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En direction du métro
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Re: En direction du métro
Invité, le  Mar 30 Mai - 23:22

{Autorisation de MM 91 et Malicia pour reprendre le sujet le temps de clôturer le RP}


Liam réalisa qu'elle était à peine attentive à ce qu'il lui disait. Il la sentait ailleurs. Était-il arrivé la faire sortir de ses gonds ? Il fallait vite en finir, elle était sûrement à bout et il finirait par en prendre plein la face très rapidement. Il continuait à faire tourner le coffret entre ses doigts, ses mouvements étaient lents, laissant planer un parfait suspens sur ce qu'il s'apprêtait à en extirper. Kyara restait tendue, elle réagissait comme il l'attendait. Ne tenant plus, et elle sûrement non plus, il commença à se détendre, une ébauche de sourire se formait tandis que le coffret émergeait de sa poche.

Mais il n'eut pas le temps d'aller jusqu'au bout de son geste. Il décela un mouvement inhabituel chez Kyara, elle bandit ses muscles d'un coup, mais fut tellement rapide que Liam ne put rien faire pour se défendre, à part remettre le coffret en lieu sûr et se protéger les parties intimes. D'un coup sec, il sentit son genou se dérober sous son poids, et surtout sous le coup de la Blanchet. Son poignet faillit rompre aussi avec la force que Kyara impulsait dans son blocage. Il sentit le sol heurter son genou meurtri, lançant une vague de douleur lui hérissant chaque poil et lui arrachant un petit cri étouffé. Il était toujours conscient du fait qu'il ne fallait pas attirer l'attention. Il se releva légèrement afin d'éviter de s'appuyer sur ce nouveau point faible. Il ne pensait pas qu'elle ait cassé son genou mais il doutait d'une bonne fracture. Il se mordait les lèvres, attendant que la douleur s'atténue alors qu'elle ne faisait qu'augmenter. Elle n'avait rien perdu de ses capacités, il la voyait déjà vieille, un sabre dans le dos, en combinaison jaune et noir Poufsouffle près à neutraliser n'importe quel ennemi qui passerait dans les environs.

Il n'eut pas la force de relever la tête lorsqu'il s'adressa à elle. Dans quel bourbier il venait de s'enfoncer ? Pour une simple petite blague en plus. Il se doutait que ce ne plairait pas à la brunette mais delà à ce qu'elle attaque, ce devait être un coup de fatigue. Ou juste une grosse exaspération, c'était lui le fautif dans ce cas. Elle le menaça, lui priant pas très cordialement de décliner son identité. Il en frémissait même.

Effectivement, il était temps de mettre un terme à ce petit jeu. Au prix d'un dernier effort de concentration - et Dieu, qu'est-ce que ça pouvait être dur quand on venait de vous réduire en miette la rotule - il changea son apparence pour revenir à celle d'origine. Ce n'était pas agréable du tout de changer sa morphologie blessé, mais il reprit une taille et une corpulence qui le caractérisait. Son visage se sculpta, son nez reprit forme, ses cheveux s'éclaircirent jusqu'à ce blond si particulier. Il était redevenu Liam mais dans des habits un peu différents de son habitude.

Il essaya vainement de changer de genou, et à défaut, hissa son genou valide qui vint faire un angle droit devant lui. Il s'appuya dessus d'un bras, attrapa le coffret d'une main, assez rapidement pour qu'elle ne réagisse pas au quart de tour. Il espérait qu'elle l'avait reconnu quand même. Il l'ouvrit, et releva la tête au même moment. Il tenta un sourire, complètement déformé par la douleur. Entre eux deux se tenait un coffret de velours où reposait une bague en argent blanc, incrustée d'une pierre ovale d'émeraude entre deux petits cristaux d'argent. Cela avait été l'horreur pour le jeune homme de trouver une bague ne sachant pas vraiment les goûts de sa petite amie en la matière et si les sorciers célébraient les mariages comme les moldus. Dans le doute, il avait fait au feeling, espérant que Kyara apprécierait le geste. De toute façon, il n'y avait que sa réponse qui l'importait.

- Kyara, épouse moi, ajoutant plus loin : S'il te plaît.

On était encore plus maladroit lorsqu'on avait un genou en moins.
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Re: En direction du métro
Mangemort 91, le  Mar 6 Juin - 0:41

Conclusion


Il leur suffit au final d'un hochement de tête, d'une certitude de non-trahison, qu'ils tentent autant qu'ils peuvent de sonder dans les yeux bien connus de la blonde abîmée. Un regard en croisé, sans émotions. Pour chasser les regrets sur le point d'assaillir l'âme en paix d'avoir été lâchement vengée. Le regard qu'ils détournent, par peur de virer chien sauvage. De perdre leur once d'affection au profit d'une haine sans nom qu'ils sauraient capable de les emporter. Pas contre elle, qu'ils ont assez tourmentée. Mais pour tous en général, les gens tordus, qui cassent à grands coups de bois, créateurs de monstrueuses brisures tendant comme elles peuvent à s réparer.

Quelques secondes de regard, avant de sans un mot se détourner. La laisser à son sang, à son combat invisible dont personne ne voudra ébruiter ou écouter les récits. Aller panser ses plaies. Au fond de la nuit noire, l'une de celle que l'on met au tiroir, enfermée à double tour.
Et disparaître, récupérer la peau véritable, en arrachant le plastique anonyme.  

FIN DU RP
Isolde Momba
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Re: En direction du métro
Isolde Momba, le  Dim 9 Juil - 18:21

RP avec Kohane.

Le cœur battant la chamade. Les poings serrés. La démarche rapide et en ligne droite. Le sac à dos jeté sur l'épaule. Isolde avait ramassé toutes les affaires qu'elle pouvait et claqué la porte sans hésiter une seule seconde. Elle avait à peine entendu sa voix la suppliant de rester. Elle avait couru au hasard, préférant les petites ruelles sombres aux larges avenues éclairées. Elle l'avait semé en quelques instants.

Laisse-moi tranquille !

Elle le haïssait.

Ce soir-là, les grandes artères de Londres étaient animées, mais dès que l'on s'en éloignait, les passants se faisaient rares. La préadolescente s'abrita sous un porche quand la pluie vint à tomber. Elle y resta vingt, peut-être trente minutes, assise par terre en attendant une accalmie. Une vieille femme passa à côté de la petite sorcière, sembla hésiter à s'arrêter puis poursuivit son chemin en traînant derrière elle un caddie. Lorsqu'elle fut de nouveau seule, Isolde ramena les genoux vers elle et y posa son front. Les reflux sanguins dans ses tempes étaient presque assommants.

T'as jamais été là pour nous.

Dans son poing serré, une photographie de son père aux côtés d'une inconnue. Isolde la déchira en mille morceaux qui s'éparpillèrent tout autour d'elle sur le sol.

La pluie ne cesserait de s'intensifier jusqu'au lendemain en fin de journée. La fillette se releva, rabattit la capuche de son épais sweat-shirt gris clair et enfonça ses mains dans la poche centrale d'où dépassait très légèrement sa baguette magique. Elle fonça au hasard, traversa plusieurs fois au rouge, manqua de se faire percuter par un cycliste qui circulait sans lumière.

Sur le visage d'Isolde, il était impossible de distinguer, parmi les gouttes qui perlaient, lesquelles étaient des larmes.

