C'était le coté flippant du Château de Poudlard, tout le monde était toujours au courant de tout super vite ! Enfin, de là à ce que Peter se rende compte que même ses conversations privées avec son Professeur de Défense contre les forces du mal arrivaient à fuiter ... En plus, Peter n'avait pas ce lien de confidence avec un grand nombre de membres du corps enseignant. Cela se limitait quasi-exclusivement au Professeur Benbow, et c'était uniquement parce que, comme Directeur de Serpentard, Peter et lui étaient amenés à se côtoyer plus souvent. De toutes façons, ça lui apprendrait à se laisser aller à ce genre de considérations ! Si l'occlumancie était si bien vue que cela, ceux qui essayaient de la pratiquer ne se réuniraient pas au coin d'un couloir pour en parler tout bas ... A moins que ce ne fut l'art de la légimancie qui soit plus honteux, auquel cas il y avait pas mal d'intérêt à s'intéresser à la Directrice de Gryffondor ...

La dite directrice rouvrit d'ailleurs la bouche. Mais Peter, trop obnubilé par ses petites réflexions sur l'illicéité de leur conversation et par son mécanisme de défense maison à base de pensées de clafoutis, ne capta gère le sens des mots qu'elle prononça. Toujours arriva-t-il à saisir ses derniers mots « demain soir, six heures dans la salle des préfets ». Aussi hocha-t-il vivement la tête pour marquer son approbation. De toutes façons, après qu'elle se soit révélée, Peter et elle en savaient chacun un peu trop sur le compte de l'autre pour que le préfet ne laisse passer un rendez-vous comme celui-là.

- J'espère que l'on aura du clafoutis au dîner ce soir !

Et dire que cette remarque tombait juste au moment où Peter se demandait s'il était réellement utile de penser à un dessert pour se protéger ... Bien que jusque là, cela avait été son grand moyen de défense, Peter fut totalement pris de court par la réplique de la directrice. Est-ce qu'au fond de lui, il n'avait pas été persuadé que son interlocutrice n'était pas réellement une légilimens ? C'était possible. En tous cas, il ne s'était pas attendu à ce que l'on le lui fasse remarquer de façon aussi marquante ! Peter laissa alors échapper un :

- Oh ! Mais vous êtes vraiment légimens ?!

Il se colla instinctivement la main devant la bouche. Et se retourna afin de vérifier que personne n'avait entendu sa remarque dans ces couloirs où les voix se réverbéraient si bien ... Confus, il rangea sa main droite et essaya de s'expliquer :

- Désolé ... C'est juste que je n'ai jamais rencontré de gens comme vous ... Et je ne vous imaginait pas du tout comme ça ...

Pour conclure ce moment de gloire mckinnonien, le jeune homme décida d'appuyer ses propos par un geste de la main et un regard appuyé. Malheureusement pour lui, dans sa grande maladresse, l'un comme l'autre fusèrent en direction de la plastique de la Directrice (fort jolie au demeurant). Ce qui eu pour effet d'ajouter un rien de gêne à cette situation qui n'en avait nullement besoin. Peter essaya alors de dissimuler le peu de respect de son acte, mais ses joues qui s'embrasèrent ne purent l'aider dans cette voie ...

- Bah, mais je vous en prie !

*Eh voilà, elle a relevé ... Tu touches les membres du corps éducatif de Poudlard maintenant, c'est beau ...*

Peter se décomposa instantanément sur place. Il était en train de s'oublier sous une pyramide de honte. Et le pire dans tout cela, c'était peut-être qu'il n'était pas totalement imperméable au charme de la directrice. C'était qu'il pouvait avoir des pensées quelques fois audacieuses notre préfet. Mais pour l'heure, il était bien loin de ce genre de considération, trop occupé à bégayer pour essayer de se rattraper. Mais, heureusement pour lui, la dame ne semblait pas s'en être formalisée et elle était doté d'un caractère plutôt fort qui les emmena tous deux sur un autre chemin ... Ce chemin n'était autre que celui de sa cote auprès des élèves, à propos de quoi Peter était incapable de dire un mot, il essaya donc de broder, pour son plus grand malheur.

- Oh et bien, à Serpentard on vous connait fort peu au final, on n'a jamais affaire à vous, pratiquement. Mais vous semblez être très agréable ... à regarder !

Peter poussa un soupir, il était assailli d'images à présent. Parfois, il s'en voulait d'être comme cela ... Il se pinça alors le haut du nez, en fermant les yeux dans une attitude de concentration extrême.

- Vous semblez être très agréable dans votre rapport aux élèves et à cette école. Je suis désolé ! Enfin je ...

Les derniers mots de la sorcière finirent alors par percuter quelque chose dans le petit crâne usé du vert et argent. Ainsi on disait "légilimens" ? Enfin c'était bizarre, on disait un "occlumens". Le préfet rouvrit alors les yeux tout en maintenant des sourcils froncés.

- Dites, ce n'est pas que j'essaie d'attirer l'attention sur autre chose mais vous êtes sure que l'on dit "légilimens" ? On ne parle pas de "la légilimencie" pourtant ...

*Oh mais bonjour la nouvelle bourde !*

C'était un véritable festival de la maladresse décidément. Peter ne réalisa que trop tard que la formulation de sa phrase pouvait paraitre particulièrement insultante pour une sorcière aguerrie, directrice d'une très ancienne maison à Poudlard et d'ailleurs légilimens (puisque c'est comme ça qu'on dit) de son état. Nul besoin d'expliquer quelle nuance de cramoisi venaient alors de prendre les joues du jeune sorcier ...

