Je ne sais pas trop pourquoi mais j'étais venue jusqu'ici, la gorge serrée. Enfermer des bêtes, non mais vraiment ?! Ces animaux n'ont pas mérité leur enfermement et dire qu'on se croit plus intelligent qu'eux. Je pousse un soupire, tout cela m'exaspérait en fait. Si on enfermait les sorciers à leur tour dans des cages, je ne suis pas sûre qu'ils en seraient ravis. Et nous étions soit disant dans un monde évolué ? Bin bravo ! Belle mentalité ! Comme chez les moldus, je n'ai jamais pu concevoir les animaux dans les cirques... Pour cela que je n'ai jamais voulue aller à ce genre de spectacle d'ailleurs. Si on pouvait appeler ça ainsi.

Désespérée en voyant tous ces gens autour de ces pauvres bêtes, une voix de femme parvient alors jusqu'à mes oreilles retenant toute mon attention. Une femme semblant être du Ministère dresser une grande banderole où je peux lire l'inscription. A cette vision, un léger sourire à mes lèvres. Enfin une personne un peu plus intelligente que les autres semblait elle aussi plus sensible que la moyenne. Et, moi non plus. Je n'ai pas hésité à rejoindre le mouvement.

Les animaux n'existent pas pour être en cage ni pour être chassés d'ailleurs...

Mieux vaut tard que jamais. Rachel arriva sur place alors que l’installation était déjà bien entamée, réalisant avec satisfaction que du monde s'était joint à leur petit groupe de manifestant. Elle ne manqua pas de saluer chaleureusement tout le monde, mais c'est Ellana et Izsa qu'elle était réellement heureuse de voir. Le plaisir de se trouver encore des objectifs commun dans la vie. Et d'être avec des amis, évidemment. Rachel était d'ailleurs méchamment remontée contre cette chasse et encore plus méchamment motivée à faire entendre sa voix.

C'était pour cela qu'elle avait pris le temps de se faire un t-shirt blanc avec un logo bleu et le slogan suivant : "Luttons ensemble pour la cause animale !". T-shirt qu'elle avait fait en plusieurs exemplaire -merci au sortilège de duplication- dans le but de les distribuer. C'était très moldus comme procédé, mais c'était tout à fait elle aussi. Elle aurait bien le temps un peu plus tard de marquer des esprits avec quelques sorts. Pourquoi ne pas faire apparaître son patronus qui irait délivrer le message humanitaire aux passant ? L'idée fut ranger dans un coin de sa tête pour plus tard, tout comme le fait d'utiliser un sonorus.

Et pourtant elle était très certainement moins engagé que les autres par la chasse. La chasse était révoltante évidemment, mais les zoo pouvaient se révéler fort utile pour préserver et sauver des espèces en voit d'extinction. Aussi, elle devait bien avouer qu'elle était surtout là au nom des espèces aquatiques. Et pour toutes les créatures mignonnes de ce monde. Nul doute que s'il n'y avait eu que des Quindapeds sur terre, elle ne se serait pas donné la peine de contester.

- #Sononus ! Luttons ensemble pour la cause animale ! Dites non à la chasse et à la cruauté !

Pardon pour les oreilles.

HRP : le sort ne devait pas être raté, je disais pardon pour les personnes autour d'elle qui allaient se le manger en pleine poire, mais finalement ça me va aussi ahah. C'est un petit boulet attachant au fond mon personnage !

A la fin du sort, la sorcière se racla la gorge avec une légère grimace. C'était très déroutant de s'entendre parler avec une telle voix et de manière aussi amplifier. Mais finalement ce n'était pas plus mal. Loin de penser que ça pouvait donner une mauvaise image -une image ridicule ou peu sérieuse- elle en vînt à se dire qu'une touche d'humour ne faisait jamais de mal. Elle était propriétaire d'une boutique de farces et attrape ainsi que d'un journal humoristique après tout : à quoi vous vous attendiez ?

Et néanmoins, sa petite maladresse sembla attirer du monde et la sorcière distribua avec plaisir ses t-shirts avant l'arrivé opportune d'un petit jeune qu'elle reconnaissait bien.

