[Ouverture de sujet autorisée par William West ici]

Aujourd’hui était une journée sérieuse. Oui, très fortement sérieuse. La preuve, c’était que j’avais demandé un congé de formation. C’est que c’était pas n’importe quoi qui se passait dans ma vie hein ! J’avais décidé de me rendre encore plus ridicule que je n’étais auprès de Kholov pour lui dire que j’avais pas mon permis de transplanage. Mais, comme il m’arrivait parfois d’avoir à accompagner des sorties éducatives, il était très important que de savoir naviguer au gré des envies, ne serait-ce que pour ramener un enfant malade – et le faire vomir de plus belle – lorsque tous les elfes de maison s’attèle à faire à manger pour tout ce petit monde.

Par conséquent, j’avais obtenu le droit de m’absenter ce jour pour aller au ministère de la magie, afin de prendre un cours. Pendant un moment, j’avais fortement eu envie de ne pas y aller. Ca faisait un moment maintenant que je transplanais sans permis, et personne m’avait rien dit. Pour peu que je fonce dans quelqu’un ou que je grille un feu rouge, pourquoi pas, mais j’étais moins dangereux qu’un moldu alcoolisé au volant d’une Porsche normalement. Enfin, tant que j’avais pas de passagers avec moi. Je me désartibulais souvent quand même alors je devais faire gaffe. En plus, boire ou transplaner, fallait choisir.

Bref, sur ces entrefaites, j’étais donc arrivé dans le Hall du Ministère de la Magie sans trop me poser de questions. J’avais fait le chemin comme automatiquement, ce qui était sacrément bizarre d’ailleurs puisque j’y allais jamais normalement. Mais passons. J’étais, comme d’habitude, bloqué dans l’Atrium. Parce que c’était trop beau. Et que je pouvais rien faire d’autre que d’admirer, au loin la fontaine, et tous ces gens qui arrivaient dans des panaches de fumée verte. Ce qui était plus embêtant, c’était de se faire bousculer par tout le monde, alors je me mettais sur le côté pis je regardais ce balais incessant de gens. Y en avait beaucoup qui faisaient la tronche quand même. En plus ils étaient tous ternes. Gris. Comme plongés au cœur d’une grande nappe de brume. Tous, sauf cet éclair blond que je voyais passer, très rapidement devant mes yeux. Et je réagis instinctivement.

« Hé ! Dowell ! »

Mais Mer**, j’étais trop con ! Pourquoi j’avais crié !? C’était pas la seule blonde du ministère cette fille ! Super… On allait encore me prendre pour un timbré parce que j’avais appelé la mauvaise personne…

La débilité de mon acte me surprenait encore, et j’en étais toujours à me fustiger mentalement, quand, au milieu de la foule, nos deux âmes perdues se retrouvèrent et reconnurent. Qu’elle me rejoigne en quelques enjambées me touchait profondément, et je sentais mon cœur vaciller en plongeant mon regard dans le sien. Non que j’étais fou amoureux d’elle, loin de là, même si j’avais apprécié ce jeu perpétuel entre nous, simplement… Elle était venue à moi. Elle avait pas cherché à marcher le plus vite possible, alors que je l’aurais pas su puisqu’on était tous les deux paumés dans la foule. Elle était venue, m’avait reconnu et discutait comme si de rien n’était. Aucune honte, aucune gêne, et ça me faisait sourire.

« - Tiens, monsieur Dey. Comment ça va ? T’es la dernière personne que je m’attendais à croiser aujourd’hui. T’es là parce que tu peux plus te passer de moi, avoue. »

Je pouvais pas m’empêcher de sourire sur la différence de ton. Elle était bien l’une des seules personnes à m’appeler monsieur, et j’adorais ça… Quant au reste, elle était on ne peut plus familière et ça m’allait parfaitement. Je m’approchais d’elle pour lui offrir une réponse à peine murmurée, un cadeau rien qu’à elle.

« Evidemment que je viens pour toi »

Bon d’accord, c’était pas vrai mais ça pouvait faire son petit effet. Pis j’avais toujours pas compris comment elle fonctionnait cette fille alors elle allait pas chipoter hein. Par contre, en plein milieu des gens comme ça, j’aimais pas du tout notre position. On se faisait bousculer et râler dessus sans ménagement, et c’était pas le meilleur plan. Sans lui demander quoi que ce soit, je me permettais donc de lui prendre la main et de l’entraîner à l’écart, dans l’un des renfoncements – presque intimes – du grand Hall.

