Si Altaïr s'était senti plus ou moins en confiance avec Alexander Scott, il ne pouvait pas en dire autant avec Mkrovsk. En plus de progresser sur un territoire complètement étranger à son mode de vie habituel, il devait en outre affronter le regard critique de l'ex-professeur de Poudlard qui semblait complètement privé de toute chaleur humaine. Ses yeux clairs en étaient la parfaite représentation, détaillant le nouveau venu avec attention et ce qui devait ressembler à du dédain. Le Serdaigle songea qu'il était peut-être tombé sur un tuteur très compétent, mais visiblement pas très plus indulgent. Le temps qu'il avait passé à Poudlard en tant qu'enseignant avait dû renforcer l'autorité naturelle qu'il dégageait au travers de ses traits durs et froids, ce qui n'empêcha pas néanmoins Altaïr de se présenter à son arrivée.

-Eh... Je suis content d'avoir pu me casser de Poudlard, alors ce sera Rurik ou mon poing dans ta face.

Au moins, ça avait le mérite d'être clair. Le jeune préférait opter pour la première proposition plutôt que de prendre à la légère les menaces de son tuteur qui, selon son point de vue, n'avaient pas vraiment l'air infondées. Il aurait été stupide de prendre les paroles de Rurik comme de la simple provocation sachant qu'Altaïr ne doutait pas une seule seconde quant au sérieux avec lequel il lui avait fait passé le message. De plus, il n'avait pas envie de faire l'expérience d'un coup de poing en pleine mâchoire avant même que l'entraînement n'ait commencé, le jeune homme étant intimidé par la taille des biceps de Rurik. Ignorant la petite voix intérieure qui l'incitait à faire preuve de sarcasme avec Mkrovsk, Altaïr se contenta d'acquiescer en hochant la tête. Inutile de perdre du temps et de l'énergie en échanges verbaux qui n'auraient aucune utilité pour l'entraînement du jeune homme.

-On va pas douter de l'efficacité de celui qui t'a fait venir ici, alors on va se contenter de la partie la plus intéressante.

Altaïr résista à l'envie de rétorquer une phrase du style, « Ouais, dites plutôt que vous êtes impatient à l'idée d'me foutre une déculotté ! », mais se ravisa avant que Rurik ne décide de prendre ses mots au pied de la lettre. Il avait très vite compris que son adversaire du jour ne se montrerait pas aussi clément que les adolescents lors du tournoi de duels, et qu'il allait devoir trouver plus d'un stratagème pour lui résister plus de cinq minutes avant de devoir jeter l'éponge. D'ailleurs, lorsque Rurik disparut devant lui, puis lorsqu'il se matérialisa dans son dos, Altaïr n'eut pas le temps de se retourner.

-Un instant d'inattention, et t'es mort...

Aussitôt, le Serdaigle fut projeté en avant à cause d'un violent coup de pied réceptionné dans le dos. Le tronc de son corps se tordit quelques instants en arrière, tandis qu'il se rattrapait tant bien que mal, mettant toute son attention au service de son équilibre. Enfin, il réussit à retrouver une certaine stabilité, et se retourna pour faire face à Rurik. Leçon numéro, toujours garder son adversaire dans le viseur. Maintenant, il avait compris que le duel avait commencé. Mkrovsk ne s'était pas pris la peine de l'avertir quand il pouvait commençait à attaquer, son signal de départ étant un coup de pied bien placé dans la colonne vertébral. Mis à part un léger craquement, il n'y avait visiblement rien à signaler de ce côté-ci. L'ex-professeur comptait sûrement attaquer en crescendo, ce qui n'était pas forcément une bonne nouvelle pour Altaïr, qui s'empressa de sortir sa baguette de son pantalon.

-Ah oui, les ennuis n'arrivent jamais seuls.

En plus de l'attaquer par derrière, Rurik prenait le temps d'ajouter des commentaires à ses attaques, comme une alarme de détresse pour lui signaler de se défendre. Pourtant, même avec cela, il ne vit pas venir la fissure qui déchira l'asphalte devant lui, plaie béante destinée une seconde fois à lui faire perdre l'équilibre. Tel un funambule, la nouvelle recrue écarta les bras et s'éloigna prudemment du piège lancé par son adversaire, tout en continuant de le fixer d'un regard de défi. Il commençait à en avoir assez de son petit numéro d'adolescent modèle, et il était prêt à parier que Rurik aussi. Pendant qu'il se mettait à l'abri contre la façade d'un bâtiment, un grincement retentit dans toute la ruelle, vrillant les tympans d'Altaïr. Si ça ce n'était pas un avertissement, alors il se demandait ce que ça pouvait bien être. Histoire de le conforter dans sa prédiction, une carcasse de voiture plongea à toute allure dans sa direction. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce n'était pas la première fois qu'on lui balançait une vieille bagnole dans la figure. N'ayant pas d'idée brillante pour le sortir de cette impasse, le Serdaigle se contenta de plonger au sol quand la voiture arrivait à une distance critique, l'esquivant de justesse. Le sol goudronneux mêlé à des débris de verre lui râpa la paume des mains ainsi que ses coudes, mais il ne s'agissait que de dégâts mineurs. Un morceau de verre s'était logé dans son genou, sans toutefois le faire trop souffrir. Dans un grondement tonitruant, la voiture s'écrasa contre un bâtiment déjà bien dépravé, pendant que le jeune homme se débarrassait du morceau de verre.

