Des étincelles rouges inondaient une partie du ciel tandis que Matilda nageait vers la rive du lac. Apparemment, l'exercice était terminé. La jeune fille observa sa camarade de Poufsouffle qui replongeait une dernière fois avant de sortir de l'eau, et ne pu s'empêcher de la comprendre. Il y avait tant à voir rien que sur cette petite partie du lac ! Le temps réservé à l'exploration avait semblé bien court. Allez, un dernier sprint pour la route, et la sirène replongea la tête sous l'eau pour profiter une dernière fois des effets des accessoires de poissons sur son corps, nageant à toute vitesse vers le bord. Puisque pas d'exercice suivant, pas besoin de se ménager. Elle nagea ainsi jusqu'à être assez proche pour avoir pied.
Au fur et à mesure de ses pas dans l'eau, sa tête fit surface, puis ses épaules, puis son buste, puis ses jambes, et le froid se fit plus intense à chaque pas. Ce fut frigorifiée, en claquant des dents, qu'elle fini par sortir de l'eau, le corps crispé comme si elle avait été victime d'un sortilège de paralysie, excepté ses jambes qui avancaient mécaniquement.

Elle n'avait pas passé beaucoup de temps dans l'eau, alors pourquoi la sensation de terre ferme lui paru si étrange ? Cela était peut-être lié au fait que les trois sortilèges qui lui avaient permis d'évoluer si facilement dans l'eau faisaient toujours effet, mais n'étaient pas adaptés au milieu terrestre.
Les lumières trop fortes lui faisaient mal aux yeux, comparées à la douceurs des rayons du soleils qui se reflétait légèrement dans l'eau. Elle avance à une vitesse pitoyablement lente comparée à celle qu'elle avait adopté en nageant. Ici le sol et l'air ne lui permettaient plus de se propulser, et pour couronner le tout elle devait lever les genoux très haut pour marcher sans trébucher sur ses longs pieds palmés, ce qui lui fait encore perdre du temps pour se diriger vers son objectif : La prof.

"Qu..Qu-est-cce... qu'..on ffait main..maintenant ?" Ses dents qui claquent l'empêche de parler correctement. Si Miss Wildsmith avait donné une consigne depuis ses étincelles rouges, elle ne l'avait pas entendue. Elle espérait cependant qu'elle ne les laisseraient pas se congeler ainsi en attendant que les deux autres élèves effectuent le même exercice, et observa du coin de l’œil l'endroit où elle avait déposé son sac contenant sa serviettes et affaires de rechanges.

Helen avait l'air enthousiaste. Les sortilèges devaient faire un drôle d'effet dans l'eau, mais Camille n'était pas pressée de s'y rendre, loin de là. L'eau avait l'air beaucoup trop froide à son goût, et ce fait ne serait sûrement pas compensé par le potentielle agréable sensation de nager avec des pieds palmés ou de respirer sous l'eau.

La brunette n'eut pas le temps de voir de quelle manière la Poufsouffle réagit aux étincelles rouges, préférant se concentrer sur les dires de Wildsmith, avant de regarder sa baguette entre ses doigts. Elle avait déjà réussi un Finite Incantatem, et, à ses yeux, il n'y avait pas de raisons de s'inquiéter concernant la réussite de cette formule. En revanche, elle ne se souvenait pas de la formule du sortilège de réchauffement avant que la professeure ne l'ait prononcé, et d'ailleurs, elle eut beaucoup de difficultés à se souvenir d'où elle le connaissait. Sa main se crispa légèrement sur le bois, inquiète de bien réussir l'exercice.

Le temps de se concentrer pour faire de nouveau un froncement de sourcils autoritaire mais imaginaire à sa baguette magique, Helen était sortie de l'eau et lui racontait déjà son expérience aquatique - et glaciale, si la petite sorcière en croyait la gestuelle significative de la Poufsouffle. Camille se positionna face à elle « Attends. » avant de lever sa baguette magique en sa direction. Elle hésita quelques secondes, pas bien sûre de l'endroit à viser, avant de secouer brusquement la tête pour mieux se concentrer. Si elle n'avait pas encore très bien comprit quelle était la manière parfaite pour utiliser sa baguette, elle savait que l'autorité fonctionnait. Un doute ou une hésitation trop explicite aurait très bien pu lui faire rater l'anti-sort. « Finite Incantatem ! »

A la grande satisfaction de la brunette, la formule faisait effet. La bulle autour de la tête d'Helen, ses yeux globuleux et ses pieds palmés disparaissaient pour laisser reprendre à la Poufsouffle son apparence habituelle. Reprenant une posture déterminée, la petite sorcière continua ce qu'elle avait entreprit pour prononcer le sortilège suivant « Clada ! » avant de comprendre aussitôt que la formule ne sonnait pas de la même manière que lorsque Wildsmith l'avait donnée. Zut. Camille se lança dans une seconde tentative, ses doigts se serrant un peu plus sur le bois, inquiète que la formule ne marche pas, et lança d'une voix hésitante « Calda ! ». Cette fois, elle était certaine d'avoir bien prononcé la formule. Alors pourquoi est-ce que la Poufsouffle semblait toujours frigorifiée ?

