Lïnwe suivait silencieusement son amie Aredhel entre les murs du château, lyre et guitare en main. Ils parcoururent quelques couloirs avant d'arriver dans une aile du château que le première année ne connaissait pas encore. Ils passèrent devant plusieurs tapisseries dont une qui était plus comique que les autres: un sorcier tentait d'initier des trolls à la danse. Ces derniers portaient des tutus roses en dentelles, ce qui leur donnait une allure bouffonne.
Un sourire aux lèvres, il manqua de marcher sur sa comparse Gryffondor qui venait de s'arrêter devant un pan de mur. *Elle ne se rappelle plus de l'endroit ?* se demanda intérieurement Lïnwe. C'était un cul de sac, mais visiblement, la fille semblait savoir où ils étaient puisqu'elle avait fermé les yeux, sereine et en train de réfléchir intensément en fronçant légèrement ses fins sourcils.
Le garçon haussa les épaules, un peu surpris, mais attendant de voir ce que cela allait provoquer. Il n'attendit pas plus longtemps lorsqu'il vit se matérialiser devant eux une porte en bois noire. *Waho... décidément, Poudlard m'étonnera toujours je crois*
C'était donc ça la Salle-sur-Demande ? Superbe. Toutefois, il ne savait toujours pas comment s'y prendre pour la faire apparaître et il allait poser la question à la septième année mais l'intérieur lui coupa le souffle. Il ne s'attendait pas à voir toutes ses chaises et tables, cette estrade spacieuse et ces divers instruments.

- Wouahou...C'est génial ! Je n'était jamais venue avant et je me demande bien pourquoi ! Si tu veux un instrument en particulier, tu as juste a y penser et normalement il apparaitra quelque part dans la pièce.

La musicienne s'installa alors sur le tabouret d'un des deux pianos qui se trouvaient là et s'échauffa quelques secondes avant de regarder Lïnwe en souriant.

- C'est...trop cool ! Merci vraiment, Aredhel, de m'avoir emmené ici ! Et du coup, comment on fait pour la faire apparaître ? Est-ce qu'elle est toujours comme ça la Salle-sur-Demande ? demanda-t-il avide de savoir avant de s'asseoir au bord de la scène avec sa lyre.

En attendant la réponse de la lionne, il remarqua qu'il n'y avait pas de Triton dans la salle. Il pensa alors fermement, comme en métamorphose, à l'instrument en question. Il voulait la réplique de la guitare à trois manches du guitariste des Bizarr'Sisters, un petit trésor inestimable pour tout fan de ce groupe de musique mythique.

HRPG:

- C'est...trop cool ! Merci vraiment, Aredhel, de m'avoir emmené ici ! Et du coup, comment on fait pour la faire apparaître ? Est-ce qu'elle est toujours comme ça la Salle-sur-Demande ?

Le brunette posa son coude lu le bord dur en bois du clavier du piano, avant de poser sa tête sur sa main, songeuse. Elle réfléchis un instant a comment elle avait fait pour faire apparaitre cette Salle et expliqua tout, du mieu qu'elle le pouvait, au jeune garçon.

-Eh bien, tu as juste a penser tres fort a ce que tu veux. Les decors, l'interrieur, les choses dedans. Et la salle apparaitra, comme tu le désirais. Tu peux aussi faire apparaitre quelque chose la, au moment ou je te parle, juste en réalisant a le materialiser assez nettelent dans ton esprit. Et ça apparaitra.