« En vérité je venais pour le transplanage… Mais je te dérange peut-être nan ? J’veux pas empiéter sur ton taf. Même si ça me fait bien plaisir de te voir. Du nouveau chez toi ? Vous traquez autre chose que moi à Poudlard ? »

En tout cas moi je préfèrerai s’ils avaient dans l’idée de voir d’autres gens que moi, surtout pour un interrogatoire aussi bizarre que le nôtre.

« - Pourtant tu transplanes… On fait dans l’illégalité monsieur Dey, fais attention à pas te faire choper par un représentant de la loi »

Pendant un moment j’ouvrais la bouche. Un peu comme si je voulais dire quelque chose. Mais évidemment y avait rien qui sortait. Ca voulait pas. Parce que j’avais rien à dire. J’étais trop con parce que je venais de me compromettre tout seul en fait. Ca faisait des années que je transplanais illégalement et on m’avait jamais rien dit, mais uniquement parce que personne était au courant. J’avais bien envie de lui dire que j’arrivais pas à faire en sorte de ne pas me désartibuler, mais ça changerait rien. Si j’avais pas vu le petit sourire qu’elle m’offrait, j’étais prêt à tendre les poignets pour qu’elle me passe les menottes magiques. Heureusement pour moi, je savais suffisamment décrypter son minois pour comprendre qu’elle blaguait. Fin… A moitié quoi.

« Ca ? Non, tu me déranges pas. C’juste des dossiers qui vont aller prendre la poussière aux archives, c’est pas urgent. Je préfère être avec toi. »

Comme j’avais pas fermé la bouche, elle s’ouvrait pas de nouveau, mais l’effet était le même. Je m’y attendais pas, et je gobais simplement un peu plus les mouches. J’allais devoir faire attention ou j’allais lui baver dessus. Pis ce serait bien d’éviter de faire croire que j’étais épileptique à l’une des seules personnes qui pouvait supporter ma compagnie sans se plaindre.

Et puis d’un seul coup, elle annonça vouloir me dire un truc, et ma bouche se referma rapidement. Je regardais déjà presque à côté pour partir en courant, parce qu’il était évident qu’elle allait me déclarer son amour éternel, mais apparemment c’était pas ça. Et surtout j’avais pas dû être discret. Bon… Au moins elle savait à quoi s’en tenir. Pis un truc qui concernait Poudlard et qui la faisait regarder à deux fois si y avait pas d’oreille indiscrète dans les parages, c’était sans doute important. Ca c’était clair…

Ecoute bien. Les élèves préparent un truc contre le dirlo’, je crois qu’ils sont pas fan du régime Kholov. Je sais pas précisément de quoi il s’agit, une sorte de rébellion organisée. Les préfets seraient dans le coup. »

Une nouvelle fois ma bouche s’ouvrit. Heureusement que j’étais métamorphomage et pas animagus, parce que sinon j’aurais fini en poisson. Et comme y avait pas d’eau, j’aurais crevé là, tout seul, comme un glandu. Ca aurait été sacrément con comme fin. Rien qui mérite d’être raconté dans un livre. Puis, vint l’étape où je fermais la bouche et où je fronçais les sourcils. Comme à chaque fois que je réfléchissais et que c’était un peu compliqué pour moi.

Un truc qui se tramait à Poudlard et qu’était contre Kholov, j’arrivais pas à savoir si c’était bien, ou si c’était pas bien. Et en fait, ça dépendait de quel côté je me plaçais. Si j’allais pour les dénoncer, ce serait génial pour redorer mon image, mais comme moi non plus j’aimais pas Kholov j’avais pas très envie. Sauf que, si jamais j’étais au courant, que je les laissais faire, et Kholov en venait à le savoir : bye bye le Hughie. P*tain mais elle se rendait même pas compte du bordel qu’elle venait de créer dans ma tête. Histoire de laisser le temps à mes idées de s’organiser, j’allais contre un mur et je m’y laissais glisser lentement, comme si j’avais été tué par une balle et que je laissais une grosse traînée de sang derrière moi. Mais là c’était juste pour me remettre un peu de ce qui avait été dit, pis pour organiser un peu mes pensées. C’était quoi la première question à poser… ?