Bientôt, elle aperçut l'horloge de la gare de King's Cross. Il était vingt-deux heures passées. La sorcière pénétra dans le hall où s'alignaient différentes boutiques, pratiquement toutes fermées. Elle avisa cependant une enseigne de restauration rapide. Elle se glissa derrière un homme très corpulent et attrapa ce qui lui tombait sous la main. Personne ne fit attention à elle. La préadolescente sortit et s'éloigna d'une vingtaine de mètres avant de contempler son butin : un paquet de chips, une pomme, une barre aux graines de sésame. Elle fit la grimace ; elle n'aimait pas le sésame. Elle glissa néanmoins le tout dans son sac à dos et se remit en marche, à la recherche d'un panneau affichant l'heure de passage et la destination des prochains trains.
Kohane W. Underlinden
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Re: En direction du métro
Kohane W. Underlinden, le  Mar 11 Juil - 19:04



Des rails.
Des kilomètres et des kilomètres de rails.
Ils sont là.
Ils se voient, ils se croisent, s'entrecroisent.
Ils mènent tous vers des destinations différentes. Aller, d'un point A à un point B.
Ils filent à travers les paysages. Traversent parfois des lieux complètement différents les uns des autres.
C'est ça, qui est beau avec le train.
C'est monter dedans.
C'est se laisser porter au grès des rails.
Passer d'un monde à l'autre. De ville à campagne. De métropole à village.
On se laisse glisser vers d'autres horizons.
Généralement, quand les gens prennent un billet, ils savent pertinemment où ils veulent aller.
Je cherche un voyage Londres-Edinburgh
Noms de villes,
Adresse précise.
Mais certain se contentent d'acheter. Pour n'importe quel endroit. Et se laisser ensuite porter. Sur les rails. Vers un lieu auquel ils n'auraient pas pensé avant.
Dans un sens, le train, ça fait rêver. De voyages. Dépaysement complet.
Partir.
Loin.
Si loin de tout.
Si loin des autres que l'on ne côtoie que trop.
Loin
Trop loin.

Même si, dans le fond, j'arrive au même résultat sans besoin de rails.
Puis moi, j'vais pas droit. Non. Je zig et zag, sors justement des rails sans jamais y rentrer de nouveau.
Je fuis. A ma manière. Par mes propres moyens. Par mes jambes. Ou par transplanage.
Je fuis sans train.
Mais parfois, j'ai l'impression d'en être un.
Une pauvre locomotive oubliée, rouillée et pourtant toujours là.
Locomotive perdue dans la nuit. Qui continue d'avancer alors même que le monde l'a effacée des mémoires. Parce qu'elle n'est plus de son temps. Elle est trop décalée. Sur tout.
Et, malgré cela, elle continue de rouler.
A son rythme.
Sur son chemin bien à elle.
Dans la brume, vapeur lancée aux étoiles comme unique salut.
Ouais.
J'suis une locomotive décalée.
Oubliée.
Mais bien vivante.



D'ailleurs, j'vais me remettre en route.
Assez d'avoir campé face aux rails sans rien faire.
Faut que je bouge.
Oh, il ne s'agit pas de rentrer à la maison. C'est justement loin de là que je roule.
Non.
Mes roues vont s'actionner pour...
Pour...
Qu'importe.
J'vais me laisser porter.
Comme souvent.
Alors je marche.
Je regarde autour de moi.
La gare est éclairée de cette lumière artificielle. C'est qu'il doit faire sombre dehors.
Peu à peu, les quais se vident. Parce que les trains arrivent. Les gens montent. Partent.
Et bientôt, plus un rat.
Je jette un coup d'oeil à la grosse horloge de la gare de King's Cross.
Il est près de vingt-heures.
Ca va.
La nuit n'est pas encore vraiment là.
Et, comme toujours, elle sera longue. Si longue.

Je quitte les quais, prête à sortir.
Mes yeux voguent.
Parfois, je croise quelques têtes.
Ils ne me regardent pas. Ne font pas attention à moi.
Locomotive invisible dans leurs rangs.
Je vois un fléchage jusqu'au métro.
Je m'arrête un instant, œil fixé sur les panneaux.
Et si j'allais par là ?
Se laisser porter par le métro londonien, sans but ni envie, c'est aussi une activité à faire. Juste se caler dans un coin. D'un bout à l'autre d'une ligne. Puis, une fois qu'on en a fini, sauter dans une nouvelle. Ainsi, sillonner le Londres souterrain.
Evidemment, le paysage n'est ni beau ni intéressant.
Des murs, des murs, des murs tout au long.
Mais le rythme doux du métro, les arrêts, les gens qui montent, qui descendent, tout cela est fascinant.
Ca tue déjà quelques heures.
Quelques heures de nuit à ne rien faire.
A seulement chercher à s'évader.
Alors oui, pourquoi pas. Le métro.

Je me remets en route, prête à descendre sous terre et attraper une ligne au hasard.
Quand j'en aperçois une.
Une locomotive abandonnée, elle aussi.
Mais elle est jeune. Si jeune. Trop jeune pour être déjà laissée de côté.
Elle semble s'intéresser aux prochains départ.
Ses yeux fouillent les horaires avec attention.
Vers où va-t-elle, seule, si petite ?
Je pourrais passer mon chemin et continuer mon périple nocturne.
Je pourrais...
Mais en vérité, quelque chose m'attire chez elle.
Son jeune âge ? Son air perdu ? Son aspect de locomotive laissé à l'abandon, elle aussi ?



Doucement, je m'approche.
J'la connais pas. Elle me connait pas. Peut-être même aura-t-elle peur.
Qu'importe.
Si c'est une perdue de la nuit, j'peux essayer de l'aider.
A retrouver son chemin.
Ou se perdre davantage derrière moi.
Au rythme régulier du métro londonien.
Lorsque j'arrive près d'elle, je remarque ses joues mouillées.
Oh.
Tiens.
Mais

-Il pleut ? je demande simplement.

Ma tête se tourne vers une entrée de la gare.
Je regarde.
J'écoute.
Oui.
Il pleut.
Ca fait plic et ploc contre les murs. Sur le toit.
Ca alors.
J'avais même pas remarqué.

Mon attention se reporte de nouveau sur la petite fille.
Elle est si jeune.
Pourquoi est-elle là ?
A cet âge, ne devrions-nous pas rire dans une famille chaleureuse ? Ou avec des amis fidèles et tout aussi gorgés d'innocence que nous ?



J'sais plus vraiment.
Mais je suppose.
Je crois qu'à son âge, c'est ce que je faisais. Non ?
A son âge, je riais à la vie. J'étais bien avec Papa et Maman. J'avais quelques amis avec qui partager joie, jeux, folies et secrets. Une vie simple qui se contente de peu.
Je ne venais pas traîner seule dans une gare.
Sac à dos pour tout départ.
Pourquoi est-elle là ?
Depuis quand est-elle là ?
La vie n'est pas juste. Elle est trop petite. Elle a encore besoin de rire comme avant. Encore besoin d'un monde aux mille couleurs éclatantes.

-Depuis quand es-tu toi aussi une locomotive abandonnée, enfuie, rayée du monde des autres ?

Isolde Momba
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Re: En direction du métro
Isolde Momba, le  Sam 22 Juil - 0:11

Isolde parcourut le panneau des yeux. L'ultime train de la journée, à destination de Doncaster, partait six minutes plus tard. Elle retint le numéro de la voie et regarda tout autour d'elle, à la recherche d'indications. Son cœur cognait de plus en plus fort dans sa poitrine. Était-ce dû à la fureur, la fébrilité ou la peur ?

Todom todom todom todom

La jeune sorcière était si nerveuse qu'elle ne parvenait pas à prendre de décision. Quitter cette maudite ville ou y rester. Plus que cinq minutes.

__________ Todom todom todom

La gare était étrangement déserte et silencieuse. Les derniers voyageurs étaient sans doute déjà à bord du train. Isolde n'aurait pas à slalomer entre les badauds. Elle courrait droit devant elle et prendrait la première à droite ; le chemin serait fléché jusqu'au quai. Elle profiterait d'un moment d'inattention du contrôleur, occupé à verrouiller les portes, pour se glisser dans un wagon. Elle irait ensuite se cacher derrière son sac à dos, parmi les valises.

Trois minutes. Isolde prit une immense inspiration. Sur son visage, un mélange d'affolement et de détermination. Elle s'apprêta à partir en chasse de sa liberté.
— Il pleut ?

____________________ Todom todom

La fillette crut d'abord que son imagination lui jouait des tours. Elle n'avait vu personne d'autre que cet homme, au loin, qui courait à perdre haleine, faisant de grands signes en direction de l'on ne savait trop quoi. Il était resté une fraction de secondes dans son champ de vision avant d'en disparaître, laissant derrière lui l'écho de ses pas précipités. Or, c'était une voix de femme qu'Isolde avait entendue. Elle avait dû rêver. Et pourtant…
— Depuis quand es-tu toi aussi une locomotive abandonnée, enfuie, rayée du monde des autres ?

