Le retour de Peter à Poudlard l'avait replongé dans ce petit monde feutré dans lequel rien ne pouvait l'atteindre. Il avait recommencé à manger de bon appétit et avait repris plaisir à se promener dans les couloirs du Château sans but précis. Il lui avait fallu plusieurs semaines pour se rendre compte que tout allait aller de travers à ce rythme-là. Le voilà qui s'était ré-embourgeoisé à vitesse "grand V" alors que, dehors, les nuages noirs continuaient à s'amonceler. Par ailleurs, depuis son retour, il n'avait rien produit de prodigieusement nouveau, sur le plan scientifique. Or, il était de son devoir, compte tenu de son prodigieux intellect et de son don pour la Divination, de léguer un héritage intellectuel conséquent au monde magique et à la société de Grande-Bretagne.

Par conséquent, le Professeur avait du se remuer. Il s'était levé plus tôt, avait déserté la Grande Salle et proscrit tout passage dans un couloir qui n'aurait pas eu pour intérêt de l'amener à une salle de classe ou la Bibliothèque. Il se couchait tard et avait commencé une longue série de nuits de rédaction avec un bouteille de gin pour seule compagnie. L'ascète McKinnon aurait bien pu être de retour, s'il n'avait pas continué à avoir une aussi haute opinion de lui-même et à porter d'aussi luxueux vêtements. Or, tôt ou tard, il était certain que son régime extatique allait finir par se ressentir sur ses cours. L'heure de ce moment fatidique était arrivée.

Il avait cru bon d'attendre un cours commun avec son collègue, Professeur d'Enchantements, pour se lancer dans une façon plus dure de donner cours. Il avait dégoté, pour l'occasion, une petite pièce sombre, qu'il avait éclairée à l'aide d'une poignée de bougies flottantes. La porte du local était restée entre-ouverte, laissant passer un mince filet de lumière, alors que sa collègue et lui se trouvaient dans un coin, où il pouvait à loisir tenter de repousser les tentations que la généalogie vélane de la sorcière produisaient en lui. Pour une fois, il n'y avait pas de tableau dans la pièce. Peter avait donc écrit la phrase symbolisant le cours sur la partie du sol éclairée par la lumière venant du couloir : Memento mori.

Il n'y avait pas de chaises non-plus. Seuls douze mange-debout meublaient la pièce. Sur chacun se trouvait une boule de cristal recouverte d'un très grand mouchoir en soie noire, qui les dissimulaient à la vue des élèves. Ce cours, à tout le moins mystérieux, allait pouvoir commencer !

Plan de salle de classe:

Liste des élèves inscrits:

Consignes HRPG:

Eros avait été incroyablement matinale pour une fois. Peut-être était-ce parce qu’elle allait assister à son premier cours de divination, slash, enchantements ? Ouais, ça pourrait. Mais c’était surtout parce que les élèves n’étaient pas matinaux normalement et que la jeune fille avait donc assez de place pour se sentir seule, c’est-à-dire, à plus de 2 mètres d’une personne. Donc évidemment quand un jeune Serpentard était venu devant elle, Eros avait juste pris un croissant et décida de déguerpir dans les couloirs. De toute façon elle n'avait pas si faim que ça ce matin.

Elle dû se l’avouer, elle n’avait pas le sens de l’orientation, à partir de la troisième fois à parcourir le même couloir de long en large, l’adolescente désespéra. Ça devait être voyant une porte de cours, normalement, non ? Elle s’imaginait bien sa prof’ d’enchantement, portant plein de couleurs, des volants en tulles sous des robes immenses. Ses talons claquaient pour la quatrième fois dans le couloir en pierre, si ça se trouve ils étaient juste pas là. Heureusement qu’elle avait prévu son coussin préféré en plume d'hippogriffe dans son sac, si elle avait de la chance, une classe était ouverte et la Serpentarde pourra piquer un somme sur une table. Cette idée la ravit au plus haut point.

Alors évidemment qu'Eros était déçu quand elle perçut des bruits de voix derrière une porte des plus banales légèrement entre ouverte. Elle l’ouvrit donc, la première chose qui lui frappa aux yeux était les bougies qui flottaient un peu partout dans la classe, c’était dangereux, ça, si une des chandelles heurtait le drap au fond, la pièce allait cramer. Son esprit rectifia, ce n'était pas dangereux, c’était génial, parce que ça rimait avec cours annulé et sieste toute la journée. Après la deuxième chose qui la frappa de déception c’était l’apparence de Madame de Lanxorre. Pas de volants de tulle. Pas de couleurs. Mais une robe noire. Elle était dans un coin de la pièce avec celui qu’elle devina être Peter McKinnon, le prof’ de divination aka, le jeune prodige.


