Zoo Magique

Sans plus de cérémonie, la blonde s'extirpa des bras masculins pour s'approcher de l'enclos du dragon qui leur faisait face. Levant lentement les sourcils, le mannequin observa avec curiosité la jeune serveuse. Il venait d'avouer qu'il lui arrivait de se comporter comme un fou extrémiste et elle se permettait de mal de le prendre ? Il s'en souviendrait, à l'avenir, lorsqu'il lui confierait quelque chose. « C'est pourtant ce que tu as réussi à faire avec succès... me faire sentir coupable. » ... Mais what ? Minute. Il y a deux secondes elle culpabilisait et était prête à s'en aller limite avec les larmes aux yeux, et là, maintenant, elle lui reprochait sa réaction ? L'observant comme si elle venait d'une autre planète, Théodore pensa très fort que les femmes resteraient des mystères pour la gente masculine.

« Je veux bien accepter que tu n'ailles pas forcément bien, mais je n'accepterai jamais que tu te foutes de ma gueule, ni que tu te serves de moi. Vous ne me connaissez pas Monsieur Winderfelt. » Alors là, c'était la meilleure. Qu'est ce qu'il lui prenait exactement ? Pourquoi, tout à coup, se comportait-elle comme s'il lui avait promis une bague de fiançailles et qu'il revenait d'une soirée alcoolisée où il avait flirté avec d'autres femmes ? Théodore se trouvait déjà assez compliqué tout seul pour se prendre la tête avec une autre personne, voilà principalement pourquoi, à 23ans, il était toujours seul. Ce n'est pas parce qu'il ne trouvait personne pour lui convenir, mais tout simplement parce qu'il n'arrivait pas à gérer une autre conscience que la sienne.

Son regard étonné se transforma alors rapidement pour ne laisser qu'un reflet de mépris envers Laura. Son Mamba Noir intérieur sembla siffler à ses oreilles alors que ses lèvres s'entre ouvraient pour laisser s'échapper des mots froids et désagréables. « Tu peux te permettre d'être odieuse avec tes clients alcooliques mais pas avec moi. De plus je ne comprend réellement pas ce qui te donne l'autorisation d'avoir un tel jugement à mon égard, - il continua sur un ton hautement ironique, je suis réellement désolé que d'autres hommes avant moi se soient, je cite, ''foutu de ta gueule'' mais si tu as toujours eu ce genre de trouble de la personnalité alors on ne peut pas réellement les blâmer. » Ouais, il était bien placé pour dire ça, lui qui était maniaque jusqu'à l'os. Mais malheureusement elle venait de toucher l’ego d'un Winderfelt et Serpentard qui plus est, et ce n'est clairement, mais clairement pas la chose à faire.

Sans rajouter quoi que ce soit, le mannequin se détourna de la jeune femme pour prendre la route de la sortie du zoo. Non mais pour qui se prenait-elle ? Il n'était pas n'importe qui LUI, il avait de la notoriété, son nom était connu, sa fortune faîte et il pouvait avoir toutes les femmes qu'il voulait. Alors, nom de Dieu, pour qui se prenait-elle ? Voilà, il était en colère. En colère d'avoir encore une fois céder si facilement à sa fierté, mais il était également en colère contre la serveuse. Pourquoi avait-elle dit une chose pareille ? Puta**. Il avait enfin trouvé quelqu'un d'autre que Shela avec qui il se sentait bien, mais non. Il fallait que cette cruche fasse tout foirer. Tant pis pour elle, elle l'aura cherché.

Fin du Rp pour moi

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RP avec Isia Neige
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Haut dans le ciel passaient de paresseux nuages blancs, trop peu nombreux pour projeter plus qu'une ombre fraîche et agréable sur les visiteurs du zoo ; les côtoyaient quelques rayons de ciel tombant en colonnes pour dessiner au sol des flaques de lumière où le visiteur frileux pouvait se réchauffer quelques instants.

