Un refuge

Étonnement, Hayden n'avait pas envie de s'abandonner dans une nouvelle dispute avec la blondinette. D'une part, il n'en avait pas l'envie, d'autre part, il n'en avait pas l'énergie. Il décida donc de parer ses lèvres d'une risette chaleureuse malgré les provocations futiles de son interlocutrice. Le jeune homme contrôla ensuite une grimace qui surgit lorsqu'il entendit le surnom "lionceau", son orgueil avait légèrement été endolori et il le manquerait pas de se venger ultérieurement.

"Je ne connais pas non plus ton prénom. Rétorqua-t-il. Toutefois, puisque que tu sembles tant vouloir savoir comment je m'appelle, je vais te le dire. Je suis Hayden James. Enchaîna-t-il d'un ton railleur."

Le sixième année arqua par la suite un sourcil lorsqu'il constata que celle à la chevelure dorée se plongeait de nouveau dans son bouquin alors qu'ils conversaient encore, quelle impolitesse...

"Tu devrais abandonner cet air condescendant. Tu sais, il ne faut jamais se prendre pour un aigle lorsqu'on est un pigeon. Enfin, je ne dis pas ça pour toi évidemment. Répliqua-t-il en espérant que celle qui lui faisait face comprenne son audacieuse plaisanterie. Je pensais qu'on aurait pu faire la paix mais tu ne sembles pas ouverte à cette éventualité, dommage. Poursuivit-il avec sécheresse."

Après cette affirmation remplie de sincérité, ou presque, le poursuiveur s'enfonça plus encore dans son fauteuil et attendit la réponse de la cerdaigle, la discussion commençait à devenir intéressante...

Toujours dans mon livre, je ne pus qu'imaginer la tête qu'il avait dû faire en entendant Lionceau. Cependant, je décidais d'attendre un peu pour lever les yeux, après tout, j'étais venu ici pour me reposer et être seule avec des livres. J'écoutais cependant ce qu'il me disait et entendu :

"Je ne connais pas non plus ton prénom. Toutefois, puisque que tu sembles tant vouloir savoir comment je m'appelle, je vais te le dire. Je suis Hayden James."

Hayden, oui, j'avais dû entendre ce nom dans les couloirs quelques fois mais je n'avais pas fait le rapprochement avec ce Gryffondor en particulier. Au moins, maintenant je savais à qui je parlais. Alors que je me radoucissais, il osa me lancer :

"Tu devrais abandonner cet air condescendant. Tu sais, il ne faut jamais se prendre pour un aigle lorsqu'on est un pigeon. Enfin, je ne dis pas ça pour toi évidemment."

Je remarquais tout de même le ton blagueur donc je fermais mon livre et le posais sur l'accoudoir. Je croisais mes jambes et le regardais fixement tout en prenant un petit sourire en coin.

"Au moins, même un pigeon sait voler, un lion par contre, je demande à voir ! Ah et mon prénom, c'est Svetlana."

Il continua cependant de parler et ce qu'il dit réussit à me toucher un peu :

"Je pensais qu'on aurait pu faire la paix mais tu ne sembles pas ouverte à cette éventualité, dommage."

Je pris le temps de regarder les pointes de mes cheveux puis le feu avant de revenir vers son visage. Il semblait que nous ayons quelques traits de caractères en commun, même s'il m'en coûtait de l'admettre.

"Ce n'est pas que je ne suis pas ouverte, j'ai pas mal de problèmes et donc je ne suis juste pas de bonne humeur. Ce n'est pas contre toi...Désolée."

J'espérais vraiment qu'il verrait l'effort que j'avais fait en m'excusant auprès de lui, ça ne m'arrivait que peu souvent !

Contrairement à ce que pensait le jeune homme, la blondinette semblait assez ouverte à un enterrement définitif de la hache de guerre. Elle était tellement impatiente de le faire qu'elle referma son livre qui désormais jonchait son accoudoir en cuir. Tout compte fait, les deux adolescents pourraient peut-être bien se lier d'amitié, malgré leur rencontre brûlante et légèrement effrayante.

