Sur les rails

A peine quelques secondes après avoir donné sa réponse, le machiniste s'exclama qu'ils étaient enfin prêts à partir. Elle sursauta lorsque la vapeur s'échappa du train, faisant un boucan pas possible.

- Tu comptes retourner à ta place ? J'peux te proposer un autre coin, si ça te dit.

- Pourquoi pas !

Elle avait à peine hésiter avant de lui répondre. Après tout, elle lui faisait confiance et elle savait qu'il n'était pas méchant. Et puis, ça pourrait être chouette et surtout plus amusant que si elle retournait dans son compartiment.

Vhagar se mit alors à marcher vers la cabine des machines. Une fois dessus, il monta l'échelle pour se retrouver sur le toit. Ensuite il lui tendit la main, pour qu'elle fasse de même. Elle lui sourit avant de marcher vers l'échelle à son tour. Elle lui attrapa la main et il la souleva avec beaucoup de facilité.

Ils se trouvaient maintenant sur le toit, assis en regardant la beauté des lieux. Tout avait l'air différent vu d'ici, et Kelsey trouvait l'endroit vraiment magnifique.
Après quelques minutes, ils se mirent à parler de tout et de rien. Surtout des cours, des profs et elle fut surprise de voir que le jeune homme pouvait parfois plaisanter. Le reste du voyage allait être bien plus agréable que le début, ça c'était sûr.

C'était avec plaisir !

Retrouvailles des irlandaises (avec Aileen O'Leary)

Les vacances d’été avaient été plus mouvementées que prévu. Mes parents adoptifs, qui connaissaient bien évidemment mon insatiable goût de l’aventure, m’avaient réservé un tour de l’Europe bien mérité - malgré mon lamentable échec aux ASPICs, sur lequel ils ne me firent d’ailleurs aucune remarque déplaisante. Ils m’avaient à peine laissé le temps de dire au revoir à Aileen, puis m’avaient invitée à les suivre : direction Paris. Après seulement quelques jours dans la capitale, je m’étais déjà pris la tête avec deux/trois francophones, pas foutus d’agir comme des êtres humains civilisés. Ma baguette magique en main et ma patience n’étant pas à son meilleur, j’avais provoqué l’un d’eux, menaçant par la même occasion de révéler le monde des sorciers à de simples moldus.

De façon à limiter les dégâts, ma mère avait donc proposé d’avancer le vol pour notre prochaine destination, et nous nous retrouvions tous les trois à Barcelone quelques heures plus tard. Visiter de nouveaux horizons avait beau me faire énormément de bien, il manquait tout de même quelque chose. J’aurais sûrement préféré pouvoir inviter mon amie et partager ces moments-là avec elle. J’aimais beaucoup mes parents, personne n’aurait pu le remettre en question, mais devoir vivre dans le monde moldu et cacher ma véritable identité sans personne avec qui partager les plans machiavéliques qui défilaient dans ma tête me pesait plus que d’habitude. C’est donc le sourire aux lèvres, mais avec un léger pincement au cœur que j’accompagnai mes parents au travers de leur périple, découvris de nouvelles cultures et tentai tant bien que mal de m’intégrer. Mes parents pensaient bien faire, et je leur en étais reconnaissante. Pas moyen que je brise leur bonheur.

Après un mois et demi passé à découvrir de nouvelles places, il était maintenant temps de rentrer. Je n’avais que quelques heures de battement entre mon retour et le départ du Poudlard Express, et m’empressai donc de faire ma valise, avant de courir dans la maison voisine, voir si Aileen voulait qu’on fasse le trajet ensemble. Malheureusement, la jolie rousse qui m’avait tant manqué était déjà partie. Et puis, de toute façon, nous n’aurions probablement pas été dans le même avion, mon billet étant déjà réservé. Mes parents m’accompagnèrent jusqu’à l’aéroport, et me quittèrent après une longue scène d’adieux tout droit sortie d’un film et bien trop mélodramatique à mes yeux.

Une bonne heure d’avion plus tard, j’arrivai finalement à Londres, et me dirigeai vers la voie p ¾, comme beaucoup de mes camarades. Voir les jeunes sorciers hésiter avant de traverser le mur me faisait toujours autant sourire. Je décidai donc de me placer derrière l’un d’eux, qui tremblait de peur depuis un bon cinq minutes déjà et lançait des regards inquiets à ses parents, puis me mis à courir, l’entraînant avec moi sur le quai du Poudlard Express.

« C’était pas si compliqué, tu vois! Allez, grimpe avant de te retrouver tout seul sur le quai comme un abruti. »

Terrifié, le jeune homme ouvrit de grands yeux, fixant tour à tour le mur, puis moi. Ses parents ne tardèrent pas à le rejoindre. Je lui adressai un léger clin d’œil, puis montai dans le train comme si de rien n’était. Je pris place dans le dernier wagon, comme à mon habitude, et fouillai dans mon sac, à la recherche de quelque chose à me mettre sous la dent. Sans grande surprise, j’avais encore un sachet de dragées surprises de Bertie Crochue. Parfait! Non seulement j’allais pouvoir apaiser mon ventre et ses gargouillements incessants, mais j’allais en plus pouvoir en profiter pour avoir un peu de fun. Sans perdre une seconde, j’avalai un bonbon. Choux de Bruxelles… Ouais ben, ça aurait pu être pire.

