Triste balade, tristes pensées...

C'était la fin. La fin d'une vie pour Lizzie qui avait entrepris un choix difficile, mais un choix irrévocable. Postée devant une tombe du cimetière de Godric's Hollow, la jeune fille avait tenu à rendre une dernière visite à une personne qui lui était très chère avant de tourner définitivement la page. Gravées dans le marbre froid, on pouvait y lire les inscriptions suivantes :

In loving memory of

Ruby Catherine Levinson
Anna Margaret Levinson-Summer
Mark Walter Levinson

Pleurant à chaudes larmes, la sang-mêlé semblait incapable de les retenir, les souvenirs du passé refaisaient de nouveau surface.

- J'ai échoué, je suis tellement désolée ... parvint-elle a articuler.

Agenouillée devant la stèle, la bleue et bronze était de plus en plus effondrée. Toute cette douleur enfouie jusqu'alors jaillissait en un torrent d'émotions impossible à contenir. Au fond d'elle, la cicatrice ne s'était jamais refermée, elle l'avait toujours su.

- J'ai échoué, j'ai échoué Ruby ... Je ne peux pas continuer, je ne peux plus, c'est trop dur ...

En effet, abandonner l'Ordre du Phénix constituait pour elle un cruel et cuisant échec. La mort, la destruction et la souffrance accumulées depuis des années avaient finalement pris le dessus sur le combat qu'elle avait tenté de mener pour sa défunte amie. Accablée par le chagrin, Lizzie avait finalement déposé les armes après une longue et mûre réflexion. Au matin même, elle avait laissé un mot sur la table de la cuisine, au QG.

Mes chers amis,

C'est avec une grande tristesse que je vous quitte. Je pars, définitivement.
Ne cherchez pas à me retrouver. Ne cherchez pas à me contacter. Désormais, je ne suis personne.

J'espère que vous aurez un jour la force de me pardonner.

Je ne vous oublierai jamais.

Lizzie.

Il faisait encore nuit lorsqu'elle referma la porte du 21 Eagle Place, la plupart de ses camarades étaient encore endormis sans doute. Sans se retourner, sans un dernier regard, elle avait résolument tiré un trait sur cette part importante de sa vie. Non sans regret, mais c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. La jeune fille avait tenu à faire ses adieux en toute discrétion, et c'est pourquoi elle n'avait parlé à personne de sa décision, pas même à Abygael, son amie, sa soeur de coeur. Mais quelqu'un pourrait-il seulement comprendre son choix ? Lizzie était persuadée que non, et elle culpabilisait bien trop pour en expliquer les raisons, ou leur annoncer la nouvelle en face. C'était un geste lâche, faible, désespéré, mais nécessaire. Nécessaire si elle voulait continuer d'avancer, suivre son propre chemin, continuer de vivre tout simplement. Les départs, les morts, tous ces combats dans une lutte vaine et sans merci valaient-il la peine de poursuivre ? En proie au désarrois et au doute, c'était dans ce même état d'esprit lorsqu'elle avait rejoint la société secrète que la bleue et bronze la quittait.

La sorcière resta ainsi de longues minutes, à genoux devant la pierre tombale de celle qui fut autrefois sa meilleure amie, celle qui avait toujours été pour elle une source de courage et de détermination. Une fois que la dernière larme versée sécha complètement sur sa joue, Lizzie se releva, contemplant alors l'horizon. L'aurore venait de faire son apparition. L'heure était venue. Rassemblant toute sa concentration, la jeune fille fit le vide en elle et prit la forme qu'elle appréciait de plus en plus, celle de la mésange azurée. Son plumage d'un blanc pur et d'un saphir profond brillait à la lueur des rayons du soleil qui perçaient le ciel, tel un diamant éclatant. Posée sur la stèle, Elizabeth battit alors des ailes et s'envola pour un dernier voyage ...

[PV avec Elenna Benson]

Il était treize heures, le soleil d'un magnifique éclat était à son paroxysme. C'était, à vrai dire, une superbe journée de printemps, une journée parfaite. Les fleurs commençaient à germer, les arbres arboraient de nouvelles feuilles vertes, tout naturellement cette atmosphère rendait les individus jovials. Tous les individus ? Non.

Là-bas, dans le cimetière de Goldric's Hollow, une jeune fille contrastée fortement avec le paysage, elle était agenouillée à côté d'une tombe. Elle ne semblait pas remarquer les personnes passant derrière elle. Ses cheveux châtains tombés devant son visage, on ne distinguait d'elle que ses yeux bleus perçant qui fixait inlassablement l'écriteau:

Elena Victoire FELLER (née Elins)
2080-2115
«Nous ne t'oublierons jamais»

Cette femme, Elena était sa mère. Elle était morte il y a maintenant 7ans en voulant protéger sa fille Lysandra.
Étrangement, aucune larme ne tombait sur ses joues, sa peine était bien trop profonde comme si des milliers de doloris s'abattaient sur son corps. Seule signe de son mal être, ses ongles qui transperçaient la paume de sa main tant elle serrait ses poings. La brune n'arrivait pas à se pardonner, si seulement elle avait été plus attentive ou même plus réactive peut être que sa mère serait encore là, et qu'elle serait en ce moment même avec sa famille en train de rigoler, de profiter de la vie.

Mais non, ce n'était pas la réalité, la personne qui comptait le plus pour elle était morte devant ses yeux et rien ne pourrait la faire revenir! Jamais plus elle ne reverrait son sourire, jamais plus elle n'entendrait le son de sa voix, jamais plus elle ne pourrait se blottir dans ses bras ! Tout cela était fini.
Lysandra se leva hargneusement, elle était venue ici car on lui avait dit que de lui parler pourrait lui faire du bien. Le problème c'est que la seule chose qu'elle voyait était une foutu pierre tombale pas sa mère, parler à un pierre ne résoudrait en rien ses problèmes.

Énervée, elle donna un coup de pied sur la première chose qu'elle vit, un arbre. Malheureusement ce n'était pas la chose à faire, sa cheville se plaça mal et elle entendit le craquement de son os. Elle n'eut pas le temps de réaliser ce qu'il se passa, qu'elle se retrouva déjà à terre.
La lionne essaya de se relever mais son pied ne supportait pas son poids, elle insista mais rien à faire. Le sort s'acharnait ce n'était pas possible autrement. N'ayant pas encore appris à transplaner, elle devait se débrouiller autrement. Elle prit sa baguette et lança des étincelles rouges dans le ciel, signe qu'elle avait besoin d'aide, puis la gryffondor commença à marcher à cloches-pieds en attendant que quelqu'un arrive... Elle l'espérait en tout cas.

Chaque souffle nous rapproche de la mort...

