{L2} Quartier Général

Une fois exprimé, Liam resta un moment pensif. Tous semblaient pensé que Raphaëlle faisait partie des Mangemorts. Tous sauf lui. Il se sentait vraiment mal par rapport à ça. Il n'avait jamais vu en elle une ennemie, et lui était presque inconcevable qu'elle aurait pu l'attaquer. Mais toutes les preuves l'accablaient. Il ne pouvait rien dire: les faits étaient là. Son don de Métamorphomage, son elfe du même nom que celui qui avait débarqué pendant le combat... Toutefois, il voulait garder un espoir qu'il n'ait pas été trahie par une personne qu'il considérait comme une amie.

April et Noah s'étaient lancés pour questionner Liam. Celui-ci n'avait pas énormément envie de parler, de peur de donner encore plus d'indices sur la Serpentard, mais il n'avait pas le choix. Il se décida à parler:

- Oui, je connais Raphaëlle. Pour moi, même si j'ai toujours vu qu'elle était attirée par la magie noire, je n'arrive pas à l'imaginer Mangemort. Mais je ne peux que constater que tout est là pour l'accuser. J'habite pas en colocation avec elle, mais j'ai eu l'occasion de parler avec elle. Mais rien qui puisse vraiment nous intéresser. Je sais qu'elle est du genre aguicheuse, elle travaille à la Tête de Sanglier et...

Le Poufsouffle hésita à parler de sa conversation avec Kyara. Outre le fait qu'ils soient partis dans une petit dispute et qu'elle lui ait démontrée qu'elle n'appartenait pas aux Mangemorts, elle lui avait révélé connaître l'elfe "Piwy"... Comme celui de Raphaëlle. Et le Phénix ne savait s'il devait le garder pour lui ou pas. Après tout, ça peut arriver que deux elfes aient le même prénom? Peut être faisait-il route en croyant que cet elfe appartenait à la jeune femme? Mais il en doutait fortement. Aussi, il se résigna à faire part de cette information:

- Elle a un elfe qui s'appelle Piwy. Exactement le même nom que celui qui est venu les sauver, la soirée où on les a attaqués avec Noah.

La discussion avançait, les éléments apparaissaient la condamner, pourtant, j'avais besoin d'aveu, nous ne pouvions la condamner avant qu'elle ne se soit exprimée. Raphaëlle. Je crois que j'avais encore de la sympathie pour elle, malgré tout, mais elle me répugnait, terriblement. Je ne veux pas la dénommer "Mangemorte" dès maintenant, cependant, si c'est le cas, je voudrais bien savoir pourquoi, pourquoi tuer, pourquoi faire du mal. C'est surement la seule chose que je ne comprenais pas dans leur idéologie. C'est un peu contre ça que je me bats, cette violence, le reste, je n'en ai pas grand chose à faire. Qu'ils dominent le monde magique ou pas, je ne verrais pas la différence. Ce que je veux c'est qu'il n'y ait plus de violences, pourtant, je ne suis moi-même pas plus logique : en quoi la violence peut-elle combattre la violence ? Je ne sais pas, je n'y réfléchissais pas. La seule qui avait un peu d'importance ici, c'est Raphaëlle.

"Ce que je propose, c'est qu'on lui rende visite." dis-je. "Mais pour ça, il faut la trouver. Liam, tu la connais, n'est-ce pas ? Pourquoi ne pas lui tendre un piège, comme ça elle sera seule et isolée donc plus facile à attraper Qu'en pensez-vous ?"

Après de plus longs débats, nous avons finis par avancer un plan dans le but de la démasquer.

[Je clos cette réunion]

Worse day ever. Ca pour être la pire journée de tous les temps, s'en était une. Noah avait un verre de whisky à la main, une cigarette dans la bouche, les pieds sur la table, et elle voyait des images défiler devant ses yeux. La bataille à Poudlard, la puissance et la chance des Mangemorts, les blessés partout, le visage faible et souffrant de ceux qu'elle avait amené à Ste Mangouste et qu'elle espérait voir sortir sans séquelle. Y avait-il eu des morts ? Et puis son gallion qui n'avait pas arrêté de la brûler, si fort qu'elle avait une marque rouge sur le haut du torse. Son bar, le Chaudron Baveur, dix ans de travail, réduit en cendres. Phoebe et Abygael avaient juste réussi à sauver la caisse, et évacuer les lieux pour empêcher des blessés. Mais ça ne réconfortait que peu Noah... Elle se sentait vide,. Ils avaient atteint le lieu dans lequel elle avait passé la moitié de son temps durant presque dix ans. Ils avaient atteint Poudlard. Ils semblaient pouvoir obtenir tout ce dont ils rêvaient... Tous les commerces sorciers avaient subit ce sort. Au moins Elenna, Abygael et elle réussiraient à se soutenir, se comprendre.

Jamais Noah n'oublierait cette journée. C'était une catastrophe. Alors elle sirotait son verre de whisky, en attendant des nouvelles. Ils avaient rendez-vous ici, dés que possible. Tous s'en doutaient, il fallait rassembler les quelques indices récoltés tout au long de la journée. Tous allaient bien, aux dernière nouvelles. "Dépéchez-vous les gars, j'ai besoin de sentir une présence réconfortante."

Un plop sonore. Deux silhouettes apparurent dans une impasse, à quelques rues de Eagle Place où se trouvaient les quartiers généraux de l’Ordre du Phénix. Il s’agissait de Clíodhna Quinn, à peine reconnaissable avec tout le maquillage dont elle s’était tartinée pour masquer son état de fatigue avancé et les éraflures qui lui avait laissée l’attaque de la Grande Salle de Poudlard, et d’April Warren, sa chère collègue qu’elle avait trainé comme un boulet grâce à un Transplanage d’escorte. Alors qu’elle pensait avoir un peu de répit après cette rude et sanglante journée, la professeure de Métamorphose avait reçu un message de leur chef, Noah Alniott, qui les sommait tous de la rejoindre dans les plus brefs délais. Elle s’était donc exécutée en prenant soin d’aller secouer Warren, laissée mal fort mal en point après s’être pris un vilain sortilège en pleine face dans la Grande Salle. En réalité, elle avait été assommée et semblait encore un peu sonnée, arborant un hématome aux couleurs pour le moins intéressantes sur le front. Celui-ci était tellement impressionnant que Clíodhna avait renoncé à l’idée de le maquiller, de peur d’empirer les choses… Enfin bref, les deux jeunes femmes marchèrent bras-dessus bras-dessous quelques minutes avant de finalement arriver au 21, Eagle Place, au cœur de ce quartier résidentiel.

Après avoir habilement contourné les sécurités des lieux, elles s’engouffrèrent dans la bâtisse et se dirigèrent droit vers la salle qu’on pouvait à proprement parler appeler leur quartier général, dont l’accès était dissimulé derrière un tableau de la cage d’escaliers. Ce fut sans grande surprise qu’elles y découvrirent une Noah lessivée, clope au bec et alcool à la main. Elle ne perdait donc pas de temps, elle aurait quand même pu les attendre ! Pour sa part, Clíodhna était parcourue d’un sentiment étrange et ambivalent, pour autant qu'elle put encore ressentir quelque chose. Elle n’avait fait son retour dans le groupuscule que très récemment et cette maison lui rappelait encore beaucoup de souvenirs, certains particulièrement douloureux. C’était aussi difficile de se faire à l’idée que quasiment tous les membres avaient été remplacés...

« Dis-moi qu’il te reste encore un peu de whisky, sinon c’est officiellement la fin du monde », lança la brunette à la grande chef, avant même de la saluer.

Elle se pencha ensuite vers elle et lui fit la bise, lui lançant un sourire triste et plein de compassion. Bizarrement, elle n’avait absolument pas hâte d’apprendre les dernières nouvelles qui promettaient d’être plus terribles les unes que les autres.

Énième transplanage de la journée pour se retrouver dans les rues de Londres, pas au Chaudron Baveur mais dans un autre endroit auquel j'étais tout aussi attachée. Je pris les précautions habituelles pour rejoindre Eagle Place bien qu'avec tout le stress que j'avais accumulé dans la journée cela me démangeait de foncer directement sur le manoir et d'ouvrir la porte à la volée. Pour enfin voir tout le monde, pouvoir vérifier de mes propres yeux qu'ils étaient tous entiers. Et savoir de source sûre ce qui s'était passé à Poudlard. J'avais attendu ce moment des heures et si je n'avais pas été retenue par cet Auror, ce Scrim... là, nul doute que j'aurais déjà été sur place à l'heure qui l'est.