– Bonjour… C’est important ce que vous faites aujourd’hui Madame l’activiste.

- Oh non, bonjour à toi petit protagoniste. C'est important, c'est vrai, ce que nous faisons.

"Toi compris" sous-entendait-elle avec un sourire malicieux et un geste vers les adorables oreilles de chient.

– Vous les vendez à combien les t-shirts ? J’aimerais beaucoup en avoir un ! D’ailleurs, les recettes sont reversées à une association ? Qui a coordonné cette manifestation ? C’est juste pour la visibilité ou il y a déjà des actions concrètes qui ont été menées pour aider nos amis les animaux ?

Toujours le même entrain, la même envie de bien faire. Ce petit était décidément adorable et Rachel était ravis de voir la jeune génération s'intéresser autant à des problèmes d'étique et de politique.

- On les offre, en le portant tu dis clairement au monde que la barbarie animal tu es contre ! L'ancienne Serpentard le lui en tendit un pour qu'il le prenne. C'est cette jeune femme du Ministère -Izsa Hilswood- qui est à l'origine du mouvement. On veut surtout se faire entendre aujourd'hui, mais on espère qu'avec le soutien d'un maximum de sorciers tel que toi ou tel que Monsieur Elensar -Directeur du Département du Contrôle et de Régulation des Créatures Magiques- nous arriverons à faire annuler la chasse et faire libérer les animaux.

La sorcière fit une pause pour se tourner vers une sorcière et son petit garçon pour leur donner à eux-aussi un T-shirt. Se rendant compte en le faisant qu'elle avait oublier un point des plus important.

- D'autant que cette chasse est parfaitement illégale en plus d'être d'une cruauté innommable. Elle n'a jamais été validé par le département des créatures magiques.

Voir un visage familier est toujours rassurant. Alors quand Jennifer, une Aiglonne déjà vue dans le nid, arrive à nos côtés, je lui fais un salut de la main accompagné d'un sourire. Petit à petit, on se rassemble et au bout d'un petit temps on ressemble déjà plus à un vrai groupe que juste des passants s'étant arrêtés au même endroit. Il faut dire que certaines n'ont pas hésité à mettre le paquet : il y a même des t-shirt à disposition pour qu'on nous repère mieux ! Sans me faire prier j'en enfile un par-dessus celui que je portais déjà sur moi. Je dois pas avoir l'air très malin mais les animaux sont plus important qu'un soucis de style vestimentaire.

Je sursaute quand une voix étrange se met à crier de tous ses poumons. Clairement, la personne d'où elle provenait avait dû faire une manipulation car d'instinct ce n'est pas un visage comme celui-là que j'aurais associé à une voix criarde et instable. Ce timbre mal tenu me rappelle des heures pas très drôles de mon adolescence ( « Elle est bizarre ta voix ! Oh Théo il a une drôle de voix. Aha c'est encore un bébé il a pas mué ! » et autres commentaires qui se voulaient innocemment moqueurs ).
Je me tourne déjà en essayant de déterminer si remettre en ordre des cordes vocales est dans le champ d'activité d'un médicomage novice, et si oui comment régler l'affaire quand une petite bouille que je ne connais que trop bien entre en scène.

Quand j'arrive le petit Isaac a déjà bien entamé son ouragan de questions et c'est drôle de voir quelqu'un d'autre y répondre pour une fois. Ceci dit, je me sens un peu bête de ne pas avoir pensé moi-même à certaines d'entre elles. Il est malin ce petit bleu, vraiment malin. Et il a le don de voir là où je n'aurais pas instinctivement posé les yeux !
Je me permets tout de même de répondre sur un point : « Oh tu sais, beaucoup de gens aime les animaux sans savoir qu'ils leur font du mal. » Je ne sais pas s'il m'avait vu arriver dans le dos de son interlocutrice, alors je lui fais un grand sourire. « Content de te voir Isaac ! » La problématique des zoos est assez délicate. Même pour des adultes, c'est parfois difficile d'argumenter, alors je m'efforce de rester le plus clair possible. « Les zoos montrent les animaux à ceux qui veulent les voir, c'est malheureusement un commerce comme un autre. Et plus il y a d'animaux intéressants à regarder, plus il y a de gens qui viennent et payent, tu vois ? Donc une chasse a un double intérêt : faire parler du zoo, ramener des créatures de partout rapidement, puis de les exposer et ramener du monde grâce à tout cette pub. » Ça fait plus que deux, non ? Tant pis, il me comprendra quand même !

