- Ta sœur, elle a quel âge ?

*Oh mais ça va bien maintenant les questions ! C'est Scotland Yard cette fille ou comment ça se passe ?!*

Peter était un peu troublé par la façon dont Alice était entrée dans l'histoire, il lui semblait que cet interrogatoire n'allait pas avoir de fin. Et quel intérêt elle pouvait porter sur l'âge de sa sœur ? Peter ouvrit la bouche pour lui répondre mais aucun son ne sorti. Il avait déjà partagé pas mal de secrets avec elle, mais là cela en faisait un de plus. Annoncer qu'il avait une sœur de seize ans, non-scolarisée à Poudlard, c'était vendre l'identité cracmolle de Camilla.

- Tu veux bien me dire tout ce que tu sais ? Désolée pour toutes les questions, mais ... je dois en savoir plus pour t'aider.

Peter poussa un soupir ... Il allait bien falloir qu'il lui déballe l'histoire en entier. Après tout, il pouvait lui faire confiance et il ne pouvait pas lui en vouloir de poser des questions, il avait été tellement nébuleux.

- Ma sœur, Camilla, a seize ans. Et ... Enfin, elle n'est pas à Poudlard parce que c'est une cracmolle. Et mes parents partent de temps en temps avec elle pour lui changer les idées. Et là, ils sont partis en France, en Bretagne je crois, et ils n'ont plus de nouvelle d'elle depuis vingt-quatre heures. Mes parents se servent peu de la magie, mais là ils m'ont envoyé un hibou pour me prévenir et me dire d'être prudent. Car des sorciers font n'importe quoi ces temps-ci et ils ne font confiance qu'à Poudlard.

*Ouais, d'ailleurs tu devrais rentrer à l'intérieur te planquer dans ton lit au lieu de taper la discute à cette distance du sol ...*

- Ma sœur, Camilla, a seize ans.
Ouf, elle n'était pas si jeune, leur âge, elle pouvait se débrouiller un minimum. Mais alors pourquoi...?
- Et ... Enfin, elle n'est pas à Poudlard parce que c'est une cracmolle. Et mes parents partent de temps en temps avec elle pour lui changer les idées.
... Naître dans un monde magique sans aucun pouvoir, devoir supporter les questions, les regards. Ça devait être... compliqué. Pour le serpentard aussi.
- Et là, ils sont partis en France, en Bretagne je crois, et ils n'ont plus de nouvelle d'elle depuis vingt-quatre heures.
Vingt-quatre heures. C'était il y a vraiment peu de temps, alors...
Mes parents se servent peu de la magie, mais là ils m'ont envoyé un hibou pour me prévenir et me dire d'être prudent. Car des sorciers font n'importe quoi ces temps-ci et ils ne font confiance qu'à Poudlard.

Soudain, Alice réalisa quelque chose.
Elle venait peut-être de se comporter en idiote particulièrement blessante et énervante.
Qu'est-ce qui lui prenait, de bousculer son ami comme ça? Il était sûrement inquiet depuis un moment. Elle aurait dû le réconforter avant de lui poser toutes ces questions. Ça partait d'une bonne intention, mais c'était indiscret. Elle était vraiment en manque d'adrénaline. Au point d'oublier sa compréhension habituelle? Peu fière d'elle, la serdaigle posa sa main sur l'épaule de Peter.

- Excuse-moi, j'aurai pas dû...
Poser toutes ces questions de manière totalement déplacée sans penser à ce que tu pouvais ressentir, sans penser que tu pouvais avoir besoin d'une oreille amie et pas d'un interrogatoire, sans penser qu'elle était visiblement la seule à qui il en avait parlé et qu'il avait dû garder tout ça pour lui. Elle chercha son regard et prit un ton persuasif.
- Écoutes, on va la retrouver ta sœur. Je vais t'aider. Ok?

Après sa longue tirade, il y eu un petit instant de silence, comme si Alice réfléchissait ou qu'il lui fallait quelques instants pour réaliser ce qu'il venait de lui dire. Il fallait dire qu'il venait de lui donner tellement d'informations que cela aurait été compréhensible. Mais elle finit par percuter et posa sa main sur l'épaule du préfet des vert et argent :

- Excuse-moi, j'aurai pas dû ...

*Pas dû mettre ta main sur cette épaule oui !*

Peter, qui n'était pas très à l'aise sur un balais (c'était à se demander d'ailleurs ce qu'il foutait là), sentit un très léger déséquilibre se former qui ne le rassurait pas plus que cela. Son amie serdaigle, elle, avait pris un ton plus apaisant et planta son regard dans le sien. Elle lui parla mais Peter n'écoutait pas, ses pieds commençaient à se balancer légèrement dans le vide et il ressentait de légères sueurs froides dans son dos, le long de son échine. Il déglutit légèrement. Il ferma les yeux l'espace d'un instant mais ce qu'il vit ne le rassura pas du tout, il se voyait tomber la tête la première vers l'herbe gelée du parc à grande vitesse, rien ne semblait capable d'arrêter sa chute.

