Animation RPG : Dissiper l’inquiétude [Abandonné]

Un premier téméraire (Aliocha) se dirige vers le centre de la pièce. Il n'a même pas besoin de s'acharner sur la baudruche magique qui éclate à la première attaque. Isolde reste interdite, à la fois impressionnée par ce coup de maître – on aurait besoin de bras comme ceux-là dans l'équipe de quidditch – et agacée de constater que la diversion proposée par les préfètes va être de courte durée. Arthur gratifie son camarade de félicitations sincères.

Saphire qui croise les bras. Matt qui fait de même. Morgana qui est incapable de contenir une nervosité presque palpable. Isolde récupère le bâton, adressant au passage à Aliocha un regard équivoque.
— Bon bah… scande-t-elle sans charisme aucun avant de ramasser un suçacide qu'elle gobe insolemment. Merci de nous faciliter la tâche ! Allons-y pour la deuxième piñata.

Le ballon s'envole, habilement contrôlé par Zélie. La cinquième année propose à la prochaine personne de la file de se lancer. L'élève ferme les yeux, effectue un pas en avant et frappe dans le vide. Sourire d'Isolde.
— Suivant !

Elle s'écarte lorsqu'un mouvement attire son attention. C'est la journée des chutes aujourd'hui ; Charlie gît sur le tapis, haletante, les yeux alarmés ; Matt, interloqué, se relève aussitôt, sous les ricanements des adolescents. Les têtes s'amassent autour du binôme et Isolde joue des coudes pour pouvoir fendre la foule. Elle se penche au-dessus de la quatrième année.
— Ça va ? Tu veux un bonbon ? Elle tend une dragée qu'elle a dérobée quelques instants plus tôt et la propose à sa camarade. Avec un peu de chance, il a pas le goût vomi.

La majorité de la pièce semble s'ennuyer ferme tandis que l'autre croise les bras avec mécontentement ou s'évanouit sans raison. Personne ne fait d'effort, aussi ! Son poing la démange. Elle se retient de décocher une droite sur le visage de l'un des boutonneux qui n'a pas fini de rire grassement de la chute de Matt. Les yeux levés au ciel.
— Il faut qu'je sorte d'ici, souffle alors une voix à ses pieds.
— Viens, ordonne la préfète en faisant de l'espace autour d'elle.

Un peu de calme au bas des escaliers ne fera pas de mal.

Spoiler:

Les bras croisés. Les coudes contre côtes endolories par une nuit agitée. Les mains gelées. Le regard froid. Distant. T'analyses la foule depuis tout à l'heure. Tu bouges pas, toujours en bas des marches - tu prends quelques hauteurs pour dissimuler ton angoisse. Y'en a certains qui trouvent ça drôle, d'être confinés. D'autres qui ont l'air vraiment stressé. Y'a ceux pour qui rien ne comptent que leur propre devoir à rendre : nez dans un bouquin belliqueux. Et y'a même des gens qui font la queue pour taper une piñata.

Soupir.
Soupir.

N'ont-ils vraiment que ça à foutre ? Ce genre de connerie te passe au-dessus aujourd'hui. Bizarrement, t'as plus l'âge à ça. T'en prends conscience, c'est ça le plus dérangeant. / Tu peux pas t'empêcher de lâcher un bordel distinct. Là, juste sous tes pieds, une fille s'écroule. T'as presque le réflexe d'aller la ramasser mais y'a Matt et ton ancienne poursuiveuse qui prennent les devants.

Besoin d'un coup de main ? T'as même pas besoin de t'approcher pour te faire entendre du petit groupe. Ils sont juste ici, à tes pieds. Isolde ? Je peux te parler deux minutes ? parce qu'il y a toujours ce petit côté malsain-intéressé chez toi. Tes actions sont toutes calculées comme un échiquier géant.

Quelques élèves veulent lui prêter main forte. C'est lourd, une adolescente qui vient de faire un malaise. Mais avant même de soulever le corps pâteux, une voix familière interpelle la préfète :
— Isolde ? Je peux te parler deux minutes ?

L'intéressée lève les yeux vers son capitaine de quidditch préféré avant d'entrouvrir la bouche en signe de circonspection, l'air de dire « Tu vois pas que je suis occupée ? », mais le ton insistant de Lïnwe la dissuade de l'envoyer chercher le vif d'or ailleurs. Elle fait signe à Matt et aux quelques élèves encore agglutinés de prendre Charlie en charge et suit le septième année à l'écart. Il a intérêt à articuler autre chose que ses habituels « bordel » aussi remarquables que sa tignasse platine. Isolde fiche ses yeux sombres dans ceux de son camarade, levant la tête pour mieux soutenir son regard.
— Quoi ?

