« - T'as même le droit de me faire ronronner ! »

Ah oui, on en était déjà là. Exit la nuance ou le doute, on rentrait directement dans le vif du sujet. C’était peut-être pas plus mal, on ne perdait pas de temps, on joignait l’utile – contempler le désarroi de De Lanxorre – à l’agréable. Et Chaton Cumberbatch Adams avait vraiment l’air plein de ressources et de surprises. Fissa, il débarrassait Andy de son pot de fleur pour le refourguer à la jardinière, et lui proposait des perspectives plus réjouissantes, des brûlures d’un autre genre que celles qu’aurait pu provoquer le buisson.

*Par contre, il vient de l’appeler marraine non ?*

Et ça, ça sentait un peu le roussi. C’était certes une raison de plus pour l’avoir dans sa poche, mais il s’agirait de mettre ça au clair assez rapidement. En attendant, on s’installait tranquillement, on faisait la rencontre de Gabin, et c’est vrai que de plus près…

« - Pas si mal, je te l’accorde. »

Alors que le cours commençait, le respect pour De Lanxorre enterré au fond du jardin à en juger par le nombre de retardataires, une enfant de sept ans s’empressait de répondre à la première question. C’était si mignon à regarder, l’illusion de la science infuse à la moindre connaissance (parce qu’à moins de vouloir appeler ça un troène flambant, il y avait quand même assez peu de doutes sur la plante qu’ils avaient en face d’eux).

« - Bravo ma grande, comme quoi même à Poufsouffle il y a de l’espoir. Mais t’attends pas trop à un bon point de la part de la prof, pas trop le genre. »

Et on reportait son attention sur les cibles du jour. On allait pouvoir continuer les présentations. Ou pas.

« - Je me disais qu'on pourrait faire une minute de silence en honneur à Monsieur Askin. »

Monsieur Askin. Encore lui. Il était dans toutes les bouches, sur toutes les lèvres, en permanence. Andy comprenait approximativement pourquoi. Mais sans l’avouer, il était aussi satisfait de cet éloignement contraint. Le reste du monde se rendrait peut-être compte que les choses pouvaient continuer de tourner sans Lius.

Assis à sa place, aux côtés de Adams, Gabin écouta la réponse que lui apporta son camarade de classe concernant son engouement concernant le cours de botanique qui allait avoir lieu. Ainsi, la Directrice Adjointe était la marraine du petit ? Intéressant. Il semblait que Adams savait s’entourer de personne très… inintéressante. Gabin ne cesserait donc jamais d’être surpris par le jeune garçon bleu et bronze. Un grand sourire se dessina sur les lèvres de l’adolescent en repensant aux derniers mots de son camarade. F-a-n-t-a-s-t-i-q-u-e.

Alors que le cours n’avait toujours pas commencé, certains élèves toujours pas arrivés, Adams interpella Gabin, en lui montrant l’élève de Serpentard assit à la table qui leur faisait face. Joli spécimen lui aussi. A croire que c’était seulement dans sa dernière année que Gabin remarquait les nombreux « potentiels » qui se trouvaient dans les rangs de Poudlard. Adams qui bien évidement, avait déjà remarqué le garçon face à eux, proposa le cœur sur la main de lui montrer une leçon de drague. Gabin laissa un léger rire sortir d’entre ses lèvres. Il avait hâte de voir ça. Comment le petiot s’y prenait-il ?

Alors que Adams venait de partir à la rencontre du Serpentard à la table en face, la porte de la serre s’ouvrit à nouveau pour laisser place à une jeune élève de Poufsouffle (Daisy) que Gabin connaissait via l’Association des élèves de l’académie des sorciers. Sourire amical, Gabin lui fit un signe de main vigoureux pour la saluer à son tour.

Alors que les yeux de l’adolescent étaient retournés vers la scène qui se passait face à lui, la voix de la Professeur De Lanxorre s’éleva dans la serra, demandant notamment à Adams de se décider concernant la place qu’il allait occuper pour la suite du cours. Aucun présentation de la part de l’enseignante, après tout, il était vrai que son identité ne faisait aucun doute pour les élèves. Puis l’heure débuta simplement avec une questionnement sur les plantes qui se trouvaient devant les adolescents : les buissons ardents.