J'étais finalement parvenue jusqu'à la résidence, l'agacement venant s'ajouter aux nombreuses émotions que j'éprouvais déjà. Après le remake de la Bataille de Poudlard, les diverses attaques qui avaient tenu mon gallion d'urgence au chaud, les enquêtes et les interrogatoires, l'on comprenait sans mal que j'étais à fleur de peau. Pour un peu j'en aurais fait halte à la cuisine afin de profiter du bonheur simple d'exploser quelques p*tains d'assiettes. Je ne fis que passer devant en traversant le salon et filais aux escaliers, empruntant le passage secret qui menait au dernier étage. Les pièces des autres niveaux avaient tout de pièces de vie commune, dans tous les sens du terme : on aurait pu se méprendre à penser qu'il ne s'agissait que d'une de ces grandes résidences lambdas (quoique pas si lambdas car luxueuses) où plusieurs personnes cohabitaient. Le deuxième étage renfermait presque tous les secrets du bâtiment et notamment le coeur de l'Ordre du Phénix, notre Quartier Général où nous nous réunissions en temps de crise. Je n'avais pas besoin de chercher à travers la demeure où était tout le monde, il coulait de source qu'ils étaient tous là-bas. Pour ceux qui étaient déjà arrivés.

Le tableau me laissa passer et après encore quelques marches plus abruptes, je fis mon entrée dans le seul endroit qui me paraissait encore sûr... Dénomination que je prenais avec un certain humour, après tout Poudlard que Ministère, presse et Harshing vantaient comme une des places les plus sécurisés de Grande-Bretagne! venait de subir une invasion de mages noirs.
Noah, Clío' et April étaient là, les deux premières debout à parler de whisky d'un ton qui laissait deviner qu'elles avaient essuyé l'apocalypse, la troisième dans un sale état mais vivante et consciente. Je respirais enfin librement! Jusqu'à maintenant notre bilan personnel n'était pas des plus noirs... J'espérais qu'il en était de même pour Poudlard.

Effleurant le bras ou l'épaule de mes soeurs d'armes (là où ça n'avait pas changé de couleur) en passant près d'elles, comme pour leur transmettre le peu d'énergie positive qui me restait, je pris une trajectoire directe pour la bouteille de whisky. Du meuble je sortis les six verres manquants et y versais le breuvage ambré. Puis sans prendre la peine de les diluer, je fis voler deux d'entre eux jusqu'à 'Pril et Clío'. Je me saisis d'un troisième et m'appuyant nonchalamment sur le meuble à hauteur de fesses, je m'autorisais un brin de cynisme :

- Comment vous qualifieriez cette journée vous ? "Pire jour de notre courte existence" ? "Pré-apocalypse" ? "Le souvenir que nous allons tout faire pour effacer dans l'alcool" ?

Il me paraissait à point de finir ces paroles en descendant cul-sec le whisky.

HRP : J'ai supposé qu'il s'agissait d'un RP pour tous, je m'incruste donc, j'ai un peu de temps devant moi!

Quel bordel. Poudlard était devenu un vrai bordel. Nous avions passé la majeur partie de la journée à réparé le désastre qu'avait causé les mangemorts. S'occuper des élèves blessés, prendre soins du corps des morts, faire en sorte que les familles soient prévenus, écrire des lettres à nos amis s'inquiétant de notre état, redonner à Poudlard un tant soit peu de classe. Ils avaient tout détruit, le hall, la grande salle, les escaliers, la grande porte. Méconnaissable, Poudlard était complètement méconnaissable. Je m'en voulais. Je n'avais peut-être pas fait assez, peut-être avais-je manquer certains signes annonciateurs ? Et si j'avais été encore un peu plus réactif, d'autres vies auraient-elles été épargnées ? Tant de question que je ne cessais de me poser. Il fallait que je sorte d'ici, de cet environnement qui me rappelait les choses affreuses ayant eu lieu dans l'enceinte du château plutôt dans la journée. Noah m'avait offert cette possibilité, en effet elle demandait aux membres de l'Ordre de se rendre le plus rapidement possible au QG. Je m'occupais de dernier détails, m'excusait auprès de mes collègues pour mon départ, prétextant une visite dans la famille afin de les rassurer. Juan, mon elfe de maison, s'approchait de moi, il semblait avoir deviner l'endroit dans lequel il devait m'emmener. Cet elfe me surprenait chaque jours de plus en plus, il était intelligent, parfois drôle. En plus, il adorait séduire les jeunes sorcières du château. Il me disait qu'elle trouvait son accent espagnole sexy.

Nous arrivions dans une allée non loin du quartier général. Je marchais tout en discutant avec l'elfe de maison, il tentait de me changer les idées. C'était mignon. Il m'expliquait comment il avait emballé sa dernière conquête, une elfe bien sûr. Je savais que Juan avait une préférence pour les humaines, en même temps comment pouvait-on résister aux charmes des humaines ?, mais il devait se contenter des elfes. En quelques minutes, nous arrivions dans le hall. D'ici, je pouvais entendre ce qu'il se passait dans une des pièces voisines. J'entendais la voix d'Abygaël émanant de la pièce "centrale" du QG, que je m'empressais de rejoindre.

Comment vous qualifieriez cette journée vous ? "Pire jour de notre courte existence" ? "Pré-apocalypse" ? "Le souvenir que nous allons tout faire pour effacer dans l'alcool" ?

Je souriais à sa remarque tout en pénétrant dans la pièce. L'elfe de maison se dirigeait droit vers Clio, de laquelle il semblait être tombé follement amoureux.

Miss Quinn, vous êtes si bella. Juan aime boucoup vos cheveux. Les méchant vous ont pas fait mal au moins ? Si oui Juan vous vengerrrra Miss Quinn.

Il prenait un air méchant, loin d'être crédible. Je lançais un regard d'excuse en direction de Cliodhna puis commençait à parler.

Hé ben, ça ferait une belle une pour la gazette : L'Ordre du Phénix, défait, se noie dans l'alcool pour oublier.

Je soupirais tout en m'approchant d'Abygaël, je remplissais un des verres vides toujours présent sur le meuble puis le remplissait de whisky. Je laissais la bouteille ouverte, prenait mon verre et puis Mazel Tov. Verre vide. Je prenais la bouteille à nouveau et remplissait mon verre encore une fois. Je jetais un coup d'oeil vers Aby, son verre était vide lui-aussi. Plus pour longtemps, je versais du liquide, maladroitement, à l'intérieure.

- Fils de p*tes. Ce sont tous des fils de p*tes...
C'était ce que je répétais inlassablement à Cliodhna pendant qu'elle m'essuyait le front la mine écoeurée... J'étais très fatiguée, et j'avais mal partout... Mais ça encore ça allait, c'était plutôt l'incompréhension dans laquelle je me trouvais qui était le pire. Dire qu'il y a quelques heures on mangeait tous à la grande table, un peu tristes ou nostalgiques. Dans une atmosphère chaleureuse qui sentait les bons matins... On se préparait à partir mentalement, à être en vacance pour beaucoup. Tout était parfait, le soleil brillait en plus de ça. On était tous censés rentrer chez nous, sans tracas, sans dégâts à évaluer et surtout sans traumatismes... Tout était raté en fin de compte, tout était fichu... La soirée qu'on était censée se faire aux CB avec les Phénix, l'after avec Laura, Abygael et Ethan... Autant se lancer un avada kedavra, tout était fichu... Je ne me souvenais de quasiment rien, c'était ça le pire. Une silhouette sombre avait débarqué, puis tout était allé très vite... J'avais sauté, une explosion puis pouf... Plus rien, d'après Valentina je m'étais faite assommer. Quand elle m'avait dit ça, j'avais vraiment cru que j'allais prendre ma baguette pour m'auto-trucider. Mais ce n'était pas le plus traumatisant. C'était la grande salle, complètement dévastée, détruite, comme si une tornade était passée par là. On évacuait des élèves blessés, les professeurs étaient restés, Clio était penchée vers moi et me donnait des claques. J'avais ouvert les yeux, et j'avais bien cru mon coeur m'avait laissé tomber. J'avais senti un poids lourd m'assaillir, ma mâchoire était devenue pendante, et je peinais à en croire mes yeux... Des frissons me traversaient de toute part, je tremblais subitement, et je ne pouvais même plus déglutir correctement... C'était une vision d'horreur, qui revenait dès que je fermais les yeux, telle une image factice...

