Comme tous les matins depuis près d'un mois, la gérante du Sanglier Rieur se rendait régulièrement, 23 rue de la Salamandre Grise, adresse du quartier de l'ordre du phénix... tout doucement, elle reprenait ses marques, c'était malgré tout difficile pour elle de vivre à nouveau, dans le mensonge, mais c'était mieux ainsi, elle était dans son élément.
Vivre dans l'ombre était comme une seconde nature pour elle, loin des journalistes qui la harcelaient lorsqu'elle était chef des aurors, là au moins, on lui fichait la paix, il lui suffisait d'éviter son chef, Nathalie Mattews et le tour était joué, elle faisait ce qu'elle voulait et agissait comme bon lui semblait... pire qu'une gamine en recherche d'indépendance...enfin ça, cela ne datait pas d'hier.

Alors qu'elle arrivait presque à hauteur de sa seconde demeure, elle regarda un peu à droite et à gauche, afin de vérifier qu'elle n'était pas suivie, il y avait quelques enfants qui jouaient au ballon, mais rien de bien inquiétant, personne faisait à elle. de plus, elle avait le visage enfoui, dans une grosse écharpe et son bonnet contenait une grande partie de sa chevelure, seules quelques mèches rebelles faisaient de la résistance. Arrivée au n°23, elle prit la peine d'essuyer ses pieds, sur la paillasson, jetant un dernier regard derrière elle, avant de rentrer, comme si de rien était. Comme toujours, l'elfe des phénix vint à sa rencontre, il lui souhaita le bonjour, lui prit son manteau, son bonnet et ses gants, puis, il se dirigea vers le porte-manteau, le laissant faire, elle prit la direction de la cuisine.... Lorsque l'elfe l'interpella :

Miss Mélina, vous êtes attendue, salle d'entrainement n°5
La jeune femme s'arrêta nette, elle le regarda droit dans les yeux, croyant à une plaisanterie...même si les elfes n'étaient pas sujets à faire le moindre brin d'humour. Elle regarda bien autour d'elle, même il n'y avait pas âme qui vive à 50 mètres à la ronde et elle dut se rendre à l'évidence... il s'adressait bien à elle...il n'y avait pas de doute à avoir, il n'y avait pas 50 Mélina, dans le coin.

Euh es-tu sûr que tu ne trompes pas? Pourquoi dois-je me rendre là bas et depuis quand on a 5 salles d'entrainement? Je ne suis pas rouillée, d'abord, je sais très bien me battre, je n'ai pas besoin de ça, en plus, j'avais plein de choses à faire... Ce n'était pas vrai, mais elle n'avait pas envie de subir ça, on la prenait pour une débutante ou quoi !!!

Je suis désolé Miss Mélina, mais ce sont les ordres, votre adversaire ne devrait plus tarder, vous devriez vous-y rendre dès maintenant, prenez la direction des jardins, vous la trouvez à proximité.

Très bien, j'y vais de ce pas... merci... pour cette information

Elle prit la direction de cette salle, très contrariée... comment pouvait-on remettre en cause ses compétences, elle ne savait pas à qui elle aurait à faire, mais c'était certain, elle ne ferait pas de cadeau... mais pour qui la prenait-on? Les points serrés, elle s'arrêta nette, devant cette salle, d'un geste brusque, elle ouvrit la porte, comme prévu, cette pièce était vide... et comme elle était la première arrivée, elle décida de faire comme bon lui semblait, elle n'avait qu'à faire parler son imagination. Elle sortit sa baguette et fit naitre d'un mouvement délicat du poignet, une immense forêt très touffue et brumeuse, il y avait aussi quelques plans d'eau, des zones marécageuses et des zones de sables mouvants... un vrai petit paradis. Elle décida aussi de prendre une autre apparence...histoire de se venger un peu... pourquoi ne pas prendre l'apparence de Céleste, elle savait très bien que son amie n’était pas dans le cœur des phénix... alors comme elle était ici à contre cœur, autant que tout le monde soit en pétard et que cette petite joute devienne amusante. Lorsque tout fut prêt, elle s’engouffra dans cette forêt humide, attendant que quelqu'un n'arrive...