Dans le périmètre d'accueil au transplanage, une silhouette prit subitement forme avec un claquement sec. Isceliot prit quelques secondes afin d'observer ceux qui l'entouraient, puis se rendit à l'entrée du zoo pour se procurer un ticket, n'oubliant pas de réajuster son gilet que la téléportation avait légèrement malmené.
« Un ticket, je vous prie. Merci, mademoiselle. » Les formalités expédiées, le sorcier s'engagea sur l'un des chemins qui serpentaient à travers le parc, non sans délester le comptoir d'accueil de l'une de ses brochures. La première page était réservée à l'image d'un nundu régalien qui contemplait paresseusement le lecteur en s'autorisant de temps en temps un bâillement.

Isceliot ouvrit le dépliant, et fit patiemment glisser son index le long de la liste. Abraxan. Enclos extérieur. C'était juste à côté.
« Parfait ! » s'exclama-t-il en glissant la brochure dans l'une des poches de son pantalon de ville ; déjà ravi à l'idée de ce qu'il allait voir, il se mit en route d'un pas tranquille en direction des enclos où se trouvaient les magnifiques chevaux ailés.

Rp avec Isceliot Circoile

Le visage agréablement caressé par un rayon de l'astre solaire, Isia croquait l'Abraxan qui se tenait non loin d'elle. Nullement intéressé par la dessinatrice, le cheval ailé était occupé à ingurgiter sa nourriture dans de lents mouvement de mâchoire. Il se tenait néanmoins dans une position propice aux dessins, offrant à l'oeil curieux l'étendue de ses plumes et la finesse de ses muscles. C'était la nostalgie qu'elle avait ressenti en se levant ce matin qui l'avait poussée à venir observer l'animal qui lui rappelait son ancienne école et ses écuries.

Peu à peu, l'animal prenait vie sur son carnet. Elle avait commencé par son arrière train, qui était maintenant complet, avant de s'attaquer aux ailes. Face à la difficulté, la sorcière fronçait ses fins sourcils, le crayon tantôt à la bouche pour le mordiller, tantôt à s'activer et rectifier les erreurs sur la feuille. Il n'y avait pas de couleur, juste un dégradé de noir accompagné de blanc. Sous l'esquisse était déjà inscrit certains mots, dont un particulier "père" en guise d'introduction.

Isia était assise à même le sol, aucunement dérangée par le froid qui s'insinuait à travers son jean sombre, le dos courbé vers son carnet. Balayées par le vent, quelques unes de ses mèches rousses venaient se loger devant ses yeux concentrés, qu'elle replaçait d'un geste tranquille sans y prêter une quelconque attention. Les visiteurs sorciers passaient, observaient l'animal et repartaient sans qu'elle ne s'aperçoive réellement de leur venue.

Elle releva cependant la tête quand ce fut le tour d'un jeune homme sans qu'il n'y ait de raison valable, juste un parfait hasard. Un hasard qui faisait bien les choses parce que pour une fois, elle reconnaissait quelqu'un. Sa tête et surtout ses yeux lui disaient quelque chose sans qu'elle ne parvienne encore à la resituer. Etait-ce en France ? Dans un commerce ? Dans.. Son crayon à la bouche, Isia se permettait de le fixer en plissant les yeux. La mémoire étant sélective et plus particulièrement soumise à ses émotions, il fallut attendre la disparition du soleil et un frisson provoqué par celle-ci pour qu'Isia se souvienne enfin.

"La conférence sur les baguettes !" s'exclama-t-elle avec entrain vers le visiteur aux yeux gris. Le crayon faisant office de baguette, elle le pointait vers lui alors qu'un sourire illuminait son visage.

Rp avec Isia Neige

Isceliot sentit confusément qu'il était l'objet de cette exclamation, grâce à ce sens mystérieux qui habite tout un chacun et sait discerner lorsqu'un mot ou un cri vous est adressé. Il s'arrêta aussitôt, une main posée sur la rambarde de bois qui cernait la clôture, et balada un regard aux sourcils froncés sur les alentours.
Quelques familles déambulaient sur le large chemin de terre, mariant l'austérité adulte aux gloussements d'enfants émerveillés, mais aucun de ces visiteurs ne semblait prêter une attention particulière au fabricant d'objets magiques.
Un instant, Isceliot crut s'être fourvoyé, mais son doute s'estompa bien vite lorsqu'il aperçu le feu de la chevelure de la jeune femme, et les deux morceaux de ciel qu'étaient ses grands yeux bleus.