Simple, efficace, tel le coup de bâton asséné par Aliocha. Point de défiance ni d'hostilité cependant dans cette monosyllabe. Viens-en au fait. Et si tu en sais davantage sur la raison pour laquelle nous sommes enfermés dans cette salle comme des lions en cage, ne te prive pas de partager tes connaissances.

Saison XXX, Hiver
Gryffondor, salle commune

Brouhaha. Rires gras. Un attroupement supplémentaire semblait s'être formé auprès d'eux. Ils regardaient quoi au juste ? La demoiselle avait enlevé son épaule comme si le petit Lion lui avait inculqué une décharge électrique en y posant ses doigts. Il s'était relevé mais continuait de la dévisager avec un certain mélange de consternation et d'incompréhension. « Hé ho, si tu veux pas de mon aide, moi j'me casse. J'ai rien demandé. »

La Zoziolde vint à la rescousse. Elle avait fendu la foule tout en bravant et faisant taire les moqueries naissantes ou déjà bien installées. Signe autoritaire de la préfète de faire de l'espace autour de la demoiselle. S'exécutant sans broncher, il recula incitant les Autres à faire de même.

Lïnwe en profita pour toucher deux mots à la salvatrice qui sembla réticente à cette idée. Elle fit à Matt signe de rappliquer. Alors il s'exécuta rapidement. Que voulait-elle ? La réponse ne tarda point à franchir les lèvres de la Rouge. Cette dernière lui dispensa ses consignes pour finalement disparaître avec Lïnwe quelques mètres plus loin à l'abri des oreilles indiscrètes. Sourcils froncés il reporta son attention sur la demoiselle toujours au sol.

Pas de contact physique. Juste un échange verbal. Car au final elle ne semblait pas réellement réceptive. Les mains sur les genoux. Légèrement baissé vers elle. - « Bon écoute. Je sais pas ce qu'il se passe pour qu'on soit tous confinés ici. Ni ce que t'as. Mais Isolde m'a dit de m'occuper de toi alors... si t'as besoin de sortir je te fais sortir, ça te va ? » Pas de main tendue. Juste l'espoir d'une réponse rapide et compréhensible. Le Deliers en revenait même à regretter d'être descendu du dortoir.

Le temps de remuer un sourcil narcoleptique et vous vous retrouvez en tête à tête avec ta préfète. C'est pas si difficile à s'imaginer pourquoi ils veulent distraire les lions mais ta question t'irrite au plus au point... c'est quoi c'délire ? Tu voulais surtout pas critiquer ton équipe préfectorale, même si t'aurais probablement fait meilleur préfet de tous les temps (ce n'était devenu qu'un objectif un peu trop poussiéreux pour être pris au sérieux aujourd'hui) — ceci dit, tu comprenais toujours pas pourquoi vous étiez tous confinés, et que des blaireaux comme Corbier s'amusaient à attraper des friandises. Un truc te sidérait sur place, c'est clair. Un truc retournait le cerveau. Un truc que tu saisissais pas, et tu détestais ça.

Tu parles plus bas. J'veux dire... vous êtes bien au courant de quelque chose... Non ? mais vue la tête des préfètes, c'était peut-être pas bon signe pour toi. Ça te dirait pas d'aller voir directement la Direction ? Philaester te connaissait comme tout le monde. T'étais ce genre de profil inéluctable. Et à défaut de n'avoir pour sonnerie que le silence des cloches, il était temps d'agir. D'agir officiellement.

L'adolescente apprécie de se mettre à l'écart. Quelques mètres suffisent pour rendre le brouhaha un peu plus lointain, bien qu'il reste globalement désagréable et qu'il ne soit pas tellement plus aisé de se concentrer avec une telle surcharge acoustique. À l'instar de son regard vif, Lïnwe n'y va pas par quatre chemins. Il flaire le danger, tout comme Isolde a bien conscience que quelque chose cloche. Aussi évident qu'un clairon déchirant une toile de silence.

Sur le ton de la confidence, l'adolescent tente de soutirer des informations à sa cadette de préfète. Cette dernière ne prend même pas la peine de faire semblant :
— Le cours de Bennet a fini plus tôt. La prof est partie méga vite après avoir reçu un patronus. Elle nous a demandé de rentrer dans nos salles communes. Elle fit la moue. J'en sais pas plus que toi.
— Ça te dirait pas d'aller voir directement la direction ?

Elle ouvre la bouche pour décliner mais se retient à la dernière seconde. A-t-elle failli correspondre à l'image de la bonne et obéissante préfète qui fait ce qu'on lui demande sans poser la moindre question ? Oui. Ce fichu badge doit avoir une mauvaise influence sur elle. Mais son sang de Gryffondor ne fait qu'un tour : il est temps de revenir à des comportements plus authentiques.
— Prends ta baguette, on y va, décide-t-elle sans ciller.