Le soleil se levait doucement, et déjà de sombres nuages obscurcissaient le ciel voilé dans sa douce lumière colorée matinale. Le vent frais et glacé faisait voltiger des feuilles d’automne orangées et jaunâtres et secouer la longue chevelure d'une jeune femme, pressée devant une porte regardant à droite et à gauche, sentant tout son corps se transir et brûler à la fois. La veille encore, tout s'était déroulé si vite, et aujourd'hui encore n'arrivait toujours pas à croire ce qui lui arrivait. Des sentiments l'envahissaient de toute part, de la peur comme de l'excitation et une pointe d'intimidation. Et lorsqu'elle s'était présentée à Nathalie, lui apportant d'importantes réponses aux questions qu'elle s'était posée, elle s'était sentie comme une autre Zeph'. Sa récente période d'incertitude et de flou lui semblait à présent bien plus lointaine. Car tout lui semblait éclairé, limpide et lumineux. Elle se sentait différente, plus forte. Plus sûre d'elle... Elle n'aurait pas cru un seul instant que l'Ordre puisse renaître de ses cendres. Elle en avait déjà beaucoup entendu parler, dans quelques récits narrant l'histoire d'Albus Dumbledore. Un grand homme, et une importante armée qui sans sa présence aurait laissé le monde magique dans le chaos et l'emprise des Mangemorts. Elle ignorait encore depuis combien de temps l'Ordre s'était reformé, mais elle se doutait que l'heure devait être grave. La réapparition de la chambre des secrets devait les avoir rendu plus vigilants que jamais. Toute cette lutte, cette inquiétante ascension de mangemorts lui semblait à présent bien plus différente avec la présence des Phénix.

Miss Mathews, qu'elle aurait à présent du mal à nommer Nathalie, lui avait indiqué l'adresse du QG et lui avait recommandé de s'y rendre à neuf heures tapantes. Elle ignorait cependant encore pourquoi elle, pourquoi et comment elle avait été remarquée. Pourtant jusqu'ici elle n'avait vraisemblablement pas eu l'occasion de montrer ses réelles capacités, sa forte volonté et son envie constante de vengeance et d'aider à la fois... Mais elle était heureuse, et ne se posait pas plus de questions. Après tout, il ne s'agissait que d'un entraînement. Comme un test d'entrée, si bien que peut-être la jeune femme ne serait-elle pas acceptée malgré tout. Zepheryn avait pu partir du château grâce à sa majorité, mais elle avait tenu à prétexter un problème familial, qu'on ne la prenne pas pour une sécheuse. Elle avait pourtant laissé toutes ses affaires. Elle avait eu beaucoup de mal à choisir ce qu'elle allait porter. Elle n'allait certainement pas rester en uniforme. Elle avait finalement opté pour un large pull à larges manches dissimulé par sa longue cape noire avec un jean et ses bottines chaudes. Après avoir quitté le château, elle avait transplanné et avait atterrit non loin d'ici, dans une riche banlieue londonienne. Grâce aux indications que Nathalie lui avait précautionneusement bien données, ne prenant pas le risque de lui donner un quelconque parchemin au cas où il y tomberait entre de mauvaises mains. En cet instant, devant cette porte rouge dressée devant elle, elle se sentait plus forte qu'elle ne l'avait jamais été. Elle ne pensait plus à rien, seulement à sa détermination et à son envie de montrer ce dont elle était capable. Mais elle savait qu'au fond d'elle-même elle appréhendait ce qui alait l'attendre derrière cette façade... La rue était déserte. Etait-il trop tôt, ou ce quartier était-il inhabité ? Zepheryn en avait aucune idée, n'ayant aperçut aucune présence humaine depuis son arrivée dans la banlieue. Après une légère hésitation et un dernier coup d'oeil, elle sortit sa baguette de sa cape et murmura " Alohomora " avant de rapidement s'engouffrer derrière la porte, qui après son entrée disparue derrière elle. S'étant attendue à une sorte de maison ou d'appartement, elle avait seulement affaire à une vaste salle aux murs pourpres et à un parquet dur sous ses pieds. Tournant la tête et parcourant la pièce d'un seul regard, elle découvrit également qu'elle était seule. Du moins, d'après ce qu'elle voyait. Elle s'avança précautionneusement, puis tourna sur elle-même pour chercher un quelconque indice. Avait-elle été bernée ? Elle savait que Rily, ni Nathalie ne lui aurait pas fait ça. Elle ne s'était tout de même pas trompée de lieu, auquel cas la porte ne serait pas ouverte avec tant de facilité. Elle sortit tout de même sa baguette, et avança lentement jusqu'au centre de la salle. Les murs étaient tous lisses, et maintenant que la porte par laquelle elle était entrée s'était effacée, la salle ressemblait à une prison où il lui serait impossible de s'échapper. Et pourtant, la jeune femme n'était pas plus inquiète que cela. Elle avait confiance, mais gardait tout de même sa baguette bien serrée dans sa main à l'écoute du moindre mouvement ou son perceptible de l'aider.

