[HRPG : Par soucis de cohérence Evanna, l'ordre des posts change pour ce dernier tour ^^' Je poste, ensuite Kyara, puis Valens, de nouveau moi, après Mione, et enfin ce sera à ton tour. Kyara postera une dernière fois après toi pour boucler l'interrogatoire. S'il y a un problème, ma boite MP reste ouverte ]

Oh oui ça Edjin le savait que la Mangemorte avait été honnête... On ne pouvait pas faire mieux niveau honnêteté. Et malgré le fait qu'il s'était juré de rester impassible devant toutes les tortures et réponses qui pouvaient advenir durant cette interrogatoire, le jeune blond avait été plutôt touché par le récit de la captive. Elle savait jouer avec les mots pour qu'ils soient plus que de simples mots, ils étaient vivants et donnaient du sens au récit. C'était surtout ceci qui avait touché le blondinet, il imaginait clairement ce qu'avait pu ressentir Evanna durant sa scolarité, lorsqu'elle avait été rejetée à cause de sa soi-disant maladie. Il imaginait aussi le dégoût, l'antipathie, le mépris voire la haine qu'elle avait pu ressentir face à certaines personnes. Sauf qu'il devait se forcer de ne pas imaginer ceci, il devait rester impassible. Mais perdu dans les mots de la Mage Noire, il l'avait écoutée sans broncher, sans rien dire, sans s'obliger de continuer à ressentir du mépris face à une personne comme elle qui semait chaos et magie noire partout.

Et il était là, maintenant, face à une jeune fille de 17 ans, qui faisait certainement partie de l'Elite des sorciers au niveau de son intelligence. Il n'était plus face à une personne froide faisant partie d'une organisation aussi illégale que l'Ordre du Phénix. Il n'était plus face à une personne capable de tuer pour arriver à ses fins. Il était face à une personne torturée pour avoir essayé de réaliser ses idéaux d'une manière qu'elle devait juger Juste. C'était peut-être pour ça qu'Edjin ne faisait pas la différence entre le bien et le mal, que pour lui il n'y avait que justice : car le bien et le mal sont relatifs par rapport aux points de vues des différentes personnes. Il n'en savait rien et il n'avait pas envie d'y réfléchir, en cet instant tout se brouillait dans sa tête. Il ne savait pas ce qu'il faisait là, face à cette fille nue, couverte de sang et torturée par Egrin. Peut-être aurait-il dû partir en cet instant pour y réfléchir ? Pouvait-il faire comme Claire et prétexter qu'il devait aller se reposer, en plein milieu de l'interrogatoire ?

C'est lorsqu'il entendit du bruit à l'étage au dessus qu'il se rendit compte que ses troubles et questions lui avaient fait quitter l'esprit d'Evanna. Il ne lisait actuellement plus dans son esprit, et pourtant il ne s'était pas forcé à le quitter. Cela s'était fait naturellement, seul, et c'était certainement dû à sa grande empathie qui le prenait une fois de plus de court. Clio arriva mais Edjin ne fit pas attention à elle. Il ne la remarqua même pas. Mione quitta la pièce pour la suivre, tandis que l'ancien Gryffondor s'en fichait. Ce devait être Claire qui était revenue, peut-être Alicia si elle était vivante... Il s'en foutait pour le moment, les mots prenaient petit à petit du sens dans son esprit. Il comprenait l'histoire d'Evanna, et avec ceci il se posait d'autres questions encore. "J'ai l'âge où personne ne devrait se faire torturer", ces mots résonnaient dans l'esprit d'Edjin comme un gong, alors que la Poufsouffle avait terminé son récit depuis maintenant quelques minutes. Pour lui, cette jeune fille n'avait surtout pas l'âge de faire partie d'un groupe tel que les Mangemorts, bien que son père ait été tué par un Auror. Si elle ne supportait plus sa solitude, elle n'avait pas non plus le besoin de faire partie d'un groupe tel quel.