Pour terminer tout de même sur une note plus joyeuse : « J'adore tes petites oreilles ! » Est-ce qu'il les a aussi en version chat ? Ou loup ? Ours ? Lapin ? Ce serait vraiment drôle si on en avait tous un, avec un animal différent à chaque fois !

Je me joins à vous pour cette problématique originale que je n'ai jamais abordée avec Aysha !

Aysha claqua la porte d'Ollivanders, ravie d'avoir terminé sa journée de travail aussi tôt. Il lui restait une après-midi entière devant elle, elle pourrait enfin prendre le temps de se divertir, comme elle ne l'avait pas fait depuis longtemps. Elle était même si peu habituée, ces dernières semaines, à avoir du temps libre qu'elle avait passé des heures à se demander ce qu'elle allait bien pouvoir faire. Elle comptait bien profiter de cet après-midi pour faire une activité qu'elle n'avait pas l'habitude de faire, ou pour visiter un nouvel endroit. Son choix s'était finalement porté sur le Zoo Magique, auquel elle n'était allé qu'une seule fois, avec Mike, lorsqu'elle n'avait que dix ans. La préfète n'avait pas de grand intérêt pour les animaux, à vrai dire, elle était plus mal à l'aise en leur compagnie qu'autre chose. Elle avait toujours eu des résultats lamentable en Soin aux Créatures Magiques, ne parvenant pas à s'approcher d'un animal sans sursauter. Elle n'était vraiment pas douée, pour être honnête. Cependant, la visite d'un Zoo était une chose bien différente, et toujours agréable. Elle pouvait observer ces créatures majestueuses, sans avoir à les approcher, sans prendre aucun risque, en remisant sa peur au placard. Il fallait lui pardonner : elle avait rarement été confrontée à des animaux dans son enfance, et n'avait jamais réussi à faire taire son angoisse face à ces créatures, magiques ou non.

Le magicobus arriva en trombe et la jeune femme prit place à bord. Le trajet jusqu'au Zoo ne pouvait pas vraiment se faire autrement puisqu'il se trouvait en Ecosse, à l'abri des regards moldus, et que la bleue n'avait aucune envie de transplaner sur une aussi longue distance. De manière générale, elle évitait de transplaner d'un lieu à l'autre s'ils étaient séparés par de l'eau. Question de principe. Le moyen de transport qu'elle avait choisi était tout aussi efficace et rapide, et pas moins secouant. Elle arriva en moins d'un quart d'heure a destination - car il avait fallu faire plusieurs arrêts à Londres pour d'autres passagers - et descendit du bus, les intestins retournés. Elle vit aussitôt qu'elle avait mal choisi son jour. Une sorte d'attroupement avait lieu devant le Zoo, lui barrant plus ou moins la vue. Les sorciers présents étaient bruyants, peu nombreux cependant, et scandaient des slogans qu'Aysha ne comprenait qu'à demi. Elle s'approcha, curieuse, et il lui sembla reconnaître quelques visages. Soudain, elle vit deux silhouettes qui lui étaient familières et qui échangeaient, non loin de là. Elle les rejoignit d'un pas rapide, mi-heureuse de les voir, mi-déconcertée face à ce rassemblement.

- Osvald, Isaac !

Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire face aux oreilles de chien qui remuaient sur la tête du plus jeune des deux. Elle avait toujours eu beaucoup d'affection pour Isaac. Elle sourit à Osvald, se remémorant rapidement leur dernier échange, qui avait été des plus étranges, plein de sous-entendu et de méfiance. Elle décida d'écarter ce souvenir de son esprit, et n'eut pas de mal. Son attention fut attirée par le slogan inscrit sur les tee-shirt que de nombreuses personnes portaient autour d'elle.