La jeune fugitive fit volte-face et dévisagea l'inconnue avec un air presque féroce. Cheveux châtain, yeux ternes, teint opalin, au crépuscule de l'adolescence. Isolde ne soutint pas son regard très longtemps. Elle se cramponna fermement aux bretelles de son sac et s'élança à toute vitesse vers le quai sans demander son reste.

______________________________ Todom

Elle n'entendit pas le bruit de sa baguette qui s'échut sur le sol en béton.
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Re: En direction du métro
Kohane W. Underlinden, le  Lun 31 Juil - 17:16



Le visage se tourne brusquement. Ses traits sont jeunes. Mais marqués d'une férocité qui ne lui va pas.
Elle me regarde.
Comme prise sur le fait.
Face aux panneaux de départs. Elle allait partir. Quand je suis arrivée. Une locomotive qui fuit, se fuit parce que les autres s'écartent en l'abandonnant. C'est toujours la solution la plus simple : partir pour éviter d'affronter.
Mais je sais que cela ne résout, finalement, rien.
Ce n'est que repousser l'échéance.
Repousser le moment où il faudra réellement serrer les poings face au monde.
Et l'affronter.
Pour de bon.
Pour se faire entendre.
Pour se faire sa place.
Pour élever sa voix.
Fuir, ce n'est que remettre à plus tard. Remettre à un autre jour.
Moi aussi, avant, je fuyais. Je le fais encore un peu maintenant. Quand je pars pour éviter les regards familiaux. Parce que le courage me manque. Et que je ne parviens pas à leur faire face.
Malgré tout, je sais pertinemment qu'un jour, il faudra... Il me faudra m'armer de courage, inspirer un bon coup et foncer.
Je ne pourrai fuir éternellement.
Deux ans. Que je cours sans m'arrêter. Deux ans. Que je pars, moi aussi, à la dérive de l'esprit. Je ne prends pas de train -pas besoin. Je me contente de fuir dans un autre monde, calquer mes pas sur ceux d'un univers différent pour oublier celui-là.

L'oubli n'est pas une solution

Il y a bien plus de mérite à se retourner qu'à laisser derrière soi des choses inaccomplies.
Il y a bien plus de mérite à accepter de prendre les coups, les encaisser, en pleurer, en crier qu'à se contenter de zigzaguer en croyant que cela arrangera tout.
Les locomotives abandonnées ne peuvent le rester indéfiniment.
Elles ont besoin aussi, un peu, d'être considérées.
Même si elles ne sont pas rattachées aux autres.
Je ne veux pas être rattachée aux autres.
Je ne veux pas le suivre bêtement sur leur chemin tout tracé.
Je ne veux pas entrer dans le moule et me taire.
Mais je ne veux pas non plus me faire oublier.
Au contraire.
Les autres, j'aimerais qu'ils me voient. Un peu.
Et qu'ils apprennent. A accepter. La différence.
Qu'ils ne choisissent plus la déshonorable facilité de rejeter ce qui leur apparaît pas pareil.
Pourquoi devrions-nous nous plier à la majorité si c'est au prix de la déformation de notre être ? Chacun devrait pouvoir rester ce qu'il a envie de rester. Et être accepté ainsi.
Les locomotives abandonnées ne le seraient plus ; elles seraient peut-être solitaires mais par choix. Elles ne seraient plus abandonnées par la force des choses.

Et toi, petite, tu sembles vouloir fuir ce destin.
Mais tu ne le pourras jamais vraiment.
Chaque jour, ça te rattrapera. Quelle que soit la chose que tu fuies.
Il faut que tu restes.
Il faut que tu affrontes.
Il faut que tu serres les dents.
Et que tu apprennes à foncer.
Peu importe si tu te fais mal ; les blessures, ça se panse.
La fuite, elle, crée une plaie qui ne peut cicatriser tant que la fugue se perpétue.



Soudain, elle amorce un mouvement.
Rapide.
Je ne m'y attendais pas : elle se met à détaler. Courir, le sac sanglé sur le dos.
Ses petites jambes la portent avec un étonnante force.
Elle détale. Sans un mot.
Je n'ai pas le temps de l'apostropher.
Elle s'en va si vite que le bruit de la baguette en contact avec le sol s'étouffe dans ses pas. Ou dans le pas des autres qui circulent autour.
La baguette de bois tombée.
Que personne n'a remarqué.
Hormis moi.
Je ne me fais même pas la remarque que oh tiens, une sorcière
L'heure n'est pas à ces remarques sans importance.
Je ne laisse pas courir plus. Je ne pense pas aux Moldus qui sont autour. Qui, de toutes façons, ne me regardent même pas. Je suis invisible à leurs yeux. Je ne suis qu'une passagère comme une autre. Passagère sans bagage. Immobile près du panneau des départs.
Je ne suis rien.
Juste une fille.
Qui regarde une autre courir.
Et, discrètement, sort sa propre baguette. Mouvement rapide, caché. Informulé #impedimenta en direction de la fugitive.

Avant que les gens ne se ramènent pour voir ce qui se passe, je ramasse la baguette de la petite.
A grandes enjambées, je me précipite vers elle.
Elle a fui.
Elle n'a pas voulu parler.
Soit.
Je ne suis ni sa mère, ni sa sœur ni qui que ce soit. Je n'ai aucune autorité pour la retenir ici. Et je ne suis pas sûre d'avoir envie de la retenir contre son grès.
Cependant, avant qu'elle ne s'en aille, faut bien qu'elle récupère ça.

-Je crois que t'as oublié un truc.

Geste discret.
La baguette en main.
Les Moldus ne voient rien.
Ils ne voient jamais rien.
Ils sont dans leur monde. Nous dans le notre. Les deux se côtoient. Et ne se croisent jamais. Ce que je trouve, entre autre, bien dommage.

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Re: En direction du métro
Isolde Momba, le  Jeu 3 Aoû - 14:17

Foncer tête baissée, manquer de tomber sur le sol glissant en voulant tourner, sentir son cœur marteler sa poitrine à l'en faire exploser. Isolde était prête à tout laisser derrière elle : sa sœur, sa mère, Londres, les souvenirs et, par-dessous tout, son père. Elle estimait qu'elle ne devait désormais plus rien à personne.

Soudain, sans comprendre pourquoi, elle eut l'impression d'être violemment retenue en arrière. Ses jambes se dérobèrent sous son poids. En une fraction de seconde, elle se retrouva par terre, les mains éraflées dans une vaine tentative d'éviter la chute. Son menton manqua de heurter le sol mais par chance son visage était indemne. Isolde resta plusieurs dizaines de secondes sur le béton. Elle était complètement sonnée. Elle finit par reprendre ses esprits et sentit une douleur lancinante au genou droit ; il s'était légèrement ouvert et commençait à enfler. Isolde serra les dents et tenta de se relever.
— Je crois que t'as oublié un truc, entendit-elle.

C'était la jeune femme qui lui avait parlé quelques instants plus tôt. Elle était venue rendre sa baguette à la petite sorcière qui l'avait fait tomber. Celle-ci la lui arracha des mains et la pointa en direction de l'inconnue en affichant un air méfiant.

Le train pour Doncaster émit un signal sonore pour annoncer son départ. Le temps sembla se suspendre. Le visage d'Isolde changea d'expression. La méfiance se transforma en détresse, en tristesse. En solitude. La fillette baissa la garde et éclata en sanglots.

Isolde pleurait rarement. Elle était forte, rien ne semblait pouvoir l'atteindre. Elle avait toujours une attitude détachée, témoin de situations dont elle se faisait la spectatrice extérieure. Lorsque cela faisait mal, elle encaissait les coups sans broncher, les rendait parfois et attendait systématiquement d'être seule pour laisser les larmes perler sur ses joues. Cette nuit-là, en dépit des regards qu'on pouvait lui adresser et malgré la proximité de la jeune femme qui se tenait à ses côtés, Isolde se sentit incroyablement seule. La sonnerie du train retentissait encore dans son esprit ; elle s'intensifiait ; elle devenait cri. À moins que ce fût sa propre voix qu'elle entendait ?

