La réponse aux suppliques silencieuses d'Elias ne tarde pas à arriver, et c'est le phénomène Adams - bien évidemment - qui en est le moteur. Grimpant avec agilité sur le comptoir sous l'oeil amusé de son parrain, l'aiglon embrasse l'assemblée de ses bras et annonce le début des festivités. Le président de l'asso devait finalement en avoir que le nom pour qu'il laisse l'énergumène faire son discours à sa place. A moins que Benedict ne soit lui aussi à la tête du groupe, ce qui ne serait pas forcément étonnant. Non ce qui serait étonnant, ce serait plutôt qu'il accepte de partager la fonction.

Les regards se tournent vers Kohane et lui, et le sorcier comprend que c'est à eux de jouer. Laissant sa Mokeuse s'occuper de la première partie de la présentation, il s'éclipse dans le fond de la salle pour aller chercher son chariot roulant, couvert jusque là d'un drap blanc. Il soulève le tissu et vérifie la présence de chaque ingrédient et de ses ustensiles de cuisine avant de laisser retomber le drap sur ses préparations. Rejoignant la foule, il entend la gérante indiquer aux jeunes de se servir de sa fringante préparation avant de l'introduire lui pour la suite des évènements. Merci Kohane ! Le RedCool c'est extra. Profitez-en les jeunes ! Il offre un grand sourire à la Mokeuse et se saisit du drap blanc pour découvrir le contenu du chariot. J'ai du élaborer quelques préparations en amont parce que sinon ma présentation aurait pris trop de temps. Ce que je vous propose aujourd'hui, c'est une exclusivité de notre future carte printanière !

Dans plusieurs bols, on retrouve les divers ingrédients dont il aura besoin pour faire son entrée, dont quelques belles crevettes roses, de la coriandre finement ciselée, du soja, et du vermicelle de riz en pagaille. Plusieurs carottes sur une planche, n'ont pas encore été coupées. Il fallait bien qu'il y ait un peu de spectacle ! Se saisissant du couteau bien aiguisé posé à leur côté, il se met à les couper, d'abord grossièrement, puis de plus en plus finement, jusqu'à en faire une adorable julienne. Ses gestes sont rapides, précis, et dans le même temps, il énonce ce qu'il est en train de faire. Le Poud'u Rouleau, c'est une entée qui s'accordera parfaitement avec ce cocktail dont vient de vous gâter Kohane ! Je ne sais pas si vous êtes familier avec le fameux Rouleau de Printemps, qui est un met qui nous vient tout droit du Vietnam ? Il s'agit là de sa version miniaturisée, mais non moins savoureux ! Il fait glisser les carottes dans le bol de la coriandre et les mélange rapidement, puis fait passer la planche au niveau inférieur du chariot.

Il se saisit ensuite d'une feuille de riz - plusieurs sont empilées aux côtés du reste de ingrédient -, et la place au centre de son plan de travail improvisé. De l'autre côté, un plat emplit de quelques millimètres d'eau faisant un peu plus de la taille d'une seule feuille. Le principe est enfantin. Ces feuilles de riz sont fines, extrêmement fines. Mais aussi rigides, cassantes ! Alors je les humidifie, pour pouvoir les rouler une fois que je les aurais garni il joint le geste à la parole et trempe la feuille dans le plat quelques instants avant de la replacer sur son plan de travail. Pour la garniture, je la placer sur une moitié de la feuille, en commençant par la salade il attrape quelques feuilles et les dispose tranquillement, ajoutant chaque ingrédient au fur et à mesure qu'il parle le vermicelle, mes petits légumes, mes crevettes et... il commence à rouler la feuille vers la partie vierge, délicatement roulez jeunesse ! En quelques pliages astucieux, il termine son rouleau de printemps miniature et le place devant lui. L'opération ne lui a prit que quelques minutes, et il commence à en faire d'autres. Pour la mise en bouche, je vous en prépare quelques uns que vous pourrez grignoter pendant que vos méninges tentent de trouver l'inspiration. Comme l'a dit Kohane, on a tout ce qu'il vous faut à votre disposition alors laissez libre court à votre imagination et amusez vous !

Il poursuit ses préparations le sourire aux lèvres, ses doigts agiles agrémentant chaque rouleau avec toujours un peu plus de rapidité. Bientôt, il y en a suffisamment pour que tout le monde puisse y goûter, et il s'empresse de débarrasser la vaisselle sale pour aller la nettoyer derrière le comptoir. Il aime que les choses soient bien organisées.

L'heure était au coup de spatule, à remuer la sauce au fond d'une marmite d'un je-ne-sais-quoi.