L’Ordre du Phénix comptait de nouveaux membres, les choses redevenaient un peu plus actives mais tout semblait bien compliqué à présent. Depuis cette histoire à Poudlard, Nathalie prenait deux fois plus de précautions et comptait bien ne pas se laisser prendre par les Aurors. Oui, elle leur en voulait toujours et non, elle n’allait pas céder aussi facilement. Mais il y avait de cela un mois maintenant, quelque chose d’encore plus particulier venait de se passer : Mélina Kuders, ex-Phénix et ex-chef des Aurors avait contacté les membres de l’Ordre du Phénix pour les rejoindre. Inutile de préciser à quel point l’ex-Gryffondor avait été réticente et surprise quant à cette demande. Pourquoi ? Car Mélina les avait quittés pour rejoindre les Aurors, elle avait fait son bout de chemin avec eux et ne pouvait probablement pas les trahir. Or, ici, c’est exactement ce qu’elle est en train de faire. Alors oui, de la réticence non dissimulée fait son apparition et la chef de l’Ordre le lui avait clairement fait comprendre, lorsque la jeune femme était passée par son bureau.

Depuis, un mois s’était écoulé et Nathalie commençait à se demander si Mélina n’avait pas besoin d’une petite remise à niveau. Pas que la jeune femme doutait des capacités de leur nouvelle-ancienne recrue, loin de là. Mais… Un entraînement, même très superficiel, ne faisait jamais de mal à personne. De plus, Mélina avait particulièrement cherché à éviter la chef de l’Ordre du Phénix ces derniers temps et, il fallait l’avouer, cela ne déplaisait pas vraiment à la jeune femme. Pourquoi ? Car, il y a peu de temps, elle contrôlait les Aurors et avait donc été à l’origine de la mésentente au niveau de leur plan pour reprise le Ministère, et autres. Mais aujourd’hui, elle n’avait personne pour l’entraîner et l’ex-Gryffondor allait donc devoir s’en charger. Si elle allait la ménager ? Pas du tout. Mais de toute manière, elle allait préciser qu’il ne s’agissait que de revoir les bases… Donc un léger duel, en gros. Si Mélina était contrariée, en colère, ou dans un autre état guère plaisant ? Sûrement. Après tout, elle était traitée comme une simple débutante et l’elfe de l’Ordre du Phénix ne lui avait donné que ce seul lieu de rendez-vous, sans un seul mot d’explication – s’il avait respecté le souhait de Nathalie.

Mais à présent, il fallait y aller. L’entraînement allait se dérouler dans la salle numéro cinq, la seule vraiment disponible en ce moment, et Nathalie était fin prête. Elle avait enfilé un simple jean, un T-shirt à longues manches dans les tons mauve foncé et avait mis de bonnes vieilles baskets qui convenaient à toutes épreuves. Si elle était stressée ? Non, pas le moins du monde. Mais la jeune femme savait que la situation allait être tendue, du moins au début. Peut-être que cet entraînement allait renouer les liens défaits, rapprocher les deux jeunes femmes et apaiser les tensions mais… Qui vivra verra, comme le dit le dicton. Pour l’instant, elle était arrivée à l’entrée de la salle. Poussant la porte, elle découvrit une forêt ayant l’air plutôt calme et relativement grande. Mélina avait aménagé l’endroit à sa convenance : pourquoi pas ? De toute manière, l’ex-Gryffondor préférait se battre dans une forêt, elle était habituée à cet environnement. Mais personne ne semblait être présent… Ou alors, elle se cachait et préparait déjà quelque chose à l’encontre de son entraîneuse. Se décidant à annoncer « officiellement » sa présence, elle dit :

Nathalie – Mélina, je suis là. Je sais, tu cherches à m’éviter mais… Faut faire avec, aucun autre entraîneur n’est disponible. Et il ne s’agit que d’un entraînement de base pour voir si tu n’as pas perdu la main.

