Ester écouta attentivement tout ce que son ancienne camarade lui disait. Elle ne regrettait pas de l'avoir choisit elle, finalement, parce que son expérience était non négligeable. En fait, la sorcière hésita même à lui donner ses recherches pour jouer elle-même l'assistante. Devait-elle dire à Cara qu'elle n'avait aucune expérience sur le terrain ? Sauf peut-être un vague séjour en Arctique.

En réalité, ne cherchait pas vraiment une personne pour prendre des notes à sa place. Pas du tout même, elle cherchait d'avantage une compagne de voyage, parce que la solitude lui faisait toujours aussi peur. Une nouvelle amie pourquoi pas ? Même si la verte doutait encore que cela puisse être possible avec la professeur -préjugés obliges. Une amie et une compagne qu'elle était prête à payer.

- Je crois qu'on a un accord.

Sourire et main tendue, pour officialiser le tout et -elle l'espérait- casser un peu les barrière, car sa démarche bien que initialement formelle, était plutôt comique.

[...]

La suite

S'il y avait une chose qu'il ne fallait pas négliger c'était bien la culture. C'était pourquoi Ashton consultait religieusement chaque parution du Chicaneur afin de ne pas en perdre une miette. C'était fou tout ce que la lecture pouvait nous apprendre comme informations sur des sujets diverses et variés, vraiment c'était beaucoup mieux que la Gazette. En plus le jeu de ce journal-là était largement mieux que les autres qu'il avait testé et c'était sans conteste un critère décisif.

En règle général Parker préférait faire sa lecture du jour lorsqu'il avait les fesses bien vissées sur ses toilettes mais pas aujourd'hui. Il avait décidé qu'il fallait profiter du beau temps et donc prendre l'air en se baladant un peu dans Londres. Or, après un petit tour dans les rues, le sang-mêlé s'était aperçut qu'il était juste à côté de la gare de King's Cross. C'était une excellente nouvelle parce qu'il adorait les gares. C'était des endroits où on voyait sans cesse des gens passer, et Ashton adorait les critiquer dans sa tête dans l'espoir que l'un d'eux soit Legillimens.

Le sorcier était donc bien confortablement installé, adossé à un pilier du King's Cross Coffee et consultait tranquillement la page Horoscope du Chicaneur, ses lunettes de soleil encore sur le nez. C'est alors qu'en relevant légèrement la tête il vit que Morgan, qu'il n'avait pas vraiment revu comme il se devait depuis son retour en Angleterre, commandait un café à quelques mètres de lui. L'occasion était trop belle, alors que l'ex-Poufsouffle passait d'un air pressé, la jambe droite du Métamorphomage s'arrangea pour trouver le chemin de celles de Delaube. Bam !

- Excusez-moi, vous allez bien ? demanda alors Ashton d'un ton faussement inquiet en se penchant vers sa pauvre victime.

Le chocolat du pauvre Morgan n'avait vraiment pas fait long feu, et sa chemise non plus d'ailleurs. Mais bon, la chute avait été tellement belle qu'Ashton ne regrettait pas vraiment de l'avoir provoquée. Comme disait un vieux proverbe, on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs, et dans le cas présent la satisfaction de l'ex-Gryffondor était l'omelette et sa victime était les œufs. Il avait roulé son exemplaire du Chicaneur et donnait à présent des petites tapes avec sur l'épaule de Delaube comme si cela allait servir à quelque chose pour nettoyer les tâches.

Morgan lui demanda alors s'il était un présentateur radio. C'était vrai que même si Parker avait changé complètement d'apparence et était difficilement reconnaissable, la Métamorphomagie ne lui offrait pas la possibilité de changer sa voix pour autant. Il était donc normal que son interlocuteur la trouve familière. Mais plutôt que de le rectifier, le sang-mêlé décida de jouer le jeu un peu histoire de continuer à s'amuser pour quelques instants.

- Oui en effet c'est ça, vous écoutez souvent "On n'est pas des moldus" le soir ? Je suis chroniqueur là-bas de temps en temps.

Alors certes, il venait de caser tranquillement qu'il était un sorcier au milieu d'une gare remplie de personnes non magiques mais il doutait fort que l'un des autres clients du café relève ce qu'il venait de dire, ou même que quiconque comprenne ce que le mot moldu voulait dire. Et puis c'était bien plus drôle de s'inventer complètement un rôle.