Reprenant son souffle, Altaïr se releva et raffermit la poigne sur le manche de sa baguette. La silhouette de Rurik se détachait au loin, et semblait le fixer, comme si de rien n'était. Le jeune homme profita de cette minute de répit pour s'approcher doucement et passer à l'attaque. Dans un premier temps, il décida d'handicaper momentanément son adversaire en lui lançant un #Lumus Solem dans lequel il avait essayé de concentrer pas mal d'énergie. Sans prendre le temps de reprendre ses esprits, il pointa le sol sur lequel il s'était écrasé quelques secondes auparavant et lança un #Oppugno informulé. Aussitôt de nombreux débris de verre d'élevèrent dans le ciel avant de foncer en direction de Rurik. À ce moment-ci, le Serdaigle s'aperçut de son erreur : il avait sans doute donner trop d'énergie à esquiver les attaques de son tuteur, et en avait octroyé d'avantage dans son attaque. Affaibli, il vint se poster face à une ruelle qui se soldait par un cul-de-sac, et formula un #Ragnarok, en prévention des futurs attaques de Rurik.

La plaie qui trônait sur le genou d'Altaïr laissait écouler un mince filet de sang qui vint humidifier une bonne partie de son pantalon. Cette blessure s'additionnerait aux autres qui couvraient déjà sa peau, en souvenir de son esprit casse-cou et un brin inconscient. Il ne s'agirait pas de l'unique cicatrice qu'il garderait de son expérience au sein de l'Ordre du Phénix, mais il s'agissait de sa première, même si elle était apparue lors d'un simple entraînement. Apparemment Rurik mettait tout en oeuvre pour prouver à son apprenti que la vie de Phénix était peuplée d'obstacles qui pourraient écourter sa vie au maximum, afin de lui faire prendre conscience de tous les risques qu'impliquaient un tel engagement. Comme si Altaïr n'avait pas eu le temps de songer à ce côté funeste lorsqu'il avait été victime d'insomnies depuis qu'il avait affirmé à Alexander Scott que l'Ordre pouvait compter sur lui.

Avant de se retrancher dans sa petite ruelle, il jeta un coup d'oeil en arrière afin de vérifier comment Rurik s'était débarrassé des débris de verre. Mis à part une légère grimace sur son visage, le médicomage ne laissait transparaître aucun signe de fatigue ou de douleur. L'offensive du Serdaigle avait été métamorphosée en un nuage de sable qui ne fit qu'accroître d'avantage l'irritation peu masquée de Rurik. Ce-dernier ne perdit pas de temps et se leva d'un bond, avant de se ruer en direction du jeune sorcier.

-Il ne va quand même pas combattre à mains nues ?! songea Altaïr, complètement déboussolé par l'attitude de son adversaire.

Heureusement pour lui, Altaïr n'eut pas besoin de se prendre un nouveau coup de la part de Rurik. Enfin, pas directement. Avec surprise, il constata que l'ancien professeur tentait de se hisser sur le rebord d'une fenêtre afin d'avoir une vue plongeante sur son futur-allié, exposant ainsi ce-dernier à tout son potentiel éventuellement sadique. Le Serdaigle songea un instant à faire exploser la mince plateforme sur laquelle il tenait en équilibre, mais il était beaucoup trop loin pour que son idée porte ses fruits. Il préféra conserver encore un peu d'énergie pour parer les nouvelles stratégies de Mkrovsk qui, il le savait, risquaient encore de mettre sa vie en danger. Avant qu'il ne prenne le temps de dresser une nouvelle protection entre lui et son tuteur, une fumée noirâtre s'échappa de la baguette de Rurik et se fraya dangereusement un chemin vers lui.

Même si d'aspect ce brouillard paraissait inoffensif, Altaïr ne souhaitait pas tenter une plongée aussi naïve dans l'inconnu. Reculant à petits pas vers le mur du fond, il ne tarda pas à sentir les briques froides contre la peau nue de ses bras. Alors que ses poils se dressaient, le brouillard franchit le mur magique et engloutit entièrement le Serdaigle. Aussitôt, tout son corps se mit à protester quant à l'arrivée inattendue de cette fumée dans son organisme. Altaïr ne comprit que trop tard que cette brume n'était présente que pour un seul but, l'asphyxier. Ne pouvant reprendre correctement son souffle, il porta sa main à sa bouche pour bloquer l'entrée de la fumée dans sa gorge tandis que ses poumons émettaient des signaux d'alarme qui engendraient des quintes de toux atrocement douloureuses. Tombant au sol, il ne parvenait plus à garder le contrôle de ses pensées qui se perdaient dans la douleur et la panique. Soudain, dans un élan de désespoir, une idée lui vint à l'esprit. Il ne pouvait regagner la rue principale en rampant, cela lui prendrait trop de temps et le brouillard étrangleur aurait raison de lui. Il devait se débarrasser d'une façon ou d'une autre de cette menace. Agrippant avec force sa baguette, il songea qu'il ne pouvait ouvrir la bouche sans être victime de nouvelles toux peu engageantes, il ne pouvait donc formuler aucun sortilège. C'est donc en apnée qu'il lança un #Eolo Procella informulé. Aussitôt, une forte bourrasque de vent vint fouetter son visage et libérer ses voies respiratoires, tout en dissipant le voile de fumée étrangleur qui se disloqua dans le ciel. Altaïr prit le temps de prendre une grosse bouffée d'air et en profita pour cracher au sol afin d'émanciper le goût acre qui se répandait sur sa langue. Lorsqu'il fut à peu près en état de combattre, il se releva et partit en direction de la rue principale, en s'exposant ouvertement à Rurik.