Le cœur en peine leva vers l'âme charitable des yeux rougis et rongés par le chagrin. Isolde peina à articuler les deux mots qu'elle avait tenté d'ignorer des mois et des mois durant, deux mots qu'elle avait gardés pour elle en pensant qu'ils finiraient par cesser de la hanter. Ils appartenaient pourtant à l'immense partie immergée de l'iceberg.
— Au secours…

Jeune locomotive abandonnée s'abandonnant elle-même.
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Re: En direction du métro
Kohane W. Underlinden, le  Dim 13 Aoû - 12:37



Le brouhaha de la gare. Les gens qui courent, pour rattraper leur train -dernière minute.
On entend les pas, les valises qui roulent.
Les gens ne nous voient pas.
Ils ne voient que leurs horaires. Et leur wagon.
Ils nous contournent, certes, mais j'suis même pas sûre qu'ils le fassent en sachant vraiment qu'on est là.
Ils se précipitent uniquement alors que -sifflements, gestes de la part des contrôleurs le train repart.
Les essoufflés de dernière minute s'essuient le front. Ouf. Ils sont montés.
Parfois, y'en a un ou deux qui restent sur le quai : et m*rde.
Mais c'est rare quand même.
L'activité quotidienne ne se préoccupe pas des locomotives abandonnées.
Pourtant, on est là.
Ensemble.

Elle est tombée, la petite.
La chute plus violente que je ne l'ai voulue.
Mais c'était mon seul moyen de l'arrêter.
Je l'ai vu basculer en avant contre le béton.
Petit corps tombant, s'écroulant.
Et je me suis précipitée derrière elle.
La baguette à la main. Lui rendre ce si précieux objet.

Au loin, bruits, toujours, sifflements.
Agitation.
Et la main de la petite qui se saisit brutalement de son arme avant de la pointer sur moi.
En silence, je la regarde. L'observe. Je sais qu'elle ne fera rien. Ce n'est qu'un geste réflexe face à l'adversité. Vouloir montrer qu'on est fort alors même que mille et une failles se forment sur le masque de plâtre.
Refuser de trembler, refuser de céder.
Alors, qu'au fond de soi, on a juste envie de se rouler en boule dans un coin. Cesser, pour une fois, d'être fort.
Je fixe son regard de méfiance qui tremblote.
Son regard presque prêt à s'éteindre, le voile qui se forme et l'oeil qui se transforme.

Tout le corps semble se mettre à vibrer tandis que la baguette s'abaisse.
Je ne bouge toujours pas, la regarde simplement alors que les larmes surgissent. Elles sont cent. Elles sont mille.
Et personne ne les voit. A part moi.
Personne ne regarde les êtres perdus.
Ils passent tous à côté, contournant consciencieusement ce qui les dérange.
Les larmes dégoulinent, belles perles transparentes.
Les bruits autour de nous semblent s'être amenuisés jusqu'à disparaître dans mon esprit. Je n'entends plus que les battements sourds de mon cœur dans mes temps. Les sanglots de la petite d'en face. Peut-être nos souffles, aussi, perdus dans la vie.
Et elle pleure.
Je n'ose pas bouger.
Accroupie à sa hauteur, je ne fais que la regarder. Alors qu'elle lève de nouveau les yeux sur moi. Des yeux rougis, qui appellent, qui implorent en silence. Petit animal à qui on a retiré les mots mais qui veut une main tendue.

Enfin, la voix.
Qui vibre de sa tristesse et de sa silencieuse supplique.
La voix qui sort -c'est la première fois que je l'entends.
Ne prononce que deux termes.
Qui résument, à eux tous seuls, toute la situation.

Au secours

ça me fait si étrange de les entendre. Comme si je ne les avais jamais entendus.
Et pourtant, ils sont si simples à dire. Mais personne jamais ne les prononce. Moi la première. Je ne demande pas du secours. Je me contente de crier silencieusement dans le monde. Jusqu'à ce que quelqu'un, enfin, daigne entendre mes muettes paroles me tende la main.
Mais...
au secours
Tellement simple !
Ce sont les mots sortis de la gorge de la fillette.
Ces mots tout emprunts de détresse.
Je ne peux pas m'éloigner en la laissant là. Je ne peux pas faire la sourde oreille, jouer celle qui n'a rien entendu.
J'ai toujours aimé tendre la main aux abandonnés.
Et elle... elle est si jeune ! Trop, pour être déjà dans ce cas. Ce n'est pas juste. Je me sens soudainement l'envie de la pousser de nouveau vers le monde. Parce que ce n'est pas juste. Si jeune. Et déjà...
Pourquoi ?
Ce n'est pas juste...



Je pointe ma propre baguette sur elle. Ou plutôt sur son genou blessé.
Un informulé #vulnera sanentur, répété trois fois.
La plaie se referme.
Le saignement s'estompe.
Une bonne chose de faite.
Puis je tends la main vers son visage. La pose sur sa joue trempée de larmes. Un contact qui se veut rassurant. Et un petit sourire pour compléter le tableau.

-Je peux t'aider.

Peut-être
Parfois, moi aussi
J'suis perdue
Mais
Je veux tendre la main
Aux autres
En perdition.


Je me relève.
Réémerge au milieu de la foule qui nous contourne à droite, à gauche.
Je vois, au loin, l'oeil d'un agent de gare qui semble nous regarder.
Peut-être qu'il se demande...
Ce qu'on fait là, par terre.
Il approche.
Comme quoi, certains nous remarquent. Ils ne sont pas tous aveugles comme je le croyais.
Il a un léger air inquiet -il a peut-être vu que la fillette est très jeune, sans parents, sans personne.

-Tout va bien jeunes filles ?

Je hoche la tête, un air rassurant au visage.
Un sourire poli.
Faire comme si.
Pour pas être embêtées.

-Vous en faites pas, tout va bien. Juste... une mauvaise chute. Mais rien de grave.

Il fronce les sourcils. Un peu.
N'a pas l'air très convaincu face au flot de larmes déversées par la petite.
Mon regard insiste.
C'est bon, c'est bon, une histoire qu'on va régler entre nous ; vous embêtez pas.
Il finit par repartir.
Et je me tourne vers la fillette. Lui tends la main pour lui proposer de la relever.

-Je m'appelle Kohane.

Se présenter.
Pour inspirer confiance.
Calmer les méfiances.
Et pouvoir plus facilement sécher les larmes.

-Viens, éloignons-nous un peu. On est au milieu des gens, là.

Deux locomotives abandonnées qui se croisent.
Les rails qui se mêlent.
Où donc pourront-ils nous mener ?
Qu'importe.
J'me fous bien de la destination. Tout ce qui m'intéresse, c'est avancer.

Isolde Momba
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Re: En direction du métro
Isolde Momba, le  Lun 14 Aoû - 1:13

Libre arbitre confié par Kohane ; je lui accorde également le mien ☆

L'on s'effraie facilement face au silence. L'on est mal à l'aise lorsqu'il s'installe, l'on se sent étouffer lorsqu'il se prolonge. Comme s'il tendait à occuper l'espace. Cela ne prend pas de place, pourtant, le silence. Une conversation qui se suspend. Une mauvaise nouvelle que l'on craint d'annoncer. Une réponse négative que l'on se refuse à donner. Le silence fait peur car il précède toujours quelque chose de désagréable, quelque chose de mauvais. Une dispute sur le point d'éclater. Des pleurs. Le silence inquiète car il nous renvoie à la mort. Les vivants parlent ; seuls les morts se taisent.

Brisée par le chagrin, Isolde n'entendait plus rien. La violente pulsation dans ses tempes lui faisait l'effet de coups de marteau cruels et répétés. Ses larmes semblaient brûler son visage gelé. Elle était prise de convulsions incontrôlables. Elle sentait le souffle chaud et étranger de la jeune femme qui s'était approchée d'elle. Son genou lui faisait terriblement mal.