Pris d'un mouvement de panique, il rouvrit les yeux et se débattit instinctivement. Mais son pieds droit se prit dans les branches du balais et il tomba la tête la première vers le sol. Cette fois la chute était bien réelle, pendant qu'il prenait de la distance avec Alice restée en hauteur. Se souvenant de la vision d'horreur qu'il venait d'avoir, il pivota à la dernière seconde et s'écrasa sur son bras gauche.

En tout cas, cette histoire avait l'air d'être spéciale. Si il pouvait lui raconter un peu plus en détail... mais elle avait décidé d'arrêter les questions et de jouer la carte du réconfort.
- D'accord? Peter?
Elle avait perdu son attention, depuis le moment ou elle l'avait touché. *Je rêve ou il m'écoute pas du tout là...* Le serpentard parut mal à l'aise un instant, comme... déséquilibré par sa simple main. Enfin, ils en avaient vu d'autres, tout les deux... quand même, il n'était pas désorienté par ça? *Ces mecs, un rien les perturbe...* Et... il commençait à perdre de la stabilité... vraiment beaucoup... Alice retira sa main, mais il était trop tard: son ami perdit son équilibre pour de bon et tomba de son balais.

*Oh shi...* La sang-mêlée ne réfléchit pas et fit piquer du nez son balais le plus vite possible. Le rattraper. Ils étaient à plusieurs dizaines de mètres du sol, heureusement fait de sable, mais il risquait de ne pas se louper... en plus c'était sa faute... Elle se rapprochait du garçon en chute libre... encore quelques centimètres... tendit son bras vers lui... voulant lui prendre un bras, une jambe, le retenir... éviter la collision... *Et m*rde. Le sol est déjà là.* Ses doigts effleurèrent les vêtements du vert et argent, elle vit que la terre ferme était trop près, beaucoup trop près, elle devait se redresser maintenant... maintenant! Sa main se referma sur du vide, tendit qu'elle entendait le corps percuter le sol, et elle remonta d'un coup le manche pour éviter de connaître le même sort... resta quelques secondes en l'air... mais ce brusque changement de direction finit tout de même par l'envoyer à terre, suivie de près par Start (le balais). Au moins avait-elle éviter quelque chose de plus brutal...

Elle tomba sur ses pieds, se sentit pencher en avant, roula une fois, et se retrouva sur le dos. Mais la poursuiveuse se releva aussitôt.  Elle le pouvait donc tout allait bien non? Tremblante, un peu sous le choc, elle sentit son cœur battre la chamade. Toutes ses pensées dirigées vers une seule personne. Une seule question. *Peter, dis-moi que tu vas bien...*
Il n'était pas à plus de cinq mètres d'elle. Sur le côté. Elle se précipita vers lui, et chercha à voir ses yeux. Ses yeux. Réflexe idiot. Mais elle voulait les voir vivants.
- Peter ! Tu m'entends ?
Bon, elle aurait put trouver plus original. Mais le: "Est-ce que ça va" traditionnel était vraiment mal approprié à la situation: il venait de chuter de son balais, comment ça pouvait aller bien?

Un choc. Peter avait l'impression d'avoir passé de longues secondes à se débattre durant sa chute, finalement il était au sol. Tout sa masse corporelle s'était écrasé sur son bras gauche. A présent, chaque élément de son corps, ses nerfs, ses muscles, son cerveau, ne semblaient obnubilés que par la déchirante douleur qui émanait de son amortisseur maison. Dans un effort herculéen compte tenu de la douleur, il pivota pour se retrouver sur le dos et libérer son bras. Il envoya sa main droite soutenir son épaule, dans un geste d'auto-réconfort, pendant que ses yeux s'humidifiaient d'eux mêmes.

Prenant soudain conscience du monde qui l'entourait, Peter aperçu Alice, déjà occupée à essayer de capter son regard. Il ne savait pas trop bien ce que sa chute avait causée, mais il se sentait dorénavant capable d’emmagasiner plusieurs dizaines d'informations par seconde tout en restant centré sur la douleur atroce qui ressortait de son ossature brachiale.

- Peter ! Tu m'entends ?

La douleur semblait mouvante dans son bras, par moment elle s'atténuait pour revenir de plus belle, parfois elle était très localisée et parfois il pouvait la sentir jusqu'au bout de ses doigts. Peter se mordit la lèvre pour essayer de détourner l'attention de son cortex cérébral mais c'était inutile. Sans faire réellement attention à la serdaigle penchée sur lui, il finit par sortir :

- Foutus balais ! Mais qui est le fils de gobelins qui met ces trucs au point ?!

Trop occupé à se plaindre sur son propre sort, le jeune préfet ne laissait même plus subsister les barrières qu'il avait construites entre ce qu'il pensait et ce qu'il déclarait. Il n'était plus qu'un paquet de nerfs à vifs se tortillant sur le sol, trop chétif pour oser se relever sans aide et se rendre à l'infirmerie.