La jeune fille laissa un sourire etirer ses levres. Elle esperait que Lin' avait compris. La Lionne délaissa son piano pour s'en aller attraper un violoncelle posé sur une table. Elle décala une chaise, s'asseiant dessu et cala l'instrument entre ses cuisses, attrapant l'archet. Elle joua quelques notes simples et commenca a jouer son morceau favoris de violoncelle, et surtout, celui qu'elle connaissait plus que par coeur ; Fade to Black d'Apocalyptica. Elle joua le début assez legerement, genée de jouer en lresence de quelqu'un et puis, la jeune fille se laissa finalement aller, ne pensant plus a rien, a part le violoncelle. Elle avait les partitions qui s'imposaient a son esprit. Elle avait les yeux fermés, apreciant le son de l'instrument, s'en delectant, même. Elle se sentait libre, sans contraintes ni limites. Elle ne voyait plus la piece. Seulement le violoncelle et elle. Elle aimait tendrement ce morceau, qui lui procurait tant de sensations et d'emotions. Tantot de la joie, tanto de la nostalgie. Elle n'avait jamais montré cette partie d'elle comme ceci a qui que soit. Une fois le morceau fini, elle soupira agreablement, libre de tout et souris a Lin'. Elle n'osa pas dire grand chose, étant bien consciente de s'etre emportée en jouant. Elle l'observa alors quelques instants, silencieusement.

HRPG:

Lïnwe se demandait comment Aredhel avait fait pour faire apparaître la Salle-sur-Demande. A vrai dire, la fille ne savait pas très bien non plus comment elle avait fait, ou du moins comment l'expliquer concrètement. En tout cas, elle arrêta de jouer un instant et posa son coude contre le rebord du piano, la mine songeuse.

- Eh bien, tu as juste à penser très fort à ce que tu veux. Les décors, l'intérieur, les choses dedans. Et la salle apparaitra, comme tu le désirais. Tu peux aussi faire apparaitre quelque chose la, au moment ou je te parle, juste en réalisant à le matérialiser assez nettement dans ton esprit. Et ça apparaitra, finit-elle par résumer.

*Wah, trop bien...* pensa intérieurement le garçon. Une salle où on pouvait faire apparaître ce que l'on voulait. La clé, c'était de savoir exactement ce que l'on cherchait, sinon, on se retrouverait devant un mur froid et vierge. En fait, c'était une véritable Salle-des-Désirs.
Ce n'était pas plus compliqué qu'en se concentrant pendant un cours de métamorphose. La base de cette matière, c'était la concentration. Elle était maître de tout, elle reposait sur notre réussite à faire apparaître, disparaître, imaginer, volatiliser, métamorphoser ou transformer... bien des choses.

- D'accord, merci beaucoup Are', c'est assez clair, en fait c'est un peu comme en métamorphose et comme j'adore cette matière...
Je vais essayer de faire matérialiser un Triton, comme ça tu sauras à quoi ça ressemble, ajouta-t-il tout content.

Il ferma un instant les yeux tandis que son amie musicienne jouait désormais un magnifique air de violoncelle. Il pensa silencieusement et minutieusement au Triton qu'il avait imaginé quelques minutes plus tôt: réplique des Bizarr'Sisters.
Il entendit un léger « Plop! » un peu plus loin devant lui et lorsqu'il ouvrit les yeux il vit le fameux instrument.

- Oh ouais ! Regarde Are', j'ai réussi ! s'exclama-t-il. Oh désolé, je ne voulais pas te faire arrêter ton morceau, c'était beau. Recommence, ajouta-t-il un peu gêné en remarquant que la Gryffonne le fixait.

Il prit la lyre qu'il avait emmenée avec lui et accompagna discrètement la jeune femme. Il irait bientôt s'attaquer au Triton, ainsi, il expliquerait un peu le fonctionnement de l'instrument à son amie. En attendant, il ne pensait à rien d'autre que la musique, l'univers magique qu'elle procurait. Le petite bulle protectrice qui faisait connaître au garçon un moment à la fois inoubliable et rempli de bonheur.

La brunette observa discretelent le jeune garçon qui ésseyait de matériliser son instrument. Elle regardait ce qu'il faisait et elle trougait sa réaction adorable. Un '' Pop ! '' sonore se fit entendre et un instrument peu commun apparut alors dans la pièce. Elle s'arreta de jouer et fi un sourire tendre au petit homme a ses cotés puis elle hocha la tête et recommenca a jouer. Linwë l'accompagnait avec sa lyre et ces deux instruments réunis en une même chanson donnaient une mélodie plus q'agréable pour les oreilles et l'esprit. Dumbledore lui même l'avait dit " La musique estla magie la plus forte que l'ont puisse connaitre ! ".

