps maintenant mais elle adorait ça. Même si ça ne lui rapportait pas beaucoup de sous pour le moment et qu'elle devait donc vivre sur l'Allée des Embrumes, seule. Mais, au moins, être Auror était une sorte de plus pour vivre là-bas. Et elle le savait.

Ce jour, elle rentrait tard chez elle après le travail, heureuse de sa journée. Son rêve de pourchasser les méchants et de faire la justice était bien là, même la réalité était bien loin de tout ce qu'elle avait imaginée. En quittant le Ministère, elle avait enlevé son insigne et sa tenue pour revêtir une autre tenue de sorcière plus sobre. De toute façon, il faisait nuit alors... Une fois rentrée chez elle, sans encombre, elle alla se coucher après une bon dîner et un bon film à la télévision Moldue.

Le lendemain, c'était jour de repos, un des rares qu'elle avait. Elle se décida donc à aller faire quelques emplettes sur le Chemin de Traverse. Mais elle sortit tout de même avec sa baguette bien en main. Et elle faisait bien. En effet, une jeune fille en âge d'être écolière au château de Poudlard lui rentra dedans. Enfin presque. Elle passa à ses côtés, pressée. Luia lui suivit et lui demanda:

-Excuse-moi. Tout va bien?

Ce n'est pas parce qu'elle n'était pas en service qu'elle ne pouvait pas lui venir en aide, non?

Pv avec Arcturus Madverier

Kathleen resserra son manteau autour de sa taille fine. Elle soupira et secoua la tête. Qu'est ce qu'elle faisait là encore ?... se demanda-t-elle. Personne ne savait qu'elle était sortie du manoir, pas même son père. Si elle avait émit l'idée de se rendre dans l'Allée des Embrumes pour trouver des ingrédients étranges pour ses potions personnelles et assouvir sa curiosité personnelle, il se serait assurée qu'elle reste bien au chaud dans sa chambre.

Et elle savait bien pourquoi. L'endroit était des plus malsain, sombre et dérageant. Ce n'était pas étonnant, ce quartier était justement réputé pour ses alcôves louches et potentiellement dangereuses. Mais il avait fallu que la jeune fille ne laisse sa curiosité prendre le dessus. Elle n'avait même pas trouvé ce qu'elle cherchait d'ailleurs.

Kate remit correctement ses mitaines et continua d'avancer en direction du Chemin de Traverse. Elle n'en était plus très loin et cette pensée la rassurait grandement. Au moins, elle serait bientôt dans une foule de gens insupportables, avec un air respirable, et une luminosité acceptable. Même pour elle, ce n'était pas l'endroit rêvé. Elle soupira lourdement une nouvelle fois et serra lentement sa baguette dans sa poche. Sentir le fidèle bout de bois la rassurait un peu. Mais elle n'aurait jamais admis qu'elle se sentait nerveuse.

Elle allait atteindre la dernière rue avant de rattraper le Chemin quand elle se sentit percutée et tomba au sol. Elle rencontra les pavés poussiéreux et sales de la rue, et elle sentit sa tête lui tourner un peu. Elle réussit à se redresser légèrement et regarda la forme sombre qui la surplombait de tout son long. Elle allait ouvrir la bouche quand elle vit la forme sombre esquisser un mouvement vers sa poche où, elle s'en doutait, se trouvait sa baguette. Elle serra fermement la sienne et roula sur le côté avant de tenter de se relever. Elle jura intérieurement. Ce n'était pas par ici qu'elle allait trouver beaucoup d'aide. Qu'est ce qu'il lui voulait cet homme ?...

Kate vit la forme bouger vers elle et elle regarda autour d'elle, cherchant un échappatoire. Evidemment, rien en vue. Parfait, vraiment...

Arcturus sortait discrètement du batîment dans lequel résidait Margaux LaViscière, une mage noire française qui était venue se terrer quelque temps en Angleterre et qui s'était assuré une sécurité en se faisant une allié d'Arcturus, qui lui donna la certitude que personne ne viendrait troubler ses " vacances " tant qu'elle ne commetterait rien d'idiot ou qui puisse remonter à elle. Il avait également pris quelques babioles éventuellement utiles à divers usages, bien que pas grand-chose n'avait de grande valeur dans le sac/bric-à-brac miteux de la sorcière française qui allait devoir vivre cachée dans l'Allée des Embrumes. Il vérifia une énième fois qu'il n'était pas surveillé et quitta les lieux, une lourde bourse de gallions en poche. Il prit la route du Chemin de Traverse, bien dissimulé dans son long manteau noir, les mains dans les poches et le col remonté au maximum, pour dissimuler son visage.