La journée avait déjà bien commencé mais elle allait surtout être longue, trèèèès longue. Le soleil brillait déjà haut au dessus de Goldric's Hollow et le printemps était bien là. Le temps était doux et les oiseaux gazouillaient joyeusement. Juste une légère brise était présente et rafraîchissait les personnes qui étaient de sortie. Dans le parc de ce petit village, une jeune femme était allongée au pied d'un arbre, inerte. Mais la vie n'avait pas quitté son corps et sa poitrine se soulevait sous le rythme régulier de sa respiration encore endormie. Vêtue d'un short en jean et de sa veste fétiche en faux poil, Elenna rêvait et ses émotions pouvaient se lire sur son visage. Un coup elle sourit puis quelques secondes après, les traits de sa frimousse se tordaient pour exprimer le dégoût. Même endormie, la belle ne s'arrêtait jamais...

La jeune femme aux cheveux couleur neige soupira et grogna doucement, se réveillant enfin. Plaquant ses mains sur ses yeux pour se cacher de la luminosité du soleil, Elen fit une grimace. Elle ouvrit d'abord un œil, puis le second, avant de se redresser doucement. Laissant échapper un râle, elle ne put ignorer le mal de crâne infernal qui venait de prendre d'assaut son esprit. La vendeuse de baguette avait l'impression qu'un match de babyfoot se déroulait à l'instant même dans sa tête. La même moue sur le visage, Elenna regarda à droite, puis à gauche. La surprise et l'incertitude purent se lire dans son regard gris et envoûtant. Le parc de Goldric's Hollow... Mais que pouvait-elle bien faire ici ? Peu à peu, les souvenirs lui revinrent. Cherchant le calme et la solitude, elle était venue ici. Malheureusement, elle avait tout trouvé sauf cela. A vrai dire, la louve avait surtout trouvé un jeune homme des plus étranges et des plus fous: Hugh Dey. La soirée, ou plutôt la nuit, avait été longue. Jouant à se faire faire des défis, les deux jeunes gens avaient conclus que chaque gage perdu égalé à trois gorgées d'alcool. Bien entendu, le premier qui ne tenait plus la route avait perdu. Pourtant, Elenna ne se souvenait pas de la fin de ce jeu... Qui avait gagné ?

Frottant ses yeux d'une lenteur extrême, la demoiselle soupira et se releva. S’époussetant, la vendeuse de baguette remua le bout de son nez, tic qui ne la quittait jamais. Elle prit enfin la route de... une route au hasard en fait. Peu à peu, Elen commençait à y voir plus clair, ressemblant de moins en moins à une morte vivante. Traînant les pieds et regardant un petit caillou dans lequel elle shootait, le loup-garou ne se rendit pas de suite compte qu'elle avait quitté le parc pour se rendre dans un lieu beaucoup moins accueillant. Elenna releva enfin son regard et ouvrit de grands yeux. Le cimetière... Bien, très bien, que faire maintenant ? Il fallait qu'elle retrouve la sortie...

Accélérant son allure, son visage reprenant des couleurs humaines petit à petit, la belle aperçut enfin une grande arche en fer. C'était certainement le moyen pour elle de quitter ce lieu. Le cimetière derrière elle, elle soupira. Malheureusement, son instinct et son odorat développé depuis qu'elle avait été mordu la poussèrent à se retourner. Dans le ciel, quelques petites étincelles de lumières rouges voletaient. Fronçant les sourcils, Elenna se souvint qu'à Poudlard, on lui avait appris à faire cela si pour une raison importante elle devait signaler sa présence. La jeune femme soupira, maudissant sa gentillesse et sa curiosité, re-pénétrant dans le cimetière et se dirigeant vers les signaux. Rapidement, elle vit une jeune fille qui marchait en clopinant vers elle.

" Mademoiselle ? Vous allez bien ? "

Sans plus attendre, la sorcière que beaucoup trouvaient étrange partit au petit trot vers la jeune fille. Elle semblait mal en point, ne prenant pas appui sur un de ses pieds. Se précipitant pour la soutenir, Elen lui adressa un sourire sympathique avant de la forcer à s'asseoir doucement.

" Asseyez-vous, laissez-moi regarder. Comment avez-vous fait cela ? Vous me laissez réparer cela ? "

Sortant sa baguette pour réparer les dégâts, Elenna s'assit aux côtés de la petite brune, son regard doux et sa voix calme pour la rassurer.

RP avec Mike Starkiller

Il était bientôt 18 heures mais Liberty continuait à vagabonder dans les rues de Godric’s Hollow. Elle venait de passer une bonne partie de l’après-midi à ressasser ses mauvaises pensées. Comme chaque dernier jour de vacances, la sorcière était habituée à passer au cimetière pour se recueillir sur la tombe de son défunt frère. Il s’agissait, à chaque fois, d’une torture pour la jeune fille. C’était à chaque fois la même chose. Liberty allait changer les fleurs qu’elle avait déposées lors de sa dernière visite. C’était à chaque fois la même colère. Personne d’autre qu’elle ne venait refleurir la tombe de Louis, son frère. Voir les fleurs défraichies la mettait hors d’elle. Liberty n’arrivait pas à comprendre comment ses parents pouvaient laisser l’endroit où repose désormais son frère dans cet état. Durant les périodes scolaires, la bleue et bronze est à Poudlard. De ce fait, elle ne peut pas y aller. Mais ses parents, eux, qui habitent à 20 minutes, peuvent s’y rendre sans problème ! Pourquoi ne le faisaient-ils pas ? !

Pour se calmer, Liberty avait décidé de se promener dans la ville. Elle croisa des anciennes connaissances. Des jeunes qu’elle avait fréquentés lorsqu’elle était dans une école moldue, avant d’intégrer l’école de sorcellerie. La Serdaigle les salua, mais ne chercha pas à avoir de leur nouvelle. C’était trop douloureux d’aborder ses jeunes moldus qui la connaissait mieux que quoiqu’onques à Poudlard. La jeune fille reconnue au loin Jared, le meilleur ami de son frère. Elle avait entendu par le voisinage qu’il faisait de droit. BAM, douleur dans la poitrine. S’il était toujours parmi eux, que serait en train de faire Louis aujourd’hui ? Medicomage ? Professeur ?

Les pensées se battaient dans la tête de la sorcière. Quand allait-elle cesser d’y penser ? Les journées à Poudlard étaient plus faciles depuis quelques temps. Cependant, dès qu’elle revenait chez elle, les idées noires refaisaient surface. Cela allait-il cesser un jour ?

Prise de vertige, la bleue et bronze décida de se poser sur un banc. Elle ne voulait plus rentrer chez elle. Ses parents la questionneraient sur sa journée, et des paroles désagréables s’ensuivraient. Liberty décida alors de rester le plus longtemps possible dehors. Elle observa le coucher du soleil. L’endroit était calme, il n’y avait personne pour la déranger. La sorcière pouvait se reposer. Elle se sentait toujours un peu faible, son teint devait avoir viré au blanc. Un frisson parcourut son corps. Les rayons du soleil n’étaient plus présents pour la réchauffer. La journée avait été magnifique. De ce fait, Liberty n’était vêtue que d’un tee-shirt à courte manche. La Serdaigle releva ses jambes sur le banc pour les plier contre sa poitrine. Cette position lui permit de se réchauffer.

