Initiations à la Divination n°1 - Attention à ta ligne

Tel un médicomage, le professeur fit une description détaillée des futurs symptômes que notre jeune ami allait développer. Aldebaran était sceptique : il avait du mal à se projeter dans ce que lui promettait le professeur. Des expériences palpitantes ? Pitié, non. Il allait changé de vision de choses ? Euh oui, bon, peut-être, il avait onze ans. Et quoi, de relations romantiques ? Des relations romantiques ?

Il se demandait bien ce que les autres pouvaient penser à la lecture de leurs propres lignes. Heureux ? Convaincus ? Déçus ? Il haussa mentalement des épaules. Tous cela lui paraissait bien abstrait. Peut-être que Milo avait raison, en fait.

Il se demanda si il allait vraiment se risquer à faire une interprétation sur cette...main ? Il n'était pas bien rassuré par l'objet. C'était le côté "en pleine chair" qui le perturbait. Il avait déjà vu des squelettes traîner dans le fond des classes, pour des cours d'anatomies, mais jamais quelque chose d'aussi palpable. D'aussi... épidermique.

Il laissa la main aller de l'une à l'autre (de mains) en tentant d'avoir l'air enthousiaste. En réalité, il faisait de son mieux pour ne pas l'avoir trop proche de lui, comme ça il n'aurait pas à se risquer à une interprétation.

Malheureusement pour lui, il semblait bien que le professeur veuille que tout le monde participe. Il invita à une dernière remarque, si bien que le jeune garçon tenta quelque chose.

- C'était une femme, et elle n'était pas mariée. Elle ne pratiquait pas d'activité manuelle, mais elle devait lire beaucoup. Elle n'était pas très riche non plus.

Aldebaran n'avait même pas jeté un coup d’œil sur les lignes de la paume. Il avait vu la forme des doigts, plutôt fine, avec surtout l'annuaire plus court que l'index. C'était pas infaillible, mais généralement c'était plutôt une caractéristique féminine. Il n'y avait pas de trace d'alliance, ni de bijoux d'ailleurs. En plus, l'ongle du pouce n'était pas très long, donc ça et l'observation précédente semblait pointer vers une personne pas spécialement aisée (sans être pauvre pour autant). Le majeur déviait légèrement vers l'extérieur au niveau de sa dernière phalange -et ça il l'avait aussi d'ailleurs- à force de porter des ouvrages entre ses mains.
En plus, elle n'avait pas de cors sur les mains, et ses ongles n'étaient pas courts non plus. C'était forcément plus une érudite qu'une sportive.
Si il avait vu sa main droite, il aurait également pu deviner à quel point cette personne écrivait. Les doigts partaient vers l'extérieur de manière encore plus prononcée, et on développait une bosse au niveau de l'avant dernière phalange, à force de la frotter contre la page.

Par contre, ça n'avait rien à voir avec l'exercice demandé.

toujours là pour relancer

Isaac était assez surpris d’entendre la réponse de l’enseignant. Il ne s’attendait pas à viser juste, surtout dans un cours qu’il connaissait si peu. Si mal. Lui, son truc, c’était plutôt l’astrologie. Les trucs infiniment grands. Pas les mythes urbains et l’infiniment petit. Pas la question des p’tits trucs qui circulent entre les vivants. Tout souriant, il hocha la tête.

  Y avait une surprise ? Pour de vrai ? C’est trop bien les surprises ! Surtout celles en chocolat !!! Même le petit muet semblait plus heureux face à cette idée. Je levais un p’tit pouce heureux en sa direction. Mais avant, avant j’avais une question. Et Aldy aussi. On se refait pas. On est vraiment pareil, enfin, il est moi en mieux. Parce que son observation était super stylée. Comment il savait tout ça ? C’était trop fou ! Tellement intelligent !

— Wah, comment t’as fait ça ? Tu la reconnais cette main ? Eh monsieur, monsieur vous nous parlez pas de la vôtre de main ? Est-ce que les devins ça a des lignes supplémentaires ? J'veux dire, comme vous avez le troisième oeil... Quand je vous dis qu'il est paumé ce pauvre petit. Achetez-lui une tétine svp. En bonbon de préférence.

Un sorcier n'est jamais en retard... Ange

Je ne sais pas ce qui s'est passé. J'étais devenue totalement aphasique. Comme si des images tout à fait incohérence m'avait pris d'assaut, obstruant ma vue et détournant mon attention de ce que j'écoutais. Puis quand je repris conscience, y'avait un main au milieu de la table. Genre une vraie main. Et les autres semblaient avoir déjà bien avancé. Je l'avais senti que ce cours serait intéressant. Et plutôt deux fois qu'une ! Une vraie main hihi. Avec un peu de chance je pourrai la chiper à la fin du cours. Ca pourrait toujours être utile.