N’attendant pas spécialement de réponse, Nathalie lança un Hominum Revelio vers la forêt et fut immédiatement avertie, ou presque, de la cachette de Mélina. Celle-ci s’en rendit peut-être compte vu que la jeune femme ne tarda pas à voir… La réplique de Céleste débarquer devant elle. Alors là, c’était bas. Très bas. Certes, Céleste énervait l’ex-Gryffondor au plus haut point mais cela n’allait pas pour autant l’affaiblir, que du contraire, et encore moins la perturber. Pourquoi ? Car Céleste ne pouvait tout simplement pas être ici, elles étaient au Quartier Général de l’Ordre du Phénix et seul le chef de l’Ordre peut divulguer l’adresse de celui-ci. Donc oui, elle était rassurée et ne craignait rien. Mais la colère, en revanche, était toujours là. Elle repensait à ce qu’il s’était passé, même si rien n’était visible et qu’elle n’allait pas se laisser déconcentrer par une telle chose. Que du contraire. Après les salutations qu'exige un duel, elle se lança :

Nathalie – Intelligent, mais ça ne prendra pas avec moi. Très bien… Terorim ! Nemici Ventii !

Commençons par du simple. Mais naturellement, Nathalie n’avait pas envoyé les sorts l’un après l’autre, elle avait attendu l’espace de quelques secondes et, de plus, les avait envoyés de directions différentes grâce à des ricochets.

Les secondes s'écoulaient. Lentement. La salle restait baignée dans un silence pesant. Zepheryn avait eu le temps de faire bien des tours, avant de finalement se poser son dos sur le mur pourpre de la salle. Que faisait-elle là ? Était-elle bien tombée sur le bon QG, ne 'était-elle pas trompée ? Alors que l'inquiétude commençait à monter en elle et que son ventre se tordait douloureusement sous ses interrogations, elle crut entendre un mouvement à sa droite. S'en voulant d'avoir baissé sa garde, elle releva la tête mais déjà un épais brouillard s'élevait dans la pièce. Alertée, elle s'écarta du mur et balaya la salle d'un regard. Aucune issue possible. La fumée blanche enveloppait toute la pièce, et assez rapidement les murs rougeoyants s'estompaient sous les yeux ahuris de la jeune femme. Elle tenta de ne pas paniquer. Et pourtant. Cette épaisse brume sombrait son champ de vision. Elle était absolument certaine que quelqu'un se tenait également dans cette salle - ou du moins qui allait arriver. Elle se recula, tentant de chercher une solution et de l'écarter. Mais la brume, rapide, gagnait déjà du terrain et l'étrange phénomène entoura la Serdaigle jusqu'à l'effleurer. Elle eut aussitôt un accès de toux poussé, tandis que la brume ne cessait de l'envelopper. Elle avait mal. Une sensation qu'elle n'avait encore jamais ressentie l'envahissait. Un phénomène indéfinissable. Elle était à présent totalement couverte de cette blanchâtre brume. Elle n'arrivait plus à respirer, elle sentait comme des liens lui enserrer la gorge. Pourtant, les yeux toujours ouverts, elle ne voyait que du blanc. Du blanc lumineux, brumeux et inodore. Machinalement portant ses mains à sa gorge, se sentant menacée, elle était parfaitement nue. Sa respiration à présent s'accélérait, et il lui semblait que chacun de ses essais pour prendre de l'air lui étaient difficile. Comme n'ayant plus d'oxygène. Une idée traversa alors son esprit. Si elle avait bien comprit la source de son problème, alors une solution était possible. De l'oxygène : la voilà, sa solution. Pointant sa baguette sur sa gorge, elle murmura faiblement à bout de souffle :

« Apneocapit. »