Il s'éloigna de la boutique et s'empressa de remonter l'Allée des Embrumes pour se retrouver sur le Chemin de Traverse mais il se stoppa net en entendant et en voyant une jeune fille qui était sous la menace d'un sorcier louche, bien plus grand qu'elle. Lorsque Arcturus vit la jeune fille à terre, sous la menace d'un sorcier ayant le double de son âge, il était clair que ce n'etait pas de son plain gré et que l'homme n'était surtout pas là pour lui faire des crêpes. Le colosse sortit sa baguette de sa poche et la tendit vers la jeune fille, Arcturus réagit au quart de tour et sort sa propre baguette avant de lancer un #Expelliarmus en direction du sorcier. Une fois désarmé, le sorcier, surprit, leva les yeux et vit l'Auror qui lui faisait face, il commença à courir pour rattraper sa baguette mais Arcturus enchaîna avec un #Incarcerem et un #Levicorpus pour l'accrocher à un balcon avec l'aide de la lourde chaine qu'il avait invoqué pour immobiliser l'agresseur. Il s'approcha de la jeune fille et du sorcier, en tenant toujours celui-çi en joue.

- Et bien que voilà une belle guirlande...Cher monsieur, je pense que vous allez avoir droit à un petit interrogatoire au Ministère sur les raisons qui ont poussé un individu de votre trempe à s'en prendre ainsi à une jeune fille... dit-il avant de faire signe à un groupe de sorciers non loin.

- Excusez-moi de vous importuner mais pouvez-vous rester ici et surveiller cet homme pendant que les autorités compétentes viennent pour le prendre en charge, ce n'est l'affaire que de quelques minutes. Lorsqu'ils arriveront, dites-leur que c'est l'Auror Arcturus Madverier qui a fait appel à eux et qu'ils me contactent au bureau des Aurors pour le dossier. dit-il avant de s'approcher de la jeune fille.

- Tout va bien ? demanda-t-il, toujours aussi froid et distant qu'à son habitude.

Edit Lizzie : Bonjour Arcturus. Par son ampleur, Barjow et Beurk est assimilée à l'actuelle BAMN ; de fait, il paraît délicat de vous l'approprier par un meurtre. Merci d'éditer votre RP afin de corriger cette incohérence et de faire plus attention à l'avenir. Cordialement.

Kathleen était encore à moitié sous le choc de sa rencontre, mais ce qui suivit acheva de la convaincre qu'elle était tombée dans les pommes. Un homme également bien plus grand qu'elle surgit soudainement de nulle part et désarma son agresseur. Son sauveur inattendu enchaîna quelques sorts qui finirent par laisser son attaquant accroché à un balcon.

Kate ouvrit légèrement la bouche et fronça les sourcils, confuse. Elle tourna la tête vers le nouvel arrivant qui approchait d'eux.

- Et bien que voilà une belle guirlande...Cher monsieur, je pense que vous allez avoir droit à un petit interrogatoire au Ministère sur les raisons qui ont poussé un individu de votre trempe à s'en prendre ainsi à une jeune fille..

Kate se releva lentement. L'homme était donc un Auror, visiblement, ou un employé du Ministère qui possédait des réflexes admirables. ''Une jeune fille''. Oui, c'était sans doute l'image qu'elle renvoyait. Une petite chose sans défense. Elle en était là de ses réflexions quand l'homme s'adressa à un groupe non loin d'eux.

- Excusez-moi de vous importuner mais pouvez-vous rester ici et surveiller cet homme pendant que les autorités compétentes viennent pour le prendre en charge, ce n'est l'affaire que de quelques minutes. Lorsqu'ils arriveront, dites-leur que c'est l'Auror Arcturus Madverier qui a fait appel à eux et qu'ils me contactent au bureau des Aurors pour le dossier.