Eros était sûre que si elle avait ouvert un peu plus sa bouche, elle ne se serait pas gêné pour bailler au nez de ses professeurs. Pas bonne impression, donc. Premier réflexe, aller s’asseoir et sortir son coussin. Troisième étonnement. Pas de chaises. Par Merlin, on voulait déjà sa mort. Elle se dirigea vers un mange-debout à l’opposé de deux autres élèves.

Eros dégaina son coussin de son sac, jeta le cartable en cuir par terre, et s'avachit contre le mur, l’oreiller contre son crâne. Elle était déterminée à dormir jusqu’au début du cours, même si elle devait rester debout pour ça.

Phae se dirigeait d’un pas rapide vers sa classe. Divination et enchantements, ensemble, aussi étonnant que cela puisse paraitre. C’était la première fois, de mémoire, qu’elle assistait à un double cours comme celui-là. Et elle était curieuse de voir ce que cela pouvait donner. Alors, d’accord, la divination n’était certes pas sa matière préférée - elle était persuadée de n’avoir pas la sensibilité nécessaire à cette option - mais cela pouvait donner un tout autre aspect à cette pratique. À voir, du coup. Littéralement, peut-être.
Elle croqua dans la barre de chocolat moldue qu’elle venait de déballer. Le stock qu’elle avait aménagé dans un coin de sa malle s’était d’ailleurs considérablement amenuisé, et elle devait attendre les prochaines vacances pour le reconstituer. Difficile de se rationner. Elle était peut-être addict à ces sucreries, mais ce n’était pas de sa faute si c’était aussi bon.

Ses pas finirent par la mener devant la salle. Enfin, si c'était bien ici. La porte était entrouverte sur une pièce plongée dans une pénombre à peine atténuée par la lueur tremblotante de bougies. Elle remarqua des mots inscrits à même le sol, dans la partie éclairée par la lumière du couloir, sur laquelle sa propre ombre se découpa d’ailleurs quand elle entra.

“Memento mori”

Bon, ok, c'était bien là. Elle avait d'ailleurs déjà lu ou entendu cette phrase latine à plusieurs reprises, mais ne se rappelait plus vraiment dans quelles circonstances. Ce n’était pas très important. Était-ce l’intitulé du cours ? Sans doute.
Souviens-toi que tu vas mourir. La traduction lui était brusquement revenue en mémoire. Ces quelques mots lui laissaient un arrière goût un peu lugubre, que l'atmosphère un peu mystérieuse de la salle n’arrangeait pas - elle préférait largement la saveur du chocolat. Une autre bouchée pour se donner du courage, et un autre pas en avant pour mieux observer les lieux.

Pas de chaises ni de tableau. Juste une douzaine de mange-debouts, soutenant ce qui semblait être des sphères, dont la forme se devinait sous un tissus noir. Boules de cristal, sans doute. Dans un coin de la pièce, les deux professeurs, qui attendaient en silence devant un mur noir - ou était-ce un rideau ? Elle le saurait bien assez tôt, mais devait avouer que cela l’intriguait beaucoup.

- Bonjour, les salua-t-elle.

Sa voix avait pris cette sorte d’accent interrogatif qu’elle détestait tant. Pourquoi se laissait-elle perturber ainsi par une simple phrase sur le sol ? Elle se ressaisit en faisant un second pas plus franc dans la salle, sa barre de chocolat commençant à fondre dans sa main.

Son malaise s’atténua quand elle avisa de la présence d’Eros à l'écart du peu d’autres élèves déjà arrivés. Enfin une tête connue. La brune aux cernes si reconnaissables était affalée contre un mur, un oreiller sous la nuque, les yeux mi-clos dans une attitude totalement incongrue : qui pouvait prétendre dormir debout ?
Amusée malgré elle, Phae traversa la pièce jusqu'à elle en laissant au passage son sac devant le mange-debout voisin de la Serpentard. Puis elle s'adossa à côté d'elle avec un sourire, certaine que sa présence allait la tirer de sa torpeur. Elle entreprit de terminer sa barre de chocolat avant d'en tirer une seconde de sa poche.