Le silence d'Isolde fut suivi d'un faible appel à l'aide auquel répondit un autre silence. Mais ce silence-là fut vital. L'inconnue pointa sa baguette vers la blessure et la soigna en quelques instants. Elle tendit ensuite sa main vers le visage de la fugitive qui n'eut pas l'énergie de s'écarter. Un contact qui fut comme un électrochoc et arrêta net ses tremblements frénétiques. Une indescriptible sensation. Celle de ne plus être seule. Une bulle de silence s'était formée autour des deux silhouettes et ne se brisa pas lorsque la bienfaitrice lui affirma qu'elle pouvait l'aider.

La fillette voulut s'accrocher à la femme qui se relevait et ne la quitta pas des yeux en dépit des larmes qui lui rendaient la tâche difficile. Un homme s'inquiéta de leur état, vague onde sonore ne réussissant pas à pénétrer dans la bulle. Il n'insista pas longtemps. La jeune femme reporta son attention sur Isolde et l'aida à se remettre debout. Celle-ci grimaça de douleur – la chute avait été plus violente que ce qu'elle croyait – mais sa bouche n'émit aucun son. Les larmes continuaient de couler, serpentant le long de ses joues.
— Je m'appelle Kohane.

Kohane. Ton silence est inestimable. Ton silence est beau. Ton silence est apaisant. Tu as su l'amadouer. Tu as compris qu'il n'est pas bien méchant et qu'il ne présage rien de mauvais. Il est devenu ton docile compagnon, il t'accompagne partout où tu te rends. Ton silence vaut toutes les paroles salutaires du monde.

Isolde se laissa emmener à l'abri des passants à la fois indiscrets mais indifférents. Qu'ils restent au milieu du vacarme, qu'ils se laissent assourdir par toute cette cacophonie d'horloges qui carillonnent, de hauts-parleurs qui aboient, de pas qui martèlent, de valises qui ronflent, de portes qui claquent, de trains qui sifflent !

Les deux âmes silencieuses se dirigèrent vers un endroit moins fréquenté. La Gryffondor avait à peine conscience de ce qu'elle faisait tant elle se sentait épuisée et vide. Elles s'éloignèrent de l'atmosphère ventée de la gare pour rejoindre l'espace plus confiné et chaud de la station de métro attenante. Isolde plissa les yeux devant tant de lumière. Ils étaient tout irrités par les larmes. Elle fit un faible signe en direction d'une porte de service qu'on avait négligé de fermer. L'intérieur semblait faiblement éclairé ; il devait probablement s'agir d'une salle où était entreposé du matériel d'entretien. Isolde tira sur la manche de son ange gardien pour l'inciter à entrer.

La fillette avait vu juste. La pièce était peu profonde et sa largeur ne permettait pas à plus de deux personnes imposantes de passer de front. Çà et là étaient dispersés des seaux, serpillières, balais, éponges, gants, masques de protection, tissus et produits de nettoyage dont l'odeur s'était imprégnée dans les murs. Celui de gauche comportait une étagère inexploitée tandis qu'une petite table et trois chaises empilées avaient été installées dans le coin au fond à droite. Isolde laissa la jeune femme verrouiller la porte afin que personne ne vînt les troubler dans leur bulle de fortune.

L'endroit était tranquille ; au loin, on entendait vaguement le ronronnement d'une soufflerie. Il n'y avait désormais plus que Kohane et Isolde. Seules dans ce silence. La respiration de la fillette, jusque-là pénible et entrecoupée de violents sanglots, se fit plus calme, plus lente. Elle regarda son aînée sans mot dire. Elle était incapable d'esquisser le moindre geste, ni même de sourire. Aussi resta-t-elle plantée au milieu de la salle, chevelure ébouriffée, épaules rentrées, bras ballants au bout de l'un desquels pendaient sa baguette et son sac à dos.
Kohane W. Underlinden
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Re: En direction du métro
Kohane W. Underlinden, le  Jeu 7 Sep - 19:46



A petits pas feutrés, nous nous éloignons. Avant que la gigantesque machine de l'humain en condition de foule ne nous avale et nous broie.
Je zigzague un peu, évite la valise ou l'enfant qui court derrière ses parents. Et la petite est toujours là. Je la sens. Près de moi. A me suivre. Son appel au secours toujours brandi haut, larmes pour témoin de sa détresse.
Nos pas vont, nous portent. Je ne sais pas où je vais. Peut-être que la petite en a une idée ? Qui suit qui, d'abord ? Je ne sais plus si c'est moi qui me glisse à sa suite ou l'inverse. Puis, qu'importe. Nous restons ensemble, c'est tout. Elle est si jeune ; je ne la laisserai pas seule ici, avec son sac à dos pour unique arme face à la vie.
Alors que nous nous éloignons des autres, je me demande ce qui a pu la pousser à venir jusqu'ici. Ce qui a pu lui donner les ailes nécessaires pour quitter son foyer et se réfugier dans une gare, regarder les trains en partance avant de pleurer toutes les larmes de son corps.
A-t-elle seulement un foyer ?
Si ça se trouve, elle vit dans un orphelinat qu'elle a fui. Ca doit arriver plus souvent qu'on ne le croit, ce genre de chose.
L'air concentré, je me rappelle pourquoi je l'ai interpellée.
Sa baguette.
C'est une jeune sorcière. Sans doute tout juste scolarisée à Poudlard. Une première année. Deuxième, grand maximum. Une fillette sur ses gardes, un peu craintive de l'inconnu. Qui n'a pas peur de l'inconnu ?



C'est comme une grosse bouffée d'air chaud lorsque le monde disparaît et que la station de métro apparaît. La lumière artificielle, l'aspect souterrain et confiné. Un cocon de béton. Des gens qui attendent en silence. Pas beaucoup. Juste une petite mamie assise avec sa canne, un couple qui regarde les rails, un possible étudiant perdu dans ses pensées...
Ca indique encore quatre minutes.
Avant la prochaine arrivée.
Avant que le métro Moldu ne surgisse du lointain, pour venir cracher ses passagers sur le quai tout en ravalant d'autres.
C'est un cycle à n'en plus finir.
Je remarque la petite me faire un signe, désigner une porte de service apparemment pas fermée. Le coin idéal pour un peu d'intimité. S'éloigner du reste, être caché parmi les autres. C'est excitant. Ce pétillement enfantin de savoir qu'on est là mais que personne ne nous voit. Que tout le monde nous croit loin, nous cherche, même, alors qu'on est juste là. Presque sous leurs yeux.
Nous nous faufilons discrètement dans l'antre secrète.
Personne ne fait attention à nous.
L'endroit est exigu. Serré. Mais je m'y sens bien. Comme protégée. En compagnie de la fillette aux grosses larmes.
Un #collaporta, pour être sûre de la tranquillité. Alors qu'au loin résonne le bruit d'un métro qui arrive au galop.
Je regarde la jeune fille. L'air ébouriffé, les épaules rentrées, presque tortue dans sa carapace. A vouloir disparaître. Jusqu'à ce qu'on l'oubli. Pour renaître. Aux yeux des gens.
Je la regarde, perdue dans cette si minuscule salle. Et je fais un pas en arrière, rencontrer le mur, s'y appuyer.
Un silence.
Malgré son mutisme et son aspect un peu renfermé, je sens qu'elle se calme. La respiration se fait de plus en plus lente. Reprendre un cours normal. Alors, qu'étouffés, les bruits du dehors nous parviennent.
Le métro est passé, je pense. Je crois l'avoir entendu repartir.
Il n'y a plus un son.
Appuyée contre le mur, je soupir, ferme les yeux quelques secondes.
C'est étrange. Comme cette bulle me paraît hors du monde. Alors que nous sommes en plein dedans. C'est fou. Comme tout est arrivé d'un seul coup. Je ne pensais pas tomber sur quelqu'un à aider. Quelqu'un de perdu. A qui tendre la main. Quelqu'un à relever, essuyer ses larmes, tendre l'oreille à ses gémissements inaudibles pour les autres.
Je pensais passer encore une soirée en solitaire.
A fuir la maison, à fuir mon destin, me retrouver seulement face à moi-même.
Et
En fait, elle était là.
Elle.
Fillette sans nom.
Aux larmes-perles roulant sur les joues.
Elle a croisé mon chemin ; je me suis arrêtée.
Et nous voilà. Face à face. Une poupée fragile. Que j'aimerais protéger. Ne serait-ce qu'un instant. La protéger contre la vie. Et lui permettre de repartir, plus forte. Faire de ses failles une force qui lui permettra de faire, chaque jour, un nouveau pas.