Le train ne tarda pas à démarrer. J’entendais encore les parents dire au revoir à leurs enfants et leur souhaiter tout plein de bonnes choses. Après quelques minutes à fixer l’horizon à travers la fenêtre en engloutissant des dragées par poignées, je me levai et décidai d’aller distribuer celles qui me restaient aux élèves des autres wagons. J’allais peut-être finir par tomber sur Aileen. Dans l’un des wagons, trois jeunes filles discutaient de ce qu’elles comptaient faire durant leur première année à l’école de magie. Je venais de trouver mes premières victimes. J’entrai donc dans le wagon, et tendis le sachet à la première. Celle-ci me remercia et prit une confiserie, qu’elle porta directement à sa bouche. À en croire son sourire, elle devait être tombée sur une bonne. Ses amies suivirent et me remercièrent elles aussi. La dernière eut toutefois une mine de dégoût après avoir mangé sa sucrerie. Je lui souris, expliquant aux trois fillettes qu’elles ne pouvaient pas savoir ce que goûtaient les dragées avant de les avoir savourées, puis continuai ma route.

Après avoir parcouru la moitié du Poudlard Express, mon regard s’arrêta sur un visage familier. C’était le jeune garçon de tantôt, que j’avais littéralement poussé dans le mur. Il me lança un regard noir, puis baissa les yeux. Je lui proposai donc une dragée, qu’il acceptait à contrecœur, pas mal certain qu’il faisait le mauvais choix. À la tronche qu’il tira après l’avoir avalée, j’en devinais qu’il n’était effectivement pas tombé sur la meilleure. Décidément, le jeune inconnu allait vraiment me prendre pour un tyran avant même que la saison ne soit commencée. Je m’apprêtais à faire demi-tour et à continuer ma distribution, lorsque j’entendis une voix que je ne connaissais que trop bien derrière moi…

Aileen était soulagée de revenir à Poudlard après l'été. Non pas qu'elle était une fanatique de l'étude et que les cours théoriques lui manquaient, loin de là. Mais un été sans Nya, coincée entre Sligo et Dublin, entre sa mère et sa famille, c'en était trop pour l'irlandaise.

Les soeurs de sa mère n'ayant pas encore eu d'enfant ou n'étant pas mariées à des sangs purs, Aileen représentait pour les O'Leary la dernière héritière du sang familial. Ils avaient donc décidé de la recontacter et de pardonner une partie des frasques de sa mère pour l'amadouer. Autant Aileen n'avait rien à dire aux O'Leary, autant le sourire de sa mère lorsque celle-ci apprit qu'elle pouvait parler de nouveau à ses soeurs fit en sorte que la rousse accepta l'offre à contrecoeur.

Ce fût donc un été rempli de rencontres politiques, de soirées et de bals à n'en plus finir. Après un été à avoir porté un masque, Aileen était contente de retrouver l'endroit sécuritaire qu'était Poudlard.

Elle partie en avance, désirant passer quelques jours à Londres par elle même avant de plonger dans sa dernière année. En arrivant sur le quai 9 3/4 avec une bonne heure d'avance sur le départ, Aileen se décida à réserver un wagon pour elle et Nya. C'est ainsi qu'elle s'installa paisiblement dans le wagon 17, un livre d'une main, une baguette de l'autre afin de décourager de potentiels intrus.

Elle fût dérangée par des cris de dégoûts et des commentaires sur une rousse folle qui tentait d'empoisonner les nouveaux.

Dis donc, Nya est en forme cette année, elle attendait la répartition d'habitude.

Elle se détacha donc de son livre pour jeter un coup d'oeil sur le corridor. Nya était là, proposant des dragées de Bertie Crochue à un 1e année. Aileen sourit et cria à l'attention de sa meilleure amie :

-Arrête de martyriser les premières années et viens me rejoindre! Je nous ai pris un wagon pour nous deux. Je savais que tu allais être en retard chérie!

J’aurais reconnu cette voix entre mille. C’était effectivement Aileen, qui me proposait de la rejoindre dans le wagon qu’elle nous avait réservé. Visiblement, les ragots tournaient rapidement à bord du Poudlard Express, puisqu’elle savait pertinemment ce que j’étais en train de faire. Cela dit, la rouquine me connaissait bien assez pour savoir que, potins ou non, martyriser les premières années était mon passe-temps favori, surtout quand j’avais plusieurs heures à tuer dans un train. Chaque année, c’était le même trajet, et chaque année, je le trouvais plus long et difficile à supporter que l’année précédente. Heureusement que mon amie était là. Particulièrement cet année, puisque nous avions passé l’été au complet séparées. C’était une grande première, et j’avoue que l’expérience ne m’avait pas particulièrement plu. Au moins, nous aurions des choses à nous raconter, ça, c’était certain.

Je détournai donc mon regard du pauvre étudiant qui avait pu profiter non pas une, mais deux fois de mes mauvais tours, et partis rejoindre la vert argent. Finalement, je n’aurais pas besoin de la chercher longtemps, puisque c’était elle qui m’avait trouvée, simplement en suivant les rumeurs. Amusée, je m’approchai donc de la jeune femme et déposai un rapide baiser sur ses lèvres, sans même prendre la peine de dire au revoir au jeune homme qui espérait probablement ne plus jamais avoir à croiser mon chemin. J’étais bien trop contente de finalement retrouver ma chère voisine pour me souvenir que nous n’étions pas seules au monde. J’attrapai sa main, et me dirigeai vers la sortie du wagon.