L.A. de Ashton

Bien évidemment Morgan ne manqua pas la mention du mot moldu par les lèvres de Parker. De manière totalement soudaine et imprévue par le sang-mêlé, il l'attrapa et le tira avec lui dans les toilettes publiques les plus proches. Ashton ne serait pas forcément contre si quelque chose se passait entre les deux sorciers mais là il lui semblait quand même que les choses allaient un peu vite. Et puis surtout cela ne se faisait pas d'attirer de force le premier mec non moldu qui passait par-là, aussi beau qu'il soit.

Bon, peut-être que le Métamorphomage avait pensé trop vite puisque son interlocuteur ne se jeta pas sur lui pour l'embrasser avec fougue. Au contraire il se lança dans des présentations, non sans avoir avant craché un peu sur On n'est pas des moldus. Pendant une demi seconde Ashton se senti vexé qu'il critique son émission avant qu'il se rappelle qu'il n'y était pas vraiment chroniqueur là-bas et que pour être honnête lui aussi trouvait que l'émission était assez nulle au final. Morgan Delaube, propriétaire de l'Occamy Doré, c'était super mais il savait déjà tout ça en fait.

- Oui, oui je connais, répondit-il. Je suis... Gregory Hornby.

Il avait balancé le premier nom qui lui venait à l'esprit mais il devait bien avouer qu'il ne se rappelait plus d'où il le sortait. Espérons juste que Morgan ne connaisse pas le gars en question, ça la foutrait mal. Celui-ci lui fit d'ailleurs signe de l'aider un peu à virer les tâches de sa chemise. Parker tapota ses différentes poches avant de trouver sa baguette, de la pointer vers le sorcier et de lâcher un Aguamenti beaucoup trop puissant qui eu pour effet de foutre de l'eau partout. Oui, quand il le voulait, Ashton savait très bien faire le boulet.

... Et m*rde il se rappelait qui était Gregory Hornby. L'ancien sportif qui gérait actuellement le Département des jeux et sports magiques, Morgan allait forcément le connaître.

PV Héra & Enzo

Très honnêtement, tu ne sais pas pourquoi t'as fini ici. Habituellement, tu ne traînes pas tellement dans Londres après le boulot, et encore moins du côté de la gare de King's Cross. Mais il faut croire que t'as eu envie de changer tes habitudes, parce que c'est bien le café de la gare que tu t'es décidé à squatter, et non pas l'uns des bars sorciers de Pré-au-Lard. T'avais sûrement envie de boire un truc sans effet secondaire, ça arrive. D'ailleurs, t'as jeté ton dévolu sur une bière basique. Une seule par contre. T'as déjà eu assez de problèmes avec l'alcool comme ça, t'as pas l'intention de t'y remettre. Pas de murge, juste un coup après le boulot, comme presque tous les jours. Bon, t'as peut être juste changer d'alcoolisme au fond, mais au moins maintenant tu te mets plus minable et tu marches droit avec les idées claires. C'est un mieux certain.

Dehors, l'hiver fait rage. Un vent glacial secoue le peu d'arbres londoniens et essaie de faire voler les chapeaux des passants assez fous pour rester dehors dans le froid. Vu les bourrasques tu ne serais même pas étonné qu'une tempête se prépare. C'est dans ce genre d'instant que tu bénies le transplanage malgré l'inconfort du transport : quand tu voudras partir, un tour dans les toilettes et tu seras en plein Pré-au-Lard sans avoir à affronter la météo peu clémente d'ici. Si c'est pas magnifique la magie. Le mieux serait de pouvoir partir directement d'ici, mais paraît qu'il y a un truc appelé secret magique qui t'en empêche. Ce qu'il ne faut pas inventer sérieusement...

Assis à une table près de la fenêtre, tu dégustes ta bière, le regard dans le vague, profitant pleinement de cet instant de repos après une journée harassante au Heurtoir. Et plus tu regardes dehors, plus t'as envie de te tirer d'ici pour aller courir en plein milieu des bois sous ta forme animale. Faut dire que t'en as souvent envie, c'est à se demander comment tu faisais pour supporter les choses avant de pouvoir te transformer.