- Qu'est-ce qui ce passe ici ? demanda-t-elle en désignant les autres personnes rassemblées dans le Zoo.

Ils militaient manifestement contre la chasse, d'après ce qu'elle pouvait lire et entendre. Contre la chasse de quoi ? Des animaux, très probablement. Aysha ne savait même pas qu'ils chassaient les animaux qui se trouvaient dans les cages. Elle ne s'était même jamais posé la question, pour être honnête. Elle avait supposé que, à la manière des zoo moldus, les animaux étaient pour la plupart des espèces en voie de disparition, amenés ici pour être protégés, ou mieux encore, nés directement au zoo. Son malaise général face aux animaux de toute sorte l'avait conduite à ne jamais vraiment se poser des questions sur la légitimité de l'activisme en faveur de la cause animale. Elle était totalement ignorante sur la question, en somme.

Comme à l'accoutumée, le petit aigle est aussi intelligent que pertinent dans ses réflexions. Je hoche solennellement la tête à sa déclaration sur l'obsession de l'argent dans notre monde. Je ne pouvais pas être plus d'accord avec lui qu'en ce moment ! Le recherche constante de profit personnel amène rarement à des entreprises soucieuses du bien commun. Les zoos ne font pas exception à la règle, malheureusement. Et ils ont de ça de pire en plus, d'y exploiter des animaux qui eux, n'ont rien demandé à personne et se fichent pas mal des gallions qu'ils rapportent ou non.
Ce petit, il est quand même extraordinaire. Entre son énergie, son esprit et son coeur, je ne pouvais pas être plus gâté de l'avoir rencontré ! Rien que pour ça, je ne regrette pas d'avoir maintenu mon rôle de préfet aussi longtemps. Malgré... malgré tout ce qui n'allait pas dans ce même rôle. Depuis que j'ai rendu mon insigne, je me sens constamment tiraillé. Je sais que j'ai fait le bon choix, mais ça me manque quand même ! Seulement un an de service et ma personne en est entièrement imprégnée, de ma façon de penser à celle de parler, dans mes réflexes et attitudes avec mes cadets. Préfet, on l'est à fond ou on ne l'est pas. En tout cas pour moi, ça s'est passé ainsi.

Ma petite remarque sur ses oreilles lui fait plaisir et voilà que je me retrouve à bafouiller des excuses et justifications improvisées pour ne pas lancer le sort de duplication. Main passée dans mes cheveux, à l'arrière du crâne, et regard fuyant. Mais bien vite je me rends compte que je suis dans une impasse : non seulement je suis maintenant majeur, et donc j'ai le droit d'utiliser la magie en dehors de l'école, mais en plus c'est un sortilège de base. Même un troisième année serait capable de le lancer sans souci !
Et puis... quel genre d'apprenti médicomage a peur de lancer un sort ?
Le genre qui a peur de se foirer.
Le genre qui n'aime pas lancer des sorts et qui n'en lance qu'en cas d'extrême nécessité.
Mon genre, en fait.

Résigné, je prends une grande inspiration en même temps que le serre-tête. « Ok je vais essayer... mais je le connais pas hyper bien hein donc on verra... ». Voilà, comme ça, si ça rate, j'aurais au moins prévenu ! Baguette sortie après avoir regarder autour de moi, réflexe inutile puisque qu'on est en terrain sorcier et les moldus ne risquent pas de passer par ici sans faire exprès. Je me racle la gorge avant de lancer le sort, d'une voix pas super assurée mais quand même audible.
Au moment de réceptionner une copie conforme des oreilles de chien d'Isaac, une soudaine présence me glace le sang et je me fige.

Aysha.
Qu'est-ce qu'elle fait ici ?
Question stupide, c'était une événement ouvert à toutes et tous ! Mais sur le moment, mon cerveau ne pense pas logiquement, il a juste peur. Sa question (faussement ?) innocente enthousiasme Isaac qui s'empresse de lui répondre avec sa verve habituelle. Si tout mon corps se met en alerte, une fine sueur froide se créant dans mon dos, les paroles de l'aiglon me provoque un éclat de rire complètement imprévu et incontrôlable. Me rattrapant vite, je m'avance pour pouvoir faire barrière entre mon ancienne collègue et le petit, en cas de besoin, on ne sait jamais. « Oui voilà, "c'est pas gentil d'être méchant" et du coup on manifeste pour que les animaux chassés soient relâchés. » Joli petit résumé de la situation.

