Pleinement concentré dans ses mouvements agiles et contrôlés, Arthur ne faisait pas attention à son environnement. Il ne remarqua ni le groupe de filles non loin de lui qui gloussait, ni même l’élève de sa maison qui s’installa sur sa couverture avec son livre. Les sourcils légèrement froncés, rare étaient les fois où le jeune homme se concentrait activement dans quelque chose.

– Dix-neuf, vingt, vingt-et-un…

Chaque fois qu’il tapait à nouveau dans le ballon, que ce soit avec ses pieds ou ses genoux, il comptait à haute voix, comme s’il tenait un record personnel qu’il devait dépasser... Et c'était le cas. Arrivé vers les trente, Arthur ne pouvait s’empêcher d’avoir l’impression d’être observé. Il tourna la tête et croisa le regard d’une Gryffondor. Avec un sourire en coin, il lui dit :

– J’comprends que ce que tu vois te plaise, mais tente d’être plus discrète la prochaine fois.

Il rigola légèrement puis laissa tomber volontairement son ballon au sol, oubliant le record. Arthur mis les mains dans ses poches et tira sagement dans le ballon en direction de la rousse. Il roula alors lentement sur l’herbe et s’arrêta aux pieds la jeune fille.

– Maintenant, t’es obligé de venir.

Estima Arthur avec un sourire charmeur aux lèvres.

Arthur ne put s’empêcher de ricaner, sans une once méchanceté, devant l’incompréhension de la Gryffondor. Cela ne faisait aucun doute, il en était certain, elle ne pouvait qu’être une sang-pur pour ne pas connaître le football. Il la laissa s’approcher avec le ballon dans les mains et, lui, se permit de combler la distance d’encore quelques centimètres.

– L’avantage d’être de sang-mêlé c’est de connaître les deux cultures. Tu sais, la vie moldue n’est pas complètement ennuyante. Dit-il en lui faisant un clin d’oeil. Bref, pendant 8 ans j’ai fait du football en club, jusqu’à ce que j’entre à Poudlard et maintenant, je continu pour mon loisir. Donc, en clair, je ne m’attends à ce que tu saches m’imiter, ma belle, et les autres élèves non plus. Sachant qu’on n’est pas au Quidditch et qu’on ne touche pas la balle avec les mains… Avec quelques exceptions.

Arthur récupéra la balle et s’éloigna de sa collègue de maison avec un air arrogant sur le visage. Lorsqu’il jugea qu’il avait mis une distance suffisante entre eux, il s’arrêta. De là, elle n’allait pas avoir trop de difficulté à lui faire la passe. Il jeta le ballon à ses pieds et l’envoya plus fortement vers la jolie rousse.

– Pour le moment, rien de trop compliqué. Essaye déjà de me toucher.

Le jeune homme mit les mains dans ses poches et sourit à la jeune femme.

Même si la jeune femme était une sang-pur, il avait du mal à comprendre comment est-ce qu’elle ne pouvait pas connaître le football. Elle et les autres ignorants bien sûr. C’était un sport extrêmement joué et certainement le plus joué dans le monde moldu et cela depuis des années et des années. Même s’il était étonné, Arthur n’était pas là pour juger et il ne refusait jamais de la compagnie et il était ravi d’apprendre à quelqu’un les bases de son activité favorite.

Le jeune homme rigola franchement à la réplique de la jolie lionne et répondit :

– J’espère quand même que tu me réserves quelques surprises.

Il lui offrit un sourire, puis baissa les yeux vers ses pieds pour observer ce qu’elle arrivait à en faire maintenant qu’elle avait le ballon. Pour lui faciliter la tâche, il n’avait toujours pas bougé, elle pouvait prendre tout le temps qu’elle voulait pour tirer. Malheureusement, elle n’y arriva pas. Arthur haussa les épaules alors que la balle roula à côté de lui. Le Gryffondor releva les yeux vers la jolie rousse et recula de quelques pas pour récupérer son ballon. Il joua avec quelques secondes, puis le renvoya vers sa collègue de maison.

– Ne perds pas espoir, tu as déjà réussi à tirer dedans. Essaye moins fort et regarde moi.

Arthur posa ses yeux sur la jeune femme et lui sourit pour l’encourager à tirer. Restait plus qu’à savoir si se sentir autant observer allait l’aider ou bien la mettre mal à l’aise.

Arthur lâcha un petit rire en croisant le regard gêné de la jolie rousse. Pour ne pas trop la déstabiliser, il baissa la tête en se mordant la lèvre inférieure, mais garda tout de même discrètement les yeux rivés sur elle. Depuis le début il savait. Il savait que sa position n’allait pas. Il savait aussi qu’il y avait une possibilité qu’elle tire dans le lac. Mais s’il l’aidait trop, cela serait beaucoup moins drôle à son goût. Le jeune homme resta donc silencieux avec son éternel sourire en coin, curieux des prouesses de sa collègue de maison.

Lorsqu’elle tira, Arthur observa son ballon rouler à toute vitesse en direction du lac. Pourtant, il ne courut pas après et se retenait de rire. Juste avant que la jeune femme se retourne vers lui, le Gryffondor changea d’expression de visage, affichant un air dépité. Il s’approcha d’elle et s’arrêta sur le rebord du lac, juste avant de tomber dans l'eau.