Elle avait peu de chance d'avoir visé juste. Elle n'aurait jamais imaginé pouvoir utiliser ce sort en dehors de l'eau. Et pourtant, déjà sa respiration reprennait un rythme initial tandis qu'une bulle se formait au niveau de sa gorge. Comme respirant enfin de l'air frais et pur, elle se releva énergiquement. Zepheryn n'avait encore jamais vu de brume si épaisse et si impressionnante, mais à présent qu'elle pouvait respirer de nouveau elle se sentait plus vive que jamais. La jeune femme se déplaça d'abord, timidement, puis finalement balaya sans hésitation la pièce en aveugle, le brouillard blanchâtre lui dissimulant la vue. Seuls ses pas résonnaient dans la pièce, et ce silence lui semblait bien plus oppressant que précédemment. Elle se sentait comme épiée. Et surtout elle se sentait démunie. Elle n'avait aucune idée du temps que la bulle resterait bien placée sous sa gorge et lui permettrait ainsi de respirer librement. Le brouillard semblait trop épais pour être effacé d'un simple balayement de vent, si bien qu'elle rejeta bon nombre d'idées de s'en débarrasser. Elle essaierai plutôt de l'éviter. Par le haut ou par le bas. Zepheryn leva la tête en l'air, apercevant vaguement le plafond avec une longue marge de place. C'était risqué, et elle ne pourrait rester trop longtemps de par la complexité du sort qu'elle pensait tester. Mais elle ne perdait rien. Au moins pourrait-elle y voir plus clair d'en haut, et peut-être entrapercevoir quelque chose d'intéressant... Elle ferma les yeux, puis se concentra.

« Aeris. »

D'un mouvement un peu malaisé de sa baguette, elle crut un instant qu'elle l'avait raté et qu'elle allait devoir trouver une autre solution pour se sortir de cette brume. Et pourtant, quelques secondes après avoir lancé son sort, ses pieds se décolèrent doucement du sol. Avec une lenteur presque exaspérante, certes. Mais elle volait. Elle ne tiendrait pas longtemps, elle-même sentait son équilibre dangereusement basculer de droite à gauche. Son corps lui semblait lourd, et sa concentration ne restait infaillible. Concentration, et détermination. Après de bons efforts cependant elle parvint au haut de la salle, revoyant enfin les bouts de mur rouges et le brouillard oppressant noyer la pièce d'en haut. Un brouillard épais, et toujours si blanc. Impossible d'apercevoir une quelconque présence. Du moins d'en haut. Il fallait qu'elle trouve un moyen. Quelque chose clochait, elle en était certaine. Il fallait qu'elle en ai définitivement le coeur net, qu'elle cesse enfin de se sentir oppressée sans cesse. Elle entrevu à l'autre bout de la pièce des poutres, soutenant certainement le plafond. Redescendre et trouver, ou tenter et y aller ? Zepheryn sentit son corps baisser d'altitude légèrement, mais résolut de plutôt se diriger vers l'autre bout de la salle. Avec concentration, elle propulsa son corps à l'autre bout de la pièce, maintenant sa baguette vers la direction certaine des poutres et gardant confiance en elle. C'était bien la première fois qu'elle réussissait à rester si longtemps dans les airs, habituellement ne réussissant que quelques secondes à rester suspendue à faible hauteur. La nécessité du moment lui avait peut-être donné plus de force pour accomplir ce sortilège. Elle pu abaisser sa baguette à l'instant ou son pied et ses mains s'accrochaient à la haute poutre. Même si la position n'était pas très agréable, ainsi accrochée fortement et ses pieds enroulés sur le bois écorché et dur, elle serra les dents et balaya de nouveau la pièce d'un regard. Elle souffla, puis murmura tête baissée :

« Seimus ! »

Une drôle de lueur de satisfaction dans les yeux, la jeune femme mal accrochée à la poutre écouta le craquement du sol résonner dans la pièce, ne perdant aucune partie de la pièce des yeux s'attendant à voir déguerpir un sorcier ou au moins à entendre la douleur provoquée par la fumée étrangleuse. Mais elle était loin de se douter quelle créature rampait sur le sol - se craquelant et se fissurant violemment à présent. Elle faillit tomber de son appui, sentant même de là où elle était perchée les secousses violentes produites par son sort.

Pourtant assez sûre d’elle, la Serdaigle ne s’était pas attendu à voir son adversaire parer avec précision et justesse son propre sort, dont la lumière orangée se répercuta comme sur un mur se retournant vers elle. Bien qu’elle ai remarqué que le sort ne revienne pas directement sur elle, elle se baissa par simple reflexe avant de se relever. Un souffle vint chatouiller sa nuque, et une surface froide se pressa doucement sur cette dernière. Zepheryn ne bougea pas d’un pouce, retenant sa respiration. Elle manquait de rapidité. De ténacité, et surtout d’habileté. Ce genre d’erreur lui paierait cher face à un véritable adversaire, elle en était consciente. Cependant, sa main toujours agrippée à sa baguette, elle préféra simplement attendre. Si Aymeric aurait voulut réellement lui faire du mal, il lui en aurait déjà fait, à commencer par la viser justement et à cesser de l’observer constamment. Car à présent elle en était certaine. Elle avait été épiée depuis le début.