Aredhel termina son morceau sur une note basse et cala son instrument contre le mur pour se rapprocher de Lin. Elle observa l'instrument du jeune garçon et fronça les sourcils.

-C'est un Triton, ça ?

La lionne était intérréssée par cet instrument a la forme bizarre. Elle avait envie d'en apprendre plus sur cette chose et peu être même d'apprendre quelques bases.

-Comment ça marche ? Est-ce que ça donne le son d'une guitare électrique normale ?

Elle s'assit aux cotés de Linwë et elle toucha du bout des doigts l'instrument peu commun mais a l'aspect amusant. Ça lui rappellait vaguement un groupe de chanteurs sorciers mais vu qu'elle avait passé peu de temps dans le monde magique, elle n'en connaissait que tres peu. Elle avait encore des tas de choses a apprendre et a identifier et elle le savait. Elle était surtout très éxitée a l'idée de découvrir tout ce qu'il y avait à apprendre sur Poudkard et son passé et puis, elle avait déjà repéré quelques passages secrets qui pourraient lui être utiles un jour. Un soir. Peu importait.

Tu en joues souvent ? Si oui, tu dois être très doué ! J'avais jamais vu d'instrument pareil mais il a l'air particulièrement cool !

Elle lui fit un sourire encourageant.

-Tu as déjà joué du Toere ? C'est un instrument Tahitien.

Comme il était plaisant de s'écouter mutuellement. Comme il était plaisant de jouer de la musique. Comme il était plaisant d'en écouter et d'en ressentir toutes les subtilités pour en déverser ses propres émotions alors exprimables. Les deux Gryffondors venaient de conclure leur ballade sur une cadence plus-que-parfaite. Douce harmonie comblant le temps et le silence. Il frôla la dernière corde en chantonnant discrètement une petite mélodie. Puis il observa l'étudiante qui venait de se lever et de se rapprocher de Lïnwe. Fronçant les sourcils, elle lui demanda intriguée:

- C'est un Triton, ça ?
Comment ça marche ? Est-ce que ça donne le son d'une guitare électrique normale ? ajouta-t-elle en pointant du doigt l'instrument posé à côté du garçon.

- Ah oui ça, fit-il en déposant délicatement sa lyre et en prenant la guitare à trois manches. C'est bien ça. C'est un Triton ou plus communément défini comme guitare à trois manches. Ils sont en frêne, comme certains balais au Quidditch. Ces arbres sont de vraies mines d'or en fait... C'est une reproduction de celle du groupe des Bizzarr'Sisters. Ils sont super connus, des piliers de la musique populaire ces gens-là ! Mais ils ont vécu il y a un siècle déjà donc...
En fait. Le principe est le même que celui d'une guitare électrique. Le timbre ou le son, pas tout à fait. Le premier manche constitue le registre grave de l'instrument. Il peut atteindre pratiquement l'intra-son mais il n'est pas tellement utilisé. Le deuxième manche, celui du milieu, représente le registre medium. Et le dernier, légèrement plus petit et avec des frètes plus étroites, constitue les aigus. Le son y est plus métallique aussi. Donc tu peux jouer sur la sonorité, la virtuosité technique et puis le timbre de l'instrument. C'est beaucoup mieux qu'une guitare normale, il y a plus de possibilités, termina-t-il en esquissant un sourire. Il aimait bien étudier la musique, que se soit sur l'ethno que sur la pratique. Il envisageait même une carrière dans cet art mais il avait encore du chemin à faire avant d'effectuer des choix professionnels.

- Tu en joues souvent ? Si oui, tu dois être très doué ! J'avais jamais vu d'instrument pareil mais il a l'air particulièrement cool !