De l'humble avis de Miss Gold, parler à ce genre d'individu ne risquait pas de se révéler efficace, mais peut-être seraient-ils suffisamment intimidés pour obéir. Et elle avait raison. C'était bien au Auror. Impressionnant. Kate lisait souvent les exploits de ces personnes dans les journées, sans vraiment chercher à se figurer de l'ampleur de leurs actions. Cela rendait le tout un peu plus réel. Ce qu'elle n'avait pas anticipé en revanche, c'était l'identité de ledit Auror. Un Madverier. Rien que ça. Kate n'était pas du genre à être béate devant un nom, mais elle devait bien admettre que c'était assez imposant comme patronyme.

Elle secoua la tête et rangea sa baguette, quand la voix de l'Auror la surprit de nouveau.

- Tout va bien ?

En tout cas, il n'était pas commode le patronyme imposant. Mais au moins prenait-il le temps de venir s’enquérir de son état. C'était... son boulot. Mais Kathleen n'allait pas non plus cacher sa reconnaissance, ni faire la petite peste comme ''je gérais la situation''. Très clairement, c'était faux. Et elle pouvait être honnête et sincère sans devenir une petite dinde bavant partout.

-Oui, je crois...

Quand elle y réfléchissais, elle étais certaine que son dos serait couvert de bleus le lendemain suite à sa chute. Et l'arrière de sa tête la faisait souffrir. Elle vérifierai que tout allait bien une fois chez elle. En attendant, elle palpa doucement son épaisse chevelure blonde. Elle n'y trouva pas de sang, à sa grande satisfaction.

Elle retourna son attention sur Madverier et le détailla rapidement. Il ne semblait pas beaucoup plus vieux qu'elle, et il possédait un certain charme, quoiqu'il ait l'air bien hautain et distant. Parfait. Il allait comprendre son absence d'effusion de reconnaissance.

-Merci beaucoup.

Kathleen déglutit pour chercher ses mots, mais n'en trouva pas. Elle se contenta de le regarder et d'exprimer sa reconnaissance silencieusement. Sincère.

Elle regarda le mage noir toujours accroché et prit une pierre qui traînait pour lui lancer droit dans le nez. Puéril, certes, mais cela lui faisait du bien. Elle sentit le contre-coup lentement la saisir et regarda l'Auror. Un peu nerveuse à l'idée de traverser le reste de l rue seule désormais. Elle secoua la tête.

-Pauvre idiote...

Quand on assumait pas de se balader par ici, on s'abstenait. Elle soupira lentement.

-Je ne vais pour retenir plus longtemps.

Arcturus observa avec attention la jeune " victime " du balourd qui servait de décoration murale à plusieurs mètres du sol, une jeune adolescente d'environ 15-16 ans, pas plus, une jeune femme aryenne avec une très belle chevelure et de beaux petits yeux bleux, bref une sorte d'ange qui semble s'être échoué en enfer. Qu'est-ce qu'une jeune fille comme elle et visiblement mal préparée à faire face aux dangers de l'Allée des Embrumes, faisait donc ici ? Et bien, c'est le genre de choses qu'il lui fallait savoir, il fallait qu'il fasse son boulot de temps en temps, même si ça inclut de jouer les remonteurs de bretelles et les vilains policiers magiques moralisateurs. Franchement, Arcturus Madverier qui dit aux autres qu'il faut pas aller dans l'Allée des Embrumes ? C'est définitivement l'hôpital qui se fout de la charité. Il posa sa main sur l'épaule de la jeune femme et reprit.

- Pas si vite, jeune fille. dit-il sans agressivité.

L'Auror la prit avec elle et s'éloigna à bonne distance du groupe de passants qui se chargeait de surveiller le sorcier louche.

- Pourrais-je savoir ce qu'une jeune femme comme vous se promène à cette heure dans les rues mal-famées du quartier, hmm ? Ce n'est pas vraiment l'endroit idéal pour une promenade et je doute que vos parents sachent que vous êtes ici...Et comme je doute que vous voulez qu'ils l’apprennent, je vous conseille de me le dire avant que ce ne soit d'autres personnes, probablement moins laxistes que moi, qui ne vous tirent la vérité. Je vais vous le dire tout de suite, peu m'importe ce que vous faisiez MAIS j'aimerai tout de même m'assurer que vous ne faisiez rien de...disons...stupide...