« Eh, faut bien que je maintienne ma réputation! En tout cas, je te suis! »

À écouter ce qui se disait dans les corridors du train, j’avais effectivement réussi à préserver ma réputation, et même les petits nouveaux savaient d’ores et déjà à quoi s’en tenir. Mission accomplie.
Aileen ne tarda pas à me pointer du doigt le wagon 17, qu’elle avait réservé pour nous. Je me laissai donc lourdement tomber sur le banc, face à mon amie et à la direction du train.

« Je n’étais même pas en retard! J’ai d’ailleurs empêché le jeune garçon de tantôt de manquer le train, parce que pour le coup, lui aurait probablement fini par être en retard si je ne l’avais pas trainé dans le mur. Et puis, j’ai fait le plus vite que j’ai pu, j’étais à peine rentrée à la maison que je devais déjà repartir… Comment se sont passées tes vacances? »

J’avais débité tout ça à une vitesse bien plus intense que d’habitude, ce qui trahissait le plaisir que je ressentais à l’idée de passer les prochaines heures en compagnie de la rouquine. C’est donc en reprenant mon souffle que j’attendis patiemment sa réponse.

Aileen pu voir le regard soulagé que lui lança le 1e année alors qu'elle distrayait Nya de son sort. Il profita de la distraction créée par Aileen pour s'enfuir plus loin dans le train. Heureusement pour lui, Nya était bien trop occupée à venir l'embrasser pour remarquer sa fuite.

Après un baiser rapide, sa meilleure amie l’entraîna par la main sans même savoir ou était le wagon qu'Aileen avait réservé. Cela la fit rire, c'était bon de voir qu'elle n'avait pas changé malgré la distance. Nya dû s'en rendre compte car, à peine sortie du wagon elle se tourna vers Aileen et dit :

« Eh, faut bien que je maintienne ma réputation! En tout cas, je te suis! »

Aileen la traina dans le wagon 17, et scella l'entrée avec un rapide Collaporta. Histoire de ne pas se faire déranger. En voyant son amie s'affaisser dans le sofa, elle lança rapidement un Voluptas Garden, histoire de l'aider à se détendre. Elle savait que Nya aimait le lilas et que l'odeur l'aidait à relaxer.

« Je n’étais même pas en retard! J’ai d’ailleurs empêché le jeune garçon de tantôt de manquer le train, parce que pour le coup, lui aurait probablement fini par être en retard si je ne l’avais pas trainé dans le mur. Et puis, j’ai fait le plus vite que j’ai pu, j’étais à peine rentrée à la maison que je devais déjà repartir… Comment se sont passées tes vacances? »

Nya parlait vite, trahissant son excitation. Cela fit sourire Aileen, contente de trouver enfin une personne qui soit réellement contente de la voir et qui ne cherchait pas à l'utiliser. Elle posa sa tête sur le rebord de la fenêtre, fixant Nya et lui répondit :

-C'est bien la 1e année que tu n'es pas en retard, tu as pris des bonnes résolutions? Entre ça et aider les 1e années cela revient presqu'au miracle! J'ai même entendu dire que tu offrais aux autres tes sucreries. Qu'est-ce qu'il t'arrive? Paris t'a ouvert les yeux?

Aileen ne désirait pas particulièrement parler de sa famille, elle venait à peine de revoir son amie qui l'avait tant manquée. Elle n'avait pas envie de gâcher leurs retrouvaille avec ses histoires de succession.

Comme à son habitude, Aileen lançait des sorts à tort et à travers, et ne manqua pas de sceller la porte après être entrée dans le wagon. C’était donc comme ça qu’elle l’avait réservé, en empêchant quiconque d’entrer ou de sortir. Pourquoi pas. À peine avait-elle finit de lancer son premier sortilège qu’elle en lançait déjà un autre, et qu’une agréable odeur de lilas vint embaumer la pièce. Je souris à mon amie, qui était bien la seule à me connaître aussi bien. Elle m’avait sentie un peu stressée, et n’avait pas pris le temps de réfléchir avant d’essayer de remédier à la situation. Le lilas dégageait une odeur qui m’avait toujours vraiment apaisée. Après avoir posé sa tête sur le rebord de la fenêtre, Aileen me demanda d’un ton provocateur si Paris m’avait ramollie.

« Ça doit être ça. Les parisiens sont tellement charmants… »

Me remémorer les premiers jours de mes vacances ne me rendait pas particulièrement de bonne humeur, mais je me contentai d’une réponse simple et évasive. Pas besoin d’en dire plus, Aileen connaissait très bien mon incapacité chronique à m’entendre avec les parisiens. D’autant plus que je savais parfaitement bien ce que son petit pic cachait : la jeune femme ne voulait pas parler de ses vacances, qui n’avaient donc probablement pas été beaucoup plus glorieuses que les miennes. Si la jolie rousse ne voulait pas s’étendre sur le sujet, je n’allais pas insister. Elle savait où me trouver si l’envie de pester contre le monde lui prenait. Je décidai donc de spécifier un peu ma question, et ne parlai plus que de ses parents, plutôt que du reste de sa famille avec qui elle ne s’entendait pas forcément très bien.

« Sinon, comment vont a mère et ton frère? Ça fait un bon bout que je ne les ai pas vus, avec tout ça. »

J’avais passé tellement de temps chez mon amie dans mon enfance que sa famille faisait quasiment partie de la mienne, tout comme Aileen devait considérer ma famille comme la sienne. Sa maison avait été un refuge pour moi pendant des années. Je m’entendais particulièrement bien avec mes parents, mais ils ne me comprenaient pas toujours, contrairement à la jeune femme, qui avait toujours été là pour m’épauler et m’aider à traverser les épreuves un peu plus difficiles.