Subitement je sentis une chaleur me brûler vivement. J'avais tellement de frissons que cela ne me fit même pas sursauter. C'était pas le cas de Clio, qui tressaillit et lâcha son pinceau pour regarder son gallion d'urgence.
- Qu'est-ce qui se passe ? Demandai-je d'une voix pâteuse.
- On doit se retrouver au QG... Répondit-elle la mine fatiguée.
Il me fallut du temps pour que l'information monte au cerveau... Je la voyais se lever, et je ne compris pas sur le coup. Je redressai les bras, de telle façon à ce qu'elle puisse m'aider à me soulever... Et c'était ainsi, bras dessus-dessous, que nous partîmes toutes les deux en direction du QG... Le trajet était particulièrement fatiguant, il fallait marcher beaucoup et personnellement je n'en pouvais plus. Heureusement l'air était frais pour une journée d'été, cela compensait donc... Dix minutes plus tard, on rentrait en trombe, se dirigeant tout droit vers le quartier général des Phénix. Sans vraiment faire attention aux meubles et à l'endroit lui-même, car on ne voulait qu'une chose c'était retrouver nos frères d'armes...

- Dis-moi qu’il te reste encore un peu de whisky, sinon c’est officiellement la fin du monde. Souffla Clio en se penchant vers la cheffe des Phénix qui semblait exténuée, comme si elle peinait à tenir son verre.
La belle brune lui fit la bise et je ne pus m'empêcher de faire un sourire incrédule en voyant la situation. Je trouvais marrant le fait que Clio soit classe en toute circonstance... Un bruit de porte claquée retentit. On attendit, écoutant les pas venir vers nous se demandant qui avait réussi à se libérer...
C'est alors qu'Abyss débarqua avec sa silhouette filiforme et sa bouche entre-ouverte. Elle nous dévisagea longuement, ne disant rien, n'exprimant rien... Ses yeux vairons voulaient tout dire, ils nous criaient "p*tain de m*rde"... Elle s'approcha de nous, nous effleurant chaleureusement. Les secondes semblaient s'écouler lentement pendant qu'elle prenait des verres de whisky. Elle prit aussi le temps d'en servir deux et fit léviter les alcools couleur ambré, une invitation à se servir... Je pris le mien, puis bus cul sec. Le choc du tournis alcoolique me fit vaciller et je m'avachis sur le premier fauteuil venu... La boisson me brûlait la gorge, rendant mon souffle encore plus insupportable qu'il ne l'était. Entre mon gallion qui me brûlait la peau, les courbatures amassées, et ma tête qui ne cessait de se faire comprimer par mon cerveau en suractivité mentale, j'avais vraiment envie de chialer comme un niffleur étant à dix kilomètres d'or... Je devais être sur les nerfs et à bout de force.

- Comment vous qualifieriez cette journée vous ? "Pire jour de notre courte existence" ? "Pré-apocalypse" ? "Le souvenir que nous allons tout faire pour effacer dans l'alcool" ?
Je rigolais à sa réplique ironique, remarquant Dwayne qui rejoignait Aby pour pouvoir se servir lui aussi un verre. Lui aussi semblait épuisé. Voir même encore dans le trip de la bataille...
- Miss Quinn, vous êtes si bella. Juan aime boucoup vos cheveux. Les méchants vous ont pas fait mal au moins ? Si oui Juan vous vengerrrra Miss Quinn.
Je rigolais doublement suite à la déclaration de l'elfe... Comme quoi, j'avais besoin de faire sortir toute cette pression d'une manière ou d'une autre...
- Hé ben, ça ferait une belle une pour la gazette : S'exclama Dwayne qui batta tous les records du cynisme. L'Ordre du Phénix, défait, se noie dans l'alcool pour oublier.
Mes gloussements reprirent tout doucement jusqu'à littéralement devenir des éclats de rire... Je sentis mon envie de pleurer disparaître sous mes larmes qui naissaient du coin de mes yeux. Je riais tellement que je développai un mal de côté insensé, me faisant plier en deux. Le verre de whisky tomba en un grand fracas, répandant le liquide doré sur le sol...
- Nan sérieux Soufflai-je en réussissant à me calmer, la jambe sur mon dossier. Les trois termes sont juste parfaits. Et le meilleur dans tout ça, c'est qu'ils sont partout ! Le lieu le plus sécurisé de Grande-Bretagne vient d'être attaqué, et on a beau être partout on ne peut quasiment rien faire... Sérieusement, suis-je la seule à penser qu'on est dans la m*rde ?
Cette pensée me fit déglutir dangereusement. Mes yeux s'embuèrent de fatigue, et je me relevai, ramassant mon verre pour le remplir. A ras bord cette fois...

April et Cliodhna arrivaient tout droit de Poudlard, suivies de près par la propriétaire de Waddiwasi, puis par professeur Maddison et son elfe de maison. Tous avaient les traits tirés, un verre d'alcool fort à la main, et des paroles pleines de sarcasme. Ethan qui était sorti depuis peu du coma était encore sous surveillance médicale ce qui expliquait qu'il n soit pas là. Quand à Elenna, elle devait être encore sur le Chemin de Traverse à s'occuper des dégats commis à Ollivanders, et de toute la paperasse que cela demandait après. A moins qu'elle ne se soit lancée dans une chasse effarouchée des casseurs..?

Le petit groupe -en bonne santé ce qui était un exploit- discutait vivement de la non sécurité de Poudlard, de leur alcoolisme à tous, et même l'elfe de Dwayne se joignait à la conversation.

-Sérieusement, suis-je la seule à penser qu'on est dans la m*rde ?

La chef de l'Ordre termina son verre d'une traite, alluma une autre cigarette, se redressa un peu et ouvrit la bouche pour la première fois depuis l'arrivée de ses frères et soeurs d'armes.

-Heyyy vous savez pas comment ça me fait plaisir de vous voir tous en bonne santé!

Noah laissa un court silence s'installer, et son sourire s'effaça.

-Ok, c'est la seule chose positive que j'avais à dire. J'pense que maintenant on va chacun raconter notre journée, je vais tout noter avec ma plume à papote, et peut-être qu'on y verra plus clair... Vers midi j'étais ici avec Aby et Elen', on a reçu un message par gallion de Kyara, un patronus d'une alliée, on a transplané directement après avoir prévenu des alliés extérieurs à Poudlard. On a fait exploser les grilles de Poudlard, et là, j'ai couru sans vérifier que les filles me suivaient, je me suis battu contre deux mangemorts différents, ils étaient hyper forts, rapides, évitaient les sorts... Ultra chaud quoi, donc face à la détresse des élèves, j'ai chopé Swann la médicomage et on a commencé à tous les rapatrier dans le parc. Mon elfe les emmenait à Ste Mangouste par petits groupes... Finalement j'ai remarqué les nouveaux messages sur mon gallion, l'attaque des commerces, tout ça... Au Chaudron je suis tombée sur Phoebe et Aby, et le chef des aurors. Voilà, mon bar est détruit, Londubat m'a posé trois questions débiles, et j'ai essayé de nettoyer un peu avant de venir me bourrer la gueule ici. A qui de raconter sa pire journée de sa courte vie?

Noah jeta un regard à chacun de ses camarades, elle en avait presque la larme à l'oeil, de le avoir tous assis devant elle, plus ou moins en bon état, mais présent. Ca la faisait relativiser. Un peu. Ils formaient une très bonne équipe, c'était tout ce qui lui permettait de ne pas se jeter de son tapis volant lancé à pleine vitesse.
Elle jeta regard vers son parchemin et sa plume à papote afin de vérifier qu'elle retranscrivait bien les propos, et écouta attentivement tout ce qui se disait.

Noah entama sa version des faits, d'un ton sans équivoque. Expliquant en gros qu'elle avait réussi à être là jusqu'au bout, et qu'elle s'était débrouillée pas mal pour sauver le maximum d'élèves. Sans oublier de souligner que son bar était détruit, réplique qui avait le don de me foutre encore plus mal que je ne l'étais déjà... Ollivander's, Waddiwasi, le CB, les larmes commençaient à monter.Je n'imaginais pas la détresse dans lesquels elles devaient se trouver toutes les trois. Cette situation devenait suffocante, je bus une gorgée de mon brevage, avant de le poser. Noah semblait exténuée, mais bizarrement sereine. C'était peut-être le fait qu'on était tous vivants, oui on pouvait se contenter de ça, même si on ne savait pas où était Elenna, et cela m'inquiétait quelque peu... Je voulais pas qu'elle se foute dans des em*erdes pas possibles.

