Elle avait l'air ravie. Son rire avait réchauffé ce petit cœur qui battait dans ta poitrine. Il avait diminué la peur jusqu'à la conquérir d'un bouquet de fleurs, d'un parfum de bonheur. Et toi, tu ne savais qu'y répondre que par un sourire, qui s'élargissait encore plus lorsqu'elle avait paré ta chevelure brune sombre de liserons bleus. Elle t'avait comme couronnée. Mais tu étais reine de quoi finalement, puisqu'il semblait déjà qu'une autre régnait sur le tambourin rouge. Princesse de quels sujets puisque tu avais toujours eu des guides qui te permettaient d'apprendre, de comprendre, et d'étudier ce monde qui, s'il avait été le tien un jour, ne l'avait jamais vraiment été dans tes souvenirs. Vous laissiez place, toutes deux, à la jeune lionne étincelante. Tu n'osais pas l'avouer, parce que c'était difficile pour toi de poser un mot sur des sentiments, plus difficile que de poser des mots sur la pensée... mais tu l'appréciais beaucoup du peu que tu l'avais côtoyé, observé. Comme Daisy, c'était un caractère franc, honnête, sans atour. Une personne humble, peut-être, avec une pointe de fierté quand même pour ne pas se laisser abattre, mais aussi quelqu'un de simple. Tu observais ses gestes, tu t'accommodais à la place qu'elle prenait finalement. Tu la laissas un peu rentrer dans ton petit espace intime, déjà bien petit, pour mieux la comprendre.
Et tu l'applaudis, mais seulement d'un sourire. Un signe de tête pour la féliciter. Parce qu'elle aussi avait réussi son petit tour de magie. Faire apparaître des lentilles magiques sur des yeux qui étaient l'une des zones les plus complexes pour l'homme si on ne prenait pas en compte le cerveau, c'était un exploit. De son côté, Daisy saluait avec ferveur le triomphe de la Gryfonne. Yes ! Bien joué Suzy ! Ce qui fit redoubler ton sourire. Les petites jonquilles klaxonnantes semblaient redoubler de rythme pour que, elles aussi, puissent féliciter la jeune élève. Un peu plus tard, Miss Beckett annonça la fin de son cours. Il avait été amusant, même si, pour toi, pointer ta baguette sur ton amie n'avait pas été des plus plaisants. "Je me demande bien ce que l'on va pouvoir faire de notre temps libre... j'aimerais bien passer a..." Miss Wellington, Miss Strix... Venez ici, s'il vous plaît. Tes pensées s'envolèrent. Tu aurais aimé passer peut-être un peu de temps à Pré-au-Lard avec Daisy. Après tout, vous étiez maintenant en âge d'y aller, et vous ne l'aviez pas encore fait. Tu adorais visiter de nouveaux endroits, et tu savais qu'avec ta comparse, ce serait encore plus merveilleux. En attendant, tes pensées avaient laissé place à la peur. Tu n'étais pas seule apparemment parce que la jolie Wellington tirait une tête également. Vos regards se croisèrent... tes mains s'empressèrent de ranger tes affaires... il ne devait y avoir nul autre reproche de ce qui allait arriver.
Tu ne savais pas pourquoi tu étais convoqué, et tu ne pensais pas que Daisy ait fait une bêtise. Et puis tout à coup, tu te souviens des jonquilles... peut-être que le bruit qu'elles faisaient n'était pas pensable dans une salle de classe. Pourtant, tu ne voulais pas que l'enseignante retire de suite les jonquilles de ton amie. Ils allaient disparaître au bout d'une bonne cinquantaine de minute si elle tenait le sort jusqu'au bout. Le temps qu'elle trouve un miroir et que Daisy profite un peu du joli son qu'elles procuraient.Tu t'avanças doucement vers le bureau de la professeure, prête à défendre les sortilèges que vous aviez lancé l'une sur l'autre. Professeure... si c'est à cause des jonquilles c'est pas la faute de Day... Daisy. Je suis désolée et je prends l'entière responsabilité... mais s'il vous plaît, laissez les lui encore un petit peu..." Si tes iris d'un bleu profond avaient rencontré ceux de ta professeure, tu avais cependant du mal à soutenir le regard. C'était comme ça avec tout le monde, tu n'arrivais pas à regarder trop longtemps dans les yeux d'une personne... tu avais comme la désagréable impression de la sonder, de voir au-delà de la simple couleur. La même sensation que lorsque que tu plongeais le regard dans la couleur coquelicot. Alors tu baissas doucement le regard vers le bureau de Beckett, et attendit la sentence.