Hall du Ministère

Tout comme lui, la jeune femme à ses côtés semblait particulièrement énervée de voir que les Mangemorts avaient eu l'audace d'attaquer l'un des lieux les plus protégés du monde magique à une heure d'affluence. Ces mages noirs se permettaient décidément tout, et ils ne paraissaient visiblement pas le moins du monde impressionnés par la présence d'Aurors. En même temps, depuis qu'ils mettaient le bazar parmi la population, ce n'était pas comme s'ils avaient eu énormément de bâtons dans les roues, et certainement pas particulièrement de la part des employés du Ministères. Certes, le domaine de travail de Gregory était un peu lointain de la chasse aux mages noirs mais en tant que citoyen d'Angleterre il ne se sentait pas vraiment en sécurité au quotidien.

- Ses ordures... Faut vraiment pas qu'ils tremblent des genoux, ceux qui les pourchassent.

La miss Hilswood ne mâchait pas ses mots, signe qu'elle avait une opinion bien fondée sur les attaquants du Ministère. Avait-elle eu des différents avec les Mangemorts en personne ? Ou avait-elle été touchée indirectement ? Hornby n'avait pas la réponse mais cela n'aurait pas été étonnant. De nos jours après la multiplication des attaques, rares étaient ceux qui étaient complètement passé à côté et n'avait pas au moins une connaissance ayant assisté à ces attentats. Dans les paroles de la sorcière, on pouvait remarquer qu'elle complimentait les chasseurs de mages appartenant à l'Ordre Noir. On n'entendait pas souvent des paroles de ce genre envers les Aurors, à moins bien sûr qu'elle ne parle de l'autre groupuscule qui s'opposait également aux fauteurs de troubles. Sur ce point là, Gregory était plus sur la réserve. Sans porter de jugement, il n'était pas forcément certain que cet Ordre du Phénix soit aussi bénéfique qu'ils le laissaient entendre, après tout ils ne se privaient pas pour employer les grands moyens, parfois aux dépends de la population qu'ils protégeaient.

- Je ne vous le fais pas dire, la population magique a besoin de gens pour s'opposer à eux, répondit-il.

Son interlocutrice lui proposa de passer devant lui étant donné qu'ils s'approchaient à présent de la sortie et le directeur acquiesça. Ce n'était pas par manque de bravoure, mais il était une figure légèrement plus connue qu'elle et il préférait ne pas prendre le risque de tomber nez à nez devant des Mangemorts qui seraient bien trop contents de trouver un membre haut placé du Ministère.

Izsa, toujours aussi réactive
Mais là c'est bon, je suis bien de retour de mon absence !

Hornby avait renchérit sur ses propos. Il parlait de la nécessité de combattants contre les forces du mal pour la communauté magique... Avait-il comprit où elle voulais en venir ? Si oui, c'était plutôt encourageant. En acceptant déjà l'Ordre du Phénix comme utile contre les masqués, il serait déjà plus facile à convaincre. Chacun avait ses idées, son allégeance, ses valeurs ; il n'y avait pas que les Phénix qui condamnaient l'idéologie et les actions de Mangemorts. Et Izsa pensait, peut-être de manière utopique, que la majorité des sorciers étaient de cet avis. Bien sûr il y avait les Sang-Purs, les alliés aux mages noires, ceux qui croyait à un "ordre naturel des choses" totalement archaïque... Qui avait-il d'optimiste à penser que la plupart des êtres humains savaient se servir de leur cerveau, et faire preuve d'empathie ? C'était le propre d'homo sapiens, en réalité.

Quand la sortie des employés fut devant eux, la jeune fille s'y engouffra rapidement. Elle réapparut dans les toilettes publiques servant d'accès aux fonctionnaires, baguette levée. Heureusement, tout était plutôt calme. En sortant la tête, elle remarqua que plusieurs membres du personnel se trouvaient déjà là, inspectant les lieux. Une marque de brulé décorait une des portes, et elle reconnu la forme immédiatement. Voilà donc la signature des Mangemorts. Elle n'était toujours pas convaincu de leur culpabilité, les trouvant un peu timide dans cette action. Peut-être souhaitaient-ils juste se rappeler à leur bon souvenir.

La jeune femme revint sur ses pas. Elle utilisa le passage une seconde fois, et revint dans le Ministère un tourbillon plus tard.

- Tout va bien, indiqua Izsa au directeur. L'endroit est sécurisé par le personnel.