« Ça alors ! Miss Wand ! » Miss Wand ? Quoiqu'il en soit, à en juger la lueur dans ses yeux, cette rencontre inattendue l'enchantait. Il se détacha de la rambarde et rejoint Isia devant laquelle il inclina momentanément la tête en guise de salutation.
Constatant l'existence du croquis, Isceliot s'effaça aussitôt pour ne pas intercepter le regard qu'Isia pouvait poser sur l'équidé, et se tint de trois quarts, suffisamment près pour ne pas élever la voix, mais avec assez d'espace pour que la dessinatrice se sente libre de ses gestes. Sa voix avait le même filet doux que lors de leur première rencontre.

« Vous dessinez donc lorsque vous n'assistez pas aux conférences parisiennes. » Les mains jointes dans le dos, le sorcier aux yeux gris coula un regard sur le pégase. « Un intérêt tout particulier pour les Abraxan ? »

Rp avec Isceliot Circoile

Interdite une seconde devant la réaction du sorcier, elle accompagna ses gestes en regardant à son tour autour d'elle avant de revenir bien vite à lui. Afin de lui raviver plus rapidement la mémoire, elle se releva, se tint droite comme une statue, les bras écartés. Cela avait du fonctionner puisqu'il l'appelait.. Comment ? Un de ses sourcils se relevait tandis qu'elle creusait dans ses souvenirs à la recherche d'une autre femme aux cheveux couleur fauve. N'arrivant pas à se décider, Isia se mordilla les lèvres jusqu'à ce que son regard se fixe sur sa "baguette" du jour.

"Oh.. oui, oui, Miss Wand." répondait-elle, le rire au bord des lèvres. En le voyant s'approcher, elle avait esquissé quelques pas vers lui dans le but de l'embrasser, comme il était de coutume en France, au moment où il l'avait salué d'une toute autre manière. Figée une seconde, elle passa une main gênée dans ses cheveux alors que son sourire s'étirait en coin. "Alors.. Mh.. Eh bien, bonjour.". D'une manière idiote, elle agita sa main devant lui avant de rouler les yeux, pestant intérieurement devant sa réaction grotesque.

Elle ne s'arrêta de ressasser sa gêne et ses conséquences que lorsque la voix de son interlocuteur s'élança une nouvelle fois : « Un intérêt tout particulier pour les Abraxans ? ». Tout malaise évaporé, elle s'approcha de l'enclos, le visage éclairé par un souvenir joyeux. "En effet. Il est de coutume que le carrosse de notre Directrice soit tiré par ces magnifiques animaux. Oh.. Mh.. J'ai étudié à Beauxbâtons, dans une maison que l'on pourrait associer à Serdaigle. Et vous ? Enfin.. j'adorais passer du temps devant les écuries." ajoutait rapidement la sorcière.

Accompagnée à présent, Isia rangea carnet et crayon dans sa sacoche en cuir qu'elle plaça à son épaule. "Aimez-vous le whisky pur malt, Monsieur.. ?". Etrangement, elle voulait le questionner, en apprendre plus sur lui, comme s'il était un grimoire aux trésors non révélés. Happée par la lueur métallique de ses iris, la Française poursuivait son examen approfondi de sa personne, tout en le poussant à se dévoiler un peu plus. "Qu'est-ce qui vous a poussé à venir ici ? Les Abraxans.. ou peut-être une muse pour un autre objet magique ? Je crois me souvenir que c'était votre passion. "

L'agitation qu'il percevait chez la jeune femme jeta un rire dans ses yeux, alors qu'il savourait la beauté de la créature qui était offerte à leur vue. L'animal, puissant, relevait de temps à autre son encolure et sa tête allongée pour poser un regard d'une infinie patience sur le monde.
En ces instants, Isceliot se demandait comment l'Abraxan voyait le monde. Se satisfaisait-il d'être soigné et nourri, en échange de sa liberté de mouvement ? Se sentait-il prisonnier ?
Le sorcier avait du mal à le croire, quand il voyait avec quelle majesté la créature étendait ses ailes et les faisait lentement battre au rythme d'une brise invisible, indifférente aux exclamations admiratives des spectateurs.