La voiture en pleine face, c'était une chose. Mais la tentative d'étouffement en était une autre. Il se mit à maudire les membres de l'Ordre qui avaient laissé un homme aussi cinglé prendre en charge la formation d'un adolescent de dix-sept. Certes, Rurik n'était peut-être pas totalement fou, mais il devait sérieusement revoir sa définition d'entraînement. Il était censé lui apprendre à se défendre, ce qu'il faisait en tentant de le tuer à chaque qu'il daignait montrer le bout de son nez. Au moins, en temps voulu, il serait prêt à purger les pulsions sanguinaires des Mangemorts, cela ne faisait aucun doute.

-Allons-y Rurik, marmonna-t-il d'une voix rauque, ne vous gênez surtout pas. J'espère juste que vous serez capable de me guérir une fois qu'on en aura terminé.

Jetant un regard des deux côtés de la rue, il distingua la tête de Rurik qui s'extrayait de derrière la carcasse d'une voiture, comme pour vérifier si son apprenti était toujours en vie, sait-on jamais. Encore et toujours ces fichues bagnoles ! Altaïr commençait à en avoir ras-le-bol de devoir toujours réfléchir à des stratagèmes pour se débarrasser de ces épaves qui constituaient une cachette de choix pour son adversaire. Néanmoins, il se remémora son duel face à Lizzie Bennet lors du tournoi de duels et une idée peu inventive surgit de ce souvenir. D'un geste vif, il pointa sa baguette sur la carcasse de la voiture et murmura un faible #Terasectum. La surface de la carrosserie se mit à luire tandis que la structure de la voiture semblait s'affaisser. Quelques secondes plus tard, les premières gouttes de liquide argenté léchèrent le sol, et Altaïr envoya la carcasse de voiture en fusion en plein sur Rurik à l'aide d'un #Repulso. Le soleil caressa un instant le métal rougeoyant, des éclaboussures s'écrasèrent sur les façades de bâtiments tandis que la voiture voltigeait dangereusement en direction de son tuteur.

HPRG:

On ne mesure pas la réelle importance d'une douce brise avant d'avoir été emprisonné dans un brouillard étrangleur. Lorsque les cheveux d'Altaïr furent balayés par un courant d'air, il en profita pour respirer une nouvelle goulée d'air qui lui permit d'effacer encore d'avantage le douloureux souvenir de l'attaque de Rurik. Il avait l'impression d'avoir avalé du charbon incandescent ou encore d'avoir inspiré l'odeur d'un incendie. De plus, ses poumons répandaient un goût de bile sur sa langue qui n'avait rien de vraiment encourageant. Il espérait secrètement que son tuteur devrait supporter un tel inconfort avec la voiture en fusion qui lui arrivait à vive allure dessus.

Alors que Rurik était sur le point de se faire écraser sous le poids de la carcasse, son corps eut tout juste le temps de...se volatiliser. Altaïr soupçonna une nouvelle fois le coup du transplanage, mais aucun bruit spécifique, ce CRAC sonore et reconnaissable entre mille, ne lui parvint aux oreilles. Fronçant les sourcils, il laissa son regard papillonner dans toutes les directions pendant que la voiture s'écrasait dans un grondement assourdissant qui se répercuta dans toute la rue. C'est seulement lorsque son regard se posa sur Rurik qu'il constata que ses pieds s'enfonçaient dangereusement dans le sol. Puisqu'il était resté immobile, le sable mouvant n'avait pas eu le temps d'atteindre le dessus de son genou, aussi le Serdaigle entreprit-il de garder son calme pour ralentir sa progression. C'est ce qu'on devait faire, dans de telles situations, non ? Ne surtout pas paniquer. Surtout lorsque d'énormes racines bourrées d'épines plus imposantes les unes que les autres s'échappaient de l'asphalte et progressaient dangereusement vers lui. Apparemment, Rurik était passé à la vitesse supérieure.

-Bon, tu t'bats vraiment ou bien tu continues à subir et te faire avoir comme un bleu ?
-Sauf votre respect Rurik, c'est pas vraiment l'moment pour faire la causette !

Altaïr comprit enfin le stratagème qu'avait utilisé Mkrovsk quelques minutes plus tôt pour esquiver ses attaques. Une illusion ! C'était tellement simple mais surtout étonnamment efficace ! Il avait plongé les deux pieds dans le plat ! Il ne s'agissait peut-être pas du meilleur moment pour s'émerveiller sur l'esprit rusé de son tuteur, mais il se sentait tellement stupide de s'être fait duper par cette stratégie qu'il préférait en rire qu'en pleurer. Une douleur dans son épaule gauche le ramena rapidement à la réalité.

Une racine épineuse venait de frapper violemment son omoplate, répandant une douleur sourde dans tout le côté gauche de son corps. Laissant échapper un gémissement qui n'avait rien de courageux, il s'autorisa un regard sur sa blessure et une bouffée de chaleur l'envahit lorsqu'il remarqua l'entaille causée par les épines de la racine. Du sang s'échappait de part et d'autres tandis que sa chair était sectionnée d'une marque nette et légèrement profonde. Avant que les racines n'entreprennent de le décapiter, Altaïr lança un #Incendio au sol dans lequel il avait mit beaucoup de puissance pour s'assurer de ne pas avoir affaire à des racines extrêmement robustes. En quelques secondes, de grosses flammes consumèrent les espèces végétales, créant ainsi un brasier qui dégageait chaleur et lumière, ce qui, dans les deux cas, n'étaient pas négligeables. Quelques racines résistèrent avant de se faire à leur tour brûler par le feu et de finir comme de vulgaires cadavres carbonisés sur le goudron.

