Retenant un sourire amusé, Asclépius laissait son regard dériver un court instant en direction des compagnons de son professeur, avant de prêter une oreille attentive à ses propos. L’usage du Turn ? Oui, effectivement… C’était mieux que rien. Mais pour ce qu’il comptait faire, cela lui rendait la tâche un brin plus ardue… Quoique… Il pourrait toujours faire usage de sortilèges, en plus de la métamorphose… Lui qui aimait se compliquer la vie, risquait d’être servi avec tout ça…
Pourquoi avait-il accepté déjà ? Pour l’honneur ? La gloire ? Non. Simplement le fait que son directeur de maison lui ait promit une part de gâteau. Il n’en avait pas bien fallu plus pour le convaincre : cette récompense alléchante suffisant amplement.

Son sourire s’étira, devenant un brin plus sincère lorsqu’il entendit la dernière remarque de Mr. Lival. Il ne voulait pas sombrer dans les affres obscurs et tendancieux de « l’esprit Poufsouffle par excellence », mais il était vrai que quelques mots anodins suffisaient parfois pour changer d’état d’esprit : encore une belle métaphore sur la Métamorphose, faudra peut-être y songer pour un prochain cours… S’il avait le plaisir de traîner de nouveau ses guêtres par ici, bien entendu.

« - Je n’y manquerais pas monsieur, osa-t-il répondre, sachant pertinemment qu’il se permettait ce léger écart, avec l’aval implicite de son professeur. Ce qu’il n’aurait certainement pas pu faire avec un autre comme… A tout hasard… Monseigneur McKingley. A tout hasard, bien évidemment. Je pense pouvoir me débrouiller, je vous remercie. Le jeune homme remit ensuite son sac sur son épaule, et lança un bref regard en direction de sa camarade de Poufsouffle, comme pour lui signifier le fait qu’il lui laissait enfin la place auprès de la très demandée, entitée professorale. Au revoir Monsieur. »

Et sur ces mots, il partit. Peut-être aurait-il le cran d’accorder une légère caresser aux loups qu’il avait aperçu aujourd’hui, la prochaine fois ?

HRPG: Désolée du retard, me voilà enfin !


Au fil du temps, Jade avait acquis cette faculté étrange de se couper totalement du monde à volonté. C'était très pratique quand la situation était gênante ou qu'elle avait tout simplement besoin de ne penser à rien d'autre qu'aux petites doses de bonheur que son monde contenait. On pouvait presque comparer cette bulle avec son enfance, ce moment où tout semblait si simple et sans problème possible. Oh bien sûr, ça n'avait jamais été parfaitement clair, ne nous faisons pas d'illusion. Ses parents n'étaient pas des plus riches, loin de là et les fins de mois s'avéraient parfois vraiment difficiles. Pourtant les parents Wilder avaient toujours éloigné leurs enfants de ces soucis, préférant qu'ils profitent de leur enfance, qu'ils se construisent en sachant que la vie était belle, mais qu'elle demandait aussi un travail rigoureux sur soi. Des valeurs que Jade avait gardé au fil du temps mais qui avait pris un sacré coup à la mort de ceux qui lui avaient tout apprit. Jamais elle n'avait autant souffert que dans les jours, les semaines, les mois suivant leur disparition. Et c'est à ce moment précis que la bulle était apparue, avait pris place dans son quotidien pour ne jamais disparaitre. On l'avait souvent qualifiée de solitaire, trop timide et réservée. Lors de ces moments, elle était dans sa bulle. Et quand elle ne pouvait s'y trouver, c'était presque infernal.

Ce jour là, sa bulle était là mais elle ne voulait et pouvait pas toujours rester. Il y avait le cours, les exercices, son besoin même de paraitre plus que d'être et de rester la bonne élève qu'elle avait toujours été. Sauf qu'elle avait échoué et elle le savait très bien. Les regards de certains élèves l'avaient confirmé. Normalement, elle aurait dû s'enfuir. Échapper aux regards, s'enfermer dans son monde de nouveau. Mais pour une fois, l'adolescente résistait, ce besoin de parler au professeur était plus fort que tout.

