Voyage en Italie

Le retard, c'est qu'une question de point de vue. Non ? :mm:

Un moment qui aurait pu, qui aurait dû, durer plus longtemps. Mais la Magie demandée était bien trop gourmande et la contre-coup se faisait sentir de plus en plus. Au point que la proposition de Lizzie, bien qu'elle étonna le presque géant dans un premier temps, paru être une meilleure idée. Quelques jours loin de tout, avec elle, le temps de récupérer.

- Je crois que tu as raison... Comme un peu de regrets dans la voix. Il avait enfin pu dire au revoir à Silvano. C'était une étrange sensation de soulagement de pouvoir enfin tourner la page qui habitait Finrod. Lui qui avait pensé ne jamais pouvoir passer outre malgré les années. Une bien étonnante fin, heureuse malgré les circonstances. Plus vivant que jamais il était prêt à se concentrer sur l'avenir et ne plus laisser le passé entraver ses pensées, ses gestes ni ne faire couler des larmes.

- Quelques jours, la vie continue Dans un sourire sincère, il attendait que sa cousine transplane, posant une main sur son épaule. Vu le peu d'énergie qui lui restait un tel voyage retour aurait pu être catastrophique.

Finrod accepta ma proposition. J’étais trop faible pour transplaner et prétextais qu’une boisson chaude lui ferait le plus grand bien. Je vais souvent passer mes besoins pour ceux des autres, et par une étrange manière ils me laissent mener la danse. Peut-être Finrod ne soupçonna rien, peut-être qu'il ne ressentait pas la nécessité d'interroger ma proposition, peut-être sut-il lire entre les lignes. Je ne sais toujours le déchiffrer. Quoiqu'il en fût, nous quittâmes cette triste Italie.

Nous partîmes quelques jours sur la péniche d’un autre temps, sur des flots dont il était, pour moi, la seule et unique vedette. Sa douleur semblait magnifier son âme. Non que je romantise sa souffrance, enfin ce n’est guère mon intention, mais il avait dans sa façon d’accepter le passé, de tourner la page, de laisser du temps au temps une grandeur que je ne pouvais que respecter.

Ce sorcier, qui n’était pas beaucoup plus âgé que moi, paraissait avoir vécu plusieurs millénaires. Après un ermitage sentimental, il s’était pris la vie de face, il avait rouvert les plaies d’une blessure ancienne et laissé couler le sang d’un deuil inachevé. Il s’extrayait peu à peu de sa solitude, et je restais là, servante consciencieuse, à lui tenir la main.

Je savais que le futur l’attendait. Je ne pouvais mettre le monde sur pause le temps qu’il reprenne des forces, mais je pouvais l’arracher quelques jours à la cohue des êtres vivants, lui accorder le repos d’une retraite sur la Tamise. La demande formelle faite auprès d'Azénor m’accordait quelques jours supplémentaires, et j'en profitais pour dorloter mon cousin.

Long fleuve tranquille, cours de la vie. Finrod reprenait des forces. Goût à la vie jamais perdu, ces derniers jours passés en compagnie de sa cousine l'avait rendu plus ardent, moins sombre et moi dévorant de l'intérieur. Le sorcier voulait vivre. Il le sentait à chaque inspiration, une envie soudaine. Une volonté brûlante.

Presque plus agréable que la vie en ville, l'agitation, seule était celle des moustiques le soir, seule était celle des poissons lorsqu'un bout de nourriture tombait dans l'eau. Dessinant cercles et remous. Une vie d'une simplicité, un refuge étonnant. Pourtant, le feu de la liberté brûlait au sein de Finrod, difficile pour lui de lâcher son combat. Mais il se sentait plus léger, un poids en moins. Le coeur asséché semblait rebattre d'un sang vigoureux. Protégé pourtant toujours autant. Lizzie parvenait petit à petit défaire les murs solides construits depuis tant d'années. Effrayant et rassurant. Finrod était prêt pour reprendre sa vie. Avancer, encore et toujours. Malgré les blessures, malgré le corps qui souffre à chaque rencontre. Recouvert de cicatrices, personne avec qui les partager, les étudier et les comprendre. Une nudité de son âme qu'il se permettait avec sa cousine mais une nudité de son corps qu'il aurait aimé partager. Silvano n'était plus et c'était depuis longtemps qu'il n'avait ressenti cette envie profonde de partager sa vie. Une vie avec un autre. Son lit, c'était facile mais son corps, son quotidien et ses secrets. Seul l'italien trépassé paraissait être le seul qui aurait compris le tournant de la vie du presque géant. Mais voilà, qu'il fallait avancer laisser les surprises se mettre en travers de son chemin, en espérant qu'elles soient agréables.

Fin du Rp pour moi.