Un bon point pour le Ministère, même si ça devait pas être la mer à boire non plus. Ils arrivaient après la bataille... C'était généralement tout ce que l'on pouvait faire, avec les guerillas des masqués.
Soudain, une idée frappa Izsa. Le dieu de la subtilité venait de chuchoter à son oreille. Elle arrêta son mouvement pour accompagner Hornby vers la sortie, et commença :

- Dites moi... Il fallait qu'elle trouve les bon mots. Être assez claire, sans être trop incisive. Cette histoire d'attaque de Mangemorts m'a un peu perturbé. Vous auriez la possibilité de, euh... Là, elle ne cherchait plus ses mots. Elle savait parfaitement ce qu'elle allait dire, ça ne devait pas venir trop abruptement. Me dire sur quoi va conclure l'enquête ? Ça m'inquiète de savoir que les Mangemorts pourraient s'en prendre au Ministère. Mais si ce n'était que des plaisantins...

La jeune fille ne s'y connaissait pas vraiment en technique de persuasion. Sur le coup, demander un petit service dans l'expectative d'en demander des plus gros par la suite, cela lui paraissait une bonne idée. En plus elle pouvait encore camoufler sa recherche d’informations derrière une curiosité un peu trop poussée.

Même s'il s'occupait du département sportif du Ministère, et donc pas forcément ce qui nécessitait le plus de compétences en matière de duel magique, Gregory était loin d'être un idiot. Après tout, pour réussir à se hisser au poste de directeur il fallait obligatoirement à un moment ou à un autre avoir été suffisamment intelligent pour que les bonnes personnes vous fassent confiance et ensuite pour gérer le département sans faire de boulettes. Ainsi, au fur et à mesure qu'avançaient les évènements, le sorcier se rendait bien compte que Miss Hilswood avait quelque chose derrière la tête. Elle n'était pas simplement venue lui parler de la pluie et du beau temps parce qu'elle avait de bons souvenirs de la Coupe de duels.

Toute cette histoire d'attaque à l'entrée du Ministère avait un peu bousculé leur discussion mais apparemment aucun des assaillants n'avait réussi à pénétrer à l'intérieur même du bâtiment. Ou peut-être que cela n'avait jamais été leur intention et qu'ils voulaient simplement faire peur un bon coup à la population magique. Si c'était le cas, ils avaient réussi leur coup lorsqu'on voyait les expressions sur les visages des personnes présentes dans le Hall. La sorcière qui l'accompagnait avait évoqué quelque chose à propos de l'opposition aux Mangemorts, et Hornby n'avait pas vécu dans une grotte ces dernières années. Il savait que plusieurs groupuscules s'affrontaient en Grande Bretagne dans une lutte d'influence qui semblait sans fin. Mais quand on voyait à quel point les mages noirs s'étaient fait de plus en plus présents, il fallait bien admettre qu'on avait besoin d'autres sorciers que les Aurors pour s'opposer à eux.

- Cette histoire d'attaque de Mangemorts m'a un peu perturbé. Vous auriez la possibilité de, euh... Me dire sur quoi va conclure l'enquête ? Ça m'inquiète de savoir que les Mangemorts pourraient s'en prendre au Ministère. Mais si ce n'était que des plaisantins...

- Ce n'est pas vraiment moi qui vais m'occuper de gérer cette affaire, répondit le directeur en hésitant un peu. J'imagine que de toute manière la sécurité de l'entrée va être renforcée, mais c'est difficile d'interdire l'entrée du Ministère à des sorciers qui y travaillent peut-être même.

C'était le problème avec les Mangemorts. Puisqu'ils étaient masqués leur identité était inconnue de tous et Gregory faisait partie de ceux qui pensaient que les mages noirs se confondaient tranquillement au milieu du reste de la population magique. A une époque où la guerre des idéologies faisait rage, il était impossible que celles-ci n'aient pas atteintes le Ministère.

La réponse du directeur ne fut pas celle que Izsa avait espéré. Même si il ne répondait pas de manière hostile, elle sentait bien la demie-teinte dans ses propos. Ce n'était pas gagné, et elle ne pouvait simplement pas le pousser jusqu'à ce qu'il bascule de leur côté. Il fallait laisser le temps faire son œuvre, et peut-être finirait-il par cogiter et se rendre compte que ce qu'elle proposait était la seule solution acceptable. Laisser les Mangemorts diffuser leur idéologie nauséabonde sans bouger le petit doigt, ça, c'était inacceptable.

