[Habitation] Le Manoir Peverell

ft Finrod, LA mutuel
Saison 32 - Septembre

Un Dragon.

Oui. C'était tout bonnement aussi simple que ça. Alhena allait faire éclore un Dragon et pour cela, elle avait forcément besoin de Finrod. Personne d'autre dans son entourage était aussi qualifié que lui pour ça. Bien évidemment, si le Dragon allait éclore chez elle, elle l'élèverait à Hollow. Sauf que la brune savait très bien que son maître, ancien ? Ne mettrait plus jamais un pied là-bas. Probablement par peur, par lâcheté ? Elle avait cessé d'essayer de comprendre ce que Finrod voulait en ce moment. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'il lui fallait du temps. Alors, elle patienterait jusqu'à ce que tout aille mieux.

Elle avait alors invité le demi-géant à l'abri de tout regard, dans un des endroits les plus protégés qu'elle connaissait : Le Manoir Peverell. Peu de gens connaissaient vraiment son emplacement, c'était d'ailleurs pour le mieux. Cette famille cachait tellement de choses, qu'il valait mieux que les secrets restent enfouis dans les caves de cette maison.

Ouvrant la porte, elle sentit une bouffée d'air frais en voyant son ami. Une bouffée vite rattrapée par un vent violent d'amertume. Un goût de fer. Elle s'efforce d'avoir son sourire glaçant, de faire comme si l'homme en face n'avait pas changé. Il n'y avait pas besoin d'être observateur pour saisir le malaise poignant qui vibrait dans l'air. Bonjour, je t'en prie entre. J'ai déjà commencé avec les instructions que tu m'as données. Elle lui fait signe de la suivre jusqu'à l'œuf. Tu désires boire ou manger quelque chose ? N'hésite pas à demander à un des elfes. Elle ne disait rien de plus que ce pourquoi il était là. Son regard pourtant, lui, criait Comment vas-tu ? Quand est-ce que tu reviens ?

Mais la brune était assez intelligente pour ne pas lui faire cet affront. Tout simplement parce qu'elle avait encore assez de respect pour lui, assez de dignité pour elle-même, pour ne pas tomber dans le mélodrame. Probablement pour cela qu'elle n'avait même pas annoncé à l'homme la nouvelle venue dans sa famille. Parce qu'il valait mieux ne pas aborder les sujets qui fâchaient. Sauf que... Toute la discussion ne tenait qu'à un fil, et qu'elle avait l'impression qu'il allait bientôt être coupé net.

Étrange n'était qu'un euphémisme pour décrire ce que ressentait Finrod en voyait son amie. Eux qui avaient évolué autour d'un lien unique. Si fort, intense... Respectueux mais sur différents niveaux. C'était étrange.

Il lui rendit son sourire. La politesse. Il pensait qu'en rendait le masque, il redeviendrait qu'un simple sorcier pour ses amis mais il semblait que cela n'était pas le cas. L'autorité qu'il avait gagné avec les années, au travers de son poste de Seigneur des Ténèbres, avait transcendé la relation qu'il entretenait avec chacun d'entre eux. Probablement que c'était la relation avec sa cousine qui en avait plus pâti. De cette hiérarchie des Ombres. Pourtant, Finrod s'y sentait tellement à sa place... Que s'était-il passé pour qu'il perde pied pareillement ?

- Bonjour, merci. Je vois que tu es prête à accueillir cette créature. Mais malgré tout ce que j'ai pu te dire, sois prudent. Ce genre de créatures est de loin une des plus agressive que l'on connaisse. Il lui sourit et entra dans la demeure qui ne faisait que crier richesse et sang-pur.

- Je ne prendrai rien merci. Je n'arrive toujours pas à croire que tu aies pris un dragon... Une banalité avant d'aborder le sujet tant évité. Il prit une profonde inspiration. "Je ne reviendrai pas... Il faut que ce soit clair. Je sais que tu ne m'as rien demandé mais il ne faut pas que vous m'attendiez. Je ne peux pas, je n'y arriverai pas. Je le sais. Au fond de moi. Il faut que vous avanciez. Je serai là quelque part, à vous couvrir en cas de dernier secours mais ce sera tout. J'ai besoin de temps et je ne sais pas combien de temps... Avancer sans moi, le temps est venu que je cède ma place et je ne compte pas la reprendre de si tôt. C'est important que cela soit aussi évident pour tout le monde que pour moi...

Il maintient son regard sur Alhena. Pas question qu'elle remette sa parole en doute. Oserait-elle seulement y songer ? Elle l'avait suivi et lui obéissait mais était-ce toujours le cas ? Lui qui voulait se débarrasser de l'ascendant hiérarchique qu'il avait sur eux, ses amis, voilà qu'il espérait pouvoir l'utiliser pour se faire entendre... Une dernière fois.