Pourquoi ? Pourquoi monopoliser le temps du professeur qui devait avoir bien mieux à faire ? Pourquoi prendre le risque de parler, ce qu'elle avait déjà trop fait avec lui ? Elle était pourtant sensée avoir retenu la leçon après toutes ces années. Moins les gens en savaient, mieux c'était, en particulier avec la mission qu'elle s'était fixée depuis quelques temps. C'était trop dangereux pour qu'elle implique qui que ce soit, même indirectement, même un professeur. Et les problèmes inter-Poudlard alors ? Trop de questions. De nouveau, la bulle s'était échappée et la demoiselle se retrouvait dans la réalité. Non, l'autre monde était plus beau, elle voulait y retourner ! Juste le temps d'entendre que la conversation entre Evan et Asclépius avait toujours lieu, et la demoiselle repartit dans son monde fabuleux, observant les deux loups, n'osant caresser leur magnifique pelage que par moments. Elle n'avait peut-être pas le droit, Evan ne lui en avait pas donné l'autorisation, pas ce jour. Plus qu'à espérer qu'il ne la réprimande pas. Mais d'un côté, l'Italienne avait besoin de leur présence. C'était bête oui, mais ils l'aidaient à ne pas penser à ses démons.

Qui sait combien de temps elle resta ainsi, à juste observer et attendre. Pas si longtemps sans doute, en tout cas jusqu'à ce qu'elle se rende compte que le silence avait reprit place dans la pièce. Tournant ses prunelles ambrées vers le bureau, Jade pu constater qu'Asclépius n'était plus là. Zut, elle avait raté son départ. Tant pis, il était trop tard pour se rattraper et il n'était pas vraiment la personne à qui la demoiselle voulait parler. D'ailleurs, il était temps qu'elle se manifeste non ? Oui. Peut-être. Obligé ? Cruche, si elle avait attendu ce n'était pas pour des clous et surtout pas pour reculer maintenant. Se relevant donc, son coeur repartant dans un rythme fou, l'Italienne esquissa un sourire timide en direction du professeur.

- Je suis désolée je.. j'espère que je ne vous.. dérange pas. J'ai juste.. Il faut davve.. vraiment que je vous parle..

Rhaaaa mais elle était impossible hein. Elle s'excusait pour rien en permanence, en avait même conscience mais.. ça ne l'empêchait pas de le faire pour autant. N'importe quoi. Mais c'était ainsi, elle ne voulait pas monopoliser le temps de qui que ce soit, ou pire, déranger.

~ Le mage observa la réaction d'Asclépius, se demandant comment ce dernier réagirait. Il fut agréablement surpris en voyant ce dernier qui n'exprima aucune réticence quand au message qu'il voulait faire passer à son ami. Il murmura un " De rien" en guise de réponse aux remerciements du jeune homme. Le garçon prit son sac avec lui et il le salua en le regardant se diriger vers la sortie. Il ne restait maintenant plus que Jade et lui dans la pièce, ce qui allait permettre à la jaune de combattre sa timidité.

~ Elle avait passé un bon moment à scruter ses loups comme si elle attendait son feu vert pour aller leur délivrer des caresses affectueuses. D'ailleurs, perdue dans ses pensées, elle ne vit pas de suite le départ du vert et le mage attendit patiemment qu'elle ne réagisse. Finalement un sourire de l'italienne qui parut forcé vînt à lui.

- Je suis désolée je.. j'espère que je ne vous.. dérange pas. J'ai juste.. Il faut davve.. vraiment que je vous parle..

~ Comment pouvait-elle le déranger ? Cette phrase sur la défensive montrait clairement au mage qu'elle était toujours rongée par ses démons. Après leur conversation près de la fontaine, il avait espéré que la belle ait plus de facilités à discuter avec lui. Mais visiblement ce n'était pas le cas.

- Tu ne me déranges pas Jade ! Tu devrais le savoir ! fit-il en l'invitant à venir près de lui, après s'être lui-même posé contre son bureau. Je t'écoute ! Quoi que tu aies à me dire, vas-y, tu sais que cela restera entre ses murs !

~ La blondinette avait sans cesse le besoin d'être rassurée, et le mage espérait vraiment qu'elle arriverait à combattre ce côté-là chez elle. Un jour peut-être...