« Attends c’est sérieux leur truc ? C’est pour le buter ? »

Nan mais si c’était des élèves c’était bizarre… Les sourcils toujours froncés, je devais commencer à chauffer de la cervelle parce que c’était sérieusement n’importe quoi. Tous les mots se bousculaient sous mon crâne et y avait rien qui voulait sortir. Pourtant j’avais mille questions à lui poser sur ce qui pouvait se passer avec les préfets et tout, et surtout comment elle le savait. Mais nan, au lieu de ça je me contentais de :

« T’en penses quoi de Kholov ? »

Je fronçais les sourcils quand elle me disait que j’aurais dû faire humoriste. Ouais… C’était pas faux. Moi je me trouvais sacrément drôle, pis j’avais de quoi. Mes blagues me faisaient toujours marrer. Le truc, c’est que là j’avais fait aucune blague. Est-ce que du coup elle se foutait pas complètement de ma gueule ? Si j’avais été debout, j’aurais posé mes deux mains sur mes hanches, mais j’étais pas debout. Du coup ça risquait de faire ridicule. Nan, je préférais rester comme ça, et juste me poser des questions.

Bref, apparemment c’était pas pour le buter, et je savais toujours pas si je devais en être soulagé ou pas. Je comprenais que les élèves aient envie de le voir partir, moi-même j’avais plutôt envie qu’il crève, mais ils avaient intérêt à faire les choses bien, sinon ça risquait de faire n’importe quoi. Donc, comme c’était des élèves, et que par définition les élèves faisaient n’importe quoi, valait mieux pas trop faire confiance à ce machin là. Mais le garder à l’œil quand même. Histoire de choisir son camp au bon moment quoi.

Au fur et à mesure de ma réflexion, je m’étais fait relever en me faisant tracter parle coude. Finalement, j’étais toujours autant une loque que tout à l’heure, même si cette femme avait une force surhumaine parce qu’elle avait réussi à faire bouger mes grosses fesses, sauf que cette fois-ci je tenais sur mes pattes. Et contre un mur. Surtout contre un mur. Pis à force de réfléchir, mon cerveau était sacrément en compote, si bien que quand j’entendais sa question « Mais bref, tu comptes faire quoi de ce scoop ? », les quelques neurones de mon cerveau se connectèrent tous en même temps, et c’était pas beau à voir.

« Bah, je vais me le faire tatouer sur le cul ! »

Et puis une fois que les mots avaient franchi mes lèvres, c’était trop tard. Je m’en rendais compte. J’avais parlé tout fort, et j’avais l’impression que tout le monde me regardait. Alors je devenais tout rouge, pis j’essayais de m’expliquer :

« Nan mais c’est… Nan parce que… bref j’l’aime pas trop. Pis il ira pas voir mes fesses. Alors que toi… »

Mais ferme ta mouille Hughie ! Je m’en rendais compte encore une fois, un peu trop tard, et je me plaquais les deux mains contre le bouche. Mais c’était encore trop tard. Bon… Fallait désamorcer la bombe.

« Tu choisiras le motif ? »

Super… On avait dit désamorcer…

On pourra même se le faire tatouer tous les deux, au même endroit.

Ma mâchoire tomba tandis que mes joues rougissaient vivement. Heureusement, elle ne mit que quelques secondes à désamorcer, à son tour, pour indiquer qu’elle rigolait. Pour un peu j’y avais presque cru. Non, pire, j’y avais cru ! Et j’étais pas prêt à me faire tatouer les fesses. Encore moins avec elle. Malgré ce qu’on avait fait, on n’en était pas à ce stade là d’intimité.

Si j’t’ai dit ça, c’est parce que j’ai confiance en toi. Pigé ?

Elle me touchait le bras et je regardais cette endroit de contact comme la plus belle chose au monde. Puis je levais les yeux vers les siens, incapable de me fendre en un sourire. J’étais presque choqué de cette révélation. Parce qu’on m’avait jamais dit ça. Ou parce que je m’attendais pas à cette révélation plus simplement. Liv avait sans doute confiance en moi. Peut-être qu’elle me l’avait dit. Mais Anthéa… Elle connaissait mon dossier. Elle m’avait convoqué pour ça au début. Et maintenant… Malgré ça… Elle me faisait confiance.

C’était comme si le sol se dérobait sous mes pieds alors même qu’un monde entier se construisait et s’ouvrait à moi. Je vivais là une déstabilisation complète de mon univers. Comme si tout se renversait. Et tout l’était. Comment pouvait-on, en connaissant tous les côtés négatifs de mon parcours, oublier et parvenir à me faire confiance ? C’était là un mystère que je me devais de découvrir. Mais pas maintenant. D’abord, autant en profiter.

- Bon… Je ferais mieux de finir ce que j’ai commencé, le Ministre serait capable de vérifier mon boulot.

Ouais. Je hochai la tête sans trop comprendre et la laissai me prendre dans ses bras. Je fermais les yeux à ce contact et l’enserrais tendrement. Ca faisait beaucoup de bien.

Fais gaffe à toi, on se revoit bientôt !