Ton nouveau collègue qui fait sa présentation théâtrale, la propriétaire qui suit en vous faisant une démonstration tout comme Elias vient de vous en faire une. C'était à ton tour, alors que toutes les fourmis allaient chercher leurs ingrédients il était l'heure pour toi de préparer quelque chose d'épicé. Une petite chose qui te rappellerait des saveurs exotiques, et aphrodisiaques.

T'attrapes un petit piment, de ceux qui pourraient vous faire sauter au plafond en une bouchée. L'habit ne fait pas le moine, sa minuscule taille ne voulait en rien dire qu'il ne pouvait pas vous faire pleurer jusqu'au sang, vous bruler de l'intérieur. Un peu dangereux non ? Mais que serait la vie si tu ne pouvais vivre sans danger ? - Ennuyeuse.
C'est munie de ton piment, d'un citron, de menthe d'eau pétillante et de glaçons que tu te dirigeais vers une table, seule.

Tu coupes ton citron aussi rapidement qu'avec un sabre, et presses la moitié de son jus dans un shaker contenant des glaçons que tu avais pilé à la force de tes bras. Tu y ajoutes un quart du jus du piment que tu as broyé avec un mortier jusqu'à ce que celui-ci forme un peu de jus et de la purée. Tu finis par l'eau pétillante, pour diluer le tout. Et tu shake, afin que le mélange soit réussi et puisse être aussi savoureux que tu l'imagines.

Dans un verre tu mets le piment quasi entier qu'il te reste, une tranche de citron et verses la boisson que tu as obtenu afin de contempler ton œuvre, en attendant l'heure de la dégustation. Peut-être qu'une nouvelle poussée de création pointera le bout de son nez.
C'est là que tu vois la menthe, et pressée comme si le gong allait retentir tu rajoutes quelques feuilles dans le verre avec des glaçons.

Immédiatement, les sorciers et sorcières se mettent en branle. Ça va secouer de la spatule ! Elias file se servir un verre de RedCool et fait un léger clin d'oeil à sa Mokeuse au passage. Il se dirige ensuite vers la benjamine des troupes, qui a le nez fourré dans un énorme classeur qui semble faire deux fois sa taille. A première vue, il recèle de trésors culinaires. De nombreux dessins, des notes dans la marge, quelques collages enfantins. Haussant un sourcil en dégustant sa boisson, Elias lui adresse un enthousiaste sympaaaa ! qu'il veut encourageant. Sûr que si elle part sur de vieilles recettes de famille elle va faire un carton - sans mauvais jeu de mot.

Il n'ose pas déranger Lïnwe, qui semble en transe créative au-dessus de son plan de travail. On sent un professionnalisme naturel, qu'il a très probablement renforcé en travaillant au sein du pub. Sur un table plus éloignée, Elias aperçoit Theya en pleine préparation elle aussi. Elle s'affaire sur ce qui semble être une boisson, complémentaire peut-être au plat que créé son amant à quelques pas. L'attention du serveur est alors attiré par l'éclat d'une lame sautillant dans les airs. Une lame n'était clairement pas sensé sautiller dans les airs. Règle numéro une : toujours tenir son couteau fermement. Evidemment le débile qui a failli se faire raser le menton n'est autre qu'un des prétendants de Ben, celui-là même qu'avait réussi à énerver Theya. Levant les yeux au ciel, Elias se demanda si ça valait le coup de lui taper sur les doigts, mais il se ravisa. L'énergumène aurait tôt fait de se taper sur les doigts lui-même vu comme il était parti.

Se décidant à nettoyer la vaisselle de sa précédente préparation, il file en cuisine. Sans surprise, il constate que les lieux ont été mis sans dessus dessous. Il pouvait pas vraiment juger, lui-même avait tendance à faire preuve d'un manque cruel de méthode quand il s'apprêtait à créer des recettes. Du chaos naissait sa créativité. Il rangea quelques ustensiles ça et là, remis quelques casseroles dans les placards, et balança les objets qu'il avait utilisé au fond de l'évier. Il avait des jeunes à superviser. Lorsqu'il revint en salle, il en profite pour changer de disque. Et au moment où partent les premières notes, une teinte orangée lui fait brusquement tourner la tête. Le bruit caractéristique du flambé lui parvient aux narines, et il constate avec horreur que devant un Débile Premier poussant une chansonnette de très mauvais goût - probablement autant que sa préparation -, de hautes flammes échappaient de trois verres. Et lui il dansait comme un crétin sans faire attention à quoi que ce soit. Elias se précipita alors que le drame se déroulait comme au ralentit sous ses yeux, une main qui ripe sur le verre, un verre qui tombe sur le sol, le liquide qui se déverse sur de pauvres serviettes en papier qui n'ont rien demandé, et le feu qui s'embrase comme un fou - comme un soldat, comme une star de cinéma.