Le regard de nouveau planté sur la fillette, je croise les bras sur ma poitrine.
Encore un peu de silence.
Elle ne semble pas vouloir parler.
Ou trouver les mots pour parler.

-Ici, c'est un monde dans un monde, tu trouves pas ?

Un léger sourire.

-Alors ?

Qu'as-tu à raconter ?
Veux-tu parler ?
Je peux t'écouter.
Mais je ne te forcerai pas.

Isolde Momba
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Re: En direction du métro
Isolde Momba, le  Sam 9 Sep - 19:32

Lèvres pincées. Gorge nouée. Ça ne sortait pas. Isolde avait l'impression qu'elle n'avait rien à confier. C'était pourtant tout le contraire : il y avait tant à dire que les mots se pressaient dans son larynx, s'agglutinaient dans sa bouche mais restaient coincés, prisonniers de leur propre désir de fuir. Tel un félin trop corpulent pour passer à travers la chatière. Alors qu'il suffisait d'ouvrir la porte et de laisser ces maux sortir. La jeune femme semblait l'avoir compris.
— Ici, c'est un monde dans un monde, tu trouves pas ? Elle sourit. Isolde lui adressa un regard inquisiteur. Alors ?

Kohane avait déverrouillé le loquet et actionné la poignée, calmement. La lionçonne resta immobile. Le « Alors ? » permit d'entrebâiller la porte. Isolde était encore apeurée et restait sur ses gardes. Néanmoins, elle ressentit une irrépressible envie de passer la patte à travers l'ouverture et de sortir. De sortir de son silence, de s'extraire de ses souffrances qui lui collaient à la peau et dont elle ne parvenait pas à se débarrasser. Parasites qui paralysent. Elle posa sur la table ses affaires, y compris sa baguette – elle n'en aurait pas besoin. Elle attrapa une chaise et s'assit.

Mains passées dans la crinière avant de s'enfouir dans le sweat-shirt. Grande inspiration. Longue expiration. Discrète déglutition. Inspiration.

— Isolde. J'm'appelle Isolde. J'habite à Londres. J'habitais. J'suis à Poudlard maintenant. Sauf pour les vacances. Mais je déteste mon père.

Cette dernière phrase semblait complètement déconnectée des autres. Elle était survenue sans prévenir et Isolde n'avait pu la retenir. La brèche était définitivement ouverte. Elle s'y engouffra et raconta tout aux yeux qui avaient bien voulu se poser sur elle, à la main qui avait bien voulu agripper la sienne, à l'oreille qui semblait bien vouloir l'écouter. Elle répétait sans cesse qu'elle haïssait son père. Il avait trahi sa mère. Il les avait trahies, sa sœur et elle. Il l'aimait toujours, il disait qu'elle serait sa fille pour toujours, mais elle, elle le détestait. Il n'était plus son père. Elle voulait partir. Ne plus jamais le revoir. Il refusait de s'effacer de sa vie ? Alors c'est elle qui disparaîtrait. Elle lui souhaitait tout le mal possible. Qu'il soit triste. Qu'il soit seul. Que personne ne l'aime. Il avait adoré les mauvaises personnes et négligé celles qui lui avaient toujours été loyales et qui l'avaient sincèrement aimé. Elle avait manqué de le tuer, peu après le divorce.
— 'Y a deux ans. J'avais pas fait exprès. Mais j'aurais dû garder les poings fermés. Laisser la cravate se resserrer. Jusqu'à ce qu'il crève. Il le meuritait.

La fulminante et féline fillette fit silence. Les images tourbillonnaient à toute allure dans son esprit, elle sentait sa rage bouillonner dans tout son corps et inonder ses veines, ses entrailles, ses poumons. Tout. Son cœur s'était remis à battre à tout rompre. Les mains toujours enfoncées dans la poche ventrale de son vêtement, Isolde planta ses griffes dans la chair et se lacéra les avant-bras. Elle baissa la tête et sentit soudainement une douleur aiguë au niveau du nez. Une goutte carmin s'écrasa sur le tissu gris clair.
Kohane W. Underlinden
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Re: En direction du métro
Kohane W. Underlinden, le  Dim 8 Oct - 16:42



La petite ne répond pas de suite. Peut-être qu'elle n'a pas envie de parler, au fond. Je ne pourrai pas la forcer. Je ne le ferai d'ailleurs pas. Mais je peux attendre. J'ai tout mon temps. Rien ne presse, rien ne requiert ma présence ailleurs. Je peux rester ici jusqu'au bout de la nuit, si elle le souhaite. Dans le silence reposant, régénérant. De ce silence qu'on savoure calmement. A écouter seulement les respirations qui s'entremêlent. L'absence de mots qui, parfois, en dit plus que les mots mêmes.
Patience infinie quand il s'agit de parler, faire parler.
Je saurai rester là, immobile, à l'attendre. Attendre qu'elle daigne venir à moi, la petite. Pour sécher ses larmes. Comprendre son cœur. Panser son âme.
Finalement, elle semble se décider à baisser les armes. Son corps aussi, s'affaisse. Posé sur une chaise, désormais. Quitter la haute stature debout. Pour se rapprocher du sol.
Mon œil glisse sur la table où elle a, au préalable, déposé ses affaires. Y compris sa baguette. Elle a quitté la posture de la petite effarouchée qui a, tout à l'heure, pointé son arme sur moi, unique protection, sentiment de sécurité face à l'inconnu.
Je ne saurais dire si elle est plus détendue.
En tout cas, elle se veut moins agressive.
Pour ma part, je ne quitte pas mal place, appuyée contre le mur. Bras croisé. Regard calme. Un peu perdu, de temps à autre.
Enfin, elle se décide à parler.

Des phrases banales, au début. J'apprends ainsi son nom. Isolde, dit-elle. C'est joli, ça. Isolde. Londonienne. Elève de Poudlard également. Evidemment. Elle a une baguette. Comment pourrait-il en être autrement ? Elle fait forcément sa scolarité dans cette école si réputée. Celle qui regroupe tous les sorciers de Grande-Bretagne. Et parfois un peu d'ailleurs, aussi, suffit qu'ils aient des racines sur l'archipel.
Je ne réagis pas lorsqu'il affirme détester son père. Pourtant, mon esprit accroche les mots. Ces mots. Mon esprit tique mais je laisse passer le tac -je ne réponds rien. Gardant les questions pour plus tard. Je sens que ce n'est pas le moment. Parce qu'Isolde est lancée. Et que ses mots s'enchaînent, douce rivière qui se déverse dans cet univers si étroit. Avant, il y avait la rivière de larmes, l'eau salée le long des joues. Maintenant, c'est une rivière de mots, emprunts de tristesse, d'acidité, d'une blessure jamais cicatrisée.
Et moi, oreille attentive, j'écoute.
Je ne peux faire que cela pour elle. Pour l'instant.
Ecouter ses phrases qui se déversent sans plus s'arrêter -comme si elle ressentait soudainement le besoin de les dire. Elles se bousculent entre elles, racontent, chacune à leur manière, en allant chaque fois un peu plus loin, une vie en équilibre précaire, une famille déchirée et une petite fille qui finit par haïr tout cela.
La colère bouillonne dans son cœur autant que dans sa voix. La rage face à la situation, la figure du père aimant qu'on aimerait ne plus aimer.



La tête désormais baissée. Après avoir raconté toute l'histoire.
Les mains toujours enfouies. Dans la veste. Si près du ventre. Ce deuxième cœur qui concentre toutes les émotions. Ce cœur qui sait se tordre sous la joie, sous la colère, sous la peur, sous la tristesse. Qui sait se mettre à l'envers pour tout et n'importe quoi.
La tête baissée. Et la goutte de sang vient s'en échapper. Je la vois s'écraser sur le vêtement. Tâche rougeâtre bientôt passée, plus aussi vermeille, presque rouille. Je fouille dans les poches de mon pantalon et finis par lui tendre un mouchoir en papier.
Silence.
Il n'y a plus de questions à poser, en fait.
Elle a déjà tout dit.
Il n'y a plus que des mots pour réconforter.
L'aider à se débarrasser de ce poids maudit.