« Ce doit être un sacré spectacle... comme d'assister à l'envol des valkyries. » L'image le séduisait. Isceliot s'apprêtait à ajouter quelque chose quand les mots jaillirent de son interlocutrice comme un fleuve. Surpris, il vit chacune de ses velléités de réponse balayée par une nouvelle vague de mots.

Alors il attendit. Qu'elle épuise ses questions, qu'une pause ait le temps d'éclore, pour hausser les sourcils de façon éloquente, lui signifiant l'embarras dans lequel il était pour savoir à quoi répondre. Cela faisait beaucoup. Ce sont finalement ses papilles gustatives qui le décidèrent, et il secoua lentement le visage.

« Je ne crois pas en avoir jamais goûté. Vous êtes amatrice ? » puis de lui faire signe, d'un geste de la main, de ne pas ranger ses affaires. « Je vous en prie, continuez. » Il semblait d'ailleurs prêt à s'assoir à son tour, ce qu'il fit en faisant peu de cas du noir impeccable de son pantalon. « J'étais venu chercher de la poésie. »

Rp avec Isceliot Circoile

La réaction de son vis-à-vis eut l'effet d'une gifle. Plus forte que les mots, son attitude la réduisit au silence, comme le faisaient autrefois ses professeurs particuliers quand elle se montrait un peu trop loquace. Sans plus prononcer de mots, elle se rassit en serrant contre elle sa sacoche. La blessure à son égo encore vive, Isia laissa s'écouler les secondes avant de répondre.

"Non." Avec moue d'incertitude, elle réfléchissait aux paroles qu'elle voulait ou devait prononcer pour ne pas trop bousculer son interlocuteur. "Mais eux, le sont." Voilà, elle ne pouvait faire plus court. Après réflexion, sans doute que si, mais alors elle aurait préféré le silence. Chat échaudé craignant l'eau froide, Isia se perdit dans l'examen du sorcier aux yeux gris sans approfondir son discours. Ce fut alors qu'elle sortit ses ustensiles de dessin dans des gestes lents mais précis.

Il voulait de la poésie, elle se voyait le dessiner. Sitôt pensé, sitôt entreprit. La page dédiée au pégase fut tournée, laissant place à une feuille blanche, parfaite pour le départ d'un nouveau croquis. La sorcière commença par une ébauche de sa silhouette, le visage de son personnage perdu dans la contemplation d'une chose invisible. "Comment un poète décrirait ce qu'il a sous les yeux?" Le regard de la française était perçant, profondément ancré en lui, cherchant le moindre détail à imprimer sur sa feuille. Rien ne devait lui échapper. Le mouvement de ses cheveux était capté, tout comme la courbe de ses lèvres, le plissement de ses paupières ou la position de son buste. Apaisée, elle ne dialoguait plus qu'avec ses yeux qui se faisaient concentrés, surpris puis acérés suivant ses découvertes.

Rp avec Isia Neige

« Vraiment ? » Cette fois, un rire s'était presque échappé de sa gorge.

S'il avait perçu le raidissement de la jeune femme, il en ignorait la cause, aussi l'interrogea-t-il du regard au bout de quelques secondes. Avait-il dit ou fait quelque chose qui l'avait blessée ? Était-ce le fait de s'être assis à ses côtés sans lui demander la permission ?
Il envisageait sérieusement de lui poser la question, et s'était appuyé sur ses bras tendus vers l'arrière, quand il réalisa qu'elle traçait non plus le corps musculeux du palomino mais ses traits à lui ; Isceliot ne semblait pas dérangé par cette initiative, et lorsqu'Isia le questionna au sujet des poètes, il leva le menton au ciel en quête d'une réponse.