Coudes posés sur la table, mains entrelacés, Gabin déposa doucement son menton sur ces dernières afin de se concentrer, une mine pensive et les yeux vagabondant entre les buissons ardents et la rencontre qui se déroulait face à lui. Son esprit voulait suivre l’échange entre le Serpentard et Adams, mais sa conscience souhaitait suivre le cours qui avait lieu. Choix cornélien pour quelqu’un appartenant à la maison de Serdaigle. Sourire aux lèvres, le garçon hocha quelque peu la tête en écoutant la réponse apportée par Daisy. Nouvelle intervention dans la serre. Une élève de Poufsouffle franchie le seuil de la porte, s’excusant de son retard. Sourira amusé sur les lèvres, Gabin pensa que la ponctualité n’était définitivement pas l’une des qualités des blaireaux.

A son habitude, Adams ne suivit pas le cours, vaguant à ses propres occupations. Attrapant le buisson ardent qui se trouvait devant le Serpentard, le bleu et bronze s’en alla le déposer plus loin, non sans déposer un nouveau baiser sur la joue de la Professeur De Lanxorre. Étrange relation que semblait entretenir l’enseignante et l’élève… Gardant quelques réflexions concernant cela dans sa tête, Gabin suivit du regard Adams trainant le Serpentard derrière lui jusqu’à leur table, à ses côtés. Alors le serpent avait un joli prénom ? Andy. C’était mignon. Pour ce dernier, le bleu et bronze lui offrit son sourire le plus charmant en guise de salutation. Andy semblait plus jeune que lui, de très peu, mais plus jeune.

Alors que plusieurs élèves, de nouveaux retardataires, firent leur apparition, Gabin note dans sa tête que l’élite des élèves de Poudlard, à savoir les Serdaigles, étaient bien tous arrivés à l’heure. Sa maison était donc si parfaite ? La voix de Andy le ramena à la réalité, ce dernier le complimentant d’un « pas si mal ». Gabin lui lança un regard accompagné d’un sourire énigmatique. Pas si mal ? Il s’en contenterait très bien, ce n’était pas son genre de se soucier des compliments. On le prenait comme il était.

Gabin allait répondre gentiment à Andy, mais ce dernier ne lui en laissa nul l’occasion. Le Serpentard interpella ironiquement la petit Daisy qui avait apporté une première réponse concernant les plantes qui se trouvaient face à eux. Puis il enchaîna encore, parlant à son tour, tout comme Adams quelques instants avant, du Directeur de Serpentard. Directeur qui se trouvait actuellement en prison. Pas très original pour un serpent. Banal même.

Gabin n’aurait pu rien dire, se contentant de suivre gentiment le cours, mais quelques petits détails l’avaient dérangés dans les propos de Andy. Le bleu et bronze n’avait rien d’un justicier, loin de là, mais la petite Daisy, tout mignonne comme trois pommes, se serait certainement bien passée du ton ironique du Serpentard. Et la jeune Poufsouffle faisait partie de L.E.G.I.T. Cohésion avant tout.

- Andy, Andy, Andy… Raclement de gorge pour se faire entendre du serpent. Tu parles du même « espoir » qui est toujours porté disparu dans ta brave maison ? Après tout, avec votre Directeur en prison, il ne doit plus vous restez bien grand-chose ? Sourire innocent aux lèvres. Les Serpentard ne devraient-ils par faire cours directement à Azkaban ? Je suis sur qu’il y à plus de représentants de votre maison qu’à Poudlard la bas.

Sur ces quelques mots lancés sur un ton faussement gentil, Gabin se leva en regroupant ses affaires tout en adressant un clin d’œil à Adams. Les jeunots ne devaient pas penser que Gabin était quelqu’un de facile à attraper, loin de là. Il savait se faire désirer. Il n’était pas une proie facile.

- Nous n’allons tout de même pas laisser une aussi jolie jeune fille aux cheveux de feu toute seule à une table Adams ? S’exclama Gabin en désignant Morgana. Cela serai mal poli et pas très « gentleman ».

Sans vraiment attendre une quelconque réponse, Gabin se leva, affaires sous le bras. Il se déplaça assez rapidement vers la place libre qui se trouvait à côté de Morgana afin de ne pas perturber le cours plus longtemps. Une fois assit, il adressa son sourire le plus franc et amical à la Gryffondor.