Cependant, si elle aurait pu repartir immédiatement en comprenant que cette conversation ne mènerait plus à rien pour le moment, sa dernière phrase avait suffisamment retenu son attention pour qu'elle n'en reste pas là. "C'est difficile d'interdire l'entrée du Ministère à des sorciers qui y travaillent peut-être même." Cela pouvait sembler anodin - ça l'était sans doute - mais pour quelqu'un comme Izsa (i.e. un peu parano sur les bords), cela sonnait comme un sous entendu non négligeable. A force de tendre l'oreille au moindre bruit de couloir, aussi insignifiant soit-il, elle devinait des sensibilités et des intentions de simples intonations, périphrase ou non-dit.

Très bien, creusons un peu.

- Quoi ? lança-t-elle, entre la surprise et la curiosité. Vous suspectez certains individus au Ministère ?

Il y avait un pas entre penser que le Ministère était infiltré et soupçonner que certaines personnes infiltraient le Ministère. Cela pouvait sembler un minuscule écart, cependant cela faisait passer la menace de vague et insondable à discernable et même arrêtable. L'Ordre avait des suspects, évidemment, à commencer par l'Oubliator Higgs, fille d'un ancien Seigneur des Ténèbres et sœur d'une Mangemort avérée... mais le Ministère ? Il ne pataugeait peut-être moins dans la semoule que ce qu'elle croyait.

Pas de réponse depuis... Ouf, longtemps ! Alors je me permets de poster.

RP avec Elly Wildsmith

Le sorcier – comme le moldu – est une commère. Et, en travaillant dans l'Allée des Embrumes tout comme en passant du temps chaque jour sur le Chemin de Traverse, on entend des choses, des bruits qui courent. Les Aurors cherchent des alliés, des oreilles qui traînent, des yeux grands ouverts, des mouches sur le mur afin de voir, de découvrir, de démasquer. C'est la guerre. Choisis ton camp. Et c'est comme ça qu'Ariana se retrouva au Ministère de la Magie par une chaude journée d'été. Elle aurait pu blâmer Meredith, dire que c'est elle qui l'avait convaincue, mais très franchement, la colocataire moldue d'Ariana ne pouvait pas être la raison de ses moindres faits et gestes. Non, cette décision vint d'Ariana, et d'Ariana elle seule. Elle ne savait pas exactement à quoi elle s'attendait en allant là-bas, ce qu'elle allait devoir faire, ni si elle était vraiment dans "le bon camp", et le souvenir très récent de ses actions plus ou moins illégales la faisait transpirer à grosses gouttes – comme si les Aurors allaient pouvoir lire sur son visage toutes les bêtises qu'elle avait faites récemment – mais elle voulait tenter le coup. Elle aimait être là où elle était, dans le gris, à mi-chemin entre les ténèbres et la lumière, prête à basculer d'un côté ou de l'autre à tout moment, et peut-être que se rendre ainsi au Ministère pour leur prêter service était une façon d'équilibrer son emploi chez Barjow & Beurk, de maintenir le gris, de brouiller les pistes. Alors elle avait enfilé sa tenue préférée de "hippie gothique", et elle avait fait le trajet jusqu'au Ministère, là où les choses se passent, là où les lois sont faites, là où sa loyauté envers le Monde Magique était censée la mener.

Une rencontre, pour tester, pour tâtonner le terrain. Les oreilles sont parfois indiscrètes et les langues se délient à une vitesse. Les gens accouraient au bureau des aurors afin de leur être utile, ce qui n’était pas un mauvais fait. Il fallait néanmoins que l’élite magique soit maligne, afin de séparer le bon grain du mauvais. Rien ne disait que l’un des intéressés n’avait pas d’intentions douteuses.

Quoiqu’il en soit, Elly était rendu dans l’atrium gigantesque du Ministère, à la recherche de la jeune femme qui était venue la rencontrée. Elle finit par repérer quelqu’un qui semblait correspondre à la description qu’on lui avait fait plutôt. Elly souria quand à l’attitude de la jeune femme, qui semblait avoir teint le bout de ses cheveux en bleu. Elle s’approcha et sans se départir de de son sourire lui demanda

- Miss Hastings je suppose ? Elly Wildsmith, ravie de vous rencontrer.