« T’inquiètes, je suis un bonhomme ! »

Je suis faisais un sourire et plantais même un baiser sur son front avant de la laisser partir. Et je la regardais s’enfoncer dans la foule, pour discerner le plus possible sa petite tête blonde. Elle n’était déjà plus discernable depuis cinq bonnes minutes quand je commençais à me rendre compte que j’étais au ministère, et que j’avais un truc à faire. Ah oui, ma leçon de transplanage. Bordel… J’avais tellement de retard maintenant. J’y allais quand même mais j’étais pas sûr de faire l’affaire. Boh. Je demanderai un autre congé à Kholov c’était pas trop grave.

[Fin du RP]

Le souffle chaud d'Izsa créait une buée blanche dans l'atsmosphère froide de Londres. Ses pas résonnaient étrangement dans la ruelle. Il faisait nuit noir, pas un chat -sorcier ou moldu- ne trainait dans la rue. Personne, sauf elle et Altaïr.

Les deux jeunes gens devaient se retrouver non loin du Ministère de la Magie, attendre le signal d'Alexander, et y transplaner. Dit comme cela, on aurait dit un jeu d'enfant. Dans les faits, nombre de petits détails pouvaient leur tomber dessus et tout faire capoter.

Pour ne pas être reconnue, elle portait un large manteau noir, et un bonnet et une écharpe tout aussi sombres, masquant une bonne partie de son visage. En plus de la camoufler efficacement, cela lui permettait de conserver le plus possible de sa chaleur corporelle. Et en ce temps hivernal, ce n'était pas du luxe.
Une silhouette se dessina à la lumière d'un lampadaire solitaire. A sa stature, elle reconnu le Serdaigle qui l'accompagnerait dans sa tâche périlleuse. Elle s'approcha, grogna un vague salut, en plus de le gratifier d'un signe de tête. En cette heure de la nuit, difficile de tirer d'elle une conversation audible. Ses cordes vocales faisaient la grève jusque huit heure du matin.

Quelques minutes silencieuses plus tard, une chaleur lui parvint de sa poche. Elle n'avait pas besoin de la tâter pour savoir que cela provenait de son gallion d'urgence, commun à tout les Phénix. Pas besoin non plus de le sortir pour savoir que c'était Alexander, qui leur indiquait qu'il était temps de mettre le plan à exécution. Cependant, un imprévu avait pu arriver, et la mission aurait été annulée. Elle s'assura donc que le message était bien le feu vert qu'elle attendait avant de transplaner.

Un tourbillon étouffant plus tard, et ils se retrouvèrent dans le Hall du Ministère. Ce lieu magique était certes bien protéger, mais y débarquer était la chose la plus facile qu'il existait. Bien sûr, quand on voulait prendre l’ascenseur, et se rendre dans différents départements, là les choses se compliquaient. Peu importait, pour le coup : ce qu'ils avaient à faire n'impliquait aucunement qu'ils sortent du hall. Et pour le coup, on y entrait et sortait comme dans un moulin.

L'Auror les attendait là, alerte. Elle le salua sans s’appesantir, le temps n'était pas aux bavardages.
Mis à part eux trois, tout était vide. Il régnait un silence encore plus pesant qu'à la surface de la ville. Une forme d’appréhension alourdissant ses épaules, tant elle avait l'impression de faire du bruit quand elle respirait. Elle se disait que, à tout moment, quelqu'un allait les entendre. Ils allaient attirer l'attention par un bruit résonnant entre les murs de pierre, et tout le Ministère serait à leur trousse.

Soupire. Calme toi. Dépêche-toi, et tout se passera bien. Plus vite ils s'y mettraient, plus vite ils seraient partis et en sécurité.

- Allons y, murmura-t-elle en un souffle.

Ses yeux se tournèrent vers la fontaine de la Fraternité Magique ; elle leva sa baguette...

Après cette soirée-là, Altaïr ne verrait plus le Ministère de la Magie de la même façon. Ce qu'il s'apprêtait à faire avec deux camarades de l'Ordre du Phénix pouvait paraître insultant vis-à-vis de la communauté sorcière, mais en réalité, leur mission avait une tout autre visée : faire ouvrir les yeux des sorciers sur toutes les inégalités qui ne cessaient de s'accroître dans un monde magique victime de la corruption. Dit comme ça, l'objectif de l'Ordre semble utopique, mais Izsa, Alexander et Altaïr comptaient bien se faire entendre et déployer les grands moyens au service de la réussite de leur mission. Après tout, il semblait que c'était en se faisant remarquer que l'on réussissait à faire véhiculer ses idées. Malheureusement, les Mangemorts avaient compris cela depuis bien trop longtemps, et n'hésitaient pas à recourir à la terreur pour ne cesser d'exposer sur tous les toits leurs idéaux extrêmement immoraux. Pour les Phénix, il était beaucoup plus difficile de se faire entendre, surtout quand le gouvernement était corrompu jusqu'à la moelle et qu'il les faisait passer pour des terroristes aussi dangereux que des mages noirs. Il était temps pour les Phénix de sortir de l'ombre et de renaître de leurs cendres.