Des banalités dans les discours. Elle sourit quand il s'exprime sur l'incrédulité de la chose. C'est vrai que c'est peu banal, un dragon. Peut-être que la brune s'apprête à élever cet être pour une raison inconsciente, celle qu'une autre force de la nature va s'envoler définitivement de sa vie. Je ne reviendrai pas. Et ça tombe, comme si n'avait jamais été une évidence pour tout le monde. Elle refuse de l'entendre, mais elle continue de l'écouter. Ses paroles ont le bruit de la pluie, d'une averse dont les gouttes transpercent la peau jusqu'aux os.

Elle reste silencieuse, s'approche de la cheminée et observe. Au bout du compte, c'était toujours le même refrain. Il leur tourne le dos, pour de bon, pour de vrai. La brune n'arrive pas à le regarder. Elle se dirige vers une étagère, glisse des glaçons dans un verre et l'alcool arrache sa gorge. Elle allume ensuite sa tueuse préférée, bien trop longtemps qu'elle n'avait pas fait ça. Sa grossesse l'avait empêché de toucher à ces poisons, elle n'avait pas recommencé depuis la naissance et pourtant, maintenant... Les deux étaient dans ses mains, comme pour oublier. Je ne pensais pas que tu étais venu pour parler de ça. Elle serre les dents, si fort qu'une grimace se dessine sur son visage.

Et puis, les nerfs qui lâchent probablement. Un rire qui écorchent les poumons, elle secoue la tête de gauche à droite et souffle sa fumée. Elle se tourne d'un coup sec, ses émeraudes l'affrontent enfin. Comment ça tu cèdes ta place ? Elle pourrait briser son verre. Lentement, elle s'assoit dans un fauteuil, sans jamais le quitter du regard. Comme s'il allait s'évaporer d'une seconde à l'autre. Il n'y a personne de ton calibre pour prétendre à ton titre. Je maintiens l'ordre, simplement parce que Tu l'as demandé, que ça vient de toi. Elle pose brutalement son whisky pur feu. Elle laisse le silence lécher ses lèvres. En vérité, elle ferme les yeux, je crois que je le savais déjà que tu ne voulais pas revenir. Juste, on se voilait la face. C'est tout...

Bien évidemment, qu'elle l'avait vu venir à des kilomètres.

Elle espérait juste encore, juste un petit peu, parce que ça lui permettait de tenir. Mais d'accord... Je ne t'attendrai pas, si c'est ton souhait. Extrêmement amer, presque arrogant. Une certaine haine, une peine. Elle ne remettrait jamais en cause ses choix, mais ça ne l'empêchait pas de ne pas les apprécier. Et qu'est-ce que je dois faire avec les autres ? On a déjà failli se déchirer. Seul l'espoir de ton retour a permis à certains d'entre nous de continuer. Elle cendre alors que le feu crépite et qu'une nouvelle vie fait son entrée, qu'une autre s'en va. De glace, de marbre, sa main tremble quand même. Ses yeux lui acquiescent qu'elle exécutera ses derniers ordres, mais son corps hurle qu'elle ne pourra pas faire ça sans lui. C'est son seigneur des ténèbres, il le restera à jamais.

Alors, qu'est-ce qu'elle doit faire maintenant ?

Les mots qu'il entend sont difficiles. Il le savait. Impossible pour eux de se détacher du dévouement qu'ils ont développé envers lui depuis tant d'années. Certains des masqués, il était allé les chercher lui-même pour les former pour ensuite les marquer à vie. C'est vrai, il les avait abandonné. Mais il ne servait plus la cause. Las d'attendre, las des actions sans conséquences et las de répéter constamment la même chose. Le peuple n'était pas prêt, pas encore.

- Cela fait des années que j'ai ce titre et que rien n'a changé. Votre besoin de moi n'est qu'illusoire. Je n'ai pas réussi à faire avancer la cause. Le Ministère est toujours en place. Tu le sais aussi bien que moi. Nos postes nous permettaient d'avoir accès à bon nombre d'informations. Rien ne laissait entendre que la Ministre se sentait vaincue ou acculée. Et pourtant, nous avons essayé pendant longtemps...

