Morgana. Arthur hocha la tête à l’entente de ce prénom, il allait tâcher de s’en rappeler. Le jeune homme commença à marcher autour du lac et fit un signe de menton à sa collègue de maison pour l’inciter à le suivre.  

– La lecture, le Quidditch, la cuisine... Ok. Mais les potions ? Répéta-t-il en plissant le nez. Comment tu fais ? Je crois que c’est la seule matière où je galère réellement.  

En fait, il voulait surtout dire que c’était la seule matière où y allait au talent ne fonctionnait pas. Dans les autres matières, Arthur faisait le strict minimum tout au long de l’année et s’accordait tout de même des micros séances de révisions juste avant les examens. Cette façon de travailler lui convenait puisque les notes étaient correctes, surtout dans deux-trois matières. Mais la potion restait la seule matière qui se montrait coriace, il n’y comprenait pas grand-chose et, à vrai dire, il n’essayait pas de comprendre... Car cela rimerait à réviser et travailler plus. Cela serait complètement en désaccord avec ses propres valeurs personnelles.  

– Moi c’est Arthur, Arthur Digler très exactement. Dit-il en prononçant son prénom et son nom de famille en Français. J’aime le cinéma, faire la fête, jouer aux jeux vidéo, mais Poudlard m’en empêche. Enfin, le monde magique en général. Bref, plein de choses tant que ça ne concerne pas les cours.  

Expliqua le jeune Gryffondor en s’arrêtant pour montrer de ses bras, le sublime château qu’était Poudlard.

Le sentiment était réciproque, Arthur trouvait la présence de Morgana très agréable. Les rayons du soleil étaient très relaxants et lui permettaient de se sentir moins mal à l’aise dans ce pantalon trempé et collant. Pendant leur marche, le lion avait d’ailleurs les yeux mi-clos et le menton levé vers le ciel.  
L’accent que Morgana avait essayé de prendre Morgana fit sourire Arthur qui ne put s’empêcher de trouver ça mignon.  

– Cet accent était adorable, mais tu peux prononcer mon prénom en anglais, je ne t’en voudrais pas.

Voilà, il était là le principal problème des potions. Cela demandait beaucoup trop de concentration, de minution et très certainement de patience, ce que le Gryffondor n’avait, bien évidemment, pas.

– C’est sûrement parce qu’il faut suivre une recette que je ne sais ni cuisiner ni faire les potions. Et pour les jeux vidéo, je te montrerais un jour si on en a la possibilité.  

Arthur s’arrêta brusquement. Depuis le début, il était très intéressé par sa conversation avec Morgana. Mais là, elle venait de proposer une option extrêmement alléchante. Il mit son bras autour du cou de la jeune femme et s’approcha de son oreille. Il baissa le ton de sa voix pour ne pas être écouté par d’autres élèves indiscrets.

– Tu sais quoi ? C’est une brillante idée. On devrait organiser une fête dans la Salle sur Demande.  

Qu’elle soit fan des fêtes ou pas, le ton d’Arthur laissait penser qu’elle n’avait pas le choix de faire partie de l’équation.

La France lui manquait. La langue. Sa nourriture. Son accent. Ses anciens amis. En fait, presque tout lui manquait et même s’il appréciait l’Angleterre, il était né en France. Cependant, Arthur avait brièvement entendu parler de Beauxbatons et de l’éducation stricte et autoritaire que subissaient les élèves. Pile ce que détestait le jeune homme. Certainement que son père avait rapidement compris que cela n’aurait pas été possible avec son fils. Il savait qu’il allait se plaire à Poudlard, malgré les cours… Mais ça, il ne pouvait y échapper nulle part.

Arthur sourit au compliment de Morgana et se justifia.  

– Je suis Français en fait si tu veux tout savoir et j’y ai vécu jusqu’à mes dix ans... D’où mon accent qui ne veut pas partir... Ou plutôt que je m’efforce de garder.

