Bien que Naomé semblait souriante et de bonne humeur, Catherine remarqua très vite qu'elle était en réalité gênée. La blonde planta son regard argenté dans celui plus noir qu'une nuit sans lune de la jeune fille et chercha à la comprendre, mais en vain. Les yeux perçants de la Serpentard se déplacèrent suite à un léger mouvement de Naomé et aperçurent un sachet que la brune dissimula furtivement dans une poche. Catherine ne dit rien et focalisa à nouveau son attention sur le visage perplexe de Naomé.

La sorcière aussi pâle que la lune resta silencieuse encore un moment jusqu'à ce que la Serdaigle la complimente sur sa voix. Ses lèvres rouges s'étirèrent pour dévoiler une rangé de dents nacrées et ses pupilles scintillèrent de fierté.

- Merci. Ma mère est une grande cantatrice, c'est elle qui m'a appris à chanter. Son regard s'assombrit légèrement à l'évocation de ses parents. Je.. Non, je ne connaissais personne en dehors de ma famille. Je viens d'une vieille famille de Sang Pur, les règles sont assez strictes et je préférais ne pas désobéir à mes parents. Son visage angélique s'empourpra et elle parut mal à l'aise. Comment est ta famille ?

[ outch, ça va faire mal.. ]

- Mes parents sont tous les deux sorciers, et mon père travaille au Ministère. Répondit Naomé, visiblement perturbée.

Catherine comprit qu'elle lui cachait quelque chose et pinça ses fines lèvres jusqu'à ce qu'elles ne forment plus qu'une ligne droite. Son regard orageux s'abaissa vers le sol tandis que ses boucles dansaient dans le vent glacé qui pénétrait la Volière. La Serpentard releva son noble visage et montra encore une fois sa dentition irréprochable. Le sourire parut faux, presque méchant et la tension dans l'air était quasiment palpable.

- Oh, vraiment ? Quel poste occupe-t-il ? Père aussi travaillait au Ministère avant.. Ton nom est bien Kafka, c'est ça ? Question rhétorique. Oh. Oui, je vois. Il travaille au département des accidents et catastrophes magiques, est-ce que je me trompe? Elle gloussa mesquinement et mis sa main blafarde devant sa bouche, comme le font toujours les riches.

Une autre bourrasque de vent se jeta sur elle et le froid lui fit l'effet d'une claque. Elle sursauta, perdit légèrement l'équilibre et écaquilla les yeux.

- Je.. Je ne voulais pas.. Je suis désolée, c'est un métier tout à fait honorable. Ses joues étaient plus rouge qu'une flaque de sang. Sont-ils gentils, dans ta famille ? Demanda-t-elle timidement en regardant ses chaussures de luxe.

Face à la question lancée par Naomé, Catherine retroussa ses lèvres d'une façon pour le moins agressive. Des flammes argentées brulaient dans ses yeux en amande, pourtant ses traits restaient aussi impassibles que ceux d'une statue. Son corps élancé était plus tendu que jamais et ses ongles se creusaient dans ses paumes jusqu'à ce que des goutes de sang apparaissent et dégoulinent sur le sol.

- Je pense que tu l'as déjà deviné. Tu es une Serdaigle, peu importe la valeur de ton.. sang. Elle cracha le dernier mot comme s'il lui brulait la langue et recula d'un pas pour s'éloigner de la fille de Sang-de-Bourbe, comme si elle craignait un virus contagieux. Mes parents ne voudraient pas que je parle à quelqu'un comme toi.

Le tonnerre résonna dans le ciel sombre et bientôt la pluie s'abattit sur Poudlard en une sinistre cacophonie.

Catherine resta immobile et silencieuse un instant avant lever sa tête dédaigneusement en l'air. Elle jeta un regard hautain plein de mépris vers la grande brune et attendit sa réaction patiemment, un petit air narquois animant son beau visage de poupée diabolique.

Catherine esquiva de justesse le sort lancé par la Serdaigle en s'abaissant à vive allure. Un frisson la parcourut et ses jambes tremblèrent sous le poids de son corps - pourtant léger. Elle reprit sa respiration et se redressa promptement. Elle siffla dangereusement contre son adversaire et plia ses genoux pour se préparer à bondir. La différence de taille entre les deux sorcières fut encore plus accentuée qu'à l'accoutumé, le menton de Naomé se trouvant à présent à une trentaine de centimètres du haut de la tête de Catherine. Les pupilles de cette dernière avaient fondues dans l'argent incandescent qui flamboyait dans ses iris, la rage avait remplacée la peur et la blonde se sentit plus puissante que Voldemort lui-même.