Nya l'avait compris, elle la comprenait toujours. Sentant qu'Aileen n'avais pas envie de parler de ses vacances, elle avait aussitôt changé de sujet, essayant de mettre son amie plus à l'aise. En effet, pousser Aileen n'était jamais une bonne idée.

La rousse s'étira à la manière d'un chat, soulagée de ne pas avoir à raconter à Nya les plans que les O'Leary avaient pour elle. Après tout, il lui restait encore un an avant de trouver une manière de ses désister. C'était en masse.

-Mon frère me boude parce que je vais à Poudlard sans lui encore une année. Il m'a souhaité de couler mes examens pour que je reste une année de plus...Tu sais comment il est, il ne me parle pas la journée de mon départ pour ensuite pleurer pendant une semaine et m'envoyer des hiboux chaque deux jours. Du côté de ma mère, elle va assez bien, elle écrit une nouvelle et cela l'occupe pas mal. Toi tes parents?

Aileen regarda tendrement Nya, non elle ne pouvait pas se permettre de la perdre pour quelque chose d'aussi stupide que sa famille.

-Oh! Avant que j'oublie! Je suis allée à Dublin pendant mes vacances et je t'ai rapporté un petit quelque chose....

Elle sorti de sa robe un petit paquet délicatement enveloppé. À l'intérieur se trouvait une petite broche en or blanc, représentant un chat aux yeux verts. Aileen l'avait vu dans une des boutiques moldues de Dublin et, connaissant l'amour que Nya portait aux félins, l'avait pris sans hésiter. Le fait que la broche était dans les couleurs de serpentard n'était qu'un beau plus.

-Tu vas voir, je pense que tu vas bien aimer....

Elle lui fit un grand sourire avant de lui tendre le petit paquet noir.

Aileen, ravie de ne pas avoir à se justifier, s’étira à la manière d’un chat, ce qui était particulièrement adorable. J’étais tellement heureuse de finalement la retrouver, après ces trois longs mois passés à voyager… La rouquine m’expliqua que, comme à son habitude, son frère avait refusé de lui adresser la parole plus tôt dans la journée parce qu’il était triste de ne pas pouvoir l’accompagner à Poudlard. C’est vrai que la nouvelle me m’étonnait pas vraiment : tous les ans, c’était le même refrain. Je souris, m’imaginant très bien Alister en train de bouder dans son coin.

« Effectivement, ça ne m’étonne pas. Mais il ne lui en reste plus gros à attendre là, pas vrai? L’année prochaine, il rentre en première année, non? »

D’après mes souvenirs, qui n’étaient vraiment pas fiables à cent pour cent, le petit O’Leary avait sept ans de moins que sa sœur, et s’apprêtait donc à recevoir sa lettre de Poudlard. Il l’attendait depuis si longtemps que je me demandais bien comment sa mère allait pouvoir le calmer par la suite… En tout cas, revenons-en à nos moutons : la jolie rousse voulait à son tour des nouvelles de mes parents.

« Mettons que partir plusieurs mois en vacances sans se soucier de leur travail a eu l’air de leur faire beaucoup de bien. Je ne les avais jamais vus aussi épanouis, sans aucun stress sur les épaules. Ma mère a même gardé contact avec une femme qu’elle a rencontré sur une plage à Barcelone, Sophia. Elle s’en vient probablement à Sligo pour Noël, tu pourras peut-être la rencontrer. »

La Sophia en question était plutôt sympathique dans son genre, mais elle parlait beaucoup trop à mon goût. Pas moyen d’en placer une avec elle. Et puis, si par malheur on réussissait, elle avait toujours vécu la même chose, voire pire, de toute façon. Heureusement pour moi, j’avais passé plus de temps dans l’eau qu’à les écouter jacasser. Ma mère avait l’air heureuse de sa nouvelle fréquentation, mais elle était bien la seule. Mon père et moi nous en serions passés volontiers.

Aileen me coupa dans mes pensées et me tendis un petit paquet noir. J’ouvris de grands yeux, réalisant que, malgré mon été passé à voyager, j’avais complètement oublié de rapporter quelque chose à mon amie. Mais quelle tête en l’air… Enfin, la belle jeune femme ne m’en tiendrait probablement pas rigueur : ce n’était pas la première, et ce ne serait surement pas la dernière fois que je ne pensais pas assez aux autres…

Sans perdre plus de temps, j’ouvris le paquet. C’était une magnifique broche en or blanc représentant un chat aux yeux verts. Ah, sacrée Aileen. Cette dernière savait parfaitement que j’avais un faible pour les chats. J’allais même pouvoir faire de la publicité pour la maison rivale, puisque le bijou était aux couleurs de serpentard. Je l’attachai donc à ma robe de sorcier, puis remerciai Aileen.

« Merci, c’est vraiment magnifique! Désolée, moi je t’ai encore oubliée… »

Je me levai tout de même, liant les gestes à la parole, et me plantai devant Aileen, les bras grands ouverts pour lui faire un énorme câlin bien mérité.

Nya attacha la broche sur sa robe, portant presque fièrement les couleurs de Serpentard. Cela fit sourire tendrement Aileen, heureuse que son cadeau semblait plaire à son amie. On pouvait difficilement se tromper en offrant quelque chose ayant rapport aux chats à Nya.