Une partie de moi se sent stupide : elle n'osera jamais rien faire avec autant de monde autour de nous.
Mais l'autre partie ne peut pas s'empêcher d'être sur ses gardes.
Je suis toujours aussi démuni qu'au jour de la maison en ruine. Je le sais. Mais cette fois-ci, ce n'est pas moi-même que je dois protéger.

Sans m'en rendre compte, je serre un peu trop fort les deux serre-têtes à oreilles. Je tends alors l'original à son propriétaire, « Tiens, je te le rends. »

Les deux bleus se tournèrent vers elle d'un même geste, et Aysha eut le temps de lire les deux expressions, tout à fait opposées, qui s'affichèrent sur leur visage simultanément. Isaac sembla plutôt heureux de la voir, tout à son enthousiasme de défendre une cause et de découvrir les joies du militantisme, tandis que Osvald se crispa légèrement. Si cette situation n'avait pas déjà eu lieu, si Aysha n'avait pas déjà eu affaire à ce regard sur le visage de l'ancien préfet, elle n'aurait sans doute pas remarqué cette légère manifestation de malaise, mais elle était aux aguets, tout au souvenir de leur dernière conversation, et chaque signe lui apparaissait de manière très claire. Elle ne comprenait pas la cause de ce changement d'attitude. Tous deux s'étaient toujours très bien entendus. Désormais, il semblait avoir presque peur d'elle, était distant. Se pouvait-il que... ? Non. Il ne pouvait pas savoir, pour la simple bonne raison qu'il n'y avait eu encore rien à savoir la dernière fois qu'ils s'étaient parlés, et pourtant son comportement avait été le même. Il n'avait pas pu percevoir son changement d'opinion futur alors même qu'elle ne le savait pas. Il y avait eu autre chose, et elle était bien incapable de savoir quoi.

La réponse d'Isaac, comme Aysha s'y était attendu, était pleine d'innocence et d'une verve nouvelle. Il était adorable. Ainsi donc, comme elle l'avait deviné, ils militaient pour les droits des animaux. Elle n'avait même pas été au courant de la chasse qui se pratiquait dans les zoo. Ce qui était idiot, après tout : elle avait cru que les créatures étaient arrivées là par la force du saint esprit ? Sans doute avait-elle imaginé qu'ils avaient été secourus, nés en captivités, ce genre de choses... Elle ne s'était même pas posé la question, et cette révélation la laissait, malgré elle, presque de marbre. Comment pouvait-elle éprouver si peu de compassion à l'égard d'un animal ? La maltraitance, la violence l'auraient sans aucun doute répugnée, elle n'aurait pu soutenir une vision de ce type. Mais dans son esprit, la chasse n'était pas nécessairement violente. Ou bien si, elle était violente dans le sens où elle privait l'animal de sa liberté, mais aucune goutte de sang ne coulait. Et les créatures étaient bien traitées dans ce type d'endroit, elles étaient soignées et avait sans doute des chances de survie bien plus grandes que dans la nature. Fallait-il que la survie se fasse au prix de la liberté ? Etait-il vraiment mieux de vivre longtemps, si c'était vivre captif ? Mais ils étaient peut-être heureux, après tout. Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête. C'était comme lorsque les moldus parlaient de véganisme à la télévision. Elle était horrifiée à l'idée de tuer un animal de ses mains, mais mangeait volontiers de la viande, un cadavre tué par un autre, en somme. Etait-ce vraiment par respect des animaux ou par simple volonté de ne pas se souiller les mains qu'elle éprouvait ce sentiment ? Quand elle réalisait qu'elle mangeait un cadavre, elle en était dérangée, sans pour autant stopper cette pratique si ancrée dans sa culture et ses habitudes. Elle se trouvait extrêmement contradictoire, parfois, mais n'arrivait jamais à considérer le véritable poids de ce qu'elle faisait en mangeant de la viande. Et en soutenant les zoo.