Et malgré tout cela, toute cette torture, toute ces questions, le jeune blond devait admettre que les idéaux de la Mangemorte étaient réfléchis, et certains pas si mauvais. Elle voulait un monde meilleur... De quel point de vue ? Là était la question. Elle voulait aussi renverser la société, partir sur une société plus Juste, comme le souhaitait le blondinet. Le seul problème dans les idéaux de la Mage Noire était l'intervention du mot "Moldus". Parce que sortant de la bouche d'un Mangemort, cela prend un autre sens. Mais mis à part ça, ce que disait Evanna était utopique. Une société basée sur le plaisir d'apprendre et de partager et non sur l'argent était un rêve impossible à réaliser. Et à la fin du récit, le blondinet avait dû réaliser qu'effectivement, il - ainsi que la plupart des sorciers présents dans la cellule - ne connaissaient pas Evanna, et ne la jugeaient que par son titre de "Mage Noire", et non par ses idéaux, par sa façon de penser, par ses opinions.

Un peu perdu dans ses pensées, il regarda autour de lui, il vit Kyara puis Valens. Et il se rendit compte qu'il avait encore du boulot dans cet interrogatoire. Il pensait ne pas avoir récolté assez d'informations, malgré que la Mangemorte avait longuement parlé. Elle n'avait donné aucune information sur les autres Mages Noirs, et cela irritait profondément le jeune blond. Perdant toute empathie en repensant à ceci, il s'approcha de la captive et, perdant son regard presque compatissant après l'avoir examinée longuement, il la regarda de nouveau dans les yeux. Puis il replongea une troisième fois dans ses pensées, une nouvelle fois. Cette fois-ci il ne voulait pas savoir comme elle se sentait, si elle allait bien ou mal, il se fichait de ses émotions. Il voulait des souvenirs qui pourraient lui donner des informations. N'importe quel souvenir, tant que c'était en rapport avec les Mangemorts. Il se perdit alors dans la contemplation des différentes images qui s'offraient à lui. C'était si beau de pouvoir visiter et lire l'esprit des gens. On pouvait ainsi tout savoir tant que l'on était pas face à un occlumens. Mais le légilimens ne trouva rien d'intéressant. Il vit un souvenir, un seul, qui pouvait peut-être leur servir, lui et les autres Phénix dans la cellule.

C'était Evanna devant un homme dont on ne voyait que la silhouette car la pièce était trop sombre, ne laissant pas son visage à découvert. C'était dommage, car cet homme n'était pas n'importe qui, la Mage Noire l'appelait "Seigneur des Ténèbres". Et elle considérait l'homme comme son père spirituel... Là était l'information intéressante. Sortant immédiatement de son esprit, Edjin s'avança vers Kyara, restant complètement indifférent à la captive, et lui glissa à l'oreille en chuchotant mais assez fort pour que la Poufsouffle attachée entende :

- On passe à la dernière phase de l'interrogatoire. Va t'occuper de l'autre à côté.

La suite promettait d'être plaisante...

Ergrin éclata de rire alors que la prisonnière commençait à s'exprimer. Trouvait-il ses propos véritablement hilarants où cherchait-il à masquer ses paroles de peur que l'on lui retire son "invitée" sans lui confier pour autant les autres? Dans les deux cas, ce ne fut pas une grande réussite, cependant, cela ne l'empêcha pas de poursuivre. A commencer par l'âge de la torture. Ce concept était pour lui une abbération. Ce n'était en aucun cas une question d'âge mais une question de choix, une question de voie. Toujours hilare, il commenta sur un ton narquois et de sa voix aigrelette.

- L'âge de la torture? Quel est le bon âge pour la torture selon vous? Trois ans? Dix ans? Dix-sept ans? Vingt-huit ans? Quarante ans peut être? Techniquement parlant, le jeu donne des résultats plus amusants entre trois et dix ans, toutefois on peut jouer plus longuement avec des compagnons ayant la vingtaine. C'est selon les goûts finalement.

Au fond de lui, Valens se révolta quelque peu, sa colère bouillonait et il n'était pas possible de le laisser à part sur ce coup. Haussa les épaules, l'homme au scalpel ajouta.

- Mais on me souffle que l'âge n'y est pour rien, c'est le choix qui importe. Il y a ceux qui se sont engagés dans une voie, se damnant pour leur cause et étant prêts à en assumer les conséquences et ceux qui n'ont rien demandé ni activement fait à personne. Mouais, Ergrin pense que c'est une vision des choses et préfère s'en remettre à l'aspect technique. Ergrin n'a jamais été déçu par l'aspect technique.