- Disons que je sais en faire. Aussi souvent que la lyre ? non. C'est quand même plus pratique à transporter, sûrement la taille !

- Tu as déjà joué du Toere ? C'est un instrument Tahitien.

- Du Toeeoee... ? Non je connais pas. C'est quoi exactement ? Et tandis que son amie lui apprenait l'art du Toere, un bruit lointain se fit ressentir.

- On aurait dit une porte qui se refermait violemment, commenta l'irlandais avant de se lever. Je crois qu'on devrait y aller, on se retrouve plus tard ? demanda-t-il. J'ai un devoir d'histoire à rendre pour demain en plus...

Il prit son instrument et sortit de la Salle-sur-Demande comme si de rien n'était. Contre toute attente, il ne vit personne rôder dans les parages. Il longea un couloir du même étage et se retrouva devant le tableau de la Grosse Dame grisonnante et toujours aussi corpulente qui gardait la salle commune de Gryffondor.

Le week-end était enfin arrivé. Voulant oublier mes soucis quelques heures, je me suis dirigée vers la Salle sur Demande. J'avais envie d'écouter de la musique, d'en jouer, de m'abandonner à la musique. Il était 16 heures, j'avais de quoi manger dans mon sac (enfin un fruit), je pourrais alors rester toute la soirée dans la salle, pas la peine d'aller manger, de toute façon avec mon appétit d'oiseau...

Montant les escaliers doucement, je jetais un regard froid aux groupes d'élèves qui me regardaient avec insistance. Qu'est-ce qu'ils ont ? Peut-être qu'ils étaient étonnés de ma démarche ou.. de ma tête. J'étais habillée d'une une robe longue noire, j'arborais une longue tresse, un peu ébouriffée sur le côté et un maquillage léger. Mon regard était triste et mon sourire était inexistant. Une fois au septième étage, je passais deux fois devant le mur/porte/salle-sur-demande, appelez ça comme vous le voulez. Je ne souhaitais qu'une chose, une salle avec des instruments de musiques. Une grande porte en bois apparut, un sourire fit son apparition sur mon visage. Le premier de la journée.

Je passais la porte et remarquais un piano à queue dans le fond de la pièce. Laissant mon sac tomber sur le sol sans ménagement, et accourut presque jusqu'à l'imposant instrument. M'installant sur le banc, je laissais glisser mes doigts sur les touches blanches et noires. Des notes douces résonnèrent dans la pièce perturbant le calme qui y régnait depuis que j'étais entrée dans la salle. Je rejouais une des première musiques que j'ai apprise. Me laissant aller à la musique, mes mains, mes doigts se déplaçaient automatiquement sur les touches du piano. Lorsqu'un bruit se fit entendre, je cessais tout ce que je faisais et me retournais vers la source de bruit. La porte ne venait pas s'ouvrir, le bruit venait d'un coin sombre dans la pièce. Je plissais les yeux dans cette direction et m'exclamais d'une voix peu assurée.

-Qui est là?

C’était un samedi froid. La pluie n’avait pas arrêté de ruisseler sur les carreaux des vitres et pour la première fois depuis un moment, Tia ressentait une certaine mélancolie. Elle se sentait fatiguée, s’ennuyait même. Personne n’était disponible. La jeune femme avait donc prise l’initiative de se bouger les fesses, malgré tout.

Elle errait dans les couloirs, à la recherche d’une occupation, de quelqu’un qui pouvait lui faire passer cette morne après-midi qu’elle allait certainement finir en fumant ses exutoires au coin de la fenêtre du dortoir. Elle n’entendait qu’elle, d’ailleurs. A part de petits groupes d’élèves qui passaient en se chuchotant elle ne savait quoi, ses colifichets qui se faisaient toujours plus nombreux à ses poignets ne cessaient de faire leur doux bruit tout au long de cette marche inutile. Un filet d’air glacial la faisait frissonner. Sa chemise à la jolie couleur prune commençait à se faire courte et lui arrivait quasi au-dessus du nombril. Tia soupira.