Cette dernière vouait d'ailleurs une saine adoration à son préfet, ce dernier lui ayant offert de quoi acheter son compagnon félin. Nya ne manquait jamais de raconter cette histoire, digne de Cendrillon. Et à chaque fois, Aileen ne pouvait s'empêcher d'être légèrement jalouse, si seulement elle avait eu les moyens à ce moment!

« Merci, c’est vraiment magnifique! Désolée, moi je t’ai encore oubliée… »

Aileen s'attendait à ce que Nya, excitée par son voyage, ne pense pas à lui rapporter de quoi. Cela ne l'empêcha toutefois pas de lui faire un air de chien battu.

-Ce n'est pas grave...Je sais que tu avais d'autres choses à faire qu'à penser à moi...Je veux dire, voyager c'est excitant et on y fait toutes sortes de rencontres...

Elle se détacha un peu du câlin de Nya.

-Mais ce n'est pas grave, tu es là, avec moi, maintenant!

Elle lui fit ses petits yeux de biche, tentant de paraître le plus innocente et fragile possible, sachant parfaitement que Nya risquait de voir à travers ses petites manigances.

-Tu m'as manquée...

C'est alors qu'elle referma une fois de plus le câlin, serrant fort Nya dans ses bras.

-C'est vraiment égoïste mais je suis contente que tu sois avec moi pour cette dernière année.

Comme je m’en doutais, Aileen avait beau savoir que je n’étais pas du genre à rapporter des petites surprises aux gens, elle essayait tout de même de me faire culpabiliser. Ç’aurait presque pu être efficace si elle avait mieux choisi ses mots. À la place, je me contentai de sourire et de lui répondre sur un ton tout à fait banal :

« Aucune qui ne t’arrive à la cheville, crois-moi. »

Et c’était vrai. J’avais, certes, rencontré quelques personnes au cours de mon périple, mais pas moyen de reproduire la proximité et la complicité que j’avais avec mon amie d’enfance. Dans les faits, je n’étais pas capable de réellement m’attacher à qui que ce soit d’autre. La vert et argent avait toujours été là pour moi, et c’était tout ce qui comptait. Je n’avais besoin de personne d’autre, et ne me privait pas pour le leur faire remarquer.

Lorsque la rouquine se détacha de mon étreinte, une seule pensée me traversa l’esprit : bon, combien de temps avant qu’elle ne me resaute au cou? Elle me défiait du regard avec ses yeux de biche et son air innocent là, mais pas moyen que je cède. Je savais qu’elle finirait par revenir, de toute façon. Et effectivement, à peine quelques secondes plus tard, les bras de la jeune femme se resserrèrent autour de moi. Je lui rendis donc joyeusement son accolade, fermant les yeux par réflexe pour mieux profiter du moment.

« Toi aussi tu m’as manquée. En quoi c’est égoïste? »

Je marquai une pause d’à peine une demi-seconde, avant de réaliser. Ah, oui, c’est vrai. Pour passer cette dernière année avec Aileen, il avait fallu que je coule mes ASPICs. Enfin, dit comme ça, ça semblait volontaire. Non, j’avais juste vraiment manqué de motivation en cours de route et Aileen n’y était absolument pour rien. Ceci dit, j’étais moi aussi bien contente de pouvoir rester à ses côtés une année de plus. Nos examens terminés, nos chemins prendraient probablement des directions bien différentes… Je serrai donc mon amie dans mes bras de plus belle.

« Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement, ne t’en fais pas. »

Les années se succédaient, et ma relation avec mon amie était de plus en plus ambiguë, mais je n’avais jamais vraiment su si quelqu’un l’intéressait à l’académie de magie. Elle m’avait déjà parlé de quelques histoires sans lendemains, ou en tout cas, de romances sans fondements sérieux, mais elle était toujours restée très évasive sur ses sentiments. Je finis donc par me libérer de son étreinte, m’assis à ses côtés et déposai ma tête sur son épaule. Je fixai le vide, sans savoir si je n’étais pas en train de faire la plus grossière erreur de ma vie. Faut dire que je n’étais pas certaine de vouloir connaître la réponse, mais je m’essayai malgré tout.

« Sinon, comment ça va côté amour toi? As-tu quelqu’un en vue? »

Par réflexe, j’attrapai sa main et la serrai dans la mienne, attendant patiemment sa réponse.

« Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement, ne t’en fais pas. »

Aileen soupira un peu de soulagement. Elle n'aimait pas l'admettre, mais ses rencontres avec les O'Leary cet été l'avait profondément malaisée. Savoir que Nya serait là pour elle peu importe ce qui se passerait lui mettait du baume sur le coeur. Elle mit la tête dans le cou de Nya et respira son odeur, calmante, envoûtante.

Nya se détacha d'Aileen et celle-ci suivit son mouvement, non sans un certain regret. Elle aurait aimé rester plus longtemps dans les bras de son amie. Nya s'installa alors sur l'épaule d'Aileen, cela satisfit son envie d'affection pour le moment. Puis vint la question...

« Sinon, comment ça va côté amour toi? As-tu quelqu’un en vue? »

Aileen se sentit aussitôt devenir rouge pivoine. Elle était tiraillée entre deux réponses. Celle qui risquerait son amitié avec Nya (même si cette dernière venait juste de lui assurer qu'elle ne la laisserait pas seule, Aileen ne pouvait se permettre le moindre doute ou la moindre erreur qui puisse lui coûter sa relation). Et celle plus sécuritaire, qui la titillait depuis quelques temps. Elle choisit la dernière.