"Je pense finalement que nous avons tous les deux des soucis. Je suis angoissé et agacé ces jours-ci et j'ai peur d'extérioriser cette colère sur les autres. Je te demande aussi pardon. Répliqua-t-il avec une gentillesse et bonhomie qui lui étaient inconnues. Des problèmes, tu peux m'en parler si tu le souhaites. Lui proposa-t-il avec une vive curiosité."

Sur ces mots, il rapprocha de quelques pas son fauteuil afin de ne plus avoir à hausser la voix. Enfin, il décida de ne pas rester avachi sur un coussin et se releva. Il parcourait désormais la salle d'un pas lent en s'attardant sur chaque ouvrage, peut-être trouverait-il un bouquin qui le passionnerait ou qui lui remonterait le moral?

Hayden paraissait finalement ne pas seulement être le fière Gryffondor que j'avais croisé dans le couloir la dernière fois. Il semblait plutôt cacher des blessures que les personnes avec il était ami ne devaient pas savoir. En effet, il s'était radouci depuis que j'avais fermé mon livre :

"Je pense finalement que nous avons tous les deux des soucis. Je suis angoissé et agacé ces jours-ci et j'ai peur d'extérioriser cette colère sur les autres. Je te demande aussi pardon. Des problèmes, tu peux m'en parler si tu le souhaites."

Je ne pus m'empêcher de rire doucement sur ce qu'il avait dit :

"Ah oui ? Tu as peur d'extérioriser cette colère sur les autres ? Ça n'a pas eu l'air de te déranger l'autre jour pourtant !"

Je le vis alors rapprocher son fauteuil pour que l'on n'ait plus à parler trop fort pour s'entendre et finis par se lever et commencer à regarder les rayons de livres. De mon côté, je me mettais plus à l'aise, croisant les jambes sur le fauteuil pour finir assise en tailleur.

"Je ne te connais pas assez pour te parler de mes problèmes mais pour faire extrêmement simple, je suis loin d'être la préférée de ma famille."

Mon explication était ultrabasique et j'espérais qu'il comprenne ainsi qu'être une sang-pur ne faisait pas de moi un monstre. En même temps, j'avais réussi à dire cela parce qu'il ne me fixait pas, ayant du mal à me confier aux personnes.

Hayden poursuivait sa marche tranquille autour des fauteuils en jetant, de temps à autres, un coup d’œil à la blondinette qui était confortablement assise sur son coussin moelleux. Maintenant qu'il n'éprouvait plus de rancœur violente envers son interlocutrice, il pouvait apprécier la teinte azurée de ses yeux. Elle était belle, tout simplement, c'était indubitable. Ses cheveux dorés retombaient dans son dos et illuminait son visage malicieux.

Son interlocutrice semblait soucieuse et l'avis de sa famille avait l'air d'avoir une importance étonnement forte. Le poursuiveur pouvait aisément deviner de quoi il s'agissait. Entre les deux adolescents, l'amitié balayerait peut-être la colère.

"Tu sais, je peux deviner que les Malefoy ne sont pas ravis de ta répartition mais tu peux être certaine que des faits plus marquants caractérisent ta famille. Je sais bien que les gens changent, tout le monde change, je n'en doute pas. Néanmoins, tu peux être fière de toi, tu ne sembles pas être stupide, tu ne sembles pas être mauvaise. Et puis, il te suffit de leur faire comprendre qu'il n'y a pas qu'une réussite. Répliqua-t-il tout en caressant la reliure d'un livre avec délicatesse."

Le sixième fut surpris de la spontanéité qui vivifiait ses paroles. Ses lèvres étaient parementées d'un sourire profondément gentil et généreux, surprenant, n'est-ce pas?

Même si je gardais encore une petite rancœur contre Hayden à cause de la dernière fois où il avait été vraiment injuste de s'en prendre à moi, je remarquais qu'il pouvait être plutôt gentil, et ça m'étonnait. Depuis, mon arrivée à Poudlard il y a quelques années, je n'avais jamais connu de personnes agréables avec moi venant de Gryffondor.