Maintenant que l'obstacle des racines tueuses venait d'être écarté, Altaïr devait désormais s'occuper du sable mouvant, qui venait d'atteindre le haut de ses cuisses. Le Serdaigle songea un instant à se tirer hors du piège avec la force de ses bras, mais son épaule continuait à le faire souffrir et demeurait hors-service. La seule chose qu'il pouvait faire, désormais, c'était de se détendre, et de réfléchir. Néanmoins, il n'avait pas toute la matinée, puisque Rurik se ferait un plaisir de lui botter les fesses à la seconde où il aurait réussi à les sortir du sable. Sans vraiment réfléchir à ce qu'il faisait, Altaïr lança tout d'abord un #Seismus informulé. Étant enfoncé dans le sable mouvant, il n'avait pas à craindre de chuter sous son propre sortilège, ce qui n'était pas forcément le cas de son tuteur. La terre de mit à trembler à une intensité modérée, et le Serdaigle eut l'impression de se trouver dans une attraction moldue : seul le haut de son corps bougeait et se tordait au rythme du tremblement de terre. Cela eut pour conséquence d'aggraver la douleur qu'il supportait à l'épaule et de lui faire perdre le fil de ses pensées. Comme stratégie offensive, on a connu mieux. Sans toutefois perdre son sang-froid, il pointa sa baguette sur la silhouette de Rurik et enchaîna avec un #Exteo Stattiga. Avec un peu de chance, le médicomage serait suffisamment déséquilibré par le séisme pour voir arriver les trois flèches qui s'échappaient d'ores et déjà de la baguette de son apprenti.

Il ne lui restait plus qu'à s'extirper du sable mouvant, sans causer d'avantage de dégâts à sa blessure à l'épaule. De sa main droite, il s'accrocha au cadavre noirci d'une racine tueuse et tira de toute ses forces pour lutter contre le sable mouvant. Il réussit à sortir quelques centimètres de ses jambes avant que son support ne s'effrite entre ses doigts. Il retenta l'expérience avec une seconde, puis une troisième, et parvint enfin à se tirer complètement du piège au bout de la sixième qu'il testait. Une fois sur pieds, il s'éloigna un maximum du sable mouvant, les jambes encore tremblantes de l'effort qu'il venait de fournir.

S'il y avait bien une chose qu'Altaïr espérait plus que tout, c'était que les épines qui se trouvaient sur les racines tueuses n'étaient pas imbibées de poison. Après tout, son instructeur lui avait bien balancé une voiture en pleine face avant de l'emprisonner dans un brouillard étrangleur. Qu'est-ce qu'un peu de poison comparé à toutes ces tentatives ? Pourtant, alors que la douleur rendait toute la partie gauche de son corps inutilisable, le Serdaigle continuait de s'accrocher fermement à l'espoir que l'entraînement prendrait bientôt fin, et qu'il pourrait alors soigner ses blessures. Rurik était un médicomage, il avait déjà dû voir des blessures beaucoup plus graves qu'une balafre à l'épaule, sauf si bien sûr son état ne s'aggrave pendant la suite du combat, ce qui n'aurait rien de surprenant. L'objectif premier de son tuteur était de l'initier au combat contre les Mangemorts, or les mages noirs ne lâchaient jamais leur cible tant qu'elle était encore apte à se battre.

Lorsque le séisme se calma, Altaïr s'autorisa une petite pause contre la façade d'un bâtiment, à bout de souffle. Se tirer du piège du sable mouvant n'avait pas été une mince affaire, et il avait fourni beaucoup d'énergie dans la dernière offensive qu'il avait dirigée contre Rurik. Il se doutait bien que pour l'instant, Mkrovsk ne devait pas vraiment être satisfait de lui, et qu'il ne le libérerait pas tant qu'il n'aurait pas prouvé un minimum ce qu'il savait faire face à un véritable ennemi. Depuis le début de l'entraînement, l'ancien professeur avait clairement l'avantage, au grand damne de son apprenti qui avait consacré beaucoup plus d'énergie à sauver sa vie plutôt qu'à attaquer son adversaire. Mis à part une pluie de verre, et une attaque contre son clone, Altaïr n'avait pas vraiment affaibli Rurik, et il ne croyait pas vraiment en son attaque de flèches, qui serait parée en un simple mouvement de baguette. Alors que ses plaies au genou et à l'épaule égrenaient les secondes en faisant couler son sang, le Serdaigle remarqua à quel point tout semblait calme, et surtout que son entraîneur semblait lui accorder un peu de répit.

Son regard se posa alors sur la silhouette de Rurik qui agenouillé sur le goudron, les mains dirigées contre ce qui semblait être son coeur. Déconcerté, Altaïr se leva d'un bond, ne songeant pas un seul instant à l'éventualité d'une feinte, et se mit à courir en direction du médicomage. Et si ses flèches avaient réellement trouvé le moyen de loger dans son corps, comment devrait-il s'y prendre pour le guérir ? Devrait-il crier à l'aide dans l'espoir qu'une personne dans le 21, Eagle Place entendrait son cri de détresse ? Une multitude de pensées heurtaient le jeune homme tandis qu'il contournait le sable mouvant. La peur combinée à l'adrénaline effaçait complètement le souvenir de la douleur, bien qu'il se doutait qu'il le retrouverait une fois que tout serait terminé. Une fois arrivé à bonne distance de Rurik, il constata que ses craintes se révélèrent exactes. Deux des trois flèches qu'il avait lancées dans la direction de Mkrovsk gisaient à ses pieds, dont unex étaient particulièrement couvertes de sang. Ce qui affligea d'avantage le Serdaigle fut la blessure que Rurik avait à côté du coeur et la flèche qui y était plantée.