Son nez était droit, donnant naissance à une ombre projetées par les rayons d'un soleil qui peinait à percer la couverture nuageuse ; sa bouche souriait peu au milieu de la barbe blonde de quelques jours qui couvrait ses joues et son menton ; à l'oreille qu'apercevait la jeune femme, un trou minuscule et presqu'invisible témoignait de l'existence d'un boucle, fut un temps ; sa poitrine se soulevait au rythme d'une respiration ralentie, à l'abri derrière la chemise grise dont il avait retroussé les manches et du gilet noir qui faisait de lui l'incarnation d'un aristocrate londonien de l'époque industrielle.
Une moue perplexe, les lèvres plissées, passa fugitivement sur son visage.

« Sans doute avec des mots. » finit-il par souffler, l'oreille à l'affût du rire d'Isia si jamais sa plaisanterie était à son goût. Il n'était guère à l'aise avec les acrobaties verbales, s'y essayer requérait tout son courage. Cependant il s'en voulait de l'avoir mise mal à l'aise, aussi ajouta-t-il, inspiré par deux poèmes oubliés depuis longtemps...
« J'imagine qu'il dirait... que vous pouvez très facilement le savoir. Qu'avec vos yeux où se marient l'or et la mer, et vos cheveux comme des flammes qui se pavanent, vous n'aurez qu'à poser la question à celui qui vous a écrite. »
Il doutait que ses mots soient aussi beaux que dans leur écrin originel, mais l'intention y était, il espérait lui faire plaisir.

Rp avec Isceliot Circoile

"Vraiment ?" Isia releva la tête pour la hocher, signifiant ainsi son approbation. "En tout cas ceux de Beauxbâtons ne boivent que cela." S'il n'avait pu lire la réponse à son questionnement interne dans son regard, il pouvait être certain que ce n'était pas à cause de sa présence à ses côtés. Elle paraissait même plutôt détendue malgré sa concentration quand elle dut s'attaquer à quelques détails corsés comme les plis de ses vêtements.

« Sans doute avec des mots. » Le rire fusa en effet, non retenu par ses lèvres étirées par un sourire, quoiqu'étouffé par sa main gauche venue se plaquer avec célérité sur ses lèvres. Ne connaissant pas son prénom, elle ne put le réprimander avec ce ton propre aux plaisanteries que l'on apprécie mais se doit de blâmer légèrement. Alors, elle ne fit que secouer la tête avant de reprendre son dessin. La main habile, il ne lui restait plus qu'à détailler ce visage offert mais son crayon se stoppa en l'air quand Isceliot reprit la parole.

Jamais personne n'avait parlé poésie chez elle, alors en créer comme ça, là, lui semblait provenir d'un extraordinaire pouvoir. Comment pouvait-on jouer ainsi avec les mots et leur sens ? Faire naître des idées qui caressent l'âme et charment l'esprit ainsi, après une simple question, Isia en était troublée. Ses cils papillonnèrent, dévoilant par intermittence des yeux brillants d'admiration pour le poète non loin d'elle. "Et si je la pose à celui qui m'a décrite ?" fut sa réponse, à peine murmurée, alors qu'elle brûlait de lui dire "encore, encore, par pitié, j'aimerais en avoir plus". Son plaisir était nettement visible que ce soit dans ses yeux ou sur ses lèvres. Isia baissa quelque peu la tête, battit des cils, tandis que son sourire coulait pour se loger au coin de sa bouche, créant ainsi une jolie fossette.

"Qui êtes-vous ?" Incapable de terminer son croquis, elle le fixait, captivée.

« Oh, c'est vrai, nous n'avons pas été présentés. »

Isceliot s'arracha à la contemplation de l'Abraxan pour rencontrer les yeux de la jeune femme, et se faire silencieusement la réflexion qu'il n'avait pas si mal décrit les deux prunelles qui le dévisageaient.

« Isceliot Circoile. Vous avez raison, je m'intéresse tout particulièrement aux artefacts. Et vous, mademoiselle... quel est votre titre ? » lui demanda-t-il en se penchant légèrement pour admirer ce qu'elle avait crayonné. Il n'était pas photogénique, les yeux fermés quand il ne le fallait pas ou la bouche ouverte au moment crucial. En serait-il autrement avec un dessin ?