-Un divorce, c'est jamais facile.

Enfin, je crois.
Je ne sais pas. Je n'ai jamais vécu ça.
J'ai eu la chance de n'avoir jamais vécu ça. D'avoir toujours vécue entre des parents qui s'aiment, continuent de vivre ensemble, d'être bien ensemble. Même si, à dire vrai, moi aussi, il m'arrive de me dire que je les hais. Mais pour d'autres raisons. Pour d'autres trahisons.

-Mais cela ne change rien à l'amour qu'un parent porte à son enfant. Ce n'est pas de l'enfant, qu'on divorce. Mais du conjoint ou de la conjointe. Et parfois, cela vaut mieux. Pour tout un tas de raisons. La situation est, certes, plus pareille qu'avant. Mais le cœur d'un père envers sa fille demeure immuable. Qu'importe ce qu'il s'est passé entre lui et ta mère.

Mon regard scrute le plafond -un soupir.
Air confiné. On pourrait se sentir à l'étroit. Claustrophobe.
Mais moi. Je suis bien.

-Je comprends ta rage et ta colère. Mais il faut aussi que tu arrives à entendre que, quoi qu'il en soit, ton père t'aime, t'aimera toujours.Tu resteras sa fille, qu'importe ta colère.

Un léger sourire adressé à Isolde.
Un sourire rassurant.

-C'est précieux, ça. Crois-moi. Certains ont la situation totalement inverse de la tienne : des parents mariés mais qui n'ont pas une once d'amour pour leur enfant. Alors. Je pense que tu es injuste envers ton père.

Ou alors c'est que je n'ai pas tous les fils de l'histoire.

Injuste.
Voilà un mot fort.
Mais justement. Je veux qu'il soit fort. Pour qu'elle comprenne. Ou me dise, au contraire, que c'est moi qui n'ai rien compris à ce qu'elle raconte.
Mais je veux qu'elle réagisse.

Isolde Momba
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Re: En direction du métro
Isolde Momba, le  Dim 29 Oct - 22:01

Et tandis que la fillette au cœur béant déversait tout son venin, tout son chagrin, toute sa haine contre son traître de père, Kohane restait silencieuse et écoutait. L'esprit d'Isolde était si plein de souvenirs et de sensations qu'elle en était totalement aveuglée ; elle ne distinguait désormais plus la jeune femme, ni même la pièce dans laquelle toutes deux se tenaient, à l'abri du monde extérieur. Les impressions défilaient à toute allure à la manière d'un folioscope ; certaines étaient cependant interrompues par une sorte d'écran noir.

Isolde se tut et baissa la tête. Elle ignorait si elle avait fermé les yeux tout ce temps, mais à présent elle voyait parfaitement la tache carmin grignoter le gris de son sweat-shirt. Elle porta la main à son nez et aperçut du coin de l'œil la sorcière qui vérifia le contenu de ses poches et lui offrit un mouchoir. Isolde murmura un « merci » à peine audible et veilla à garder la tête bien en avant tandis qu'elle pressait le doux papier blanc contre sa narine. Kohane finit par briser le silence qui s'était de nouveau installé :
— Un divorce, c'est jamais facile. La lionçonne n'avait rien à répondre à cette phrase qui ne relevait finalement que de la fonction phatique. On exprime des banalités lorsque l'on ne sait pas quoi dire. Autant se taire. Mais cela ne change rien à l'amour qu'un parent porte à son enfant. Ce n'est pas de l'enfant qu'on divorce. Mais du conjoint ou de la conjointe. Et parfois, cela vaut mieux. Pour tout un tas de raisons. La situation est, certes, plus pareille qu'avant. Mais le cœur d'un père envers sa fille demeure immuable. Qu'importe ce qui s'est passé entre lui et ta mère.
— Ça veut dire quoi, immuable ? répondit simplement Isolde d'une voix nasillarde.

Pour le reste, elle n'avait pas envie d'entendre de telles paroles. Elle savait qu'il l'aimait toujours. Elle comprenait aussi que quelque chose s'était définitivement brisé entre ses parents. Elle ne pouvait cependant tolérer d'avoir été négligée, oubliée, tandis qu'Isaac Hawkes batifolait impunément avec des inconnues.
— Je comprends ta rage et ta colère. Mais il faut aussi que tu arrives à entendre que, quoi qu'il en soit, ton père t'aime, t'aimera toujours. Sourire qui se voulut rassurant. Tu resteras sa fille, qu'importe ta colère.
— Je m'en fous de ça ! feula-t-elle en se relevant, manquant de faire tomber la chaise. Il m'a oubliée. Il a oublié Maman, il a oublié Leanne. C'est comme si on n'avait plus existé pendant quelque temps avant qu'il se rende compte qu'on était toujours là et qu'il nous avait abandonnées. Je m'en fous qu'il m'aime maintenant.
— C'est précieux, ça. Crois-moi. Certains ont la situation totalement inverse de la tienne : des parents mariés mais qui n'ont pas une once d'amour pour leur enfant. Alors. Je pense que tu es injuste envers ton père.

Injuste ?! Injuste ?! Elle avait tant souffert et c'était elle, la victime, la pauvre enfant délaissée, que l'on accusait ? Cette silhouette juvénile, ces rondeurs enfantines devaient-elles être blâmées et cet homme adulte ayant un temps nié ses responsabilités devait-il s'offusquer d'être la cible de tant de haine et de tant de rancœur ?

Dans un accès de colère, un étrange phénomène se produisit. Isolde se tenait toujours debout, raide comme un piquet mais menaçante, le regard effrayant, presque déshumanisé, tourné vers la pauvre idiote qui n'avait rien compris. Sa main gauche était toujours en train d'éponger le saignement ; la droite s'était repliée pour former un poing aux phalanges saillantes. Elle serra, serra plus fort encore. Le mouchoir se désagrégea une fraction de seconde plus tard et l'écoulement sanguin se fit plus important. Sa paume récolta le sang. Bientôt, la coupe fut pleine et déborda. Cascade vermeille qui finissait sa course sur le sol auparavant immaculé. Privée du liquide vital, Isolde chancela. Elle regagna sa chaise de justesse et perdit connaissance.

Magie incontrôlable d'une enfant ulcérée.
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Re: En direction du métro
Kohane W. Underlinden, le  Sam 2 Déc - 15:28



Désolée du retard :mm:

Geste simple de plaquer le mouchoir contre le nez pour en arrêter le saignement. Et la question du bout des lèvres : ça veut dire quoi immuable. Une explication rapide. Tout pourrait se passer de façon banale. Seulement une discussion. Entre une petite fille perdue. Et une autre, plus âgée, qui aimerait se dire moins perdue et guide -pourtant, la vérité est loin de ça, je suis, parfois, aussi perdue qu'elle dans le noir, aussi tâtonnante et hésitante et chancelante.
Mais soudain, il y a la vague de rage et le petit corps qui se lève et qui réplique et enflamme l'atmosphère. Immobile face à ses mots qui se déversent, je garde ma position de statue, me contentant de la fixer. Alors qu'au fond, sa colère m'ébranle et que j'aimerais poser mes doigts sur mes tempes, fermer les yeux quelques secondes -la situation a l'air plus compliquée que prévu d'autant que je n'y connais pas grand-chose en parents divorcés. Ni en enfants oubliés.
Je n'ai personnellement connu ni l'un ni l'autre -encore que ma situation ne soit pas forcément plus facile, elle est juste différente et il m'arrive aussi de haïr mon père autant que ma mère mais pour d'autres raisons. Et j'ai pu connaître des enfants oubliés de leurs parents, grandissant seuls dans leur coin. Mais jamais ils ne m'en ont vraiment parlé. Jamais je n'ai eu à les tenir dans mes bras pour les rassurer à ce propos.
Alors
Je ne sais pas trop quoi faire.
Tandis que la petite explose.
Debout et droite face à moi, immobile. Le poing crispé, tout le corps tendu. Peut-être prête à attaquer. Je cligne un peu des yeux mais c'est tout. J'attends. Ce qu'elle va faire. Au vu de son jeune âge, je sais que je pourrai la maîtriser si elle dépasse les bornes. Mais tant qu'elle ne fait rien, je ne ferai rien.
Et finalement, c'est le mouchoir qui prend. Bientôt, plus de barrière pour arrêter le flot sanguin de se déverser. Un filet recueilli en premier lieu par la main. Avant que le petit corps ne titube pour s'affaler sur une chaise. Et demeurer immobile. Sans conscience. Juste un corps. Posé sur une chaise. Et plus rien.