Je me décidais à me tourner vers lui alors qu'il regardait les livres. Il semblait plutôt fin même s'il devait être musclé à cause du Quidditch. Ce que je remarquais finalement, c'était ses yeux verts qui, il fallait le dire, étaient magnifique. Lorsqu'il se tourna vers moi pour me regarder, je me retournais comme si de rien était. Il tenta alors de comprendre mon problème :

"Tu sais, je peux deviner que les Malefoy ne sont pas ravis de ta répartition mais tu peux être certaine que des faits plus marquants caractérisent ta famille. Je sais bien que les gens changent, tout le monde change, je n'en doute pas. Néanmoins, tu peux être fière de toi, tu ne sembles pas être stupide, tu ne sembles pas être mauvaise. Et puis, il te suffit de leur faire comprendre qu'il n'y a pas qu'une réussite."

Je ne pus m'empêcher de rire à sa remarque. Il ne comprenait vraiment pas ce que je pouvais vivre dans ma famille.

"Tu n'as jamais été en contact avec des familles de sorciers au sang-pur ou bien ? C'est un monde à part et quand tu es différent, ça ne se passe pas très bien. Ce n'est pas ma maison qui change quelque chose, mon cousin est également à Serdaigle mais ma famille l'apprécie !"

Je réflechissais aux attributs qu'il me donnait "pas stupide", "pas mauvaise", on voyait qu'il ne me connaissait pas bien :

"Tu sais, tu penses que je ne suis pas mauvaise mais tu ne me connais pas, il m'arrive de faire des choses qui te dégouteraient je pense..."

Je me tournais vers lui franchement cette fois et lui demandais avec curiosité :

"Et toi alors ? Pourquoi es-tu angoissé et agacé ?"

Hayden vagabondait toujours dans la salle sur demande en écoutant d'une oreille plus qu'attentive les dires de la blondinette qui demeurait élégamment assise. Les opinions de sa famille semblaient avoir une importance conséquente pour son interlocutrice dont le ton avait à la fois l'air moqueur et amical. Finalement, Hayden avait décidé d'oublier l'échange musclé ayant eu lieu quelques jours auparavant pour découvrir, sans à priori, la jeune femme.

Le poursuiveur, légèrement fatigué, prit la décision d'abandonner sa marche solitaire. Aussi, il s'enfonça dans le fauteuil qu'il avait avancé à l'instant. Du coup, il se retrouvait à quelques dizaines de centimètre d'elle et pouvait humer son parfum fleuri.

"Je dois admettre que je n'ai que très rarement rencontré des familles de sang-pur mais tu pourrais m'expliquer si tu le veux bien, un avis extérieur pourrait peut-être t'aider, non? Questionna-t-il d'une voix curieuse avant d'esquisser un ricanement qui en disait long. Des choses qui me dégoûteraient? Tu sais, on pense avoir fait des choses extraordinaires jusqu'au jour où l'on fait face à des actes qui font vraiment frémir. Enchaîna-t-il avec philosophie."

Hayden souhaitait vraiment que celle à la chevelure dorée se confit à lui. Se dévoiler à un inconnu reste parfois la meilleure chose à faire...

Je remarquais qu'Hayden se rasseyait sans avoir choisi un livre. Au moins, il avait regardé si quelque chose lui plaisait et c'était déjà un effort. Après tout, il était un Gryffondor, pas un Serdaigle.

Maintenant qu'il s'était assis, sachant qu'il avait rapproché son fauteuil avant , je pouvais sentir son odeur, qui n'était d'ailleurs pas désagréable. De plus, je profitais de sa présence non loin de moi pour détailler son visage, mais mes yeux finissaient toujours pas croisé son regard vert qui me semblait si intense.

J'étais tellement occupée à le regarder que j'entendais à peine ce qui me disait :

"Je dois admettre que je n'ai que très rarement rencontré des familles de sang-pur mais tu pourrais m'expliquer si tu le veux bien, un avis extérieur pourrait peut-être t'aider, non?"

Je me repris assez vite et réussit tout de même à comprendre où il voulait en venir pendant qu'il continuait son discours. Je décidais alors de regarder devant moi, pour éviter de me perdre dans mes pensées.

"Des choses qui me dégoûteraient? Tu sais, on pense avoir fait des choses extraordinaires jusqu'au jour où l'on fait face à des actes qui font vraiment frémir."