-Tu... bordel... Bravo, je suppose... C'est l'heure du test de premiers soins...

Pendant un instant, Altaïr songea à s'excuser. Après tout, il n'avait jamais vraiment cherché à blesser aussi gravement Rurik, il ne s'attendait même pas à ce que ses flèches se montrent aussi...coopératives. D'un autre côté, l'ancien professeur l'avait tellement poussé à agir de la sorte qu'il n'avait fait que suivre ses instructions...d'une certaine manière. Quoiqu'il en soit, ce n'était pas vraiment le moment de se morfondre et de bourrer le crâne de Rurik avec des excuses qui n'arrangeraient en rien son état de santé. La seule chose dont il devait vraiment faire attention, c'était de ne pas paniquer. Il n'avait jamais eu affaire à une telle blessure, et...n'avait jamais guéri personne. Au moins, il espérait que les cours de médicomagie seraient utiles aux deux sorciers. Altaïr se mit à réfléchir aux différents sortilèges qui permettaient de stopper une hémorragie ou de cicatriser une plaie pendant que son regard se posait sur la seconde plaie à son épaule, qui était beaucoup plus bénigne. L'urgence, c'était cette blessure au torse.

Dans un premier temps, Altaïr devait avant tout retirer le projectile qui transperçait le torse de Rurik.. Au vu de la grimace sur le visage du médicomage, la blessure devait le faire souffrir, ce qui n'avait rien de surprenant. Sans vraiment réfléchir à ce qu'il faisait, il lança tout d'abord un #Curo as Velnus afin de calmer sa douleur. Cela lui permettrait d'abord de montrer à Mkrovsk qu'il n'était pas complètement idiot et qu'il avait écouté un minimum lors des cours de médicomagie. Ensuite, la deuxième étape était de retirer d'un coup sec la flèche, afin de ne pas prolonger la douleur si son sortilège n'avait pas été correctement lancé. Il lança un regard qui se voulait confiant à son entraîneur pendant qu'il empoignait la hampe de la flèche à deux mains, avant de l'arracher d'un coup sec. Aussitôt, un flot de sang s'échappa de sa plaie et vint tâcher les vêtements du blessé, ainsi que les mains du Serdaigle. Prochaine étape, se souvenir de la formule qui permettait de stopper une hémorragie.

Bingo ! Avant même qu'il ne perde complètement les pédales, son cerveau avait décidé de lui faire une fleur. S'empressant de pointer sa baguette sur la blessure de Rurik, Altaïr lança un #Vulnera Sanentur qu'il répéta trois fois, comme il l'avait appris en cours. Certes, il s'agissait de la première fois qu'il lançait un tel sortilège, mais il était persuadé que cela serait efficace, du moins, il l'espérait très fortement. Peu à peu, le sang stoppa son écoulement, indiquant ainsi au Serdaigle que son sortilège avait plus ou moins fonctionné. Néanmoins, la plaie restait profonde, mais cela semblait moins grave qu'il ne l'avait cru. Il hésita un instant à lancer un charme de cautérisation avant de se souvenir de la douleur que cela provoquait chez la victime. Il continua de fixer la blessure tout en s'inquiétant sur l'état de santé de Rurik, bien qu'il commençait à reprendre des couleurs...Altaïr n'espérait qu'une chose, que Mkrovsk ne soit plus en état de continuer l'entraînement !

Au moins, l'entraînement n'avait pas seulement été un mauvais quart d'heure pour Altaïr puisqu'il avait au moins appris une chose : il ne se lancerait pas dans une carrière dans la médicomagie. Certes, il n'en avait jamais vraiment eu l'ambition, mais au vu des réactions de Rurik, il savait qu'il avait sans doute aggraver sa douleur plutôt que de l'atténuer. Au moins, il était toujours vivant, ce qui était potentiellement réjouissant, puisque l'adolescent se voyait mal être responsable de la mort de quelqu'un à cause de trois flèches qu'il avait un peu envoyées aléatoirement. Pendant un bref instant, il fut même fier et soulagé d'avoir au moins su causer des dommages à son adversaires qui n'avait cessé de mettre sa vie en danger depuis le début du combat.

-Hrmf... De toute façon... C'était pas grave du tout.

Lorsque son entraîneur se redressa complètement, le Serdaigle constata qu'il n'était pas si mal en point. Il n'offrit même pas son aide pour le remettre debout sachant que si les rôles avaient été inversés, Rurik lui aurait sans doute donné un coup de pied au derrière pour le presser de continuer le combat. Néanmoins, Altaïr n'eut pas le temps de voir arriver le coup. Alors que le médicomage se levait de toute sa hauteur, il ne put s'empêcher d'envoyer valser l'adolescent d'un coup de poing dans la mâchoire. Le jeune homme perdit l'équilibre et fut projeté contre un bâtiment, la bouche toute endolorie et douloureuse. Un goût de fer et de sang se répandait sur sa langue toute gonflée étant donné qu'il se l'était mordue au moment de l'impact. Une douleur lancinante parcourait l'intérieur de sa bouche pendant qu'il vérifiait qu'aucune dent n'était cassée ou endommagée. Tout en crachant le sang qui emplissait sa gorge, il songea que la force de Rurik était sans doute proportionnelle à la taille de ses muscles, ce qui prouvait que ces-derniers n'avaient pas seulement une fonction décorative destinée à intimider ses adversaires.