Pour couronner cette conversation totalement improvisée et encore plus inconvenante, Peter avait réussi à vexer la Directrice de Gryffondor. Il fallait dire que dans le genre boulet il relevait du prodige ... Heureusement pour lui, la sorcière ne semblait pas au paroxysme de l'énervement. Néanmoins, elle avait adopté un ton bien plus sec que précédemment. Avec un peu de chance, elle lirait dans les pensées du jeune sorcier et elle y verrait qu'il était plus benêt que méchant. En tous cas, lire dans les pensées de Peter ne devait pas avoir l'air difficile, ses joues ayant atteint une teinte tellement cramoisie qu'il ne devait plus être capable de la moindre défense psychique ...

- Bon, les voulez-vous ces leçons Peter ?

Ouch. Avec le léger coup d'œil de la dame à sa montre, on était à un stade proche de l'agacement ! Il valait mieux que Peter conclue assez vite cette histoire et qu'il s'en aille surveiller un autre couloir, ce n'était d'ailleurs pas le boulot qui manquait. Le préfet hocha donc vigoureusement la tête ! Puis, considérant que c'était loin d'être suffisant, il ajouta rapidement :

- Demain, six heure, salle des préfets.

Totalement inconscient de ce qu'il convenait qu'il fasse à présent, le vert et argent se tordait les doigts dans un état désormais à la frontière entre la gêne et le stress. Il finit par faire une courte révérence improvisée et, au prix d'un dernier « Bonne journée, Madame », il tourna les talons. Dans sa tête, tout un tas d'idées sur un cadeau à offrir pour se pardonner toutes ses offenses (advenues durant les dix dernières minutes) se bousculaient. Il allait surtout devoir se préparer à ce que quelqu'un rentre dans sa tête ...

Perdues dans le château

Avec Elina Peterson

Allez, on va en cours. On se dépêche, Maddy, allez. Surtout, ne pas arriver en retard. Faire bonne figure les premiers jours. Ne pas se faire remarquer. S'intégrer. Ce que visiblement tu as du mal à faire. N'est-ce pas, mademoiselle la timide ? Je sais que ça te fais du mal quand je te dis ça. Alors, pour ne pas m'entendre, tu vas plus vite. Mais pourquoi ? Ça sert à rien. Tu m'entendras toujours. Je serais toujours là, moi ta petite voix. Non, pas une histoire de maladie mentale, bipolarité, schizophrénie ou je ne sais quoi. Non, juste une petite voix sarcastique qui vient de toi. De là. Oui, juste là. Tu vois ? Là.
Allez, accélère, si ça te chante. En plus, ton cours va bientôt commencer, là. Alors tu presses le pas dans les couloirs, empruntant les escaliers qui t'emmènent un peu où ils veulent. Avoue qu'ils te font un peu peur, ces escaliers, à bouger de partout. Tout te fait peur, quand c'est pas comme ça se passe pas comme dans ton petit chez-toi de moldus, paumé en Ecosse. Et t'as bien raison de t'effrayer, parce que tu sais plus où t'es, là. Et c'est pas moi qui te le dirais. Compte pas sur moi. Ça m'amuse trop de te voir comme ça.
Tu te tournes et te retournes, regardant tout autour de toi, cherchant des repères. Comme si ça pouvait t'aider.
Super. Voilà le résultat. Tu sais même pas dans quelle aile du château tu es, ni à quel étage. Eh bien, on est pas sortis de l'auberge avec toi, c'est moi qui te le dis.

Ah ben tiens ! Toujours perdue dans les châteaux, hein ? Pffff... J'y crois pas ? Mais qui m'a mis avec une fille aussi pathétique et incapable ?

Ben... pourquoi tu te braques ? Il y a que la vérité qui blesse, hein ! Hahaha... Mais c'est bon, je rigole ! Olalala... Comme tu réagis vite !

Enfin, faut se dépêcher quand même, là ! Tu vas être en retard en cours, là ! Ah mais oui, c'est vrai, mademoiselle est PERDUE ! Bon ben, je sais pas, essaie de te repérer, fais quelque chose, enfin ! Je sais que tu es de mauvaise humeur ce matin, mais enfin bon !

Oh ben elle est pas gênée, celle-là ! Non seulement on est en retard, on est de mauvaise humeur, on est perdues, et qu'est-ce qu'elle vient faire ? Elle nous bouscule, comme ça, comme si de rien n'était ! Ah, vas-y, jette-lui un regard noir ombrageux de la-mort-qui-tue... Voilà, comme ça ! Tu progresses, tu progresses...

Ah ben non, elle s'excuse... Oh ben c'est plus drôle, maintenant ! Et vas-y que tu lui pardonnes, que tu lui souris... Rolalala !

-C'est pas grave...

Bon, ben c'est bon, ça y est, elle est excusée, on peut y aller maintenant ! Allez, cherche une sortie du regard ! Oh ben non ! Elle a vu ton regard et elle veut t'aider ! Ça, c'est la meilleure ! Elle te demande si tu es perdue ! Bon beh vas-y, réponds !

-Euh... A vrai dire, je suis complètement perdue !

Et le petit rire gêné qui va avec...