Un peu avant l'heure du repas, Altaïr s'était rendu dans les cuisines de Poudlard et avait demandé aux elfes de lui concocter de quoi grignoter rapidement. Une fois sa ration en poche, il était retourné dans la salle commune et avait dit à ses amis qu'il ne se rendrait pas au réfectoire car il ne se sentait pas bien. Lorsqu'il se retrouva enfin seul dans le dortoir, il retira son uniforme et enfila une longue cape noire de sorcier dont la sobriété le faisait passer pour une personne lambda. Concrètement, il n'y avait personne au Ministère qui pourrait leur mettre des bâtons dans les roues, car les Aurors se retrouvaient en sous-effectif : parmi ceux-ci, deux d'entre eux faisaient partie de l'Ordre du Phénix, et une était une alliée. Néanmoins, il préférait prendre des précautions et favoriser un maximum son anonymat au cas où la situation dégénérerait.

Altaïr, enfin prêt, prit ensuite la direction de Pré-au-Lard en tâchant de passer inaperçu quand il se déplaçait dans les couloirs du château. Un élève ne portant pas l'uniforme réglementaire et qui ne se trouvait pas dans la Grande Salle à l'heure du dîner ne pouvait qu'avoir de mauvaises intentions. Heureusement, aucun de ses collègues préfets ou professeur ne vint mettre un terme à son escapade, et c'est ainsi que le jeune homme se retrouva à l'air libre dans le parc de Poudlard. Le chemin menant à Pré-au-Lard se déroula sans problème notable et c'est seulement lorsqu'il fut suffisamment éloigné de la forteresse que le Serdaigle s'arrêta. Il patienta pendant de longues minutes dans le froid automnal, en gardant les yeux rivés sur la montre moldue qu'il gardait au poignet en attendant l'heure du rendez-vous. Puis, lorsque celle-ci arriva enfin, il sourit, puis s'éclipsa. CRAC.

Quelques minutes plus tard, Altaïr se retrouva dans une longue ruelle dans laquelle il retrouva une silhouette qu'il reconnut aussitôt puisqu'il s'agissait de sa complice du jour. Il la salua brièvement, mais leur conversation se limita à quelques mots balancés furtivement, comme s'ils craignaient qu'on ne les observe par derrière. Dès que la sorcière sentit chauffer le son fidèle Gallion d'urgence, elle transplana, Altaïr sur ses talons. Puis, l'atrium  désert du ministère se dressa enfin devant les yeux anxieux du jeune homme qui gardait sa main crispée sur le manche de sa baguette enfouie dans la ceinture de son pantalon. Heureusement, se rendre au ministère se révélait simple comme bonjour lorsque l'on savait comment s'y prendre, même si un tel trajet six pieds sous terre avait de quoi affaiblir un adolescent qui avait son permis de transplanage depuis peu de temps.

Face à la fontaine, il retrouva son autre collègue du soir, Alexander. La fontaine se déployait devant leurs yeux, et les silhouettes majestueuses du couple de sorciers figés dans l'or les dominaient de toute leur hauteur. À leurs côtés, plusieurs statues de créatures magiques et de dimensions plus modestes contemplaient l'homme et la femme, et Altaïr constata avec dégoût que la passion et la dévotion brûlaient dans leurs iris dorés. C'était donc ça, la Fraternité Magique ? Des dominants, et des dominés, indissociables les uns des autres ? S'agissait-il donc réellement de la vision que le ministère avait de l'égalité, et qu'il cherchait à véhiculer depuis des décennies ? Se débarrasser de ce symbole d'inégalité avait paru comme primordial pour l'Ordre, et le Serdaigle n'avait pas hésité une seule seconde à proposer son aide pour la détruire.