Torturée à 17 ans? S'il devait en croire sa discussion avec Axelle, si Valens avait subit pire alors qu'il n'avait pas encore prononcé ses premiers mots, le mouvement mangemort en était responsable. Si à cet âge le petit Valens ne l'avait en rien choisis, c'était loin d'être le cas pour cette bouchère sans coeur. Certains des autres semblaient la plaindre... Des oies blanches. Il avait trop longtemps arpenté l'enfer pour que quelques circonstances viennent voiler ne serait-ce qu'un peu les horreurs commises.

La suite semblait tout aussi drôle pour l'étrange personnage, il se gaussait tout autant de la maladie dont elle faisait l'objet. Pourquoi? Parce que c'était révélateur de sa nature et des raisons pour laquelle il se refuserait à la plaindre.

- Vous ne ressentez pas de sentiments? Pas d'amour, ni de joie? Très intéressant. Cela signifie que vous ne ressentez pas non plus de haine ou de tristesse qui y sont intrinsèquement liés et complètement indissociables. Par extention, il n'y a pas de véritable vengeance possible puisque elle se nourrit d'une haine inexistente. Sans haine, ni tristesse, ni vengeance, cela signifie que vous n'avez jamais été malheureuse non plus, juste perdue. Cela signifie surtout que vous répandez la souffrance et le malheur autour de vous et sur des innocents par simple plaisir en plus de votre "devoir". Quelle pauvre petite fille qui a choisi délibérément d'infliger mille tourments plutôt que d'aider pour un résultat similaire, pauvre pauvre petite fille.

En plus d'êtres narquoises, certaines phrases devenaient des plus ironiques, voir moqueuses. La prisonnière avait eu de la chance dans son enfance et elle l'avait gâchée. Il ne fallait pas la laisser se positionner en victime. Le plus drôle avait été pourtant gardé pour la fin. La société l'avait rejeté? Elle voulait un monde meilleur? Oh oui, c'était probablement les passages les plus amusants dans son discours et Ergrin s'esclaffa une fois de plus, plié de rire.

- Attendez. Ne me dites quand même pas que vous avez commis des atrocités pour quelque chose d'impossible en songeant vraiment que cela pouvait fonctionner? Rassurez moi, ce n'est qu'un prétexte pour vous donner bonne figure, c'est ça? Non parce que même si Ergrin fait l'impasse sur le fait qu'un nouveau monde forgé dans le sang est damné à corrompu par ce même sang (à moins que ses maçons se damnent et s'exécutent pour le laisser naître, mais vous n'avez pas cet altruisme), votre plan nie la nature même de l'être humain. Et cela, vous auriez du le voir dès le début puisque vous commettez les même erreurs que celles que vous dénoncez. Les gens forment des groupes et vous n'êtes pas admise dans le club? Réveillez vous, vous faites la même chose. Pourtant Ergrin ne vous en blâme pas, de tous temps l'homme s'est rassemblé en divers groupes de toutes tailles et de toutes natures, moldus et sorciers confondus. De tous temps ils ont crée des frontières artificielles, des élites tout aussi artificielles, des groupes de valeur, d'opinion, de pensée, d'intérêts, familiaux, de loisir, d'amour, d'activité, de profession, de caste sociale et des myriades d'autres. Des groupes et des groupes au sein des groupes, d'autres groupes encore en eux et au travers d'eux. Et tous ces rassemblements excluent fondamentalement des gens, la plupart du temps beaucoup plus qu'ils n'en rassemblent. Tous ces groupes sont un moyen de rejeter la différence sous une forme ou sous une autre, sur des critères aussi variés que stupides. Pourtant, le point important dans tout cela, c'est qu'il y aura non seulement toujours des différences, heureusement, mais les hommes formeront toujours des groupes. Vous pourrez détruire le monde autant de fois qu'il vous plaira pour le reconstruire tout aussi souvent, l'être humain reformera des groupes. Pas les même, mais des groupes tout de même, de même nature et avec les même défauts. Donc soit vous êtes sincère et votre cause est condamnée avant même d'avoir commencée, soit c'est juste un prétexte pour émouvoir et vous ne faites cela en réalité que pour votre profit personnel.