J'essayais de regrouper mes paroles avant de les prononcer, et décidais de finalement me lancer après un silence d'au moins deux minutes. Je continuais de regarder en face de moi, les yeux rivés sur les flammes qui crépitaient doucement dans le feu.

"La plus grande qualité reconnue par les vrais sang-purs est déjà le secret. Donc, en t'en parlant ça commence mal, rigolais-je, mais bon. En fait, je suis pour ainsi dire la rebelle de la famille, en effet, j'aime me teindre les pointes des cheveux comme les moldues, je mets du rouge à lèvre pétant et surtout, quand on me dit de faire quelque chose, je fais l'inverse donc ça ne plait pas à ma famille. !"

Je lui jetais un coup d’œil rapide et détournais les yeux à nouveau.

"Pour ce qui est des choses qui pourraient te dégouter, on va dire que traîner dans la Forêt Interdite la nuit ne me fait pas peur du tout et que les livres interdits de la Réserve non plus."

Je me décidais à le regarder fixement, juste pour voir sa réaction.

Alors que la blondinette tentait d'échapper au regard émeraude du poursuiveur, celui-ci examinait son visage avec précision en scrutant chaque centimètre carré de ce dernier. Sa peau semblait pure et témoignait d'un soin rigoureux et régulier. Ses longs cheveux s'apparentaient plus à une crinière et tombaient sur son dos avec légèreté. Par ailleurs, Hayden constata que les problèmes de son interlocutrice n'étaient somme toute pas si insurmontables. Aussi, il para ses lèvres de son plus beau sourire et s'approcha un peu plus d'elle.

"Tu sais, si ce n'est que ça, ce n'est rien, tes problèmes seront bientôt réglés. Ta famille finira bien par accepter tout cela. Je t'assure, ce n'est pas si grave, sois simplement patiente. Lui dit-il d'une voix basse."

Ensuite, la jeune femme aborda ces différentes tendances à l’illégalité. Hayden explosa de rire, ces choses-là, ils les faisait depuis des années, décidément, le choixpeau ne s'était pas trompé en déterminant la maison de Svetlana.

"Tu dois sûrement impressionner tes camarades dans ta salle commune mais tu oublies que je suis un gryffondor. Je ne trouve pas que la réserve soit exceptionnelle, par contre, la forêt interdite est effrayante. Je suis curieux de savoir ce que la plus rebelle des cerdaigles a fait comme grossières bêtises, alors, n'épargne rien. La pria-t-il avec un air joueur."

Sur ces mots, Hayden fit avancer sa tête un peu plus en avant. Désormais, les têtes des deux adolescents n'étaient séparées que par une mince couche d'air. Ses prunelles étaient plongées dans celles de Svetlana et ne pouvaient plus s'en dissocier.

Je sentais de plus en plus son regard sur moi et j'avais l'impression qu'il lisait à travers moi. Cependant, j'avais toujours du mal à me concentrer quand on me fixait. Du coup, je passais de ses yeux à la cheminée, au plafond et ainsi de suite. Je remarquais qu'il se rapprochait de moi lorsqu'il me dit tout en souriant :

"Tu sais, si ce n'est que ça, ce n'est rien, tes problèmes seront bientôt réglés. Ta famille finira bien par accepter tout cela. Je t'assure, ce n'est pas si grave, sois simplement patiente."

Je ne pus m'empêcher de faire un sourire en coin tout en levant un sourcil.

"Si j'étais patiente, ça se saurait. Je suis d'une impatience incroyable !"

Ce que je racontais avait l'air de l'amuser et cela ne faisait qu'une chose, m'énerver. Je décidais donc de tourner la tête vers l'autre côté de la pièce alors qu'il parlait :

"Tu dois sûrement impressionner tes camarades dans ta salle commune mais tu oublies que je suis un gryffondor. Je ne trouve pas que la réserve soit exceptionnelle, par contre, la forêt interdite est effrayante. Je suis curieux de savoir ce que la plus rebelle des serdaigles a fait comme grossières bêtises, alors, n'épargne rien."

Je ne pus m'empêcher de souffler et me dit que je ne risquais pas grand chose de lui dire quelques unes de mes "bêtises". Or, en me retournant vers lui, je découvris qu'il était beaucoup plus, voire même trop, proche de moi. Et pour couronner le tout, je balbutiais, gênée par cette situation totalement inattendue.