Dans sa course, il en aurait presque oublié qu'il était un sorcier en pleine possession de ses moyens, ou presque. Il tire de sa poche sa baguette et la pointe vers les flammes sans hésiter Ignifugus et la maintien au-dessus de l'incendie le temps qu'il s'affaisse complètement pour finalement s'éteindre abruptement. Il n'en revient pas lui-même. Nerveusement, il éclate de rire et se tourne vers Kohane t'as vu ça ? La fierté est palpable. Mais il se rappelle instantanément du pourquoi du comment et rangeant sa baguette, reporte son attention sur Débile Premier. Son regard se veut sévère, mais sous la musique et à travers la fumée blanche, c'est pas forcément bien retranscrit t'aurais pu blesser des gens, fais un peu gaffe à ce que tu fais mec. Il s'enflammait trop vite celui-là. Mais on ne faisait pas d'omelette sans casser des oeufs. Ou un truc du genre. Elias il aime bien les dragons, mais pas ceux qui crament son pub.

Le piment flottant dans ton verre,
Plongeant au rythme de l'eau pétillante qui s'y ingurgitait.

T'observais autour, tout le monde s'affairait, même l'imbécile de Serdaigle. Tu pensais pas un jour ressentir plus d'intolérance que pour le Wildsmith, mais avec l'aiglon c'était physique. Rien que croiser son regard te donner envie de lui mettre des baffes. Y avait des gens comme ça, avec qui on ne pouvait s'entendre.
T'avais décidé de continuer ta recette, en allant chercher un ingrédient aphrodisiaque pour aller émoustiller les papilles. Du gingembre. Ça aurait pu très bien allé avec ta boisson à la place du piment, mais trop tard. Tu choisis ta racine avec minutie, attrape un sachet de riz basmati.

Alors que tes courses se déroulaient sans encombre, il fallait bien qu'un événement vienne te perturber. Tes yeux sont attirés par des flammes rougeoyantes, endiablées, et qui se trouvait à proximité et heureux comme un coq ? Je vous laisse deviner. Le gérant avec qui tu discutais plus tôt intervient, heureusement, mais tu n'en auras pas fini avec lui.
Tu retournes à ta table, en déposant tes ingrédients - tu irais chercher le reste plus tard.

Tu te diriges droit vers ta cible - comme un aigle volant vers sa proie. Toi ! Regardant Gabin droit dans les yeux. Dégage. Tu prends une inspiration, comme pour te calmer. Tu ne pouvais supporter que des personnes puissent mettre en danger la vie des autres. Est-ce que tu as un minimum conscience de l'ampleur que ça aurait pu prendre ? Tu essaies de garder le contrôle pour ne pas le virer à coup de pied dans les fesses J'en ai pas fini avec toi, on parlera plus tard de ton avenir dans l'association. Tiens toi à carreau le bleu. Tu fais volte-face, en le laissant avec ces paroles pour aller chercher le reste de tes ingrédients.

[...]

Filets de poulet, oignons, jambon, œufs, petits pois, beurre de cacahuète, tomates pelées au jus, et curry, un ensemble parfait pour faire du riz cantonais et du poulet mariné avec une sauce au beurre de cacahuète.
Tu commences par émincer tes oignons que tu fais revenir dans un wok à feu moyen, pendant ce temps tu coupes des dès de poulet que tu assaisonnes avec du sel, poivre, huile d'olive et curry. Une fois le tout bien mélanger dans un saladier, tu viens ajouter les morceaux de poulet dans le wok pour les faire revenir. Légèrement dorés, pas trop mais assez cuit, quand même.
Tu allais préparer la sauce au beurre de cacahuète mais tu as oublié un ingrédient, le piment. Encore celui-là...

D'abord le riz dans ce cas, que tu prépares pilaf. Avec le jus de la moitié du citron qu'il te restait, et un centimètre de racine de gingembre pressé. T'y ajoutes l'eau bouillante progressivement jusqu'à total absorption, ça devait durer environ quinze minutes de cuisson. T'en profitais pour aller chercher rapidement le piment, que tu allais émincer. Remuant de temps à autre le poulet, jusqu'à éteindre le feu lorsqu'il était suffisamment cuit. Dans une autre casserole tu faisais cuire tes petits pois à la vapeur pour le riz cantonais, tu faisais rapidement tes œufs brouillés dans une autre poêle - c'est que ça commençait à être le bazar sur ton plan de travail.

Tu regardais tes casseroles, l'une après l'autre. Le poulet était cuit et tu l'avais recouvert avec le couvercle du wok, les œufs brouillés c'était bon, le riz, arrivait à la fin de son absorption, encore une petite minute. Assez de temps pour émincer ton piment, hacher tes tomates pelées au jus en dès, mettre le beurre de cacahuète dans une casserole avec le piment et les tomates hachées pour le faire chauffer doucement pour le rendre plus liquide, enfin, pâteux.