Le commentaire d'Osvald se fit presque railleur et ironique. On aurait pu croire qu'il se moquait de la banalité des propos d'Isaac - c'est pas gentil d'être méchant - mais en réalité, Aysha avait l'impression que ce rire amer s'adressait à elle. Comme s'il faisait référence à elle, à son propre comportement. Même si c'était impossible, elle ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il savait. Tous ces mots semblaient indiquer qu'il savait. Elle contempla le serre-tête animalier qui passa de main en main. Elle décida d'orienter ses préoccupations sur le sujet du jour plutôt que sur l'attitude d'Osvald. Après tout, elle se faisait peut-être des idées. Elle l'espérait, même. Certes, elles était désormais convaincue qu'elle faisait les bons choix, mais elle craignait de n'être pas comprise par les autres. Et par Osvald en premier lieu. Elle n'avait même pas envie de le convaincre. C'était à ses convictions qu'elle s'attaquait aujourd'hui.

- Mais... Vous ne pensez pas qu'ils sont mieux ici que dans la nature ? Ils sont à l'abri, soignés, en sécurité, ils ne risquent pas de s'éteindre... Peut-être que leur liberté est le prix de cette sécurité ?

Ce n'étaient que des questions. Des questions posées à tous ceux qui manifestaient aujourd'hui, non pas pour sous-entendre qu'ils avaient tort, mais pour comprendre. Pour guérir son ignorance, pour penser cette préoccupation qui ne lui avait jamais traversé l'esprit.

LA Izsa

Elle plissa les yeux comme si cela allait l'aider à mieux entendre puis les haussa en clignant plusieurs fois des cils. Qu'est-ce qui venait de se passer ? Rachel souffla un petit rire -même si c'était d'avantage ses yeux qui riaient- en secouant sa tête de droite à gauche. Il était adorable d'être ainsi intimidé par elle. C'était quelque chose de tout à fait nouveau pour la sorcière. D'autant qu'elle avait compris les intention du jeune garçon dès le début.
En résumé : ce gosse était VRAIMENT trop choupinou !

Rachel continua donc ses explications dans une bonne humeur non dissimulé malgré un discourt des plus sérieux. Cela ne semblait en tout cas nullement ennuyer Isaac qui était de loin le plus curieux de tous les manifestants présents. Comme quoi il arrivait au Choixpeau de ne pas se tromper ! Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas pensé aux maisons.

– Mais je comprends pas. Les zoos c’est pas pour montrer comment les créatures magiques sont gentilles, intelligentes et passionnantes ? Pourquoi les responsables du zoo voudraient organiser une chasse ? Y a déjà bien assez de cages ! Ils sont pas censés aimer les animaux ?

Comment lui expliquer que les choses n'étaient pas toujours aussi simple ? L'argent et le pouvoir corrompaient même les plus aimables. "Certains sont méchants" comme l'avait si bien dit un éléphant dans son enfance (#DisneyForever / Dumbo pour les nuls hihi). Puis parfois on ne se rendait tout simplement pas compte des conséquences.

Heureusement pour la sorcière ce ne fut pas à elle de lui annoncer ça, mais à ce qui semblait être l'un des ces amis. Et même si cela était légèrement minimaliste, dans l'idée il avait raison, alors elle haussa les épaules avec un air satisfait. Très vite une jeune demoiselle les rejoignit alors et la conversation continua de bon train entre eux.

Rachel en profita pour s'occuper d'un autre manifestant qui ne parvenait pas à faire passer sa tête dans le trou destiné à contenir le cou. Le temps d'aller poser une ou deux questions pratiques à Izsa et elle était de retour parmi les trois jeunes qui... ne semblaient plus aussi à l'aise que lorsqu'elle était parti ? L'un en particulier semblait s'être crispé tout entier. Genre "rend-moi ma glace, elle est à moi !". Oui, elle était bien loin de savoir. Néanmoins elle s'approcha pour s'assurer que tout allait bien.

- Des t-shirts ?

Puis elle jeta un regard vers les deuxième paire d'oreille.

- Belle maîtrise du sort, bravo.