Il lui fit un clin d’oeil. Il ne voulait pas le lâcher et cela pour plusieurs raisons, déjà parce qu’il aimait cet accent et ensuite, parce que comme venait de le prouver Morgana, il plaisait aux étrangers. Ils considéraient ça comme “charmant” ou “craquant” et même si c’était affreusement cliché, c’était vrai.  

Il sentit la jeune femme avoir un frisson lorsqu’il s’approcha d’elle, mais ne releva pas pour ne pas la mettre mal à l’aise… Mais il se retenait. Lorsqu’elle s’éloigna, il mit les mains dans ses poches et fronça légèrement les sourcils. Il ne réagit pas à la première partie de la phrase de Morgana, c’était comme une évidence pour lui. Elle avait proposé l’idée, elle était dorénavant obligée d’en assumer les conséquences.

– Mmh... Je sais pas, encore. Il faudrait déjà se décider sur la tranche d’âge. Je propose minimum cinquième année. N’importe quelle maison. Par contre, on choisit les invités. Sinon ça risque de s’ébruiter et les préfets risquent d’être au courant. Et on serait vraiment dans la m*rde si ça arrivait. Tu en penses quoi ? Demanda-t-il avec beaucoup de sérieux, peut-être plus que lorsqu’il révisait ses cours.

Arthur hocha la tête de haut en bas pour répondre à la question de Morgana et sans grand étonnement, un sourire de fierté se dessina sur son visage. Et comme l'arrogance n'était jamais terminé, il s’approcha à nouveau de sa collègue de maison pour baisser le ton de sa voix qui se voulait charmeuse.

– Exactement… Et ça fonctionne. Dit-il en faisant référence au compliment qu’il avait reçu quelques secondes avant.

Il rit et s’éloigna, se rapprochant plutôt du lac. Il l’avait assez déstabilisé comme ça. Le lion reprit son sérieux. L'avantage quand on avait une confiance en soi débordante, c'est qu'on ne craignait pas ou très peu les conséquences. Et pourtant, il était très loin d'être protégé, ce n'était qu'un élève parmi tant d'autres. Seulement, cette fois-ci il devait prendre plus de précautions que d'habitude puisque Morgana avait accepté de l'aider... Enfin, disons qu'il ne lui avait pas réellement laissé le choix.

– S’il y a un problème, j’en prendrais les responsabilités, ils penseront seulement que tu es invité, ok ? Mais t’inquiète, y a aucune raison que ça se passe mal. La rassurait-il pour qu'elle arrête de s'inquiéter. Pour les invités, je pensais déjà aux gars de mon dortoir. Genre Aliocha et y a ce mec là… Comment il s’appelle déjà... il est blond... Le Deliers je crois ? Faudrait voir pour d’autres personnes. Tu as des idées toi ?

Il posa un regard curieux vers la jeune femme.

Arthur sourit en remarquant les joues de Morgana prendre une teinte proche de la couleur de ses cheveux. Elle ne releva pas et lui n’ajouta rien de plus non plus. Le jeune homme hocha la tête de haut en bas signifiant qu’il n’avait rien contre le choix de ses invités puisque de toute façon, il ne les connaissait pas. Maintenant qu’ils avaient quelques idées d’élèves à inviter, il fallait penser à la date, l’heure et le hibou.

– Ok, je me chargerais d’inviter Aliocha et Le Deliers et certainement d’autres gars. Je te laisserais envoyer un hibou à tes potes. Plus on est nombreux mieux c’est. Faut juste être discret. Dit-il en mettant son index devant sa bouche. Quand est-ce qu’on fait ça ? Et pour l’heure, il ne faut pas que ce soit trop tôt pour éviter les préfets, mais pas trop tard non plus.

Le jeune lion réfléchit. Il n’était pas extrêmement visuel et ne savait donc pas utiliser correctement la salle sur demande. Cependant, il savait à peu près ce dont ils avaient besoin. Il n’avait qu’à déléguer ça à sa collègue de maison.

– Mmh… Je te fais confiance. Il faut des canapés, des tables ou quoi, pour poser la bouffe, les boissons… Il nous faut assez de place pour ceux qui veulent danser et donc il faut trouver un moyen pour avoir de la musique. Tu saurais faire ça ?