Izsa fut la première à lever sa baguette, et à s'attaquer à la fontaine. Une explosion retentit dans l'atrium, et le sol trembla tandis que des flammes léchaient l'eau et les vestiges de plusieurs statues. Les Gallions luisants dans l'eau ainsi que l'or des statues reflétaient le feu qui détruisait tout sur son passage. Sans se laisser intimider, Altaïr dégaina également sa baguette et pointa les silhouettes des créatures qui gardaient la tête levée en direction de l'ancien emplacement du visage du sorcier d'or. Il n'eut aucun scrupule à murmurer un #Bombarda, les affranchissant ainsi d'un culte créé de toutes pièces par l'orgueil de la communauté sorcière. Les blocs d'or explosèrent et des ondes de chaleur se propagèrent dans tout l'atrium. En peu de temps, il ne subsistait de la fontaine de la fraternité magique que des vestiges indistincts et informes. Ils venaient de mettre les sorciers (quelle que soit la nature de leur sang) et les créatures magiques sur un même pied d'égalité.

La fontaine de la Fraternité Magique. L'hypocrisie assumée d'un Ministère encore ancré dans des préjugés conservateurs. Non, les autres espèces magiques et pensante n'était pas inférieures au sorciers. Non, dans la réalité elles ne regardaient pas les êtres humains avec adoration, et même parfois elles les haïssaient. Sauf les elfes de maison, ce qui était en définitive bien plus triste, car ce n'étaient que des esclaves privés de leur essence.
Izsa aurait aimé envoyer un message fort avec cette statue. Montrer au monde que l'Ordre soutenait chaque être doué de conscience, et que leur combat ne se limitait pas à courir aux trousses des Mangemorts. Cependant, que faire ? Comment être sûr que le message ne serait pas mal interprété ?

Décidément, la diplomatie, ce n'était pas son truc. Et quitte à marquer les esprits, autant ne pas le faire à moitié.

- Bombarda Multiplicare !

Elle éleva une voix forte et puissante, marquant toute sa détermination. Les jets de magie partirent à grande vitesse, l'un s'écrasant sur la tête du sorcier, l'autre sur le buste de la sorcière, et enfin le dernier sur le socle. Les explosions retentirent en un immense vacarme. A partir de là, une alerte allait certainement être lancée. Le temps qui leur restait ne se comptait qu'en seconde.

La jeune Phénix se tourna alors vers ses frères d'armes. Alexander faisait le guet, et pourrait leur faire gagner quelques instants dans le cas où une personne non conviée à la fête se ramènerait.
De son côté, Altaïr acheva ce qu'elle avait commencé de destruction. Il envoya ses propres sortilèges, sans plus sourciller que sa collègue.

Elle jetait des regard inquiets autour d'eux pendant que son acolyte inscrivait le message en lettres de feu. Faisait-elle réellement le guet ? Cette manie de surveiller les alentours n'allait pas changer grand chose, puisque l'Auror s'en occupait. C'était plus un réflexe, une manière de ne pas se tourner les pouces.

Peu après, son regard revint vers Altair. Le message était court, percutant, et faisait passer une idée que même le plus sinistre crétin comprendrait. Les Phénix n'étaient pas là pour rigoler, et ils n'allaient certainement pas rester les bras croisés. Là où l'ordre noir détruisaient et vandalisait sans autre raison que semer le chaos, eux se concentraient sur des actions fines, dans un but précis. S'attaquer au Ministère, voilà qui ferait parler d'eux. Ils n'avaient pas peur de revendiquer leurs actions !

Elle s'approcha alors de son frère d'arme, baguette toujours dégainée. Il fallait qu'ils protègent leur message des gens qui auraient souhaiter le camoufler. Il fallait que le plus de monde possible le voit. Que la nouvelle retentisse dans toute la communauté magique !

Pendant que les statues continuaient à être prisonnière des flammes, Altaïr laissa sa complice poursuivre le travail pendant qu'il pointaint sa baguette au-dessus des vestiges pour inscire à l'aide d'un #Flambios l'inscription suivante : Nos larmes guérissent, nos flammes punissent. Objectivement parlant, Rurik n'aurait su trouver mieux pour décrire de façon implicite et frappante l'objectif de leur mission. Certaines personnes ayant un peu trop les pieds sur terre dénonceront un acte de terrorisme fanatique, mais il était évident que les Phénix n'avaient pas été poussés par quelconque idéologie idiote et démesurée. Il n'y avait pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'ils condamnaient ce symbole d'inégalité. Après s'être concertés d'un regard, les trois Phénix se positionnèrent face à l'inscription flamboyante et se mirent à lancer un #Salveo Maleficia Maxima ensemble afin de maximiser les chances de le voir perdurer : il ne s'agissait pas que le premier employé à constater les dégâts s'empresse de dissimuler le message à la communauté sorcière pour permettre ainsi aux médias et au Ministre de diaboliser encore plus l'Ordre du Phénix. Ils se trouveraient bien mal de voir que peu à peu les médias se mettraient à évoquer l'incident, et que la communauté sorcière se trouverait divisée entre les différentes opinions que leur inspirait l'Ordre du Phénix. Il était temps de sortir de l'ombre, et cette éventualité fit mystérieusement sourire Altaïr.