– Oh non, non, mon ballon. Sérieux... C’est mon père qui me l’a offert, il est grave important pour moi... Faut faire quelques choses avant qu’il coule, ou qu’il s’éloigne trop... ou pire ! Qu’une créature l’emporte au fond du lac !

Tout n’était que mensonge, simplement dans le but de faire paniquer sa collège de maison qui était déjà extrêmement mal à l’aise par la situation. Il tenait à son ballon, mais il n’était pas compliqué d’en avoir un autre, il l’avait acheté tout seul et en cas de souci, il n’avait qu’à faire un Accio et son ballon allait de nouveau être dans ses bras.  

Arthur regardait sa collègue de maison se déchausser avec un sourire moqueur. Cependant, quand il comprit qu’elle était sérieuse et qu’elle comptait réellement sauter dans le lac, c’était trop tard. Elle avait déjà pris de l’élan et il n’avait pas réussi à attraper son bras. Il la regarda nager, mi-amusé, mi-désespéré et commença à se déshabiller. Il posa sa cravate au sol et enleva sa chemise. Il s’accroupit pour se débarrasser de ses chaussures et, voyant qu’elle était en difficulté, il s’arrêta là et plongea dans le lac. La cheville de la jolie rousse avait été accroché par une algue qu’Arthur déchira. Il prit par les bras la Gryffondor et la tira en arrière.  

Une fois proche de la rive, le jeune homme l’aida à s’extirper de l’eau, puis il fit de même. Il s’assit au sol, essoufflé avec le corps subissant la chair de poule à cause de l’eau glacée du lac. Il éclata de rire et se tourna vers la jeune femme.

– Si j’avais su que tu sauterais dans le lac, je ne t’aurais jamais raconté tout ça ma belle.  

Il approcha ses doigts du visage de sa collègue de maison pour replacer une de ses mèches rebelles et humides.  

– Un Accio aurait suffi, tu ne crois pas ?

Il se leva d’un bond, récupéra sa baguette qui se trouvait dans sa veste et utilisa le sort pour ramener son ballon vers lui. En quelques secondes, il se retrouva à ses pieds.  

– Mais, je suis très touché par cet acte héroïque, dit-il moqueur avec un sourire en coin.

Quand ce n’était pas lui qui était dans cet état, Arthur adorait voir le comportement des gens lorsqu’ils étaient déstabilisés. Pour lui, cela était comme un plaisir coupable, puisque rare étaient les gens qui appréciaient se retrouver dans cette situation. Mais les réactions étaient généralement intéressantes et passionnantes. Ici, il pouvait observer une Gryffondor complètement muette et... Maladroite. Penser à sauter dans le lac au lieu d’utiliser sa baguette, voilà une belle preuve qu’elle avait perdu le contrôle d’elle-même. Arthur en riait, mais ne voulait pas la faire souffrir trop longtemps. Il n'était pas si sadique...

Tant pis pour son pantalon. Il attrapa sa chemise et l’enfila. Sa cravate, elle, allait pouvoir attendre puisqu’il la mit en boule dans son sac à dos, tout comme son ballon qu’il avait rétréci d’un coup de baguette. Des chaussettes et des chaussures aux pieds plus tard, le lion s’approcha à nouveau de sa collègue de maison et lui offrit un sourire plus sincère que moqueur.

– C’était avec plaisir. N’hésite pas si tu as encore besoin de moi. Il lui fit un clin d’œil. Je pense que ça vaut mieux qu’on arrête le foot pour aujourd’hui. Mais, dis-moi, mmh... Tu t’appelles comment au fait ? A part la lecture et la nage, qu’est-ce que tu aimes faire ?

Demanda-t-il en récupérant son sac sur le dos, les yeux posés sur la jeune femme.

Morgana. Arthur hocha la tête à l’entente de ce prénom, il allait tâcher de s’en rappeler. Le jeune homme commença à marcher autour du lac et fit un signe de menton à sa collègue de maison pour l’inciter à le suivre.  

– La lecture, le Quidditch, la cuisine... Ok. Mais les potions ? Répéta-t-il en plissant le nez. Comment tu fais ? Je crois que c’est la seule matière où je galère réellement.  

En fait, il voulait surtout dire que c’était la seule matière où y allait au talent ne fonctionnait pas. Dans les autres matières, Arthur faisait le strict minimum tout au long de l’année et s’accordait tout de même des micros séances de révisions juste avant les examens. Cette façon de travailler lui convenait puisque les notes étaient correctes, surtout dans deux-trois matières. Mais la potion restait la seule matière qui se montrait coriace, il n’y comprenait pas grand-chose et, à vrai dire, il n’essayait pas de comprendre... Car cela rimerait à réviser et travailler plus. Cela serait complètement en désaccord avec ses propres valeurs personnelles.  

– Moi c’est Arthur, Arthur Digler très exactement. Dit-il en prononçant son prénom et son nom de famille en Français. J’aime le cinéma, faire la fête, jouer aux jeux vidéo, mais Poudlard m’en empêche. Enfin, le monde magique en général. Bref, plein de choses tant que ça ne concerne pas les cours.  

Expliqua le jeune Gryffondor en s’arrêtant pour montrer de ses bras, le sublime château qu’était Poudlard.