Un mouvement devant elle attira soudain son attention. C’était une jeune femme à l’élégante robe noire, qui montait avec détermination les marches de l’escalier. Étonnante, cette démarche… Elle rappelait un vague souvenir dans la mémoire de la brune. Happée par la curiosité, Tia adopta une démarche plus silencieuse et entreprit de suivre l’autre. Elle arriva bientôt au septième étage, là où se situait habituellement la Salle sur Demande. Et elle avait vu juste, car la brunette à la robe encre passa rapidement la porte qui venait d’apparaître, juste à temps avant que Tia puisse à son tour entrer dans la pièce. Vite, elle se blottit dans l’ombre, attendant de voir si son impression se confirmait. Des sons, des images floues lui venaient, de plus en plus distincts.

Un piano venait d’émerger devant l’autre brune au regard bleu azur, qui commença à jouer un morceau de piano avec une adresse incroyable. Tia la connaissait. Elles s’étaient rencontrées à un concours. Elle ne savait plus où… En reculant légèrement, Tia venait de faire un bruit avec le talon de sa bottine.
La musique s’arrêta brusquement.

-Qui est là?

La voix était claire, mais hésitante. Tia n’avait plus à se cacher, mais elle se promit de ne pas s’emporter tout de suite dans l’étrangeté de ses souvenirs. Elle allait d'abord jouer la carte de la prudence. L'autre jeune femme dégageait quelque chose de froid qui invitait à la méfiance. Elle s’avança lentement dans la lumière et ses yeux accrochèrent le regard perçant de la brune.

-Excuses-moi, je t’ai suivi. On ne s’est pas déjà vues, par hasard ?

Un bruit m'avait coupé dans mon élan. La belle mélodie que j'étais en train de jouer un peu plus tôt s'était coupée brusquement. Une jeune femme était sortie de l'ombre. Je pris le temps de la détailler, son visage ne m'était pas inconnue. Ne souriant toujours pas, j'attendais que la jeune femme avance.

- Excuses-moi, je t’ai suivi. On ne s’est pas déjà vues, par hasard ?

Je ne bougeais plus trop. Elle m'avait suivi ? Pourquoi ? Je restais bloquée à la première phrase. Elle s'ennuyait peut-être toute seule et avait décidé de me suivre pour satisfaire sa curiosité ou elle voulait me jouer un mauvais tour ? Je rigolais intérieurement au "mauvais tour", on est pas dans un thriller ou autre histoires de suspens.

- Pourquoi tu m'as suivi ? répondis-je avec un ton un brin froid et méfiant.

Je cherchais dans ma mémoire où j'avais bien pu rencontrer la jeune brune. A l'école avant d'entrer à Poudlard ? Même si je viens d'une famille de sang-pur, mes parents avaient insisté pour que je suive une scolarité moldu et ne voulait pas me payer un précepteur ou me faire l'école à la maison. Je m'approchais doucement de l'adolescente et la regardais, méfiante.

- Je pense que oui. Je suis sûre qu'on s'est vu petites. A l'école, peut-être ?

Ne l'écoutant plus vraiment, je repartais sur le banc du piano et recommençais à jouer. Non pas que la conversation ne m'intéressait pas mais j'étais venue à la base pour jouer et quand un instrument n'est pas loin de moi, j'ai énormément de mal à rester loin de lui. Au bout de 30 secondes, je me retournais vers la jolie brune.

- Tu sais jouer du piano ? Sa réponse étant positive, je la regardais avec un sourire plaquée sur les lèvres - Ca te dit de jouer une musique à quatre mains ?

La question de Tia avait été un peu trop directe. La jeune femme vit l’autre se faire encore plus glaciale à son égard, et une ombre passa dans ses yeux, signe qu’elle se posait un millier de questions.

-Pourquoi tu m’as suivi ?