-Monsieur ? Comment vous avez trouvé cette main ? Et comment vous avez fait pour la conserver en aussi bon état ? A moins qu'elle soit fraîche. Enfin par fraîche je veux dire couper il y a peu hein, pas qu'elle soit froide. Remarquez, vu que le sang ne circule plus elle doit forcément être froide. D'ailleurs, peut-être que la personne a qui appartenait cette main était elle-même une personne très froide. Ou alors totalement chaleureuse, et la mort lui aurait enlevé sa chaleur. Ce qui semble assez logique vu que la mort est souvent représentée comme assez froide. Puis vu les ongles qu'a cette main, le propriétaire devait être assez nerveux. Peut-être qu'il avait peur de la mort ? Ou alors c'était du stress quotidien du à son travail, qui ne semble relativement pas dangereux au vu de ce qu'Alde souligne. Sûrement une bibliothécaire qui devait s'inquiéter pour l'état de ses livres. Au fait, c'était quoi la question déjà ? demandai-je d'un ton innocent. Parce qu'en fait, je ne savais absolument pas ce qu'on devait faire de cette main.Est-ce que je pourrai la garder ? C'est pour des expériences. Enfin si vous n'en avez plus besoin bien sûr. Je pris rapidement des notes dans mon carnet, notamment de faire attention au prof de Divination qui récupérait des mains de cadavres; à moins que le cadavre en soit devenu un par sa faute. Mouais. Je demanderai aux feuilles de thé ce qu'elle en pense un peu plus tard.

Me voilà pour clôturer le cours ! Désolé pour l'attente ...

La classe était circonspecte. C'était étrange de se dire que la personne qui captait le plus l'attention était en réalité décédée et en grande partie absente de la pièce. Ce qui était clair, c'était que l'heure de renvoyer toutes ces têtes blondes dans leurs dortoirs respectifs allait très bientôt sonner. Les cours après le repas du soir étaient particulièrement fatiguant et puis la présentation de cadavre n'était pas une activité des plus reposantes. Les pauvres devaient commencer à s'engourdir. Peter écouta cependant leurs dernières réflexions avec attention.

- C'était une femme, et elle n'était pas mariée. Elle ne pratiquait pas d'activité manuelle, mais elle devait lire beaucoup. Elle n'était pas très riche non plus.

En voilà une remarque qui n'était pas dénuée de sens. Il y avait manifestement, parmi les élèves de première années, quelques personnalités avec des talents cachés. Et l'élève de Serdaigle qui venait de prendre la parole avait manifestement un oeil de lynx et un assez bon esprit de déduction.

- Vous avez parfaitement raison. Certes, un moldu aurait pu le dire lui-même mais c'est toujours une bonne chose d'utiliser toutes ses compétences dans un cours. Quelqu'un d'autre ?

- ... Eh monsieur, monsieur vous nous parlez pas de la vôtre de main ? Est-ce que les devins ça a des lignes supplémentaires ? J'veux dire, comme vous avez le troisième oeil ...

*Par Merlin ...*

Le Professeur fixa du regard le jeune sorcier qui avait décidé d'utiliser son dernier temps de parole pour lui poser ces dernières questions. Passant une lente langue sur ses lèvres sèche, il s'approcha doucement de l'élève pour lui répondre :

- Vous apprendrez qu'il n'y a aucun moyen de reconnaitre physiquement un sorcier partageant ce genre de don. Et les lignes de la main n'y font pas exception. Dans le cas contraire, il est évident que nos talents prendraient le pas sur notre personnalité, ce qui fausserait ce genre d'exercice. Mais c'est une bonne piste.

Finalement, ce fut Robin qui clôtura la séance de prise de parole en demandant s'il pouvait conserver la main. Peter lui envoya un regard des plus froid avant de se demander comment il comptait réellement se débarrasser de la main. A vrai dire, il n'avait aucun plan pour l'évacuer de là.

- Euh ... Eh bien ... Oui, si vous y tenez, emportez-là !

Qu'est-ce qu'un élève de première année pouvait bien vouloir faire de dangereux avec un bout de corps de ce type après tout ... Peter claqua dans les main et sortit une théière et une suite de sept tasses à thé qu'il déposa sur son bureau.