Perdue dans ses tristes pensées, la jeune fille ne voyait pas les quelques passants, terminant leur promenade…

Mike se rendait rarement à Godric's Hollow. Le village lui rappelait quelques mauvais souvenirs dont la mort d'Alicia Newman. Pourtant le village était plutôt joli et agréable. Ce fut la raison pour laquelle il décida d'y retourner pour se promener, afin de chasser les vieux fantômes de son passé. Il vivait une vie paisible avec sa compagne et tout semblait aller pour le mieux. S'il devait tenter de remettre les pieds dans ce triste lieu pour lui, c'était bien le moment. Surtout que c'était dans ce village que pour la première fois de sa vie, il avait vu Solange O'Riley. tout n'était pas mauvais au final et ce fut cette pensée qui le fit transplaner jusqu'ici.

Il avait confié Les Trois Balais à Luia Luminos, sa serveuse. Celle-ci venait de l'avertir qu'elle allait bientôt arrêter. Elle venait de terminer ses études et Ollivander's lui proposait une place plus intéressante. Elle aurait eu tort de refuser et le gérant ne lui fit aucun reproche, il était même content qu'elle trouve une meilleure opportunité qui lui convenait mieux au final. Il profita alors de ce dernier moment de répit avant de devoir de nouveau faire tout le service tout seul. Se balader était ce qu'il faisait quotidiennement mais jamais à Godric's Hollow.

Il passa devant le cimetière et s'arrêta devant l'entrée. Non, il n'irait pas voir les tombes des personnes qu'il avait connu. Les enterrements n'étaient jamais de bons moments à passer. Il avait perdu quelques amis et également un élève lorsqu'il était à Poudlard. Le problème du trentenaire, ce fut qu'il n'avait jamais mis les pieds dans ce village en dehors des enterrements. Comment pouvait-il y avoir de bons souvenirs ? Pourtant sa compagne lui avait proposé de venir avec les enfants y faire un tour mais il avait refusé. Il préférait faire seul ce premier pas.

Il arpentait les rues sans but précis, marchant comme à l'accoutumée. Le soleil déclinait et l'ancien Serdaigle poussa un soupir en se disant que c'était bientôt la fin de l'été. Il détestait cette période où il venait tout juste de reprendre le travail et qu'il savait que les beaux jours allaient disparaître pendant de longs mois. Combien de rentrées à Poudlard avait-il faites sous la pluie ? Il avait eu l'impression d'être dans la génération des records avec quatre premiers jours pluvieux et un seul avec beau temps. Certes, l'avantage c'est qu'avec la pluie, tu ne regrettes pas d'être à l'école plutôt que de jouer dehors mais quand même... Il eut un sourire en ayant ses pensées, la jeunesse ne voit jamais la chance d'être un enfant. L'insouciance de l'époque, ne pas se préoccuper plus que ça de l'avenir et s'amuser sans conséquences, c'était ça les véritables moments de vie intéressants. Il regarda les gens passés autour de lui, ils étaient de moins en moins nombreux. Son regard s'attarda sur une jeune fille aux cheveux blonds. Son visage était livide avec ses genoux remontés contre sa poitrine. Faisait-elle un malaise ? Elle était d'une pâleur mortelle. Le sorcier pressa l'allure jusqu'à la jeune demoiselle solitaire.

- Mademoiselle, vous ne vous sentez pas bien ? Vous voulez que je vous ramène à vos parents ou voir un Médicomage ?

La voir de Mike était calme mais au fond de lui il était inquiet. Il n'avait pas l'intention de laisser cette jeune personne toute seule et dans cet état là.

Liberty observait toujours au loin sans but précis. Elle n’entendit pas les bruits de pas se rapprocher d’elle. La jeune fille était toujours perdu dans ses pensées, ne voyait pas ce qu’il se passait autour d’elle. La voix d’un homme la fit sortir de ses rêveries. C’était un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Il devait avoir environ 35, 40 ans. La sorcière leva les yeux vers lui afin de le détailler. Il portait un long manteau brun qui ne lui était pas inconnu. Liberty se demanda si elle ne connaissait pas cet homme. Son visage, sa silhouette lui disait quelque chose.

L’homme lui demanda si elle allait bien et s’il devait l’accompagner jusque chez ses parents ou un médicomage. La Serdaigle fut surprise d’entendre l’inconnu parler d’une telle façon. Le terme médicomage était inconnu pour les moldus et ils étaient tous les deux dans une allée où habitent quelques moldus. Néanmoins, cette demande rassura Liberty. Elle n’avait pas affaire à un moldu prêt à l’obliger à rentrer chez elle.

La jeune fille releva donc la tête et la secoua de gauche à droite afin de refuser ses deux dernières propositions. Elle déclara ces quelques mots : « Tout va bien… Merci Monsieur. »

Liberty fit glisser ses jambes doucement pour reprendre une position assise correcte. Pendant ce temps, l’homme qui venait de l’aborder était resté sur place. Une question revint lui revint en tête : « Connaissait-elle cet homme ? ». C’était un sorcier, cela ne faisait aucun doute, sinon il n’aurait pas parlé de Médicomage. Pourquoi avait-il risqué de lui dire cela ? Liberty regarda sur le côté et vit sa baguette dépasser légèrement de sa poche de jean. La jeune sorcière tira sur son tee-shirt afin de l’agrandir et de cacher cet objet.

Ne voulant pas paraître désagréable, Liberty chercha une petite réplique à lancer à ce sorcier. Elle croisa les bras (elle avait toujours froid) et fit un léger sourire à cet inconnu.

« On ne se serait pas déjà vu quelque part ? Je veux dire… dans le milieu de la sorcellerie ? »

Liberty n’avait pas les idées claires et avait des difficultés à s’exprimer. Elle voulait simplement savoir comment Mike avait deviné qu’elle était aussi sorcière.

La jeune demoiselle refusa les deux propositions de Mike, ce qui ne l'étonnait pas plus que ça mais il n'avait pas l'intention de bouger. Il pouvait s'en passer des choses avec une personne affaiblie et le trentenaire devenait de plus en plus protecteur envers les enfants, même si c'étaient des adolescents. Sans doute était-ce un effet secondaire de sa vie commune avec les enfants qu'élevaient Solange. en tout cas, elle était très polie cette petite. Elle prit une position normale sur le banc, sans doute pour lui faire comprendre que tout allait bien mais le sorcier n'était pas dupe. Elle était encore très pale. Pourtant, elle n'avait pas envie de retourner chez elle, ou du moins pour l'instant. Que se passait-il pour qu'elle préféra rester seule dans le soleil couchant plutôt que d'être en sécurité chez elle ?