Elle ne répondit pas, et pour cause, elle attendait qu’elle se souvienne, peut-être, de quelque chose. Au fond, elle n’était pas si sûre d’elle, la rouge et or. Elle pouvait très bien s’être trompée sur la personne. Mais il y avait toujours cette démarche, ces yeux bleus qu’elle n’arrivait pas à se sortir du crâne. La musique, également. Elle aurait pu mettre sa main à couper que le morceau s’intitulait « The Meadow » d’Alexandre Desplat. L’autre jeune femme finit par s’approcher pour la détailler de la tête aux pieds. Tia resta très calme face à la méfiance de l’élève, cependant elle ne quittait pas le regard de la brune, car c’était le meilleur moyen de décrypter ses émotions.

-Je pense que oui. Je suis sûre qu’on s’est vu petites. A l’école, peut-être ?

Tia hocha légèrement la tête et s’apprêtait à ajouter une information, ou plutôt les tonnes de souvenirs qui se déversaient en elle. Déjà, l’autre avait rompu le duel et se réfugiait sur le banc du piano, comme inexorablement attirée par l’instrument. Lequel intéressait bien sûr beaucoup la rougeoyante également, car elle avait eu pendant de longues années des cours de piano et de chant, payé gracieusement par son père. La Gryffon eut un frisson à l’évocation douce-amère de ses années perdues. Cela ne dura qu’un instant, car l’autre se tourna soudainement vers elle et prit la parole.

Tu sais jouer du piano ? Demanda-t-elle. Tia répondit par l’affirmative, et d’un seul coup toute la torpeur et la froideur de sa camarade se brisa en deux. Elle arborait un éclatant sourire, qui finit par convaincre Tia que cette image n’était pas un tour de son esprit. Elle se rendit compte qu’elles ne s’étaient même pas encore présentées. C’était peut-être cela, la magie d’une rencontre, après tant d’années où elles s’étaient perdues de vue.

-ça te dit de jouer une musique à quatre mains ?
La réflexion de la brunette ne prit qu’une seconde.

-Et pourquoi pas ? Dit-elle du tac-au-tac, tout en s’avançant à son tour pour s’installer tranquillement à côté de la jeune femme.

La jeune femme en face de moi ne répondait pas à mes questions. Se contentant de rester silencieuse ou de hocher la tête à certain moment. Suspicieuse, je repartais vers le piano, non loin de moi et m'installa sur le banc. Je commençais à jouer une nouvelle mélodie et m'arrêta subitement. Elle allait partir ou elle allait rester stoïque derrière moi ? Demandant si elle savait jouer du piano, elle me répondit oui. Tout d'un coup, le sourire s'installa sur mon visage. Le véritable sourire. En quelques secondes, je proposais de jouer une musique à 4 mains. Elle répondit avec un air de défi. Parfait. En quelque seconde, le morceau fut trouvé. Ce sera Divenire de Ludovico Einaudi. Espérant au fond de moi, qu'elle le connaissait. Je commençais à jouer en silence. Les accords étaient simples et répétitifs. Jouant d'abord la musique seule, pour montrer la mélodie (main droite), je lui laissais le temps d'assimiler ce que je jouais. Ensuite ce sera à elle d'improviser. Une fois sûre d'elle, Tia commença à jouer.

Au fur et à mesure que la musique avançait, je me laissais envahir par tous mes souvenirs de Patx. Lui aussi savait jouer du piano. Ils avaient été qualifiés pour la final grâce à Divenire. A la fin de la musique, l'émotion était palpable. Je jetais un oeil régulier, à l'adolescente à côté de moi pour voir si elle suivait. Elle semblait tout aussi absorber par l'instrument que je l'étais, moi. A la fin de la musique, je me tournais vers elle, les yeux brillants.

- Comment tu m'as dit que tu t'appelais déjà ? Si tu veux jouer autre chose, dis le moi. Je sais que mes choix de musiques sont pas communs, mais c'est une musique qui me tient à coeur, grâce à elle, je suis arrivée en final d'un concours de musique.