« Bienvenue ici. Je crois que tu me connais, je n’ai donc pas besoin de me présenter. Ce que tu ne sais sans doute pas, c’est que je fais partie de l’Ordre du Phénix… Tout comme toi, si tu réussis cette épreuve. »

Elle sentit son pouls se calmer et ses muscles se détendre, toujours sous l’emprise du Phénix. Ainsi donc, il l’était… Aurait-elle seulement imaginé un instant, en le voyant en cours, qu’il face parti de cette organisation illégale ? Jamais. Tout comme Rily d’ailleurs. Et prendre réellement conscience de ce fait lui donnait une image totalement différente d’eux. Elle les admirait. Plus qu’elle ne l’avait déjà fait en tant qu’élève. Elle avait déjà trouvé qu’ils se détachaient du lot. De par cette familiarité avec leurs élèves, cette envie de transmettre qu’elle avait plus ressenti chez eux que chez d’autres. Peut-être faire parti de l’Ordre du Phénix les avaient rendus ce qu’ils étaient aujourd’hui… Ou peut-être l’avaient-ils simplement toujours été. Aucune importance pour Zepheryn. Oui, elle voulait leur ressembler. Se mettre à leur niveau. Mais il lui restait encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’y parvenir… Gardant toujours sa baguette plaquée au creux de sa nuque, le Phénix s’était déplacé de façon à parvenir dans le champ de vision de la jeune femme. Elle, ne le quittait plus des yeux. Les siens brillaient, et c’est en suivant ses mouvements qu’elle écouta, attentive, les explications de son nouveau mentor.

« Avant de continuer notre petit combat, n’oublie pas de te préparer après chacune de tes attaques, à une riposte. Si la salle s’est transformée aussi rapidement, ce n’est pas grâce à un quelconque sortilège de métamorphose, mais plutôt parce que l’on peut lui faire prendre la forme que l’on veut. Je te laisse donc choisir le terrain pour la suite. »

Elle hocha vivement de la tête, quelque peu soulagée d’en avoir apprit d’avantage et que son formateur lui ai prodigué quelques conseils. Mais surtout, avoir mit le doigt sur l’élément qui permettait à cette salle de changer d’apparence lui semblait le plus important. C’était dans ce milieu qu’elle réussirait à évoluer et surtout à montrer ses réelles capacités. Elle connaissait ses faiblesses comme ses atouts. Le combat allait commencer à être intéressant. Et se sentir maître de ce qui suivrait l’excitait comme jamais. Tandis qu’Aymeric, sa baguette pointée devant lui se reculait d’elle pour lui laisser d’avantage d’espace, Zepheryn ferma les yeux et se concentra. L’atmosphère et les caractéristiques du lieu qu’elle allait créer devaient être bien choisies. Elle ne pouvait se permettre d’en choisir au hasard. Mais bien vite, les images se formèrent dans son esprit. Ainsi les yeux fermés, la jeune femme ne s’imaginait pas un seul instant que chacune de ses idées et de ses envies se formaient dans la salle sous les yeux d’Aymeric. Certes le décor se changea plus lentement qu’avait fait Aymeric plus tôt, mais l’effet en était tout aussi impressionnant. Le bout des lianes se gelait lentement, formant des stalactites fines mais solides. Le sol se recouvra de glace, et la petite étendue d’eau se recouvra en un perceptible craquement de givre miroitant, quelques flaques d’eau s’échappant théâtralement de la surface avant de retomber sur le verglas. La surface se fissura et des amas de glace s’en détachèrent, flottants ainsi par cinq gros blocs à la surface de l’eau frigorifiante. La faune se séchait, se glaçait, se brisait par éclats argentés retombant lourdement sur le sol. Zepheryn aurait pu tout simplement changer d’image en une seconde, leur évitant de perdre du temps en métamorphosant chaque élément présent dans la pièce. Mais métamorphoser cette faune en glace l’amusait presque. Elle n’avait jamais pu en manier avec une telle facilité, et sa baguette lui était d’aucune utilité. Il lui suffisait simplement de penser que tout se formait devant elle. Rouvrant les yeux, émerveillée par ce qu’elle avait produit, elle continua cette évolution cette fois les yeux grands ouverts. Il faisait légèrement plus frais dans la pièce. Mais sentir cette fraicheur sous ses pieds ne lui faisait pas de mal, la ravivant même. Les morceaux d’arbustes, à présent pâles, dénués de vie et opalins furent écrasés par des troncs d’arbres tombant à la renverse. On voyait néanmoins encore leurs racines, penaudes dans ce froid bipolaire. Zepheryn choisit de faire pousser des stalagmites du sol même, dont la pointe arrivait au même niveau que ses hanches. Il lui semblait que les murs et le plafond brillaient dans cette blancheur et cette fraicheur bénite. Mais peut-être étais-ce seulement une illusion.