Une pause alors qu’elle lui tend la main pour qu’elles se saluent, tandis qu’elle l’observe, elle et ses cheveux bleus et qu’elle tente de percevoir ses motivations, de percer ses mystères et ses secrets.

Le Hall du Ministère de la Magie avait cette espèce d'aura de puissance comme si l'endroit cherchait à en imposer dès qu'on entrait. Peut-être que c'était exactement ce que l'architecte avait cherché à faire, ou peut-être que c'était accidentel, dans tous les cas Ariana était impressionnée. Elle resta plantée là, devant la fontaine, au milieu des allées et venues et des sorciers disparaissant ou apparaissant dans des panaches de fumée verte. Elle était un petit peu angoissée à l'idée de rencontrer un véritable Auror pour la première fois, et elle n'était pas sûre de savoir quoi dire – déjà qu'elle n'était pas sûre de savoir pourquoi elle était là.

Mais la personne qui l'approcha n'avait rien d’intimidant (si on ignorait la tenue réglementaire du ministère et l'insigne). Déjà elle était jeune, plus jeune que ce qu'Ariana aurait imaginé, et puis, ses cheveux blonds, ses yeux clairs, son sourire éclatant, elle avait l'air… gentille ? Était-ce un mot qu'on pouvait utiliser pour désigner un Auror ?

Ariana serra la main tendue qu'on lui proposait, polie, ferme, comme à son habitude, et rendit son sourire à la jeune femme.

« Enchantée. »

Elle jeta un coup d’œil autour d'elle.

« Je n'étais jamais entrée dans le Ministère. C'est… impressionnant. »

Son regard se reporta sur l'Auror – Elly Wildsmith, avait-elle dit ? – et elle esquissa un autre sourire, un peu moins assuré.

« Je ne suis... » Elle baissa la voix, comme pour avouer un secret (et peut-être que c'en était un, de secret). « Je ne suis pas sûre de ce que je fais ici. »

Aysha marchait dans les rues de Londres. A chaque pas, un léger doute s'insinuait dans son esprit. Est-ce qu'elle faisait vraiment bien de s'engager ainsi aux côtés du Ministère ? N'avaient-ils pas leur part de torts eux aussi, selon certains ?

Au cours de la semaine, elle avait entendu des choses. Ces bruits de couloirs qui filaient de bouche en bouche jusqu'à parvenir à ses oreilles. Le Ministère cherchait des soutiens sur tous les plans. A Poudlard, notamment. Et l'idée avait alors germé dans son esprit qu'elle pourrait leur être utile, sans doute. Elle qui commençait à nourrir l'aspiration d'être Auror. Elle qui ne pouvait plus supporter l'idée de rester les bras ballants à regarder le monde se détruire sous ses yeux sans rien faire, enfermée dans son école. Elle ne supportait plus de savoir ce qui se tramait dehors sans pouvoir agir, alors même que son père, sans aucun doute, avait quelque chose à avoir avec tout cela. Non, elle voulait faire quelque chose, elle aussi. Se rendre utile. Alors elle avait sauté sur l'occasion. De Poudlard elle pourrait mener ses petites actions, aider les Aurors comme elle le pouvait. Ne plus se tourner les pouces en sécurité dans son château alors que d'autres combattaient juste derrière ces murs.

Mais désormais elle doutait légèrement, alors même qu'elle s’apprêtait à franchir le pas. Et si c'était une mauvaise chose de se mêler de tout cela ? Et si les Aurors se servaient de jeunes comme elle ? Était-ce vraiment moral ? Bien sûr elle faisait cela de son plein gré. Mais elle était influençable. Et même si elle avait la certitude de faire quelque chose de bien ...

Son arrivée au Ministère mit fin à ses élucubrations. Elle pénétra dans la mytique cabine téléphonique rouge, fit le numéro et déclina son identité. Ce serait la première fois qu'elle pénétrerait dans le Ministère. Ce lieu, théâtre de tant d'actions depuis des années. Ce lieu dans lequel avait travaillé son père. Elle songea soudain à son beau-père, qui travaillait ici lui aussi. Elle espérait à tout prix ne pas l'y croiser. Elle doutait fort qu'il serait d'accord avec son idée de s'allier aux Aurors. Trop dangereux, dirait-il sans doute.