- T'en veux ? proposa-t-elle à voix basse.

Comme ça, elle ne lui en voudrait pas - pas trop - de l'arracher à sa sieste incongrue. Parfait.

Jamais Mélinda n'avait été autant excité d'aller en cours de divination. Elle n'était pas très douée pour prédire l'avenir, pour lire les signes et faire des horoscopes mais elle était très curieuse de voir ce qu'allait donner un cours groupé avec le celui d'enchantement.
C'était tout à fait le genre de chose qu'elle aimait expérimenter. En bref, elle s'était levée du bon pied et la journée s'annonçait radieuse.

Les marches grimpées quatre à quatre elle arriva rapidement devant le petit local qui leur servirait de salle. Avant même d'entrer, elle vit que la pièce n'était pas trop éclairée, qu'avait les professeurs contre la lumière ici et l'espace ? Elle n'avait pas peur du noir, presque pas...elle avait surtout peur de ce qu'il pouvait lui arriver si elle ne voyait presque rien. Heureusement, les bougies disposées dans la salle, éclairée presque suffisamment l'espace. Passant la porte, elle salua poliment les deux professeurs, elle n'avait encore jamais eut cours avec eux, encore quelque chose de nouveau ! La nouveauté était vraiment l'une des meilleures choses pour la sorcière, elle se lassait relativement vite.

Pas de lumière, pas de place, pas de chaise...C'était déjà le deuxième cours sans chaise au quel elle assistait. Elle ne râlait pas beaucoup en général, mais sans place assise elle ne savait pas quoi faire. Rester debout ? S'assoir par terre ? Bras croisée ou le long du corps ?
Elle n'allait pas non plus se plaindre de n'avoir pas d'autre problème que cela. C'est quand elle aperçut l'écriture sur le sol qu'un certain malaise s'installa en elle. La poufsouffle n'aimait pas la mort, le sujet de la mort, tout ce qui s'y rapportait. Elle ne pouvait même pas en parler, c'était un sujet qui pouvait facilement la faire pleurer. Enfant déjà, le fait qu'il puisse n'y avoir rien après sa mort l'angoissait énormément, cette angoisse s'était atténué quand elle avait rencontré ses premiers fantômes. Mais c'était tout de même resté un sujet tabou pour elle, aimant trop la vie pour s'imaginer mourir et pourtant cela arriverait un jour.

Après avoir fini son état des lieux, Mélinda remarqua deux camarades qu'elle connaissait, sans la moindre hésitation elle se dirigea vers elles.

Eros était adossée sur le mur, un oreiller derrière la tête. Au moins, le manque de chaise ne lui posait pas de problème. Phaedra était à côté de la Serpentard et semblait lui proposer du chocolat, rien de nouveau de ce côté. Elle n'avait que très rarement vu la Serdaigle sans chocolat, et si elle n'en avait pas elle trouvait un moyen de s'en fournir rapidement.

- Coucou ! Le sujet du cours m'a l'air réjouissant, dit-elle entamant directement la conversation pour savoir ce que pensaient ses camarades de la phrase écrite sur le sol. Etait-elle la seule à être mal à l'aise en la lisant ?

Les jours s'écoulaient, se ressemblaient, se suivaient. Le printemps était sensé avoir pris place désormais et pourtant la jeune fille n'en voyait que peu de traces. Quelques rayons de soleil arrivaient à peine à percer les nuages gris, laissant l'atmosphère morose. Ou bien était-ce l'esprit de Jade qui lui donnait cette impression. Question intéressante, allez savoir si c'est l'environnement qui a une influence sur ce qu'on ressent ou bien le contraire. Elle n'était pas du tout certaine de la réponse, encore moins ces derniers temps. Malheureusement, le fait est que ça ne changeait pas grand chose. Quelque chose n'allait pas, quelque chose clochait. Chez elle, chez les autres, tout autour. Depuis combien de temps c'était là, enfouis et caché à la vue de tous ? La réponse était incertaine, effrayante par son influente vérité. Mieux valaient les faux-semblants, eux au moins n'éveillaient pas trop de questions.

Et pourtant, la vie continuait, aussi étrange soit-elle. Les cours, les repas, les temps de pause mais surtout les nuits d'insomnies n'étaient qu'une routine sans saveur. Un ordre établit qu'elle avait pourtant toujours apprécié, jusqu'à maintenant.