Mon coup devait être particulièrement violent pour que je me mette à penser à des interrogations comme celle-là. Quatre de nos principaux lieux de repère venaient d'être détruits, et je me faisais encore plus de mal en pensant à Benson en danger. J'étais définitivement masochiste. Je commençais à fatiguer, je poussai une chaise et m'assis à côté de Noah avant de m'effondrer sur mon bras. D'un geste machinal, je pris la main de la jeune femme, et jouai avec. Triturant ses doigts en réfléchissant à ce que je pouvais dire à mon tour...
- Personnellement je me souviens de rien. Clio a utilisé notre table comme bouclier, j'ai couru dans le tas, puis je me suis faite assommer sûrement. Après il y a un truc dont je me souviens bien. C'est que j'avais vu qu'un seul mangemort rentrer dans la salle, puis d'un coup il y a eu un énorme brouillard, mais c'était pas le mangemort puisqu'il se trouvait au milieu et pas vers le brouillard. J'crois qu'ils ont des alliés parmi les élèves...

Des bruits de pas suivirent ces mots, deux démarches pour être exact. L'une était régulière et posée, faisait un bruit mat, l'autre était plus rapide et plus aigu, de petits pas légers. Je tournais la tête vers Dwayne, son mince sourire et son elfe de maison. Leur présence me réchauffa un peu plus le coeur, c'était bon de les voir de retour en "pleine" santé. Juan arriva même à détendre l'atmosphère avec son petit numéro de dragueur devant Clío'. Le pauvre n'y est pour rien mais il n'arrange pas les clichés sur les espagnols, pensais-je un brin amusée. Faisant un peu oublier les frasques de son petit compagnon, Dwayne commenta le joli tableau que nous formions. Le pire c'est que m'imaginais très bien la une en question, avec les gros titres qu'il avait cité.

- Tu rigoles mais ça ne m'étonnerait même pas, soupirais-je en brûlant mentalement ces stupides torchons qu'on appelait journaux.

Quant à April, elle prenait la chose avec une joie quasi hystérique. En moins de temps qu'il n'en fallût à Dwayne pour se servir du whisky et le boire, elle avait passé des ricanements au fou rire en passant par la case "je fais tomber mon verre de whisky". Ouais, cela résumait bien l'état intérieur dans lequel j'étais... Je descendis mon whisky une fois encore, heureusement que ce cher Bernard avait de la suite dans les idées. Je lui glissais un merci discret pour ne pas couper notre soeur d'armes bien décidée à se libérer de ce qu'elle avait sur le coeur. Je grimaçais au pragmatique bilan... Il semblait bien qu'ils étaient partout. Donc oui, il semblait bien qu'on était enfoui dans une bouse énorme puante et collante, des pieds à la tête.

Songeuse, je jouais avec mon verre vide, faisant tournoyer la dernière des dernières gouttes au fond. Noah prit alors la parole pour lutter contre le défaitisme grandissant, s'exclamant qu'elle était heureuse de nous voir tous en bonne santé. En réalité Elenna n'était pas arrivée et cela commençait à m'inquiéter. Elle avait sûrement à faire avec Ollivander's et probablement l'interrogatoire de l'Auror dépêché sur place, cependant avec ce qu'avait vécu Ethan il était difficile d'être rassuré. La chef enchaîna ensuite sur un rapide compte-rendu de sa journée. A l'aide de mes bras, je me haussais sur le buffet derrière moi et m'y assis pour écouter confortablement son discours. Attentive, j'acquiesçais inconsciemment à ce que Noah disait. Elle s'était bien dém**dée. Je me sentais trembler en imaginant son calvaire, le château détruit, ses occupants blessés ou morts... J'eus un regard que j'espérais réconfortant pour la petite brune, même si je savais que des yeux doux ne pansaient pas les plaies morales qu'avait ouvertes la bataille.

April s'approcha d'elle, lui apportant un peu de chaleur humaine. On faisait avec ce qu'on pouvait pas vrai. Ma coloc' raconta à son tour le peu dont elle se souvenait, une bonne partie de ses souvenirs s'étaient faits la malle avec le coup ou le sort qu'elle s'était prise sur la tête. Néanmoins elle avait quelques informations... lesquelles ne valaient pas grand-chose tant qu'elles n'étaient pas confirmées par quelqu'un qui n'avait pas une mémoire défaillante.

- J'sais rien de ce qui s'est passé à Poudlard, on y est à peine entré avec Elenna, déclarais-je. Phoebe nous a averti d'une attaque au Chaudron, Elen' y est allée et moi j'ai été appelée à Waddiwasi. Le magasin a été bombardé et saccagé, des gosses se sont pris des bouts de verre mais dans l'ensemble rien de grave. Les gens ont vu un ado faire ça subitement mais il s'est vite tiré. J'ai fait ce que j'ai pu puis j'ai rejoint le Chaudron. Bombardement et incendie, en heure de pointe. Un truc de fou, personne n'avait rien vu venir. Elenna était déjà partie pour Ollivander's quand je suis arrivée, Phoebe évacuait les clients. J'ai enquêté, je suis tombée sur mon frère et... Je soupirai. C'était ch***t de monologuer comme ça. Je voulais dormir et ne plus me réveiller, c'était pas compliqué pourtant. Et il m'a dit qu'il avait vu une fille se tirer de l'auberge en ricanant diaboliquement sous une cape d'invisibilité. 'Fin bref, on a fait son portrait, on a interrogé des gens inutilement, l'auror et Noah sont arrivés, je me suis barrée parce qu'un autre auror m'attendait à Waddiwasi, j'ai du répondre à ses questions et puis tatadam j'ai débarqué à Eagle Place ! Je m'arrêtai là pour me reculer sur le meuble et caler mon dos sur le mur. Bref, tout ça pour dire... Toutes ces attaques en même temps que celle des mangemorts sur Poudlard, ça ne peut pas être une coïncidence. Et de ce que j'en sais, c'est probablement des élèves qui ont explosé les boutiques. Ça veut rien dire, le polynectar ça existe mais ça concorderait avec la théorie d'April. Des ados soutiennent les mangemorts...

Je fis silence le temps de remplir à nouveau les verres vides de tout le monde.

- J'veux pas de gosse, conclus-je amèrement.

Le sang appelle le sang.
(Suite de ce rp.)

C’était une horrible journée, une journée horrible, dans les deux sens, dans tous les sens même. Les Mangemorts étaient bel et bien de retour et telles des divas, ils avaient vu grand pour le faire savoir à tous. Ils avaient attaqué Poudlard, l’un des lieux le plus sécurisé de toute la Grande-Bretagne si ce n’était pas LE lieu le plus sécurisé de la Grande-Bretagne. Et ils s’en étaient pris à la rue marchande la plus réputée chez les sorciers : le Chemin de Traverse. Dans leur folie destructrice, ils avaient saccagé et anéanti le travail des propriétaires de plusieurs boutiques, de plusieurs bars : Ollivander’s, le Chaudron Baveur ou même les Halles Magiques. Mais là encore, cela ne semblait pas leur avoir suffi, ils étaient allés jusqu’à Waddiwasi. A croire que les mages noirs avaient choisi des boutiques qui appartenaient à des membres de l’Ordre du Phénix…

Elenna secoua légèrement la tête. La fatigue la rendait paranoïaque mais il était bien vrai qu’à cet instant précis, la belle se sentait au bout de sa vie, au bout de tout. Elle rêvait de retrouver cette cabane perdue dans le fin fond de la taïga russe, ce silence apaisant et les bras chauds qui l’entouraient. Loin de tout, loin du monde, du malheur, de la peur et du mal. Malheureusement, tout cela était bien réel et ni Alexander ni le transplanage ne pourraient l’aider à oublier tout cela, à faire comme s’il ne s’était rien passé pour vivre ailleurs et surtout autrement.