Pourquoi ce lieu ?

Parce qu’elle allait pouvoir mêler les deux éléments qu’elle affectionnait le plus. Deux opposés à la fois glaçants et brûlants. Et à la perspective de les manier comme jamais elle n’avait eu l’occasion de le faire, un long sourire s’étira sur son visage. Le décor était à présent vide. La faune se mourrait à leurs pieds. Mais il lui sembla qu’aucun lieu ne fût aussi riche. Déterminée, satisfaite, la jeune femme releva sa baguette sans quitter son adversaire des yeux avec son continuel sourire aux lèvres. Enfin, elle allait s’amuser...

* Systam Mefet *

Hors de question de le prononcer. Sinon, à quoi bon l’utiliser ? L’effet de surprise n’aurait pas été le même. Ses yeux s’étant détachés de ceux d’Aymeric, elle visa une énorme stalactite à moins de deux mètres de son formateur. La glace s'explosa, atteinte du jet opalin qui s'était sortit de sa baguette. Des pics de glaces pointus s'éparpillèrent ainsi dans l'air, s’élevant gracieusement et avant qu'ils ne retombent, la jeune femme enchaîna rapidement.

* Expulso ! *

La pointe de la stalagmite, changeant de trajectoire sous le sort retentissant, se dirigea vers son adversaire, le menaçant dangereusement. Tandis que l’énorme bout de glace le pointait au niveau des côtes, la jeune femme pointa sa baguette vers les jambes de son formateur préparant un dernier sort d’attaque avant de se préparer d’hors et déjà à se défendre ayant pu observer de la rapidité d’Aymeric.

« Exglacie. »

Un. Deux. Trois, quatre et cinq. Cinq impressionnants pics pointus sortaient du sol avec lenteur. L’un devant son pied gauche, le deuxième un mètre devant lui, le troisième à pas moins de trente centimètres derrière lui, le quatrième juste à sa droite et le dernier lui frôlant presque le dos, se formant bien plus rapidement que ses quatre congénères et le trompant ainsi, tandis que le pic de glace se dirigeait toujours vers lui.

Avoir un rendez-vous à une heure fixe, c'était quelque chose qui n'était pas arriver depuis longtemps à Claire qui était légèrement en retard. Cela faisait plusieurs jours qu'elle avait rejoins les Phénix, de nouveau et dans l'ombre. Seul Nathalie était au courant et ces deux derniers jours, depuis qu'elle avait enfin pu parler à la chef de l'Ordre, la jeune blonde avait repris les affaires et s'était tenues au courant des derniers combats. Beaucoup de choses s'étaient passés et visiblement, la puissance des Mangemorts s'étaient une nouvelle fois accentuée. La chose la plus dangereuse, très certainement, c'était la réapparition soudaine du Basilic à Poudlard qui avait déjà fait plusieurs victimes. Des élèves, innocents, qui n'avaient strictement rien demandés et tués simplement à cause de leurs origines. Elle avait loupé tellement de chose ces dernières années... Mais au fond, elle savait qu'être Phénix était sa destinée et qu'elle ne pouvait pas l'éviter aussi facilement. A peine avait-elle quitté Poudlard qu'on lui avait proposé une place dans l'Ordre afin de vaincre le mal et même si elle avait vécu les pires années de sa vie en côtoyant un peu trop souvent la mort et les blessures, Claire avait aussi découvert une véritable famille et des amitiés hors du commun. Aujourd'hui, quasiment plus personne n'étaient présent. Certains étaient morts pendant un combat et d'autre avait préféré partir pour se protéger ou pour continuer de défendre le monde au delà de Londres.
Mais elle n'avait rien perdue, rien oubliée. Combattre était dans ses gênes, au plus profond d'elle même et aujourd'hui c'était ce qu'elle allait faire. Nathalie lui avait demandé de venir tôt le matin pour mettre les détails en place et lui communiquer le nom de son adversaire. Mais Mia, sa petite fille, avait fait des siennes, refusant de voir sa mère partir d'aussi bon matin et son caprice avait déchiré le coeur de la jeune Maman. C'était tellement symbolique ! C'est graçe à son filleul, Liam, qu'elle réussit à calmer sa fille ; le petit garçon avait détourné son attention en lui proposant de jouer. Elle pénétra alors dans le Quartier Général de l'Ordre avec une dizaine de minutes de retard. C'était certainement pas très bien vu pour une première journée de... réintégration. L'Elfe l'accueilli alors avec plaisir, la chef des Phénix lui avait visiblement communiqué sa présence.