Et la journée se poursuivait justement avec un cours un peu particulier. Il arrivait régulièrement que les professeurs décident de s'allier le temps d'un cours au sujet spécifique. C'était toujours intéressant, mais Jade devait bien avouer être un peu anxieuse. Ce cours commun n'était autre que celui de Divination et d'Enchantements. Si elle n'avait eu aucun soucis avec la première matière - en dehors de l'illuminé des planètes - c'était un peu différent pour la deuxième. Le précédent cours avait fini d'une façon très particulière, trop pour un simple cours. Trop pour ses nerfs, qui lâchaient les uns après les autres. Pourtant, elle aimait bien les Enchantements, la professeure Miss De Lanxorre également, mais le déroulement n'avait jamais lieu comme il aurait dû l'être. En même temps l'autre dégénéré était encore là la dernière fois. A présent renvoyé, les choses devraient être plus tranquilles. Normalement.

Alors pourquoi ressentait-elle tout de même une si grande appréhension ? Y avait-il un moyen de lutter contre ça ? Aucune idée. Elle était trop perdue. Et puis, est-ce que lui serait là ? Il n'était pas la cause de ses problèmes, bien au contraire, mais l'Italienne était bien forcée de reconnaitre qu'elle ressentait une sorte de... trouble, en sa présence. C'était pour lui qu'elle était allée à l'infirmerie la dernière fois. Pour lui qu'elle avait ressentit un stress bien familier. Et c'était aussi à cause d'elle qu'il s'était retrouvé là-bas. Soupir. Pourquoi les choses ne pouvaient pas être un peu plus simples pour une fois ? Juste une fois. La vie ne semblait pas vouloir lui laisser de répit entre ennuis quotidiens et sentiments incontrôlables. Le deuxième point était-il une si mauvaise chose ? Pas de réponse à cette question. Pas de réponse qu'elle puisse assumer en tout cas, sans rougir. Non, rien n'était facile, rien ne le serait jamais. Elle n'avait pas le choix, comme tout le monde l'Italienne devait affronter ses peurs et ses doutes, voir où ils la mèneraient. S'isoler était sa solution de facilité. Trop facile, certes, mais Jade n'avait pas trouvé d'autre solution que la fuite, comme depuis bien des années. Évitant les autres élèves, la blairelle ne dormait que sommairement et ne fréquentait la grande salle que lorsqu'il y avait un minimum de monde. Si c'était assez simple le matin - il suffisait simplement d'arriver avant tout le monde - c'était une autre paire de manche pour les autres repas. Tout un stratagème à mettre en place, et que ça lui plaise ou non c'était son choix. Un choix idiot, peut-être, mais son choix tout de même.

Malheureusement éviter les cours n'était pas une option. Elle avait beaucoup hésité, presque tentée par la possibilité de sécher les cours, mais ça n'était pas elle ça. Aucun de ses agissements ne lui ressemblaient vraiment, mais en séchant elle romprait la promesse faite à ses parents. Et si elle n'avait que cette possibilité pour leur rendre honneur... impossible de rompre ce serment.

Des doutes plein la tête, Jade finit par atteindre la salle de classe attribuée pour ce cours. En poussant le montant de la dite porte, la préfète observa tous les détails de la pièce avant même d'y mettre ne serait-ce qu'un doigt de pied. C'était flippant, vraiment. L'inscription au sol, elle avait déjà vu ces mots, connaissait leur signification. Et ce... voile un peu plus loin, il lui donnait des frissons tout le long de sa colonne vertébrale. Inspirant profondément, la jeune fille dû se faire violence pour entrer dans la pièce. Elle n'avait pas de quoi avoir peur, ce n'était qu'un cours après tout. Fermer les yeux, compter jusqu'à trois et les rouvrir avec une expression un peu plus sereine. Un masque, pour sûr, mais tant que l'illusion fonctionnait rien d'autre ne comptait. S'approchant encore, Jade observa les quelques élèves présents, non sans mordiller sa lèvre inférieure. Bon... En tout cas, les deux professeurs étaient bien présents eux.

- Bonjour...

Pas de formule plus solennelle, parce-qu'ils étaient deux et que ça lui semblerait ridicule. Le tout accompagné d'un sourire difficile, presque inexistant en fait. Mais bon, au moins elle avait essayé... Sans plus tarder, elle se réfugia dans un coin de la pièce, peu habilitée à lancer une conversation. Ça semblait tellement plus simple de rester en retrait.