Depuis qu’Alexander était parti d’Ollivander’s, c’était comme si le monde s’était arrêté de tourner et que la belle se passait maintes et maintes fois les images de la journée dans sa tête. Agissant tel un robot, son esprit n’était occupé que par les attaques, les morts, les blessés et les dégâts matériels. C’était des vies entières qui étaient brisées en une seule journée. C’était tout simplement horrible. La jeune femme, les yeux dans le vague, avait fermé la boutique après avoir nettoyé un peu, mais il faudrait qu’elle revienne demain et après-demain et encore après sûrement. Abandonnant l’idée de transplaner, Elen avait pris son balai et s’était envolé alors que la nuit se couchait. Le trajet parut durer une éternité alors que le regard du petit bout de femme se troublait. Elle arriva enfin chez elle, retira ses vêtements un par un les laissant tomber au sol et prenant juste la peine de fermer la porte d’entrée. L’eau chaude de la douche fut une véritable bénédiction, décontractant ses muscles et son cœur, elle se laissa aller. Les larmes sur ses joues se mêlèrent à l’eau bouillante alors qu’elle se fit glisser sur le sol de la douche, s’asseyant et enroulant ses jambes de ses bras.

Plusieurs minutes, de longues minutes s’étaient écoulées ainsi. Le gallion d’urgence d’Elenna était posé sur le lavabo et se colorait d’une couleur bien significative. Pourtant, la belle le regardait sans bouger. Une heure passa avant que la louve se décide enfin à reprendre vie. Se parfumant au gel douche et shampoing, la demoiselle termina enfin sa douche, enfilant ensuite un jean et un gros sweat, sans prendre la peine de mettre un haut dessous. Elle prit tout-de-même la peine de brosser ses cheveux mouillés et de mettre une paire de baskets avant de transplaner sans même regarder son gallion d’urgence. Elle savait où elle devait aller, ce qu’elle devait faire.

La jeune femme était certainement en retard mais elle était épuisée et à bout de nerfs. Ses yeux devaient encore être rougis par ses pleurs alors qu’elle avait juste eu besoin de relâcher la pression. Lorsqu’elle pénétra dans la salle principale du QG de l’Ordre du Phénix, le rouge lui remonta aux joues et un sourire en coin se dessina sur son visage de poupée fatiguée. Ils étaient tous là, sains et saufs bien que tous semblaient dans le même état, éreintés et perdus. Et le Graal était là, une bouteille de whiskey et des verres. La louve avait senti tous les regards se tournaient vers elle lorsqu’elle était arrivé et personne n’avait pu louper l’air affreux qu’elle affichait. Elenna s’avança et prit un verre, s’essayant par terre en tailleur, devant la table basse, les coudes posés sur celle-ci et le menton appuyé dessus. Elle savait très bien ce qu’ils faisaient tous, ils résumaient leur journée. Elle soupira légèrement et prit enfin la parole alors qu’un silence de mort s’était installé à son arrivée.

" Sympa la réunion Tupperware chez les Phénix mais j’ai oublié mon matos et mes petites boites en plastique. Je suppose qu’on se raconte nos supers journées là ? Elle releva le regard vers ses coéquipiers avant de continuer. Vous devez avoir le début de l’histoire alors une fois qu’on a pu entrer à Poudlard avec Aby et Noah, Aby et moi on a reçu un message de Phoebe nous parlant du Chemin de Traverse et des attaques des différentes boutiques. Retour en arrière, j’ai de suite foncé au Chaudron Baveur pour le retrouver. Ensemble, on a sorti les clients blessés et encore bloqués à l’intérieur. Une fois le gros du travail fait, je l’ai laissé terminer pour rejoindre Ollivander’s… "

Sa voix se cassa à la fin de sa phrase et une boule venait de lui monter dans la gorge. Le verre en main, Elen but rapidement le verre sans en laisser une goutte comme pour se donner du courage.

" Tout était cramé. Heureusement, la personne qui a lancé le ou les sortilèges n’était pas très puissante bien que ses attaques maitrisées. Anthony Adams, mon vendeur, était là et a tout vu. Toute l’action et surtout, la personne qui a fait ça : une jeune femme aux cheveux rouges. Il l’a suivi alors qu’un mec l’aidait à s’échapper. Dans sa filature, il a pu apprendre le nom des deux compères : Mortissia et Alexeï. Il est rentré à la boutique où je venais d’arriver et m’a décrit les deux jeunes gens dont j’ai fait un portrait au dessin. J’ai ensuite appelé Alexander, mon copain mais aussi Auror car je savais que l’un d’eux viendrait enquêter. Nous lui avons raconté la scène et je lui ai donné les dessins, sans oublier d’en garder une copie pour nous… "

Plongeant sa main libre dans la poche de son sweat contre son ventre, la belle en ressortit deux feuilles qu’elle déroula soigneusement, les étalant sur la table basse. D’un côté, il y avait cette fille, celle qui avait osé s’en prendre à Ollivander’s et de l’autre, il y avait l’homme qui l’avait aidé à s’échapper. Il paierait tout autant qu’elle pour avoir apporté de l’aide à une criminel. Enfin Elenna l’espérait. Elle se resservit un verre avant d’y tremper juste les lèvres dedans et dit encore quelques mots.

" Je suis contente de voir que tout le monde est rentré en un seul morceau. "

Et cela valait aussi pour son frère à qui elle n’avait pas parlé depuis leur dispute…

Tout doucement, je me déconnectais. Je me sentais divaguer, partir loin de cette pièce où mes frères d'armes étaient réunis. J'entendais toujours ce qu'il se disait, mais je ne m'en préoccupais plus. Ils avaient commencé les rapports de journées, je les laissais faire je prendrai la parole en dernier, lorsque le silence ce sera installé. De toute manière, je n'avais pas vraiment besoin d'être attentif. Je savais plus ou moins ce qu'ils avaient vécus, je savais qu'Aby et Elenna avaient eu des problèmes dans leur boutiques respectives. D'ailleurs, en parlant d'Elenna, où était-elle ? Devais-je m'inquiéter ? Peut-être bien. Je jetais un coup d'oeil à ma montre. Je relevais la tête. Mon inattention m'avait valu de ne pas retenir l'heure que je venais de voir, mes pensées m'empêchaient de me concentrer. Au diable l'heure, j'aurai l'air d'un imbécile si je regardais pour une deuxième fois en direction de mon poignet droit. Soudain, une odeur. Parfaitement reconnaissable pour le loup-garou que j'étais : Elenna.

Ses pas n'étaient pas des plus rapides, elles devaient être fatigués. Elle ne boîtait pas, en tout cas le son régulier, bien que lent, de ses pieds touchant le sol n'en donnait pas l'impression. Bien entendu, mes sens m'avaient permis de la repérer bien avant que les collègues ne s'en aperçoivent, je n'en avais pour autant rien dit. Laissant April raconter sa terrible journée, ou Abygaël, je ne savais plus qui exactement. Je me sentais ailleurs, mon esprit se trouvait toujours au milieu du champ de bataille. J'avais réagit vite, du mieux que je pouvais, en faisant abstraction de tout ce qu'il se passait. Maintenant que je ne le faisais plus, tout me revenait en plein visage. Ces enfants blessé voir mort pour certains. Les cris, les rires de ces sal**ards. Je serrais le point, Elenna entrait.

Je revenais à la réalité. La relation entre elle et moi était tendue depuis notre altercation après l'interrogatoire musclé de Raphaëlle et Liam. Le jeune homme n'était d'ailleurs plus des nôtres. De ma faute peut-être ? Certainement. Je m'en voulais un peu, vraiment un tout petit peu. Après tout, nous avions obtenu les informations voulues. Je ne quittais pas ma soeur du regard, elle prenait un verre, de l'alcool puis s'asseyait à même le sol. Je la regardais toujours. Elle expliquait sa journée, je l'écoutais. Elle parlait de dessin, elle les déposait sur la table basse, j'y jetais un oeil. Mortissia, elle avait parlé d'une Mortissia. Facile. « Mortissia Evenblood. C'est une de mes élèves. Elle n'a rien d'une criminelle pourtant, très timide elle n'osait même pas parler devant la classe. Mais paraît qu'elle a changé ces derniers temps, en tout cas c'est ce que j'ai entendu dans les couloirs. L'autre par contre, je connais pas. »

Je jetais un regard en direction des collègues professeurs, histoire de voir si elles reconnaissaient, elles-aussi, Mortissia dans ce dessin. Sans plus attendre, je me lançais dans mon propre récit. Je devais être bref . « En ce qui me concerne, j'ai légèrement vu le traquenard arrivé. Y'a un type bizzare qui est entré dans la grande salle : cape, masque et tout le tralalala. Quand j'ai vu ça, j'ai direct lancé un sortilège de protection à la table des professeurs histoire de nous éviter une surprise. J'pense qu'il nous a été utile. Ensuite, j'ai chassé le brouillard que les mangemots avaient fait apparaître dans la grande salle. Une fois que s'était fait, je suis parti en direction des combats afin d'occuper l'un d'entre-eux, j'me disais que s'il était occupé il pouvait pas tuer d'élève.. mais cette fille, ouai c'était une fille, a fuit dés qu'elle a pu. Le duel a même pas durer deux minutes. J'lui ai fait une erraflure au niveau de la jambe gauche je crois. Quand elle est partie, je l'ai suivie puis j'ai entendu un truc sur la directrice alors je suis direct monté vers elle afin de la protéger, ils pouvaient pas l'avoir. Quand je suis arrivé, il y avait 2 ou 3 mangemorts, je sais plus + Clio avec la directrice. Je nous ai protégé par le sortilège de la vitre là combiné avec un ragnarok, comme ça on pouvait établir un plan d'action avec la directrice. Puis c'est là qu'ils sont parti en marmonnant un truc sur le ministre. ».

