Il ne le prend pas mal, il me dit même merci. Je lui adresse un grand sourire. En fait, je préfère qu'il sache la vérité. C'est plus facile comme ça. En plus, je suis sûre que s'il s'en était rendu compte plus tard mais de lui-même, cette fois-ci, il aurait vraiment été fâché. J'ai sans doute échappé au pire. Nous voilà enfin devant l'infirmerie. J'espère que l'infirmière pourra me régler ça, et rapidement. Parce que si Vesper et Eden sont au courant, ils vont le dire à Papa et Maman. Et ça, ça craint.

Il me propose un marché. Et en fait, je n'ai pas vraiment d'autre choix que d'accepter, vu que ça voudra dire que personne ne sera au courant sauf lui et moi. Et l'infirmière, mais ça me va, elle a le secret professionnel à respecter, pas vrai ? Alors je hoche de nouveau la tête et lui tend ma main en bon état pour sceller le marché.

- D'accord Professeur, marché conclu !

Les adultes font ça, alors je fais pareil. C'est classe.

rp avec Artemis

An Artist in the night

La nuit a enveloppé Poudlard de son manteau ténébreux. Aucune lueur ne brille dans le ciel. Elle a éteint la cellule école. Les lionnes ronronnent paisiblement dans leur cage. En attendant que l’aube vienne frapper leurs paupières. Toutes dorment. Certaines rêvent sans doute. Je leur souhaite en tous cas. Moi je cogite. Je suis éveillée dans mon lit. Ça fait des heures que je tourne en rond. Son obscur somnifère suffit pas ce soir. Je repense à ma fin de journée. A cette adulte. A cette femme. Cet espoir. Mon espoir.

Je revois mon œuvre inachevée. Mon Artiste la visualise. Un battant au bois terne devenu songe peinturé. Il reste l’extérieur. La règle des heures de coucher m’a empêché de finir. Ce maudit règlement m’a encore pourri l’existence. Point de dérogation possible. Personne dans les couloirs la nuit. Voilà mon quotidien d’élève. Mon double rêveur est pas concerné. Il est pas étudiant. Il craint pas de se faire punir. Moi si par contre. Il est préférable de pas l’écouter. Il sait toujours me convaincre. Il lui suffit d’aborder ma raison de vivre. La liberté.

Mon bras retire le drap me couvrant. Mon pied gauche touche le sol du dortoir. Le mauvais d’après les croyances. Le meilleur pour ma peintre intérieure. J’attrape mon sac. Mon nécessaire le quitte jamais. J’enfile ma cape aux couleurs du crépuscule par-dessus mon pyjama Gryffondor. Se fondre dans le décor. Pour tromper l’ennemi. J’avance à tâtons. Ne surtout pas réveiller un fauve. Les laisser dans leur monde. Fait de leur imagination. Dedans ils sont libres. Sous réserve d’oublier leur environnement. Le mien m’attend. Je file le rejoindre.

J’arpente les corridors. J’ai lancé un léger Lumos. J’ai pas envie de saluer un mur. Le nez le premier. Je déambule au hasard. Guidée à l’instinct. Qui me mène guère où je veux. Je m’arrête devant un tableau. Je demande mon chemin à son habitant. Poliment s’il vous plait. J’ai gagné que des reproches. Ma lumière perturbe son sommeil. Je me moque de ses remarques. Je poursuis ma route. Sans en tenir compte. J’ai beau être en septième année. Je sais toujours pas me repérer. Dans ce labyrinthe de briques. Je dois pourtant la retrouver. J’ai un cadeau à offrir.

Je fais volte-face. J’ai rien à tirer de ce ronchon. A croire que la Mort l’empêche de rêver. J’me tourne sur sa voisine de mur. Je la reconnais. C’est une danseuse étoile. Elle est toujours gracieuse dans sa toile. Sa tenue y est pas pour rien. Cette fine silhouette est emmitouflée dans un justaucorps noir accompagné de collants opaques. Ses ballerines sont blanches. A sa place, je serai pieds nus. Sa coiffure est impeccable. Un chignon à en rendre jalouse ma mère. Aucun cheveu n'en sort. Quelle magnifique artiste ! A chaque fois que je la vois, elle danse. Elle semble ne jamais dormir. Je me risque à la déranger avec ma légère lueur. Elle daigne me regarder. Trop perdue dans son songe. Je lui en veux pas. Je lui souris même. En plus, elle peut pas m’aider. La pauvre est sourde et muette. Elle bouge au rythme de ses sensations. Admirable. Mes yeux se délectent du spectacle. J’admire son talent. Les artistes sont fièrement représenté.e.s avec elle. Dommage de ne plus être vivante. Il est temps de partir. Mon propre rêve m’attend. Nous nous croiserons sûrement. Dans ce merveilleux pays.