LA de Peter


Elle ne pensait plus à son bras. Encore moins à son dos qui venait de ramasser la chute, et dont la douleur commençait à se faire sentir. Franchement elle était plutôt bien tombée, c'était pas grand chose, quelques bleus et voilà. Tout ce qui importait pour la sang-mêlée durant ces dernières secondes était l'état du serpentard, qui, lui, avait fait une chute de plusieurs dizaines de mètres. Chute qui lui revint à l'esprit. Et surtout l'élément déclencheur. Elle... c'était elle qui l'avait déséquilibré. Non. Non. C'est ma faute en plus. Mais je l'ai à peine touché... je me rendais pas compte... m*rde. Ensuite, il était tombé. Et elle avait foncé. Et elle l'avait loupé. Et il y avait eu le bruit de son corps sur le sol sablonneux. Puis le sien. Et leurs balais? On s'en fout des balais.

Enfin, la serdaigle vit les yeux humides de Peter, dans lesquels elle lisait de la douleur.
Il est vivant merci Merlin
Dis quelque chose bordel
- Foutus balais ! Mais qui est le fils de gobelins qui met ces trucs au point ?!
Soupir de soulagement. Sourire nerveux. Oui, après ça, elle pouvait encore sourire. Mais nerveusement quand même. Il parle bon sang. J'ai jamais été aussi heureuse d'entendre sa voie. Mais il se crispa, et elle comprit que si ça aurait put être pire, ça aurait put aller mieux aussi. Il s'était fait mal. Très mal. Son corps se crispait, tremblait. Et son bras... pas besoin d'être médecin pour se rendre compte que l'angle, là, il était pas normal. Bref, il était trop tôt pour crier au miracle. Il s'en était pas sortit indemne.

- Oh p*tain Peter.
Laisser sortir la trouille qu'elle avait eue. Qu'elle avait toujours un peu d'ailleurs. Inspirer à fond. Stopper ses propres tremblements. S'éloigner de la tempête, se rapprocher du désert. Atteindre enfin un peu de calme. Assez pour pouvoir agir sans faire trop de bêtises. Elle hésita une seconde avant de poser sa main sur le sommet de son crâne, dans un geste presque maternel, tandis que de son autre main libre elle saisit sa baguette. Alice la pointa sur le membre blessé du préfet.
- #Curo As Velnus
Bon, il allait avoir besoin d'un médicomage, mais c'était toujours ça.
- Peter, faut que tu te lèves, on va à l'infirmerie...
Elle passa son bras valide autour de ses épaules et ils se levèrent difficilement, avant de commencer à marcher, clopin-clopant, vers le bâtiment. Ils récupéreraient leurs balais plus tard.

La dernière fois remontait à quand déjà ?
Quand ?

Quand avait-elle sentis ses muscles se déchainer sous sa peau pour la dernière fois ? Quand avait-elle sentis la tension, la concentration arriver à son paroxysme, à la transe ultime et vitale qui relie les porteurs aux portés ? Quand avait elle eu pour la dernière fois l'ultime satisfaction du travail d'équipe accomplis ?

La reponse était simple: il ya avait plus d'un an.
Plus d'un an qu'elle n'avait pas refoutu les pieds sur un piste. Plus d'un an qu'elle ne s'était pas faite engueulée parce qu'un mouvement maladroit aurait pu couter son cou à son partenaire. plus d'un an.

Et cela lui manquait.

Le cirque, la force brute camouflée par la grace acquise tant bien que mal, son exutoire, ses larmes, ses colères, son essence... Tout cela lui manquait. Et en restant passive elle acceptait de laisser mourir cette part d'elle. Et elle en avait marre.

Sauf que voilà. Aussi onirique que puisse être le métier de circassien, c'était une coutume moldu et elle n'avait encore croisé personne pour l'aider dans sa pratique, l'assurer ou simplement donner son apréciation. C'était pas assez... Magique. Pas assez grandiloquent pour les élèves de poudlard.
Kantaa avait donc réfléchi. Longuement. Il était temps qu'elle mette au point un projet: faire entrer le cirque chez les sorciers.
Pas forcément par la grande porte, pas forcément de manière aussi glorieuse que voulu. Mais elle y parviendrait. Et elle allait commencer par un domaine: le vol.

Elle y pensait depuis un moment déjà, à pratiquer son art sur un balais lancé dans les airs, à voltiger directement avec le vent. Elle allait le faire.

Aussi, pour se trouver des camarades de "sécurité", elle avait fait une petite anonce anonçant la chose suivante:


Elle avait daté et posé un petit sceau de Pouffsoufle puis l'avait mis sur un des panneaux d'affichages.

C'était samedi. Les Gryffondors venaient de finir leur entrainement et elle était descendu sur la pelouse pour attendre tranquillement que quelqu'un se pointe pour commencer joyeusement, ou au pire partir boire un chocolat chaud, dépitée et triste.