La petite sorcière leva sa baguette à hauteur d'yeux, essayant de trouver une explication au phénomène, avant de surprendre ses ongles à s'enfoncer dans son pouce. Et si sa baguette magique avait senti son hésitation ? La brunette fronça significativement les sourcils en direction du bois, avant de se repositionner, décidant de prendre en compte cette éventualité et de recommencer. Si cette fois-ci, ça ne marchait pas, elle se résoudrait à demander de l'aide à Helen ou à Wildsmith. Quelques instants plus tard, à s'imprégner de nouveau de la volonté et de la concentration nécessaire pour se faire correctement obéir par sa baguette magique, elle lança d'une voix - très - forte « Calda ! »

Camille laissa immédiatement retomber la baguette au cœur de crochet de serpent le long de sa cuisse, sentant l'hésitation refaire surface. Les lèvres d'Helen tremblaient moins, mais la brunette n'était toujours pas certaine d'avoir réussi le sortilège. Cette dernière n'osa pas se retourner en direction de la professeure, de peur de lire dans son regard qu'elle avait complètement raté ce sortilège à la formule d'apparence bien plus simple que l'anti-sort jeté plus tôt.

Helen ne rassurait pas la petite sorcière quant à la température de l'eau. Cette dernière jeta un regard au lac, masquant son début d'anxiété à l'idée de devoir nager dans ces eaux, comprenant que son tour allait bientôt venir. La Poufsouffle, tout en se changeant, lui conseillait de visiter les fonds marins. Camille ne releva pas, ayant décidé qu'elle ressortirait de l'eau le plus vite possible.

La petite sorcière tourna les yeux vers la professeure lorsque celle-ci commença à parler, sans jeter un seul regard à Matilda, à qui on venait visiblement de jeter l'anti-sort et le sortilège de réchauffement. Apparemment, Helen avait lancé un sort, celui du sèche-linge. Peut-être cela avait-il échappé à la brunette parce que la Poufsouffle avait prononcé la formule alors que Camille avait décidé de ne plus l'écouter. En tous cas, c'était au tour de la petite sorcière de lancer le sort. Retenant une grimace en comprenant qu'elle devait aider Matilda, elle se plaça face à la Serdaigle, et leva sa baguette. Il était inutile de lui adresser le moindre mot, et elle n'en avait même pas envie.

Tout en jetant un regard froid à Matilda, elle se répéta mentalement la formule. Consec... Conscecte... Consectuer... Consectetuer Dryer. Consectetuer Dryer ! Pas question de se tromper devant elle. Une fois certaine de la prononciation, elle empoigna un peu plus fermement sa baguette, mais, concentrée qu'elle était pour ne pas rater son sortilège, elle ne ressentit pas l'extrême besoin de froncer les sourcils à sa baguette. Peut-être était-ce à cause d'une sensation différente, au moment de la prise en main ? Elle n'y faisait pas attention, en tous cas, c'était sûr.

Après s'être répétée une dernière fois la formule pour être certaine qu'elle était celle que la professeure lui avait donné, elle prononça aussi distinctement que possible « Consectetuer Dryer ! » et abaissa très lentement sa baguette pour observer les effets du sortilège. Les vêtements de la Serdaigle n'avaient plus l'air trempés, c'était déjà ça. Cette vision suffit largement à la petite sorcière qui se tourna de nouveau vers Wildsmith. Cette dernière s'adressait à la brunette, lui annonçant qu'elle n'irait pas se baigner à son tour.

Camille décrispa son étreinte autour de sa baguette magique, se sentant instantanément envahir par le soulagement. Elle n'aurait pas à affronter le contact glacial de l'eau. Elle ne devrait pas se résoudre à plonger dans le lac. C'était une excellente nouvelle. Oubliant soudainement tout ce qui avait un rapport avec Matilda, dont le sortilège jeté plus tôt, la petite sorcière s'avança vers Wildsmith pour récupérer son devoir puis son sac, sans ranger sa baguette magique. Après un timide « Au revoir. » adressé à la professeure, Camille prit la direction du château à pas rapides, au cas où Wildsmith change soudainement d'avis et la fasse plonger dans l'eau glacée.