Cela m'arrivait souvent ce genre de situation, de me lever en décidant qu'aujourd'hui j'allais me promener, sans jamais savoir où, et laisser mes pas me guider. J'aimais cette sensation de liberté que ça me procurait, j'avais l'impression de n'avoir aucun problème, tout était bien. Enfin presque, il y avait encore à savoir où je me situais exactement, m’arrêtant brusquement, je regarde autour de moi en soupirant, je n'en avais pas la moindre foutue idée. Bon, après tout tant pis, quand je serais fatiguée je n'aurais qu'à m’arrêter faire une pause dans un endroit quelconque, c'est comme ça que ça se passait tout le temps de toute façon.

Je ne sais pas combien de temps j'avais gambadé, deux heures, voire trois, ça n'avait pas d'importance. Cependant la vue de cette gare légèrement familière me procure un frisson de joie, j'allais enfin pouvoir faire une pause bien méritée et restaurer mes forces. C'est donc l'allure boostée par l'appât du gain que je m'avance vers cette gare moldue, qui commence à me revenir à mesure que je m'y approche. C'était là où j'allais à chaque rentrée depuis sept ans, c'était d'ailleurs peut-etre la dernière fois que je la vois car c'était à présent ma dernière année, autant donc en profiter.

Vagabondant dans cette gare remplies de souvenirs et de nostalgie, un petit café tranquille me fait de l’œil, c'est sur celui-ci que je décide de  jeter mon dévolu. Je ne sais pas ce que j'allais encore commander, j'allais me contenter de lire la carte et de faire semblant d’être une connaisseuse en la matière, ça devrait le faire. L'intérieur du café était accueillant, presque réconfortant, cherchant du regard un coin isolé pour m'asseoir, je remarche un jeune homme que je crois reconnaitre même dos, son allure d'ado rebelle aide il faut dire, les sourcilles froncés je m'avance pour quand même en avoir le cœur net.

- Tiens donc Enzo, je te croise encore à sécher les cours j'imagine ! Dis-je en retenant un petit rire étonné et amusé.

Bon, on fera abstraction de mon cas, mais voilà. Remarquant l'autre jeune homme assis avec une étrange boisson qui lui m'était inconnu, je décide de lui faire un petit coucou de la main, son joli minois aide il faut le dire.

Tandis que t'es tranquillement perdu dans tes pensées, une silhouette suivie d'une voix t'en sors. Tu tournes la tête vers le jeune homme qui te dérange ainsi, t'apprêtant à lui dire absolument pas poliment d'aller voir ailleurs si tu y es. Mais tu reconnais le mec qui t'a ramené Maugrey Fauteuil. Du coup, tu ravales tes insultes bien senties et tu fais un effort pour paraître avenant. Pas souriant non plus, faut pas trop déconner.

- Non, non, tu te trompes pas c'bien moi...

Toi par contre t'as pas son nom. Peut être que tu l'as déjà su, peut être pas. Tu sais plus et à vrai dire tu t'en fous. T'as jamais été très doué pour retenir le nom des gens ou même leur demander. Suffit de voir le Perché ou ta Soeur étoilée, t'as jamais su leur véritable identité. Est-ce que ça vous empêche de vous apprécier ? Absolument pas. Enfin le Perché a disparu, mais ça change rien, c'est ton copain, et avec lui t'es pas tout seul. Bref, son nom, tu t'en contrecarres et t'as pas l'intention de lui demander. Cependant, sa planche sous le bras ne manque pas d'attirer ton attention. Tu la désignes d'un mouvement du menton.

- Sympa la planche. J'suis resté au skate moldu. C'bien niveau sensation ?

Faut dire que t'hésites à investir dans un Witchboard toi-même depuis quelques temps. Mais t'as jamais trouvé l'occasion d'aller t'en acheter un, et t'es hyper attaché à ton bon vieux skate des familles. Tu t'apprêtes à lui dire de s'asseoir, histoire de faire semblant d'être poli, mais une autre personne se ramène, que tu ne connais absolument pas, et qui visiblement connaît... Enzo. Bon ben voilà, t'as son nom, avec un peu de chance tu l'oublieras pas. M'enfin c'est peut être te demander beaucoup là. La jeune fille te fait un petit coucou. Tu réponds d'un simple signe de tête.

- Sécher les cours ? Tiens donc... Et toi gamine, t'es pas à l'école non plus ?