Reprenant son souffle après s'être autant amusé, il vit des inopportuns perturber leur petite fête et prit une mine outragée. On ne pouvait donc même plus être tranquille dans ces moments intimes? Kyara commença à se diriger vers les zones de détention de l'autre prisonnier. Grand bien lui fasse, qu'ils partent tous et lui laissent son invitée! Mais juste avant de partir, Kyara rappella Valens. Les yeux écarquillés, sa main libre tendue paume vers l'avant, il fit quelques pas chancelants en arrière jusqu'à ce qu'il soit dos au mur. Sur un ton implorant il répondit.

- Non! Mère nourricière! Vous me l'aviez promise! Ergrin vient à peine de commencer les préliminaires! Elle n'a presque rien dit! Non!

Puis dans un râle, il lâcha le scalpel qui tomba au sol dans un tintement distinct. Se prenant, la tête à deux mains, le tortionnaire poussa quelques grognements crispés avant de s'effondrer au sol. Il fallut bien une minute pour que Valens ne revienne à lui. Récupérant le scalpel, il se traina sur le sol pour s'écarter de la scène. Il avait envie de vomir. Des images flashaient dans son esprit à toute vitesse, plus horribles les unes que les autres. Il allait vomir. Il parvint difficilement à se redresser en se tenant au mur et, gardant ce contact salutaire, chancela pour sortir de la pièce et trouver où régurgiter le contenu de son estomac.

Kyara venait de quitter la pièce, tandis que Valens en faisait de même mais en plus mauvais état. Edjin y resta complètement indifférent, se concentrant uniquement sur la fin de l’interrogatoire qui était la partie la plus difficile pour lui. Il n’allait pas devoir simplement pénétrer et lire l’esprit d’Evanna, il allait carrément devoir jouer avec sa perception des différents éléments autour d’elle, et surtout d’un élément qui paraissait futile mais qui en fait s’avérait crucial. Un élément qui, avec une perception différente, était le moyen de pression le plus efficace qu’il pouvait y avoir. C’était la première fois que le jeune blond avait recours à une légilimancie sous cette forme-là, et il ne savait pas s’il était assez expérimenté pour pouvoir faire ceci. Pour lui, il était maintenant devenu facile voire anodin de lire l’esprit de quelqu’un. En revanche, modifier la perception de quelque chose était une expérience nouvelle qu’il espérait réussir du premier coup pour la réussite de la phase finale de cet interrogatoire.

Quelques secondes passèrent, tandis que le blondinet tentait d’accrocher le regard de la captive sans que celle-ci ne se doute que c’était pour pénétrer une quatrième et dernière fois dans son esprit. Ce n’était pas une mince affaire, mais le légilimens se jurait d’y arriver coûte que coûte, c’était son but dans cet interrogatoire. Claire lui avait fait confiance en lui donnant en charge la prisonnière qu’il se devait d’interroger, et même si elle n’était pas là actuellement, il ne voulait pas la décevoir. Après maintes recherches du regard de la Mangemorte, l’ancien Gryffondor réussit à établir un contact visuel de manière assez subtile pour que la Mage Noire ne puisse pas imaginer que c’était une nouvelle fois pour pénétrer son esprit. Et ce fut de justesse que le jeune Phénix pénétra l’esprit d’Evanna, car Kyara dans la pièce à côté commençait déjà à crier doucement comme le plan le voulait. Il fallait maintenant qu’Edjin fasse preuve d’une grande rapidité pour que la Poufsouffle ne se doute d’absolument rien.

Visitant de manière rapide et efficace l’esprit de la jeune fille, le jeune blond « vit » enfin les émotions et sentiments que ressentait la captive actuellement. Enfin, pour le moins qu’elle ressentait des sentiments, vu qu’elle avait l’air de dire le contraire lors de son long récit quelques minutes auparavant. On pouvait voir aussi comment, de son point de vue, elle voyait les choses dans la cellule où elle se trouvait, de quelle manière elle les percevait. C’est de là que le blondinet fit le travail le plus difficile qu’il avait à faire. Se rappelant de la voix du Mangemort possédant une baguette de cristal durant le combat à Loutry-Ste-Chaspoule, le légilimens modifia la perception de la voix de Kyara pour que les cris ressemblent à ceux du Mangemort. Ainsi, on pouvait aisément faire croire à la prisonnière qu’un de ses frères d’armes était torturé de l’autre côté, dans une pièce voisine, et ce par Kyara. L’ancien Gryffondor espérait avoir été assez rapide pour modifier la perception de ces cris, mais selon lui il n’avait pas mis plus de trois à cinq secondes, tout juste le temps qu’avait mis la jeune serpentarde pour crier plus fort de sorte que ce soit audible par la Mage Noire. Le jeune Phénix restait donc optimiste quant à la fin de cet interrogatoire.