"Je...Tu...Euh...Par exemple, j'aime beaucoup m'installer dans un des arbres de la Forêt Interdite, d'où je peux voir les Centaures. Autrement, chez mes parents, j'ai la possibilité de m'entraîner sur des potions pour créer des poisons aussi...Euh...Et toi alors ?"

Malgré la gène, il commençait à m'énerver à agir sans prévenir aussi, sauf que quand j'essayais de reculer le fauteuil, je me rendis compte qu'il était bloqué sur le tapis et qu'en forçant, mon visage s'était rapproché de celui du Gryffondor et seulement quelques centimètres nous séparaient.

Bien qu'Hayden commentait avec ironie les escapades aussi nocturnes qu'illégales de la jeune femme, il reconnaissait au fond de lui qu'elle faisait mieux que la plupart des lions. Le poursuiveur conservait son sourire charmeur et ne reculait pas d'un pouce sa tête. Son regard semblait tourmenter la blondinette qui, désormais, bredouillait. Même lorsqu'elle soupirait d'agacement, elle avait ce charme qui caractérise certaines femmes.

"Je pense que je te raconterai mes dérives plus tard, qui sait, peut-être que tu es une espionne dirigée par les professeurs pour attraper les délinquants du château... Lança-t-il avant d'esquisser un rire persifleur."

Son interlocutrice semblait gênée et Hayden éprouvait étonnamment une attirance brûlante pour celle-ci. Elle était belle, vraiment très belle, belle, tout simplement. Son parfum fleurie happait inéluctablement le poursuiveur qui, brusquement choisit de franchir courageusement les quelques centimètres qui jusqu'à alors les séparaient. Intensément, il mêla ses lèvres aux siennes avec douceur en déposant sa main sur sa joue. Quel romantisme...

Quelques instants plus tard, ce passionné baiser se termina et les joues du jeune homme avaient frugalement rosi. La situation était aussi incroyable que magique, il y a quelques jours à peine, ils crachaient leurs venins sur l'autre avec haine. Comment allait-elle réagir?

N.B.: Aucune branche de gui infestée de nargole n'a poussé au-dessus des deux adolescents bien que la scène ait quelques points communs avec celle que l'on connait tous...

La façon dont il me regardait me gênait mais je ne pouvais pas totalement dire que c'était désagréable puisqu'il n'avait ni un regard accusateur ni de dégout. Malgré tout, c'était un Gryffondor et de surcroit un Sang-mêlé ce qui me faisait penser que je ne devais pas me rapprocher de lui, en aucun cas. De plus, ce qu'il me dit ensuite continua à m'énerver de plus belle :

"Je pense que je te raconterai mes dérives plus tard, qui sait, peut-être que tu es une espionne dirigée par les professeurs pour attraper les délinquants du château..."

Je ne pus m'empêcher de souffler alors qu'il riait, cela ne me plaisait pas du tout, il avait maintenant un avantage sur moi, et pas des moindres. Je pouvais avoir des heures et des heures de retenues pour ce que je lui avais dit.

"C'est totalement injuste ça ! Et si tu étais un lèche-bottes des professeurs toi ?"

Malheureusement pour moi, ma tentative de fuite ayant échoué, il ne répondit pas du tout à mon accusation, je n'étais même pas sûre qu'il l'ait entendu...j'avais dit quoi déjà ? J'étais obnubilée par ses yeux émeraudes que j'en oubliais presque mon prénom. Je le vis couvrir les derniers centimètres nous séparant et ses lèvres se posèrent finalement sur les miennes.

Au moment où sa main toucha ma joue, je fermais les yeux et finis par apprécier ce baiser totalement inattendu. Nous étions si différents et nous nous étions disputés il n'y a pas longtemps de ça alors comment pouvais-je apprécier ça. Je passais même mes mains autour de sa nuque pour pouvoir me rapprocher de lui.

Lorsque nous nous séparions enfin, je sentais que j'avais rougi et je vis que Hayden avait également les joues rosies...J'étais presque sous son charme lorsque la réalité de me frappa et je passai par dessus l'accoudoir de mon fauteuil et m'approchais du feu en croisant les bras.