Lorsqu’April et elle étaient arrivées au quartier général, Noah s’était déjà servi au moins un verre de whisky. En bonne Irlandaise, Clíodhna n’était pas sans savoir qu’il y en avait environ douze par bouteille. Si la chef n’avait pas pris trop d’avance, il en devait donc en rester huit. Mais plus pour longtemps, car l’Inféri d’Abygael ne tarda pas à les rejoindre, leur servant à chacune un verre. Voilà qui en faisait trois de moins, mais il y en avait au moins un pour elle. Bien qu’elle n’ait pas remercié verbalement sa consœur, l’expression faciale de notre héroïne lorsqu’elle avait reçu son verre en disait long sur son état psychologique. C’était comme si on venait de lui faire la plus grande des faveurs. Comme si Aby’ lui avait fait don de la chose la plus précieuse qu’elle procédait. Encore un peu et notre brunette en aurait les larmes aux yeux tellement elle était touchée. Mais il ne fallait pas abusé. Ce n’était que du whisky, du whisky tout ce qu’il y avait de plus banal en plus. Ce n’en était pas moins exactement ce dont elle avait besoin et Clíodhna trempa délicatement ses lèvres dans la boisson qu’elle se mit à susurrer doucement.

Après la petite vendeuse de farces et attrapes, ce fut au tour du séduisant professeur Maddison de faire son apparition, avec son fidèle serviteur Sancho aussi connu sous le nom de El Perverso :

« Bella, bella… lui rétorqua-t-elle sèchement après ce qui ressemblait bien à des avances déplacées. Si tu veux voir mes seins, dis-le tout de suite qu’on en finisse », avant de reconcentrer son attention sur son verre de whisky en se disant qu’elle avait toujours eu l’art de s’attirer les faveurs de gens douteux.

Après une phrase pleine de sagesse, le propriétaire de la charmante petite créature se mit lui aussi à faire descendre le contenu de la bouteille de whisky. Un verre, puis un deuxième. Un autre pour Aby’. Cela faisait trois. Espérons qu’il en reste bien cinq. Comme si la bouteille ne se vida pas assez rapidement comme ça, Warren fut prise de convulsions au niveau des zygomatiques et manqua de s’étouffer en rigolant, laissant tomber son verre qui se déversa par terre. Avant de se resservir, elle commenta péniblement la situation, à peine compréhensible. Mais elle était quand même lucide dans son délire : ils étaient salement dans la m*rde. Plus que quatre verres, tout au plus.

N’étant pas chef pour rien, Noah prit alors les choses en mains et, tout en s’allumant une cigarette, leur suggéra à tous de faire le bilan de la journée. Elle ouvrit la danse, relatant des choses que Clíodhna savait déjà sur la bataille à Poudlard, d’autres qu’elle ignorait. Il y avait donc eu d’autres attaques ? Le Chaudron Baveur, détruit ? Plus de réserve de whisky ? Qu’allaient-ils faire lorsque leur bouteille serait terminée ?

À la suite de la doyenne, April tâcha de faire le point à son tour avec un compte-rendu minimaliste, il fallait dire qu’elle n’était pas restée consciente longtemps :

« C’est arrivé juste pendant l’heure du midi, compléta Clíodhna qui jugeait que c’était une précision importante. Tout le monde était dans la Grande Salle, je pense qu’ils en voulaient à Harshing. À moins que… Non c’est bon, vas-y Aby’ », s’interrompant pour laisser la parole à sa camarade qui semblait d’humeur loquace.

À son tour, la petite brune raconta sa triste journée. Comment elle s’était détournée de Poudlard, à peine arrivée. Phoebe, un ancien Phénix désormais allié, les avait prévenues Elenna et elle de l’attaque qui était survenue au même moment au Chaudron Baveur et elles s’y étaient rendues. Enfin, pas Aby’ qui était d’abord passée par sa boutique. Des dégâts relativement mineurs, ce n’était que du petit vandalisme. Elle avait ensuite rejoint les autres au Chaudron Baveur. Tiens, depuis quand elle avait un frère, elle ? Qui sait, peut-être était-il aussi bien bâti que les Alniott ? En plus, Aby’ était plutôt maligne, alors peut-être était-il moins con que John ? Mais ce n’était certainement pas le moment de penser à sa vie sexuelle.

« Ne dis pas de bêtise, la reprit Clíodhna avec exaspération lorsqu’elle déclara qu’elle ne voulait pas de gosse. Tu sais, la plupart des gosses sont des accidents, sinon ça ferait longtemps que la terre serait dépeuplée. Tu dis que t’as un portrait-robot et que ça a l’air d’une élève ? Fais voir, on sait jamais… Si elle se cachait sous une cape d’invisibilité, je vois pas l’intérêt d’en plus utiliser du Polynectar donc si on arrive à l'identifier, on doit pouvoir la faire coffrer », avant de jeter un œil sur la bouteille pour s’assurer que plus personne n’y avait touché.

C’est alors qu’un chien mouillé débarqua. Une chienne plutôt, Elenna. Apathique, la jeune femme avait tenté un trait d’humour que personne ne sembla comprendre. En tout cas, personne ne rit. C’était d’abord, un Tube Pervers ? Ne se laissant pas démonter pour autant, la propriétaire d’Ollivander’s relata sa propre vision des choses. Sa boutique aussi avait été touchée et le moins qu’on puisse dire, c’était qu’elle n’était pas contente ! C’était quand même fou, des attentats en plein jour. Réalisés sans le moindre complexe, à la vue de tous. Il fallait être complètement fou ! Des cheveux rouges, Mortissia ? Tout s’expliquait.

Clíodhna laissa sa camarade terminer son histoire, puis se pencha sur ses portraits :

« C’est toi qui as fait ça ?! s’étonna-t-elle dans un premier temps. Je ne savais pas que tu avais des talents cachés ! Heureusement que ce n’est pas moi qui étais sur le coup, sinon vous auriez dû vous contenter d’un gros smiley difforme…
– Mortissia Evenblood, la coupa alors Dwayne qui avait bien raison de la recadrer, elle était une vraie connasse quand elle s’y mettait. C'est une de mes élèves. Elle n'a rien d'une criminelle pourtant, très timide elle n'osait même pas parler devant la classe. Mais paraît qu'elle a changé ces derniers temps, en tout cas c'est ce que j'ai entendu dans les couloirs. L'autre par contre, je connais pas.
– Timide ?! s’étouffa la professeure de Métamorphose. Tu veux rire ?! Je sais que j’ai même pas un semestre à mon actif, mais Evenblood est tout sauf timide ! C’est une petite effrontée et elle a franchement un grain, moi ça m’étonne pas qu’elle ait mal tourné. Je veux pas avoir l’air vieux jeu, mais les cheveux rouges… Ça veut tout dire, non ? En plus le mec est franchement pas dégueulasse, imaginons qu’il soit Mangemort, moi il m’aurait fallu moins que ça à l’époque pour rallier leur cause… », comme quoi elle n’en avait jamais fini avec ses conneries.