Enfin j'y retourne, ce château qui m'a bercé, que j'ai aimé, adoré, idolâtré. Sans mon petit uniforme sombre, sans mon petit chapeau pointu et sans mon écharpe jaune et noire, le lieu perd un peu de sa beauté. Les souvenirs reviennent un par un, doucement, inondant ma tête, mes pensées, mes idées...

Je suis de retour. Enfin. Aile Est... Étonnement j'y suis pas souvent allé, enfin promené, enfin... Bref.

Se balader ici, à 21 ans, dans mon grand manteau, c'est plutôt déstabilisant... Je traverse les couloirs, regarde autour de moi. Ces nouveaux élèves sont un peu étrange. Si je me concentre bien, peut être reconnaîtrais-je des premières années qui ont grandi...

Une heure que je me promène, des heures que j'ai franchi les portes menant à l'enceinte de ce château... Doucement je continue ma routine, mon tour de garde.

Rien de suspect ici... Hm... J'aurais pensé qu'il y aurait plus d'activité ici... Il y avait plus d'embrouilles à mon époque non? Biensûr si on enlève les événements récents, on pourrait dire que c'est mort... Je n'étais pas sur le terrain, peut être qu'ils sont passés par là? Je n'en sais rien, moi? Où étais-je? Au ministère, pour protéger Pétrus contre la menace... Je n'ai pas vu, je n'ai pas vraiment entendu mais je le sais... Je sais ce qu'a fait ma supérieure et je ne sais pas si j'avais eu la même hargne pour lancer ce sort.... Pour faire cet acte... Enfin bref, arrêtons nous là voulez vous? Comme je disais, rien d'intéressant en ce moment... Pas de pleure, de tristesse, de mauvaise blague... A la place je croise seulement des prépubères, des enfants qui rigolent, sourient, chantent, courent, se pressent, se perdent et autre... Dégoûtant. Attendez un peu que la vie montre ses crocs bande de petits garnements!

Deux heures, j'en ai marre, je vais me poser sur une marche et jouer un peu le temps de faire passer tout ça. Il m'a fallut que quelques secondes pour trouver un escalier. L'école à mille et un escaliers. Je m'assoie tranquillement tout en bas. Je regarde les gens passer, me dévisager, se demander ce que je fais ici mais après un tel incident je ne peux laisser passer une autre erreur. Je surveille, je suis vigilent. Enfin presque entièrement...

Je joue avec ma baguette, la fait tourner entre mes doigts, la laissant glisser, la balançant en l'air avant de la rattraper.

Je sourie quand un couple passe... Haha, souvenir, souvenir... Mais ça reste du passé.

Ce lieu si maudit, angélique soit-il me replonge dans une profonde nostalgie avec une fragilité trop déconcertante. Je suis fort maintenant, je ne dois pas montrer mes émotions comme ça, il faut que j'arrête, que ça s'arrête... Plus que quelques heures à tenir et toujours rien à signaler d'important...

Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis la rentrée, permettant à Matilda de prendre ses marques dans l'école pleine de surprises et de dangers qu'était Poudlard. Si il lui arrivait souvent de se perdre au début, elle connaissait aujourd'hui les chemins les plus rapides pour se déplacer là où elle devait aller, mais ne quittait que rarement la salle commune des Serdaigles en dehors des cours ou des repas. Quelques mois auparavant, elle avait été agressée et rackettée par un Serpentard qui devait faire le double de sa taille s'il n'avait pas le double de son âge. Elle en avait été très affectée, et avait gardé les réflexes de se faire la plus discrète possible dans les couloirs de Poudlard et d'éviter les lieux où il n'y avait personne, mais elle ne sortait plus avec une boule au ventre à l'idée d'être attaquée par n'importe quel élève.

Ce matin là, Matilda devait assister à un cours d'Histoire de la Magie dans l'aile Est. Elle était alors partie assez tôt de la salle commune des Serdaigles située de l'autre côté de l'école pour ne pas être en retard. Depuis peu les conversations de couloirs ne tournaient qu'autour d'un sujet : L'attaque de Poudlard qui avait eu lieu très peu de temps auparavant. Tel élève avait affronté des mangemorts, tel autre était resté caché dans un endroit que lui seul connaissait, tel autre élève avait été poursuivi et sauvé de justesse par un auror, des tas d'histoires fantastiques qui n'avaient pour preuve que le témoignage du principal concerné, il y avait souvent peu de monde présent au moment où il avait failli mourir pour appuyer son propos. Certaines histoires revenaient souvent, des élèves s'étaient retrouvés coincés dans des endroits quelconques. Matilda n'avait pas d'histoire terrifiante à raconter, et cela lui convenait très bien. Elle était restée dans la salle commune jusqu'à ce qu'on leur annonce qu'il n'y avait plus aucun danger. et puis sa vie avait repris son cours, n'ayant pour changement que les conversations des autres, et une nouvelle méfiance envers les personnes qui l'entouraient, peut-être que quelques mages noirs étaient restés parmi la population de Poudlard, et dans tous les cas ils n'avaient pas pu entrés tous seuls, si ça se trouve cette Poufsouffle de 3ème année les avait aidé à s'introduire dans l'école. Rien de tout cela n'était rassurant. Mais aucun mort n'était à déplorer, c'était le principal. Il n'y avait rien d'autre à faire que de continuer à aller en cours et à rentrer à la salle commune.