Devant eux, l'animal avait quitté son indifférence pour approcher quelques enfants dont les poings fermés avaient piqué sa curiosité. Les ailes repliées sur son corps musculeux, il les dominait maintenant de toute sa hauteur, et cherchait quelle main contiendrait le sucre dont il avait décelé la présence.

« Alors... Notre ami s'intéresse au whisky pur malt. J'aime les objets de pouvoir. Et vous alors, qu'est-ce qui peut bien vous faire vibrer ? »

Rp avec Isceliot Circoile

Il n'avait donc pas répondu à sa question, mettant fin par la même occasion à sa poésie. Brutalement retombée à la réalité et ses banalités, Isia laissait filer un soupir en se reculant. Elle s'était en effet inconsciemment rapprochée de lui.

"Je n'ai aucun titre, qu'il soit moldu ou sorcier. En avez-vous, Isceliot ?" demandait-elle distraitement en reprenant son dessin. "En toute simplicité, je suis Isia Neige." finissait-elle par murmurer tout en mettant un point final au portrait noir et blanc en ajoutant ses noms et prénoms. Le sorcier était fidèlement reproduit avec ses défauts et ses atouts. Elle avait néanmoins accentué le détail sur la forme de ses yeux, sur l'ondulation fictive de ses lèvres en un franc sourire et sur ses boucles chassées par le vent. Le personnage avait les bras en arrière, les mains en appui contre l'herbe. Ses vêtements étaient quant à eux faits de traits rapides, parfois de simples hachures pour les ombres. Son Isceliot Circoile était heureux, libre.

"Ah. Voilà." Isia faisait pivoter son carnet pour qu'il puisse examiner à loisir ce qu'elle avait fait, ce qui lui permettait de réfléchir à sa réponse. Pensive un instant, elle inspira, se mordilla la lèvre inférieure, le tout en regardant le ciel. "Il y a quelques mois, j'aurais répondu sans hésiter les sorts. Maintenant, ça serait les baguettes." Sa réponse trouvée dans les nuages, elle pouvait retourner à l'observation de son vis-à-vis. "Plutôt ce qui les compose. Les associations de matériaux.. et les recherches qu'elles impliquent. Je m'imagine particulièrement à la recherche du crin de licorne parfait ou de la dent de troll. Imaginez-moi, Isceliot." Les yeux plissés, elle prit entre ses doigts sa "baguette" pour la pointer d'un air furieux vers une chimère. "Pouf ! Neutralisée, utilisée, changée.. que dis-je, transcendée !" ajoutait la sorcière dans un rire.

Rp avec Isia Neige

Un instant surpris, il mit quelques instants avant de comprendre le malentendu.

« Je... À vrai dire, je voulais parler de votre nom. J'ai dit titre afin que cela colle avec cette histoire de poème. »

Il s'était cru subtil, mais son jeu de mots était bien trop alambiqué. Un tel échec ne lui était pas étranger, et il le prit avec philosophie, sans s'y attarder, bien plus intéressé par le joli filet de sa voix de son interlocutrice.

Bercé par les mots d'Isia, Isceliot s'enveloppa d'un long silence, un temps muet durant lequel il parcourut les lignes de son double du bout de l'index. Lorsqu'il rencontra son sourire posé sur le papier, ce dernier se refléta réellement sur sa propre bouche, et lorsqu'il prêta attention à ses boucles flottant au vent, le sorcier ne put qu'afficher une moue sceptique, presque certain qu'Isia avait inventé ce détail flatteur.
Le travail était cependant remarquable, et trouva la preuve du respect d'Isceliot lorsque ce dernier hocha lentement la tête et remonta ses iris argentins sur la beauté flamboyante qui venait de le croquer.