Étrangement, le monde a un tout nouveau visage quand on le parcourt de jour comme de nuit. Le soleil fait son apparition derrière l’horizon, éclairant paresseusement une aiglonne réveillée depuis bien longtemps. Depuis toujours. Ou pas très loin en tout cas. Elle ne sait pas vraiment où elle est dans le château, ses flâneries nocturnes se faisant de plus en plus dans un état de semi-conscience. Ses journées aussi d’ailleurs. Se rapprochant d’une fenêtre, elle contemple le terrain de Quidditch en contrebas, ses anneaux scintillants sous la clarté matinale qu’elle se souvient avoir défendus corps et âme dans sa vie d’avant. Instantanément, à travers le brouillard de son esprit, elle retrouve son sens de l’orientation, sans doute parti faire une sieste. Apparemment, tout le monde n’est pas capable de supporter quelques trente heures sans sommeil.

La japonaise se traîne dans ces corridors mornes, vides de vie. On parle toujours des couloirs ? Un bâillement fleurit au bout de ses lèvres alors qu’elle entre dans la salle commune des aigles, le nid trop souvent quitté. Comme une impression d’aller à contre courant, de toujours avoir un train de retard, ou une vie d’avance. Soupir. Elle jette un regard à la fois désolé et courroucé à son lit parfaitement fait, qui ne l’a pas tenu dans ses bras depuis plus de deux nuits. Une histoire d’amour haine avec ce qu’il représente. Une angoisse et un manque quant à ce qu’il offre de plus en plus rarement. Un coup d’eau sur le visage, changement d’uniforme et elle quitte la tour dans les derniers. Son air se fait presque attendri alors que ses camarades se précipitent vers les escaliers pour avoir la chance d’attraper une chocolatine ou un pain au chocolat avant que la cloche ne sonne les neuf heures fatidiques du début des cours. Positivons, elle gagne du temps.

Faibles réminiscences du lieu de déroulement du cours commun de Divination et d’Enchantements. Faisant confiance à cette partie d’elle qui a appris à fonctionner en autonomie tandis que son esprit divague pour tenter de trouver un semblant de repos, elle se laisse guider jusqu’à ce qui ressemble fortement à un placard à balais. Regards suspicieux d’un bout à l’autre du couloir, s’assurer qu’aucun lion ne va encore l’enfermer dedans avec un de ses condisciple. Elle avait déjà donné, merci bien. Poussant le battant de bois, la bleue fait son entrée le plus discrètement possible, les yeux baissés.

Ses iris acier tombent sur les lettres tracées sur la pierre sombre. Soudain le palpitant s’emballe comme un cheval sauvage. Son latin est rouillé, si tant est qu’il ait été éclatant d’un jour, mais ces mots la plongent dans une angoisse certaine. Ses pupilles dilatées par le manque de luminosité de la pièce et la peur se lèvent vers les ténèbres qui l’accueillent, la faisant reculer. Ses genoux sans doute eux aussi partis piquer un somme sans prévenir, la lâchent et elle se retrouve les fesses par terre, adossée au mur du couloir. Elle sent sa peau incandescente, sa trachée comprimée. Son souffle s’échappe en sifflement stridents de sa petite silhouette recroquevillée alors que toutes les cellules de son corps lui hurlent que le Masque est dans cette pièce, ce traquenard. Je vais finir traumatisée par les placards gémit son esprit alors que tout se met à tourner devant ses yeux.

La divination, ça avait jamais vraiment été mon truc. Et les enchantements non plus. Alors quand j'ai appris que ces deux profs s'alliaient pour faire un cours. Je me suis dis que ce serait le combot de la mort MAIS que ça ne pouvait jamais être pire que la botanique. Vraiment, je détestais l'étude des plantes plus que tout au monde. Je n'avais jamais eu la fibre naturelle, cette aisance à observer un pot de... terre ? A regarder des.... feuilles ? Et à donner à manger à des... plantes qui me mangerait en grandissant ? Non. Non. Non. Ce n'était définitivement pas pour moi.

En fait, mon truc c'était la potion et la métamorphose. Déjà, pouvoir assembler des ingrédients pour obtenir un résultat usefull, ben je trouvais ça cool. Il existait tellement de potion que même une vie entière ne m'aurait pas laissé le temps de tout faire. Et puis je trouvais ça tellement intéressant, tant du côté noir que du côté blanc d'ailleurs. C'était mon péché mignon. Et la métamorphose m'avait aussi toujours intrigué. Le fait de pouvoir modifier, modeler, changer l'apparence d'objet quoi. C'était trompeur. Et tout ce qui relevait de l'embrouille, j'aimais.