Il remarqua sa baguette uniquement quand elle avait tiré sur son t-shirt pour la cacher. À ce moment là, Mike se rendit compte de son imprudence d'avoir parlé de Médicomage. Pourtant, dès le premier abord il avait su que c'était une sorcière mais qu'est-ce qui avait bien pu le faire arriver à cette conclusion ? Il regarda attentivement le visage de la jeune demoiselle et il avait l'impression que c'était familier. Pas comme s'il avait rencontré déjà cette jeune femme auparavant mais les traits de son visage ressemblaient à une autre personne. Heureusement pour lui que c'était bien une sorcière, sinon il aurait été obligé d'utiliser un oubliator pour effacer ce souvenir de la mémoire.

Elle croisa les bras mais pas dans le but de faire comprendre qu'elle était importunée par le sorcier se trouvant devant elle. Il la vit légèrement frissonner et il comprit qu'elle avait froid. Elle lui demanda s'ils s'étaient déjà vus.

- Peut-être ou peut-être pas. Je suis le propriétaire des Trois Balais à Pré-au-Lard. Peut-être m'avez-vous vu là-bas. Mais comme vous, je n'ai aps le souvenir que l'on se soit déjà rencontrés. Ne me demandez pas comment j'ai su que vous étiez sorcière, je l'ai su comme si c'était une évidence. Plus je vous regarde, plus vous me faites penser à quelqu'un mais je ne saurais pas qui dire qui.

Il fit un sourire bienveillant mais ce n'est pas ce qui réchaufferait la petite demoiselle. Il enleva son manteau brun et le lui tendit.

- Mettez-le. Ça se voit que vous avez froid alors n'essayez pas de mentir, dit-il avec une expression amusée. De plus, ça se voit aussi que vous n'êtes pas bien. Si vous n'êtes pas malade maintenant, vous risquez de l'être plus tard si vous ne vous couvrez pas. Je ne suis pas certain que la directrice de Poudlard serait ravie que je vous ai laissé vous morfondre dans le froid.

Il eut un petit rire à la pensée du hibou qu'il aurait pu recevoir. La vieille folle ne l'appréciait pas plus que ça et c'était bien réciproque. Ce n'était pas pour rien qu'il avait quitté le poste de directeur des Serdaigles.

Les bras toujours croisés, Liberty écouta la réponse de l’homme face à elle. Il s’agissait du propriétaire des Trois Balais, situé à Pré-au-Lard. La sorcière pouvait l’avoir déjà vu à cet endroit, mais cela était peu plausible. Elle allait rarement sur les chemins de Pré-au-Lard et encore moins pour aller boire un verre. Si elle devait se rendre à cet endroit, c’est surtout pour faire des achats. La dernière fois qu’elle avait dû mettre les pieds là-bas, c’était lors de son premier jour de sortie à Pré-au-Lard. Ses camarades et elle voulaient absolument rentrer dans tous les commerces possibles. Elle s’est même rendue à la Tête du Sanglier, pour vous dire.

Le propriétaire des Trois Balais lui dit alors que son visage lui semblait familier. La Serdaigle, elle, était persuadée de n’avoir jamais rencontré cet homme. Mais après tout, elle imprimait rarement le visage donc il était possible qu’ils se soient déjà rencontrés dans d’autres circonstances.

Puis, l’homme lui retira son manteau et le tendit à Liberty. La jeune fille le regarda quelques instant en faisant mine de ne pas comprendre. Effectivement, elle commençait à avoir très froid. Les rayons du soleil n’étaient plus présents pour réchauffer le corps de la bleue et bronze. Elle eut un petit rire en entendant sa remarque sur la directrice de Poudlard. Liberty n’était pas certaine qu’elle se préoccuperait qu’une élève rentre malade mais le geste de cet homme la toucha. Ainsi, elle accepta le manteau et le fit glisser au-dessus de ses épaules. Un « Merci » s’échappa de la bouche de Liberty.

Tout de suite, les bras de Liberty furent confrontés à la chaleur du manteau. La veste de cet homme était cinq fois trop grande pour la jeune fille, mais elle n’avait plus froid. La Serdaigle fit un sourire reconnaissant à l’inconnu. Contrairement à ce qu’elle pensait quelques minutes plus tôt, être seul n’était pas une solution pour sortir de son chagrin.

Miss Harshing n’en saura rien ! promit Liberty, avec un petit rire. Merci beaucoup… Mais vous, vous n’allez pas avoir froid ?

Etrangement, la blonde voulait faire la conversation. Il était rare qu’elle s’adresse de cette manière à un inconnu. Il semblait néanmoins ne lui vouloir aucun mal. Il s’était montré très avenant envers elle, Liberty pouvait tout de même se montrer polie.

Vous êtes allé à Poudlard, j’imagine? Moi, j’appartiens à la maison Serdaigle – expliqua Liberty. Comme à son habitude, elle éprouvait un peu de fierté quand elle citait la maison. D’une part parce que cette maison était réputée pour accueillir des élèves intelligents. D’autre part, parce que toute sa famille y était passée. Au faite, mon nom est Liberty Owen. Peut-être que cela vous éclairera sur la manière dont on s’est déjà vu.

Un sourire s'échappa du visage du trentenaire lorsqu'il vit la jeune demoiselle porter son manteau. Ce qui le faisait sourire, c'était de la voir dans ce manteau si grand pour elle. Cela lui rappelait qu'il avait tant envie d'avoir une fille. Il n'avait pas d'enfants et cela commençait à le travailler, surtout depuis qu'il avait trouvé celle qui serait la mère. Ils s'aimaient plus que tout et elle serait bientôt prête à lui faire ce beau cadeau. Pour l'instant, elle voulait profiter pleinement de leur relation et peut-être qu'elle avait encore peur qu'il s'en aille, comme par le passé.

L'adolescente le remercia et lui demanda s'il n'allait pas avoir froid. Il s'en moquait et surtout ça n'avait pas d'importance. Il faisait un peu frais en ce début de soirée mais c'était largement supportable et puis de toute façon, il préférait avoir froid plutôt que ce soit la jeune demoiselle. Au final, il se disait qu'il était probablement prêt pour être père. Il commençait à se soucier de plus en plus des autres. Il quittait sa bulle égoïste.

- Ne vous en faites pas pour moi. Ma mère ne me grondera pas.

Il ne pouvait s'empêcher de faire l'ironie. C'était ce qui lui permettait de faire facilement des rencontres et de tisser des liens avec certaines personnes. Dans le cas présent, l'adolescente ne se sentait pas bien et elle n'avait pas l'air malade. Il y avait sûrement quelque chose et son intrusion pouvait peut-être permettre qu'elle aille mieux. Et puis, il était toujours bon de sourire un peu. Cela nous rappelait qu'au final, il y avait du bon pour ne pas sombrer dans la tristesse de ce monde.