"C'était une véritable connerie ce qu'on vient de faire ! Je...Je ne sais pas quoi te dire, on aurait juste pas dû, je n'aurais pas dû répondre à ton baiser" Je me tournais soudain. "Et puis, d'où tu as pensé que je pourrais avoir envie de t'embrasser aussi ??"

Même si en le voyant, je n'avais qu'une seule envie, c'était de l'embrasser à nouveau, il était hors de question que je me laisse aller. Et j'attendais donc sa réaction en essayant, avec beaucoup de mal, de ne pas fixer ses yeux et ses lèvres.

HRPG:

Ce baiser était sûrement l'un des événements qui marqueraient l'année scolaire du poursuiveur. Cet instant avait été envoûtant, tellement envoûtant, inopportun aussi. Une passion inconnue au bataillon s'était enflammée et Hayden devait reconnaître qu'il avait apprécié cet échange passionné et acidulé. Patiemment, il attendait que la jeune femme prononce un mot, un unique mot, qu'il soit acerbe ou bon.

Alors qu'elle se repliait sur elle-même en croisant les bras, ses longs cheveux ambrés reprenaient leur volume initial. Elle était encore plus attirante et le sixième année était désormais consumé par une incontrôlable envie de l'embrasser de nouveau. Ses yeux verts continuaient de la fixer intensément. On pouvait voir la flamme qui crépitait dans la cheminée se refléter dans ces derniers.

Enfin, oui, enfin, elle ouvrit de nouveau la bouche. Ses mots n'étaient pas ceux qu'attendait Hayden. Au plus profond de lui-même, il savait que cette relation semblait complexe, presque inconcevable. Néanmoins, ce crépitement interne le dévorait toujours et il n'avait pas envie de la quitter, pas de suite du moins.

"Je ne sais pas quoi te dire, c'est surprenant, je te le concède. Par contre, ne me dis que tu n'en avais pas envie, tu ne m'as pas repoussé. Tu sais quoi, je vais partir, ça doit être ça que tu veux. Lança-t-il sèchement."

Cette dernière phrase avait été proférée avec tant de désinvolture que le jeune homme en fut surpris. Il était tiraillé entre deux options: d'une part, il avait envie de s'en aller tellement le manque d'honnêteté de son interlocutrice l'avait mécontenté; d'autre part, il avait terriblement envie de demeurer à quelques centimètres de Svetlana, continuer à humer son parfum, la regarder, l'embrasser...

"Fuis-moi, je te suis. Suis-moi, je te fuis."...

Un véritable duel mental avait lieu dans mon cerveau. Ma raison me disait de vite m'éloigner de Hayden, qu'il était tout ce que je devais éviter en ce moment. En même temps, je sentais au fond de moi une envie irrépressible de revenir m'asseoir vers lui et de me blottir dans ses bras.

Comment dire, j'étais vraiment la pire Sang-pur qui puisse être née dans les dix derniers siècles. Ma famille avait totalement raison de me laisser de côté lors des repas de famille, je ne méritais pas ce rang. Alors que j'étais toujours dans mes pensées et cela tout en regardant Hayden qui avait l'air autant déçu qu'énervé contre moi, il se lança dans un monologue :

"Je ne sais pas quoi te dire, c'est surprenant, je te le concède. Par contre, ne me dis que tu n'en avais pas envie, tu ne m'as pas repoussé. Tu sais quoi, je vais partir, ça doit être ça que tu veux."

La désinvolture qu'il avait mis dans ses paroles me brisait le cœur et avant que j'ai pu y réfléchir, je lâchais sans le vouloir :

"Non, reste !"

Je m'étonnais moi même et je restais quelque secondes bouche-bée, mais qu'est-ce qu'il m'arrivait à la fin... Je décidais finalement de laisser mon cœur parler, après tout, personne ne pouvait nous entendre, je faisais donc un pas en arrière vers les fauteuils :

"Je suis désolée, je n'aurais pas dû dire ça...C'est juste que, je ne sais pas, je ne suis pas la bonne personne pour toi ! Et puis, nous sommes beaucoup trop différents, on ne vient pas du même monde, et puis je suis nulle pour trouver des raisons."