Je continuais de la détailler, tentant de savoir où je l'avais vu. Fouillant dans mes souvenirs. Un flash me revint. Le fameux concours. Pas possible. Ce serait une drôle de coïncidence quand même. Et une belle façon de faire de se retrouver, après tant d'années.

Divenire. La mélodie lui plaisait bien, déjà rien qu’à la sonorité du morceau, que sa camarade jouait délicatement au piano pour lui montrer la voie à suivre. Tia avait assimilé rapidement le morceau, très simple mais élégant, et bientôt il n’y eu plus que les notes assourdies et résonnantes de l’instrument laqué de noir.
L’esprit de Tia s’envola bientôt vers un monde qui lui appartenait, un monde où habituellement elle faisait ressortir dans la musique et le chant toute sa véritable histoire et personnalité à ceux qui voulaient bien l’écouter.
Un second exutoire, en quelque sorte.

La musique était très calme au début. Tia y vit une sorte de début de dialogue entre elle et la brune à côté d’elle. Et le son s’amplifia, s’amplifia jusqu’à emplir toute la salle de musique. Tia ne s’en rendit pas compte, mais à son tour, un soupçon de sourire illuminait son visage et lui apportait un éclat plus doux et plus accueillant. Jetant un rapide coup d’œil à sa camarade, elle se rendit compte qu’elle-même l’observait. Et que le même sourire transperçait son visage de part en part. La passion pour la musique était véritablement une autre forme de magie.

Le silence reprit ses droits.

-Comment tu m’as dit que tu t’appelais, déjà ? Si tu veux jouer autre chose, dis le moi. Je sais que mes choix de musiques sont pas communs, mais c'est une musique qui me tient à coeur, grâce à elle, je suis arrivée en final d'un concours de musique.

Cette fois-ci, Tia ne la défia pas.

-Je m’appelle Tia Callaghan. Et toi ?

Alors qu’elle finissait sa phrase, la Gryffon distingua à nouveau une lueur dans les yeux cristal. Une lueur lointaine, pleine de surprise et de reconnaissance à la fois. Elle devait s’être doutée de quelque chose, à présent. Le sourire de Tia ne fit que se renforcer, car elle se souvenait soudainement du nom de cette amie d’enfance. Ainsi, elles s’étaient bien rencontrées à la finale d’un concours de musique.

-Marie Diane, c’est bien ça ? Articula Tia doucement, n'attendant pas  la réponse de la Serpy. Puis elle contempla un moment les touches ivoires du clavier du piano. Posa ses mains bien en place. Et commença à jouer un  morceau qui remontait de sa mémoire. Tout en chantant. Ça aussi, Marie –si c’était bien elle- n’avait pas dû oublier sa voix.

Tia. Tia Callaghan. Ce nom lui disait quelque chose. Enfin, non pas le Callaghan. Mais juste Tia. Elle s'était rencontré au concours. Elles avaient joués l'une contre l'autre. Une amitié avait bel et bien commencé ce jour-là. Mais, malheureusement, elle s'était perdue de vue après le concert. En même temps, la famille à Marie n'était restée que très peu de temps en Angleterre, lieu du concours. Le retour en France avait été pénible. La sinople n'avait jamais été très sociable, assez lunatique, elle pouvait passer de la joie à la colère en quelques secondes et avec Tia ça avait été plus simple. Grâce à la musique, peut-être.

-Marie Diane, c’est bien ça ?

Diane. La Verte-et-Argent s'est figée. Ce n'était pas son vrai de nom de famille. Comment l'avait-elle su ? Marie avait décidé de le changer après la mort de son frère. Elle avait prit le nom de sa mère, laissant son nom de famille de base. Une question demeurait. Pourquoi l'avait-elle appelé Diane ?

Hm.. oui c'est ça.