C'était bien beau de contempler les langues de feu qui embrasaient l'air, mais maintenant que leur besogne était faite, il fallait peut-être penser à fuir. Altaïr n'avait pas vraiment envie d'être confronté à un fouineur du ministère faisant des heures supplémentaires, ou pourquoi pas le ministre de la magie en personne. Pourtant, baigner avec une telle intensité dans l'illégalité animait en lui une adrénaline qu'il avait pourtant cherché à tenir à l'écart depuis quelques mois, son esprit étant beaucoup trop occupé à se soucier de sa situation familiale. Il sentait une chaleur -complètement différente de celle de l'incendie- envahir peu à peu ses muscles, répandant ainsi une sensation de légèreté dans son organisme, comme pouvait sans aucun doute l'attester ses joues légèrement rougies. À ce moment, il n'était plus le jeune homme engagé dans une organisation secrète et illégale, il était juste un gamin qui ne cherchait qu'à s'amuser.

Cependant, il ne pouvait pas se permettre de traîner ici éternellement, sinon il offrait une opportunité aux membres du ministère de capturer un groupe de jeunes gens considérés comme des terroristes. Le Serdaigle n'osait imaginer quelle sanction on pourrait lui donner dans une telle situation, et l'éventualité de terminer son adolescence derrière des barreaux à Azkaban achevait de refroidir l'excitation complètement puérile qu'il avait ressentie précédemment. Se détournant du spectacle qui s'offrait à lui, il observa d'un oeil curieux Alexander qui les surveillait d'un oeil attentif et expert, tout en vérifiant que personne ne venait les interrompre. Les lettres aux couleurs criardes complétant cette sordide scène permettaient aux Phénix de faire entendre leurs voix d'une manière habile et subtile. L'idée était de le rendre difficile voire impossible à effacer afin de retirer le plaisir au ministère et aux médias d'étouffer cette affaire et de diaboliser encore plus les membres de l'Ordre du Phénix.

-C'est pas le tout, mais je file, j'ai pas vraiment envie de m'faire choper. Happy New year ! ajouta-t-il, sourire aux lèvres, en tournant les talons.

Visiblement, Izsa était également conscient du risque que représentait le fait de trop tarder ici puisqu'elle se volatilisa avant même le Serdaigle. Il était temps pour lui de retrouver les couloirs rassurants de Poudlard avant que quelqu'un n'intervienne, ce qui ne serait tardé. De plus, il préférait rentrer avant que son absence soit remarquée dans le château et que Kholov ne lui fasse regretter ses vagabondages. Fermant les yeux après avoir salué son dernier camarade, il se laissa envahir par le néant, pressé de retrouver le village de Pré-Au-Lard. CRAC.

Le contraste entre le silence qui régnait de le hall et l'agitation habituelle était sidérant. Pas un bruit ne brisait la quiétude qui régnait sur le lieu tandis que les trois membres de l'Odre du Phenix se préparaient à accomplir leur méfait. Quelle serait la réaction des employés du ministère le lendemain matin lorsqu'ils découvriraient l'acte de vandalisme perpétrés par des personnes considérées comme des terroristes ? Nul doute que Petrus Sudworth condamnerait ce geste et ordonnerait que l'organisation ancestrale soit traqué sans répis par les Aurors. Une telle décision serait évidemment bien inutile puisque le département de la justice magique était déjà entièrement acquis à la cause des Phenixs, qui parviendrait à les arrêter dans de telles conditions ? Les seules chasseurs de mages noirs n'étant pas alliés à la cause étaient de jeunes recrues qui ne pouvaient pas intervenir sans la présence d'un Auror titulaire. Le ministre de la magie allait sans doute également tenter de cacher l'acte de terrorisme mais il n'y parviendrait, un tel scénario avait déjà été envisagé et une solution avait déjà été trouvée par les stratège de l'Ordre. L'inscriptions qui allaient être gravée aujourd'hui serait hautement protégé par des sortilèges et le ministre seul ne pourrait pas les effacer ! Peut-être lui demanderait-il de l'aide mais Alexander ne mettrait cette fois-ci pas sa magie au service du politicien, il devrait se débrouiller seul. Le sorcier de l'est esquissa un sourire en songeant à la crise dont allait devoir se tirer Sudworth, en vérité ce dernier n'avait aucun moyen de faire taire le cri du Phenix. Ce n'était pas un simple cri qui retentirait dans la nuit ce soir là ! Ce serait un véritable hurlement, un hurlement vengeur qui allait raisonner pendant plusieurs semaines et qui mettrait en garde les éventuels ennemis de l'organisation. Les mangemorts avaient déjà récemment fait les frais des flammes vengeresses de l'organisation mais les autres mages noirs et autres radicalistes méritaient également d'être mis en garde. Pour ceux qui n'avaient rien contre l'ordre et pour leurs alliés ce serait un hurlement de ralliement, un hurlement d'espoir.