Le cours semble évoluer au rythme des actions de Benedict. Cara n’a presque plus envie d’animer la classe ; elle aussi, est intéressée par le petit jeu entre lui et Andy. Va-t-il lui dire oui ? Quel suspens ! Il cède, finalement, car rien ni personne ne résiste au Serdaigle – pas même elle. Elle y gagne un buisson ardent, déposé devant elle en même temps qu’un baiser sur la joue ; sourire, charmée, pas le moins du monde gênée. Et voilà qu’il propose une minute de silence pour leur bien-aimé Élius « Quelle bonne idée » qu’elle approuve. « Nous ferons cela à la fin du cours ». Une belle façon de clôturer, que de laisser le souvenir du Directeur flotter sur les silhouettes entassées, dans cette serre surchauffée.

Elle a l’air insupportable, à sautiller comme ça, mais au moins, Daisy prend la parole. « Il s’agit effectivement de buissons ard- » la phrase est interrompue par l’arrivée de deux élèves en retard ; Lilith et Elia. Les fusiller du regard, lâcher un « Bonjour mesdemoiselles » glacial, bien souligner qu’elles dérangent. C’est déjà une trop longue latence pour que les élèves restent concentrés, et voilà qu’Andrew lâche sa première phrase assassine ; difficile de le contredire, tout est vrai. Elle ne va pas jusqu’à hocher la tête, mais l’envie est là. La remarque suffit pourtant à lancer un Gabin survolté dans une tirade qui pique tant elle vise juste. Ça ne lui plait pas, à Cara, et elle s’apprête à répliquer quand Awanne répond, elle aussi passablement agacée. « Quelqu’un a quelque chose à ajouter sur l’une des Maisons ? Non mais allez-y, pendant qu'on y est ! » Même elle, ça l’intéresse davantage que les buissons ardents. Elle était à deux doigts de donner son avis sur Poufsouffle, quand l’ultime animation de son cours fait son entrée. Et il se présente ! Comme si Cara n’avait pas cherché son visage dans le trombinoscope de Poudlard (oui, ça existe), juste après que son filleul adoré lui ait rapporté les intimidations intolérables dont il aurait été la cible de la part du Poufsouffle. Elle l’avait ensuite observé, dans la Grande Salle pendant le diner, ou à travers la fenêtre de son bureau lors des pauses. Et voilà qu’il se jetait dans la gueule du loup ; « Espinosa... » qu’elle répète après lui, incapable de réfréner le rictus qui s’étale sur ses lèvres. La seule personne qui bénéficie de cette situation, c’est bien Isolde, qui peut se faufiler à une place sans s’attirer les foudres de la professeure ; car toute son attention est tournée vers le Poufsouffle. « Que faut-il faire ? » le ton est d’une froideur à faire oublier la température qui règne dans la serre. « Vous osez m’interrompre pour demander ce que vous auriez su, si vous aviez eu la décence de vous présenter à l’heure ? » En réalité, il n’interrompait qu’un début de bazar, mais c’était un détail. « J’enlève 30 points à Poufsouffle, pour ce comportement intolérable » - et comme elle jubile !

A contrecœur, il faut enseigner. Détachant son regard d’Espinosa, elle présente le sujet du cours ; « Des buissons ardents, donc. Outre leur capacité à ne jamais cesser de brûler, comme vous l’avez souligné mademoiselle... » signe du menton vers Daisy « Ils sont surtout connus pour produire des graines de feu, qui entre dans la composition de plusieurs potions. Toutes les plantes devant vous en sont dotées. » Ses yeux descendent sur le buisson devant elle, s’attardent sur les graines rougeoyantes accrochées aux branches. « Elles se récoltent d’habitude à l’aide d’un Glacius, voire un Flipendo. Mais aujourd’hui... Pas de baguette », parce qu’elle n’utilisait plus la sienne depuis l’accident, mais aussi parce que « Vous avez trop pris l’habitude de vous reposer sur la Magie. Un peu de travaux pratiques ne vous fera pas de mal. » Ne croyez pas cependant qu’elle va vous montrer comment faire, pour extraire ces graines sans vous brûler – elle ne prendrait pas le risque de se blesser, la de Lanxorre. « Par équipe de deux, le but est de récolter le maximum de graines avant la fin du cours. L’équipe arrivée en tête recevra une récompense. Les autres... » - lèvres pincées ; vous ne voulez pas arriver dernier. « Mettez vos gants de protection, et commencez. Je passerai derrière vous pour vous aider » - ou vous juger. Une dernière chose ; « Espinosa ! Vous n’aurez pas besoin de gants. » Non, vous, vous allez souffrir.