- Puis-je m'asseoir ? fit-il en désignant le banc.

Il se demandait où étaient ses parents. Peut-être s'inquiétaient-ils qu'elle ne soit pas encore rentrée. Il n'eut pas le temps de penser trop à ce sujet que la demoiselle le questionna. Il lui sourit parce qu'il se doutait que ce n'était pas forcément dans le tempérament de la jeune femme que de faire la conversation. Elle avait besoin de parler à quelqu'un et lui savait écouter. Elle lui dit qu'elle était de Serdaigle et il sentit la fierté logique qu'elle pouvait avoir. Il se souvenait qu'à l'époque où il était élève dans cette maison, ils ne rataient jamais une occasion de dire qu'ils étaient l'élite. Elle donna ensuite son nom et le nom de famille ne put que le faire tiquer. Owen... il avait connu un garçon de Serdaigle qui était mort à Godric's Hollow et qui était enterré au cimetière du village... Il regarda le visage de miss Owen et il comprit pourquoi il trouvait ses traits familiers.

- Serdaigle, tu peux être fière de faire partie de cette maison. Ça a été mon cas également et j'ai même eu le plaisir d'en être le directeur pendant deux ans.

Il prit un air grave. Il ne savait pas comment aborder le sujet. Les années avaient beau passer, la mort d'un membre de sa famille était une plaie qui ne guérissait jamais vraiment. Liberty se trouvait sur ce banc, pas très loin du cimetière.

- En tant que directeur, j'ai connu un Owen. Brillant, très brillant. Je suppose qu'il s'agit de ton frère. Tu as un air de famille.

Il posa sa main sur l'épaule de l'élève. Il était probablement en train de lui raviver des souvenirs pénibles mais il ne pouvait pas faire comme s'il n'avait pas connu le frère. Il arbora un sourire pour éviter de tomber dans la mélancolie.

Un sourire s’afficha sur le visage de Liberty lorsque l’homme ironisa sur la situation. Il avait raison, c’était elle l’adolescente et non le contraire. La jeune fille n’avait pas l’habitude de ce type de comportement. Ses parents avaient depuis longtemps considéré Liberty comme une pré-adulte. Elle était autonome, et demandait de moins en moins conseils aux autres. Elle venait d’avoir 17 ans après tout. L’âge de la majorité chez les sorciers. La blonde pouvait désormais utiliser la sorcellerie en dehors de Poudlard. Il ne lui restait qu’à passer son permis de transplanage et elle serait totalement autonome. Plus besoin de dépendre d’un portoloin ou des cheminés.

Liberty acquiesça d’un signe de la tête lorsque l’inconnu lui demanda s’il pouvait s’assoir. Assise au milieu du banc, elle se décala sur le côté pour lui faire de la place. Son interlocuteur lui apprit avoir appartenu à la maison des aigles dans le passé. Il avait même été directeur ! Il devait être un homme très cultivé et très apprécié à Poudlard pour avoir accéder à la place de directeur. Quelques questions se bousculèrent dans la tête de la sorcière. Elle voulait aborder Poudlard à son époque, s’il connaissait certains professeurs… La blonde voulait à tout prix faire conversation pour oublier la journée pénible qu’elle venait de passer. C’était dans son tempérament d’esquiver ses douloureuses pensées.

Cependant, Liberty n’eut pas le temps de poser ses questions. Le visage de l’homme assis à côté d’elle se ferma puis il prononça ces mots :

En tant que directeur, j'ai connu un Owen. Brillant, très brillant. Je suppose qu'il s'agit de ton frère. Tu as un air de famille.

L’homme posa ensuite sa main sur son épaule désormais vétu du manteau de l’ancien directeur. Liberty écarquilla les yeux en entendant cette phrase et détourna son visage. C’était écrit, elle devait passer une mauvaise journée. Elle devait décidemment souffrir aujourd’hui. Qu’elle était la probabilité que la jeune fille rencontre un sorcier à Godric Hollow ? Qui connaissait, qui plus est, son défunt frère ?! Elle devait avoir mal entendu, ce n’était pas possible. Owen + Serdaigle + cet air de famille. Pas besoin d’être chez les bleus et bronze pour faire cette déduction. Le propriétaire des Trois Balais avait connu Louis Owen, son frère. Pourquoi était-elle surprise ? Il avait fait sa scolarité à Poudlard, était un jeune homme très apprécié par ses professeurs. Il avait beaucoup d’humour et était très intelligent. Il n’hésitait pas à aider les autres élèves lorsqu’ils étaient en difficulté. Evidement que Louis avait marqué certains esprits ! Il est vrai aussi que Liberty avait de nombreux traits de son frère.

L’adolescente évitait désormais le regard de son voisin. Que pouvait-elle répondre ? Une chose était sûre, elle ne pouvait pas dire que son frère était mort. Elle en était incapable. Prononcer ces paroles lui ferait revivre l’annonce de sa mort. Entendre qu’un stupide moldu l’avait percuté. « Il n’a pas souffert, il est mort sur le coup » disait le médecin. Ses propos étaient censés soulager sa douleur. Cependant, elle restait présente quotidiennement.

Liberty passa sa main dans ses cheveux. L’ancien directeur des Serdaigles devait la trouver étrange, à moins qu’il ne comprenne le malaise. La sorcière inspira assez bruyamment pour reprendre ses esprits. Interdiction de pleurer. Elle tourna sa tête vers cet homme qui la regardait avec un sourire… compatissant ? Vu son regard, il savait. Il savait que son frère ne faisait plus parti de ce monde.

Vous devez parler de Louis. Louis Owen, il s’agit bien de mon frère…

Elle avait prononcé cette phrase faiblement. Liberty ne savait même pas si Mike avait pu entendre le mot « frère ». La jeune fille se sentait désormais vulnérable. Parler, ou simplement penser à son frère lui faisait baisser ses armes. Elle ne pouvait cependant pas se permettre de craquer devant cet homme. Elle ne pouvait pas se permettre de craquer tout court. De quoi avait-elle peur remarque ? Cela faisait longtemps que les larmes ne coulaient plus. Liberty avait simplement envie de crier, d’extérioriser sa douleur…

L’anglaise ne savait pas quoi ajouter de plus. Une nouvelle fois, elle détourna son regard pour fixer un arbre au loin. Si elle avait retrouvé des couleurs sur son visage, elles avaient dû disparaître aussi rapidement.

