Tranquille. Charlie pouvait enfin souffler. Enfin un peu de temps libre. Elle monta dans sa chambre et se posa sur son lit. Pendant un petit temps, elle prit son pendentif entre ses mains, l'ouvrit et regarda la photo de son père. Il lui manquait tant. Lui était toujours en Amérique et malgré sa si belle promesse, il ne donnait pas tant de nouvelles que cela. Un peu de musique dans les oreilles, elle s'écrasa enfin sur son lit, lâchant un souffle d'exaspération. Vivement que cette journée se termine pour de bon.
      Seulement le silence et le calme ne dura pas longtemps. Rapidement, la jeune lionne entendit du bruit provenant de la salle commune. Beaucoup de bruit. Provenant de beaucoup de monde. C'était inhabituel. Il se passait quelque chose.

          Intriguée, Charlie sortit de sa bulle et descendit les escaliers, presque effrayée. La salle commune était bondée. Elle ne l'avait jamais vu comme cela. Mais ... Tous les élèves de Gryffondor sont là ? C'était le cas en effet.
Les élèves devant elle paraissaient tous soit paniqués, soit intrigués. Certains élèves faisaient les cents pas dans le peu d'espace qu'ils pouvaient s'attribuer, d'autres patientaient simplement, assis ou pas. Malgré le peu d'élèves qu'elle avait rencontré jusqu'ici, la Gryffondor regarda tout de même autour d'elle, voir si certaines têtes lui étaient familières.  Elle reconnut au loin sa prèfète. Au vu de son expression faciale, elle n'avait pas l'air d'en savoir plus que les autres.
             Durant un instant, elle hésita à remonter dans son dortoir. Après tout, la foule, ça n'a jamais été son truc. Malgré tout, cette fois-ci, elle se ravisa et alla s'asseoir sur une des dernières places qui étaient disponibles, attendant la suite des évènements.

J'espère quand même que ce s'ra pas long.

    Cela faisait seulement çinq minutes qu'elle était là et pourtant, elle en avait déjà marre. Il n'y avait même plus de place pour mettre ses jambes tant les élèves étaient les uns sur les autres dans la salle. Et d'autres arrivaient encore, comme s'ils n'étaient pas encore assez. P'tin, ça pue la transpi, pensa Charlie, exprimant une expression faciale de dégoût et passant amèrement sa main sous son nez. De plus, un autre gryffon à côté d'elle (Matt) répondit à sa remarque, pourtant destinée à elle-même. Paniquant à la vue d'un lien social, elle tourna simplement la tête en sa direction et sourit.

        Tu m'étonnes que j'ai pas beaucoup d'amis, dès que quelqu'un m'adresse la parole, je panique et n'ose même pas répondre. C'était pas totalement faux. A chaque fois que la rouge avait l'occasion d'en dire un peu plus ou de connaître quelqu'un, elle se taisait; non pas par peur car elle n'a jamais vraiment été du genre timide ; mais plutôt comme si elle savait que les autres se fichait de ce qu'elle pouvait bien penser ou raconter. A Ilvermorny, tout le monde la connaissait, elle n'avait plus rien à prouver. Mais en y repensant, elle remarqua malgré tout que là-bas aussi, elle n'était pas la plus bavarde de son groupe d'amis. Patiente, elle sortit une patacitrouille qui traînait dans sa poche et commença à la mordiller.
C'est la préfète Isolde qui interrompit finalement les pensées solitaires de Charlie avec un discours.... hum... gourmand :

— Euh, ouais, salut... J'sais pas vous mais moi j'ai faim.  On va faire un tas. Chacun va mettre un ou plusieurs trucs à manger ou à boire. Et faites pas genre vous avez rien à proposer ; à Gryffondor, ça sent beaucoup plus la patacitrouille que le vieux parchemin, et je sais pas qui c'est mais c'est définitivement le bruit d'un paquet de chips qui m'a réveillée ce matin.


- Un... goûter ? Tout ça pour un goûter ?!, s'exclama un peu trop fort la lionne, si bien que quelques têtes se retournèrent vers elle pendant une seconde.

     Cela dit, elle n'avait pas tort. Il paraissait étrange que des patronus envoyés dans tout le château servaient simplement à un goûter géant organisé dans la salle commune. Il était évident que la préfète souhaitait faire patienter les élèves, ou plutôt faire en sorte qu'ils s'impatientent moins. Il était vrai que Charlie avait une petite réserve de gourmandise dans sa chambre, ainsi qu'actuellement dans sa poche, endroit d'où provenait la patacitrouille précédemment evoquée. D'ailleurs, lors de son discours, Isolde semblait l'avoir remarqué. Pendant une seconde, Charlie hésita à remonter dans sa chambre comme si elle n'était jamais venue ici, mais au vu du précédent regard que lui avait lancé sa préfète, peut-être était-il préférable de rester ici et de poser quelques poignées de bonbons sur le tas prévu à cet effet. Elle s'y approcha et déposa des patacitrouilles, des bulles baveuses et quelques plumes en sucre. Si elle avait fait cet effort, les autres avaient plutôt intérêt à le faire. Partager - et d'autant plus la bouffe - n'était pas son fort. Elle préférait garder les choses qui lui étaient destinées seulement pour elles, encore plus quand il s'agissait de son argent qui y était investi.