Arrivée dans l'aile Est, les élèves qui se déplaçaient dans les couloirs étaient peu nombreux. Cela arrivait, il ne devait pas y avoir grand monde qui avait cours à cet endroit à cette heure-ci. Matilda n'aimait pas cela. Personne ne pourrait la défendre si jamais on l'embêtait. Cela devais forcément arriver. Au détour d'un couloir, La fillette trop proche du mur heurta un objet solide qui n'avait rien à faire là.

"- Mais regarde où tu marche pauvre [mot à ne pas prononcer] !" dit l'objet. Il s'agissait d'une élève, une Serpentard bien évidemment, son regard était bien énervé et hostile. Elle jaugea la carrure de la fillette d'au moins deux ans de moins qu'elle qui l'avait bousculée tout en faisant grandir la sienne en se tenant droite et en croisant les bras, de manière à imposer toute sa supériorité. Une autre personne l'accompagnait, une autre jeune fille de la même maison qui ricanait face à la situation que Matilda appréhendais depuis des mois.
Matilda baissa la tête et s'excusa, en espérant que cela suffirait à la fille pour satisfaire son besoin de rabaisser l'autre et qu'elle s'en irai en la laissant tranquille. Cela ne suffisait apparemment pas. l'autre fille pouffa, et celle-ci afficha un sourire sadique en découvrant son pouvoir d'intimidation sur la première année. Elle avait sûrement envie d'en profiter un peu.
"Je ne vais pas te pardonner si facilement. Tu m'as fait vraiment mal tu sais ! Et si j'étais tombée et que ma tête s'était cognée contre le sol ?" Elle entoura les épaules de Matilda d'un bras et l'entraîna dans les couloirs. La serdaigle qui avait déjà imaginé tout scénario possible d'agression, dont celui-là, fut pourtant incapable de réagir à part en suivant le mouvement entraîné par la fille. Elle ne sorti pas sa baguette et n'entonna pas un Petrificus totalus avant de partir en courant pour s'en sortir, comme elle l'avait imaginé. Elle garda juste les yeux grand ouverts droits devant elle, les bras le long du corps, et marcha avec l'autre fille, en l'écoutant faire de long discours pendant que l'autre ricanait en les suivant. Ridicule.
"Tu as eu de la chance, je n'ai rien, tu ne te feras pas renvoyée de l'école. Mais j'ai eu très peur, et c'est pour ça que tu dois m'offrir quelque chose en échange. Elle passa sa main libre dans le col de Matilda pour y découvrir une petite chaîne en argent et sortir le pendentif qui y était attaché de sous les vêtements de sa camarade. Il est très jolie ton collier ! Tu y tiens ? On dirai que non puisque tu le cache sous tes habits. Tu ne penses pas qu'il m'irai mieux ? C'est pour me consoler de ce que tu m'as fais, j'en ai besoin pour me remettre de mes émotions. Tu me le donne ?" son sourire s'élargissait alors qu'elle jeta un regard vers l'autre qui ricanait toujours. Matilda avait envie de les gifler toutes les deux. Elle tenait à ce collier, mais elle tenait encore plus à sa vie. Quoique sa vie risquait de s'arrêter une fois que ses parents sauraient que le collier qu'ils lui avaient offert pour ses dix ans n'était plus à son cou. Elle put finalement parler "Je ne peux pas te le donner. Laisse moi tranquille s'il te plaît". Les deux jeunes filles se mirent à pouffer. Celle qui tenait toujours Matilda d'un bras s'arrêta, fit pivoter sa nouvelle poupée devant elle pour la tenir des deux mains et la regarder droit dans les yeux. On y voyait beaucoup d'amusement.
"Allez s'il te plaît ! Promis après je te laisse tranquille. dit-elle d'un air à la fois menaçant et condescendant. Tu m'as fait mal je te rappelle, tu serait une mauvaise personne si tu me laissait comme ça sans dédommagement. Et les mauvaises personnes doivent être punies.
Matilda leva des bras tremblants jusqu'à sa nuque pour détacher son collier, et le tandis à la fille. Cette dernière rit encore en prenant le collier, accompagnée de son amie qui semblait n'avoir jamais été aussi heureuse.
"Merci ! Maintenant est-ce que tu veux être mon amie ? Les bonnes amies se rendent service. Tu as quelque chose à m'offrir pour sceller notre amitié ?" La matinée s'annonçait longue.

Tu sais pas trop ce que tu fiches dans cette aile du château. C'est pas comme si t'avais vraiment l'intention d'aller en cours. Il est un peu trop tôt pour toi, t'as pas bien décuvé de la veille. Enfin de cette nuit pour être précis. T'as une vraie tête de déterré, tu ferais limite peur à voir avec tes cernes de six pieds de longs. En tous cas, étrangement, personne ne t'ennuies dans les couloirs. Les gens ont même plutôt tendance à s'éloigner. Reste à voir si tu fais vraiment peur ou si tu empestes tellement l'alcool qu'ils ont peur d'être saouls rien qu'à sentir les effluves que tu dégages. Dans tous les cas, ça te convient parfaitement comme ça. T'es vachement plus tranquille. Mais franchement, tu commences à te dire que c'est pas une bonne idée de traîner dans les couloirs à des heures de cours. Tu ferais mieux de retrouver ton dortoir, histoire de t'accorder quelques heures de sommeil sans cauchemar.