Ce tableau a activé ma mémoire. Je suis passée devant en allant à ma punition. Elle reste défaillante. Impossible de déterminer la direction à prendre au bout du couloir. Droite ou gauche ? Telle est la question. Une voix m’en pose une autre. Une de celle qui signifie les ennuis. Je me retourne. J’identifie la source. En effet c’est un ennui. Et un gros. Du genre grand. Plus de 1m60 pour sûr. Mon prof de DCFM. Une montagne pour ma taille. Pas de quoi en avoir peur. C’pas la taille qui compte d’abord. « Bonsoir Mister Lhow… » Le ton est poli. La nuit me rend presque docile. « Je suis au courant, merci… C’est pas ce que je cherche… » Mon sens de l’orientation laisse à désirer ok. Je sais encore aller dans ma salle commune. Il me prend pour qui ? Pas retenir. Juste s'en débarrasser. Au plus vite. « Vous semblez fatigué… Vous devriez aller dormir… Bonne nuit professeur… » J’affiche un sourire hypocrite. Mon naturel est revenu. J’ai essayé de faire semblant. J’y arrive pas. Si seulement j’avais hérité de ce trait de maman au lieu de ses yeux. Ça m’aurait été utile. Je tente de partir. Je commence à avancer. On s’est tout dit. Non il peut pas me renseigner. C'est un adulte. Il sait plus rêver depuis longtemps. Il préfère réprimander.

L’ennui n’est plus. Il est dans mon dos. Au sens propre comme au figuré. Je l’ai géré si facilement. En deux phrases. Prism éclaire les murs. Je crois reconnaître un autre tableau. J’ai pris à droite au bout de ce couloir. Ou gauche. Je sais plus. J’vais laisser faire mon intuition. Tous les chemins mènent au pays des rêves. J’prendrai peut-être pas le plus court. Aucune importance. J’ai des heures devant moi. Le soleil dort profondément. J’suis prête à une nuit blanche. Pour offrir ce présent. Miss Wildsmith le mérite.

J’avance doucement. J’avançais. J’avance plus. Mes pieds sont devenus des racines. Totalement collés au sol. Je tire sur mes jambes avec les muscles de mes bras. Mes plantes restes figées. Je pense à une blague. Je scrute le carrelage. Point de gelée par terre. Aucune Gelata a été lancé ici. Je comprends rien. Puis je comprends mieux. L’ennui est revenu. Baguette en main. Qu’il range discrètement. Il m’a attaqué en traite. Quelle lâcheté. Mes yeux le fusillent désormais. Je déteste les entraves. Le règlement est déjà assez saoulant comme ça. Il avait pas besoin de s'y mettre. Il a juste à me laisser tranquille. J'vais pas saccager l'école.

« Vous pouvez oui… » Le ton est plus glacial. J’ai pas du tout apprécié sa manœuvre. « Mais j’vois pas en quoi j’dois vous répondre… » Il est trop curieux. Indigne d’être dans la confidence. C’est une histoire entre mon espoir et moi. « Libérez-moi de votre sort et peut-être que j’vous le dirai… » J’suis prête à faire un effort quand même. « A moins que vous préfériez que j’appelle à l’aide en hurlant… Réveillant ainsi la moitié du château… Par votre faute… » Un rictus en coin rejoint mes lèvres. Je commence à compter dans ma tête. J’ai pas encore décidé de l’ultimatum. Dix me semble correct. J’suis déjà à trois.