Déjà, la Rouge-et-Or ne l'écoutait plus. Elle était repartie sur le piano. Une nouvelle musique retenti. Marie l'a connaissait. Enfin.. elle ne savait pas la jouer, mais elle connaissait les paroles. Elle les avait déjà entendue. La voix de Tia s'élevait en même temps que les notes sortaient de l'instrument. Elle semblait en symbiose avec son instrument. Il ne restait que la fin de la chanson, le dernier couplet ; Marie se décida alors à chanter, elle aussi.

I Walk to the borders on my own

Décidement, cette journée ne sera véritablement pas comme les autres. Elle avait mit longtemps à percuter qui était la jeune femme qui l'avait suivie. Mais tant pis. Des retrouvailles en musiques, c'était encore plus magique.

To fall in the water just like a stone

Cette chanson lui rappelait l'époque où elle était jeune, où elle a rencontré son premier copain. Elle s'était laissé emporté par ses sentiments et s'était ramassée bien comme il faut, aussi. Elle avait coulé, s'était noyée en quelque sorte.

Chilled to the marrow in them bones

C'est fou comme la musique a le don d'émouvoir la sinople. La moindre note faisait ressortir tout un tas de choses de son âme. Ca parait tellement spirituel dis comme ça, mais.. c'est le cas. Le musique lui permettait d'exprimer tous ce qu'elle ressentait.

Why do I go here all alone

Je laissais Tia finir de jouer la musique au piano, tandis que je la regardais.

- Ta façon de jouer et de chanter m'avait manqué. Ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vu.

Diane ! Mais oui, maintenant elle se souvenait pourquoi elle l'avait appelé Marie Diane ! A l'époque, où elles s'étaient rencontrées, Marie était en complète rébellion contre son père et avait renier son nom de famille, prétextant qu'elle était la fille de sa mère et seulement elle. Elle ne devait porter que son nom.

Au fin fond de sa mélodie, Tia entendit Marie acquiescer à la mention de son nom. L’infime hésitation que perçue pourtant la brune l’a troubla quelque peu. N’était-ce pas son nom ?
Il était vrai que depuis qu’elles s’étaient croisées en compétition, plus rien ne les avaient rapproché durant des années. Le hasard allait-il bien faire les choses, cette fois-ci ? Bien sûr, la musique était toujours un énorme point commun entre elles, mais après ? Allaient-elles à nouveau s’entendre au niveau du caractère, de leur manière de penser qui avait évolué ?

Tia chassa bien vite ces pensées parasites et se laissa complètement aller à la musique en profitant de ces retrouvailles bienvenues. Le son du piano la transportait à un tel point que le monde devenait invisible à ses yeux. Elle se sentait dans un rêve apaisant, un rêve lucide où elle se dévoilait sans aucune réserve, au contraire de la réalité. Ses doigts volaient sur le clavier. Sa voix se faisait plus puissante au fur et à mesure que la fin de la chanson se finissait.

Elle se sentait libre. Libre. Un mot qu’elle ne cessait d’emporter avec elle et qui l’aidait à chaque étape. Un mot qu’elle avait adopté depuis qu’elle était arrivée au château. Au dernier couplet, la Gryffon revint doucement au présent et remarqua avec plaisir que sa camarade se joignait à elle dans son hymne.

I walk to the borders on my own
To fall in the water like a stone
Chilled to the marrow in them bones
Why do I go here all alone

La main de Tia se déplaça avec une lenteur calculée au moment où elle achevait les dernières notes. Ç’avait été un moment de grâce.

-Ta façon de jouer et de chanter m’avait manqué. Ça fait tellement longtemps qu’on ne s’est pas vues.

Elle se tourna vers la Serpy avec une énergie renouvelée. Un soupçon de soleil venait caresser l’instrument de piano, encore vibrant des musiques qu’il avait fait résonner dans la Salle, et où l’écho s’était perdu entre les murs de pierres millénaires.

-ça fait un bout de temps, oui ! Que deviens-tu ? Répondit Tia en commençant par l’essentiel. La soif de faire disparaître ces années où elles n’avaient été que des inconnues l’une pour l’autre se faisait ressentir dans cette question directe mais amicale.