Mais voilà, faut jamais que tu prévoies quoi que ce soit, parce que ça finit jamais comme tu le veux. Et cette fois en est encore un exemple. Alors que tu t'apprêtais tranquillement à trouver des escaliers afin de te diriger vers les cachots, t'entends quelques éclats de voix. Et ça tonne dans ta tête, ça résonne, ça s'amplifie. Une vraie caisse claire. T'as l'impression qu'on te martèle le crâne à grand coups de pioche. L'horreur. Tu passes ta main dans tes cheveux, comme si ça pouvait aider à faire passer ta gueule de bois. Mais bien évidemment, ça suffit pas. Alors t'as bien envie de passer tes nerfs sur les petites sottes qui osent faire autant de bruit. Bon, peut être qu'elles hurlaient pas, mais dans ton état, chaque bruit est amplifié, et c'est bien trop pour toi, t'as pas envie d'assumer ça. Alors faut bien faire payer quelqu'un.

Tu t'approches sans trop te presser. Et tu arrives enfin devant la scène que tu cherchais. Deux filles de ta maison s'amusent à persécuter une gosse de Serdaigle. Tu hausses un sourcil. Finalement, tu vas peut être bien les laisser faire. Sauf que tu reconnais la gamine en question. C'est celle que t'as toi-même traumatisée il y a plusieurs mois maintenant. A croire que c'est dans ses habitudes de se faire racketter celle-là. Tu restes un peu à distance, à observer la scène. Et tu la vois refiler son collier aux deux Serpentards. C'est pas très cool ça. Si ça se trouve, le bijou a de la valeur pour elle. Tu voles l'argent, pas les objets. Ou alors faut que ça ait une vraie utilité, là, c'est pas le cas. Tu t'attends à voir les deux plus vieilles s'en aller, sauf qu'elles insistent. Elles en veulent plus. Et la gamine a l'air terrorisée.

Elle l'était aussi quand tu lui avais fait ton petit numéro. T'avais pourtant pas l'intention de lui faire du mal, simplement lui faire peur pour qu'elle dégage. Mais là, c'est juste gratuit. Et t'aimes pas ça. Et puis, cette gamine a l'air totalement incapable de se défendre par elle-même, ça craint un peu. T'as déjà du mal à te regarder dans le miroir, autant t'éviter d'empirer les choses. Et puis, c'est plus trop ton truc de traumatiser les plus jeunes. Enfin t'aimes toujours faire peur, te sentir puissant. Mais c'est différent. Maintenant, tu veux juste montrer ce que tu vaux. Et tu sais pertinemment que pour se conduire comme ça, faut pas valoir grand chose. Tu sors ta baguette de ta poche, et te lances un #Finite Titilus, histoire d'avoir les idées un peu plus claires et la tête qui résonne moins. Pour être en état d'intervenir quoi. T'en profites pour récupérer le collier de la Serdaigle d'un simple #Accio, attirant donc l'attention des deux autres sur toi.

- Tirez-vous.

Ta voix est froide, sans appel. T'as pas envie de discuter. Sauf que les demoiselles se sentent sûrement pousser des ailes de par leur supériorité numérique. Et voilà qu'elles commencent à te regarder d'un air méchant, comme si elles pouvaient réellement t'intimider. Elles ne doivent pourtant pas avoir plus de treize ou quatorze ans. Franchement, leurs parents leur ont appris quoi à ces gamines là ?

- De quoi tu te mêles toi ? C'est nos affaire, ça ne te...

Elle n'a pas le temps de finir sa phrase. Parce que tu lui balances directement un #Dentesaugmento qui fait pousser ses dents de devant, l'empêchant ainsi de s'exprimer correctement, et l'humiliant devant son amie. Elles ont l'air soudainement bien plus en capacité d'écouter ce que tu dis. Tu répètes donc, lentement, d'un ton un peu plus menaçant :

- J'ai dit : tirez-vous.

Elles semblent alors réaliser qu'effectivement c'est la meilleure idée qu'elles peuvent avoir, et finissent par filer sans demander leur reste. Ton regard se pose alors sur la gamine. Tu te doutes que tu dois pas vraiment être le meilleur sauveur du monde à ses yeux. Peut être même que tu la fait plus flipper que les deux que tu viens de faire fuir. Mais t'es pas franchement dans l'optique de lui voler un peu plus d'argent, ni même de la terroriser une nouvelle fois. Tu pousses un soupir blasé en t'approchant d'elle, et tu finis par lui tendre son collier, le laissant pendre au bout de ton poing refermé afin qu'elle s'en saisisse.

- Tu devrais apprendre à te défendre un peu, sinon tu vas vite te retrouver sans rien.

C'est un simple constat qui n'a pas été prononcé sur un ton bienveillant, mais neutre. Parce que c'est tout simplement une vérité que tu énonces. Et t'as pas non plus envie qu'elle te prenne pour son sauveur. T'attends pas de remerciements de sa part. Simplement qu'elle comprenne que c'est à elle de prendre un peu les choses en main. Tu sais ce que c'est d'être à la place de souffre-douleur. T'as été celui de ton père adoptif durant des années. Et t'as reçu quelques punitions dont tu te souviendras toute ta vie, notamment de la part de certains des profs du château. Mais tu fais en sorte de devenir plus fort. Parce que tu refuses de continuer comme ça.