Mais bon, la question n'était pas d'élucider sur les matières que j'aimais, mais de lever mes fesses de la chaise en bois sur laquelle j'étais assis depuis une heure et demi. J'avais un devoir surveillé de défense contre les forces du mal demain, et je n'avais encore rien révisé. Pourtant c'était un sacré morceau qui abordait pas mal de notion avec beaucoup de théorie. Mais je me disais que j'avais toujours moyen d'improviser en y allant au talent. Bon je m'étais tapé un piètre l'autre coup, mais fallait juste que je revoie mieux mon coup. Alors un peu avant que ça sonne j'ai rangé mes affaires et j'ai quitté la bibliothèque direction la salle de divination.

Cette fois, le prof avait pris possession d'un petit local au dernier étage non loin de sa salle principale. Je n'avais jamais mis le spieds là-dedans. Bon, le chemin ne fut pas trop long : des escaliers à gravir, quelques tableaux et élèves à éviter, un peu de slalome à faire et hop. Le trajet était vite réglé. La porte de la salle était entre ouverte, mais je voyais pas beaucoup de lumière. Et pour cause. Je n'avais même pas mis un pied dans la salle que je me plongeais déjà dans l'obscurité.

« Je rentre en enfer ou quoi ? »

Que je me chuchotais à moi-même. Mais je lâchais quand même un « B'jour » un peur plus fort pour pas paraître malpoli.

Dans la salle, déjà quelques élèves et les deux professeurs aux aguets. La salle était terrifiante, même glauque. Carrément pire qu'un cauchemar. J'avais beau faire le malin, je ne me sentais pas toujours à l'aise. Et puis au centre y'avait même une inscription. Une inscription carrément bizarre. Une langue effrayante. Que je savais pas lire bien sûr, parce que je ne prenais pas la peine d'apprendre mes cours. Débile ouais, mais j'étais comme ça. Mais sans tarder, je me suis placé près d'une brune. (Loredana) Je ne lui avais jamais parlé et je me disais que le moment était opportun. Même si j'allais peut-être passer pour un débile.

« Excuse moi, tu sais ce que signifie l'inscription au sol ? »

Eros faisait semblant de dormir, et ça, c’était bien cramé par Phae. Au début elle somnolait tranquillement, enfin, elle le voulait jusqu’à ce que la bleue débarque brusquement à côté de son mange-debout, alors évidemment que la jeune fille s’était habituée à sa présence au bout d’un moment, mais ça ne l’empêchait de râler pour la forme. La Serpentarde soupira longuement et bruyamment pour montrer son désaccord au rapprochement de Phaedra, elle s’était adossée contre le mur à ses côtés, et macha ce que la plus jeune devina facilement être du chocolat, c’était courant de la voir avec une de ces barres dans les mains.


Eros voulait pas de son chocolat. Elle voulait dormir ! Son corps se releva, ça servait à rien d’essayer, visiblement c’était juste pas son jour de chance. Evitant tout contact, même simple oeillade, ses mains s’attelèrent à ranger son précieux coussin dans son cartable pendant que Phae préféra lever les yeux face à son comportement, le visage blasé, et préféra retourner vers sa table. L’adolescente, en finissant de caler son bien entre deux livres imposants, remercia silencieusement les professeurs que les mange-debout étaient tous à utilisation personnelle, elle n’avait pas à se coltiner la bouffeuse de chocolat à 5 centimètres de son visage.


Elle se releva alors et observa les alentours, la classe se remplissait grandement et finalement, elle était plutôt contente de se retrouver avec ses filles plutôt qu’au milieu d’inconnus. Enfin, après quelques secondes, elle avisa la réponse de la jaune.


Eros voulu se persuader que c’était juste pour aller dormir plus vite, mais la vérité était qu’elle était très curieuse de savoir ce qu’il pouvait se trouver. Ses yeux passèrent sur les mouchoirs de soie noire, il devait y avoir les boules en cristal, le côté divination contre le rideau de l'enchantement. Et juste à côté de celui de sa voisine de mange-debout, la barre de chocolat négligée reposait à portée de main.

Bien évidemment, elle ne se gêna pas pour la prendre dans le dos de Phae.