L'ancien directeur sentit qu'il avait mis mal à l'aise la jeune fille. Elle devait être un membre proche de l'Owen qu'il avait connu. Il se demandait s'il n'avait pas manqué de tact. Elle fuya son regard pendant un moment. Elle finit par retrouver du courage, passant sa main dans ses cheveux avant de se tourner vers lui. Elle avait pris une grande inspiration avant de lui révéler qu'il s'agissait de son frère Louis. Oui, Mike l'avait connu et il se doutait que la tristesse de sa sœur devait être immense. La mort du petit louis était une histoire sordide, un accident causé par un moldu et une vie balayée stupidement. Un brillant avenir lui était promis et malheureusement, tout fut terminé avant. Il se souvenait de cet enterrement au cimetière de ce village. À l'époque, Liberty était toute petite. Elle avait bien grandi depuis et il ne doutait pas de ses grandes capacités. Celle-ci venait de détourner de nouveau son regard de lui. La plaie de cette mort était toujours ouverte. Il se demandait s'il existait des mots pouvant la consoler.

- Ton grand frère était le meilleur Serdaigle de ma maison. Il savait se servir de sa tête. Il n'était pas forcément le plus doué en matière de magie mais son intelligence compensait largement. Et sa popularité était due au fait qu'il était de nature modeste. Sans compter qu'il aimait faire rire les autres. Il était populaire.

Il souriait en racontant tout ça mais très vite, il finit par s'en vouloir intérieurement. Il ne devait pas complexer la petite sœur. Souvent, les gens pour faire plaisir, racontaient à quel point la personne défunte était importante et parfois ça finissait par semer le trouble dans ceux qui restaient. Déjà vivant, il n'était pas bon de comparer deux frères et sœurs mais c'était encore plus difficile à supporter lorsqu'il y en avait un des deux qui était mort. Lui n'avait pas connu ça parce qu'il était un enfant abandonné mais il se souvenait d'un ami qui vivait avec le poids d'un père brillant qui était mort. Combien de fois ces professeurs disaient à son ami que son père était puissant et intelligent, rabaissant souvent le fils sans faire exprès.

- Il était heureux à Poudlard et cela se sentait. Et toi ? Tu aimes bien Poudlard ? Tes études se passent comme tu voudrais ?

Le propriétaire des Trois Balais avait de la sympathie pour la jeune demoiselle. Il trouvait normal qu'en tant qu'ancien directeur, ce soit dans ses missions que de veiller sur ses anciens élèves. Certes la jeune Owen n'avait pas été une de ses élèves mais son lien de sang avec l'Owen qu'il avait connu, le poussait à vouloir la protéger.

Liberty sentit ses yeux se remplir de larmes lorsqu’elle entendit cet homme lui parler de son frère. « Le meilleur Serdaigle de sa maisonIl aimait faire rire les autres », « populaire »… Ces mots raisonnaient dans la tête de la jeune fille. Elle reconnaissait bien son Louis. Elle avait d’ailleurs toujours voulu lui copier. La sorcière cherchait à toujours faire bonne figure en plaisantant, en essayant d’être populaire. Elle avait essayé ces dernières années mais elle avait lâché l’affaire. En effet, cela n’était que pure hypocrisie. A quoi bon faire rire des personnes qui ne nous connaissent pas ou qui ne veulent pas nous connaître. Les gens étaient égoïstes et la Serdaigle venait seulement de le réaliser. A moins que cela soit dû à sa promotion en tant que préfète. Elle voyait les choses différemment.

Dans tous les cas, ce portrait faisait chaud au cœur de la blonde. C’est pourquoi, elle frotta ses larmes qui commencer à perler le long de sa joue. Pourquoi pleurait-elle finalement ? Le propriétaire des Trois Balais venait de dire de très belles choses sur son frère. Liberty sourit alors lorsque Mike lui dit que son frère était heureux à Poudlard. Elle n’en doutait pas une seconde. Bien qu’elle fût encore petite à l’époque, la jeune fille se souvenait que son frère lui montrait tous ce qu’il avait appris lorsqu’il revenait pendant les vacances scolaires. Ils lisaient ensemble des livres de sorcellerie, mangeaient des sucreries ensorcelées… Louis ne cessait de faire l’éloge de cette école : Poudlard !

Après avoir essayé de sécher ses quelques larmes discrètement, Liberty se tourna vers son interlocuteur afin de lui répondre.

Oui, il me disait toujours que Poudlard était sa deuxième maison… je le comprends désormais…

La jeune fille s’arrêta. Elle voulut lui dire qu’elle considérait Poudlard comme son unique maison, mais elle décida de ne pas poursuivre. Pour quoi passerait-elle ? Pour une petite fille ingrate ne comprenant pas la douleur de ses parents. Quelque part, Liberty le savait : ses parents n’avaient pas perdu un fils mais ses deux enfants ce soir-là. La bleue et bronze fût métamorphosée le jour de ce drame.

Poudlard est vraiment en endroit merveilleux. Je m’enrichie tous les jours sur la magie. Mais je ne vous apprends rien puisque vous avez été élève aussi…

Et directeur ! se souvint Liberty. Oui, l’homme assis à côté d’elle lui avait dit précédemment qu’il avait été directeur de la maison Serdaigle lorsque son frère était encore en train de faire ses études. La jeune fille se remémora le jour de l’enterrement de Louis. Il s’agit d’un souvenir douloureux mais supportable. Beaucoup de sorciers et de moldus étaient présents pour lui dire au revoir. Sa mère lui avait expliqué que des professeurs de Poudlard étaient également présents. Evidemment, Liberty avait assisté à cet enterrement lorsqu’elle était encore une petite fille. Une question lui brulait aux lèvres. La jeune sorcière décida de lui poser la question.

Vous étiez présent n’est-ce pas ? Je veux dire… pour lui dire au revoir… ?

Liberty reprit cette expression que lui avait dite sa mère. Elle trouvait cela plus beau, plus vrai que d’utiliser le terme « enterrement »…

La conversation n'avait rien de joyeuse et Mike n'était en général pas très à l'aise dans ce genre de situation. Pourtant il ne le montrait pas et paraissait plutôt protecteur. Comme toujours, il feignait de l'être lorsque ce n'était pas le cas. Liberty n'avait pas besoin qu'un homme ayant connu son frère, se déroba au milieu de la discussion. Cela lui aurait fait plus de mal qu'autre chose, surtout qu'elle était sous le coup de l'émotion. Elle venait de sécher ses larmes discrètement et l'ancien Serdaigle faisait comme s'il n'avait rien remarqué. Il ne voulait pas mettre plus mal à l'aise la jeune femme que ce qu'elle était déjà. Surtout qu'avant leur rencontre, elle ne semblait déjà pas tellement aller bien. Elle lui révéla la pensée de son frère concernant Poudlard. Comme beaucoup et c'était d'ailleurs fait exprès, il considérait l'école comme sa deuxième maison. Pour le trentenaire, malheureusement ce lieu n'avait été que son unique maison, lui l'enfant abandonné.