-Je ne parlerai pas vraiment d'amour....mais je dois avouer que j'ai quelqu'un de ma maison qui m'a tapé dans l'oeil. Quoique cela fait depuis l'année passée que je ne l'ai pas vraiment vu...

Aileen rougit de plus belle. Il s'agissait d'une personne ne l'ayant jamais remarqué et qui ne la remarquerait probablement jamais. Dans les faits, elle serait peut-être mieux ainsi, à ne pas lui reparler. Elle ne pouvait pas vraiment se permettre une relation après tout.

-Mais ce n'est vraiment rien de sérieux! Je ne pense pas qu'il sache que j'existe non plus...donc c'est totalement voué à l'échec. Je suis sûre qu'en le revoyant à Poudlard, je vais me rendre compte que je me suis juste montée quelque chose dans la tête.

Et qu'en fait je préférerais sortir avec toi. Elle faillit le dire mais étouffa ses derniers propos.

Aileen soupira. Pourquoi avait-elle une meilleure amie qui la tentait à ce point!

La réaction d’Aileen ne manqua pas de me faire sourire. Elle était rendue rouge tomate, et sembla hésiter quelques secondes avant de répondre. C’était rare de la voir aussi gênée, peu importe le contexte. Sa réponse me fit toutefois rapidement ravaler mon enthousiasme. Même si elle avait très clairement précisé que ce n’était pas de l’amour à proprement parlé, elle avait tout de même quelqu’un en vue. Je tentai du mieux que je pouvais de ne pas trahir mon désarroi, mais mon expression faciale devait tout de même laissé transparaître un léger malaise. J’aurais effectivement dû m’abstenir de poser la question, la réponse n’était pas exactement celle à laquelle je m’attendais. C’était un homme, aussi chez les verts et argent, qu’elle n’avait apparemment pas revu depuis plusieurs mois. Je m’en voulais un peu de réagir de cette façon, mais je ne nierais pas que ces paroles m’avaient quelque peu rassurée.

« Je doute que qui que ce soit qui a déjà croisé ton chemin ignore ton existence. »

C’était la seule chose qui m’était passée par la tête – hormis l’énorme envie de juste me jeter dans ses bras pour lui enlever ce jeune homme de l’esprit. Je le pensais vraiment, pourtant : la rouquine avait une façon d’être qui ne pouvait laisser personne indifférent. Je ne comprenais d’ailleurs pas comment elle pouvait ne pas avoir plus d’admirateurs. Quoi que, dans le fond, c’était peut-être le cas et je n’étais simplement pas au courant. Mon amie soupira. Je ne savais pas trop si c’était à cause du jeune homme ou si autre chose lui trottait dans la tête, mais décidai d’approfondir un peu plus le sujet. Rendu là, cela relevait de pur masochisme, mais ma curiosité était trop forte. Qui était donc ce fameux Serpentard qui avait su lui taper dans l’œil?

« Est-ce que je le connais? C’est quoi son petit nom? »

Je m’efforçais de sourire, malgré le fait que mon cœur n’y soit pas du tout. Saleté de jalousie. Pourquoi est-ce que j’étais incapable de lui exprimer mes sentiments à ce point? Dans les faits, ce que je ressentais pour mon interlocutrice n’était même pas vraiment clair dans ma propre tête… Tout ce que je savais, c’est que je la voulais pour moi toute seule et que je n’avais aucune envie de la partager avec qui que ce soit. Sans m’en rendre compte, je serrai un peu plus sa main, qui était toujours dans la mienne.

« En tout cas, s’il ne te remarque pas, il ne sait pas ce qu’il manque. C’est tant pis pour lui. »

Ok, je n'étais plus capable de me retenir. Sans sire un mot de plus, je passai ma main dans son cou et m'approchai doucement de son visage, sans pour autant aller jusqu'au bout. J'attendais que ce soit elle qui fasse le premier pas, la conversation que l'on venait juste d'avoir n'étant pas vraiment propice à ce genre de comportement.

Aileen cherchait désespérément un moyen de se sortir de cette situation ou elle venait de se fourrer...Elle regarda nerveusement par la fenêtre. Poudlard approchait, mais restait encore trop loin pour utiliser l'excuse de : Oh! Regardes ! On doit sortir bientôt.

« Je doute que qui que ce soit qui a déjà croisé ton chemin ignore ton existence. »

Bordel.....Nya tu ne m'aides vraiment pas. Ok, Aileen, focus. Tu peux sortir de là indemne encore...

Le visage d'Aileen passa de rouge à écarlate, si il y avait bien une chose qu'elle avait du mal, c'était bien les affaires de cœur. Elle s'attachait très rarement à quelqu'un, mais lorsque c'était le cas, elle perdait tout ses moyens. Avec Nya, tout le self-control qu'elle possédait se volatilisait en moins de deux. Son amie était une drogue, une respiration de son parfum et elle était addict. Comment pouvait-elle prononcer de telles paroles....

« Est-ce que je le connais? C’est quoi son petit nom? »

Encore une question qu'elle ne désirait pas répondre. Non pas qu'elle avait peur que Nya lui mène la vie dure, ni même que celle-ci soit jalouse. Elle avait simplement peur qu'en prononçant son nom, des émotions dont elle n'avait pas le contrôle surgissent. Elle dansait sur de la glace fragile, prête à rompre à n'importe quel moment.