L'ensemble était presque prêt, il ne manquait plus qu'à finaliser ton riz cantonais et à servir sur le moment. Ça serait, parfait.

DING DING DING

L'heure était à la préparation du riz cantonnais, enfin rien de compliqué. Le riz avait absorbé l'eau donc il reposait paisiblement dans sa casserole, t'avais plus qu'à ajouter les petits pois tes œufs brouillés et du jambon coupé en petit dès.

Dans un saladier, observant les alentours tu verses ton riz et les petits pois cuits, les œufs brouillés, et les dès de jambon. Ça manquait peut être de carotte, oui des carottes mais tant pis ! Ça sera largement suffisant pour leurs palais d'écolier. Un sourire en regardant la petite blairelle qui étalait de la pâte comme une cheffe, un sentiment de fierté qui t'envahit. Fière de ta maison, et que parfois certains membres de l'association méritaient vraiment leur place.

Après avoir tout mélanger tu saisis une assiette pour verser une grosse cuillère de riz cantonnais et de poulet, que tu couvre de sauce au beurre de cacahuète. VOI-LA ! Perfetto !
Gourmandise péché tentateur du jardin d'Eden, tu trempes ton doigt dans la sauce pour venir en savourer le goût. Aucun chef digne de ce nom ne goute pas ses plats.

L'incendie éteint, l'incident reste bénin, et l'Elias reprend la surveillance de ce joyeux petit monde sans plus faire cas du jeune distributeur à connerie. La benjamine du groupe s'active sur son plan de travail, de toutes évidences parée pour ce genre d'épreuve. Son père devait l'avoir formé un minimum à la chose de part son métier de tenancier aubergiste. Ou sa mère. Ou les deux. Mais voilà qui faisait plaisir à voir. Elias aimait pas tellement les mômes, mais celle là il la trouvait intéressante. ... heuh ... Excusez moi .. ? Est-ce que vous pourrez m'aider avec le four tout à l'heure ? S'il vous plait ? Bon, pas encore tout à fait indépendante.

Elias lui adresse un sourire bienveillant. J'vois que tu as l'air plutôt à l'aise avec tout ça, il désigne l'intégralité du chantier et poursuit d'un joyeux alors j'vais te surveiller de loin, mais je pense que tu vas t'en sortir championne. Comment ça c'était pas responsable de la laisser gérer un four ? C'était pas comme si il allait la laisser seule seule, nan ! Il guetterait de loin. Et si vraiment ça allait mal, il viendrait à son secours. Il la laisse ensuite poursuivre sa préparation, discutant ponctuellement avec le cheftain de l'association. Celui là devait maîtriser la montée des blancs en neige, au vu de sa couleur de cheveux. M'enfin là il maîtrisait bien, bien plus que ça. Elias resta un instant fasciné à l'observer tandis qu'il pond un plat qui donne envie d'y mettre tout de suite la fourchette, et un superbe cocktail à la teinte violacé. Ça se voyait qu'il avait fait ses armes au pub.

Theya s'en sortait excellemment bien elle aussi, puisqu'après avoir enchainé le pauvre imbécile qu'avait esquissé ses premiers pas de pyromane sur le terrain, elle s'était attelé à la tache avec sérieux, le geste habile et l'esprit vif. En passant près d'elle, Elias ne pu s'empêcher de marmonner un léger caantonaaaais que l'amouuuuuuur en affichant un bête sourire vers la jeune femme. Oui, il avait des références de vieux. Mais c'est ce qui faisait tout son charme, là. Daisy se lance enfin, elle a l'air de savoir ce qu'elle fait ! Une jolie pâte, toute belle toute douce, quel talent mes amis ! Mais l'heure tourne, il va falloir se dépêcher ! Le commentateur improvisé qu'est son filleul lui rappelle tout à coup qu'il a oublié de surveiller la pauvre enfant et son four, et il presse le pas vers la benjamine en pinçant les lèvres.

La pauvre gosse est en nage. Mais elle arbore sa bonne humeur habituelle, son plat fièrement posé devant elle. De superbes doigts coupés, et du sanguinolent pour accompagner. Elias l'applaudit joyeusement et s'approche rapidement. Fantastique ! Quelle imagination ! Je suis désolé j'ai oublié de veiller au grain il se penche pour être à sa hauteur et baisse d'un ton si tu as des brûlures je te les soigne et on en parle plus ok ? Il avait pas potasser sa Médicomagie pour rien, non mais. Pis honnêtement, il pouvait pas vraiment laisser cette pauvre enfant de onze ans arborer des blessures de guerre qu'elle aurait obtenu sous sa supervision !