En plus d’être ennuyeux, cet adulte est gênant. Il veut même pas me laisser compter tranquillement. Arrivée à cinq, il reparle encore. J’en perds le fil. Je sais plus où j’en étais. Il m’agace réellement. Il m’a amusé vingt secondes. Maintenant je me lasse. Surtout qu’il dégaine l’arme hiérarchie. J’suis pas en cours là. J’me fous de son autorité. Davantage qu’il est pas un exemple du respect des règles. « Ôtez-moi d’un doute… Vous êtes exempté du règlement ? Car bon, vous traînez vous aussi de nuit dans les couloirs… » J’ai arrêté mon décompte. J’ai plus envie de crier. J’ai trouvé mieux. Le piéger avec ses propres arguments. « J’devrais peut-être en causer à Miss Benbow… » Sans réfléchir sur le fait de gonfler mes ennuis. Avoir des idées signifie pas en avoir que des bonnes. Mon sourire affiche la fierté de ma réplique. J’suis satisfaite de mon attaque. A vous professeur.

Il se place devant moi. Il sort sa baguette. Un instant je crois avoir gagné. Il va me libérer. Reconnaitre sa défaite. Face à une gamine. En fait non. Au contraire. J’ai réveillé son passé. Il me menace. Il contre-attaque. Il semble convaincu de sa manœuvre. Son visage est radieux. Pas autant que le mien. « C’est donc ça que vous a enseigné le bureau des Aurors, Mister Lhow ? La violence… Etouffer le moindre écart à grands coups de sortilèges… Belle valeur à transmettre aux élèves… » L’ironie est palpable. J’veux pas me battre. Pas comme ça. D’un coup de poignet, j’envoie voler Prism derrière moi. Je la remplace par un pinceau. La lumière est faible. Juste assez puissante pour voir mon adversaire. Mes mirettes quittent pas les siennes. Il me fait pas peur. Ma rage intérieure l'efface. « Vous vous sentez de taille à vaincre une artiste ? Vous pensez réussir là où ma mère a échoué ? » J'lui souhaite bon courage. Il a perdu d'avance. Je pointe mon outil à poils en sa direction. Je suis prête au duel.

Mes noisettes deviennent ébènes. La même couleur que lors de la visite de mon parrain Antonius. Remplies de haine. De détermination. Tout ça pour elle. Miss Wildsmisth. Elle est spéciale cette femme. Plus que je veux l’admettre. Unique adulte que je défends. Pour la remercier. De m’aider à me libérer. Elle m'a compris. Du moins elle essaye. Pas comme lui. Énième idiot qui se dit malin. Qui va tomber dans le ravin. J'ai hâte de voir sa justification. Elle était armée ! Un pinceau Madame la directrice ! Risible, n'est-ce pas ?

Une retenue. Une de plus à mon palmarès. Je sais plus à combien j’en suis. Plus que mes doigts et mes orteils réunis pour sûr. Pour quel résultat ? Aucune amélioration. Au contraire, chacune rend plus fort l’Artiste. A croire qu’il se nourrit de leurs punitions. Il devient de plus en plus fort. Les adultes l’alimentent. Qu'ils sont stupides. Hormis Miss Wildsmith. Exception qui confirme la règle. « Si vous voulez… Mais c’est p’t-être pas judicieux de la réveiller en pleine nuit… » Haussement d’épaule signifiant à vous de voir. C’est lui le grand. L’expert.

Voilà qu’il sort les leçons de morale. Pourquoi j‘ai évoqué son passé ? Je soupire fortement. Agacée. « Donc je suis clouée au sol par magie… Vous m'avez pas lancer un sort lâchement... De dos... Vous y êtes pour rien… » Foutez-vous de ma gueule ! Je me garde de lui dire ça. Même si mon visage parle pour moi. Surtout mes yeux gorgés de mépris. Qui le fixent sans gêne. Il semble déstabilisé. Il réfléchit si j’en crois sa mimique crânienne. Je m’impatiente. « Et maintenant ? » Qu’il se décide. Et vite. J'ai pas toute la nuit devant moi.

J’m’attendais à tout. Un nouveau sort ; une récitation du règlement ; une gifle ; un poème ; sur un malentendu. Pourtant j’ai tout faux. Il est plus fourbe encore. Il s’en prend à l’Artiste. Grossière erreur Mister Lhow. Lui l’ignorant. Il a oublié le plus important. « Des rêveurs ! » Je complète ses informations. L’Artiste reste insolent. C’est un bout de moi. Indissociable de ma personne. Ce que maman a jamais compris. A cause de sa stupidité. Et de son obsession du Ministère.