-Si tu prends pitié d'un adversaire, tu feras pas long feu, il s'avère que j'ai le cœur de l'autre côté...

Afin de renforcer son affirmation, il se donna un coup sur le côté droit de sa poitrine où devait battre un coeur tout neuf. Quel idiot, ce Serdaigle ! Après tout, il était très commun de rencontrer des personnes possédant un palpitant du mauvais côté, pourquoi n'y avait-il pas songé plus tôt ? Tout en lançant un regard noir à Mkrovsk, il ne put s'empêcher de lui lancer d'une voix rauque pleine de sarcasme et de véhémence :

-La prochaine fois je viserai du bon côté alors !

Comme pour lui répondre, Rurik fit tournoyer sa baguette et aussitôt une douleur cuisante lui laissa échapper un grognement. Sa blessure à l'épaule gauche semblait avoir été brûlée au fer rouge tandis que ses genoux paraissaient criblés de centaines d'aiguilles à la pointe en feu. Crispant sa mâchoire toujours douloureuse, il ne pouvait rien faire tant son cerveau semblait complètement occupé par cette nouvelle vague de douleur dans tout son corps. Lui qui n'avait pas osé utiliser un tel sortilège sur son adversaire devenait maintenant victime de sa compassion. Enfin, lorsque toutes ses blessures parurent cicatrisées, la douleur s'estompa brutalement, ce qui permit à l'adolescent de reprendre complètement son souffle. Ses nouvelles cicatrices étaient encore trop récentes et le brûlaient encore un peu.

-En fait je suis curieux... J'aimerais connaître tes motivations, pourquoi t'es ici... Combattre les mangemorts, l'injustice, blablabla... T'as rien de plus original que ça à me mettre sous la dent ?

Levant les yeux, Altaïr distingua la silhouette du médicomage, imposante ombre se découpant dans la lumière du soleil. Il se montrait bavard, maintenant ? Se préparant à recevoir un nouveau coup bien placé de la part du médicomage, il réfléchit quelques secondes à sa réponse avant de songer qu'il était peut-être en train de remettre en cause ses réelles motivations. Était-il en train de douter ?

-Un Ministère corrompu jusqu'à la moelle et qui met un Ordre aux valeurs justes dans le même sac qu'une organisation prônant violence, inégalités et mort, ça donne déjà une bonne raison d'vouloir se battre. Si ça continue, les rôles s'inverseront et tout le monde portera sa confiance sur des mages noirs, je n'ose imaginer les conséquences d'un tel désastre. Et puis, l'idée de se faire massacrer lors d'un entraînement est également très jouissive, ajouta-t-il avec ironie.

Voyant dans la situation l'occasion de reprendre l'avantage, Altaïr lança un #Electrocorpus informulé à l'adresse du médicomage avant de s'éloigner de ce-dernier de quelques pas. Histoire de conserver encore un peu son sentiment de domination, il enchaîna avec un #Fitilla qu'il essaya de guider dans la direction de sa poitrine. Le Serdaigle retourna se retrancher derrière un bâtiment avant de dresser un périmètre de sécurité autour de lui à l'aide d'un #Salveo Maleficia. Enfin, il s'autorisa à reprendre son souffle, dans l'attente d'une riposte de son entraîneur.

Il avait encore beaucoup apprendre de la technique Rurik, mais au moins, il lui avait montré qu'il s'était montré attentif depuis le début. Le médicomage lui avait dicté plusieurs règles depuis le début. Ne jamais baisser sa garde. Ne pas perdre son temps en bavardages. Et ne pas rester trop longtemps à découvert. Il venait de briser toutes ses règles en l'espace de quelques secondes ce qui avait permit à Altaïr de se venger de toutes les douleurs qu'il lui avait infligées. Certes, ces maléfices n'étaient pas très dangereux en soi, mais un sentiment de triomphe s'empara de lui. Il l'avait enfin eu, sa victoire personnelle !

Certes, l'offensive d'Altaïr était assez dérisoire comparée aux précédentes attaques de son entraîneur, mais tout de même, c'était bien joué, non ? Au moins, il avait tenté de surprendre son adversaire et lui avait prouvé qu'il avait retenu toutes les leçons qu'il lui avait inculquées depuis le début de l'entraînement, ce qui n'était pas négligeable. Grâce au sortilège de cautérisation de Rurik, ses plaies le faisaient encore un peu souffrir mais il avait réussi à interrompre le flot continu de sang à son épaule et son sentiment d'engourdissement. La douleur l'avait complètement remis d'attaque et avait stimulé l'adrénaline qui était jusque là endiguée par toutes ses tentatives pour sauver sa peau.

Néanmoins, Rurik semblait avoir vu venir le coup. Le premier maléfice d'Altaïr s'écrasa contre son bras qui avait bizarrement pris une teinte grisâtre semblable à...de la pierre ! Déjà que le médicomage avait le coeur situé du mauvais côté, voilà qu'il pouvait maîtriser des sortilèges de mutation physique sans craindre que son état n'empire et qui lui permettaient de parer les attaques ennemies d'un simple revers de la main. Le Serdaigle avait toutes les raisons pour perdre espoir, mais son instinct lui intimait qu'il avait déjà réussi à briser les défenses de son adversaire et que s'il se montrait plus ingénieux il pourrait réitérer une seconde fois l'expérience. Comme pour lui insuffler une nouvelle vague d'énergie, son second sortilège heurta la poitrine de Rurik comme il l'avait souhaité et une grimace agacée étira ses traits. Ne souhaitant pas se montrer à portée des représailles de son tuteur, il prit ses jambes à son cou, et dressa des protections qui pourraient lui épargner de nouvelles blessures.