Je m'approche doucement d'elle, vais pour éponger avec un nouveau mouchoir le sang avant de me rappeler que je devrais pouvoir arrêter l'hémorragie d'un coup de baguette.
Arme sortie, sortilège informulé, ça a l'air d'avoir marché.
Alors essuyer ce qui a déjà coulé. Vague coup d'oeil au sol où quelques tâches rouges se voient. Je m'en occuperai plus tard.
Je tâte son pouls qui ne paraît pas anormal. Tant mieux. Je n'aurais pas à l'emmener jusqu'à Ste Mangouste, comme ça. Comment je l'aurais expliqué à son père ?
Un petit #revigor pour lui redonner de l'énergie.
Et je la secoue doucement. Délicatement. Accroupie à côté d'elle et sa chaise.

-Eh. Isolde.

Le nom pour provoquer le réveil et la reconnexion des sens.
Le nom pour interpeller et faire ouvrir les yeux.
Je finis par m'asseoir par terre, à côté de sa chaise. Baguette toujours entre les doigts. Je la tourne et retourne lentement. Comme pour réfléchir.
Puis je lève un peu la tête vers la jeune fille.

-Pourquoi tu lui parles pas ?

Silence.

-Pourquoi tu lui dis pas tout ce que tu m'as dit ? Il en a peut-être pas conscience... Parfois, je me dis que les parents font des trucs... ils se rendent pas compte à quel point c'est blessant. A quel point ça peut faire mal.

Ma main se crispe sur ma baguette.
Je me mords la joue.
Des fois aussi, je me dis qu'ils s'en fichent. Mais dans le fond, un père, une mère devrait pouvoir, savoir écouter son enfant, non ? Entendre ses appels à l'aide. Et ses signaux de détresse.

Isolde Momba
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Re: En direction du métro
Isolde Momba, le  Jeu 4 Jan - 22:57

Bonne année Kohane ! Ma résolution : être à jour de mes RPs !

Un grondement excessivement sourd, une lumière soudainement insupportable. Puis plus rien. L'espace d'un instant, Isolde ne fut plus rien qu'un corps inanimé sur lequel progressait une coulée de sang.

Combien de temps s'absenta-t-elle ainsi ? Elle ne le saurait jamais. Mais tandis que son esprit s'enfonçait plus encore dans les méandres du néant de son étourdissement, une sensation d'être ramenée à la vie de force. Et une voix.
— Eh. Isolde.

Épuisée d'avoir tant existé quelques minutes auparavant, la fillette peina à ouvrir les yeux à l'appel de son prénom. Ses lourdes paupières retombèrent aussitôt. Elle entendit cependant assez distinctement le froissement des vêtements de Kohane qui s'asseyait près d'elle, telle une mère veillant sur son enfant revenu d'un terrible cauchemar. La voix reprit :
— Pourquoi tu lui parles pas ? Pourquoi tu lui dis pas tout ce que tu m'as dit ? Il en a peut-être pas conscience… Parfois, je me dis que les parents font des trucs… ils se rendent pas compte à quel point c'est blessant. À quel point ça peut faire mal.

La jeune femme semblait l'avoir enfin comprise. Une indescriptible sensation de libération parcourut le corps d'Isolde de la tête aux pieds. Elle parvint à garder les yeux ouverts et tourna la tête vers sa protectrice dans un mouvement lent. Oui, Kohane l'avait comprise. Isolde avait eu si mal… Elle avait enfoui sa souffrance bien au fond de son petit cœur et l'avait recouverte d'une épaisse couche de haine, le tout protégé par une robuste armure de silence. L'ange gardien avait raison. Isolde s'était tue, presque tuée, trop fière pour avouer ses tourments, trop aveuglée pour avoir une chance de les surmonter. Elle venait de comprendre qu'elle avait étouffé ce cri intérieur depuis trop longtemps ; personne n'avait pu l'entendre.
— Je… je vais lui parler, dit-elle d'une voix faible.

Dans un geste qui lui demanda à nouveau beaucoup d'énergie, Isolde tendit la main vers Kohane. D'ordinaire, elle évitait le contact physique avec tout être qui n'était ni sa mère, ni sa sœur. Cette fois-ci, la lionçonne baissa la garde et réclama d'être serrée dans les bras aussi fort que possible afin d'y puiser la force qui lui permettrait de parler, de dire, d'avouer et, peut-être, d'écouter.
Kohane W. Underlinden
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Re: En direction du métro
Kohane W. Underlinden, le  Mar 6 Fév - 16:44


   
   

La jeune fille reprend peu à peu conscience, tirée de son état léthargique par mes sorts ou ma voix. Ou les deux.
Elle demeure sur sa chaise et ne dis rien. La vague de colère de tout à l’heure paraît être passée. En tout cas, elle me manifeste plus aucune rage. Au contraire. Elle paraît épuisée. Comme si son énervement précédent lui avait avalé toute son énergie, telle un prédateur affamé.
Elle reste sur sa chaise sans bouger et m’écoute.
Je ne sais pas trop si mes mots sont justes. S’ils sont ceux qu’elle aimerait entendre. Mais ils sont ceux auxquels je pense. Enfin... je crois. Il y a tant de choses qu’on ne voit pas tant qu’on ne nous les dit pas clairement. Alors qu’elles peuvent paraître évidentes aux autres. Pas à nous.
La parole est sans doute le meilleur des moyens.
Silencieusement, je me mords la joue.
Je m’improvise donneuse de conseils pour tenter de calmer et panser l’âme d’une petite fille en détresse. Alors que, je suis sûre, je serais incapable d’appliquer ce que je lui dit de faire.
Parler à son père. Expliquer ses ressentis, ses blessures, ses larmes et ses peurs.
Je devrais faire pareil envers ma propre famille. Mais. Comme Isolde, je me tais, je détourne le regard, je garde le tout enfoui et je fuis. Je cours sans me retourner pour ne pas avoir à affronter. Alors qu’au fond de moi, je sais pertinemment que là n’est pas la solution. Parler, exposer clairement les faits et les enjeux, voilà qui serait bien mieux.
Pourtant.
Je ne me sens pas encore prête pour cela.
Et Isolde. Se sent-elle prête ?
Accepte-t-elle de passer le cap, sauter au-dessus du vide du silence et, enfin, délier la parole ?

Le petit espace dans lequel nous sommes terrées s’emplit soudainement de sa voix. Qui dit qu’elle va le faire.
Elle va le faire.
Elle va lui parler.
Elle va mettre des mots là où ça fait mal. Des mots là où ça blesse. Pour expliquer. Pourquoi. Comment. Expliquer. Faire comprendre.
Je lève les yeux sur son visage et lui adresse un sourire encourageant. Elle a une force intérieure que j’admire et envie. Celle d’entendre et accepter de stopper la fuite. Celle d’accepter de se retourner et faire face.
Je me dis que. J’aimerais bien. Etre comme elle.
Trouver le courage de cesser de courir.
Et parler.
Je soupir intérieurement : un jour, ça viendra pour moi aussi. Un jour, ça viendra. J’apprendrai à me faire face dans le miroir et parler pour assumer.
Isolde m’apparaît soudain comme une petite fille ne cherchant, ne demandant qu’une seule chose : un brin d’affection.
Alors je me penche sur elle et la pend doucement dans mes bras. Comme j’aurais fait pour un enfant en pleurs. Pour essuyer ses larmes et rassurer son âme.
Je reste ainsi un bon moment, à tenir Isolde entre mes bras. En silence.
Et finalement :

-Il doit être tard. Je te raccompagne chez toi. Ton père s’inquiète peut-être.

/Tu as mon LA pour conclure si besoin\

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