Bien entendu, Arcturus se moquait des raisons qui l'avaient amenée ici mais si c'était pour apprendre des sorts super-balèzes ou comment faire peter son quartier en 5 secondes et demi...il valait mieux ne pas la laisser repartir avec ce genre d'idées et d'informations dans le crâne, ça pourrait faire tâche dans un quartier de Londres si il laissait une jeune fille sans vraiment d’expérience faire joujou avec des trucs et des rituels qu'elles ne devraient pas connaître et qu'elle laissait un gros cratère fumant au beau milieu de la ville...Le plus grave, c'est qu'on aurait perdu plusieurs autres sorciers dans cette histoire, sans parler des moldus mais qui s'en moque des moldus ? Sûrement pas le Sang-Pur en tout cas. Bref, il attendait une réponse et il ne lacherait pas le morceau.

- Bien sûr, lorsque vous m'aurez tout dit, je vous ramènerai personnellement au Chemin de Traverse...

L'ancien Serpentard n'était pas idiot : Une telle attaque surprise en ébranlerait plus d'un et un petit soutien, une personne pour nous protéger après ce genre de choses, est toujours bon à prendre. l'ex-Serpentard savait parfois se montrer rassurant.

Kathleen allait s'éloigner, non sans avoir détaillé rapidement la taille, l'allure de son sauveur providentiel, quand une main se posa sur son épaule et elle se retourna lentement, surprise et totalement prise de court.

- Pas si vite, jeune fille.

L'auror n'était pas agressif, mais Kate se douta de ce qui allait suivre. Elle se mordit les lèvres, prête à se faire sermonner, ou pire, ramenée chez elle aussi sec. Sa mère allait l'harasser comme jamais auparavant et son père serait extrêmement déçu et ne la défendrai pas cette fois. Elle aurait presque pu sourire en se disant que cette petite incartade pourrait mettre ses parents d'accord sur un sujet quel qu'il soit, en particulier un point aussi crucial que son éducation. Elle leva les yeux vers l'auror, prête à l'écouter.

- Pourrais-je savoir ce qu'une jeune femme comme vous se promène à cette heure dans les rues mal-famées du quartier, hmm ? Ce n'est pas vraiment l'endroit idéal pour une promenade et je doute que vos parents sachent que vous êtes ici...Et comme je doute que vous voulez qu'ils l’apprennent, je vous conseille de me le dire avant que ce ne soit d'autres personnes, probablement moins laxistes que moi, qui ne vous tirent la vérité. Je vais vous le dire tout de suite, peu m'importe ce que vous faisiez MAIS j'aimerai tout de même m'assurer que vous ne faisiez rien de...disons...stupide...

Une jeune femme comme elle ? Oh... Jeune, visiblement ''sans défense'' et légèrement perdue, probablement ce qu'il insinuait. Il avait raison, et la demoiselle ne trouva pas la force d'être agacée, encore trop chamboulé. Mais au moins, il lui offrait une chance, si on pouvait le dire ainsi, de garder cet incident pour elle et de laisser ses parents hors de cette histoire. Elle grimaça en entendant parler de stupidité. Son entreprise l'était indéniablement. Elle soupira, mais elle devait bien assumer les conséquences de ses actes à un moment ou un autre.

-Bien sûr, lorsque vous m'aurez tout dit, je vous ramènerai personnellement au Chemin de Traverse...

Elle releva la tête. Elle n'allait pas le nier : elle était à moitié morte de peur et, déjà impressionnée par le sauvetage du jeune homme (il devait avoir, cinq, dix ans de plus tout au plus ?) il n'en fallait pas plus pour la convaincre. Elle avait un besoin soudain de se sentir rassurée et en sécurité. Et s'il fallait vraiment en passer par là...

-Je recherchais une boutique capable de me procurer certains ingrédients pour certaines potions.

La stricte vérité. Et peut-être aussi un filet du diable à glisser sous l'oreiller de sa mère. Bien sûr, elle n'avait pas essayé d'acheter. Bien que les vendeurs ne semblent pas vraiment regardant quant à l'âge de leurs clients, elle doutait de l’honnêteté de beaucoup. Et elle n'avait pas autant de temps qu'elle l'aurait souhaité, elle ne s'était donc pas attardé après avoir repéré les boutiques dans lesquelles elle pourrait revenir plus tard. Mais cela, c'était une autre histoire.