La cabine s'ébranla et s'ouvrit dans le Hall gigantesque du Ministère. Il était bien plus impressionnant qu'Aysha ne l'avait imaginé. Elle regarda autour d'elle, cherchant des yeux une tête connue. Comment se manifester ? Elle devait rencontrer un.e Auror, mais elle ne savait même pas le.la.quel.lle. Soudain, elle aperçut devant elle la chevelure caractéristique de quelqu'un qu'elle connaissait. les mèches bleues d'Ariana dansaient non loin de là tandis qu'elle discutait avec une femme. Ne sachant que faire d'autre, Aysha s''approcha du duo avec gêne. Elle arriva à proximité d'Ariana tout en songeant qu'il était incongru de déjà la revoir alors qu'elle ne pensait pas la recroiser de si tôt. Elle venait de chuchoter quelque chose à l'autre femme sur le ton du secret. L'idée saugrenu qu'elle était peut-être venue pour la même chose qu'elle vint un instant à l'esprit d'Aysha.

- Hum, bonjour ...

Elle adressa un sourire gêné à Ariana dont elle devina la surprise.

- Je cherche un Auror en fait, je ... J'ai entendu des choses dans les couloirs de Poudlard et je suis prête à m'engager dans cette voie si toutefois ces choses que j'ai entendues sont vraies ...

Aysha s'exprimait avec maladresse. Elle ne voulait pas en dire trop alors qu'elle ne savait pas à qui elle parlait, mais elle voulait se faire comprendre, si jamais la femme inconnue était en mesure de l'aider.

Désolée pour le retard !

La jeune femme face à elle était dans la retenue, intriguée, angoissée peut-être de leur rencontre ? Elly n’aurait su le dire, mais il n’en fallait pas moins pour la rendre avenante, sympathique. Le masque de froideur qu’elle arborait habituellement avait été laissé au placard. Seul son regard était inquisiteur, interrogateur. Détaillant la moindre réaction de la jeune femme aux mèches bleues. Visiblement, cette dernière semblait perdue sur les raisons et convictions qui l’avaient amené à venir au Ministère, Elly laissa un sourire planait sur son visage et répondit « Ne vous en faites pas, on est tous un peu perdu lorsque l’on arrive ici … » Elle allait détailler davantage ce dont elle parlait quand elle fut interrompue par une nouvelle arrivante.

Les cheveux bruns, très foncés, à la limite du noir de jais, une peau mate, comme si la jeune femme avait grandi sous un soleil tout autre que le triste soleil londonien. Le regard surpris de l’auror laissa place à un hochement de tête en guise d’approbation. Décidément, les nouvelles se répandaient vite et nombreux étaient les jeunes gens qui, en quête de justice, voulaient aider les aurors. Elly ne pouvait que les féliciter, même si, à chaque nouvelle rencontre, elle imaginait des âmes peu scrupuleuses se servir d’eux. Dans le Ministère, seuls les Aurors étaient informés de ces alliances, il était peu probable que le Ministre aurait donné son accord pour ce genre de projet.

Elly adressa un sourire à la nouvelle arrivante et dit lentement « Les nouvelles vont plus vite que je ne le pensais ». Néanmoins, elle n’allait pas la repousser. Elle aimait davantage rencontrer les âmes intéressées par les missions en solitaire, mais la situation actuelle faisait qu’elles seraient trois à faire la discussion. « Elly Wildsmith, enchantée », la main est tendue, prête à être saisie. Un instant perplexe, l’auror reprit le cours de la discussion entreprise plutôt « Miss, vous êtes toutes deux au bon endroit. Rassurez-vous les doutes font parties intégrantes de nous ». Elly était bien placée pour le savoir, après tout. Les doutes, les angoisses, elle vivait avec au quotidien. « A part la curiosité, qu’est-ce qui vous a amené ici ? »

« Ne vous en faites pas, on est tous un peu perdu lorsque l’on arrive ici … »

La phrase était probablement censée être rassurante, mais elle ne fit qu'amplifier les doutes d'Ariana. Si toutes les personnes qui travaillaient au Ministère, pour le gouvernement et la police magique, étaient aussi perdus qu'elle à leur arrivée, alors le monde sorcier courait tout droit à sa perte !

Ariana n'eut pas le temps de formuler cette pensée cependant, car déjà une nouvelle venue les rejoignait. Une nouvelle venue à la beauté familière. Aysha ?

« Hum, bonjour… »

Elle avait un air timide qu'Ariana ne lui connaissait pas, tout en semblant aussi surprise qu'elle de se retrouver ici.