Alors qu'il se préparait à contrer les nouvelles pulsions sadiques de son entraîneur, Altair le vit progresser en sa direction, visiblement contrarié de s'être fait avoir par le maléfice de son apprenti. À moins ce qu'il en ait véritablement marre de le voir se cacher à chaque fois qu'il souhaitait passer à l'attaque, ce qui réduisait irrémédiablement le champ de possibilités de ses projets. Le Serdaigle songea qu'il devait s'agir d'une combinaison des deux idées, ce qui ne devait pas être une très bonne nouvelle pour lui. Malgré la mince et frêle barrière protectrice qu'il avait dressée entre lui et Rurik, il se doutait bien que ce-dernier trouverait toujours une solution pour parvenir à ses fins.

Refoulant les commentaires sarcastiques qu'il avait envie de débiter à l'intention de Rurik, Altaïr tendit sa baguette, au cas où son sortilège de protection ne fonctionnerait pas correctement. Les sons qui provenaient de l'extérieur étaient comme assourdis par le mur magique, puisque le Serdaigle était à moitié sourd. Il avait l'impression de se trouver sous l'eau et d'entendre quelqu'un lui parler sans pour autant parvenir à comprendre le sens de ses paroles. Aussi, il perçut les lèvres de l'ancien professeur bouger mais il ne parvint pas à distinguer clairement ce qu'il pouvait bien lui dire. C'est seulement lorsqu'il discerna une petite faille dans la surface lisse de sa barrière qu'il comprit que Rurik devait sans doute être en train de lancer un sortilège. Puis, sans qu'il ne puisse accuser le coup, des lianes vinrent le ligoter fermement, lui faisant ainsi perdre l'équilibre.

Il tomba de toute sa hauteur et sa tempe heurta violemment l'asphalte. Une douleur lancinante sembla exploser dans sa tête tandis qu'un brouillard noir se répandait devant ses yeux. Le sang lui montait dangereusement au cerveau pendant que ses tympans vrillaient sous l'effet d'un bruit sourd. Pendant quelques secondes, il resta sans bouger, immobile, dans un état proche de l'inconscience. Puis, lorsque le brouillard s'estompa, il sentit distinctement le sang qui lui coulait dans le cou et qui trouvait sa source sur le visage de l'adolescent. La tête lourde, il sentit tout de même ses doigts toujours cramponnés à sa baguette, bien qu'il ne puisse bouger les bras à cause de la fermeté des lianes. Néanmoins, il pouvait toujours bouger ses doigts, et c'est pour cette raison qu'il lança un #Numen Arma. Aussi, sa baguette fut remplacée par une petite dague à la lame dentée et au manche plus ou moins solide. Sans perdre de temps, il s'empressa de couper les lianes qui lui emprisonnaient les bras, puis celles qui piégeaient ses jambes, et en quelques secondes il put se remettre debout, libéré du piège de Rurik.

Tandis que son arme reprenait sa forme initiale, Altaïr sentit sa tête tourner légèrement. Du sang coulait de sa blessure à la tempe, accentuant ainsi la douleur qui lui faisait déjà perdre l'équilibre. Quelques étoiles dansèrent timidement devant ses yeux pendant qu'il cherchait à toute allure une nouvelle stratégie d'attaque. Son oeil se posa sur Rurik, qui semblait dans l'attente. S'il avait vraiment voulu achever le Serdaigle, il aurait pu s'y prendre d'une dizaine de manières différentes depuis qu'il s'était écroulé sur le goudron. Visiblement, il lui donnait encore une chance de se rattraper.

L'esprit toujours embrumé par la douleur, il lança un #Locomotor Wibbly qui manquait clairement de conviction en direction des jambes du médicomage. Complètement épuisé, sa blessure l'élançant à chaque mouvement, il enchaîna avec un #Conjonctivis dans lequel il insuffla ses dernières onces d'énergie. Une fois son attaque terminée, il s'éloigna légèrement et se laissa tomber contre la façade d'un bâtiment, complètement à découvert et à portée de son adversaire.

Il s'agissait sans doute de la première fois qu'Altaïr se battait avait autant d'acharnement contre quelqu'un. Lors de la coupe d'Angleterre de duels, ses adversaires étaient certes déterminés, mais beaucoup moins redoutables que Rurik qui faisait preuve d'une puissance magique et d'un esprit stratégique assez effarant. Il était d'autant plus étrange de se dire qu'il ne s'agissait pas de son dernier combat, et que les prochaines fois il aurait affaire à des mages noirs qui tenteraient par tous les sortilèges de lui arracher la vie sans oublier de le faire souffrir. Il s'était engagé en connaissance de cause, mais il estimait être en droit de pouvoir s'inquiéter sur son avenir, qui se révélerait beaucoup plus sombre et douloureux qu'il ne l'avait songé. À dix-sept ans, cela pouvait être dur à digérer.