« Superbe. » Finit-il par déclarer en la fixant. Quelques passants leur adressèrent un coup d’œil, poursuivant ensuite leur chemin en énumérant les animaux qu'ils n'avaient pas encore pu admirer. « Vous intéressez-vous aux cœurs de baguettes, ou aux aventures qui y mènent ? »

« Hahaha, je vous imagine très bien en chasseuse, livrant un duel flamboyant contre la bête venue vous chasser alors que vous cherchiez à lui dérober une griffe ou une plume tombée au sol ! »

Rp avec Isceliot Circoile

"Oh", aurait pu être la réponse à sa méprise. Au lieu de cela, elle avait eu une moue septique avant de répondre autant verbalement que physiquement à la question posée.

Quant au compliment, la sorcière fut un instant déconcertée. Etait-il pour son oeuvre ? Pour son aspect physique ? Elle battit des cils, toujours indécise alors que les secondes silencieuses se faisaient minute. Isia n'avait pas remarqué les passant, trop occupée à répondre à son questionnement intérieur. Il devait s'agir de son dessin. Le temps affirma sa décision tout autant qu'un fin sourire accompagné d'un hochement de tête. "Merci. Cela me vient de ma mère." Joueuse, elle avait néanmoins choisi de poursuivre sur l'ambiguité.. sans doute pour qu'il rebondisse sur le sujet et lui donne enfin la véritable direction.

La suivante question fit retomber sa "baguette" qu'elle tapota contre ses lèvres. "Mh.. Voilà une bonne question ! Elle mérite une petite introspection." Isia ferma les yeux et s'imagina dans deux situations différentes. Dans la première, elle se voyait dans un atelier de fabrication entourée d'un calme apaisant. Il lui fallait intégrer un oeil de serpent dans une baguette faite de chêne rouge. Mais alors qu'elle s'apprêtait à assembler les deux composants, sa baguette prit soudain feu, profondément ennuyée. La sorcière ne put alors retenir un véritable rire avant de passer à la seconde proposition. Là, elle s'imaginait à la poursuite d'une Doxy pour lui dérober une aile. La nuisible fée mordeuse était coriace mais Isia parvenait à la neutraliser à coup de doxycide. Ce fut à cet instant qu'elle sut quoi répondre.

"Aux aventures qui y mènent mais j'assisterai sûrement, si cela est possible, à la création. Et vous, dites-moi, Isceliot.. pourquoi les artefacts ?" Redevenue sage, elle s'asseyait en tailleur, bien en face de son interlocuteur.

Le sorcier inspira lentement, tandis que l'horizon happait son regard.
Isia l'ignorait, mais sa question faisait appel à des souvenirs qu'Isceliot ne se remémorait qu'avec déplaisir. Les couloirs propres, où ne s'animaient que les tableaux peuplés de visages austères ; la lumière froide filtrée par des fenêtres dont le verre épais plongeaient le manoir dans un silence pétrifié ; les cours stériles dispensés à coup de baguette et devant un tableau noir comme l'encre.
Dans cet univers desséché, l'enfant était modelé, façonné avec une rare efficacité pour n'offrir que ce qu'on attendait de lui, et chaque heure qu'égrenait la lourde horloge d'ébène broyait encore un peu plus toute innocence superflue.
Ce traitement n'avait pas laissé Isceliot sans séquelles, et ses blessures ne se refermeraient sans doute pas dans cette vie. Il ne tenait pas à partager cette facette de lui.
Sa réponse, bien que sincère, fut donc incomplète et ne contenait pas l'élément essentiel qui avait motivé son parcours.

« Vaste question. J'imagine qu'un "j'y vois de la poésie" ne vous satisfera pas ? » Un sourire passa fugitivement sur ses lèvres.