La fille qui riait toujours d'aussi bon cœur s'apprêtait à fouiller les poches de Matilda lorsque le collier encore dans les mains de l'autre s'échappa pour traverser le couloir et se réfugier entre les mains d'un mort-vivant qui ressemblait fortement au garçon qui avait volé quatre mornilles et cinq noises à la petite fille quelques mois plus tôt. Si les deux autres n'avaient pas suivi le collier des yeux et vu l'individu, Matilda aurait pu croire que c'était son esprit qui lui jouait des tours. La scène n'aurait pas plus se dérouler plus mal. Le Serpentard qui était encore présent dans ses cauchemars se joignait aux deux autres filles de la même maison pour dépouiller la Serdaigle.

"Tirez-vous" dis le garçon.
Voilà qui n'était pas prévisible. et qui n'annonçait rien de bon. Peut-être ne souhaitait-il pas partager les biens de Matilda avec d'autres. Chacun sa victime. La suite des événements paraissaient confirmer cette théorie, puisque les deux filles firent mine de contester, mais celle que Matilda avait bousculé vit ses dents de devant pousser sans s'arrêter suite au sort que son aîné lui avait jeté. Si la situation n'avait pas été aussi catastrophique et que la peur ne paralysait pas Matilda, elle aurait éclaté de rire. Ou fondu en larme peut-être. Mais elle resta toujours droite comme un piquet, les yeux grands ouverts, spectatrice de la scène après y avoir eu le rôle principal.
La confrontation fut bien courte, puisque les deux filles s'enfuirent comme des lapins. Laissant Matilda seule avec son agresseur d'autrefois.
Le son de leur pas qui s'éloignait fit rapidement place au silence. Un silence qui fut interrompu par le soupir du garçon qui avait une mine déplorable. Matilda posa son regard dans le sien et ne le quitta plus, appréhendant le moindre de ses faits et gestes. Il approchait. Dangereusement. Il titubait un peu moins que lorsqu'il avait débarqué dans le couloir, mais on avait l'impression que si des fils invisible ne le retenait pas il se serait effondré. Il était moins impressionnant que dans les souvenirs de la fillette. Mais cela ne la rassurait pas pour autant. Plus il était proche, et plus le cœur de Matilda battait vite et fort. Il lui était toujours impossible de bouger autre chose que ses yeux qui suivaient toujours le mouvement du Serpentard. Cela sembla durer une éternité. Pourtant il n'avait pas parcouru un si long chemin.
Il fini par s'arrêter et tendre le poing, sans doute pour la frapper. La fillette sortie alors par réflexe de son état de paralysie pour émettre un sursaut et rapprocher ses bras de sa tête, avant de voir que le poing s'était arrêté bien trop loin d'elle pour lui avoir fait du mal, et qu'à son bout se balançait une chaîne et un pendentif bien familiers. Une petite main tremblante s'avança pour attraper le collier au bout de quelques instants, les yeux de Matilda ne quittant pas un seul instant ceux du garçon. Le fait d'avoir le collier à nouveau entre les mains la rassura étrangement. Si elle avait eu quatre mornilles et cinq noises en plus, la malédiction de la peur aurait peut-être totalement disparue. La jeune fille était perplexe. Il l'avait sauvée d'une agression, alors que lui même était l'agresseur. Mais il l'avait quand même sauvée ! Mais il était quand même le mal incarné dans l'esprit de Matilda depuis le début de l'année. Il allait peut-être se mettre en colère s'il ne recevait pas en échange de son acte héroïque un brin de reconnaissance.
"Merci" dit la fillette, avec l'impression de s'arracher la langue.
"Tu devrais apprendre à te défendre un peu, sinon tu vas vite te retrouver sans rien."
Alors ça c'était très drôle. En voilà une bonne idée ! Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Pourquoi n'avait-elle pas été cherché de l'aide auprès d'une de ses aînées de serdaigles après que le garçon lui ait volé son argent et sa dignité ? Pourquoi n'avait-elle pas profité d'une séance d'entraînement clandestine organisée par des élèves pour s'entraîner à se défendre en cas d'attaque, et pour avoir une idée des effets des sorts qu'elle risquait de subir ? Ah mais oui c'est vrai : elle l'avait fait. Elle avait imaginé chaque réaction logique à chaque situation possible. Seulement dans les circonstances réelles, elle se trouvait tout à coup paralysée, sans aucune marge de manœuvre, sans aucune capacité de défense ou de fuite. C'était ce qu'il s'était passé durant l'attaque de Poudlard, où elle était restée assise sur son lit en attendant qu'on vienne la tuer, elle aurait été incapable de faire le moindre mouvement si les assaillant avaient atteint la salle commune des serdaigles, et cela venait encore de se reproduire. Elle se sentait pathétique. Et en colère, à la fois contre elle-même et contre ce type qui venait lui conseiller de se défendre après l'avoir traumatisée des mois plus tôt. Cette fois là encore elle avait été complètement démunie face à l'agresseur. Elle n'eut même pas la capacité d'exprimer cette colère, et ne put que rétorquer que "C'est pas aussi facile que ça en a l'air" d'une petite voix au bord des larmes. De plus en plus pathétique.
L'ironie des propos du jeune homme n'avait pas laissé échapper à l'odorat de Matilda les vapeurs alcoolisées qui se dégageaient de lui, et qui étaient d'autant plus forte depuis qu'il avait parlé. Cette odeur était familière à Matilda puisque son frère la portait souvent sur lui, surtout depuis qu'il avait quitté Poudlard. Il avait également le même teint livide, ses mouvements ralentissaient, et il se plaignait d'avoir mal à la tête. Au début la mère Grayling lui passait un savon et exigeait qu'il boive de l'eau et aille dormir. Plus le temps passait et moins les effets étaient visibles, mais l'odeur était devenue présente du matin au soir.
"Tu devrais boire de l'eau et dormir" dit la fillette à son sauveur/agresseur.