Il me libère. Ai-je gagné ? Pas encore. Il me défie. J’éclate de rire. Un tableau se plaint du bruit. Je me calme. Je regarde le brun. Amusée. « L’Artiste aime encore moins les ordres que moi Mister Lhow… Vous ne pouvez le convoquer à la carte… » Vérité implacable. Il m’obéit déjà difficilement. Alors face à cet homme. C’est peine perdu. « Mais vous avez de la chance… Il est de sortie ce soir… Emmenez-moi devant le bureau de la professeure d’Enchantements et je vous montrerai mes talents… » J’ai une porte à terminer. Ce cadeau à offrir. Il peut regarder. Même si je doute de sa capacité à s’émerveiller. Il a rangé son âme d’enfant au placard. Depuis des années.

Répartie à deux noises. Guère étonnant de la part d’un adulte. Moi, j’ai une excuse. Je suis une enfant. D’ailleurs j’lui prouve. Un nouvel habitant interne fait son apparition. Le clown. Lui tirant la langue. Puis repart aussi vite. La situation est sérieuse. A hauteur de ma demande. Il y a rien de facétieux dedans. Je prépare pas de mauvais coup. Le désir est réel. De retrouver le bureau de ma professeure. Pour lui offrir un cadeau.

Un prénom se perd dans l’air. Une familiarité amicale. Peut-être. Ou pas. L’heure est trop tardive. L’analyse difficile. Et surtout inutile. Je retiens davantage la suite. Une acceptation. On se met en route. J’essaye de retenir le chemin. Droite. Gauche. Troisième à droite. Mon cerveau surchauffe. La suite se perd dans ses méandres. On finit par arriver sur place. Ma main caresse le bois de la porte. Je reconnais sa rugosité. « Maintenant, profitez du spectacle… » Et rêvez. Si vous en êtes capable.

Me pose mes affaires contre les briques. Je sors le minimum syndical. Sachant déjà ce que je veux faire. L’Artiste a matraqué mon esprit. L’image de l’œuvre est gravée. Plus qu’à la retranscrire. En peinture. Le pinceau s’agite. Le parfait reflet du verso se forme. Ma mémoire se souvient de tout. Je suis certaine mes gestes. Malgré l’opacité. Le tableau prend vie. Baguette aux courbes harmonieuses lançant des étincelles dorées sur fond rouge. Nom à revoir. Trop long.

Je me stoppe. J’admire ma toile. Mes lèvres s’étirent. Satisfaite du résultat. Je jette à œil à l’ennui. « Alors ? Ça vous suffit ? Ou je dois m’attaquer aux murs ? » L’insolente refait surface. Toujours derrière l’Artiste. Elle est jamais très loin. Quand elle le devance pas.

J’en ai marre. De toujours devoir me justifier. D’être considérée comme stupide. Envers les adultes. J’admets être différente des autres. Une rêveuse. Couplée à une insolente. Sans oublier mon Artiste intérieur. Je suis un savoureux mélange de tout ça. Chaque ingrédient est important. Il fait de moi ce que je suis. Charlotte Day. « Elle lui plaira. » Mon ton est assuré. Aucun doute se trimballe dans ma voix. S’il voyait le verso de la porte, il comprendrait. Je suis tellement sûre de moi que je viens signer mon œuvre. Pour qu’elle sache. Qui a réalisé ça. Je m’accroupis. Pour venir déposer un Cha’ en bas à droite. Tout de noir vêtu.

Je me relève. L’ennui est toujours présent. Il fait mine de comprendre. « Vous voyez que j’voulais rien faire de mal… » Saccager l’école est pas mon truc. Je veux juste la rendre moins austère. Tous ces murs agonisent. Un coup de rénovation leur ferait pas de mal. « J’accepte à une condition… » Un tableau comme punition. J’ai connu pire. L’Artiste est ravi de sa demande. « Je dois venir sur place avant… M’imprégner de l’ambiance… M’inspirer… » En fonction du type d’établissement. La toile prendra forme. « Après ma démonstration, vous doutez encore de mes talents ? » Prétentieuse pensez-vous ? Juste réaliste. Je suis douée en peinture. Ma passion.

Je fais demi-tour. J’hésite face aux choix. Droite ou gauche ? Je me souviens déjà plus d’où on est arrivé. Je tourne ma tête vers mon professeur. « Vous pouvez me ramener à mon dortoir ? » Mon cadeau est offert. J’ai plus de raison de traîner dans les couloirs. Bienfait accompli. Pour vous Miss Wildsmith. Mon Espoir.