Elle vérifie d'un geste rapide que la sienne est bien à sa place et fonce vers le tas de friandises qui gît encore aux pieds d'Aliocha. Insolemment, elle en gobe une au hasard avant de disperser les autres de part et d'autre de la pièce afin d'en faire profiter tout le monde et de faire diversion. Elle intime silencieusement sa collègue de s'occuper de la meute durant son absence, espérant s'être fait comprendre en dépit de ses gestes désordonnés et de son visage passant par toutes les expressions possibles – au moins quatre. Avec une quantité d'hésitation inversement proportionnelle à son rythme cardiaque emballé, Isolde se dirige vers la sortie.

C'est sans compter la Grosse Dame qui refuse de se laisser pivoter sans son consentement.
— Allez, ouvrez ! s'impatiente la lionne.

Dans sa bouche se répand un intense goût de soufre. Celui de l'aventure et du danger ? Que nenni. Merci Bertie.

Piñata ! :

Et puis tout s'enchaîne très vite. On se croirait à la foire. Tu tires dans la cible, ça fait du bruit, y'a des acclamations des hourras qui volent, des mains qui s'inclinent - tu gagnes un lot et tu repars, quelqu'un prend ta place aussitôt. Ici ça hurle ça crie ça stresse ou ça s'amuse. Tout ça à la fois, ça te file vraiment mal au crâne. T'as jamais vu autant de bordel dans la salle commune (sauf peut-être lors de ta première victoire au Quidditch).

Là, les yeux dans les yeux : elle te répond du tac au tac. T'as pas besoin qu'elle te le dise deux fois. Baguette déjà sur toi, tu prends la direction de la sortie. Le chemin n'est pas sans obstacle. Les camarades rouges sont toujours un peu sanguins quand il s'agit de pousser les autres. Tu fends la queue à la Piñata en deux, raclant quelques airs renfrognés au passage mais clairement : t'en as rien à foutre. De son côté, la préfète part prévenir sa comparse (la pauvre, retenir toute sa maison toute seule en pareil moment ne doit pas être si évident, et Isolde a cette faculté d'occuper joyeusement les troupes, assez naturellement).

C'était vraiment bizarre cette histoire de patronus en plein cours. Mais si quelque chose de grave était arrivé à Lizzie, t'en serais pas moins satisfait. T'attends ta comparse qui vient se poster devant la Grosse Dame. Elle était connue pour être aussi farouche qu'un lion. Et c'était sans compter sa mauvaise foi. La Gryffondor s'impatiente mais toi, tu t'avances d'un peu plus près - calmement. Après une bonne minute de réflexion muette, tu finis par persuader la Grosse Dame de vous laisser passer.

Comment ? il suffit d'user de ton charme. Tu lui dis que t'as écrit des vers sur sa beauté, et que tu lui diras si elle vous ouvre le passage. Elle est grognon. Elle aime pas trop qu'on la mène à la baguette mais son narcissisme prend le dessus aujourd'hui. Vous passez de l'autre côté, un grand sourire sur tes lèvres. Tu prononces le mensonge que t'as pu inventer sur le champ - laissant libre court à ton improvisation acharnée, agitant quelques faits et gestes au passage :

Que vous êtes jolie, que vous me semblez belle
Aaah, Ma Dame. Ma mie. Ma douce amie !
Sans mentir : si votre ramage
Se rapporte à votre bel âge
Vous êtes la nymphe des hôtes de ce toit.

Tu la vois rougir. S'épanouir comme une rose au soleil. T'en ris.
Et puis, elle commence à élever sa voix de chanteuse ratée et là tu dis une autre fois, peut-être !

Un clin d’œil à ta préfète. Tu tournes sur tes talons, en route pour le bureau de la directrice ? Y'avait qu'elle pour donner l'ordre de confiner tous les élèves.

Stoppée net dans son élan vers la sortie par une Grosse Dame bien décidée à laisser son cadre immobile, Isolde peste. Sans se départir de son calme, son camarade prend le relais. Renard habilement déguisé en Orphée, Lïnwe déclame ses vers, flattant et trompant tout à la fois l'illustre portrait, le brossant dans le sens du poil. La Grosse Dame se fait ainsi piéger dans sa vanité. Les deux adolescents traversent l'embrasure de la porte et s'éloignent sans demander leur reste, coupant le sifflet à la piètre cantatrice. Lïnwe rit, imité par la préfète. Il ne faut cependant pas perdre l'objectif de vue.
— Le bureau de la directrice ? suggère le septième année.

Elle hoche la tête en prenant une profonde inspiration.

Départ d'Isolde ! Peut-être qu'elle reviendra, on verra…
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