Demanda-t-il à la jeune femme.

Arthur leva les yeux vers le ciel et fit mine de réfléchir aux questions de sa collègue de maison. Deux semaines, cela lui paraissait raisonnable. Cela laissait le temps de prévenir les invités et de préparer la fête. Le vendredi soir était un jour parfait, le lendemain ils allaient pouvoir faire la grasse matinée. Cependant l’heure ne lui convenait pas vraiment.

— Oui ok pour la date. Par contre... C’est trop tôt l’heure du dîner. C’est vrai que les préfets seront occupés, mais j’ai peur qu’ils ne viennent pas... Sinon, on peut faire un compromis ! Ils viennent après le repas. Les couloirs seront occupés puisque tout le monde ira dans sa salle commune. T’en penses quoi ? C’est peut-être mieux comme ça, non ?

Cette idée lui paressait beaucoup plus convenable. Les invités allaient pouvoir s’éclipser discrètement et être facilement dissimulables parmi les autres élèves. Arthur pensa ensuite à l’ambiance pendant quelques secondes.

— Il faudrait quelque chose d’un peu tamisé tu vois ? De pas trop lumineux quoi.

Il loucha avec envie sur les patacitrouilles de Morgana et la remercia d’un grand sourire lorsqu’elle lui en donna un. Il n’attendit pas une seule seconde de plus pour croquer dedans.

L’avantage d’organiser une fête avec Morgana, il venait de tout juste de l’apprendre, c’était qu’il était très facile de se mettre d’accord avec cette dernière. Les négociations étaient rapides et les arguments très peu contredits. Cependant, ils restaient tous les deux très différents et certains de ses choix ne lui convenaient pas.

— « En vous regardant danser » ? Non non, tu vas danser aussi. Il se tourna vers elle, les sourcils légèrement froncés. Si tu ne veux pas, je te forcerais de toute façon.

Il sourit en lui faisant un clin d’œil. Ils continuèrent de marcher autour du lac paisible et Arthur croquait dans la patacitrouille que sa collègue de maison venait de lui offrir. Il n’avait pas envie d’imposer ses goûts musicaux aux autres élèves, il n’était pas certain que cela plaise à tout le monde.

— Mmh... Je ne sais pas. Des musiques qui bougent, n’importe. Il faut que ça convienne à un maximum de personnes. Mais ne panique pas, si jamais on changera sur le moment. T’inquiète. Je te fais confiance. Ce sera génial.

Arthur s’y voyait déjà. Cela faisait pas mal de temps qu’il n’avait pas participé à de fête et il avait très envie de danser sur la piste de danse... Enfin, une fois qu’il aura bu un peu.

Arthur ne put s’empêcher de rire en entendant la question de sa collègue de maison et ses explications n’étaient pas moins drôles. Il y avait plein de façon de forcer quelqu’un à venir danser, surtout quand on avait plus de force que la personne. Cependant, il préférait garder ça secret.

— Tu verras... Dit-il avec un sourire en coin. Ne t’inquiète pas ma belle, je ne sais pas réellement danser moi non plus et pourtant...

Et pourtant il arrivait toujours à danser en rythme et le rendu était sympa à voir... son charisme et son aisance naturelle y était sûrement pour quelque chose. Arthur sourit de façon plus sincère et surtout rassurante. L’enthousiasme de Morgana, malgré qu’elle soit une débutante, ne faisait que l’exciter à l’idée d’organiser cette fête. Mais en plus de ça, quand il y réfléchissait, il avait bien envie de passer une soirée avec Aliocha.

— Des « boissons interdites » ? Il rit. C’est trop dangereux de prononcer le mot « alcool » ? Faudrait voir ouais pour en ramener.

Arthur était trop jeune pour aller en chercher, ils allaient devoir ruser et voir avec les autres invités s’ils avaient des astuces pour acheter de l’alcool et pour les cacher une fois dans l’enceinte du château.