Pour une fois, T. avait bien besoin d’un peu de repos. Elle qui était toujours en quête d’adrénaline et de sensation forte n’avait absolument plus aucune envie de partir à l’aventure. Elle était crevée, vidée de toute son énergie. C’était assez étrange comme sensation pour elle, d’ailleurs. Pourtant, elle savait pertinemment qu’elle n’arriverait pas à fermer l’œil. Ayant eu une petite altercation non désirée au Bar des Ténèbres de l’allée des Embrumes quelques jours auparavant, elle se dit que ce n’était peut-être pas un lieu adéquat pour une nouvelle tentative. Elle voulait un peu de tranquillité. Non, elle en avait besoin.
C’est donc d’un pas mal assuré qu’elle se dirigea vers la salle de détente. E peine entrée dans la pièce, elle trouva d’office l’endroit où elle avait s’étendre et en profiter un peu. Elle s’affala donc sur un sofa près du jeu, et se réchauffa. Soudain d’un peu meilleure humeur, elle laissa la chaleur traverser la mince couche de tissu qui lui servait de haut, et s’imprégna de la chaleur environnante. C’était bien plus agréable qu’elle ne l’aurait imaginé.

La jeune femme avait fermé les yeux. Elle entendit bien un jeune homme prendre place à ses côtés. Pas sur le divan même, puisque le canapé ne cilla pas, mais pas très loin. Probablement sur un fauteuil avoisinant. Visiblement, celui-ci s’amusait à lancer des sortilèges à tort et à travers. Tant qu’aucun ne lui causait de soucis, ce n’était pas un problème. Cependant, T. ne tarda pas à sentir comme un picotement sur son front. Sortie de ses rêveries, la vert et argent ouvrit de grands yeux ronds, un peu étonnée. Elle se tourna, et n’aperçut personne. Pourtant, elle était sure et certaine de ne pas être seule. Elle se frotta le front, dissipant la douleur presqu’illusoire provoquée par le sort. Ce n’était vraiment pas grand-chose, mais elle n’aimait pas les lâches, et était donc bien décidée à retrouver l’auteur de cette ‘agression’. Elle ne tarda pas à trouver celui qu’elle cherchait. Sans même prendre la peine de savoir qui c’était, elle s’accroupit pour se mettre à sa hauteur.

Tara – Bah alors, quelle lâcheté ! Faut assumer ses actes, pas en fuir les conséquences, hein.

T. avait dit ça d’un ton neutre, ni énervée, ni amusée. A vrai dire, elle s’en fichait. Ce qu’elle vit alors lui décrocha tout de même un léger sourire. D’après son blason, le jeune homme était à Gryffondor. De plus, une petite caractéristique assez particulière interpella la jeune femme. Son interlocuteur avait un œil rouge et un bleu. Original ! Elle se demanda l’espace d’un instant si c’étaient des lentilles de contact, ou si c’était naturel.. Ce qui lui paraissait relativement peu probable, même dans une école de magie ou tout semblait possible.

Tara – T’es à Gryffondor, pourtant. C’pas censé être la maison des courageux ?

T. haussa un sourcil. Non seulement la phrase de son interlocuteur ne voulait absolument rien dire formulée ainsi, mais en plus il s’était senti obligé de balancer un sarcasme sur sa maison, alors que la vert et argent n’avait rien demandé. Loin de s’énerver pour autant, elle se contenta de se redresser sur ses pattes arrière, comme tout bipède normalement constitué, et dévisagea le rouge et or d’un air de dédain. Apparemment apeuré, le jeune homme ne tarda pas à s’excuser, d’une façon presqu’aussi pitoyable que son semblant de réponse de tout à l’heure. T. ne prit même pas la peine de lui répondre. Qu’il s’imagine qu’il avait réussi à la froisser si ça pouvait lui faire plaisir. La jeune femme savait ce qu’il en était réellement, et il lui faudrait bien plus que ça pour ébranler sa carapace indifférente à ce genre de sottises.

Le jeune homme entreprit alors de lui expliquer en détails ce qui s’était réellement produit. Tara n’en avait pas grand-chose à faire, mais peu importe. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il s’excuse, de gré ou de force. Après, ce n’était pas comme s’il avait manqué de la tuer. Elle avait à peine ressenti les effets du sortilège, qui ne devait pas être bien puissant. Ou alors, le mur s’était chargé d’en inhiber une porte partie. Quoi qu’il en soit, la Serpentarde n’était pas plus énervée que tout à l’heure, mais commençait à se dire qu’elle aurait mieux fait d’ignorer l’attaque.

Yunixius, hein ? Ce nom lui disait vaguement quelque chose. Après avoir cherché au fin fond de sa mémoire, elle finit par s’en souvenir. Enfin, vaguement. Il ne serait pas en cours de potions avec elle, par hasard ? Si, probablement.. C’est à peu près la seule image qui lui revenait.
Il ne lui avait donné que son prénom, T. allait en faire autant. Il n’avait peut-être pas de nom de famille et elle si, mais elle n’avait pas envie de le lui donner pour autant. Tara suffirait. C’est donc sous son prénom seul qu’elle se présenta.

Tara – Tara.

Elle n’ajouta rien. Elle n’en avait pas envie, et n’y voyait de toute façon aucun intérêt. Pourtant, une question lui tortillait l’esprit. Son interlocuteur devait s’en être rendu compte puisqu’à son tour, il ne la quitta pas des yeux.

Tara – Dis-moi.. D’où te vient cet œil rouge ?

C'était à peu près la seule chose qui l'intéressait. Un oeil d'un bleu aussi clair était assez rare aussi, mais T. savait que ça pouvait exister. Pourtant, elle ignorait qu'ils pouvaient être rouges..