La gamine fait mine de se protéger la tête lorsque tu lui tends son collier. Tu lèves les yeux au ciel. Comme si t'avais l'intention de la frapper, sérieusement. T'as autre chose à faire. Tu ne réponds rien à ses remerciements. Parce qu'ils n'ont aucun intérêt à tes yeux. Tu le fais pas pour elle, mais bien pour toi. Elle n'a pas l'air hyper rassurée. T'as vraiment dû la traumatiser la dernière fois. Pourtant, tu ne lui as pas lancé le moindre sort, tu t'es contenté de quelques menaces. Et pour l'argent que tu as réussi à lui soutirer, c'était franchement pas la somme de l'année. Tu gagnes plus en un pourboire aux Trois Balais. Donc y'a pas non plus de quoi en faire tout un plat. Mais t'avais fait exprès de la terroriser, donc au final, c'est normal qu'elle s'en souvienne et qu'elle se méfie de toi.

C'est pas plus mal. Parce que t'as pas l'intention de faire ami-ami avec elle. T'es intervenu cette fois-ci, mais la prochaine fois, tu la laisseras régler ses problèmes toute seule. Elle a une baguette magique, elle n'a qu'à s'en servir après tout. Quelques sorts basiques suffisent à se débarrasser des nuisibles. D'autant plus que les deux greluches que t'as fait fuir ne devaient pas être les meilleures du monde en duel. Elles se sentaient simplement plus forte en groupe. Alors qu'elles étaient simplement un peu plus idiotes. Tu passes ta main sur ton visage, histoire d'ouvrir un peu plus les yeux. T'es vraiment crevé. Et en plus, maintenant, t'es même plus bourré. Abusé, tu vas galérer à dormir du coup. Tu vas être obligé de penser. De te tourner et de te retourner dans ton lit, à la recherche d'un sommeil qui, tu le sais pertinemment, ne viendra pas.

- C'est pas aussi facile que ça en a l'air.

Léger haussement de sourcil. D'après ce que t'as vu, elle n'a même pas essayé de se défendre une seule seconde. Et elle avait déjà réagi ainsi face à toi. Cette gosse est totalement paralysée par ses peurs. T'es bien placé pour savoir ce que ça fait. Et t'as pas franchement de méthode miracle pour remédier à ça. Tu pousses un nouveau soupir. Pourquoi tu te poses autant de questions ? C'est sa vie, ça te regarde pas le moins du monde. Et ça ne t'intéresse pas non plus. Tu sais même pas pourquoi tu lui as donné ce conseil de base. Tu te contentes donc d'un léger haussement d'épaules que tu veux désintéressé. Pourtant, quelques mots s'échappent quand même de tes lèvres. A croire qu'ils ont oublié de demander la permission à ton cerveau avant de sortir. D'ailleurs, ton cerveau, il est plutôt en mode off pour le moment. Sans doute la retombée de ton taux d'alcoolémie.

- Alors entraîne-toi davantage.

Et voilà que la gamine se met à te donner des conseils à son tour. Non mais qu'est ce qu'elle a cru ? Que c'était ta première cuite de l'année ? Tu passes ton temps à être complètement ivre de toute manière. Tu préfères largement être sous l'effet de l'alcool. Ca t'évite de trop penser. Et puis, ça te permet de voir les choses sous un meilleur angle. Les gens sont moins insupportable quand t'es bourré. Et tu comprends moins ce qu'ils racontent, donc ils sont moins inintéressant. Et avec ton job aux Trois Balais, tu tapes dans les bouteilles gratuitement et comme tu veux. Même que le patron te laisse faire sans problème. Si c'est pas magnifique. Tu finis par lui adresser un sourire narquois.

- C'est bien ce que j'avais l'intention de faire avant de tomber sur toi.

Et tu ne dis pas un mot de plus. Tu restes planté devant elle, sourire moqueur aux lèvres. Tu te demandes bien comment elle va réagir. Peut être qu'elle va penser que t'as encore envie de lui faire peur et de lui prendre quelques pièces qui traînent. Ou peut être qu'elle va culpabiliser. Ou alors elle va tout simplement partir en courant, ou essayer de te répondre en bégayant. Tu sais très bien que c'est mort pour rattraper ta nuit à présent que l'alcool a quitté ton sang. Alors autant essayer de voir si elle peut rendre le moment intéressant. Un genre d'observation comportementale on va dire.