- Bon. Nous en avons fini pour ce soir. Si vous y tenez, je suis à votre disposition pour boire un petit quelque chose ou pour papoter si vous en ressentez le besoin. Sinon je vous remercie et je vous propose de rejoindre votre salle commune sans trop tarder. Oh et Mademoiselle Meadow, si vous restez, rangez-moi votre main !

Consignes HRPG:

Hihihi j'avais le droit de garder la main. Trop cool ! Ce prof était vraiment génial. Là des tasses de thé apparurent. Arf, j'en avais déjà bu trois aujourd'hui, un quatrième n'aurait fait que m'envoyer une nouvelle fois aux toilettes. J'aimais bien l'effet apaisant que les plantes avaient sur moi, tout en me donnant suffisamment d'énergie pour continuer. Le professeur me demanda de ranger ma main. J'allais mettre ma main dans ma poche avant de me rappeler qu'il ne parlait pas de celle-là. J'attrapai ma nouvelle acquisition, rangeais mes affaires et fit un signe de main avec la main coupée.

-A deux mains, monsieur ! Merci pour le cours. Lâchai-je avec un petit rire avant de m'échapper de la salle de classe. Des recherches m'attendaient... A la bibliothèque. Ensuite direction la salle de bain des filles, mon repère préféré pour mes expériences.

Départ de Robin

Le Professeur vient se planter devant moi pour me répondre. Son visage est à à peine quelques centimètres du mien. Et ça n'arrange rien à la peur qui monte de plus en plus en moi. D'autant plus que ses paroles sont loin d'être rassurantes. Une vraie main. Une vraie de vraie, et il ne cille même pas une seule seconde en l'annonçant. Il est même méprisant envers la propriétaire de cette main. Je me recroqueville un peu sur ma chaise, mâchoires serrées, tandis que mes yeux ne peuvent se détacher de ceux du Professeur McKinnon. Il me terrifie, tout simplement. Et j'ai bien du mal à retenir les sanglots qui montent en moi à cet instant.

J'aimerais courir très loin, m'en aller, ne plus jamais revenir. Mais j'en suis incapable. Je reste immobile sur ma chaise. Avec un peu de chance, si je ne bouge pas, il oubliera ma présence ici. Oui, voilà, c'est tout à fait comme ça que les choses vont se passer. C'est Isaac qui me sauve. Grâce à son intervention, le Professeur s'éloigne de moi. Et me voilà qui relâche d'un coup tout l'air que j'avais retenu jusqu'à présent. Parce que je ne m'en étais pas rendu compte, mais j'avais totalement retenu mon souffle tandis qu'il me répondait. C'est ensuite le copain d'Isaac qui répond à la question. Il a l'air fort pour observer les gens lui. C'est que ça doit être super pratique !

Je retrouve peu à peu mon calme. Après tout, mes camarades ne semblent pas plus perturbés que cela par la main coupée qui trône devant nous. La question d'Isaac est intéressante. C'est vrai que ce serait bien de reconnaître les devins grâce à leur ligne de main. Comme ça, on est vite fixés. Mais c'est impossible. Léger soupir de déception. Sauf que, voilà, les choses ne pouvaient pas revenir à la normale aussi facilement. Voilà que Robin part dans toute une histoire de main coupée fraîchement et main froide. Et même qu'elle demande à garder la main. Et le Professeur accepte ! Je crois que je suis vraiment tombé dans une école de fous.

Qui a besoin de conserver une main coupée ? Et à onze ans en plus ! C'est tout simplement dément. En tous cas, moi, ça me dépasse. Elle me fait un peu peur aussi Robin. Mais elle récupère la main tranquillement avant de partir de la pièce tandis que le Professeur McKinnon nous propose de prendre le thé. Je ne sais pas quoi faire. J'avais envie de quitter cette pièce très vite il y a quelques minutes. Mais maintenant, la main n'est plus là, elle est partie avec Robin. Et j'aime autant me tenir le plus loin possible de ce bout de cadavre. Reste plus qu'à savoir si j'ai plus peur d'une main coupée en possession de Robin, ou du Professeur McKinnon.

Dans le doute, je lance un regard à mes deux camarades de maison, Aldébaran et Isaac. S'ils s'en vont, je m'en vais avec eux. Comme ça, on fera le chemin ensemble jusqu'à la salle commune et j'aurais moins peur de croiser Robin. Et s'ils restent… Je peux sans doute rester un peu aussi ? J'aime bien le thé après tout… Et puis, vu le caractère bizarre du prof, c'est peut être pas une mauvaise idée de rester, histoire d'être bien vu. Peut être que ça m'évitera de me retrouver avec ma main à moi coupée pour le prochain cours sur le sujet...