« Je cherche un Auror en fait, je ... J'ai entendu des choses dans les couloirs de Poudlard et je suis prête à m'engager dans cette voie si toutefois ces choses que j'ai entendues sont vraies... »

L'Aurore sourit et se présenta, répétant le même rituel de politesse qu'elle avait déjà exercé avec Ariana.

« Miss, vous êtes toutes deux au bon endroit. Rassurez-vous les doutes font parties intégrantes de nous. À part la curiosité, qu’est-ce qui vous a amené ici ? »

Ariana jeta un coup d’œil en coin à Aysha. Sa présence ici la troublait encore plus. Elle aimait beaucoup cette jeune inconnue rencontrée dans un café quelques mois auparavant, mais elle n'avait jamais imaginé la revoir ici, et avait même espéré que sa rencontre avec un.e Auror.e se ferait de manière plus… intime, dans un bureau aux portes fermées derrière lesquelles on peut confier des secrets, pas au milieu du hall avec à ses côtés une fille qu'elle avait embrassé une fois sur son canapé.

« Je suppose que… Suite aux événements récents… Je me suis sentie dans l'obligation de choisir un camp, et que celui du Ministère et de la Justice me semblait le plus… logique. »

L'hésitation se sentait forcement dans sa voix, mais elle avait tentée de répondre le plus honnêtement possible, tout en risquant un rejet de la part de l'Aurore, sans non plus trop se dévoiler.

Aysha croisa le regard d'Ariana. Le dernier moment qu'elles avaient passé ensemble, qui avait aussi été le premier, lui revint en mémoire. Il était troublant de la revoir ici, au Ministère. Manifestement, elle était venue chercher la même chose que la bleue. Elles avaient finalement plus en commun que ce baiser partagé sur un canapé. Aysha était troublée. Elle reporta son attention sur l'Auror qui se présenta. Elly Wildsmith, puisque c'était son nom, tenta de les rassurer. Elle avait l'air plutôt accueillante, ce qui réduisit quelque peu les doutes d'Aysha. Ils demeuraient tout de même très présents.

Elly leur demanda ce qui les avait poussées à venir ici, à part la curiosité. Et pour une fois, ce n'était pas tant la curiosité qui avait poussé Aysha jusqu'au Ministère.

« Je suppose que… Suite aux événements récents… Je me suis sentie dans l'obligation de choisir un camp, et que celui du Ministère et de la Justice me semblait le plus… logique. »

Aysha risqua un nouveau coup d'oeil à Ariana. Elle semblait prudente dans chacun de ses mots. Aysha ne savait pas vraiment quoi répondre et resta interdite un instant. Elle se décida enfin, sélectionnant ses mots avec soin.

" Je ne supportais plus vraiment de regarder le monde se déchirer sans rien faire, à vrai dire. J'avais besoin d'agir et j'aurais bien été incapable de mener quelque action seule, alors je me suis dit que m'allier aux Aurors était la meilleure solution."

Aysha avait décidé de taire l'espoir qu'elle entretenait de comprendre certaines choses, sur son père notamment. Ce n'était qu'une illusion et elle préférait ne pas la dire a voix haute, de peur qu'elle ne s'envole.Ce n'était qu'un point décisif de son choix, et la raison donnée à Elly en était le plus important.

Les deux jeunes femmes semblent se connaître et tu perçois comme un malaise dans leurs propos. S’allier au Ministère n’était pas une décision facile et tu le savais parfaitement. Tu le vivais et le voyais au quotidien. Appartenir aux équipes Ministérielles c’était faire face aux critiques, quoique l’on fasse. Un sourire sur tes lèvres, pour rassurer les deux femmes face à toi. Ne pas les inquiéter. Et leur confier leur première mission. « Miss, vos envies et désirs sont louables, un jour, nous finiront par rétablir les lois, la justice, par calmer les tensions et surtout par annihiler ses deux ordres qui sèment la terreur au sein de notre société. » Convaincante mais pas intiment convaincue.