La réponse de ce jeune homme eut immédiatement pour effet de me faire effacer mon sourire. Comment avait-il osé m’appeler ? Je n'avais qu'une seule envie, c'était de sortir ma baguette et de le faire taire, malheureusement nous étions en zone moldu et tout le bordel. Décidément, avoir une belle gueule faisait pousser des ailes à certains, je dirais que les choses sont tellement faciles pour eux qu'ils peuvent se permettre  un peu tout et n'importe quoi. Ou alors c'était une sorte d'héritier ou un gars torturé par la vie, lui donnant déjà l'impression de tout connaitre, bref dans les deux cas on était bien partis.  Déguisant mon visage d'un sourire cette fois, forcé, je lui réponds d'une voix calme dissimulant maladroitement mon mépris.

- Hum je me demande bien quel âge tu as pour parler déjà comme un vieux vétéran de guerre.

Fort heureusement, le baiser qu'Enzo posa sur ma joue me radoucit presque aussitôt. Ah Enzo...cette merveilleuse journée passée ensemble restera un de mes meilleurs souvenirs. J'en conserve d'ailleurs une trace sur ma peau, ce tatouage que tu m'as fait ce jour là, symbole de ce lien très fort qui nous unit. Ce lien peut-être, qui fait que nous nous retrouvions à chaque fois que nous séchions quelques cours.  Rigolant en lui ébouriffant les cheveux d'un geste tendre, je finis par lui répondre du tac au tac.

- Peut-être bien, peut-être bien...

Voilà qu'il veut s'asseoir avec l'autre gars...très peu pour moi, il était bien trop froid et désagréable. Je n'avais pas quitté pendant ces quelques heures de répits les regards suffisants des Serdaigles pour en retrouver un semblable ici. Tant pis, on se recroisera certainement une autre fois au château.

- Bon à plus tard j'imagine, je vais boire vite fait un verre là-bas avant de repartir.  Je fais à l'attention d'Enzo en montrant rapidement une table du menton.

Ta moquerie n'a visiblement pas été très bien perçue par la demoiselle. Sa pique ne fait que dessiner un sourire moqueur sur ton visage tandis que tu te contentes de hausser les épaules d'un air désinvolte.

- Mais c'est qu'elle mordrait en plus la petite. Range tes dents de lait, bébé, tu risquerais de les abîmer.

Tu te fous ouvertement d'elle. D'un autre côté, les gens qui montent directement sur leurs grands chevaux ça te fait doucement rire. Si elle savait ce dont tu étais capable elle serait déjà à genoux devant toi en train de te supplier de ne pas lui faire de mal. Mais t'es pas là pour ça, et après ta journée de boulot t'as clairement la flemme, du coup tu te contentes de récupérer le Witchboard tendu par Enzo avec un léger signe de tête de remerciement, d'avaler plusieurs longues gorgées de ta bière, et de te lever pour te diriger vers la sortie.

- J'vais essayer ça tout de suite. Assied-toi où tu veux, t'as le temps de boire un coup avec ta copine désagréable le temps que j'm'amuse un peu.

T'appuies bien le trait en parlant d'elle comme si elle n'était pas là. T'es sans doute très puéril, mais tu ne peux pas t'en empêcher. Et te voilà qui passe la porte tout en lâchant la planche magique au sol. Tu démarres d'un puissant coup de pied au sol et après quelques secondes hésitantes sur la planche en lévitation, tu dois bien admettre que c'est franchement pas mal. Si le roulement des roues sur le bitume te manque, la sensation de lévitation est franchement agréable. Mais une chose est sûre : même si tu te procures cet engin, tu ne laisseras jamais tomber ton skate. Parce que ça n'a rien à voir.

Tu te permets de faire un bon tour dans la gare, passant quelques obstacles sans difficulté grâce à la lévitation de l'objet. Même pas une petite frayeur, c'est dommage. La sécurité de la gare commence à te pourchasser à moitié et tu te décides à t'arrêter là pour la démonstration. Un embobinement des types en mode "je savais pas qu'on pouvait pas skater dans la gare je recommencerais pas je suis très gentil et je souris" et te voilà de retour au café pour rendre la planche à son propriétaire.

- Pas mal du tout, mais ça rend les choses un peu trop faciles à mon goût. Elle s'est calmée ? Tu lui as filé un biberon ?