- Il est rare de penser le contraire. Cette école a été faite dans le but que chaque élève se sente chez lui et se sente normal. Pour beaucoup de Moldus, ce que nous sommes leur paraît être une atrocité de la nature. Ils ont peur de ce qu'ils ne comprennent pas. Et puis il faut avouer que l'école doit être bien confortable pour accepter d'y passer une grande partie de l'année dès le plus jeune âge, loin de la douceur du foyer parental.

Il ne savait pas pourquoi il disait cela, peut-être dans le but de redonner le sourire à l'élève. Poudlard regorgeait en général de bons souvenirs pour tous les élèves, même lorsqu'il s'y passait des événements tragiques. Sauf qu'il avait peut-être fait une erreur en parlant du foyer parental. Liberty ne semblait pas pressée de rentrer chez elle. Sans doute parce que dans sa maison, ses parents vivaient encore le chagrin de la perte de leur fils aîné. Qu'y a-t-il de plus terrible que la perte d'un enfant ? C'était contre nature et une mort si brutale était terrible à surmonter. Parfois les parents oubliaient l'existence des autres enfants. Malheureusement en tant que directeur, il avait connu ça avec un garçon turbulent. Son frère aîné né moldu, était mort lors d'une soirée avec des amis après un accident de voiture. Les parents avaient délaissé le petit dernier et celui-ci faisait tout pour rappeler qu'il était encore en vie et espérait attirer ainsi l'attention de ses parents. Mais visiblement, la jeune demoiselle Owen ne semblait pas être dans ce cas de figure.

Elle lui demanda de façon détournée s'il avait été présent à l'enterrement. En tant que directeur de la maison, il ne pouvait s'y soustraire et de toute façon, il trouvait normal d'y aller. Il avait subi cet événement douloureux, lui rappelant certains autres passés. Les enterrements étaient un moment où Mike était en grande faiblesse. Il essayait de montrer le contraire mais au fond de lui, il était dévasté.

- Oui, j'y étais.

Il poussa un soupir tout en posant sa main sur l'épaule de la jeune demoiselle. Il la regardait dans les yeux. Il ne pouvait rien rajouter d'autres concernant l'enterrement. Sa voix l'aurait trahi et surtout, que pouvait-il dire d'autre ? En général, ce n'était pas un sujet de discussion très long. Il préféra en aborder un autre, il ressentait le poids qu'elle avait et il voulait l'en soulager un peu.

- Tu as un passé lourd à porter mais tu ne dois pas oublier de vivre. J'imagine que je ne suis pas le premier à te parler de ton frère mais tu n'es pas lui. Ne vis pas la vie qu'il aurait aimé à voir ou que tes parents auraient voulu qu'il est. Tu es sa sœur, tu as d'autres qualités qui te rendent unique et attachante. Mène ta vie selon tes désirs.

Il lui fit un sourire encourageant, espérant qu'elle verrait qu'elle n'était pas enfermée dans un schéma tout préparé pour elle. Peut-être l'avait-elle déjà compris mais souvent pour attirer l'attention de gens qui vous délaissent, vous voulez être comme celui qui était apprécié, celui dont tout le monde vous parle avec émotion et regret. Les gens faisaient toujours l'erreur de faire porter le poids d'une mort regrettable sur la personne qui reste.

C’était la première fois depuis des années qu’une personne ne cherchait pas à éviter ce sujet de conversation. Liberty pensait que ne plus parler de son frère la soulagerait. Elle réalisa que c’était faux. Échanger avec cet homme de Louis lui permit de repenser aux bons moments passés avec son frère. Cela lui permettait également de croire que, depuis son décès, Louis n’était pas passé aux oubliettes. Car c’était ce sentiment que la Serdaigle avait : que sa famille avait subi ce sort et qu’elle ne devait plus jamais parler de ce jeune garçon.

Liberty acquiesça à la première remarque de Mike. Elle se souvint de son tout premier tour de magie. Lorsqu’elle jouait au football, jeu moldu, avec son frère et ses amis moldus, Liberty a fait son tout premier tour de magie. Le ballon était venu s’éclater sur le nez du meilleur ami de Louis, Jared. Les autres enfants n’avaient pas compris ce qui s’était passé, mais ils savaient que c’était quelque chose d’ « anormal ». A ce moment, la blonde venait de réaliser pour ses parents cachaient aux moldus du village les pouvoirs des Owen.

Un sourire s’afficha sur le visage de la bleue et bronze « l'école doit être bien confortable pour accepter d'y passer une grande partie de l'année dès le plus jeune âge, loin de la douceur du foyer parental. » C’était tout à fait ça ! Poudlard lui permettait de lui changer ses esprits, de ne plus avoir de douloureuses pensées. Dès qu’elle revenait à son domicile, Liberty souffrait. Elle n’avait rien d’autre à penser que son frère. Bien que ses parents ne laissent rien paraître devant sa fille, la Serdaigle voyait bien leur souffrance. D’ailleurs, elle avait entendu une journaliste une fois à la télévision moldu qui disait « C'est étrange... Dans le vocabulaire courant, quand on perd son père, sa mère ou ses deux parents, on dit qu'on est "orphelin". Quand on perd sa femme, on est "veuf". Ou "veuve" quand c'est son époux. En revanche, quand on perd ses enfants, on ne dit rien. » Liberty s’était reconnue lorsque cette moldue avait dit ses mots. Puis, elle avait pensé au chagrin que ses parents pouvaient ressentir…

Lorsque la jeune fille lui demanda si l’ancien directeur des Serdaigles était présent à l’enterrement de son frère, ce dernier lui répondit que oui. Cette réponse était accompagnée d’un soupir qui en disait beaucoup. Ensuite Mike la regarda dans les yeux. Il n’y avait rien d’autre à dire et la sorcière le savait. Elle regrettait même de lui avoir posée cette question, se rendant compte qu’elle avait mis cet homme mal à l’aise. Etrangement, Liberty ne détourna pas le regard et lui adressa un petit sourire reconnaissant.

Puis, le gérant des Trois Balais reprit la parole. Il avait raison et la jeune fille le savait. Elle commençait doucement à s’en rendre compte. Pour la première fois, Liberty eut envie de se confier à quelqu’un. Elle hésitait à répondre à Mike. Après tout, il n’était qu’un inconnu. Mais à qui pouvait-elle se confier ? Harradas ? Il la connaissait depuis toute petite mais ils n’étaient pas « amis ». Elle commençait tout juste à apprendre à connaître Simon, ce Gryffondor pour qui elle éprouvait beaucoup d’affection. La jeune sorcière se rendit compte qu’elle n’avait finalement pas vraiment d’amis à Poudlard. Des connaissances mais personnes à qui se confier. C’est pourquoi, la blonde décida de lui répondre :

Je sais… Mais c’est si difficile de réussir à surmonter ça seule, quand tout me le rappelle. Liberty détacha son regard de son interlocuteur pour regarder droit devant elle. Je me demande toujours ce qu’il serait en train de faire s’il était encore là…

« Mène ta vie selon tes désirs » repensa Liberty. Cela lui semblait tellement peu réaliste à l’heure actuelle.