Reprenant les choses en main, Dwayne fit à son tour le récit des événements. L’écoutant d’une oreille distraite, Clíodhna se remit à ses calculs relatifs à la descente de la bouteille de whisky. Elenna venait de se servir, ce qui faisait deux verres restants… Au plus. L’heure était grave et il était temps d’agir ! Tandis que l’unique mâle de l’assemblée se faisait passer pour un héros, notre belle avala d’une traite ce qui restait de son verre et s’approcha dangereusement du whisky. Elle se servit généreusement, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus une goutte dans la bouteille ! Noah avait donc bel et bien pris plus d’avance que prévu, la coquine.

« Franchement, heureusement que t’étais là ! lança Clíodhna à l’intention de son confrère en brandissant son verre droit devant elle. Si vous voulez ma version des faits, je dirais que je suis une grosse m*rde. Soyons prag... pragma... Soyons honnêtes, ils étaient genre quatre. Seulement quatre, p*tain ! On était combien à savoir manier la baguette dans la salle, au moins dix ? Vingt ? Bah on a rien pu faire. C’était comme si nos sorts glissaient sur eux, ils ont esquivés tous nos coups… Pour tout vous dire, on était à trois contre deux quand les deux Mangemorts se sont cassés. J’ai juste trop honte pour nous… Au niveau du bilan, on s’en sort pas trop mal. Deux morts, ça aurait pu être pire, non ? Des jumelles, un peu têtes à claques… Je ne pense pas que ce soit un hasard, ils devaient les connaître. En tout cas, on va avoir leur famille sur le dos, vous pouvez en être sûrs !

Sinon, la Grande Salle a été complètement saccagée et on n’a pas fini de compter les blessés... Entre autres choses, les plafonniers se sont écrasés au sol et on fait vraiment beaucoup de dégâts. Y a beaucoup de disparus aussi, notamment à Serpentard. Quand on a essayé de faire l’appel, il n’y avait plus personne. Elfast, les préfètes… Introuvables. Je ne sais pas quoi en penser, pour le moment. Faudra penser à leur toucher un mot s'il ne leur est rien arrivé. À part ça, je suis d’accord avec toi, April ! Le brouillard, ça fait pas tout. Très rapidement, la porte a été verrouillée et les Mangemorts ont continué à affluer. Je pense que certains élèves jouent double jeu. Si on n’est plus en sécurité à Poudlard, c’est parce le danger est à l’intérieur. Enfin je dis ça, mais je suis déjà complètement morte. J’ai rien avalé depuis ce midi et je suis crevée, comptez pas sur moi pour tenir l’alcool ! », et, comme pour illustrer son propos, elle siphonna son verre d’une seule traite.

Prenant un air grave, elle jeta alors un regard circulaire à l’assemblée :

« Maintenant, je pense qu’on peut vraiment paniquer, déclara-t-elle solennellement. Y a plus de whisky… Vous avez des nouvelles d’Ethan, il pourrait peut-être nous en ramener ? Ah nan, j’oubliais. Le Chaudron Baveur a pété et les moldus vendent pas d'alcool aux moins de 18 ans. Il a moins de 18 ans, non ? Vous saviez qu’il y a des magasins où il faut carrément 25 ans ?! Ils sont fous les moldus… Et sinon, je suis la seule qui ne comprend plus rien à ce qui se passe ? L’attaque express de Poudlard, le saccage bas de gamme des boutiques… Pourquoi ?! Benson, ton mec t’a rien dit à propos du ministère, sur Sudworth ? Parce que j'avoue que ce que les Mangemorts nous ont dit... ».

L'alcool n'aidant pas, la demoiselle se rendit alors compte que tout ce chaos lui avait inspiré un profond vide intérieur. Un vide qu'elle devait combler au plus vite. Telle une chatte, elle s'approcha alors doucement de la seule personne dans cette pièce capable de la satisfaire. Maddison. Elle le fixait comme une lionne eut fixé sa proie. Mais c'était mort, il ne voudrait jamais d'elle. Il avait de trop mauvais goûts en matière de femmes, il préférait les rouquines névrosées... L'attention de la jeune femme se porta alors sur la seule personne dans cette pièce susceptible de la suivre dans une des chambres. Mais elle n'avait pas encore assez bu pour que cette perspective lui paraisse acceptable et tout le whisky du monde ne suffirait probablement pas. Les elfes, c'étaient sales et ils l'avaient bien trop courte.

Noah tentait de se concentrer mais les vapeurs d'alcool, le grattement et le mouvement continu de la plume à papote qui dansait devant ses yeux, ainsi que la fatigue emmagasinée durant toute cette horrible journée jouaient à faire tomber ses paupières. C'est l'arrivée de Elenna Benson qui la fit sortir de sa situation inconfortable de lutte contre le sommeil. La chef des phénix salua d'un sourire la louve, et vérifia que la plume à papote avait bien noté tout ce qu'elle aurait pu louper des discours d'April et Abygael.

La propriétaire d'Ollivander's finit sa tirade par des informations capitales : Ils avaient deux noms, et des portraits robots. Bien sur toutes ces informations étaient allées aux aurors, présents sur les lieux des attaques. Mais les phénix en avaient une copie, et si le ministère empêchaient les aurors de faire leur travail, on pouvait être sur que l'Ordre s'en chargerait.
Les professeurs d'histoire et de métamorphose discutèrent un peu de l'élève Mortissia Evenblood, Noah eut soudain peur que la réunion tourne au conseil de classe. Mais non. Très vite ils expliquèrent tous deux ce qu'ils avaient vu durant la bataille à Poudlard, et Cliodhna confirma cette sensation d'avoir été impuissante face aux quelques MMS "invincibles".

"Deux morts, ça aurait pu être pire, non ? Des jumelles, un peu têtes à claques…"

Noah s'étouffa. Cliodhna avait toujours eu un don pour la délicatesse. La brunette avala la fin de son verre, et ralluma une cigarette. Le visage de nouveau impassible, elle ne pouvait cependant s'empêcher de se ronger les ongles. Ils avaient complètement raté. Ils n'avaient pu empêcher la mort de deux élèves. Pourtant ils n'auraient pu faire plus ou faire mieux, ils avaient été rapide, avaient évacué, défendu le château, avec l'aide des aurors. Mais ça n'avait pas suffit. Des pauvres merdes, Quinn avait raison. Et Noah avait deux morts en plus sur sa conscience, qui commençait à être bien trop lourde.

"Benson, ton mec t’a rien dit à propos du ministère, sur Sudworth ? Parce que j'avoue que les Mangemorts nous ont dit..."

Mais la phénix n'avait pas fini sa phrase et regardait à présent l'elfe de Dwayne, avec le regard fou et vitreux d'une ivrogne. Noah claqua brutalement des doigts devant les yeux de sa soeur d'arme pour la "débuguer", et l'interrogea du regard, elle et Elenna, afin de savoir ce qu'elles savaient sur le ministre. Des tics nerveux passaient sur son visage, Noah voulait que cette réunion finisse vite, afin de rejoindre son lit et ne jamais se réveiller. Et ce n'était pas difficile à lire sur son visage, ce désir de conclure rapidement le ramassis de souvenirs qui ne faisait que du mal.

Les discours affluaient, les verres descendaient, je dormais quasiment sur le bras de Noah. Sentant des vibrations compresser mon cerveau. Comme si ce dernier essayait de s'échapper de mon crâne. C'était loin d'être agréable, peut-être que je ferais mieux de prendre une potion calmante...
« - Mortissia Evenblood. C'est une de mes élèves. Elle n'a rien d'une criminelle pourtant, très timide elle n'osait même pas parler devant la classe. Mais paraît qu'elle a changé ces derniers temps, en tout cas c'est ce que j'ai entendu dans les couloirs. L'autre par contre, je connais pas.
– Timide ?! Tu veux rire ?! Je sais que j’ai même pas un semestre à mon actif, mais Evenblood est tout sauf timide ! C’est une petite effrontée et elle a franchement un grain, moi ça m’étonne pas qu’elle ait mal tourné. Je veux pas avoir l’air vieux jeu, mais les cheveux rouges… Ça veut tout dire, non ? »

C'était Dwayne et Clio, ils disaient des choses pertinentes, et c'était aussi une de mes élèves. Je devais prendre la parole, mais j'avais complètement oublié ce que je voulais dire. En plus la volonté ne réussit pas à me faire bouger d'un pouce, je devais montrer une plus grande force pour ça... Ils continuaient de blablater, de parler, j'avais arrêté d'écouter. C'était comme à Poudlard en potion, lorsque le prof expliquait une chose tellement compliquée, que mon cerveau me disait : « laisse-tomber ». Là c'était pareil, ils balançaient des paroles comme ça, pour faire joli, sans grand intérêt.
« Pourquoi ?! Benson, ton mec t’a rien dit à propos du ministère, sur Sudworth ? Parce que j'avoue que ce que les Mangemorts nous ont dit... »