Je fis une moue tout en fronçant les sourcils car je sentais que je n'étais vraiment pas convaincue par mes paroles et pas du tout convaincante non plus.

Depuis la pièce va-et-vient, on pouvait entendre le claquement sonore des talons des demoiselles du château résonner dans le couloir. Hayden devina que la sonnerie avait marqué la fin de la journée, le week-end allait enfin débuter et tous les élèves semblaient se diriger promptement vers leurs salles communes respectives dans lesquelles ils pourraient se réchauffer et se libérer de la pression scolaire.

Alors que le poursuiveur se levait pour quitter, rempli d'agacement, la jeune femme, celle-ci l'interpella et lui demanda de rester. Il aurait voulu partir, la laisser là, seule et déconfite. Néanmoins, il ne pouvait pas. A l'intérieur de lui, il voulait ne pas bouger d'un poil et finir cette soirée en compagnie de la blondinette. Donc, il retomba dans son fauteuil en la fixant toujours ardemment et demeura silencieux quelques dizaines de seconde.

"Je ne comprends pas, vraiment pas. Pourquoi ne serais-tu pas la bonne fille pour moi, pourquoi? Lui demanda-t-il avant de libérer un soupire. Si tu ne veux simplement rien, tu n'as qu'à me le dire, sinon, ne dis rien. Poursuivit-il avec une once d’agressivité."

La situation était particulièrement perturbante. Les esprits des deux adolescents semblaient tourmentés, malmenés par un dilemme cornélien. Par ailleurs, les lumières de la salle sur demande perdaient progressivement de leur intensité et on peinait désormais à distinguer les titres des ouvrages trônant dans les étagères. Svetlana se tenait à quelques centimètres du sixième année, ce dernier, très innocemment, lui prit la main dans un élan de folie, comment allait-elle réagir?

Définitivement, la journée était en train de se terminer pour tout le monde dans Poudlard vu le vacarme qu'on pouvait entendre au-dessus de la salle sur demande. Je me demandais s'il ne serait pas plus sage pour moi de sortir et prendre le même chemin qu'eux : ma salle commune avec les personnes sans intérêts qui s'y promenaient.

Il semblait que mon discours totalement raté avait enlevé l'envie de Hayden de partir loin de moi. Pourtant, j'avais l'impression d'avoir fait le pire discours depuis ma naissance, voire même avant. Mais cela ne l'avait pas fait fuir...

"Je ne comprends pas, vraiment pas. Pourquoi ne serais-tu pas la bonne fille pour moi, pourquoi ?"

Je n'eus pas le temps de dire quelque chose qu'il rajouta de façon beaucoup plus agressive.

"Si tu ne veux simplement rien, tu n'as qu'à me le dire, sinon, ne dis rien."

Dans ma tête, mon cerveau me disait de ne rien dire mais je n'en étais pas capable, j'avais toujours besoin d'ajouter mon grain de sel, et ce même quand cela était une mauvaise idée. Cependant, je fus coupée dans mon élan lorsque je sentis la main chaude de Hayden s'emparer de la mienne.

De plus, je remarquais que l'intensité des lumières avait baissé et je voyais maintenant les flammes danser dans les yeux émeraudes du Gryffondor. Comment pouvais-je me résoudre à le laisser là en plan ! Je finis par me rasseoir tout en gardant ma main emprisonnée dans la sienne.

"Je suis quelqu'un de colérique, de solitaire, sang-pur par dessus le marché et si tu as oublié, notre première rencontre n'a pas été des plus idylliques..."

Je le regardais fixement, essayant de ne pas trop faire des allers-retours entre ses yeux et ses lèvres.

"Oh et puis m**de, oui tu es mignon, tu as des yeux magnifiques et tu le sais je pense. Je suis incapable de sortir de cette pièce car tu es là et ça m'énerve car je déteste être dépendante de quelqu'un mais en même temps ta présence ne me dérange pas du tout...Tu peux dire quelque chose s'il te plait ? Car là j'ai l'impression d'être une petite idiote..."

Je remarquais que mon ton était un peu agressif mais je n'arrivais pas à me contrôler. De plus, je remarquais que je n'avais toujours pas retiré ma main de celle de Hayden.