Tu sors de ta poche de jean deux sacs minuscules que tu as ensorcelés. Tu les tends aux jeunes femmes « A l’intérieur se trouve des tracts, vous pouvez les diffuser partout … ». Une pause, tu plonges ton regard dans les yeux de l’une, avant de passer à l’autre « Ne prenez aucun risque, personne ne doit vous voir ». Après tout, il en allait de leurs sécurités. Il serait dommage que pour de la propagande la vie des jeunes femmes soient menacées. « Notre rencontre va s’arrêter là, vous aurez chacune de nos nouvelles, nous approfondirons tout cela de manière plus … confidentielle … ne vous inquiétez pas »

Tu fixes les deux jeunes femmes, et tu leur adresse un dernier rappel « Faites attention à vous, et n’hésitez pas à nous contacter au moindre souci » avant de disparaitre dans la masse d’employés du Ministère. Ne jamais s’attarder, aller au plus vite ... Chacune des jeunes femmes aurait des nouvelles du Bureau des Aurors, bientôt …

- Départ d’Elly –
Merci les filles :kiss:

Aysha semblait aussi peu certaine qu'Ariana. Elle voulait agir, et s'allier aux Aurors semblait le meilleur moyen de faire une différence. Oui, c'était peut-être aussi ce qui avait poussé Ariana dans cette direction. Sûrement.

Et puis Elly s'exprima de nouveau. Des mots répétés, le genre de discours qu'elle devait tenir, surtout en présence de jeunes âmes hésitantes comme les deux jeunes filles, mais quelque chose dans ses mots, un petit détail fit frissonner Ariana. Annihiler. Annihiler les deux ordres qui sèment la terreur. Supprimer, éliminer, faire disparaître de la surface de la Terre. Ce genre de termes ne faisaient généralement pas partie du vocabulaire d'Ariana et l'entendre de la bouche d'une officielle du Ministère était… presque effrayant… Mais le monde sorcier était en guerre, n'est-ce pas ? Ou presque. Et c'est ce qui se passe dans une guerre, un des partis est annihilé, l'important c'est que ce soit le bon.

Ariana se força à dissimuler cette légère crainte et à la renvoyer au fin fond de son cerveau afin de se re-concentrer sur Elly, qui leur tendait maintenant un sac à chacune.

« A l’intérieur se trouve des tracts, vous pouvez les diffuser partout … Ne prenez aucun risque, personne ne doit vous voir »

Ariana attrapa le sac qui lui était destiné et hocha la tête. Elle ne pouvait pas dire non, mais l'idée de passer à l'action aussi vite n'était pas vraiment ce qu'elle avait prévu. Elle n'avait pas eu le temps de discuter plus amplement des positions du Ministère avec Elly, ni de peser le pour et le contre, que déjà l'Aurore disparaissait dans la foule, et Ariana se retrouvait avec une mission à accomplir. Elle adressa un dernier petit sourire à Aysha – un sourire hésitant, plein de doutes – et elle s'éloigna elle aussi, le cœur battant. Mais dans quoi s'était-elle embarqué ?

Départ d'Ariana.
Suite ici bien sûr.

Elly tentait de les rassurer, sans doute. Elle leur assura qu'un jour viendrai le moment où ils rétabliront les lois et ... Supprimeront les "deux ordres qui sèment la terreur". Aysha frissonna un instant. C'était trop concret. Bien sûr, elle voulait la fin du règne des Mangemorts, mais l'Auror venait de mettre l'Ordre du Phénix dans le même sac. Et même si la bleue était une partisane de la loi et ne voyait pas tellement comment une société pouvait évoluer sans que tous ne les respectent, elle trouvait les intentions de ce groupe clandestin louables. Elle n'avait pas forcément à coeur de les traquer pour les supprimer. Elle avait simplement l'espoir que le groupe disparaîtrait de lui-même quand le Ministère aurait réussi à descendre les Mangemorts. Alors que le groupe ne serait plus d'aucune utilité, et ce serait un signe de renouveau, de paix... Elle chassa ce doute de son esprit. Ce n'était pas encore la question. Et lutter contre les Forces du mal était le plus important, si elle devait par là aller à l'encontre de son idée sur l'Ordre du Phénix alors... elle le ferait.

L'Auror leur tendit deux petits sacs. Aysha prit le sien avec hésitation et sans oser croiser le regard des deux femmes. Il contenait des tracts que l'Auror leur demanda de diffuser partout.

- Ne prenez aucun risque, personne ne doit vous voir. Notre rencontre va s’arrêter là, vous aurez chacune de nos nouvelles, nous approfondirons tout cela de manière plus … confidentielle … ne vous inquiétez pas.