S'entraîner davantage. Il avait peut-être raison, ce qu'elle avait fait était insuffisant, superficiel. Elle avait mis plus de cœur se rendre le plus invisible possible dans les lieux communs de l'école et à imaginer les pires tortures qu'on puisse lui faire qu'à essayer de s'en défendre. La preuve : elle avait été encore une fois incapable de bouger face aux deux filles qui n'avaient fait que rire, parler, et lui prendre les bras. Il suffisait d'un regard menaçant pour que le sang de Matilda se glace et gèle son corps tout entier. Il faudrait peut-être penser à travailler là dessus. Sauf que ce gars là n'en savait rien. Il ne connaissait pas Matilda, il ne connaissait rien, il n'avait rien à dire, il n'avait pas à lui donner des conseils, d'autant plus qu'il faisait lui même partie des peurs de la pauvre petite serdaigle. Et son air dédaigneux le rendait insupportable en plus d'être effrayant. Il est plus facile de donner des conseils aux gens en les prenant de haut lorsqu'on fait deux têtes de plus qu'eux et qu'on est deux fois plus expérimenté en magie. Matilda planta son regard percent dans celui du serpentard, mais ne dit rien. Il faisait quand même peur à voir, parce qu'à tout instant il menaçait de lui jeter un sort qui pouvait au mieux la tuer, au pire l'humilier comme l'autre fille qui l'avait pourtant bien mérité, mais aussi parce que ses yeux semblaient ne plus pouvoir être soutenus par son visage pâle. Il fallait vraiment qu'il dorme.

"C'est bien ce que j'avais l'intention de faire avant de tomber sur toi."
Ses mots étaient clairs, il n'y avait aucune folie dans son regard, il ne tremblait pas. Si les effets de l'alcool semblaient s'être estompés, l'odeur était toujours bien présente, et la fatigue se faisait sentir dans tout son être. Cela l'aurait presque rendu moins inquiétant s'il n'avait pas accompagné ses mots du sourire sadique qui avait tant terrifié Matilda la dernière fois, et qui cette fois encore lui donnait envie de partir en courant.
Mais il restait là, en face d'elle. Qu'est-ce qu'il attendait ? Qu'elle parle ? Qu'elle le remercie encore ? Il réfléchissait à la manière dont il allait lui infliger les pires souffrances ? À ce qu'il allait lui demander en échange d'avoir sauvé son collier ? Matilda ne se baladait plus dans l'école avec de l'argent sur elle depuis la dernière fois. Les objets de valeurs étaient son collier, mais il lui avait rendu donc il n'en voulait probablement pas, sa baguette magique, ses livres de première année, et ses petites chaussures vernies qui avaient coûtées une somme très importante à ses parents. Peut-être que le garçon lui demanderais un service ? En tout cas il restait là. la seule chose qui permettait de voir qu'il était vivant était le sourire qui faisait frissoner d'effroi le dos de la fillette. Ses yeux étaient à la fois vides et n'exprimaient rient. Il était totalement imprévisible. Il risquait de sortir sa baguette et d'infliger un sortilège impardonnable à Matilda à tout moment. Mais il ne le faisait pas, ou du moins ne l'avait pas encore fait. Il restait planté là. Et Matilda aussi. Pourquoi ne s'enfuyait-elle pas alors qu'elle mourrait d'envie de courir le plus loin possible ?
Après d'interminables secondes, elle fit un pas en arrière, sans quitter des yeux ceux de l'autre élève.

"Et bien bonne nuit alors." dit-elle d'une petite voix tremblante en faisant un second pas en arrière, avant de tourner les talons et de marcher le plus vite possible dans la direction opposée.

Tout en marchant dans le couloir, elle ouvrit sa main qui contenait toujours le collier volé puis rendu. Pourquoi l'avait-il aidé ? Y avait-il un intérêt ?
Avant de s'engouffrer dans un couloir perpendiculaire, Matilda ralentit le pas. jusqu'à s'arrêter et se tourner une nouvelle fois vers son sauveur.
"Alors pourquoi tu m'as aidé ? Personne ne t'as obligé à le faire, tu aurais pu continuer de marcher pour aller dormir et nous ignorer complètement"
En prononçant ces mots en élevant la voix pour que son interlocuteur l'entende, Matilda mit les mains dans ses poches pour avoir plus facilement accès à sa baguette si jamais il se décidait à bouger pour lui jeter un sort parce qu'il se serait mis en colère ou autre réaction imprévisible. On ne savait jamais à quoi s'attendre avec un garçon aussi dérangé que lui.
C'était peut-être tout simplement ça. Il était taré, cela le poussait tantôt à commettre des actes horribles, tantôt des actes héroïques, ou bien à faire des tas de choses qu'une personne normalement constituée ne ferait pas dans la même situation, sans aucune logique, sans intention ni bonne ni mauvaise que de faire un acte aléatoire à un moment donné. Sinon, peut-être qu'il culpabilisait de lui avoir volé de l'argent plus tôt dans l'année, et que débarrasser Matilda de nouveaux agresseurs était un moyen de se racheter. Ou alors il avait un plan diabolique en tête, ce n'était qu'une diversion après les choses horribles qu'il comptait faire à Matilda, ou même les choses horribles qu'il comptait faire faire Matilda aux autres gens, ou encore les choses horribles qu'il comptait faire faire les autres gens à Matilda ! Peut-être que cette dernière n'était qu'un pion dans son stratagème, et qu'elle ne le découvrirai qu'une fois que le plan de domination du monde ou autre objectif final se soit concrétisé. C'était l'hypothèse la plus plausible. Il ne pouvait qu'être diabolique, son sourire mauvais en témoignait. Au moins elle avait demandé, elle aurait la réponse. Ou peut-être qu'il allait lui mentir ? C'était fort probable.