Un silence de mort se fit. Je pris le carnet de la plume à papote, et lus à plusieurs reprises les différentes notes. Petit à petit les mots s'imprimaient dans mon cerveau, laissant une marque de curiosité dans les tréfonds de sa sur-activité. Cela commençait déjà à me prendre la tête, en relisant les notes de Clio, je me posais de furieuses questions.
« Soyons honnêtes, ils étaient genre quatre. Seulement quatre, p*tain ! On était combien à savoir manier la baguette dans la salle, au moins dix ? Vingt ? Bah on a rien pu faire. C’était comme si nos sorts glissaient sur eux, ils ont esquivés tous nos coups… »
Comme si tous les sorts glissaient sur eux.
« À part ça, je suis d’accord avec toi, April ! Le brouillard, ça fait pas tout. Très rapidement, la porte a été verrouillée et les Mangemorts ont continué à affluer. Je pense que certains élèves jouent double jeu. Si on n’est plus en sécurité à Poudlard, c’est parce le danger est à l’intérieur. »

Des mangemorts, des alliés... Des alliés, des mangemorts... Des agemorts, des manliés... Des mortsage, des liémans... C'était emmêlé dans ma tête. Comment est-ce que les mangemorts avaient-fait pour rentrer ? Parce qu'ils avaient des alliés... Parmi les élèves ou les professeurs ? Les élèves... On était dans la bouse ou pas ? On dirait bien que oui... Mais pourquoi ? Comment est-ce qu'ils avaient fait pour y arriver ? Ce n'était pas des élèves s'ils avaient réussi à s'en tirer aussi bien. C'était sans doute des sorciers très puissants, à moins que... Ils aient utilisé un sortilège puissant, quelque chose qui les rendent invincibles. En mode « jesuisdieu », en mode « j'aidelapotiondoréedanslesveines ». Mais oui, c'était bien ça !

- Leficis Lixfe ! La potion, qui porte chance... Le truc doré, super dur à préparer... M'exclamai-je en me redressant promptement. Comment ils ont fait?
C'était vrai ça... Comment avaient-il réussi un coup pareil ?
- C'est qu'une bande de connard de toute façon...
Je reposai doucement ma tête sur les bras de No', prête à ronfler, avant de me redresser brusquement.

- Et pour Mortissia, repris-je me souvenant de ce que j'allais dire. - Ce n'est qu'une petite arriérée, en pleine crise d'adolescence, se prenant pour une voix de sa génération. Mais enfin de compte, elle est juste perdue et j'avoue être atrocement déçue de son comportement. Elle fait même partie de ces porteurs de badge là... « I can make the world change ». Quelle connerie ces gosses, tout ce qu'ils arriveront à faire à l'égard d'eux-même, c'est se décevoir et regretter d'avoir été aussi cons dans leurs jeunesses. Pourquoi est-ce qu'ils ne peuvent pas se contenter d'être des adolescents parfaitement normaux ? Non ! Il faut qu'ils viennent saccager des boutiques pour se sentir vivants. Je vais tuer Mortissia, ça lui apprendra. Mais attendez... Vous croyez que les porteurs de badges ont un lien avec les mangemorts ?

Mutisme général... Je repris mon souffle, faisant attention à mes sœur d'armes, ainsi qu'à l'elfe de l'un d'entre elles. Ils avaient tous une mine déconfite, ils ne réagissaient pas. Moi-même j'étais crevée, sans doute que mes propos n'avaient plus aucun sens à cette heure-là.
- Je suis entrain de délirer c'est ça, soufflai-je d'un ton suppliant, les yeux alarmés.
N'attendant pas de recevoir des acquiescements, je me levai brusquement, les jambes flageottantes avant de déclarer d'un ton presque solennel à l'adresse de Clio et Dwayne:
- Nous devons retourner à Poudlard.
Cette simple phrase me fit l'effet d'une bombe. « Hors de question que je remette les pieds là-bas. » C'était la seule pensée qui me venait en tête pour l'instant, et je ne voulais même pas savoir le pourquoi du comment...

- Je vais me coucher. Pour ceux qui dorment dans la même chambre que moi, je préviens je ronfle!

La réunion était à présent terminée... Tous les propos étant retranscrits, ils seront sans aucun doutes revus au plus tard, demain. Mais le stress accumulé était tel, que bon nombre de phénix avaient pris une potion de sommeil. Car oui, les pensées douteuses commençaient à me submerger pour ma part et j'étais irréductiblement épuisée. Enfin de compte, WORST DAY EVER.

Fin de la réunion

Assise sur le sol, son verre en main, Elenna ne faisait que se passait encore et encore la journée dans son esprit. Voyant encore et encore sa boutique détruite, la fumée qui s’en échappait et l’odeur de brûler qui empestait sur les lieux du crime. Ollivander’s avait été une fois de plus victime d’une attaque certainement orchestrée par les Mangemorts ou par certains de leurs adorateurs. Ce n’était pas la première fois. Après tout, cette célèbre boutique de baguettes magiques était le symbole même de la magie, de l’espoir mis entre les mains de jeunes sorciers qui venaient chercher leur premier bout de bois, celui qui les aiderait à choisir de leur destin. Magie blanche ou magie noire ? Bien ou mal ?

Ce genre de questions ne se posaient pas vraiment, c’était instinctif, un chemin que chaque personne empruntait qui finissait par se séparer en deux voies. Restait-il encore de faire le bon choix ? A droite ou à gauche ? C’était une décision qui guiderait certainement pour toute une vie la personne concernée. Sur le sol, les yeux rivés dans son verre d’alcool, la jeune femme se demandait si les gens naissaient purs, s’ils venaient à la vie de façon neutre et que ce n’était qu’à ce moment-là qu’ils choisissaient de quoi serait fait leur avenir. Mais après tout, peut-être que tout était déjà écrit non ? Peut-être que quelque part, quelqu’un tirait les ficelles d’un destin unique pour chacun mais qui mettait en scène un avenir commun pour toute la population de cette planète, peut-être que ces membres se faisant appelé l’Ordre du Phénix n’étaient pas là par choix, mais parce que leur histoire avait déjà été toute tracée avant même qu’eux-mêmes le sachent…

Un à un, les oiseaux de feu firent leur récapitulatif de la journée, des attaques et de ce qu’ils avaient vu chacun d’entre eux. Les portraits dessinés par Elenna furent un peu concluant car l’un d’eux montrait une personne qui n’était autre qu’une élève de Dwayne et de Cliodhna. Ils avaient donc son identité. D’ailleurs, la belle prit le compliment de cette dernière avec un mince sourire. Elle dessinait depuis longtemps mais n’avait jamais montré ses œuvres personnelles à part à Alexander qui avait fini par fouiller par curiosité… L’attaque de Poudlard fut détaillée encore et encore pour ne pas louper un seul détail. Mais il n’y avait rien à noter qui les aiderait à démasquer un Mangemort parce qu’ils furent d’une perfection sans nom et ce fut April qui trouva la raison du pourquoi : la potion de chance. Chacun sembla valider cette option mais la discussion commença à se noyer dans l’esprit embrumé d’Elen. Sur chaque visage de ses amis, elle put lire la fatigue accompagnée d’autres sentiments diverses et variées comme de la peine ou même de la colère. Il fallait mettre fin à cette réunion, que chacun puisse se reposer.

Ce fut April qui annonça de façon officieuse que c’en était assez pour aujourd’hui. Elle se leva, prévenant qu’elle rejoignait son lit. Sans un mot, la pièce se mit en mouvement et ce fut dans un souffle qu’un « bonne nuit » général fut souhaité. Elenna ne dormirait pas au Q.G. ce soir. Elle avait besoin de retrouver les bras d’Alexander, de son soutien. Il était tard et il avait dû avoir beaucoup de travail aussi. Mais avec un peu de chance, il serait rentré. Sinon, la belle devrait se contenter de dormir avec son chien dans ses bras. Elle embrassa les joues, les fronts et chaque partie du visage qui s’offrait à elle. Cette marque d’affection envers ses collègues, envers ses amis, elle en avait eu besoin ce soir, et elle ne devait pas être la seule.

Elle transplana. CRAC.

[ Rp terminé ]