Arcturus écouta sa brève justification et eut un petit sourire en coin : Acheter des ingrédients pour une potion ? Ici, dans l'Allée des Embrumes ? Il s'agissait forcément d'une potion néfaste ou d'un poison quelconque..Pourquoi vouloir le concevoir alors qu'il était en vente libre dans ce genre d'endroit ? Peu importe, la jeune femme avait dit la vérité, ça se lisait dans son regard...D'un autre coté, Arcturus était arrivé avec ses airs de sauveur miséricordieux, étant un Auror par dessus le marché...évidemment, ça laissait pas indifférent....Il retira sa main de l'épaule de la jeune femme et fit un simple signe de la tête en guise d’acquiescement. Il avait ce qu'il voulait savoir, il allait respecter sa parole.

- Bien...Et si nous allions nous acheter quelques confiseries ? J'ai une petite envie de sucré, je suppose que ça vous ferait du bien aussi... dit-il en souriant.

Les employés du Ministère arrivèrent également et demandèrent des comptes à Arcturus, il expliqua sommairement la situation et demanda à être contacté à son bureau avant de reprendre sa route en direction du Chemin de Traverse, marchant aux cotés de la jeune femme. Il fallait bien s'en occuper, elle devait encore être sous le choc et un peu de detente et de sucre devrait lui redonner le sourire. Il s'arrêta chez le glacier et acheta plusieurs confiseries dans la boutique colorée de milles couleurs à en piquer les yeux, Arcturus n'avait plus goûter à quelques sucreries depuis son départ de Poudlard, à la fin de ses études. Les derniers bonbons qu'il avait mangé remontaient à celles que lui et ses anciens amis ont partagés sur le chemin du retour à King's Cross...Nostalgie, nostalgie...Arcturus se fit plaisir et acheta des dizaines de baguettes magiques en réglisse et des Gommes de limaces qu'il paya avec un beau gallion issu de la bourse qu'il avait dans la poche avant de sortir de la boutique et d'aller s'asseoir quelques part sur le Chemin de Traverse, non loin de l'entrée de l'Allée des Embrumes. Il tendit son paquet de bonbons à la jeune femme et lui fit une place.

- Bon, voilà vous êtes sur le Chemin de Traverse, ça va mieux ?

L'auror semblait la croire, à son grand soulagement, et ne fit aucune remarque sur le bien fondé de son initiative. Elle en était soulagée, elle ne se sentait pas suffisamment bien pour essayer de prouver ses dires, ni d'endurer les reproches et remontrances d'une personne plus âgée et plus expérimentée quant à la stupidité de ses actes.

- Bien...Et si nous allions nous acheter quelques confiseries ? J'ai une petite envie de sucré, je suppose que ça vous ferait du bien aussi...

Elle le regarda et hocha la tête, incapable de répondre. Peut-être qu'un peu de sucre lui ferait du bien après tout, comme du chocolat après une rencontre avec un Détraqueur. Et après tout, elle se doutait que sa tension était montée de manière impressionnante suite à cette mauvaise rencontre. Ils durent attendre quelques minutes que les collègues de Mr Madverier n'arrivent avant qu'il ne commence à marcher à ses côtés. Ils remontèrent lentement l'allée jusqu'au Chemin de Traverse. Elle se retint de jeter des coups d’œil derrière son épaule de temps en temps, nerveuse. Elle ne voulait pas paraître plus idiote qu'elle ne l'était déjà suite à cet incident.

Une fois arrivée en lieu connu, où la foule se pressait comme toujours, Kathleen se sentit mieux. Pas de risque ici, tout était plus coloré, plus bruyant et moins dangereux. Elle n'avait jamais compris comment deux endroits aussi différents pouvaient se toucher. L'auror se rendit dans un magasin de confiserie et Kate l'attendit patiemment, le suivant sans un mot. Il acheta pas mal de sucreries puis allas s'installer sur un banc en lui tendit le paquet. Kathleen prit un des limaces en le remerciant. Elle ne mangeait jamais ce genre de chose habituellement - quand elle mangeait - mais elle sentait qu'elle en avait besoin. Elle ne se rendit compte qu'elle était censée s'asseoir qu'au moment où il se poussa pour lui faire une petite place. Elle se frappa intérieurement, exaspérée par son manque de réaction. Avoir été attaqué semblait avoir coupé des connections de son cerveau.

- Bon, voilà vous êtes sur le Chemin de Traverse, ça va mieux ?