Aysha se sentait mal à l'aise. Toutes ces phrases secrètes, conspiratrices, lui donnaient l'impression de faire quelque chose de clandestin, elle aussi, quelque chose de mal. La perspective de devoir cacher ses actes aux yeux de tous ne lui plaisait pas tellement, et la dérangeait un peu. Même si il était évident qu'elle le ferait : il n'était pas question de faire quoi que ce soit qui puisse nuire aux actions du Ministère contre ceux qui avaient, peut-être, quelque chose à voir avec la disparition de son père.

La bleue hocha la tête. Elle ne s'attendait pas à avoir déjà une telle mission. Ses mains étaient tremblantes et elle tentait de ne pas se laisser assaillir par des doutes. Elle hocha la tête, remercia Elly et sortit de la pièce à la suite d'Ariana après lui avoir rendu son sourire hésitant.

Départ de Aysha.

avec Elly

SEA SWALLOW ME

Dehors, il pleuvait. On lisait les visages dans les flaques. Devinait les regards derrière la bruine. Elle n'avait pas envie de croiser ce spectacle.

Elle n'avait pas envie de sortir d'ici. Pas envie de parler. Pas envie d'être.
Principalement parce qu'elle ne savait pas vraiment où ses jambes pourraient la porter. Alors elle se contentait d'observer tout de loin, un peu perdue dans la foule qui se déplaçait autour d'elle et ne semblait pas la voir.

Le papier était entre ses mains. C'était la première fois qu'elle avait affaire à ce genre de questions administratives. Question de machins, ou de trucs sans importance. L'essentiel, c'était qu'il lui fallait un certificat de naissance.
Il était là. Un peu froissé par le passage de ses doigts. Elle avait déchiffré le tout, les yeux plissés. Comme si elle s'attendait à l'erreur. Comme si elle la sentait venir.
Puis finalement, c'était là. Il n'y avait rien concernant sa mère. Un vide, un oubli.

Est-ce que c'était le cas ? Avait-elle vraiment sombré, aux côtés de ceux qui n'existaient pas ?
Aya tourna le papier et s'excusa. De penser que ça pouvait être possible. D'être partie comme ça et d'avoir laissé place vide dans l'univers.
Peut-être que c'était le cas. Peut-être que sa mère n'était rien, ou tout à la fois. Son enfance était tissée de mensonges, pourquoi pas celui-ci après tout ?

La case vide voulait tout dire.
C'était ce qu'elle sentait, alors que la feuille rejoignait l'eau stagnante de la fontaine. Ce vide incessant. Ce départ. La silhouette veloutée avait rejoint ce rien qui la guettait.
- Vogue la galère... Demain il pleuvra encore.
Le nom était effacé. Pointillés en suspension.
______________Ils ont tué maman, ils ont perdu son nom.

Trop d’agitation, et ce monde qui t’étouffe, qui t’enserre de ce bras, et cette foule qui t’oppresse. Ces sorciers en perdition qui s’enferment dans une routine, tu ne peux pas, tu ne peux plus, tu n’en veux pas. De cette vie rythmée par le train-train quotidien des horaires du Ministère, ponctuée des visages plus ou moins sympathiques des collègues des autres départements. Tu étouffes, tu suffoques, tandis que l’ascenseur te ramène au hall d’entrée.

Prendre l’air frais, sentir la pluie sur ton visage, c’est l’envie qui t’habite depuis que tu as quitté ton bureau. Tu as croisé des visages, esquissé des sourires, tous faux. Improbables. Tu ne supportes plus de faire l’hypocrite parmi ses gens, tu suffoque de ta propre incapacité à prendre une décision franche. A avoir une idée arrêtée sur la question.

Tu t’approches de la fontaine, et les gens s’écartent de toi sans te remarquer, comme si l’aura que tu dégageais était néfaste pour eux. Comme si simplement t’effleurer pouvait les contaminer d’une maladie mortelle. Mais cela t’arrange, qu’aucun ne te touche. Ton indécision ne doit pas se répandre, elle doit rester enfermée dans ton crâne, enchainée à tes pensées. Tu dois trouver des réponses à tes questions, pour continuer à faire ton travail de la meilleure manière qui soit : celle du cœur.

Tu soupires, tu respires. Tu inspires, tu expires, à proximité de cette fontaine, qui – même-elle – te parait oppressante. Et tu entends, au loin, une phrase qui parle à ton égo, à ton cerveau. T’y répond, sans prêter attention « Et les jours d’après encore ». Et le brouhaha alentours qui reprend, plus fort encore, plus insistant.