« Une fois, nos parents nous ont emmenés en ville assister à un opéra. Nous n'étions guère accoutumés aux boutiques, les domestiques se chargeaient des achats afin de nous éviter toute distraction non bienvenue. » D'un geste distrait, il débarrassa son pantalon des quelques feuilles qui étaient venues s'y poser.
« Si vous m'aviez vu... j'étais surexcité ! Tant d'objets, de livres, de friandises qui pour une fois n'étaient pas méthodiquement rangés dans des coupelles en argent, c'était grisant.
Mais ce qui m'a le plus émerveillé, je l'ai découvert derrière la vitrine d'un petit artisan sans prétention. De beaux papillons aux ailes bleues. J'ai cru avoir à faire à de véritables insectes, mais en collant mon nez à la vitre, j'ai découvert qu'ils étaient faits de métal et de nacre, et qu'il s'agissait en réalité de bijoux imitant la vie. Cela m'a bouleversé. Qu'un être humain puisse créer quelque chose d'aussi subtil et délicat... Rien à voir avec les exhibitions spectaculaires auxquelles ma famille m'avait habitué. J'avais devant moi quelque chose de plus discret, et de beaucoup plus touchant à mes yeux. Un art qui faisait appel à énormément de sensibilité, et à une technique considérable.
J'imagine que c'est à ce moment que j'ai décidé de me consacrer à fabriquer des miracles qui pourraient durer dans le temps. »

Surpris de s'être autant épanché, Isceliot mit fin à son histoire et se racla la gorge.

« Toutes mes excuses, je me suis laissé emporter. Hahaha ! »

Rp avec Isceliot Circoile

S'il ne racontait pas ses souvenirs avec des mots, elle attribuait cependant à son inspiration la réminiscence de quelque chose de négatif. N'étant pas legilimens, elle ne pouvait être sûr de ce qu'il revivait et ne pouvait que le deviner en associant ses propres réactions à celles du sorcier. C'était en effet comme cela qu'elle aurait réagi si on devait la questionner sur le secret de sa famille. Isia se mit à sa place et ne le questionna pas sur ce point, préférant baisser les yeux sur l'herbe, que ses doigts caressaient, tout en écoutant attentivement l'explication offerte.

"Oh, non, non, ne vous excusez pas, au contraire. Vous avez une jolie voix apaisante." répliqua Isia un peu trop vite, le haut des joues rosé. La sorcière replaça à son oreille une mèche poussée par le vent en changeant rapidement de sujet. "Qu'avez-vous créé ? Ou que souhaitez-vous créer ? Vous avez parlé de bijou.. Ce papillon était-il vivant ? Je rêverais de posséder un collier qui serpenterait sur mon cou, une libellule dans mes cheveux ou des papillons à mes oreilles. "

La Française poussa un long soupir en s'allongeant sur l'herbe, les bras derrière la tête, rêvant à ces merveilles. Y avait-il une boutique comme celle-ci à Londres ? Ailleurs en Angleterre ?

Rp avec Isia Neige

Un rire accueillit le compliment, et Isceliot suivit des yeux l'élégance avec laquelle la jeune sorcière s'installait. Sans qu'il sache pourquoi, quelque chose dans ses gestes lui rappelait la délicatesse des colombes.

Ce papillon était-il vivant ? « Je l'ignore. Il était beau, tout simplement. » fit-il d'une voix paisible. Quelques images s'imposèrent à son esprit ; des scènes de création au sein de pièces qu'éclairaient quelques bougies flottantes ; des nuits se déroulant dans la musique des feulements et des crachotements de sa baguette ; ce sentiment d'accomplissement qui l'habitaient quand il achevait un artefact.

« Qu'ai-je fait... voyons voir... » Le temps d'un battement de cœur, pour mettre de l'ordre dans ses idées. « Un arbre de verre, qui s'agite à la moindre mélodie. Un chapeau qui épargne son porteur de la pluie. Un médaillon pour y chuchoter des mots d'amour. Une bougie dont la flamme danse la valse. » Une lueur passa dans son regard, et Isceliot ponctua sa remarque suivante à l'aide de son index.
« C'est amusant, j'ai justement déjà créé un tel collier. Il serpente sur le corps de son propriétaire... partout où ce dernier l'a autorisé. » ajouta-t-il avec un clin d’œil.

« Vous m'avez dit que vous aimeriez être présente lors de la création de la baguette... pourquoi ? »

Désormais en appui sur un coude, le buste légèrement tourné vers elle, il avait le sentiment d'être l'un des personnages du Déjeuner sur l'herbe ou d'Un dimanche après-midi à l'île de la Grande Jatte.