Continuant de garder la perception des cris telle qu’elle était, ce qui n’était pas facile lorsque l’on ne voulait pas que l’on sache qu’on visitait tranquillement l’esprit de quelqu’un, Edjin arpenta la pièce, jetant parfois de rapides coups d’œil vers Evanna pour rester concentré sur son esprit. Le seul moyen était de rétablir un contact visuel. Puis, tandis que Mione s’agitait à ses côtés, le jeune blond s’approcha de la captive et lui déclara d’une voix ni trop douce, ni trop ferme :

- Comme tu peux le constater, ton chef est torturé de l’autre côté de la pièce. Ses tortures s’arrêteront bien vite lorsque tu auras répondu à ma question. Quelles sont les batailles et missions auxquelles tu as participé ?

Aux yeux de la Mangemort ce n’était certes peut-être pas une information capitale, mais tout était bon à prendre comme information, et vu que les moyens de pression ne manquaient pas, le blondinet en profitait...

Le discours de la Mangemorte qui suivit l'intervention de Mione puis d'Edjin semblait étonnamment long pour quelqu'un qui venait de subir pareilles tortures. La jeune fille était jeune et loin du cliché que l'on pouvait avoir sur les Mangemorts en règle générale. Elle ne semblait pas avoir été habituée à l'arrogance propre à une Sang-Pur d'une dynastie de sorciers par exemple. Elle se dépeignait comme une marginale. Ça en revanche, ce n'était pas très étonnant. Il devait falloir se sentir sacrément rejeté par la société pour avoir autant envie de la détruire... Mais Mione fut totalement surprise de voir qu'elles s'étaient déja rencontrées au Magic Cookies. Elle n'en avait aucun souvenir mais les paroles de la jeune femme lui rafraîchirent la mémoire. Elle se souvenait maintenant d'une jeune fille qu'elle avait autorisé à rester au chaud même si elle n'avait rien consommé. Mais elle n'avait pas vraiment fait attention à son visage au moment. Ce jour là, elle était en grande discussion avec Nathalie... Mione mit d'ailleurs cette info de côté, au cas où elle pourrait resservir plus tard.

Les paroles de la jeune Evanna la ramenèrent au moment présent lorsqu'elle voulu comparer les idéaux des Phénix avec ceux des Mangemorts. La perspective d'un monde meilleur, ça fait terriblement bien dit comme ça. Mais c'était les actions qui comptaient, la façon d'arriver à un tel but.

Mione se rendit compte qu'Edjin était particulièrement concentré. Il devait encore une fois être plongé dans l'esprit de la captive pour voir si elle avait été totalement honnête avec eux. Ergrin y alla aussi de son laïus mais Mione faisait tout pour ne pas avoir à le regarder. Ce n'était pas son frère d'armes qui était là. Ce n'était qu'une personnalité double absolument abjecte et que personne, sauf peut être Kyara, ne pouvait contrôler (et encore, cette dernière supposition n'était que le fruit d'une hypothèse qu'elle venait de se formuler...).

Heureusement pour elle, le bruit de pas dans le couloir lui permit de prendre la poudre d'escampette. D'autres de ses compagnons devaient être revenus au QG, il ne fallait pas que quelqu'un rentre au milieu de l'interrogatoire. Elle en profita donc pour sortir du cachot, espérant tout au fond d'elle ne pas être obligée d'y retourner... Pourtant, elle redescendit les marches qui menaient aux cellules, quelques minutes plus tard.

C'est alors qu'elle reprenait place face à la prisonnière qu'elle entendit Edjin demander à Kyara d'aller "s'occuper de l'autre à côté". Ils n'avaient donc pas leur compte de torture pour la journée ??!