- Je t'interdis de me parler comme ça, MINABLE SANG DE BOURBE ! hurla-t-elle comme une harpie furibonde. Son corps vibrait de colère alors que des larmes commençaient à couler sur ses joues empourprées.

Tout à coup, elle s'élança à vive allure et se jeta furieusement sur Naomé. Les deux filles tombèrent à terre et la jeune fille aux yeux sombres perdit sa baguette. Catherine s'apprêtait à enfoncer ses ongles pointus dans la chaire de son ennemie quand elle sentit son précieux sang battre contre ses tempes. Elle ferma hermétiquement les yeux, se mit à trembler violemment puis son corps bascula lourdement sur le côté, inconscient.

[ la pauvre, elle a vraiment une santé fragile.. ]

Le lendemain, Catherine arriva dans la Volière avant même que le soleil ne se soit levé. Ses cheveux étaient dépeignés et des boucles surgissaient de partout sur sa tête. Elle alla s'assoir sur un muret en pierre et passa son mouchoir en tissu sur son visage cadavérique. Elle avait passé une nuit sans dormir et de grands cernes avaient apparues sous ses yeux larmoyants.

Il n'y avait pas de vent ce matin là et l'air était doux, cependant la Serpentard était prise de terribles convulsions. Une longue lamentation s'échappa de ses lèvres sèches et blanchâtres. Son regard éteint se dirigea vers le ciel encore sombre.

Une petite lumière perça l'horizon et Catherine en déduit que l'astre doré avait enfin émergé.. Ce qui signifiait que Naomé ne tarderait plus.

- Catherine ? demanda une voix hésitante à l'entré de la Volière

La Serpentard releva la tête subitement, ses yeux ternes trouvant immédiatement ceux de Naomé. Un frémissement la traversa au moment où elle se rendit compte de son piteux état. Ses lèvres desséchées se mirent à trembler et un flot de larmes menaça de ruisseler sur ses joues blafardes et déjà humides.

La jeune fille descendit du muret d'un mouvement fantomatique - mais toujours doté de cette élégance spontanée que Catherine possédait - et s'avança vers la sorcière brune. Sa lenteur inconsciente faisait penser à celle d'un condamné marchant vers la guillotine.
Une fois face à son bourreau, elle s'inclina jusqu'à ce que son front touche presque la jupe de son uniforme, avant de clore ses paupières en signe de reddition.

- Naomé Kafka, je te prie d'excuser mon comportement de la veille. Le soprano était loin d'être aussi musical que d'habitude mais ne perdait en rien sa beauté envoutante. Je regrette infiniment mes actions et.. Un sanglot étouffé. Elle tomba à genoux et s'agrippa désespérément à la main de sa camarade. Je ne veux pas... Je voulais vraiment être ton amie, tu sais, et je n'ai que faire de ton sang! J-je veux juste être une gentille fille... sinon je retournais au Manoir. Elle pleura à chaudes larmes et raffermit son emprise sur la Serdaigle. Je ne veux pas y retourner, je viens à peine d'arriver ici... !

Elle continua à gémir mais ce qu'elle disait était inintelligible et confus.

Catherine cligna plusieurs fois ses yeux, son joli visage arborant un air hébété qui ne convenait pas à sa personne. Elle regarda fixement sa baguette et la main de Naomé et resta figée environs une minute. Son visage était vide de toute expression après avoir tant pleurer, alors que ses yeux luisaient mystérieusement d'une lueur étrange et chaleureuse.
La blonde se releva soudainement et enroula ses bras fins autour de la Serdaigle. Le geste était inattendue -et étonnamment puissant pour une jeune fille ayant la carrure de Catherine- et désarçonna la Serdaigle. La baguette tomba silencieusement par terre, momentanément oubliée par les deux sorcières.

- Merci! Tu ne peux pas imaginer comme je m'en voulais.. Je suis tellement, tellement désolée ! Sa voix vibrait de sincérité, ses yeux reflétaient le regret qui la dévorait et son corps maigre, trop maigre peut être, était secoué par d'intenses émotions comme l'aurait été celui d'une marionnette.

La "Sang-Pur" se détacha de l'enfant de "Sang-de-Bourbe" en souriant maladroitement. Ses boucles blondes tombaient mollement autour de son visage de poupon. Elle paraissait extrêmement jeune, là, debout, ses joues salies par la poussière et des plumes emmêlées dans ses cheveux.