« En tout cas, s’il ne te remarque pas, il ne sait pas ce qu’il manque. C’est tant pis pour lui. »

C'est alors que Nya se rapprocha doucement de son visage, caressant son cou. Si le cerveau d'Aileen pouvait exploser, il l'aurait fait à ce moment.

D'un côté elle avait Nya, sa meilleure amie, sa confidente. Elle savait à quel point la chimie entre elles était dangereuse, pour l'avoir testée au préalable de multiples fois. Nya la sensuelle. Nya la confidente. Nya l'ambitieuse. Celle qui réussissait toujours à lui changer les idées.

De l'autre, elle l'avait lui. Intelligent, mystérieux...attirant. Les rares conversations qu'ils avaient eu ensemble l'avait laissée à bout de souffle. Il était cultivé et rivalisait avec elle dans de nombreux domaines. Mais elle n'était probablement qu'une autre élève de Serpentard pour lui. C'était son rôle après tout, aider les membres de sa maison.

Prise entre un autre dilemme, elle décida de se livrer un peu. Nya allait l'apprendre tôt ou tard après tout....

-Oublies le sérieux...je ne sais même pas si je vais pouvoir tomber en relation cette session. Entre les ASPICS et ma famille...c'est fichu.

Elle se reprit.

-De toute façon il est sang-mêlé...donc c'est mort...totalement.

Elle repensa à ses vacances chez sa famille. Ils lui avaient clairement fait comprendre les conditions qui tournaient autour du retour de sa mère et elle dans la famille.

-Est-ce qu'on pourrait ne pas en parler s'il te plait? J'ai déjà eu assez de mal à me battre pour garder mes amis non sang-pur.

Aileen se lova dans le cou de Nya, presque tremblante.

-Je préférerais beaucoup avoir de l'affection en ce moment.

Aileen détourna le regard pour le poser sur la route. Bon, il était peut-être temps de changer de sujet, elle n’avait vraiment pas l’air à l’aise. C’est vrai qu’elle parlait rarement de ses sentiments et avait visiblement beaucoup de mal à les exprimer. Je la connaissais depuis ma plus tendre enfance et elle avait toujours été particulièrement évasive dès qu’on parlait de ce genre de trucs. La rouquine finit tout de même pas s’ouvrir un peu et par m’avouer qu’entre sa famille et la préparation de ses examens, elle n’était pas certaine d’avoir le temps pour une relation de toute façon. Si elle en parlait, c’est qu’elle espérait tout de même qu’il se passe quelque chose avec celui-dont-je-ne-saurais-probablement-jamais-le-nom – ou en tout cas, elle y avait pensé. Elle continua en précisant que sa famille ne l’accepterait jamais parce qu’il n’était pas de sang-pur.

J’en avais presque oublié à quel point ses parents pouvaient avoir une vision manichéenne des choses. Je n’avais jamais compris toute cette animosité envers les sang-mêlés, et ne la comprendrais d’ailleurs probablement jamais. À vrai dire, j’ignorais même jusqu’à la composition de mon propre sang, puisque je ne savais pas vraiment d’où je venais. Je savais que ma mère avait été à Poudlard et, puisqu’elle y était tombée enceinte, j’en avais déduit que mon père devait lui aussi être un sorcier, mais allez savoir… Je ne m’étais jamais vraiment posé la question, la réponse n’ayant aucun intérêt à mes yeux. Dans un cas ou dans l’autre, j’étais dotée de pouvoirs magiques, et c’était tout ce qui m’importait.

Je m’en allais sortir une phrase clichée pour essayer de réconforter mon amie - ce qui n’avait jamais été mon fort, lorsque cette dernière se lova dans mon cou et m’invita à parler d’autre chose. Je n’allais pas m’en plaindre, je commençai moi aussi à être assez embarrassée par la tournure qu’avait pris la conversation. J’aurais peut-être préféré un baiser à la place d’un câlin, mais j’allais visiblement devoir m’en contenter. Presque tremblante, la vert et argent me confia qu’elle préférait avoir de l’affection. Pas de soucis. Ça, j’étais plus que capable de lui en donner. Je passai donc ma main dans ses cheveux et tentai tant bien que mal de la calmer.

« Ce soir, on fête la rentrée et on va se saouler dans la cabane hurlante, ça te va? »

Voilà, j’avais changé de sujet. Nous avions tellement de bons souvenirs dans la fameuse cabane que j’étais à peu près sure et certaine qu’elle ne penserait bientôt plus à son coup de cœur. Loin d’être hantée, la maison était parfaite pour nos soirées illégales, puisque personne n’y mettait jamais les pieds. Même les rouges et or, réputés pour leur audace, n’étaient généralement pas assez téméraires pour s’y rendre en soirée. Dommage pour eux, ils manquaient vraiment quelque chose.

« Tu te souviens de la fois où on a décidé que l’intérieur était trop mainstream et que j’ai essayé d’escalader la cabane? »

Je souris en me remémorant cette soirée. J’avais failli mourir, mes talents d’escalade n’étant pas ce qu’ils devraient, mais Aileen m’avait sauvée en lançant un sort pour amortir ma chute. Nous avions ensuite passé une bonne partie de la soirée à imaginer des plans un peu moins dangereux pour combler mon manque d’adrénaline – dont la plupart restaient encore à faire. J’en gardais un très bon souvenir, malgré la cascade qui aurait pu m’être fatale. Faut avouer que la soirée avait particulièrement bien fini…

Respirer l'odeur douce de Nya avait toujours eu un effet calmant sur Aileen. Elle n'avait juste qu'à se concentrer sur sa respiration et l'aura de son amie/amour faisait le reste.