Avant que Mione n'ait pu protester d'une quelconque façon, la jeune femme rappela Valens. Et ce qu'elle vit confirma son hypothèse. Ergrin protesta, voulant continuer ses jeux morbides. Mais il s'effondra soudain, laissant la place à Valens. Mione s'inquiéta de voir que celui-ci ne revenait pas à lui et se décida à se baisser vers lui pour lui porter secours. Il est vrai qu'elle avait un peu hésité mais en même temps, elle n'avait aucune certitude qu'Ergrin était vraiment parti...

Au moment où elle allait établir un contact avec lui, Valens sembla reprendre connaissance et elle se releva bien vite, pour lui laisser un peu d'air. Il semblait effectivement en avoir besoin : blême, il sortit en se trainant de la cellule, se tenant difficilement au mur avant de retrouver le couloir salutaire. Mione l'aurait bien suivi mais il fallait qu'elle exprime d'abord son point de vue sur la suite des évènements.

Avant de rappeler Valens, Kyara avait parlé d'un deuxième prisonnier... Mione n'était pas au courant qu'ils avaient un deuxième captif, et même si Kyara avait annoncé qu'elle irait le torturer seule, cela ne rassurait guère la jeune femme.

Et ses craintes se révélèrent fondées quand, quelques secondes après que sa collègue soit rentrée dans la seconde cellule, des cris retentirent. Des cris de femme...

C'en était trop, il fallait que cela s'arrête ! Mione voulu prendre à partie Edjin mais il semblait continuer à visiter l'esprit de la prisonnière. Elle s'exclama quand même, espérant qu'il ferait attention à elle :

- C'est bon, ça suffit, stop ! Plus de tortures, ça n'en vaut pas la peine, tu m'entends ?!... Mais le jeune homme ne lui prêtait aucune attention. Comment tu peux accepter ça ? Ça me rends malade, c'est... c'est ignoble comme procédé ! Il faut...

Mione s'arrêta dans sa tirade, attirée par un détail auquel elle n'avait pas fait attention avant... Pourquoi Kyara avait-elle rappelé Valens alors qu'il restait une prisonnière à torturer ? Ergrin aurait surement adoré participer encore un peu. Et pourquoi cette voix qui criait maintenant à pleins poumons lui semblait-elle si familière ?

Lorsqu'Edjin prit la parole pour annoncer à la prisonnière que son chef était torturé de l'autre côté, Mione sentit poindre le bluff. Elle sortit donc de la cellule sans prévenir pour aller dans la seconde, histoire de comprendre pourquoi ce second interrogatoire semblait tout droit sorti d'un chapeau...

Et lorsqu'elle poussa la seconde porte elle vit effectivement Kyara, tranquillement assise sur un banc, occupée à pousser des cris de souffrance plus vrais que nature. Elle comprit alors qu'elle avait visé juste en pensant à un bluff. Edjin avait mentionné "ton chef" ce qui voulait dire qu'il s'agissait d'un homme. Peut être parvenait-il à modifier assez la perception des cris par la mangemorte pour qu'elle pense qu'il s'agissait d'un homme qui les poussait ? En tout cas le regard de Kyara lui indiqua qu'il valait mieux continuer à faire comme si. Mione lui fit alors signe qu'elle avait compris et se mit à hurler par dessus les cris de Kyara.

- Arrête ça ! Tu vois bien qu'il a mal, ça suffit ! Je n'arrive pas à croire que tu puisses... Non ! Elle fit une pause et ajouta, encore plus alarmée : Stop, il n'arrivera plus à répondre sinon ! Puis après quelques secondes où plus un mot ne filtrait de la cellule occupée par Kyara et Mione, la jeune femme repartit en direction de celle occupée par Edjin et la captive.

Lorsqu'elle y entra, elle avait les larmes aux yeux, ce qui n'était pas difficile puisque, malgré que ce qu'elle venait de voir n'était que du bluff, les souvenirs de ce qu'avait fait Ergrin n'étaient pas loin... Et le simple fait de voir le corps nu de la Mangemorte ne pouvait que les faire remonter. Elle regarda Edjin, d'un air impuissant et resta prostrée contre le mur.

Le problème la concernant, c'est qu'elle ne parvenait réellement pas à croire que les Phénix qu'elle connaissait avaient pu faire ça et qu'elle n'ait vraiment rien tenté pour les en empêcher...