Matilda n'est plus gelée, mais Camille est tout de même chargée de lui sécher ses vêtements avec le même sort que je viens d'utiliser. J'avoue que la prononciation est vraiment étrange concernant ce sort, mais Camille y parvient à la perfection. Je n'ai pas vu de près le résultat, mais je dirais qu'il est au même niveau voire meilleur que le mien. C'est comme ça, il faut que je m'y fasse. Certains sorciers ont le don de réussir ce qu'ils entreprennent. Là où je dois faire des efforts quotidiens, certains réussissent du premier coup. Grâce à tout un tas de facteurs, je suppose. Leur sang, leur lignée, leur logique, leur langage, leur façon de penser. Souvent, ça me parait injuste d'échouer encore et toujours sur un truc qui est un jeu d'enfant pour d'autres. Ça fait deux ans que je ressens cette injustice, et je n'ai pas fini de la ressentir. En grandissant, je trouverais sûrement ce pour quoi je suis meilleure que d'autres, et où je n'aurais plus besoin de m'obstiner pour toujours échouer. Si j'échoue quelque part, c'est que je suis sûrement meilleure ailleurs.
Et puis, ce n'était peut-être pas la première fois que Camille lançait ce sort.
On essaie de se rassurer comme on le peut !

Je range mes affaires et décolle pour le cours suivant.

Merci pour ce cours sous les profondeurs ! Toujours un plaisir de découvrir Poudlard hors des murs

En deux temps trois mouvements, la fillette était redevenue humaine et la sensation de froid avait disparu. L'efficacité des sorts lancés par sa professeure était impressionnante, et valu un "Merci...!" admiratif de la part de Matilda, accompagné d'un petit sourire timide. Ce dernier se figea en entendant la consigne que Miss Wildsmith donnait à sa camarade de Serpentard : elle devait reproduire le sortilège de sèche-linge auparavant prononcé par Helen, mais en se servant de Matilda comme cobaye ! Cette idée ne plaisait pas du tout à la Serdaigle.

Tandis que Zia se plaçait face à elle en la menaçant de sa baguette et de sont regard noir, Matilda lui rendit au moins ce dernier pour lui faire comprendre que si elle profitait de cet instant pour "se tromper" et lui faire du mal ou l'humilier, la vengeance de sa rivale serait terrible.
Cela eut l'air de fonctionner, puisque après s'être concentré durant une éternité pour lancer son pauvre sort, elle prononça la formule distinctement en tenant fermement sa baguette, exécutant le sort à la perfection.
La sensation de vêtement mouillés devenus soudainement secs fit frissonner Matilda. Le linge était encore froid, et légèrement humide à certains endroits, mais il ne lui collait plus au corps et elle aurait pu rester la journée dedans si ce n'était pas d'affreuses affaires de sports. La fillette se força à lâcher un "Merci" à Camille, parce qu'il fallait être poli et qu'elle ne l'avait pas piégée. Elle détourna rapidement le regard pour ne pas voir une potentielle satisfaction dans les yeux de l'autre jeune fille et observa le lac. Camille ne plongerait pas. Tant pis pour elle, elle ne méritait pas de s'aventurer dans ces fonds marins qui avaient un côté... presque sacré.

Maintenant débarrassée du froid et de l'humidité, Matilda tenta de revivre dans son esprit les sensations qu'elle avait ressentit en s'aventurant dans les profondeurs du lac. Les couleurs douces des algues, les regards intrigués des poissons de l'autre côté du mur de magie, l'impression d'absence de gravité, la fluidité de ses mouvements, la vitesse jubilatoire qu'ils engeandraient. Cela n'avait pas duré assez longtemps. Elle n'avait visité qu'une parcelle minime de cette surface noire et intrigante ! Et les créatures qu'elle avait pu apercevoir n'étaient pas assez variées comparé à ce qui devait se trouver au milieu du lac, qui devait être plus profond. Peut-être pourrait-elle y retourner un jour ? C'était peu probable, car trop dangereux. Il faudrait une personne responsable pour la surveiller, et Miss Wildsmith et les autres professeurs avaient sûrement beaucoup mieux à faire que de regarder leurs élèves patauger dans le lac au milieu de créatures sanguinaires.

"Allez, on s’active Miss, sinon vous allez être en retard pour votre prochain cours" dit la professeure, faisant sursauté Matilda au passage. Combien de temps était-elle resté comme ça à contempler l'étendue d'eau ? Les autres étaient déjà parties !

"Pardon ! dit elle en accourant vers l'enseignante pour prendre le document qu'elle lui tendait. Merci pour ce cours, au revoir."
Après avoir saluer la sorcière, Matilda s'élança d'un pas rapide vers le château qui lui paraissait à des kilomètres. Que c'était lent de marcher ! Wildsmith avait raison, elle allait être en retard, alors qu'elle devait passer à la salle commune pour se changer. Elle quittait ainsi le cours en maugréant, de la même manière que lorsqu'elle était arrivée.