Tout ce que je fais, les actions que je mène, c’est pour qu’il soit fier de moi, déclara Liberty avec un sourire. Je me souviens, la première fois qu’il est revenu de Poudlard, il m’avait dit « Je serais préfet des Serdaigles Lib’ ! ». La jeune fille se tourna vers Mike. Il n’a pas pu l’être à cause de son accident. C’est pour ça que j’ai tout fait pour obtenir ce poste quand j’ai intégré ma dernière année.

Liberty haussa légèrement les épaules toujours couvertes par le manteau du gérant des Trois Balais. C’était la première fois qu’elle disait ce genre de chose à quelqu’un.

Le trentenaire ne pouvait pas mesurer la blessure profonde que ressentait Liberty. Lui aussi avait perdu des êtres auquel il semblait tenir mais cela ne l'avait jamais réellement dévasté. Pourtant, il savait que s'il arrivait quelque chose à Solange, il deviendrait comme fou. C'était la seule personne qu'il aimait autant, la seule qui avait su toucher son cœur. Pourtant, au fond de lui il le savait. S'il n'avait pas été abandonné dès sa naissance, qu'il avait eu un frère ou une soeur, il savait qu'il y avait des chances qu'il ressente la même chose que ce que vivait la Serdaigle.

Elle lui avoua qu'elle avait voulu devenir préfète parce que son frère aurait voulu l'être. Elle suivait les traces de Louis en oubliant de tracer son propre chemin. Cela risquait de devenir dangereux pour elle parce qu'elle se négligeait mais peut-être était-ce ainsi lorsqu'on vivait avec le poids d'un frère aîné mort. Peut-être que pour attirer l'attention de ses parents, on fait ce que l'aîné aurait fait afin d'avoir cet amour perdu depuis le triste jour et de voir de la fierté briller dans leurs yeux. Pourtant, dans biens des cas, il n'y aurait jamais cette fierté...

Mike posa sa main sur l'épaule de la préfète. Il n'avait pas un sourire compatissant mais plutôt encourageant. Comme si elle était sur le bon chemin. Il se doutait que la jeune femme ne voulait pas de sa pitié, cela la mettrait trop mal à l'aise.

- Félicitations pour ton poste de préfète. Ce n'est pas donné à tout le monde. Ton frère serait fier de toi mais il serait encore plus fier si tu suivais ta voix.

Il essayait de trouver les mots qui pouvaient réconforter l'élève mais il savait que c'était probablement vain en ce moment. Elle était dans une déprime qui risquait de se transformer en dépression si cela continuait. C'était dû au fait d'être chez ses parents pendant les vacances. Cela la déstabilisait, la fragilisait. Elle avait besoin de l'amour de ses parents qui visiblement, l'oubliaient. Pourtant, au souvenir de l'ancien directeur de la maison Serdaigle, Liberty était leur dernier enfant. C'était triste à dire mais il semblait que seul un amour fort et sincère puisse sauver l'élève. Souvent le véritable amour arrivait à panser les blessures profondes, mais parfois cela ne faisait que les panser et ça ne suffisait pas pour guérir.

- Ton frère voudrait que tu vives ta vie. Que tu passes une partie des vacances avec des amis, que tu t'accordes le droit d'être amoureuse...

Il ne disait pas ces mots au hasard. Vu l'état dans lequel cela mettait l'adolescente, il serait sûrement préférable pour elle qu'à l'avenir, elle passe moins de temps dans sa famille. En tout cas, comme directeur c'était ce qu'il aurait conseillé. Autant pour les vacances de Noël, Poudlard était ouvert aux élèves, autant pour l'été, il fallait plutôt espérer l'invitation d'amis et il se demandait si la préfète n'était pas isolée au sein de l'école. Peut-être que ce lourd passé la plongeait dans l'isolement. Il se doutait que ce sujet était un peu lourd et il préféra aborder l'avenir avec elle. L'avenir proche après les ASPICS et puis le reste.

- T'as déjà prévu ce que tu allais faire plus tard ? Parce que Poudlard, c'est bientôt fini pour toi.

[Rp avec Akize T. Xiraz, et peut-être Luia Luminos]

Ce qu'elle fichait ici ? Honnêtement, elle ne le savait pas vraiment. Elle venait de quitter la demeure d'Alexie et leur rencontre ne s'était à vrai dire pas bien passée du tout. Pire, même : On pouvait plus ou moins dire qu'elles n'étaient plus amies. Maria aurait pu essayer de se rattraper, de dire qu'elle s'en voulait, mais s'aurait été un mensonge. Elle avait beau adorer la brune de tout son coeur, son caractère détestable avait pris le dessus. On ne la trahissait pas de cette façon. Certes, elle aurait peut-être dû se montrer un peu compatissante d'autant plus qu'Alexie ne faisait que reproduire ce qu'elle-même avait déjà fait plusieurs mois auparavant mais égoïstement, la blonde aurait voulu garder sa meilleure amie auprès d'elle pour toujours et c'est cet amour qui avait gâché le lien qui les unissait.

C'est pourquoi la gérante ne pouvait s'empêcher d'éprouver une indicible tristesse en arpentant sans but aucun les rues de la grande Bretagne, ne sachant que faire ni où aller. Le soleil commençant progressivement à se coucher il aurait été bien venu qu'elle rentre chez elle et qu'elle oublie cette fichue histoire mais quelque chose en elle s'était brisé et c'est au fil de ses pas pressés qu'elle réalisa à quel point elle était seule au monde désormais. Alexie lui manquait déjà bon sang...Elle aurait tant aimé passer outre son incommensurable orgueil et courir jusqu'au manoir pour s'excuser, encore et encore, et déverser toutes les larmes de son corps...

C'est seulement lorsque la pluie commença de tomber que la blonde s'autorisa enfin à laisser ses pleurs dévaler ses joues blanches comme la mort et se mêler avec la pluie. Elle avait froid, mais elle aimait ça. Elle voulait inconsciemment que toute cette eau froide la réveille, la sorte de sa torpeur. Elle se mit à tourner en rond à travers les rues, ses lèvres devenant bleues et ses membres commençant petit à petit à trembler de façon incontrôlable. Elle errait, un air hagard collé au visage, telle une âme en peine.

Elle ne savait pas précisément depuis combien de temps ce petit manège perdurait, mais cela faisait au moins une bonne demi heure quand elle percuta un homme. La jeune femme allait se mettre à parler froidement, l'accusant, mais elle se figea de stupeur en voyant ce que l'inconnu fixait.