Il ne bouge pas. Écoute chaque mot que la jeune femme prononce. Il ne la lâche pas du regard. À aucun moment il n'avait souhaité avoir autant d'influence sur la vie des gens qu'il aimait. Sur le reste de Londres et de la Grand-Bretagne, oui mais que ces amis voient son départ comme la fin et non comme un moyen de repartir de plus belle de manière différente... Cela le rendait triste.. Mais également fier. C'était étrange de ressentir ces émotions, lui qui s'était senti encore si vide il y a peu de temps. Revenait-il petit à petit à la vie ?

- Je t'ai épargné la tâche de leur annoncer toi-même ma décision ou devrai-je dire mon éclaircissement. J'ai envoyé toutes mes créatures à Hollow pour qu'elles puissent servir la cause... Saïca restera avec moi néanmoins, elle ne veut pas me laisser seul. Et Pantofia, mon elfe de maison, m'a assuré qu'elle ferait l'allé et retour pour s'assurer que je ne manque de rien. C'est une brave petite. Il faudra prendre soin d'elle. Vous aurez de quoi pouvoir faire face à ceux qui s'opposent à vous. Les acromentules pourraient se montrer un peu réfractaires mais elles connaissent l'endroit. Le fait de laisser tous mes animaux à l'Ordre fera comprendre que je serai toujours là pour vous mais indirectement. J'ai besoin de prendre mes distances et je ne sais pas combien de temps cela sera nécessaire... Ne m'attendez pas.

Finalement, il baissa les yeux, comme s'il se sentait coupable... Probablement que c'était le cas mais il devait affirmer son choix, plus de retour en arrière possible.

Un souffle glacé dans sa nuque.

Un rire.

Elle écoute attentivement les mots de son ~~ancien~~ maître, de son ~~ancien~~ ami. Ils lui serrent la gorge, ça l'étrangle. Finrod avait beau être intelligent, il y avait décidément des choses qu'il ne comprenait pas chez ceux qui lui étaient complètement dévoués. Ils n'étaient pas là que pour la cause. Du moins, pour Alhena et très probablement pour Lizzie ou Azaël, vu les différentes réactions de ces derniers. Votre besoin de moi n'est qu'illusoire. C'était là qu'il se trompait lourdement, trop même. Rien que cette discussion lui donnait des frissons, des murmures qui frôlent sa chair.

Je suis là, je suis revenue_

Elle croise une jambe l'une sur l'autre. Elle boit une gorgée alors que ce qui l'entoure commence à l'angoisser. Elle fait tourner les glaçons, une musique sourde alors qu'elle réfléchit, qu'elle tente de s'entendre. Il était un point d'accroche, il avait fait disparaître l'impensable pendant un temps. Et aujourd'hui c'était fini. Elle avait du mal à l'accepter, même s'il était évidemment que ça allait arriver un jour. Sa respiration se fait plus lente quand elle sent deux mains invisibles glisser le long de ses épaules. Un parfum qu'elle n'avait plus senti depuis sa rencontre avec le géant, comme s'il avait éloigné ses fantômes, ses voix, d'un claquement de doigt.

La brune n'était pas amie, dévouée à lui pour rien. D'une certaine manière, il l'avait sauvé d'elle-même. Avec le temps, elle avait fini par croire que sa tête était rentrée dans l'ordre, mais il semblerait que non. Si tu le dis. Alhena avait fini par fusionner avec trente-trois grâce à lui, mais il manquait toujours quelque chose. Si l'esprit et le corps s'aimaient de nouveau, la voix, elle ne l'avait jamais vraiment quitté. Et aujourd'hui, avec le départ de son maître, elle se matérialisait sous la forme d'un être. Une femme qui lui ferait peur toute sa vie, bien plus que sa propre mère.

Elle écrase sa cigarette. D'accord... Nous prendrons soin d'eux, il n'y a pas de problème. Lui demander de rester serait trop demandé tu crois ? Rire. Pour le reste, c'est ton choix, ta décision. On fera avec. Je verrai avec les autres. Elle termine son verre d'un trait. Elle a envie de dire autre chose, comme si leur discussion se finissait sur des non-dit, qu'elle oubliait quelques trucs. Pourtant, elle pince ses lèvres et enchaîne sur un autre sujet. Bon, parlons de quelque chose d'un peu plus joyeux. Alors, ce Dragon ! Qu'est-ce que tu avais à me dire dessus déjà ? Elle n'allait pas faire dans le sentimental avec lui, hors de question. Alors, elle resterait dans le silence, parce qu'Alhena était comme ça. Elle ne lui expliquerait pas, elle n'avait pas le courage. Elle n'en aurait plus jamais l'occasion probablement. Elle ne savait pas trop ce qu'il allait réellement faire par la suite.

C'était tout simplement une fin douce amère pour eux et on ne pouvait rien y faire.
It is what it is_C'est comme ça.

Fin du RP