[Arrête de jouer les réactions d’mon personnage, tu connais pas du tout mon caractère et c’que t’écris colle pas du tout..]

A la réponse de son camarade, T. ne put s’empêcher d’exploser de rire. Non mais pour qui il se prenait, ce Yunixius ? S’il croyait rendre la situation plus mystérieuse, et agrémenter la curiosité de la jeune femme, c’était raté. Elle préféra ne pas répondre. S’il ne la jugeait pas digne de connaître la vérité, elle n’allait pas insister. De toute façon, bien que ce soit légèrement plus intéressant que de ne rien faire, l’histoire d’un Gryffondor lui importait peu.

Tara – Très bien, dit-elle d’un ton toujours aussi pragmatique.

Elle prit ensuite à nouveau place sur le canapé qu’elle avait quitté quelques instants plus tôt. Tandis que le jeune homme avait pris un journal, et l’épiait, à moitié camouflé derrière le bout de papier, T. s’étendit de tout son long. Ainsi allongée sur le sofa, elle n’avait plus que deux possibilités : fermer les yeux ou avoir une vue en contre-plongée sur le plafond. N’ayant plus très envie de somnoler comme précédemment, elle opta pour la deuxième solution. Passionnant.. Elle passa ses bras sous sa tête, puis attendit de voir si le rouge et or allait se décider à lui donner la réponse qu’elle attendait.

La préfète des verts et argent ne se le fit pas dire deux fois. A peine T. l’avait-elle invitée à prendre place à ses côtés que son amie prenait ses aises. Tant mieux, elle devait en avoir bien besoin. La jeune femme n’aimait pas beaucoup cette question pourtant toute simple : ‘ça va ?’. Et pour cause, on pouvait y répondre tout et n’importe quoi, sans forcément le penser. La plupart du temps, on se contentait d’un banal ‘ça va’, histoire de ne pas se faire poser de questions auxquelles on aurait pas envie de répondre.. Enfin, en l’occurrence, T. opta pour quelque chose qui se rapprochait plus de la réalité qu’un mensonge plus gros qu’elle.

Tara – Maintenant, oui.

Et c’était vrai. Le simple fait que son amie soit là, à ses côtés, lui redonnait le moral. La préfète observa tout de même impuissante la scène entre Yun et Katelyn. Elle devait bien se demander ce qui s’était passé auparavant mais, étant donné qu’elle connaissait T. par cœur, elle devait vite avoir compris. Les deux jeunes femmes échangèrent d’ailleurs un sourire entendu. Le rouge et or s’élança alors derrière sa baguette, et l’attrapa au vol juste avant que celle-ci n’aille servir de bois mort pour raviver les flammes. Les cheveux du jeune homme changèrent de couleur, pour devenir aussi noirs qu’un corbeau. Il lança alors un sort, qui enflamma un pot de fleurs non loin de là. La vert et argent lui décrocha un sourire, à la fois moqueur et amusé.

Tara – La prochaine fois, ta baguette sera hors d’usage.

Elle marqua une courte pause. La provocation, elle connaissait. Et elle aimait ça !

Tara – Essaie pour voir, lança-t-elle d’un air de défi, brandissant sa propre baguette.

Visiblement, le rouge et or en avait assez de s’énerver pour rien, et imitait la vert et argent, qui s’amusait bien plus qu’autre chose de la situation. T. sentit le regard de son interlocuteur se poser sur elle, et l’observer sous toutes les coutures. Elle prit volontairement la pose, et lança, d’une voix sensuelle :

Tara – Alors, la vue te plait ?

Le Gryffondor semblait plutôt confiant quant à l’issue d’un potentiel défi.. C’était tout à son honneur. Katelyn, de son côté, ne doutait pas non plus du fait que ce serait lui qui finirait couvert de bandages, en compagnie de la charmante infirmière. Sans même prendre la peine de couvrir ses arrières, Yun tourna le dos à Tara. Heureusement, celle-ci n’était pas lâche, comme la majorité des Serpentards. Sans quoi, son camarade aurait été très mal en point avant même que leur duel ait commencé. Il tentait maladroitement de faire réagir la vert et argent qui, loin de se laisser impressionner par ce rebelle des bacs à sable, ne cilla pas. Elle ne répondit même pas, Axelle s’en chargea. En réponse à son regard entendu, la vert et argent lui adressa un petit clin d’œil.
La réplique d’A. sembla faire réagir le rouge et or. Dommage. T. aurait sans doute préféré qu’il aille faire un petit tour dans ses dortoirs, sans poser de questions supplémentaires. Il s’adossa contre le mur, et attendit une réponse à sa question.. Qui ne vint jamais. T. se tourna vers Axelle, ignorant royalement le troisième protagoniste, qui aurait déjà dû se faire la malle depuis quelques temps maintenant.

Tara – C’est vrai qu’ça fait un p’tit moment qu’on ne s’est pas vues.. Seules en tout cas.

Elle marqua une courte de pause. Il fallait qu’elle réfléchisse à ce qu’elle allait bien pouvoir dire maintenant. Un sourire sincère fit irruption sur ses lèvres. Elle était bien contente de revoir son amie, malgré les circonstances. Pourtant, elle n’avait strictement aucune idée de ce dont elles allaient bien pouvoir discuter.. Elle soupira. Les deux jeunes femmes avaient des intérêts bien distincts, depuis que la jolie brunette était aussi populaire. Et préfète. Elle venait de trouver un sujet de conversation.

Tara – Alors dis-moi, combien de points as-tu fais perdre aux autres maisons ?