- Madame Matthews vous donne rendez-vous dans la salle d'entrainement n°5. Votre adversaire, Miss Kuders s'y trouve déjà et je crois que Madame Matthews s'est rendu dans la salle pour débuter l'entrainement.


Elle remercia d'un signe de tête et d'un chaleureux sourire la petite créature. Il n'y avait personne dans le salon, c'était affreusement vide. De son temps, il y avait toujours quelqu'un qui lisait un livre ou qui discutait avec un autre. Les temps avaient changés et il était hors de question pour la blondinette de combattre aux côtés de gens qu'elle ne connaissait pas et elle se jura dans son fort intérieur de se présenter aux autres Phénix. Avoir confiance en son partenaire était très important pendant un combat, si on pouvait ne pas ce soucier de son bras gauche protéger par un de ces confrères était un véritable avantage. L'ancienne Gryffondor prit donc la direction de la salle d'entrainement que lui avait indiqué l'Elfe de maison. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle constata avec effroi un sacré raffut. Dans un décors réunissant forêt, sable et lac, un vent très important soufflait dans la salle. Instinctivement, la nouvelle Phénix se cacha derrière une pierre, observant la scène. Alors que Mélina tentait de trouver une solution pour contrer le sort de la chef de l'Ordre et qu'elle était occupée par cela, elle fit un signe de la main à Nathalie pour lui montrer sa présence sans que sa futur adversaire ne puisse la voir. Elle l'observa se mouvoir avec rapidité, elle avait une force physique importante et une rapidité déconcertante. Visiblement, être en cavale était bénéfique. Elle avait vu un nombre incalculable de fois l'affiche de recherche sur Mélina, elle savait intérieurement que cette femme n'avait rien fait et que le gouvernement de l'époque devait être corrompu, comme bien trop souvent. D'un simple revers de baquette (désolée, je n'ai pas trouvé mieux), Nathalie réussit à éviter les deux sortilèges qui venait de filer droit sur elle. Toujours caché derrière sa pierre, la jeune blonde observait toujours Mélina qui se tenait près du lac, la baguette tendu, près à riposter à sa chef. Mais cette dernière disparu soudainement grâce à l'Elfe qui venait d’apparaître avant de disparaître un quart de seconde plus tard. Le combat allait dès à présent commencer ; elle avait toujours voulu combattre une fugitive, c'était assez excitant.
Elle laissa plusieurs secondes s'écouler, respira profondément pour se concentrer avant de saisir fortement sa baguette. Elle se révéla alors au grand jour :


- Diffindo !


Voilà de quoi bien commencer un combat ; un petite coupure bien saignante et bien douloureuse pouvait être un avantage considérable pour le reste du combat. Affaiblir son adversaire était primordiale avant d'espérer pouvoir gagner un combat et le capturer... Même si ce n'était pas le cas aujourd'hui. Mais elle savait que l'adversaire qu'elle avait en face d'elle n'était pas une débutante, bien au contraire. Ce n'était pas l'entrainement d'un petit nouveau qui n'avait jamais côtoyer un Mangemort, c'était Mélina Kuders, l'ancienne chef des Aurors et là, Claire n'était pas forcément l’entraîneur, au contraire. La jeune Maman était presque rouillée... Mais il était hors de question de se laisser faire, elle se battrait coûte que coûte et elle allait lui prouver :


- Fustigeaflamma !


Un long fouet sortit alors de la baguette de Claire qu'elle dirigea vers son adversaire dans l'espoir de la toucher.