J’en ai marre. De toujours devoir me justifier. D’être considérée comme stupide. Envers les adultes. J’admets être différente des autres. Une rêveuse. Couplée à une insolente. Sans oublier mon Artiste intérieur. Je suis un savoureux mélange de tout ça. Chaque ingrédient est important. Il fait de moi ce que je suis. Charlotte Day. « Elle lui plaira. » Mon ton est assuré. Aucun doute se trimballe dans ma voix. S’il voyait le verso de la porte, il comprendrait. Je suis tellement sûre de moi que je viens signer mon œuvre. Pour qu’elle sache. Qui a réalisé ça. Je m’accroupis. Pour venir déposer un Cha’ en bas à droite. Tout de noir vêtu.

Je me relève. L’ennui est toujours présent. Il fait mine de comprendre. « Vous voyez que j’voulais rien faire de mal… » Saccager l’école est pas mon truc. Je veux juste la rendre moins austère. Tous ces murs agonisent. Un coup de rénovation leur ferait pas de mal. « J’accepte à une condition… » Un tableau comme punition. J’ai connu pire. L’Artiste est ravi de sa demande. « Je dois venir sur place avant… M’imprégner de l’ambiance… M’inspirer… » En fonction du type d’établissement. La toile prendra forme. « Après ma démonstration, vous doutez encore de mes talents ? » Prétentieuse pensez-vous ? Juste réaliste. Je suis douée en peinture. Ma passion.

Je fais demi-tour. J’hésite face aux choix. Droite ou gauche ? Je me souviens déjà plus d’où on est arrivé. Je tourne ma tête vers mon professeur. « Vous pouvez me ramener à mon dortoir ? » Mon cadeau est offert. J’ai plus de raison de traîner dans les couloirs. Bienfait accompli. Pour vous Miss Wildsmith. Mon Espoir.

Il m’apprend rien. Sur la sûreté des couloirs. Tant que des monstres tels que lui rôderont dedans, la liberté sera en danger. Le couvre-feu suffit pas à m’enfermer. Je suis au-dessus du règlement. Là où sévissent les rêves. Dans un monde merveilleux. Remplis d’enfants. Dénué d’adultes. J’lui réponds un silence. J’ai plus la force de l’attaquer ce soir.  Le sommeil toque à ma porte. Me rappelant qu’une ado a besoin de dormir. Mon puissant bâillement le prouve. « Pas encore. » En cours d’apprentissage. Je maîtriserai bientôt ce nouvel art. « Je suis toujours sage… » Mon rictus le nargue légèrement. Je le pense vraiment. Il peut réprimer mon insolence. Pas ma sagesse. Lui qui m’ignore en tous points.

Je m’en vais. Passer la nuit ici est pas à mon programme. Sauf que je suis rapidement bloquée. Par mon sens de l‘orientation. Ma demande le fait rire. Dire qu’il a osé me parler de discrétion. J’vous jure. « On peut pas êtes douée partout. » J’admets mes faiblesses. Plutôt cet atout. Ma capacité à me perdre est une force. Elle m’aide à rêver. En voyageant sans limite. Hormis celles de mon imagination. Qui est débordante. Passé sa remarque, on se met en route. Aucun mot n’est prononcé. Je le suis comme mon ombre. Jusqu’à destination. Devant ma salle commune, je le salue d’un « Bonne nuit professeur. » Avant de disparaître de sa vue.

Je me faufile jusqu’à ma cage moelleuse. Les lionnes ronronnent toujours. Je me recouche calmement. La couette remontée à mes oreilles, j’imagine le visage de la brune demain. J’y vois un large sourire. Le même que j’affiche. Quand Morphée me prend dans ses bras.  

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