Les deux tentatives d'attaque du Serdaigle se soldèrent par un échec peu surprenant. La lassitude s'était emparée de lui lorsqu'il les avait formulés, et il s'agissait plus d'une manière de signaler qu'il n'avait pas encore abandonné plutôt qu'une réelle offensive. Une nouvelle fois, Rurik avait opté pour une stratégie extrêmement bien pensée pour s'extraire des différents pièges lancés par Altaïr, et c'est sans la moindre trace de fatigue sur son visage qu'il s'approcha de son apprenti, la mine beaucoup moins bourrue qu'auparavant. Peut-être était-il aussi fatigué d'avoir utilisé autant d'énergie dans ses sortilèges. En outre, la flèche en plein torse devait encore laissé un souvenir douloureux dans son cerveau, même si elle n'avait pas embroché son coeur, et qu'il ne le laissait pas transparaître.

-Viens là, lança-t-il dans un grognement.

Altaïr laissa Rurik s'approcher, sans craindre que son tuteur ne lui tende un nouveau piège pour le mettre KO une bonne fois pour toute. Avec surprise, il constata que le médicomage souhaitait seulement l'aider, et c'est son esprit médical qui devait lui intimer que l'adolescent n'était plus en état de se battre pour aujourd'hui. Alors qu'il se laissait doucement supporter par les bras de Rurik, Altaïr sentit un nouveau regain d'énergie dans tout son organisme qui permit à ses jambes d'arrêter de trembler et de se stabiliser. Cette nouvelle aspiration lui permit d'avoir à nouveau les idées claires et de se détacher de Mkrovsk.

-Voilà, ça d'vrait être un peu mieux... On va s'en arrêter là, j'ai pu voir ce que j'avais besoin d'évaluer.
-J'pense avoir encore beaucoup à apprendre, confia-t-il.

Altaïr se sentait faible, sensation qu'il abhorrait particulièrement. Il avait l'impression qu'un simple coup de poing ou même une tape dans l'épaule lui ferait perdre l'équilibre et le briserait de l'intérieur. Durant cet entraînement, il s'était largement fait dominé par Rurik, ce qui était aussi une chose qu'il ne supportait pas : il avait l'impression de n'être qu'un bon rien, même si au fond de lui il se rassurait en se disant que son adversaire était beaucoup plus fort que lui, et que son expérience dans les duels était beaucoup plus vaste que la sienne. Néanmoins, une autre petite voix lui intimait qu'il n'aurait pas toujours affaire à quelqu'un de son niveau, et qu'il devrait essayer de se défendre avec les connaissances qu'il avait acquises à Poudlard.

-T'es fort, t'encaisse pas trop mal... Tu tiens tête... Mais peut être un peu trop. Je sais que ça peut paraître bizarre que ce soit moi qui dit ça, mais si un jour tu te retrouves mal, songe à la fuite. Toutes ces conneries de mourir pour la cause qu'on défend, c'est beaucoup trop stupide. Survivre c'est la clé. Survivre c'est pouvoir continuer d'agir. Si on se fait buter, ça ne pourra que laisser le champ libre à toutes les raclures qu'on combat.

Le Poursuiveur acquiesça d'un hochement de tête en gardant le silence. Voir qu'un membre accompli de l'Ordre du Phénix lui faisait de telles confidences le rassurait, après tout, il était encore jeune. Il n'avait pas envie de fuir et de paraître pour un lâche alors que ses alliés continuaient à se battre quitte à en mourir, il se sentirait beaucoup trop sale. Après tout, il s'agissait de l'éternelle quête de l'être humain, survivre, et retarder autant qu'il le peut l'heure de se soumettre au spectre de la Morte. Altaïr n'avait pas peur de la mort, mais son essence même luttait périlleusement contre tous les risques qu'il prenait en permanence et qui pouvait le mettre dans des situations étrangement dangereuses. Il était temps de voir s'il pouvait vraiment se fier à son instinct.

-J'suivrai votre conseil, dans ce cas.
-J'ferais passer le mot à la chef, tu peux te considérer comme un membre de l'Ordre du Phénix, Altaïr... À l'avenir, je retiendrais plus mes coups et je te laisserais rien si tu souhaites faire de véritables entraînements avec moi.

Cette déclaration était une nouvelle étape que venait de franchir le Serdaigle. Il était désormais un membre de l'Ordre du Phénix, une organisation illégale mais qui lutte pour les libertés et contre la magie noire. Sa mère serait très fière de lui, il en était sûr. Pourtant, au lieu de sauter au plafond, il songea à l'impact que cela aurait sur son avenir. Il n'était plus un enfant, dont le seul problème était les examens de fin d'année. Désormais, il devrait consacrer son temps et sa personne à une guerre à la fois psychologique et physique, qui le mettrait chaque jour face à de nouveaux dangers. Il avait pris sa première décision d'adulte, et il était prêt à en assumer les conséquences.

-Je ne suis plus à ça prêt, plaisanta-t-il avec un sourire las.
-Tu peux y aller si tu veux, je crois que la porte est au fond à droite en passant par là... mais si tu m'accordes quelques instants pour récupérer suffisamment, je pense que tu regretteras pas de te faire remettre sur pied par un médicomage. Promis, j'te foutrais pas d'uppercut en traître.

Cette initiative était au goût d'Altaïr. Les courbatures qu'il aurait le lendemain n'auraient rien de comparable avec les douleurs provenant de ses blessures à l'épaule, à la tempe, ou encore aux genoux. Au moins, même s'il l'avait quasiment tué à de multiples reprises, Rurik pouvait au moins se vanter de pouvoir guérir les maux de son apprenti. Seul un fou refuserait une telle proposition.

-J'pense pouvoir encore être capable de prendre le risque de rester en votre compagnie encore un peu.