Une explosion à percer les tympans retentit à l'intérieur du ministère de la magie, faisant trembler les fondations même du ministère de la magie et explosant quelques verreries dans le grand hall du centre névralgique du pays. Le chasseur de mage noir jeta un coup d'oeil à l'oeuvre de Izsa et Altaïr et un grand sourire illumina son visage, les jeunes sorciers n'avaient pas raté leur travail ! La fontaine de la fraternité magique avait littéralement volé en morceau sous l’action consécutive des sortilèges des Phenixs et il n'en subsistait que des débris éparses. Alexander était bien content d'être débarassé de ce symbole chargé d'hypocrisie, non seulement il représentait une vision dépassé de la société magique mais en plus de cela cette édifice était incroyablement kitsch et hideux. Venir travailler tout les matins sans avoir à voir cette immondices dorée serait une bonne chose, une bonne manière de joindre l'utile à l'agréable. Combien de temps leur restait-il avant que quelqu'un n'intervienne ? Sans doute plusieurs minutes le temps que la dite personne traverse tout le chemin qu'elle avait à faire ! Le ministère était un véritable labyrinthe et on pouvait mettre plusieurs dizaines de minutes à aller d'un bout à l'autre ! Et puis d'ailleurs peut-être que personne n'aurait le courage de pointer le bout de son nez dans l'atrium, après tout qui avait envie de se retrouver nez à nez avec de dangereux terroristes ? Dans l'idée venir passer le bout de son nez dans le hall pour voir ce qui se passait pouvait bien signifier mourir dans d'atroces souffrances ! Evidemment Alexander était parfaitement incapable de tuer un innocent et n'était même pas convaincu de pouvoir tuer un mage noir de sang froid si d'avenir la situation de présentait. Un nouveau coup d'oeil en direction des jeunes gens appris au sorcier de l'est qu'Altaïr avait terminé son travail.

Nos larmes guérissent, nos flammes punissent .

Les lettres de flammes brillaient au dessus de l'ancienne fraternité magique, impossible de les louper ! Le pourfendeur de magie noir quitta quelques instants son post de guet pour rejoindre ses deux compagnons. Les trois Phenixs se consultèrent rapidement du regard avant de laisser un triple Salveo Maleficia Maxima pour obtenir une protection maximale. Il faudrait beaucoup de courage et de volonté pour que d'autres sorciers puissent faire disparaître ces inscriptions. Un rictus se dessina sur les lèvres d'Alexander tandis qu'il reprenait position, désormais il était temps pour Altaïr et Izsa de quitter les lieux du crime et de le laisser seul ici. L'Auror Scott allait être témoin de l'affreux acte de vandalisme perpétré par l'organisation terroriste appelée Ordre du Phenix. Izsa disparu sans un mot consciente du danger que représentait la situation.

-C'est pas le tout, mais je file, j'ai pas vraiment envie de m'faire choper. Happy New year !

Alexander esquissa un sourire tandis que son jeune ami disparaissait. La mission de ce soir avait prouvé qu'ils avaient bien fait de recruter Altaïr, et puis le Serdaigle apportait sa bonne humeur au sein de l'Ordre ! Question bonne humeur c'était pas Rurik qui allait faire quelque chose ! Désormais le sorcier de l'est était seul, il se rapprocha de l'ancienne sculpture, les sens du sorcier étaient aux aguets et il avait toujours sa baguette dégainée prêt à réagir à la moindre intrusion à l'intérieur du hall. Le plan initial était qu'il alerte le ministre de ce qu'il venait de produire mais une nouvelle idée avait germé pendant qu'il faisait le guet. Pourquoi ne pas faire venir cette fouineuse de Strugatsky ? Alexander détestait profondément cette femme mais pourquoi ne pas lui donner un os à ronger ? Il avait l'occasion de se servir d'elle sans même qu'elle ne se doute de la moindre chose. L'Auror effectua un premier Patronus incorporel qu'il envoya à la journaliste puis formula un Patronus corporel qu'il destina au ministre en personne. Désormais il n'y avait plus qu'à attendre en bon Auror incapable qu'il était.