RPG: Pardooon.. Encore x)


Une chose était certaine: ce cours avait été catastrophique. Pour Jade, en tout cas, ses sortilèges étant encore plus minables qu'à l'habitude. Elle qui avait bien souvent recherché la perfection ou au moins le plus haut niveau possible lorsqu'il s'agissait de cours, elle avait l'impression de voir son niveau baisser à la vitesse de la lumière. Pas étonnant, puisque pour la plupart des sortilèges étudiés, il fallait une bonne concentration. Hors, l'adolescente en était quasiment incapable depuis quelques temps, l'esprit totalement pris dans un filet impossible à briser. Elle pensait à des dizaines de choses à la fois, choses qui empêchaient son sommeil, qui l'empêchaient.. de vivre, tout simplement. Mais comment trouver une solution à tout ça pour qu'au moins, elle retrouve son niveau moyen d'antan ? C'était loin d'être parfait, mais toujours mieux que catastrophique, non ?

- Tu ne me déranges pas Jade ! Tu devrais le savoir ! Je t'écoute ! Quoi que tu aies à me dire, vas-y, tu sais que cela restera entre ses murs !

Il y avait tellement de choses à dire. Tellement de choses qu'elle gardait pour elle par peur de mettre en dangers ceux que, malgré tout, elle aimait. L'adolescente voulait les protéger, mais de son côté elle arrivait à peine à supporter le poids des non-dits. Qui pouvait faire quoi que ce soit, hein ? Elle devait mener cette bataille seule une fois encore. Alors pourquoi avoir décidé de parler au professeur, ce jour là ? La blondinette n'en était pas certaine. Et outre ses problèmes, elle avait autre chose à régler, quelque chose qui tournoyait dans son esprit depuis un moment déjà. Histoire épineuse que celle-ci, la préfète ne savait pas réellement comment l'aborder. Cela faisait un moment qu'elle n'arrivait plus à parler aux autres naturellement, comme si chacun de ses mots pouvait lui tirer une balle dans le pied. Il le fallait pourtant, hors de question de passer outre.

Mordillant sa lèvre inférieure, Jade tourna le regard vers la porte de la classe, encore grande ouverte. Ça par contre, ça n'était pas possible. Comme craignant que quelconque entende qu'elle pouvait parler sincèrement, pour une fois, l'Italienne ne put s'empêcher d'aller fermer la porte, inspirant longuement ensuite. Bon, plus possible de reculer à présent. Elle avait attendu de pouvoir parler à Evan depuis bien trop longtemps, sans oser ou sans avoir l'occasion. Maintenant, elle pouvait. Se rapprochant timidement du bureau, elle s'y appuya, regardant d'abord directement le professeur.

- En fait.. je voulais vous remercier.

Bon, on progresse. Mais les prunelles, automatiquement, dévièrent vers le reste de la classe, n'osant regarder encore l'adulte à ses côtés. A présent que les mots avaient entamé leur danse, elle n'avait plus à les chercher puisque comme souvent, ils trouvaient leur place par eux-mêmes. C'était presque étrange, de pouvoir parler sans se censurer, d'être enfin.. elle-même, avec ses sentiments d'autrefois, évolués avec le temps. En quelques mois à Poudlard, la blairelle avait beaucoup changé, plus intérieurement qu'en apparence. Mais sa reconnaissance, elle, restait la même. Faisant attention à ses mots au maximum, elle reprit.

- C'est.. Concernant l'attaque en cours de Divination. Vous le savez je.. je n'étais pas consciente, mais on m'a.. raconté ce qu'il s'est passé, après. Et je sais aussi que vous êtes le prim.. euh, principal suspect.

Cette histoire était dingue d'ailleurs et Jade espérait qu'elle pourrait également donner sa version des faits à un moment ou un autre, même si elle n'avait pas grand chose à apporter dans cette enquête.. elle avait au moins certaines convictions. Ce genre de chose qui ne peut pas être faux à vos yeux, quoi qu'on dise.

- Je sais surtout que si vous n'étiez pas.. intervenu, je ne serais sans doute pas là aujourd'hui. Vous m'avez sauvé la vie.

Pendant pas mal de temps, la blondinette avait hésité entre envie de remerciement et colère. Parce-que, dans l'ailleurs, tout semblait tellement différent. Elle planait sans que rien ne puisse l'atteindre, dans cet autre monde qui l'avait agrippée l'espace de quelques minutes. Jade en avait pleine conscience, ce jour là elle avait faillit mourir. Laisser derrière elle tout ce qui la torturait, l'empêchait d'aller mieux. Mais partir, ça signifiait aussi abandonner les siens, ceux qu'elle s'était promis de protéger. Elle ne pouvait pas partir.
Pas maintenant.
Alors, baissant les yeux, elle ajouta un seul et unique mot, accompagné d'un faible sourire.

- Merci..