Inspires Les menaces de sa famille semblait maintenant plus loin.

Expires Elle n'avait plus à devoir se marier avec un sang pur pour plaire.

Inspire Si elle faisait de quoi avec Nya, rien n'allait foirer.

Expire Peut-être devait-elle s'essayer?

Elle se tourna vers Nya, la regardant droit dans les yeux, s'approchant cette fois-ci.

« Ce soir, on fête la rentrée et on va se saouler dans la cabane hurlante, ça te va? »

Aileen lui fit un petit sourire, elle savait comment se finissait leurs soirées dans la cabane hurlante. Cet endroit avait pris une place assez importante pour le duo depuis...

« Tu te souviens de la fois où on a décidé que l’intérieur était trop mainstream et que j’ai essayé d’escalader la cabane? »

Depuis ce moment. Comment pouvait-elle oublier cette soirée? Ce fût la soirée qui lui avait fait réaliser ses sentiments pour la belle rousse qui se tenait en face d'elle. Nya lui avait fait la peur de sa vie en manquer de se tuer en tombant du toit de la cabane. L'adrénaline du moment lui fit oublier toute réticence...Et les deux avaient fini enlacées, haletantes, heureuses. C'est à ce moment qu'Aileen avait décidé que peu importe ce qui allait se passer, elle allait rester avec Nya.

-Comment je pourrais oublier cette soirée? C'est probablement la plus belle que j'ai passée à Poudlard.

Elle se rapprocha un peu plus du visage de Nya.

-Et elle risque de le rester encore un bail....

Ses lèvres effleurèrent celle de la Gryffondor.

-À moins qu'on me la fasse oublier?

Elle se retira rapidement, un sourire en coin sur les lèvres. Elle n'avait plus qu'à attendre. Et autant qu'elle avait envie de plaquer Nya contre le banc du wagon et de l'embrasser, là, elle savait que cette dernière aimait se faire séduire de façon ambiguë avant. Au diable sa famille et leurs stupides règles, la rousse qui se tenait devant elle valait beaucoup plus qu'eux.

Aileen avait l’air un peu perdue dans ses pensées. Je n’osais même pas imaginer le combat intérieur auquel elle devait continuellement faire face. Sa famille n’avait définitivement pas les mêmes valeurs qu’elle, et bien que je ne puisse pas affirmer pleinement comprendre ce qu’elle traversait, j’avais tout de même une vague idée de la frustration et des remises en question que cela devait impliquer. J’avais visiblement malgré tout réussi à lui changer les idées, puisque mon amie se retourna et me fixa droit dans les yeux, attendrie. Yup, elle savait exactement de quelle soirée je parlais, et en gardait manifestement un souvenir tout aussi positif que moi, malgré la peur bleue que je nous avais faite à toutes les deux. La jolie rousse s’approcha lentement de mon visage et vint déposer un rapide baiser sur mes lèvres. Je me laissai faire sans broncher, et lui rendis son sourire en coin.

Et voilà, les jeux étaient lancés. La vert et argent savait pertinemment que la partie séduction avait toujours été ma favorite. Le meilleur moyen de me faire perdre tout intérêt pour quelqu’un était de rendre les choses trop simples. Si quelqu’un me courait ouvertement après, il n’y avait pratiquement aucune chance que je lui retourne la même passion – à moins d’être déjà très attirée en partant, et encore. Et cela, la jeune femme l’avait très bien compris. Notre relation avait toujours été basée sur des non-dits, sur un jeu de séduction assez intense sur lequel nous n’avions jamais ressenti le besoin de mettre des mots. C’était d’ailleurs pour cela que j’aimais autant sa compagnie. La rouquine me comprenait sans jamais avoir besoin d’explications, et ce peu importe le domaine. Je plongeai donc à mon tour mon regard dans le sien et lui adressai un léger clin d’œil.

« J’ai une bien meilleure idée. Et si, au lieu de te faire oublier cette soirée, on en passait une encore meilleure? »

J’avais conscience que la tâche risquait d’être plutôt ardue, mais les défis ne me faisaient pas peur, et j’étais plus que prête à tenter ma chance. Je passai machinalement une main dans les cheveux de mon amie, et replaçai une mèche rebelle qui lui cachait partiellement le visage et m’empêchait de profiter pleinement de sa beauté naturelle. Je m’approchai lentement de ses lèvres, comme pour l’embrasser à mon tour, mais fis demi-tour à la dernière seconde. Je n’avais pas envie d’être la première à flancher et à lui sauter au cou. Je me levai, l’air provocateur, et marchait deux/trois pas avant de me retourner…

« Ouain, je crois qu’il est largement temps de rattraper le temps perdu. »

Je vins donc me rassoir à ses côtés, et entraînai délicatement mon amie, qui se retrouva bientôt allongée sur le banc du wagon. Je savais qu’elle y avait pensé aussi mais que, comme moi, elle ne voulait pas perdre à notre petit jeu. Tant pis, cette fois-ci, j’allais me rendre sans broncher. Sans perdre une seconde, je vins me placer au-dessus d’elle, fermai les yeux et embrassai tendrement la vert et argent.