Elle machouilla lentement son bonbon pour essayer de reprendre contenance et de réellement se détendre après ce qui venait de se passer. Mais elle n'était pas faible, par Circé...

-Oui. Je crois. Merci encore.

Elle pencha la tête vers lui, intriguée par son sauveur, mais essayant de ne pas paraître niaise. Qu'était-elle censée dire ? ''Je ne sais pas ce qui se serai passé si vous n'aviez pas été là ?'' Cliché horrible ! Ah, si elle se sociabilisait plus, peut-être qu'elle saurait quoi faire.

-Je suppose que vous avez connu des journées plus calme.

Elle haussa un sourcil en le voyant savourer ses bonbons, appréciant visiblement le moment. Elle ne se serait jamais figuré un Auror mangeant tranquillement des bonbons sur un banc.

-En manque de sucre aussi ?

Elle soupira, ayant envie de cacher sa tête dans ses mains. Quelle idiote... elle les enchaînait, ma parole, il faisait ce qu'il voulait ! Elle espérait qu'il ne serait pas vexé et lui adressa un regard d'excuse. Pas étonnant qu'il veuille être débarrassée d'elle rapidement.

L'Auror continua de savourer ses petites douceurs, une gomme de limace en coin de la bouche, tandis qu'il cherchait une baguette en réglisse dans le fond du sac. Il appréciait chaque bouchée des longues confiserie gélifiées, il en avait pas manger depuis un certain temps et ça lui faisait un bien fou. Le fait de partager ça avec une jeune étudiante de Poudlard était un peu surprenant mais il faisait son travail : Défendre ceux qui avait besoin d'aide...enfin, quand il le voulait bien...La jeune fille le remercia et lui posa une question qui l'amusa : Des journées plus calmes ? Oh oui, il y en avait...Les journées d'un ennui mortel, ça oui, c'était des journées calmes, assis à son bureau, rédigeant des rapports inutiles et faire de la paperasse administratif parce que le Bundimun domestique de Madame Painsec avait mordu un sorcier et qu'on avait fait appel à un Auror alors qu'il fallait s'adresser au Département de contrôle et de régulation des créatures magiques...Ce genre de bourde lui refilait du travail supplémentaire sur le plan administratif, déjà qu'il en avait un peu plein le dos de taper des dossiers et des rapports, il fallait qu'il signale les erreurs de ceux qui faisaient appel à son service...Alors oui, des journées plus calmes, il en avait connu mais...franchement, il préférait plus d'actions...

- Suspendre un aggreseur enchaîné à un balcon par les pieds comme si c'était une décoration de Noël...ça peut vraiment se ranger dans la catégorie " Journées calmes " dans ma profession... dit-il en machouillant son bonbon et l'avalant quelques secondes plus tard.

- Non, parce que jouer les gratte-papiers, c'est vraiment pas ce que je préfère faire... dit-il en sortant une baguette magique en réglisse du sac et de la tendre à la jeune femme.

Il en sortit une autre qu'il commença à manger lorsque sa " protégée " lâcha une remarque qui fit tourner le regard d'Arcturus : C'est vrai que c'était pas vraiment l'image qu'on pouvait se faire d'un Auror : Un jeune homme aux allures ténébreuses qui mangent des sucreries, c'est vrai que c'est un tableau assez surréaliste mais dans le fond, quelle importance ? Arcturus faisait ce qu'il voulait et actuellement, il devait escorter cette jeune femme et lui redonner un peu de moral, il agissait comme il pensait bien faire. Il fût pris d'un éclat de rire et lança un sourire tendre à la victime, pour une fois qu'il était tendre, cela dit en passant...

- La dernière fois que j'en ai mangé, c'était il y a un peu plus de deux ans, quand j'ai quitté Poudlard pour la dernière fois à la fin de ma scolarité...Alors oui, j'ai un petit manque de sucre et je me suis dit que ce serait plus efficace que de vaines paroles réconfortantes, bien que cela s'ajoute en bonus si besoin est...

C'est vrai qu'il était pas vraiment doué pour remonter le moral mais au moins, il faisait preuve de bonne volonté et de gentilesse, ce qui était exceptionnellement rare...Il avait accompli la seule bonne action de l'année, là, fallait pas lui en demander trop non plus...Non, sérieusement, il faisait son travail et il faisait comme il estimait devoir le faire.